En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6161

L’ÉCOSOC EXAMINE L’APPORT DES COMMISSIONS TECHNIQUES À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT

07/07/2005
Communiqué de presse
ECOSOC/6161


Conseil économique et social

Session de fond de 2005

18e & 19e séances – matin & après-midi


L’ÉCOSOC EXAMINE L’APPORT DES COMMISSIONS TECHNIQUES À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu aujourd’hui son débat général consacré aux questions de coordination en examinant, avec les présidents des commissions techniques, la contribution de ces organes subsidiaires à la réalisation des objectifs de développement, ainsi qu’à la promotion de l’effort fait par le Conseil pour encourager un suivi coordonné et intégré des résultats des conférences mondiales.


Chargées des droits de l’homme, de la condition de la femme, des questions autochtones, de la gestion durable des forêts, du développement social, de la science et de la technique au service du développement, les commissions techniques constituent une « partie intégrante et essentielle du système d’ensemble de l’ECOSOC qui vise à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande », a souligné le Vice-Président du Conseil, Ali Hachani (Tunisie), en introduisant une réunion-débat sur les « progrès accomplis », les « obstacles à surmonter » et les « chances à saisir » dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement.


Au cours de ces dernières années, le rôle des commissions techniques du Conseil s’est accru et leur coordination s’est améliorée, contribuant ainsi à améliorer les services offerts aux États Membres et à leurs populations, a assuré José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  M. Ocampo a toutefois jugé utile de trouver un moyen de mettre en relation le travail des commissions avec celui de l’ECOSOC, par le biais de programmes de travail pluriannuel.  M. Hachani a, de son côté, souhaité que soit renforcée la cohérence thématique des travaux du Conseil et des commissions techniques afin de déboucher sur des propositions visant à améliorer les méthodes de travail des commissions.


Auparavant, l’ECOSOC s’était penché sur les « perspectives et stratégies » de la « mise en oeuvre des objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire », en portant son attention sur l’expérience de la République-Unie de Tanzanie.  Lors de cette réunion-débat, au cours de laquelle elles ont entendu l’Équipe de pays de l’ONU, des responsables des pouvoirs publics et la société civile, les membres de l’ECOSOC ont examiné de près les problèmes spécifiques qui peuvent se poser aux gouvernements comme aux organismes du système des Nations Unies en vue d’atteindre les objectifs de développement convenus sur le plan international, l’occasion, également, de réfléchir à de nouvelles mesures susceptibles de renforcer le soutien des priorités nationales dans cette perspective. 


Animateur de la discussion, John Hendra, Coordonnateur résident en République-Unie de Tanzanie, a souligné l’impact de l’ONU dans la promotion des Objectifs du Millénaire pour le développement ainsi que dans l’examen des stratégies de réduction de la pauvreté.  Les Nations Unies constituent un acteur important pour la mobilisation des différentes parties de la société, comme les jeunes et les femmes, ainsi que dans l’appui des questions transectorielles comme le VIH/sida, a-t-il notamment indiqué.  En République-Unie de Tanzanie, l’Équipe de pays des Nations Unies s’est repositionnée afin de mieux soutenir la réalisation des objectifs, notamment en assurant un leadership général pour coordonner l’aide.  Selon lui, c’est dans son ensemble que le système des Nations Unies doit assister les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  De l’avis de Joyce Mapunjo, du Ministère des finances de la République-Unie de Tanzanie, les Nations Unies peuvent encore aider le pays, non seulement en matière de gouvernance, de paix et de démocratie, mais aussi pour la création d’emplois, notamment dans les régions rurales, ou pour des programmes d’éducation et de santé.


Par ailleurs, le Conseil économique et social, par la voix de M. Hachani, a exprimé sa tristesse et son indignation face à la série d’attentats qui a frappé Londres.  Le Vice-Président du Conseil a ainsi présenté ses condoléances à la délégation du Royaume-Uni, ainsi qu’au peuple et à la ville de Londres.


Le Conseil reprendra ses travaux demain vendredi 8 juillet, à 10 heures, avec un débat consacré aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.


RÉUNION-DÉBAT: « MISE EN ŒUVRE DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT CONVENUS SUR LE PLAN INTERNATIONAL, Y COMPRIS CEUX ÉNONCÉS DANS LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIRE: PERSPECTIVES ET STRATÉGIES »


Déclarations


Mme JOYCE MAPUNJO, Commissaire au Département des finances extérieures du Ministère des finances de la République-Unie de Tanzanie, a centré son intervention sur la mise en œuvre concrète des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et sur la réduction de la pauvreté en République-Unie de Tanzanie.  Elle a rappelé que son pays avait déjà défini une politique de réduction de la pauvreté avant la formulation des OMD.  Ceci montre bien que la République-Unie de Tanzanie a sa propre façon d’agir et de travailler et que l’appropriation nationale, élément clef du succès, y est très importante, a-t-elle indiqué.  Notant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) faisaient partie des engagements pris à l’échelle nationale, elle a fait remarquer que la République-Unie de Tanzanie tentait de traiter ces objectifs dans son propre environnement.  Elle a ajouté qu’il n’était pas possible d’éliminer la pauvreté sans faire un lien avec la manière dont les ressources étrangères étaient utilisées, déclarant que l’aide internationale joue un rôle clef en République-Unie de Tanzanie.  Elle a ainsi fait observer que son pays avait entrepris des réformes, notamment des autorités locaux, de la gestion et du pouvoir juridique, trois éléments importants, selon elle, pour l’amélioration de la gouvernance économique.


Par ailleurs, Mme Mapunjo a expliqué que la première Stratégie de réduction de la pauvreté avait permis de tirer des leçons et d’en formuler une deuxième plus efficace.  Cette Stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté, appelée MKUKUTA, concerne la croissance, la gouvernance et la responsabilité ainsi que la contribution de tous les secteurs pour réduire la pauvreté, a-t-elle poursuivi, en insistant particulièrement sur ce dernier élément afin de parvenir au développement économique.  Elle a aussi souligné le lien entre la réduction de la pauvreté, l’allocation des ressources et le rôle des partenaires pour le développement, en notant l’élaboration de la Stratégie conjointe d’assistance qui a mis en place un cadre pour la coopération.  Il faut que nos partenaires s’intègrent dans notre stratégie à long terme, tout en prenant en compte l’importance de la responsabilité mutuelle et du dialogue.  Enfin, concernant le rôle des Nations Unies, elle a indiqué que les institutions spécialisées jouaient, par leur appui, un rôle important, et que le système des Nations Unies contribuait grandement à la réalisation des OMD.  De l’avis de la représentante, les Nations Unies peuvent encore aider la République-Unie de Tanzanie en matière de gouvernance, de paix et de démocratie mais aussi pour la création d’emplois, notamment dans les régions rurales, ou pour des programmes d’éducation et de santé.


M. CLETUS MKAI, Directeur général du Bureau national des statistiques de la République-Unie de Tanzanie, a évoqué la Base de données sociales et économiques en vigueur en République-Unie de Tanzanie (TSED).  Ce système a été mis au point progressivement au cours des 15 dernières années avec l’appui technique des Nations Unies.  Le TSED contient 300 indicateurs, dont il facilite le stockage et l’analyse.  Le système est placé sous la responsabilité du Bureau national des statistiques, appuyé par plus de 20 ministères et institutions gouvernementales.  Il constitue un bon exemple de partenariat efficace noué entre le gouvernement et ses partenaires bilatéraux tels que le PNUD ou l’UNICEF.  En dépit de ces efforts, la capacité statistique en République-Unie de Tanzanie pose encore des problèmes.  Les institutions qui collaborent au système établi ont donc été encouragées à jouer chacune leur rôle.


M. Mkai a ensuite expliqué que le système TSED permettait d’éviter les chevauchements de données.  Le rapport sur la pauvreté et le développement en République-Unie de Tanzanie a été produit grâce à ce système afin d’améliorer la communication avec les médias, la dissémination des données et les informations prodiguées aux parties prenantes.  Ce système se trouve donc au cœur du système de suivi de l’évolution de la pauvreté, qui intègre les huit Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il suffit de cliquer sur l’un des huit objectifs pour avoir accès aux indicateurs utiles.  La République-Unie de Tanzanie souhaitant encourager la coopération Sud-Sud, plusieurs pays sont venus étudier son système.  Le TSED  permet notamment d’étudier la répartition de la pauvreté dans le pays de façon très précise par région et par district, grâce à des indicateurs variés.  Cette possibilité constitue un outil très précieux pour les décideurs politiques lorsqu’ils doivent décider de l’affectation des ressources.  Le TSED est donc au cœur même du système de surveillance de la pauvreté.  Cependant, cette base de données doit encore relever plusieurs défis, nés des difficultés rencontrées dans la collecte et l’organisation des données nécessaires au calcul des indicateurs.  Le principal défi reste la nécessité de stimuler constamment les services en faveur de l’utilisation de ces données, qui doivent devenir de plus en plus efficaces.


M. MAXMILLIAN M. KAJEGE, Coordonnateur de la Coalition pour la dette et le développement de la République-Unie de Tanzanie, a présenté les actions de la société civile dans le cadre de la lutte pour la réduction de la pauvreté.  Il a souligné que les organisations de la société civile en République-Unie de Tanzanie s’étaient engagées dans différents processus politiques, à divers niveaux, peu après l’introduction du multipartisme en 1992.  Il a ainsi fait état de leur rôle dans la formulation, depuis 1998, de deux plans stratégiques de réduction de la pauvreté, le second devenu en 2004 la Stratégie nationale de la croissance et de la réduction de la pauvreté, connu, en langue Kiswahili, sous le nom de MKUKUTA.  La société civile a élaboré une campagne solide de sensibilisation dans la mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit.  Dans le cadre de la mise en œuvre de ces objectifs, il a félicité le Gouvernement tanzanien pour les progrès accomplis en faveur de la croissance du PNB.  Toutefois, il a regretté que les acquis de la croissance n’atteignent pas les populations situées à la base de la pyramide.  Ainsi, il est impossible de savoir si l’objectif de réduction de la pauvreté sera réalisé, a-t-il souligné.  Il est nécessaire de renouveler les efforts pour s’assurer que les bénéfices de la croissance touchent les plus pauvres, a-t-il ajouté.  S’agissant du deuxième Objectif du Millénaire pour le développement concernant l’éducation, il a souligné le taux élevé de scolarisation qui atteint 95% dans certaines régions.  Néanmoins, nous ne pouvons pas dire qu’il n’y aura aucun abandon scolaire, a-t-il affirmé.


Au sujet de l’égalité entre les sexes, le représentant s’est réjoui de l’amélioration constatée au niveau de l’éducation primaire et secondaire, mais des difficultés subsistent au niveau global, a-t-il précisé.  Selon lui, il ne sera pas facile de maintenir la parité pour les fillettes.  Le Coordonnateur a également cité des progrès insignifiants concernant la réduction de la mortalité infantile et l’amélioration de la santé maternelle, soulignant même que la mortalité maternelle augmentait dans le pays.  Le paludisme continue d’être le tueur numéro un, a-t-il par ailleurs indiqué, se félicitant de la décision du Gouvernement d’avoir supprimé les droits de douane et l’impôt sur les moustiquaires.  Il n’a pas relevé d’amélioration notable dans la lutte contre le VIH/sida.  Le Gouvernement a bien essayé de fournir des médicaments pour prolonger la durée de vie des séropositifs, a-t-il dit, s’interrogeant néanmoins si ces médicaments pouvaient arriver jusqu’aux populations rurales touchées par le virus.  De même, le Gouvernement s’est engagé à fournir à tous une eau salubre et potable, mais l’accès aux réserves en eau dans les zones urbaines s’aggrave, a-t-il déclaré.  Selon le Coordonnateur, le manque d’appropriation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le manque de sensibilisation et l’insuffisance des ressources demeurent des défis importants à relever.  Les Nations Unies doivent renforcer la capacité dans le contrôle de l’application du MKUKUTA et des OMD, a-t-il poursuivi.  Les cibles des OMD ont été complètement intégrées dans le MKUKUTA, les deux partageant le principe commun de tenir le Gouvernement et les partenaires de développement pour responsables des progrès, a-t-il conclu.


M. JOHN HENDRA, Coordonnateur résident des Nations Unies en République-Unie de Tanzanie, également animateur de cette réunion-débat, a pris la parole au nom de l’Équipe de pays des Nations Unies.  Il a tout d’abord mis en lumière les progrès effectués par la République-Unie de Tanzanie concernant les OMD, notamment en matière d’éducation et de réduction du taux de mortalité infantile.  Soulignant le fort sentiment d’appropriation nationale de la stratégie de réduction de la pauvreté, il a qualifié le MKUKUTA de « OMD Plus », notant que plusieurs objectifs y étaient plus ambitieux, comme l’éradication de la pauvreté d’ici à 2010 et non d’ici à 2015.  Cette stratégie n’est pas seulement gouvernementale, a-t-il poursuivi, elle est véritablement nationale et tous les acteurs y participent, y compris la société civile et le secteur privé.  De plus, il a fait valoir que cette nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté était axée sur les résultats et que la République-Unie de Tanzanie était le premier pays à avoir adopté cette approche qui se heurte cependant à des difficultés sur le plan de la mise en œuvre et de la programmation. 


S’agissant du rôle des Nations Unies, le représentant s’est demandé comment l’Organisation pouvait appuyer la République-Unie de Tanzanie pour faciliter la mise en œuvre de cette approche axée sur les résultats.  Il a aussi souligné l’impact de l’ONU dans la promotion des OMD ainsi que dans l’examen des stratégies de réduction de la pauvreté.  De plus, il a estimé qu’elle constituait un acteur important pour la mobilisation des différentes parties de la société, comme les jeunes et les femmes, ainsi que dans l’appui des questions transectorielles comme le VIH/sida.  Selon M. Hendra, c’est dans son ensemble que le système des Nations Unies doit assister les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a affirmé que l’Équipe de pays des Nations Unies s’était repositionnée afin de mieux soutenir la réalisation des objectifs tanzaniens, notamment en continuant de soutenir conjointement le travail analytique ou l’examen de la première stratégie de réduction de la pauvreté, et en assurant un leadership général pour coordonner l’aide. 


Enfin, M. Hendra s’est interrogé sur le rôle futur des Nations Unies concernant leur appui aux efforts de développement en République-Unie de Tanzanie.  Rappelant que l’ONU participait actuellement à 700 projets dans le pays, il a plaidé pour une rationalisation des petits projets afin de les harmoniser avec les objectifs nationaux. 


Dialogue interactif


Le Directeur général du Bureau national des statistiques de la République-Unie de Tanzanie a indiqué que le TSED permettait de fournir des présentations détaillées aux organisations qui préparent des séries statistiques à des fins de comparaison.  Il n’est cependant pas aisé d’éliminer les systèmes parallèles de collecte de données déjà existants.  Un ensemble de cadres a donc été défini pour coordonner les collectes, qui sont ensuite incluses dans le système, et les systèmes de collecte parallèles ont été réduits au maximum.


Pour sa part, la Commissaire au Département des finances extérieures du Ministère des finances de la République-Unie de Tanzanie a expliqué que la stratégie d’assistance commune était très inclusive.  La Tanzanie a réussi une harmonisation remarquable, qui intègre notamment la coopération Sud-Sud depuis 1997, et qui s’inspire de la politique menée en Bolivie.  Les résultats obtenus en Tanzanie ont été partagés avec l’ensemble de la région, de nombreux pays ayant envoyé des observateurs sur place. En matière de coordination, la Tanzanie a la chance de disposer d’une stratégie très claire concernant le travail de concert avec ses partenaires, ce qui inclut des consultations de haut niveau. Mme MAPUNJO a également évoqué la participation de la société civile au processus, citant notamment les universitaires et les partis politiques d’opposition.  Le secteur privé est essentiellement constitué de petites et moyennes entreprises (PME), mais leurs dirigeants n’hésitent pas à dialoguer avec les ministères.  Tous les membres de la société se sentent concernés par les Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. KAJEGE, Coordonnateur de la Coalition pour la dette et le développement de la République-Unie de Tanzanie, a confirmé qu’il existait des liens et un dialogue entre les PME et la société civile.  La surveillance à la base a été renforcée, notamment en matière de pauvreté.  Faisant ensuite référence au rapport de Jeffrey Sachs sur le paludisme, il a estimé que ce fléau allait perdurer en Afrique.  Cependant, l’utilisation de moustiquaires traitées devrait permettre de réduire la maladie, a-t-il indiqué, à condition que les fabricants respectent les recommandations de l’OMS.  Le Gouvernement tanzanien va subventionner l’achat de moustiquaires afin qu’elles soient accessibles aux habitants des zones rurales.


Concernant l’harmonisation des indicateurs statistiques, Mme MAPUNJO a fait part de la volonté de son pays de pouvoir comparer ses indicateurs avec ceux établis au niveau international.


Revenant sur la question du paludisme, le Coordonnateur résident des Nations Unies en République-Unie de Tanzanie a confirmé que des incitations avaient été créées pour aider les Tanzaniens les plus démunis à faire l’acquisition de moustiquaires.  Par ailleurs, il a souligné que pendant longtemps, le secteur privé ne s’était pas engagé formellement dans la lutte contre la pauvreté, à la différence de la société civile.  Le Conseil tanzanien des entreprises, présidé par le Président de la République, encourage désormais les dirigeants d’entreprises à se réunir pour élaborer des recommandations.  Le Coordonnateur a jugé que le processus en cours en Tanzanie était très inclusif grâce au cadre très solide mis en place.  Les Nations Unies interviennent sur le terrain pour suivre la bonne utilisation de l’aide et entretiennent un dialogue avec tous les acteurs de la société afin de maximiser le rôle qu’elles jouent par le biais de l’aide commune.  Le Coordonnateur a conclu en évoquant la prochaine visite en Tanzanie d’observateurs venus d’Asie.


Mme MAPUNJO a affirmé que la question de la création d’emplois était essentielle dans les efforts entrepris en Tanzanie pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment dans le cadre du MKUKUTA.  Ces efforts sont liés à plusieurs indicateurs, a-t-elle dit.  Elle a également indiqué que la structure de la coordination et du suivi était bien construite en  Tanzanie, précisant que le suivi s’effectuait de manière indépendante et contribuait à fournir des commentaires à toutes les parties prenantes sur toutes les réalisations.  La mise en place du système de suivi de réduction de la pauvreté inclut toutes les parties prenantes, y compris de la société civile, a indiqué pour sa part M. KAJEGE, mettant l’accent sur la diffusion des informations collectées et leur présentation de la façon la plus lisible en swahili et en anglais.


Par ailleurs, M. MKAI fait référence aux résultats d’une enquête démographique et de santé entreprise en 2004 indiquant une réduction considérable du taux de mortalité infantile, celle-ci passant de 86 à 68 entre le milieu des années 80 et 2004.  En revanche, aucun changement n’a été observé concernant le taux de mortalité maternelle, a-t-il précisé.  M. HENDRA a jugé préoccupante cette dernière tendance, de même que les difficultés d’accès des femmes aux moyens de santé reproductive.  C’est un domaine où la République-Unie de Tanzanie doit redoubler d’efforts, a-t-il assuré, le problème de la mortalité maternelle méritant une plus grande attention. 


RÉUNION-DÉBAT AVEC LES PRÉSIDENTS DES COMMISSIONS TECHNIQUES ET DES AUTRES ORGANES SUBSIDIAIRES DU CONSEIL: « RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT CONVENUS SUR LE PLAN INTERNATIONAL, NOTAMMENT CEUX ÉNONCÉS DANS LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIRE, ET SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES: PROGRÈS ACCOMPLIS, OBSTACLES À SURMONTER ET CHANCES À SAISIR »


Déclarations


M. ALI HACHANI (Tunisie), Vice-Président du Conseil économique et social, qui introduisait la réunion-débat portant sur les « progrès accomplis », les « obstacles à surmonter » et les « chances à saisir », dans le cadre de la « réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris de ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire, et suite donnée aux textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies », a espéré que cette séance puisse faire mieux prendre conscience des liens existant entre le Conseil et ses organes subsidiaires.  Conformément à la Charte des Nations Unies, l’ECOSOC a institué des commissions dans les domaines économique et social et dans le domaine des droits de l’homme « nécessaires à l’exercice de ses fonctions », a-t-il dit, précisant que les commissions techniques constituaient une partie intégrante et essentielle du système d’ensemble du Conseil qui vise à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.


Selon lui, au fil des ans, la contribution des commissions techniques a été décisive et a attiré une attention très élevée aux niveaux politique et médiatique, a-t-il souligné.  Aussi, cette réunion-débat est-elle l’occasion de partager des informations sur le travail individuel et de discuter des efforts menés collectivement pour agir en harmonie aux fins de la réalisation des objectifs plus vastes adoptés par l’Organisation, en particulier au cours de son 60e anniversaire.  Certaines des propositions faites aujourd’hui dans le cadre de la réforme de l’ONU auraient une incidence directe sur le programme de travail du Conseil et, partant, sur les contributions de fond que les commissions techniques peuvent faire, y compris la tenue de réunions annuelles de coordination des politiques au niveau ministériel durant le débat de haut niveau.  Ces réunions auraient pour objectif de procéder à des examens de fond des progrès accomplis et à l’application des résultats des grandes conférences et sommets et des objectifs de développement convenus au niveau international, et de créer un forum de haut niveau sur la coopération pour le développement qui examinerait les tendances dans le domaine de la coopération internationale pour le développement.  Selon lui, la réunion-débat, qui constitue l’occasion d’examiner la contribution des commissions à la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, doit recommander également des moyens permettant de renforcer les contributions de ces organes à la promotion de l’effort fait par le Conseil pour encourager un suivi coordonné et intégré des résultats des conférences mondiales.  Cela devrait en outre contribuer à renforcer la cohérence thématique des travaux du Conseil et des commissions techniques et déboucher sur des propositions visant à améliorer les méthodes de travail des commissions, a-t-il ajouté.


Rappelant que son Département assurait le secrétariat de 11 des commissions techniques de l’ECOSOC, outre celui du Conseil lui-même, M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a indiqué qu’au cours de ces dernières années, le rôle des commissions du Conseil s’est accru et leur coordination s’est améliorée.  Il a expliqué que cette coordination au sein de l’ECOSOC améliorait la prestation de services aux États Membres et à leurs populations.  Notant que le programme de développement de l’ONU n’avait pas encore été utilisé de manière efficace, il a affirmé que celui-ci pouvait réellement modifier de manière positive la réalité sur le terrain.  Toutefois, il a identifié deux défis à l’utilisation optimale de ce programme de développement, à savoir le processus de suivi intergouvernemental et le lien entre ce processus et les activités opérationnelles de l’ONU. 


Il a estimé que le système d’évaluation de la mise en œuvre de l’agenda pour le développement des Nations Unies était trop compartimenté.  D’un côté, les commissions techniques ont leurs conférences de suivi; de l’autre, l’ECOSOC encourage une approche intégrée aux conférences de suivi et à l’examen des engagements souscrits, a-t-il expliqué.  Il a considéré que cela menait à un examen quelque peu fragmenté, marqué notamment par des doubles emplois.  C’est pourquoi, il serait utile de trouver un moyen de mettre en relation le travail des commissions avec celui de l’ECOSOC, par le biais de programmes de travail pluriannuel. 


Soulignant les grandes lignes du programme de développement des Nations Unies qui diffèrent des OMD, notamment la promotion de l’emploi, de la science et des technologies ou encore l’intégration sociale, il a suggéré que le Conseil et ses commissions techniques soient axés sur celles-ci de manière plus systématique.  De plus, il a souhaité que les commissions techniques s’intéressant à des sujets connexes élaborent de plus grandes synergies.  Pour sa part, le Secrétariat de l’ONU devrait assister dans la prise de décisions informées concernant les programmes de travail de ces organes.  À cet égard, M. Ocampo a fait référence à la création d’un Groupe de travail des secrétariats des commissions fonctionnelles afin d’assurer une approche cohérente de leur travail pour parvenir aux objectifs du programme de développement des Nations Unies.  Par ailleurs, il faudrait que le travail analytique et normatif des Nations Unies constitue des priorités opérationnelles.  Actuellement, le travail des commissions techniques n’a pas d’impact sur les priorités des fonds et programmes de l’ONU, a-t-il poursuivi. 


M. ERNESTO ARANIBAR QUIROGA (Bolivie), Président de la Commission du développement social, a rappelé que lors de sa 43e session, la Commission avait adopté une déclaration dans laquelle elle réaffirmait la principe fondamental dégagé par de la Déclaration de Copenhague de 1995, à savoir placer les populations au centre des efforts de développement.  La Déclaration de Copenhague s’était fixée comme priorité l’élimination de la pauvreté, précisant que les politiques formulées dans ce but devaient améliorer l’accès aux ressources et réduire les inégalités.  La Déclaration, qui s’efforce aussi de lier les efforts d’élimination de la pauvreté à l’intégration sociale et aux stratégies en faveur de l’emploi, nourrira les débats du Conseil économique et social ainsi que l’évaluation par le Sommet mondial des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en septembre prochain.  La Déclaration a reconnu que l’application de ses recommandations et la réalisation des OMD se renforçaient mutuellement.  Il est très important de faire ressortir les liens et complémentarités existantes entre les différentes approches des commissions. Dans le même temps, les Nations Unies doivent continuer à soutenir les initiatives régionales et sous-régionales en matière de développement.


M. Aranivar Quiroga a ensuite souligné la nécessité de créer un environnement propice au développement social.  Il est crucial de définir la manière dont un tel environnement peut être développé, et de mobiliser de nouvelles ressources financières.  L’aide internationale au développement doit augmenter afin d’atteindre l’objectif de 0,7% du PNB d’ici à 2015. « Je salue le Consensus de Monterrey et la récente initiative du G-8 en faveur de l’annulation de la dette de certains des pays les plus pauvres, a-t-il déclaré, « mais ces mesures seront insuffisantes si elles ne font pas partie d’une stratégie intégrée de levée de fonds supplémentaires ».  Par ailleurs, il a indiqué que la Commission du développement social avait réorganisé ses travaux selon des cycles d’action de deux ans.  La priorité de la prochaine session sera le suivi de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté. Face aux inquiétudes suscitées par le phénomène de « croissance sans emplois », il est nécessaire de montrer le lien existant entre la réalisation des OMD et la création d’emplois productifs.  M. Aranibar Quiroga s’est déclaré préoccupé par le fait que les pays se sont désengagés à l’égard des questions d’emploi et d’intégration sociale, qui sont pourtant indispensables au développement et à la construction de sociétés stables.


Mme ADEKUNBI ABIBAT SONAIKE (Nigéria), qui s’exprimait au nom de Mme Carmen Maria Gallardo Hernandez, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a affirmé que la Commission, lors de sa 49e session, avait déclaré que la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing était essentielle pour atteindre les objectifs de développement convenus au niveau international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire.  La Commission de la condition de la femme a organisé une table ronde en mars 2005 sur les liens existants entre la parité hommes-femmes et les objectifs de développement convenus au niveau international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire, a-t-elle ajouté. 


La Commission de la condition de la femme, a souligné Mme Abibat Sonaike, a joué un rôle catalyseur concernant la parité hommes-femmes dans les différentes instances de l’ECOSOC et dans les autres instances des Nations Unies.  Elle a en outre joué un rôle actif dans l’établissement de relations étroites entre le Conseil économique et social et ses organes subsidiaires.  La Commission de la condition de la femme a participé aux séances annuelles des différentes commissions, a-t-elle ajouté, notant qu’en février 2005, les membres du bureau de la Commission de la femme avaient rencontré ceux du bureau de l’ECOSOC.  Selon elle, le travail du Conseil économique et social doit être plus prévisible avec un programme de travail pluriannuel, une démarche essentielle pour orienter et faciliter le travail des différentes commissions, y compris celle de la Commission de la condition de la femme. 


M. SHEEL KANT SHARMA (Inde), Président de la Commission sur les stupéfiants, a rappelé que la Commission tenait une session annuelle et organisait en outre des réunions intersessions.  Outre son travail normatif et son travail de suivi, elle permet aux États Membres d’accéder aux informations pertinentes et les conseille en matière de lutte contre les stupéfiants.  Il a affirmé qu’il était conscient de la contribution de cette Commission aux OMD, particulièrement en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté et le développement durable.  Notant la menace que constituent les drogues à la sécurité mondiale, notamment par leur impact sur l’environnement ou la santé, il a déclaré que le rôle de la Commission s’inscrivait dans la primauté du droit qui doit être renforcé par une participation universelle aux conventions multilatérales.  La Convention sur les drogues a bénéficié d’une adhésion quasi universelle, a-t-il ajouté, mais il faut travailler pour sa pleine mise en œuvre. 


Ainsi, le Président de la Commission a insisté sur l’importance d’une coopération internationale vigoureuse et sur l’inclusion de mesures appropriées dans les politiques gouvernementales pour répondre à ces menaces.  Il a estimé qu’il était nécessaire pour les États Membres de faire des efforts dans le domaine de la prévention, de la réinsertion et du traitement mais aussi d’améliorer leurs capacités d’information et d’évaluation.  Il a noté que par le développement, d’autres options économiques permettront de mettre un terme aux cultures illicites de drogues et a considéré que, pour y parvenir, des mesures alternatives de développement devaient être adoptées, y compris de protection de l’environnement et d’accès à la propriété des terres.  Il a aussi souhaité qu’avec l’appui de la communauté internationale, les pays producteurs, de transit et consommateurs prennent des mesures pour leurs populations vulnérables et à risque, en mettant l’accent sur les enfants et les adolescents.  Par ailleurs, il a fait part de son désir de travailler avec les autres commissions techniques de l’ECOSOC concernant les stupéfiants mais aussi lorsqu’il existe un intérêt thématique commun entre les commissions.


S’exprimant au nom de Mme Katherine Wallman, Présidente de la Commission de statistiques, M. HERMANN HABERMANN (États-Unis) a souligné qu’un nombre record de 82 représentants avaient assisté à la session de la Commission, en particulier de pays en développement.  La Commission de statistiques contribue à la réalisation des objectifs de développement à travers les indicateurs qu’elle s’efforce d’harmoniser au niveau international. Cette tâche est très importante dans la mesure où les États Membres sont surchargés par les demandes de données, alors que celles-ci manquent dans bien des régions du monde, ce qui constitue un obstacle à l’évaluation des politiques de développement.  Dix-neuf des 56 pays d’Afrique n’ont  pas effectué de recensement au cours des 10 dernières années, soit deux fois plus qu’au cours de la décennie précédente.  Les estimations internationales ont donc remplacé les données nationales, ce qui pose problème pour l’évaluation des progrès effectués.  La Commission a souvent souligné que la capacité des pays à produire des données de base doit être renforcée.  Elle a donc demandé qu’un rapport détaillé soit établi chaque année pour évaluer la capacité de chaque pays à fixer des indicateurs relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. Habermann a ensuite évoqué les difficultés rencontrées par la Commission à la clôture de sa session, séance qui s’est transformée en réunion informelle, semant la confusion parmi les responsables de statistiques.  La Commission de statistiques est en mesure de fournir une expertise, a-t-il déclaré, mais elle n’est pas le lieu approprié pour les prises les décisions relatives aux priorités en matière d’indicateurs ou aux définitions non techniques.  Par exemple, ce n’est pas au sein de la Commission que les délégations doivent s’entendre sur une définition de la pauvreté, travail qui, a souligné M. Habermann, exige un consensus politique et non technique.  Par ailleurs, il a constaté que la Commission de statistiques avait longtemps été une commission mineure qui n’attirait pas l’attention, ce qui a maintenant évolué.  Les responsables de statistiques doivent donc contacter leurs corps d’appartenance afin de pouvoir expliquer leur position et comprendre comment les intérêts de leurs pays respectifs influent sur les questions traitées.  De plus, le secrétariat de la Commission doit travailler avec les missions permanentes pour anticiper les problèmes proprement politiques et les résoudre avant le début de la session.


Mme JUDITH BAHEMUKA (Kenya), Présidente du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a affirmé que les forêts et les arbres étaient essentiels pour soutenir les moyens de subsistance de nombreux pauvres dans le monde.  La gestion durable des forêts contribue aux économies des pays en développement à bien des égards, a-t-elle souligné.  L’élimination de la pauvreté et le développement durable, a-t-elle estimé, sont au coeur même des défis figurant au cœur de la gestion durable des forêts.  Le Forum est ainsi le lieu idéal pour discuter des développements politiques sur le sujet, a-t-elle dit.  En tant qu’organe de haut niveau, le FNUF a la capacité de réunir les processus nationaux, régionaux et internationaux liés au forêts et de les intégrer dans une vision mondiale pour agir en faveur des forêts et de l’humanité.


La gestion durable des forêts contribue de façon importante à la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, a-t-elle dit, citant les recommandations du rapport du FNUF.  Un intérêt plus grand doit être porté sur les forêts pour attirer l’attention sur les gens qui vivent des forêts, a-t-elle également souligné, évoquant le rythme alarmant de déforestation dans le monde.  De même, si les ressources forestières peuvent conduire à des conflits, elles peuvent également contribuer à promouvoir la promotion de la paix et de la sécurité, a-t-elle indiqué.  Des efforts devraient être entrepris en faveur de la primauté du droit pour éliminer l’abattage illégal des arbres, a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs rappelé que le FNUF accordait une priorité de premier plan aux résultats des conférences et sommets des Nations Unies.


M. MOHAMED SALECK OULD MOHAMED LEMINE (Mauritanie), Vice-Président de la 61e session de la Commission des droits de l’homme, a indiqué que plusieurs OMD étaient inscrits à l’ordre du jour de la Commission des droits de l’homme depuis des nombreuses années, citant en exemple le droit à l’eau potable, la lutte contre la pauvreté ou encore l’accès à l’éducation sans discrimination fondée sur le sexe.  Il a affirmé que les OMD et les droits de l’homme étaient donc intimement liés et visaient un but unique, celui de promouvoir le bien-être de tous les êtres humains.  De plus, il a estimé que les droits de l’homme ne s’enracineraient définitivement dans toutes les sociétés qu’avec le progrès économique et le développement, qui selon lui constituent le socle auquel sont ancrés ces droits de façon durable.  Il a souhaité que la communauté internationale s’emploie en même temps à la réalisation des engagements économiques, sociaux et culturels ainsi qu’à la promotion de la démocratie et au respect des droits de l’homme. 


La Commission des droits de l’homme, a rappelé son Vice-Président, s’est dotée de mécanismes et de procédures spéciales visant à étudier et suggérer des solutions soit à des situations thématiques soit spécifiquement à certains pays.  Il a souligné que ces travaux d’expertise avaient largement contribué à la prévention des droits de l’homme et à leur promotion.  Il a aussi insisté sur le rôle du Groupe de travail sur le droit au développement qui a exploré de façon approfondie les implications des droits de l’homme sur la réalisation des OMD.  Concernant les propositions de réforme de la Commission formulées par le Secrétaire général dans son rapport « Dans une liberté plus grande » visant notamment à créer un Conseil des droits de l’homme à composition restreinte, il a espéré que la diversité des opinions qui y avaient été exprimées sur la question par les États, les groupes politiques ou régionaux et les ONG permettrait d’aboutir à une solution commune.  Enfin, il a indiqué que c’était par la voie de la coordination que les différentes commissions techniques de l’ECOSOC pourraient contribuer efficacement à la réalisation des OMD, notamment en matière de développement et de droits de l’homme.


M. CRISPIN GREY-JOHNSON (Gambie), Président de la Commission de la population et du développement, a affirmé que la manière de réaliser les huit Objectifs du Millénaire pour le développement se ferait par le biais des plans d’action des sommets et conférences internationales.  L’ECOSOC et les commissions techniques doivent faire de leur mieux pour harmoniser leur programme de travail, a-t-il dit, préconisant une approche pyramidale, du haut vers le bas.  Le Conseil économique et social devrait fixer bien à l’avance ses programmes de travail pluriannuels, a-t-il ajouté.  Il a également indiqué que le débat de la Commission de la population et du développement, lors de sa 38e session, en avril 2005, avait fourni un bon point de départ pour les délibérations du Sommet de septembre.  En avril prochain, lors de la 39e session, la Commission examinera le thème des migrations internationales et du développement, a-t-il précisé.


Le Président a par ailleurs souligné que la Commission de la population et du développement avait examiné ses méthodes de travail lors des sessions de 2004 et de 2005 et qu’elle le ferait à nouveau l’an prochain.  Il a ainsi espéré que les changements apportés amélioreraient le suivi et permettraient à la Commission d’adopter plus de souplesse pour traiter de questions nouvelles dans le cadre de son mandat. 


M. JAVAD AMIN MANSOUR (Iran), Vice-Président de la Commission sur le développement durable (CDD-14), a rappelé que cette Commission avait récemment conclu son premier cycle de deux ans sur le thème de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains.  Il a indiqué que les décisions de la Commission, adoptées lors de la CDD-13, avaient mis de l’avant 30 recommandations politiques et plus de 100 mesures concrètes.  Ces décisions  qui constituent la contribution de la Commission au prochain Sommet de septembre seront présentées pour adoption par l’ECOSOC et l’Assemblée générale à sa 60e session, a-t-il expliqué.  Il a noté que plus de 200 ministres et plus de 100 experts avaient participé aux travaux des 12e et 13e sessions de la CDD.  Il a estimé que la réforme de la CDD axée sur la mise en œuvre et l’introduction ultérieure de nouvelles méthodes de travail avaient indéniablement contribué à rendre la CDD plus efficace.  Il a affirmé que le Président de la CDD s’attacherait à fournir encore plus de résultats concrets et à chercher une collaboration étroite avec les autres commissions techniques pour éviter les doubles emplois et renforcer les synergies. 


Par ailleurs, le Vice-Président de la CDD-14 a fait remarquer que, lors de son deuxième cycle de mise en œuvre, la Commission aborderait les questions de l’énergie pour le développement durable, le développement industriel, la pollution atmosphérique et les changements climatiques.  Quelque 2,4 milliards de personnes vivent sans accès aux services modernes d’énergie et 1,4 milliard de personnes dans les pays en développement n’ont pas accès à l’électricité dans leur foyer, avec des conséquences sérieuses pour leur santé ou leur éducation, a-t-il noté.  L’accès à l’énergie prévisible, à moindre coût et de manière acceptable en ce qui concerne l’environnement et l’économie, sera au centre des travaux du prochain cycle de la CDD.  Insistant sur les liens entre l’accès à l’énergie, les changements climatiques et la pollution, et le développement industriel, il a déclaré que la CDD se pencherait sur ces sujets de manière intégrée et porterait une attention égale aux questions transectorielles et aux moyens de mise en œuvre.  Enfin, il a mis en lumière la place unique de la CDD dans la contribution aux travaux de l’ECOSOC, notamment par le biais de collaboration avec les autres commissions techniques ainsi qu’avec les organisations du système des Nations Unies.


Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ (Philippines), Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a rappelé que cet organe d’expertise n’en était qu’à sa quatrième session.  Il a notamment pour tâche de promouvoir la coordination sur les questions autochtones, et il travaille donc en étroite coopération avec les autres organes du Conseil pour promouvoir les conditions de vie des 370 millions d’autochtones que compte la planète. Leurs représentants ont participé aux grandes conférences et sommets, ainsi qu’aux débats des commissions techniques.  Il revient à l’Instance permanente que je préside de s’assurer que les recommandations sont mises en œuvre, a-t-elle déclaré, ajoutant que les populations autochtones jouaient un rôle majeur dans le développement durable.  L’Instance permanente a donc demandé à participer aux réunions des commissions techniques, et elle invite ces commissions à participer à ses propres réunions.  Elle étudie la pertinence des différents travaux menés au sein des Nations Unies vis-à-vis de la question des populations autochtones, et elle rend compte de ces travaux à travers ses rapports.  Elle améliore sans cesse ses méthodes de travail, s’efforçant notamment d’être en adéquation avec les grands sujets traités par les Nations Unies.  Le thème des quatrième et cinquième sessions porte ainsi sur les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Par ailleurs, Mme Tauli-Corpuz a souhaité que les commissions techniques et l’Instance permanente renforcent leur coopération, ce qui profitera au développement social et économique.  Elle a notamment suggéré d’échanger les programmes de travail, d’organiser des réunions communes des bureaux et de communiquer les recommandations émises.  Elle a également proposé que chaque commission invite à ses réunions les autres commissions lorsque celles-ci sont concernées par les sujets traités.


Par ailleurs, Mme Tauli-Corpuz a déploré que les populations autochtones soient marginalisées dans les politiques publiques.  Elle a recommandé la mise en œuvre d’une approche du développement basée sur les droits de l’homme, avec la pleine participation des populations autochtones aux politiques et programmes, y compris aux Objectifs du Millénaire pour le développement et aux Stratégies de réduction de la pauvreté. La réalisation des OMD ne doit pas se faire au détriment des populations autochtones, ni en renforçant leur marginalisation, a-t-elle affirmé.  Un rapport de la Banque mondiale a en effet montré que la pauvreté avait augmenté au sein des populations autochtones, notamment en raison de la privatisation des services de base.  De plus, les programmes d’éducation ne doivent pas couper ces peuples de leurs racines culturelles. Une partie de l’aide devrait être consacrée aux programmes d’éducation biculturelle lorsque les gouvernements prétendent ne pas être en mesure de les financer. Soulignant l’importance d’adopter une approche régionale, Mme Taauli-Corpuz a rappelé que l’Instance permanente organisait des réunions consacrées à des régions précises.  Elle a ensuite demandé que les questions autochtones soient intégrées au travail des équipes des Nations Unies installées dans chaque pays.  L’Instance permanente continuera à œuvrer en étroite coopération avec le système des Nations Unies et ses partenaires, a-t-elle conclu, afin que les Objectifs du Millénaire pour le développement soient également une réalité pour les populations autochtones.


M. PEDRO TETA (Angola), Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement, a affirmé que la science et la technologie étaient essentielles pour contribuer à la réalisation de tout objectif pour le développement.  Lors de sa huitième session, la Commission a appelé les gouvernements à veiller à ce que la science, la technologie et les stratégies d’innovation soient incorporées dans les stratégies nationales et internationales de développement, en particulier celles relatives à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Un des résultats de cette session a été de souligner la nécessité de renforcer les capacités de recherche des pays en développement, a-t-il ajouté. 


Mais, selon lui, le résultat le plus important a été l’initiative commune de la Commission et de la CNUCED de mettre en place un réseau qui se connecterait aux centres d’excellence existants dans les pays en développement.  Les coûts de fonctionnement de ce réseau pourraient avoisiner un million de dollars par an.  Lors de la huitième session, la Commission a également été invitée à renforcer ses liens avec les autres commissions techniques de l’ECOSOC.  En tant qu’organe intergouvernemental du système des Nations Unies chargé des questions liées à la technologie, la Commission a un mandat étendu pour assurer une meilleure compréhension de la science, de la technologie et de l’innovation dans les domaines du commerce et du développement, a-t-il souligné.


Dialogue interactif


Abordant la question du renforcement des échanges entre commissions techniques, le Président de la Commission de la population et du développement a estimé que beaucoup de travail restait à faire dans ce domaine.  Il a ainsi invité chacun à prendre bonne note de cette remarque afin de trouver les moyens de l’intégrer dans les méthodes de travail des commissions techniques.  Sur le même sujet, le Vice-Président de la Commission du développement durable ainsi que celui de la Commission du développement social, notant que les présidents des commissions ne disposent que de la session de fond de l’ECOSOC en juillet pour se rencontrer, ont suggéré d’organiser une autre réunion entre présidents de commissions au début du mois de janvier, avant les sessions des commissions, afin de permettre une meilleure coordination au cours de l’année. 


Par ailleurs, le Président du Forum des Nations Unies sur les forêts a souligné les liens déjà existants entre le FNUF, la Commission du développement social ou la Commission de la condition de la femme par exemple.  La question de la contribution de ces commissions aux activités opérationnelles et leur impact sur les programmes et fonds du système des Nations Unies devrait être examinée de manière approfondie par l’ECOSOC.  La Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones et la Présidente de la Commission sur la condition de la femme ont insisté, quant à elles, sur le partage des expériences par les commissions concernant leurs méthodes de travail.  Cette dernière a aussi affirmé qu’elle voulait s’assurer de l’intégration de la dimension sexospécifique dans tous les autres travaux des commissions, par le biais d’une étroite collaboration et d’une meilleure communication.  Soutenant les propos de ses collègues et notamment la nécessité d’une meilleure communication, le Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement a suggéré d’utiliser les technologies de l’information pour mettre en place un réseau et un forum de discussion entre les commissions et réduire ainsi les coûts. 


En revanche, le Président de la Commission des droits de l’homme a fait remarquer que les bureaux des différentes commissions étaient déjà limités dans leurs actions et que les réunions supplémentaires ne constitueraient pas la panacée permettant de surmonter les difficultés.  Il a affirmé que le grand nombre de commissions était le résultat d’un choix de la part des États Membres qui ont opté non pas pour une approche intégrée du développement mais pour une parcellisation des problèmes dans ce domaine.  Cela crée davantage de difficultés pour les gouvernements eux-mêmes car chaque commission fixe des priorités, a-t-il insisté en notant qu’il s’agissait aussi d’un problème de coordination au niveau international.  Il a estimé qu’il fallait mettre en œuvre les engagements pris ainsi qu’une approche intégrée et globale du développement qui s’attaque à toutes ces question à la base.  Cela semble plus indiqué qu’une coordination technique des commissions qui, sans ressources et sans engagements concrets, pourraient ne pas aboutir aux résultats escomptés, a-t-il conclu.


Réagissant aux propos du Président de la Commission de statistiques, la représentante de Cuba a estimé qu’il n’incombait pas au secrétariat de cette Commission de décider des travaux qui sont sujets ou non à controverse.  Il lui revient encore moins de trancher, a-t-elle ajouté, affirmant que ce point relevait exclusivement de la compétence des États membres de la Commission.


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