RÉAFFIRMANT SA FOI DANS UNE AFRIQUE PLUS FORTE, KOFI ANNAN SOULIGNE LE ROLE DÉCISIF DE L’ÉDUCATION ET DE L’ACCÈS À L’EMPLOI POUR AIDER À PRÉPARER LES JEUNES À GÉRER LE CONTINENT
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RÉAFFIRMANT SA FOI DANS UNE AFRIQUE PLUS FORTE, KOFI ANNAN SOULIGNE LE ROLE DÉCISIF DE L’ÉDUCATION ET DE L’ACCÈS À L’EMPLOI POUR AIDER À PRÉPARER LES JEUNES À GÉRER LE CONTINENT
Vous trouverez ci-après le texte du message que le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a adresséà l’occasion de la vingt-troisième Conférence des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et de France, tenue à Bamako les 3 et 4 décembre 2005, et dont lecture a été donnée par M. Ibrahim Gambari, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques:
C’est avec grand plaisir que je vous présente mes vœux de succès à l’occasion de cette vingt-troisième Conférence des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et de France, qui se tient dans la magnifique ville de Bamako, si riche d’histoire et si hospitalière. L’ONU remercie les hôtes de la Conférence –le Président Touré et le Gouvernement et la population du Mali– et apprécie l’occasion qui lui est offerte de participer à ces importants débats.
L’Afrique traverse actuellement une période de changements politiques importants, qui s’annoncent pour certains décisifs. En dépit de la persistance de conflits dévastateurs dans certaines régions, je pense en particulier au Soudan, la grande majorité de la population africaine est déterminée à aller de l’avant, gouvernée de façon démocratique et pacifique. À titre d’exemple, depuis le début des années 90, trois élections multipartites se sont déroulées sans incident au Mali. Lors des élections qui ont eu lieu le mois dernier au Libéria voisin, la population a non seulement exprimé le désir que cessent une bonne fois pour toutes les violences qui ravagent le pays, mais aussi élu pour la première fois en Afrique une femme chef d’État. À l’heure actuelle, plus des deux tiers des Africains mènent une vie relativement paisible dans des pays dotés de systèmes politiques multipartites.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire. La qualité de la vie en Afrique accuse un retard important par rapport à toutes les autres régions du monde. Si un certain nombre de pays africains luttent contre la corruption et connaissent une croissance économique remarquable, la part du continent dans les échanges internationaux a décliné de près de 50% au cours des trois dernières décennies, pour ne plus s’élever aujourd’hui qu’à 1,5%. Alors que, sur d’autres continents, la mondialisation contribue à la croissance et au développement de plusieurs pays en développement, les Africains sont terriblement marginalisés dans l’économie mondiale et continuent de pâtir des subventions accordées à certains pays et de droits de douane élevés, en particulier sur les produits agricoles, qui compromettent les efforts qu’ils font pour entrer dans une concurrence équitable au plan international.
À l’occasion de ce sommet, les jeunes Africains ont été désignés à juste titre comme les principaux agents d’un progrès durable. Les jeunes de moins de 25 ans constituent en effet la majorité de la population africaine. Les investissements que nous consentons aujourd’hui dans leur éducation, dans la lutte contre la propagation du VIH/sida et dans la promotion du règlement pacifique des différends pourraient jouer un rôle décisif en les aidant à exploiter leur talent et leur énergie et en les préparant à gérer le continent à l’avenir.
L’éducation devra figurer au cœur même des efforts déployés à cette fin. L’accès à l’emploi est tout aussi essentiel. À l’échelle du continent, ce sont des dizaines de millions de jeunes qui n’ont aucun espoir de trouver un emploi digne de ce nom. Il ne s’agit pas seulement d’un gaspillage tragique de ressources humaines précieuses: cette situation est susceptible d’avoir des répercussions sur la sécurité dans presque tous les pays d’Afrique. En effet, le désespoir fait souvent des jeunes des proies faciles pour les chefs guerriers, les bandes criminelles ou les gangs spécialisés dans l’immigration illégale. Le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et ses partenaires viennent de publier un rapport important sur les liens entre le chômage des jeunes et l’insécurité régionale. Je vous invite instamment à examiner les recommandations qu’il contient.
La technologie est une autre ressource dans laquelle il faut puiser pour préparer la jeunesse africaine à exercer une citoyenneté responsable et à assumer ses responsabilités de façon efficace. Le Sommet mondial sur la société de l’information, tenu à Tunis le mois dernier, a révélé que l’Afrique souffrait gravement de son accès limité à l’informatique. Qu’il me soit permis de saluer ici l’initiative annoncée lors du Sommet de Tunis, à savoir la fabrication d’ordinateurs portables vendus au prix de 100 dollars seulement l’unité, qui seront distribués dans les pays en développement. Voilà qui pourrait contribuer de façon tangible à réduire la fracture numérique en Afrique.
Je me félicite de l’appui apporté par la France aux efforts internationaux déployés récemment en vue de trouver de nouvelles sources de financement du développement. S’il ne fait aucun doute qu’un partenariat international est nécessaire, les partenaires africains doivent assumer leurs propres responsabilités en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la promotion de l’état de droit et du respect des droits de l’homme. Ce sont là des exigences essentielles pour que s’instaurent en Afrique la confiance et un climat propice aux investissements intérieurs et internationaux.
Tout comme leurs parents, les jeunes Africains pensent que leur continent est peut-être une des régions les plus riches de la Terre, mais qu’il a besoin de politiques plus transparentes et qui n’excluent personne, afin qu’ils puissent y vivre en sécurité, librement et dans la dignité. Comme eux, j’ai foi en l’Afrique et en son potentiel énorme, et je continuerai, avec l’ensemble du système des Nations Unies, à travailler avec elle et avec ses partenaires pour que se réalise notre espoir d’une Afrique plus forte. Dans cet esprit, je souhaite des délibérations fructueuses.
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