En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/823

L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET LE LOGEMENT AU CENTRE DE LA RÉUNION PRÉPARATOIRE DE LA 13E SESSION DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

28/02/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/823

Commission du développement durable

Réunion préparatoire intergouvernementale

1re & 2e séances – matin & après-midi


L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET LE LOGEMENT AU CENTRE DE LA RÉUNION PRÉPARATOIRE DE LA 13E SESSION DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE


La Réunion préparatoire intergouvernementale qui s’est ouverte aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 4 mars, a été l’occasion de rappeler que les principaux obstacles à la réalisation des objectifs du développement durable et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient liés à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains.  Cette Réunion préparatoire de la 13e session de la Commission de développement durable (CDD-13), qui se tiendra du 11 au 22 avril 2005 au Siège de l’ONU à New York, a pour objectif de proposer des moyens d’accélérer les progrès dans ces domaines, en s’appuyant sur les trois rapports du Secrétaire général sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains, présentés ce matin par la Directrice de la Division du développement durable.


Les débats interactifs de cet après-midi, auxquels participaient les Grands Groupes –notamment syndicats, milieux d’affaires, agriculteurs, femmes, populations autochtones- ont insisté sur l’importance de nouveaux partenariats afin d’accélérer les progrès en matière de gestion de l’eau et de l’assainissement, de renforcer les liens entre les politiques locales et nationales de développement durable, de renforcer les capacités et l’autonomie locales dans un souci de responsabilisation.  Les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement par le service public et l’intégration de la dimension sexospécifique à cette gestion. 


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de la Jamaïque a rappelé que l’eau et l’assainissement restaient indispensables à la promotion du développement durable et au cœur de la lutte contre la pauvreté.  S’appuyant sur les estimations de la CDD, il a cité qu’il fallait 33 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs en matière d’eau et d’assainissement, et 50 milliards pour les besoins des traitements municipaux d’eaux usées.  Seule une augmentation conséquente de l’aide publique au développement (APD), a-t-il ajouté, permettra aux pays en développement de s’en sortir.  De son côté, la représentante du Luxembourg, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union pourrait allouer 250 millions d’euros supplémentaires à la gestion de l’eau dans le cadre de son Accord avec les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. 


Cette Réunion préparatoire a entendu la présentation des conclusions de récentes rencontres régionales ou réunions intersessions et des objectifs des réunions à venir.  Le représentant de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a souligné l’importance de deux réunions régionales, respectivement en novembre 2004 et en février 2005, sous l’égide du Conseil des Ministres africains sur l'eau.  Celui de la Commission économique pour l’Europe a mentionné la tenue d’une récente réunion sur les efforts européens pour la protection de l’eau.  De son côté, la représentante de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a présenté une série de séminaires sur l’eau, l’assainissement et le logement, qui ont notamment été l’occasion de souligner l’impact des catastrophes naturelles sur les efforts de ces pays. 


Si le représentant des Pays-Bas a parlé de la contribution d’une conférence sur l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes, qui s’est tenue à La Haye du 31 janvier au 5 février de cette année, celui du Maroc a indiqué les objectifs du deuxième Forum international sur les partenariats pour un développement durable qui aura lieu du 21 au 23 mars 2005 à Marrakech au Maroc. 


Enfin, le Ministre de l’habitat de l’Espagne a présenté les conclusions des deux dernières sessions du Forum urbain mondial de 2002 et 2004 à Barcelone, qui s’est fixé pour objectif de procurer un logement décent à 100 millions de personnes en milieu urbain d’ici à 2015.  Le représentant du Ministère suédois des affaires étrangères a présenté les conclusions d’une réunion organisée sur le thème de l’eau en août 2004 à Stockholm dans le cadre de la Semaine mondiale de l’eau.  Ont également été mentionnés la tenue de la session annuelle du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Nairobi du 21 au 25 février 2005 et les récents travaux de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie-Pacifique (CESAP), et de la Commission des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO) consacrés aux conséquences du tsunami.


Ouvrant la Réunion, son Président, M. John Ashe (Antigua-et-Barbuda), a indiqué que les résultats des séances parallèles consacrées à l’eau, la salubrité, l’assainissement et aux établissements humains contribueront à l’élaboration, ce vendredi d’un document final.  Ce texte, a-t-il précisé, servira de base aux délibérations sur les mesures que la Commission du développement durable pourrait adopter à sa session d’avril.


Outre ceux déjà cités, sont intervenus la Vice-Ministre de l’environnement de la Colombie et les représentants des pays suivants: États-Unis, Burkina Faso, Égypte et République islamique d’Iran.  La  représentante de l’organisation Utthan, Pravah, WSSCC (WASH) et le Co-Président du Groupe du Millénaire sur l’eau et l’assainissement ont également pris la parole. 


La Réunion préparatoire intergouvernementale reprendra ses travaux, demain mardi 1er mars à 10 heures.  


ORIENTATION POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLÉRER LES PROGRÈS DANS LE CADRE DU MODULE THÉMATIQUE


Déclarations


M. JOHN ASHE (Antigua-et-Barbuda), Président de la 13e session de la Commission du développement durable (CDD-13), a ouvert la Réunion préparatoire intergouvernementale de cette session en déclarant que l’évaluation de la 12 session de la CDD, qui a été conduite l’année dernière au mois d’avril, avait mis en lumière les principaux obstacles et contraintes qui se posent encore à la réalisation des objectifs fixés à Johannesburg et à ceux contenus dans le texte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ces objectifs sont notamment liés à l’eau, aux installations sanitaires et aux établissements humains, a indiqué M. Ashe.  La Réunion préparatoire de la CDD-13, a poursuivi le Président, doit se donner pour tâche d’identifier et de débattre de toutes les options et actions qu’il serait possible de prendre afin de surmonter les obstacles identifiés par la CDD-12.  Cette Réunion ne doit pas discuter à nouveau les concepts théoriques ou essayer de redéfinir les défis à relever, a souligné M. Ashe.  Le Président a ensuite indiqué que des débats interactifs seraient organisés, demain, dans le cadre de la Réunion afin d’examiner toutes les mesures qui pourraient être prises sur les thèmes de l’eau et de la salubrité, ainsi que sur la question des établissements humains.  Des sessions parallèles sur les questions de l’eau, de la salubrité, de l’assainissement et des établissements humains auront également lieu au cours des journées de mercredi et de jeudi, afin d’entamer l’élaboration d’un document final sur ces questions vendredi, a indiqué M. Ashe, en précisant que ce texte servirait de base pour les délibérations sur les décisions politiques qui devraient être prises par la CDD-13.    


Présentant les travaux de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. LEYE a indiqué que deux réunions avaient été tenues - respectivement en novembre 2004, sous l’égide du Conseil des Ministres africains responsables de l'eau et en février 2005- et qu’une contribution sur l’eau et l’assainissement devrait être présentée à la CDD-13 en avril 2005.  Ces réunions ont permis de renforcer le cadre pour le logement en saluant la Déclaration établissant une conférence ministérielle sur les établissements humains.  Il a souligné la nécessité de se concentrer sur la lutte contre les taudis, la réforme foncière, le financement du développement urbain.  Il s’est félicité du mécanisme de consultation régional établi par la Conférence ministérielle, autour duquel les décideurs se réuniront tous les deux ans.  Au niveau national, les pays rationaliseront leur politique d’urbanisation conformément à la Déclaration de Durban.  Il a invité les partenaires internationaux du développement à suivre les activités et résolutions de l’Afrique pour les appuyer efficacement. 


Présentant les activités de la Commission économique pour l’Europe qui s’est réunie la semaine dernière, M. EARLUND, a présenté les grandes options entreprises par l’Europe pour la protection de l’eau.  Malgré les progrès accomplis, a-t-il estimé, il était nécessaire d’établir des programmes nationaux doublés d’une coopération régionale pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en matière d’eau et d’assainissement.  La Commission a décidé que ces trois domaines -eau, assainissement et établissements humains- étaient décisifs pour atteindre les OMD dans leur ensemble.  Alors que l’utilisation raisonnable de l’eau devient une urgence absolue, il a déclaré qu’il fallait lutter contre la pollution.  Le représentant de la CEA a souhaité la mise en œuvre d’une stratégie de lutte contre les inondations qui frappent de plus en plus la région et gérer toutes les zones de capture des eaux en lieu le développement économique à la protection des écosystèmes.  Il faudrait encourager la participation des secteurs privé et public et inviter les ménages à investir dans un meilleur système d’assainissement et de gestion de l’eau.  S’agissant des problèmes liés aux établissements humains, il s’est inquiété de la hausse importante de l’immobilier qui rend le logement plus cher, ce qui se traduit souvent par de formes d’établissements humains illégaux.


Mme ALMERAS, Représentante de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué qu’une série de rencontres et de séminaires avaient été organisés dans la région afin de débattre des questions de l’eau, de l’assainissement et du logement.  De ces débats, il est ressorti qu’en raison des nombreuses destructions causées par les catastrophes naturelles, la région de la CEPALC avait besoin d’un renforcement de ses moyens de protection de l’environnement.  Ces catastrophes et d’autres facteurs négatifs ont rendu les approvisionnements en eau potable insuffisants dans la plupart des pays de la CEPALC, a indiqué la représentante.  La privatisation de l’adduction d’eau, qui a souvent été préconisée par certaines instances internationales, est difficilement réalisable dans les conditions actuelles, a-t-elle noté en relevant que l’accès à l’eau potable devait être traité comme un droit humain tout en étant géré de manière à attirer les investissements dont ce secteur a besoin.  Les gouvernements doivent pour leur part se doter de mécanismes de surveillance et d’arbitrage des conditions de distribution d’eau, de manière à ce que même si une privatisation a lieu, les populations vulnérables soient protégées.


Mme JOANNE DI SANO, Directrice de la Division du développement durable, a présenté les rapports soumis par le Secrétaire général à la Réunion préparatoire intergouvernementale.  Ces rapports ne contiennent pas de recommandations spécifiques, mais présentent les expériences positives menées par un certain nombre de pays dans les domaines de l’eau, de l’habitat et de l’assainissement.  Chaque rapport soumis par le Secrétaire général fait le point sur la mise en œuvre des programmes qui pourraient permettre d’atteindre les objectifs de Johannesburg et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les temps impartis, quand cela est possible, a indiqué Mme Di Sano.


Présentation des résultats de réunions intersessions


Présentant les résultats du Forum mondial sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous qui s’est tenu au Sénégal du 29 novembre au 3 décembre 2004, M. MAMADOU LAMINE BA, Ministre de la prévention de l’hygiène publique et de l’assainissement publique du Sénégal, s’est félicité des conclusions de cette rencontre internationale qui a vu la participation de 500 délégués issus de 75 pays dont une trentaine de ministres, sans oublier les représentants du secteur privé et de la société civile.  Il a précisé que trois documents avaient été adoptés à l’issue de ces débats, à savoir la Déclaration de Dakar, le Plan d’action et engagements de Dakar et la Feuille de route de Dakar pour les réalisations des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ces documents sont basés sur la participation et les travaux de milliers de partenaires.  Sans l’approche intégrée des trois éléments que sont l’eau, l’assainissement et les établissements humains, il n’y aura pas d’impact positif sur la vie des populations les plus pauvres et la réalisation des OMD, a-t-il prévenu en s’appuyant sur les conclusions de ce Forum qui a été l’occasion de rappeler que 6 000 enfants mouraient chaque jour du fait du manque d eau potable.  Il a déclaré que le Sommet de Johannesburg de 2002 a été l occasion de rappeler que nous ne pourrons atteindre nos objectifs de développement durable sans assurer la conservation de la qualité de l’eau.  Nous avons un vaste programme au Sénégal qui nous permettra d’ici à 2015 de mettre à disposition de 80% de la population un assainissement convenable, a-t-il précisé en rappelant que 2,4 milliards de personnes étaient dépourvus d’assainissement. 


Mme MARIA MUTAGAMBA, Ministre de l’eau de l’Ouganda, a présenté les conclusions de la Conférence internationale sur la gestion intégrée des ressources en eau qui s’est tenue à Tokyo du 6 au 9 décembre 2004.  Cette rencontre a été l’occasion pour 270 experts de 48 pays de réaffirmer qu’il était crucial de préserver les précieuses ressources en eau afin d’assurer le développement durable.  Deux objectifs ont été définis pour faire face à la pénurie en eau et en assainissement, alors que l’on doit faire face d’un autre côté aux excès d’eau comme les inondations ou le récent tsunami en Asie.  En ce qui concerne la gestion intégrée des ressources en eau, elle a suggéré que les conclusions de cette Réunion préparatoire intergouvernementale serve de référence et d’objectifs à atteindre. 


S’agissant de la Conférence africaine sur la gestion de l’eau qui s’est tenue en Ouganda en novembre 2004 sous l’égide du Conseil des Ministres africains responsables de l'eau, elle a présenté au nom du Conseil des Ministres africains, les attentes du continent africain en matière de gestion de l’eau aux fins de l’élimination de la pauvreté.  Elle a souligné l’importance de mécanismes de coopération régionale pour parvenir aux éléments liés à l’eau du Plan d’action de Johannesburg alors que seulement 60% de la population africaine ont accès à l’eau potable.  60% seulement de la population est couverte au niveau sanitaire.  Avec la croissance démographique, il faudra tripler l’accès à l’eau entre 2000 et 2015.  C’est pourquoi, il est essentiel de renforcer les capacités africaines de gestion de l´eau en renforçant la coopération entre les différentes organisations de bassins de fleuve.  


Mme MARIA ANTONIA TRUJILLO, Ministre de l’habitat de l’Espagne, a déclaré que le Forum urbain mondial, dont les deux dernières sessions ont eu lieu en 2002 et 2004 à Barcelone, avait permis à la communauté internationale de se fixer des objectifs à atteindre en matière d’établissements humains.  En 2002, il a été décidé qu’il fallait donner un logement décent à 100 millions de personnes vivant en milieu urbain à l’horizon 2015, a rappelé la Ministre.  Dans le dialogue concernant l’amélioration des conditions de vie de familles habitant des bidonvilles urbains, il a été agréé en 2004, qu’il fallait les reloger in situ tout en améliorant la qualité de leur habitat.  L’amélioration des services urbains et des transports a fait l’objet d’un consensus lors des travaux de la session de 2004, a indiqué la Ministre.  L’accès aux services de base comme l’eau et l’électricité, et la réhabilitation urbaine ont été débattus afin de faire face à la croissance urbaine que l’on observe partout dans le monde.  Nous disposons après ces rencontres d’une feuille de route à suivre, a indiqué Mme Trujillo en encouragent les États à intégrer les objectifs qui y sont mentionnés à leurs plans nationaux de développement durable.  La troisième session du Forum urbain mondial aura lieu l’an prochain à Vancouver au Canada, a-t-elle dit.


M. JOHAN KUYLENSTIERNA, Représentant du Ministère des affaires étrangères de la Suède, a déclaré qu’une réunion a eu lieu au mois d’août 2004 à Stockholm sur la question de l’eau.  Cette réunion entrait dans le cadre de la Semaine mondiale de l’eau et traitait de l’importance des bassins versants pour la sécurité alimentaire, a indiqué le représentant.  Au cours de cet évènement, 20 séminaires et 10 ateliers ont été organisés, a-t-il précisé.  L’eau et l’assainissement restent indispensables à la promotion du développement durable et sont au cœur des actions visant à éliminer la pauvreté.  L’augmentation rapide de la population urbaine mondiale rend la résolution des questions liées à l’eau et à l’assainissement extrêmement urgente, a indiqué le représentant.  Pour bien gérer cette transition, un renforcement de la démocratie locale est indispensable, afin de faire participer toutes les populations, notamment les femmes et les filles, à la gestion des ressources.  La question de la gestion intégrée des ressources en eau doit être liée à celle des réformes agricoles et de la propriété de la terre si l’on veut assurer aux populations une certaine sécurité alimentaire.  Il revient donc à la CDD de prendre des décisions politiques audacieuses qui puissent avoir un impact sur le terrain, a estimé M. Kuylenstierna.


M. ABDELLA BENMELLOUK (Maroc) a présenté les objectifs du  deuxième Forum international sur les partenariats pour un développement durable « Promotion de la mise en œuvre dans les domaines de l’eau et de l’énergie » qui se tiendra du 21 au 23 Mars 2005 à Marrakech au Maroc.  Il sera organisé en coopération entre le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement (MATEE) et le Département des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales (UN/DESA).  Le Forum vise la promotion de la mise en oeuvre du développement durable par le renforcement et l’élargissement de partenariats relatifs à l’eau et à l’énergie.  Il permettra la poursuite des discussions portant sur les partenariats entamées lors d’autres manifestations, notamment le 1er  Forum International sur les Partenariats pour un Développement Durable (mars 2004, Rome, Italie) et la 12 session de la Commission du développement durable (CDD-12 en avril 2004, au Siège des Nations Unies à New York). Les résultats de ce Forum seront présentés lors de la CDD-13 à New York, du 11 au 22 Avril 2005.  Il a déclaré que ce Forum est destiné aux experts et aux acteurs concernés par le partenariat représentants de gouvernements, de la société civile, du secteur privé, d’organismes internationaux et, particulièrement, ceux impliqués directement dans les Partenariats relatifs à l’eau et à l’énergie ainsi que ceux souhaitant renforcer, initier ou se joindre aux partenariats dans ces domaines.


M. HOOGRVEEN (Pays-Bas) a présenté les conclusions d’une conférence organise en commun par la FAO et le Gouvernement des Pays-Bas sur l'eau pour l'alimentation et les écosystèmes qui s’est tenue du 31 janvier au 5 février 2005 à La Haye.  La conférence a fourni une plateforme de haut niveau à environ 350 participants venant de diverses parties du globe, y compris une consultation au niveau ministériel sur l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes.  Elle a porté sur la mise en œuvre des engagements internationaux sur la gestion de l’eau et un travail en profondeur sur la gestion intégrée des eaux dans les zones rurales où vivent la plus grande partie des pauvres.  Sans eau, a-t-il insisté, il n’y a pas d’aliments.  Il faut s’assurer, a-t-il ajouté, de la participation des populations locales qui forment les premiers gardiens des ressources locales.  Il a souligné le rôle clef des ONG et du secteur prive.  Il a précisé que la conférence avait recommandé d’intégrer les secteurs de l’eau, de l’agriculture et de l’environnement à travers une gestion des eaux rurales qu’il a définie comme la pierre angulaire du développement  rural.  Les résultats de la Conférence internationale de La Haye consisteront en un apport direct à la Commission du développement durable (CDS-13) qui porte sur les questions relatives à l'eau.  En outre, ils permettront de formuler des programmes de travail au titre de conventions internationales comme la Convention sur la biodiversité et la neuvième Conférence des parties 9) à la Convention de Ramsar, ainsi que le Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement durable (Johannesburg 2002).


Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a déclaré, au nom de son Directeur exécutif, M. Klaus Toepfer, que le Conseil d’administration du PNUE avait tenu sa session annuelle à Nairobi du 21 au 25 février 2005.  Le Vice-Premier Ministre de la Chine et de nombreux autres ministres ont pris part à cet évènement, a-t-il indiqué.  Le rapport de cette réunion sera transmis par le Ministre de l’environnement de l’Indonésie à la 13 session de la CDD, a indiqué le représentant du PNUE.  Certaines décisions prises par le Conseil d’administration avaient trait à la catastrophe du tsunami survenue le 26 décembre dernier en Asie du Sud et du Sud-Est, et dont les effets se sont fait sentir en Afrique de l’Est, ainsi qu’aux résultats de la Réunion internationale sur le développement durable des petits États insulaires en développement, a-t-il indiqué.


M. KAZI RAHMAN, Représentant de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie-Pacifique (CESAP), qui s’exprimait aussi au nom de la Commission des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO), a indiqué que les travaux tenus ces derniers temps par la CESAP avaient essentiellement été consacrés aux conséquences du tsunami.  Les évènements qui ont récemment eu lieu à Beyrouth ont empêché la délégation de la CESAO de venir aujourd’hui à New York, a indiqué le représentant.  Cependant, a-t-il déclaré, ses représentants m’ont chargé de dire que la région de la CESAO est handicapée par les nombreuses sécheresses qui l’affectent et par la crise aiguë de l’accès à l’eau, qui se fait rare et devient source de tensions.  Le manque d’investissements dans les pays de la région est un autre handicap difficile à surmonter, privant ces pays de visibilité au niveau international sur les questions économiques.  Revenant à la région Asie-Pacifique, le représentant de la CESAP a dit que l’un des problèmes majeurs auxquels cette région était confrontée était celui de l’habitat.  L’augmentation du nombre de bidonvilles dans certaines sous-régions de la CESAP est une menace à l’équilibre social d’un certain nombre d’agglomérations urbaines, a-t-il dit.  Des initiatives de réduction de la pauvreté, notamment celles qui visent à créer des emplois dans ces zones, pourraient contribuer à l’amélioration de la vie des habitants des bidonvilles, a-t-il indiqué.  En coopération avec ONU-Habitat et le HCR, la CESAP a constitué des partenariats avec les parties prenantes pour faire progresser la notion de « droit au logement », a dit le représentant.  Des initiatives facilitant la participation des habitants des taudis à l’amélioration de leur habitat ont été lancées, notamment aux Philippines où la question du logement se pose avec acuité, a-t-il poursuivi.  L’amélioration des conditions de vie dans les zones insalubres passe aussi par le renforcement de l’accès à l’eau potable, et la CESAP mène des programmes de sensibilisation des communautés sur les dangers de la pollution par l’arsenic, a dit le représentant.  Un séminaire a eu lieu sur cette question à Beijing au cours de l’année écoulée, a-t-il précisé.


Intervenant au nom du Groupe des 77, M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a estimé que l’eau, l’assainissement et les établissements humains étaient étroitement liées entre eux et devaient par conséquent être examinés de façon intégrée.  La réalisation des OMD sera très difficile pour un certain nombre des pays en développement et notamment les pays les moins avancés (PMA).  Plutôt que de renégocier les objectifs, il faut nous concentrer sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre des objectifs concernant l’eau, l’assainissement et les établissements humains.  Il faut un soutien technique et en matière d’infrastructure.  Il a rappelé que la CDD-12 était parvenu à une estimation de 33 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs en matière d’eau et d’assainissement alors que les besoins relatifs aux traitements municipaux d’eaux usées s’élèveraient à 50 milliards de dollars par an.  Il faut utiliser des matériaux locaux et recruter localement, afin de stimuler les économies locales des PMA.  Les pays ont besoin de faire preuve de souplesse afin d’adapter les politiques aux spécificités locales.  Les questions et les solutions proposées auraient des effets sur les populations.  Il est nécessaire d’établir des partenariats entre les gouvernements et les populations locales.  Il a souhaité que le rôle du gouvernement se limite à la planification, à la décision et au suivi.  Le Groupe des 77 et de la Chine estime que le logement de base est un bien public.  Il a relevé que les besoins nécessaires étaient bien supérieurs à ce que les pays en développement pouvaient mobiliser au niveau intérieur, pour faire face à leurs objectifs en matière d’eau, d’assainissement et de logement.  C’est pourquoi, il a estimé indispensable une augmentation considérable de l’aide publique au développement (APD) pour répondre aux objectifs de ces pays.  Car, a-t-il noté, si l’investissement étranger direct (IED) est important, il faut constater que les investisseurs étrangers ne se rendent que là où les infrastructures et les structures d’appui sont déjà en place.  Il a souligné l’importance de faciliter les transferts de technologies et d’infrastructures.  Les capacités financières nationales souffraient de la croissance du chômage, du poids de la dette et de la chute des prix des produits de base.  Il a jugé indispensable que les propositions qui seront faites en matière d’eau et d’assainissement puissent inclure les remarques des organisations internationales qui prennent des décisions au niveau financier.  Enfin, il a rappelé que du fait de la fréquence des catastrophes naturelles qui frappent les pays en développement, il est indispensables que des investissements en infrastructures soient soutenus de manière conséquente par la communauté internationale.  


Intervenant au nom de l’Union européenne, Mme ELISABETH COLOTTE (Luxembourg) a déclaré que le Sommet du Millénaire+5 des Nations Unies qui aura lieu au mois de septembre 2005 et les préparatifs en cours nous permettront de faire le bilan des progrès accomplis et de maintenir le développement durable au premier rang de nos préoccupations.  Elle a défini la 13 session de la Commission du développement durable (CDD-13) qui se tiendra en avril prochain et les travaux de la présente Réunion comme une étape importante de ces préparatifs.  Elle a précisé que le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement ainsi que le rapport du Projet du Millénaire qui reconnaissaient tous deux l’importance de la durabilité de l’environnement et s’inquiètent que le monde n’est pas sur la bonne voie en matière de développement durable.  Soulignant l’intention de l’Union européenne de passer des mots aux actions, Elle a mentionné la stratégie de l’Union européenne en faveur de développement durable de juin 2001, en cours de révision, en vue de mieux intégrer dans nos politiques internes les engagements pris au niveau mondial.  Actuellement, a-t-elle ajouté, nous mettons en œuvre l’initiative de l’Union européenne dans le domaine de l’eau, qui constitue notre principale contribution à la réalisation des OMD et des objectifs du Plan de mise en œuvre de Johannesburg dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.  En outre, l’Union européenne se prononcera prochainement sur l’allocation d’un nouveau montant de 250 millions d’euros, en plus des 250 millions déjà affectés dans le cadre de la Facilité ACP-Union européenne pour l’eau.


L’Union européenne, a-t-elle encore insisté, considère que les orientations et les mesures qui seront définies au cours de cette semaine devront essentiellement répondre aux trois principaux défis retenus dans le rapport de la CDD-12, afin de réaliser des objectifs de Johannesburg, à savoir le renforcement des capacités et du transfert de technologie, de la gouvernance et du financement.  Par ailleurs, elle a estimé nécessaire d’adopter une approche intégrée pour la planification et la mise en œuvre de toutes les mesures et de tous les projets; de veiller à l’appropriation de tous les programmes et actions; d’associer toutes les parties prenantes; d’encourager la décentralisation au niveau le plus bas possible; de renforcer la coordination et la coopération.  Il est particulièrement nécessaire, a-t-elle dit, d’adopter une approche favorable aux pauvres dans toutes les politiques pour tenir compte des liens étroits entre l’eau, l’assainissement, les établissements et l’élimination de la pauvreté.  Enfin, elle a également salué le fait qu’un certain temps ait été prévu pour examiner les relations d’interdépendance entre l’eau, l’assainissement et les établissements humains ainsi que les questions transversales. 


M. MARCOLIS (États-Unis) a déclaré que les États-Unis estimaient que la mise en œuvre des recommandations relatives à l’eau avait commencé, grâce aux partenariats qui se créent entre les différents acteurs nationaux et internationaux intervenant dans cet important secteur.  Au fur et à mesure des progrès qui seront accomplis dans le partenariat mondial de l’eau, on pourra évaluer à quel niveau se situera l’intervention des différents partenaires et des institutions financières internationales.  Les États-Unis établissent des partenariats sur les questions du financement, de la gestion transfrontalière des ressources en eau, et des politiques menées par chaque pays et partenaire, en conformité avec les critères d’efficacité et de bonne gouvernance mutuellement agréés, a indiqué le représentant.  Au cours des prochains jours, nous pourrons identifier les meilleures pratiques et les meilleurs outils mis en œuvre par différents pays, ce qui nous donnera un aperçu des actions à accomplir dans l’avenir, a-t-il déclaré.


Exposés des grands Groupes


Le représentant de la Fédération internationale des producteurs agricoles, s’exprimant au nom du Groupe des agriculteurs, a déclaré que ce Groupe partageait un certain nombre des recommandations faites ce matin sur la question de l’eau.  Quand on parle de cette ressource, on doit être conscient que l’agriculture, qui utilise 70% de l’eau consommée dans le monde, devra changer ses méthodes, au vu de la montée de la consommation humaine d’eau causée par l’expansion des agglomérations urbaines, a-t-il dit.  Nous avons besoin d’une stratégie assortie d’objectifs et de cibles précises à atteindre pour satisfaire la demande d’eau en zones rurales, notamment dans les pays pauvres.  Dans ces pays, des stratégies basées entièrement sur des ressources privées n’auront jamais de chances de réussite, du fait de la faiblesse du pouvoir d’achat des populations rurales.  Il est temps que la Banque mondiale crée une stratégie intégrée avec celles de la FAO et du FIDA sur l’eau, a recommandé le représentant.  Les ONG et les organisations de la société civile ou religieuse devraient aussi se joindre à cette stratégie.  Il sera d’autre part nécessaire d’inclure les agriculteurs dans les stratégies de distribution d’eau et de les sensibiliser aux techniques de conservation, a poursuivi le représentant.  Les questions relatives à l’eau ne pourront d’autre part être résolues sans que soient traitées celles ayant trait au droit foncier et à la propriété de la terre, a-t-il estimé.  Les transferts de technologie sont nécessaires au développement de l’agriculture, a ajouté le représentant en demandant aux pays développés de faciliter ces transferts vers les régions du monde les moins nanties.


Le représentant du Groupe des communautés scientifiques et techniques a identifié quatre domaines d’actions prioritaires: renforcement des capacités afin de suivre tous les aspects de l’eau potable; établir des capacités scientifiques et technologiques supplémentaires; améliorer les compétences techniques et trouver des solutions concrètes pour assurer un transfert effectif des compétences; faire en sorte que les ingénieurs,et décideurs d’une part et les indicateurs d’autre part soient de meilleurs partenaires dans les domaines de l’assainissement et des établissements humains. 


Nous avons besoin de partenariats viables avec le monde des agriculteurs, le monde des affaires et d’autres grands groupes, a-t-il ajouté, en soulignant aussi la nécessité de revoir la collecte des données en matière d’eau.  Il s’est inquiété du fossé technologique grandissant entre les pays du sud et pays du nord en exhortant les pays développés à intégrer dans leur programme d’aide au développement, des objectifs de transfert de capacités, et tout particulièrement de technologie.  


Le représentant du Groupe du monde des affaires et de l’industrie a déclaré que la communauté des affaires était impliquée dans les discussions sur l’accès à l’eau.  Les entreprises comprennent que l’on invoque un droit humain d’accès à l’eau, comme cela a été dit par le Conseil économique et social de l’ONU.  Mais pour y parvenir, il faut que tous les partenaires au développement durable disposent d’un tableau de bord fonctionnel dans le cadre du processus consultatif sur l’eau mis en place par le Secrétaire général.  C’est ainsi que l’on pourra réaliser les OMD, a estimé le représentant.  La communauté des affaires est consciente de la nécessité de conserver l’eau, soit en diminuant la consommation industrielle, soit en vulgarisant le recyclage des eaux industrielles afin de pouvoir les réutiliser, a dit le représentant.  Les entreprises ont besoin de prestations et de services d’exploitation et de distribution d’eau efficaces dans les pays en développement si ces pays veulent attirer l’investissement industriel.  La promotion de ces services incombe aux pays eux-mêmes, a dit le représentant.  Les entreprises pourraient apporter leurs connaissances et compétences aux États dans le domaine de la gestion et de la gouvernance de l’eau.  Les réglementations devraient être stables, transparentes, et correctement appliquées pour encourager les entreprises à investir, a-t-il poursuivi.


Débat interactif


Répondant à une question du Président de la Réunion sur la gestion de l’eau, le représentant du monde des affaires et de l’industrie a déclarée que les industriels avaient développé des technologies permettant des économies d’eau et de réduction des coûts.  Je ne crois pas, a-t-il ajouté, que nous manquions de technologies.  C’est plutôt un effort de diffusion d’information sur ces technologies, et une prise de conscience des maîtres d’ouvrage des pays en développement qui est nécessaire pour mettre en place ces technologies. 

Pour sa part, les agriculteurs a déclaré le représentant de ce Groupe ont assez de moyens pour nourrir le monde entier.  Cependant, a-t-il fait remarquer, le problème réside dans le fait que les agriculteurs des pays en développement ne disposent pas des moyens d’accès aux technologies les plus appropriées.  Il faut éviter, a-t-il prévenu, d’adopter des modèles uniques pour tout le monde en souhaitant que l’on adapte nos programmes aux réalités locales. 


Le représentant des communautés locales a voulu savoir s’il était possible de mettre à la portée de tous des technologies d’exploitation et de distribution de l’eau à des prix raisonnables.  Le représentant des États-Unis a expliqué que d’excellentes technologies existaient déjà en ce domaine, mais que leurs transferts se heurtaient parfois à des obstacles institutionnels.  Aux États-Unis, le Gouvernement fédéral établit des normes en matière d’assainissement et d’eau, qui sont ensuite mises en œuvre par les municipalités, a fait remarquer le représentant.  Les pays en développement devraient développer ce genre de normes, a préconisé le représentant des États-Unis qui a souhaité que la 13 session de la Commission tienne des discussions sur ces questions.


Intervenant à son tour, le représentant des communautés scientifiques et technologiques a dit que des technologies abordables existaient aussi en matière agricole et qu’elles pouvaient être mises à la disposition des agriculteurs.  Mais, a-t-il souligné, leur transfert nécessite la formation des futurs utilisateurs.  Concernant les biotechnologies, qui peuvent multiplier les rendements, il faudrait d’abord étudier dans quelle mesure elles pourraient aussi poser des menaces aux petits agriculteurs et à leur environnement, a-t-il relevé.


Le représentant de la République islamique d’Iran s’est interrogé sur les moyens de définir les technologies les plus adaptées suivant la situation et de financer ces dernières.  Il s’est inquiété de constater que 70% des l’eau potable mondiale était utilisée par l’agriculture en insistant a l’instar du représentant de l’Egypte de sensibiliser les agriculteurs a la nécessité de mieux gérer l’eau. 


Pour sa part, le représentant des travailleurs et des syndicats a souhaité que l’accès à l’eau et à l’assainissement demeure un droit fondamental de l’homme.  Dans tous les lieux du monde, les travailleurs doivent participer avec les employeurs à améliorer la gestion de l’eau.  Si les travailleurs doivent participer à des évolutions positives, ils doivent pouvoir bénéficier de conditions de travail qui leur permettent effectivement de se consacrer à ces changements positifs.  La privatisation de l’eau et des services d’assainissement ne peut pas être notre seul choix.  Nous avons besoin d’un appui politique pour que les travailleurs puissent participer à ces efforts.  


La représentante du Groupe des autorités locales a indiqué que c’est au niveau des communautés locales que la plupart des services essentiels étaient fournis aux citoyens.  Les autorités locales restent engagées dans la mise en œuvre des engagements pris à Johannesburg.  Il faudrait que les plans nationaux de réduction de la pauvreté et pour le développement soient élaborés en concertation avec les gouvernements locaux, a poursuivi la représentante.  Aucune politique ne peut réussir sans un engagement des groupes censés en être les bénéficiaires, a dit la représentante en demandant une décentralisation des centres de décision et des structures et normes de gestion.  De nouveaux mécanismes de financement devraient être mis en place afin de permettre aux institutions financières internationales de transférer plus de ressources financières au niveau local, a-t-elle estimé.


La représentante des ONG a souhaité l’appui des gouvernements pour mettre en place les objectifs d’établissements humains, en regrettant que l’on ait pas pris en compte l’impact sur l’environnement de la non-réalisation des objectifs d’établissements humains.  Elle a souhaité une meilleure planification de la gestion de l’eau.  Elle a salué l’initiative du Royaume-Uni en faveur des populations les plus pauvres.  La participation du secteur privé n’est pas un objectif à promouvoir parce que l’accès à l’eau et à l’assainissement doivent rester du ressort du service public.  Elle s’est inquiétée de l’augmentation du nombre de personnes vivant dans les bidonvilles.


Le représentant du Burkina Faso a demandé quant à lui un soutien pour faire face au phénomène de l’évaporation de l’eau, car son pays voit s’évaporer l’équivalent de deux mètres d’eau chaque année.  


De l’avis du représentant du monde des affaires et de l’industrie, l’accès à l’eau et à l’assainissement des populations les plus pauvres ne passe pas par une course à la technologie.  Le problème de maintenance est plus réel et pour y faire face, il faut mettre les autorités locales en face de leur responsabilité.  Cela passe par une formation adéquate des travailleurs locaux. 


La représentante des peuples autochtones a déclaré que les peuples autochtones considéraient l’eau comme sacrée.  Elle a souhaité que les gouvernements reconnaissent les intérêts des peuples autochtones sur les ressources hydriques et notamment leurs connaissances en ce qui concerne la gestion d’eau et du système d’assainissement.  Elle a estimé qu’il existait un véritable besoin pour l’eau potable qui ne peut en aucun cas être privatisée.  Les femmes autochtones chargées de la gestion des ressources de l’eau courent des risques sécuritaires.  Elle a souhaité que le transfert des technologies ne se fasse pas au détriment des connaissances des peuples autochtones en matière de gestion de l’eau.  


Le représentant du Groupe « Enfants et Jeunesse » a indiqué que les priorités de ce Groupe étaient l’éducation et la participation aux actions communautaires.  Les jeunes se sont engagés en faveur des objectifs d’Agenda 21 et d’ONU-Habitat en formant des caucus leur permettant de travailler avec les autres groupes dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de développement durable, a-t-il dit.  Les jeunes souffrent cependant de la limitation des moyens mis à leur disposition.  Ils pensent néanmoins que la solution aux problèmes qu se posent aujourd’hui se trouve dans les actions qui pourraient être menées au sein des communautés.  Les jeunes regrettent que la communauté internationale limite leur participation dans la mise en œuvre des programmes qui pourraient permettre d’atteindre les objectifs ayant trait à l’eau et à l’assainissement, a relevé le représentant.  Des questions comme l’éducation pour tous, la participation des femmes et des filles au développement, et l’appui politique et technique à apporter aux projets soumis par les jeunes sont devenus les chevaux de bataille des groupes de jeunes, a fait remarquer le représentant.  Regrettant que les gouvernements n’accordent pas assez d’importance aux doléances des jeunes, il a demandé à la Commission d’inclure leurs demandes dans son programme de travail.


La représentante du Groupe des femmes a rappelé que la communauté internationale avait clairement reconnu qu’il fallait inclure les femmes et les filles, soit la moitié de  la population mondiale, dans toutes les réflexions et actions à mener aux niveaux international et national.  Nous sommes heureuses que la CDD-13 se tienne au moment où a lieu l’évaluation « Beijing + 10 », a-t-elle dit.  Se félicitant de la déclaration faite ce matin par le Secrétaire général à la Commission de la condition de la femme, elle a demandé à la CDD d’inscrire les problèmes relatifs à l’inclusion des femmes au centre de ses débats et de ses décisions.  Les femmes doivent participer à la prise de décisions concernant des solutions durables sur les questions de l’eau et de l’assainissement, a-t-elle recommandé.  Des politiques concernant la parité entre les sexes doivent être mises en place dans tous les domaines d’action concernant les thèmes de l’eau, de l’assainissement et de l’habitat, a estimé la représentante.  Concernant les OMD, la CDD devrait aussi adopter des mesures sexospécifiques pour en faciliter la réalisation, a-t-elle estimé.  D’autre part, a-t-elle estimé, la CDD devrait demander à tous les pays qui ont signé et ratifié la CEDAW de l’appliquer dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.


Concluant les débats interactifs, le Président de la Réunion a indiqué qu’il était clair que tous les protagonistes devaient redoubler d’efforts pour mettre en place des nouveaux partenariats afin d’accélérer les progrès en matière de gestion de l’eau et de l’assainissement.  Il a souligné l’importance pour la communauté internationale de renforcer les liens entre les politiques locales et nationales de développement durable et d’aider à développer les capacités locales en matière de gestion de l’eau.  Il faut renforcer l’autonomie locale dans un souci de responsabilisation et  appliquer des technologies propres suivant les circonstances locales.  Il a également soutenu les propositions concernant le renforcement de partenariats.  Enfin, il a été souligné la nécessité pour les services publics de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Il s’agit également d’assurer l’intégration de la dimension sexospécifique à la gestion de l’eau et de l’assainissement.  Il a invité les grands groupes qui se sont exprimés cet après-midi à soumettre au Secrétariat de la CDD leurs remarques et propositions. 


Soulignant l’importance d’intégrer la dimension sexospécifique aux programmes de gestion d’eau et d’assainissement, la représentante de l’organisation Utthan, Pravah, WSSCC (WASH) a souligné le succès des campagnes qui avaient su placer les gens au centre des processus.  Elle a regretté que malgré cinq ans d’efforts dans de nombreuses régions du monde, la plupart des pauvres étaient toujours des femmes.  Elle a indiqué que dans certaines régions de l’Inde, des communautés avaient refusé des systèmes d’assainissements primaires estimant qu’ils ne correspondaient pas à leurs besoins.  Elle a estimé que l’accès à l’eau et à l’assainissement devait être considéré comme un droit de l’homme.  Elle a présenté la collecte de l’eau de pluie comme une entreprise rentable à condition qu’il y ait une participation communautaire.  Les OMD exigent un environnement de bonne gouvernance.  C’est pourquoi, la lutte pour la gestion de l’eau et de l’assainissement, passe par une lutte.  


Pour le Coprésident du Groupe du Millénaire sur l’eau et l’assainissement, l’assainissement est un orphelin national auquel nous devons trouver des parents.  Il faut un foyer institutionnel qui est le fruit d’une décision politique.  Nous devons imaginer des actions à impact rapide et placer l’accent sur une prestation durable et pas absolument la construction d’infrastructures.  Il faut ajouter l’inclusion des responsabilités civiques, car l’accès à l’eau c’est une affaire de droit et de devoir.  Il a défini la différenciation des services politiques comme acceptable à condition qu’elle ne soit pas imposée par le haut.  Il faut disposer de plans crédibles pour le traitement des égouts avec une approche progressive comportant des échéanciers.  Il a invité les communautés à faire connaître leurs performances et leurs besoins, pour qu’elles puissent bénéficier d’un financement adéquat. 


Mme CARMEN AREVALO-CORREA, Vice-Ministre de l’environnement de la Colombie, a dit qu’après 10 années d’efforts pour réformer le secteur de l’assainissement et de l’eau en Colombie, elle avait constaté que les coûts relatifs aux infrastructures mises en place dans ces secteurs étaient notamment visibles dans les domaines du transfert des technologies et de la gestion intégrée des ressources hydriques, cette dernière visant notamment à pérenniser les ressources en eau tout en assurant aux usagers un approvisionnement régulier en eau.  Les gouvernements, les donateurs, les usagers, et le secteur privé sont les principales parties prenantes à ces programmes.  Si on parle ensuite des investissements et des mesures fiscales, on doit être conscient du fait que les investissements réalisés par le gouvernement doivent être rentabilisés, ce qui ne peut se réaliser avec les seuls usagers des classes pauvres, dont le pouvoir d’achat est faible, a dit la Ministre.  De ce fait, il faudrait que les usagers à revenu élevé et le secteur privé paient plus et que d’éventuelles mesures fiscales soient prises de manière progressive en respectant le plafond financier de chaque contribuable.


Le représentant de l’Égypte a fait remarquer que le recouvrement des coûts des adductions d’eau s’avérait généralement difficile.  Quelles sont les leçons à tirer des expériences de privatisation de l’eau en Amérique latine?


Il est effectivement impossible de recouvrer tous les coûts de la distribution d’eau potable, a répondu Mme Arevaldo-Correa.  Les revenus des classes pauvres ne permettent pas de récupérer l’investissement de départ, et le versement de subventions, qui avait été jusqu’à maintenant combattu, devra désormais être accepté et ne plus être considéré un tabou.  La représentante des autorités locales a aussi estimé que les coûts d’adduction et de distribution d’eau ne pouvaient pas être totalement recouvrés. 


Le représentant du Groupe des ONG a estimé que la multiplication des conditionnalités dans l’attribution de l’aide au développement et la tendance des gouvernements à se lancer dans de grands projets qui sont ensuite difficiles à gérer, handicapait la résolution des questions d’assainissement et de distribution d’eau.


À ces remarques, la représentante de WASH a répondu que les obstacles résultaient surtout des comportements.  L’adoption de connaissances locales et de technologies développées de manière endogène, a-t-elle fait observer, pourrait résoudre la plupart des problèmes qui existent en matière d’eau et d’assainissement.  Le renforcement de la participation de la société civile, qui maîtrise les technologies alternatives, pourrait apporter des solutions durables à ces questions, a-t-elle estimé.


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur la Gestion des ressources en eau: orientations possibles et mesures envisagées pour accélérer les progrès E/CN.17/2005/2;


Rapport du Secrétaire général sur l’Assainissement: orientations possibles et mesures envisagées pour accélérer les progrès dans le cadre du module thématique E/CN.17/2005/3;


Rapport du Secrétaire général sur Établissements humains: orientations possibles et mesures envisagées pour accélérer les progrès E/CN.17/2005/4.


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