En cours au Siège de l'ONU

CPSD/329

L’ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES CONTRIBUE AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

27/10/05
Assemblée généraleCPSD/329
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

18e séance – matin


L’ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES CONTRIBUE AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE


La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a achevé ce matin son débat général sur l’assistance à la lutte antimines.  Les délégations qui ont pris la parole à cette occasion ont dénoncé la terrible menace que fait peser la présence des mines sur la sécurité et la vie des populations, tuant ou blessant gravement 15 000 à 20 000 personnes chaque année.  Les mines constituent également une entrave au développement économique en freinant les activités productives, notamment dans les zones rurales où elles empêchent l’accès à des terres agricoles.  Le déminage permet par conséquent de sauver des vies, mais aussi de contribuer au redressement économique et social d’un pays à long terme, a affirmé le représentant de la Thaïlande.  Il a en outre souligné l’importance d’associer les victimes aux processus de décisions antimines et d’assurer leur réinsertion.  Plusieurs délégations ont rapproché les problématiques du désarmement et du développement, le Canada encourageant notamment les pays touchés par les mines à incorporer les stratégies de lutte anti-mines à leurs plans nationaux de développement.


La plupart des délégations ont affirmé par ailleurs que la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dite Convention d’Ottawa, constituait la base légale des stratégies de lutte antimines.  Le représentant de l’Éthiopie a encouragé les États non signataires à ratifier cette convention, qui compte actuellement 147 États parties.  Il a jugé que toute nouvelle ratification découragerait les États en guerre de disséminer des mines.  Le Pakistan a en revanche rejeté toute tentative d’imposer des obligations aux États non signataires, affirmant que son pays n’avait pas pu ratifier la Convention en raison de préoccupations sécuritaires légitimes; il a en outre noté que les mines installées par des forces armées régulières étaient totalement détectables et posaient peu de risques.  Pour sa part, le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a estimé que les pays qui plaçaient des mines sur le territoire d’autres pays devaient être responsables de leur élimination.


Les délégations suivantes ont pris la parole: Angola, Japon, Norvège, Colombie, Éthiopie, Pérou, Croatie, Pakistan, Canada, Jamahiriya arabe libyenne, Équateur, Botswana et Thaïlande.


La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 28 octobre à 10 heures.  Elle entamera son débat général sur les effets des rayonnements ionisants.


ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES


Débat général


M. ISMAEL A. GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que les mines terrestres antipersonnel et les engins explosifs non désamorcés faisaient des victimes et entraînaient des problèmes économiques et sociaux graves.  Les mines représentent un obstacle à la reconstruction et au développement économique, et elles empêchent l’aide humanitaire et le retour des réfugiés, a-t-il dit.  Il est nécessaire de mobiliser davantage de ressources financières et techniques, notamment en faveur des pays sortant d’un long conflit.  La sixième réunion des États parties à la Convention d’Ottawa, qui se tiendra à Zagreb cette année, devrait permettre d’évaluer les progrès réalisés et les obstacles subsistant depuis la première ratification en 1997, a-t-il estimé.  La Convention, ratifiée par 147 pays, doit maintenant devenir universelle et les États déjà parties doivent respecter leurs obligations au terme de ce texte, a dit le représentant.


M. Martins a par ailleurs rappelé que son pays était infesté de mines mais que le Gouvernement, soutenu par la communauté internationale, avait mobilisé des fonds nationaux pour assurer le déminage.  Plus de sept millions de mines civiles terrestres ont été posées en 27 années de guerre civile, sans que leur emplacement ait été marqué, a-t-il précisé.  Nombre de villages angolais ne sont plus accessibles, freinant l’activité économique dans certaines parties du pays, et des accidents tragiques se sont produits.  Le représentant a également évoqué la création, en 2004, du Forum des pays affectés par les mines, qui regroupe une trentaine de pays.  Enfin, il a estimé que la lutte antimines ne devait plus être financée uniquement sur les budgets humanitaires ou d’urgence, mais aussi sur les budgets de développement et de reconstruction.  


M. YASHUKI TAKASE (Japon) a déclaré que de nombreux défis restaient à relever en matière de lutte contre les mines.  Il a rappelé les trois principes régissant la nouvelle politique de son pays dans ce domaine, notamment au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, soit: la consolidation de la paix; la sécurité des personnes; et la coopération entre gouvernements, organisations non gouvernementales, secteur privé et monde universitaire.  Il a souligné les contributions financières directes de son pays, ainsi que son soutien à la recherche, déclarant qu’il était important dans à l’avenir d’appliquer l’expertise technologique japonaise dans l’élaboration d’appareils de détection et d’éradication des mines plus efficaces.


Le représentant a également insisté sur le rôle joué par les organisations non gouvernementales dans l’assistance à la lutte antimines, affirmant que le Japon continuerait d’intensifier le dialogue et la coordination avec elles par des contributions financières.  Il a souligné le besoin d’intégrer l’action contre les mines dans un programme, une stratégie et un budget de développement, rappelant que cette question concerne à la fois la sécurité humaine et le développement.


Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que la Convention d’Ottawa était une réponse à la crise humanitaire que représentent les mines.  Des progrès substantiels ont été réalisés, y compris dans l’assistance aux victimes et le déminage humanitaire, a-t-elle dit, soulignant toutefois les préoccupations qui subsistent en raison de l’insuffisance de l’aide apportée aux victimes.  Elle a rappelé que les pays infestés de mines et parties à la Convention d’Ottawa s’étaient engagés à retirer toutes les mines de leur pays dans les 10 ans et la communauté internationale devait les y aider, soulignant que le Plan d’action de Nairobi était le cadre d’action jusqu’en 2009. 


Affirmant que la plupart des victimes étaient des civils, la représentante a estimé que l’aide aux victimes devait être médicale, psychologique et inclure une aide à la réinsertion économique et sociale.  Il ne faut pas non plus oublier les familles et communautés des victimes qui sont également affectées, a-t-elle dit.  La représentante a également indiqué que son pays et le Nicaragua présidaient le Comité permanent sur l’aide aux victimes, et que la Norvège avait contribué à la création du Groupe de contact pour la mobilisation de ressources en 2002.


Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR (Colombie) a déclaré qu’il fallait être prêt à interdire la production et la commercialisation des mines antipersonnel si l’on entendait combattre les actes de terrorisme qui affectent directement les individus.  La représentante a affirmé que les groupes armés illégaux et terroristes portaient une grave responsabilité dans cette menace pour les populations innocentes, rappelant que la Colombie avait détruit 18 000 mines.  « Ce n’est pas suffisant de détruire les stocks », a-t-elle lancé, en insistant sur la responsabilité de déminer en particulier dans les zones rurales.


La représentante a souligné que son pays consolidait une stratégie antimines qui engage à la fois les autorités nationales, les organisations non gouvernementales et la population en général, dans le but de réduire les risques et le nombre de victimes.  Elle a également insisté sur la priorité institutionnelle donnée en Colombie aux enfants victimes de ce problème et à l’équipement des hôpitaux.  Enfin, elle a rappelé que la complexité de la lutte antimines exigeait une mobilisation entière de l’État, de la société civile et de la communauté internationale.


M. HAILESELASSIE GETACHEW (Éthiopie) a espéré que son pays, qui a ratifié la Convention d’Ottawa en 2004, encouragerait les autres États non signataires à faire de même afin d’universaliser la Convention.  La ratification crée un élan moral qui décourage les États en guerre de disséminer des mines, a-t-il soutenu.  Il a ensuite souligné que son pays était l’une des nations les plus infestées de mines, causant de nombreux accidents tragiques.  Plus de 15 000 personnes auraient été blessées ou tuées par des mines, a-t-il précisé, soulignant que leur menace freinait les activités productives, notamment dans les zones rurales. 


Il a également annoncé que son pays avait entrepris des actions visant à régler ce problème, notamment la création d’un bureau spécialisé dans le déminage et l’éducation des populations.  Le nombre d’accidents a baissé de manière significative et de nombreuses personnes ont pu rentrer vivre chez elles, a-t-il dit.  Toutefois, a poursuivi le représentant, l’Éthiopie n’était pas en mesure de prendre en charge le déminage seule, en raison de ressources financières et techniques limitées et continuait à dépendre de la générosité de la communauté internationale dans cette entreprise.


M. RICARDO MOROTE (Pérou) a réaffirmé la position de son pays en faveur de l’éradication totale des mines antipersonnel qu’il a qualifiées d’« armes inhumaines », rappelant qu’elles sont responsables de multiples morts et mutilations et du ralentissement des activités de développement économique et de reconstruction post-conflit.  Il a ajouté qu’aucune circonstance particulière ne pouvait justifier leur utilisation.  À cet égard, il a souhaité que plus de pays adhèrent à la Convention d’Ottawa.


Le représentant a souligné l’expérience menée conjointement par le Pérou et l’Équateur en matière de coopération, « une mesure de confiance sans précédent » qui a permis un déminage humanitaire conjoint sur leurs territoires par un partage de matériel, d’information et la mise en place de campagnes de prévention collectives.  Il a estimé que cette coopération bilatérale confirmait l’importance des efforts conjoints dans les relations pacifiques entre États et invité la communauté internationale à soutenir la lutte antimines.


Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a expliqué que la période d’indépendance de son pays avait coïncidé avec un problème de mines.  La Croatie s’est attaquée à ce problème et y a fait face grâce à une aide internationale importante pour laquelle elle est reconnaissante, a-t-elle dit.  Après avoir rappelé que de nombreux démineurs croates avaient été tués au cours des opérations de déminage, la représentante a annoncé qu’une Académie sur la lutte antimines croate avait été créée.  Ce centre teste de nouveau matériel antimines et éduque les enfants à ce danger, a-t-elle précisé.  Mme Mladineo a également rappelé que son pays avait ratifié la Convention d’Ottawa et, qu’en tant que membre du Conseil pour la coordination de la lutte antimines, elle procédait à des échanges dans ce domaine avec les autres pays du Sud-Est européen.


Mme MLADINEO a rappelé que la sixième réunion des États parties à la Convention d’Ottawa aurait lieu dans son pays cette année, en espérant que cette manifestation contribuerait à l’élimination des mines.  La représentante a en outre invité les pays non signataires de la Convention d’Ottawa à ratifier le document.


M. ASIM IFTIKHAR AHMAD (Pakistan) a déclaré que le débat sur la lutte antimines devait se concentrer sur le déminage humanitaire et la sensibilisation au danger, ajoutant que toute tentative d’imposer des obligations à des États non signataires de traité était inacceptable.  Il a déclaré que son pays soutenait l’élimination des mines mais n’avait pas été en mesure de rejoindre le traité sur la question en raison de « ses préoccupations sécuritaires légitimes » et de l’absence d’alternatives.  Il a également insisté sur la menace que représentaient les mines pour des millions de civils et pour le développement socioéconomique des régions concernées, soulignant la contribution de son pays en matière de déminage dans de nombreux pays du monde, en particulier au Koweït, en Angola et en Afghanistan.


Le représentant a également déclaré que, de l’avis de son pays, les mines installées par des forces armées régulières « restaient 100% détectables par l’utilisateur et posaient un risque humanitaire minimal ».


Mme ANDREA MEYER (Canada) a rappelé que les mines continuaient à tuer ou à blesser entre 15 000 et 20 000 personnes chaque année et constituaient un obstacle au développement économique en bloquant l’accès à des terres agricoles vitales.  La Convention d’Ottawa, ratifiée par 147 États, était l’instrument international pertinent en la matière, a-t-elle souligné, et la première conférence d’examen de la Convention, le Plan d’action de Nairobi avait été élaboré pour définir les moyens de lutte antimines.  Mme Meyer a néanmoins salué les États non encore parties à la Convention pour leurs activités antimines, tout en insistant sur l’importance de la collaboration et de la coordination internationale.


La représentante a également rappelé que l’ONU n’avait pas encore adopté de définition officielle de la lutte antimines, qui comprend le déminage humanitaire, la destruction des stocks, l’éducation au danger des mines, l’aide aux victimes et la défense de tous les aspects de la lutte anti-mines.  À court terme, a-t-elle dit, il faut marquer l’emplacement des mines et éduquer les populations en attendant les coûteuses opérations de dégagement.  Il faut également répondre aux besoins des survivants des mines, a-t-elle poursuivi.  La représentante a indiqué que son pays contribuait financièrement à la lutte antimines et a encouragé les États touchés à prévoir des actions en ce sens dans leurs plans de développement.


M. AHMED GEBREEL (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que les pays qui ont posé des mines sur le territoire libyen pendant la deuxième Guerre Mondiale n’avaient pas assumé leurs responsabilités.  Tout en soulignant la nécessité de développer la coopération internationale en matière de déminage, il a estimé qu’il incombait en premier lieu aux pays poseurs de mines sur le territoire d’autres pays de les retirer, en fournissant des cartes, des experts et du matériel.  Il a également affirmé que ces pays devaient prendre en charge l’indemnisation des victimes de ces mines.


M. GERMAN ORTEGA (Équateur) a jugé important d’intégrer les perspectives de développement à la lutte antimines.  Cette lutte ne constitue pas qu’une activité de désarmement et il faut donc la mener en parallèle avec les autres activités de développement pour stimuler le retour des populations, a-t-il dit.  Après avoir rappelé que son pays et le Pérou étaient les seuls pays de leur région à avoir entrepris des programmes d’action communs à la fin de leur lutte armée, le représentant a indiqué que le travail de déminage s’effectuait de façon coordonnée, permettant aux populations de voyager à nouveau dans certaines zones.  Le soutien de la communauté internationale est toutefois indispensable, a-t-il dit, en exprimant l’espoir que le projet de résolution sur l’assistance à la lutte antimines serait adopté par consensus et qu’il pourrait contenir davantage de détails lors de la prochaine session.  Il a également annoncé que son pays avait détruit la totalité de ses stocks de mines antipersonnel et encourageait les autres pays à faire de même.


M. LESEDI N. THEMA (Botswana), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe, a rappelé que l’Afrique australe connaissait les conséquences des mines, les qualifiant « d’inhumaines ».  Il a estimé que la présence des mines dans certains pays en avait ralenti le développement économique potentiel et a souligné que de nombreux pays consacraient beaucoup d’efforts, notamment financiers, au déminage et à l’aide aux victimes.  Le représentant a par ailleurs estimé qu’il fallait mener des efforts diplomatiques parallèles pour convaincre toujours plus de pays de rejoindre cette lutte et d’appliquer la Convention sur l’élimination des mines.


Le représentant a également insisté sur la responsabilité de « ceux qui continuent à produire, à stocker, à exporter et à poser des mines », et a appelé la communauté internationale à les exhorter à cesser d’utiliser ces armes.  Notant certains succès enregistrés dans ce domaine par les gouvernements et les organisations non gouvernementales, il a lancé un appel pour que ces efforts se poursuivent avec une vigueur renouvelée.


M. PRAVIT CHAIMONGKOL (Thaïlande) a affirmé que les activités de déminage étaient l’une des premières étapes de la phase post-conflit, constituant une mesure de confiance et de redressement économique du pays, notamment dans les domaines agricole et des transports.  Il a affirmé que 500 000 Thaïlandais vivaient aujourd’hui encore sous la menace des mines et des portions du territoire n’étaient toujours pas habitables.  Il a affirmé que la lutte antimines était une obligation pour son pays, qui a détruit la totalité de son stock de mines et mène des campagnes d’éducation sur la question.  Il a indiqué que le Gouvernement avait réuni des ressources, notamment pour améliorer l’équipement des hôpitaux dans les zones touchées et aider les victimes à se réinsérer dans la société.


Rendant ensuite hommage aux pays et aux ONG qui contribuent à la lutte antimines en Thaïlande, notamment le Japon et la Chine, le représentant a fait part de la détermination de son pays de se joindre à la Convention d’Ottawa et de son intention d’incorporer la lutte antimines dans ses plans de développement.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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