En cours au Siège de l'ONU

CPSD/328

QUATRIÈME COMMISSION: LA COOPÉRATION INTERNATIONALE EST FONDAMENTALE DANS LA LUTTE ANTIMINES

26/10/05
Assemblée généraleCPSD/328
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

17e séance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: la coopÉration internationale est fondamentale DANS la luttE antimines


La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a entamé ce matin son débat sur la question de l’assistance dans la lutte antimines.  La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Mme Jane Lute, a présenté le travail effectué par les Nations Unies en la matière, soulignant les efforts déployés pour améliorer la coordination et la coopération des différents acteurs dans les zones concernées.  Elle a souligné l’importance de l’information des populations et de la mobilisation de ressources nécessaires à l’aide aux victimes des mines.  Elle s’est félicitée que le volume de stocks de mines des États et le nombre d’acteurs non étatiques soient en baisse et a exhorté tous les pays n’ayant pas encore adhéré aux traités sur la question à le faire, rappelant que ces traités constituaient « la base normative de la lutte » contre ce fléau.


Lors du débat général, le représentant de la Suisse a rappelé que plus d’une quarantaine de pays n’avaient pas encore accédé à la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dite Convention d'Ottawa.  Prenant la parole au nom de l’Union européenne, le représentant du Royaume-Uni a lui aussi appelé à l’universalisation de cette convention qui lie 147 États.  Le représentant de l’Ukraine a pour sa part estimé que l’interdiction de la production, de l’utilisation, du stockage et du transfert de mines antipersonnel devait être le but principal de la communauté internationale.  La représentante de Cuba a quant à elle souligné que la résolution sur le sujet ne devait concerner que la dimension humanitaire de la gestion des mines et que les questions juridiques et de sécurité en devaient être exclues.


Le représentant de la République démocratique populaire lao a rappelé que les mines constituaient une menace à la fois pour les populations et le développement socioéconomique des pays, tandis que le représentant de la Jordanie a souligné l’entrave au développement que représentait la présence indéterminée de munitions non explosées sur un territoire.


Les délégations suivantes ont pris la parole lors de ce débat général: Jordanie, Suisse, Chine, République démocratique populaire lao, Ukraine, Cuba et Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne).


La Quatrième Commission poursuivra son débat sur la question de l’assistance à la lutte antimines, jeudi 27 octobre, à 10 heures.


ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES


Déclaration liminaire


Mme JANE LUTE, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que les mines continuaient d’être une menace humanitaire pour la paix durable et un obstacle au développement socioéconomique à long terme.  Elle a présenté quelques réalisations des Nations Unies en matière d’assistance à la lutte anti-mines.  Elle a notamment insisté sur le travail de coordination de l’Organisation avec les pays concernés et sur le travail de déminage de certaines zones qui comprend une assistance technique, le marquage et l’élaboration de cartes.  Elle a rappelé que le programme des Nations Unies sur la sensibilisation au risque des mines avait mené plusieurs missions auprès des populations, notamment auprès des réfugiés et de ceux qui vivent plus près des mines, et a souligné que le programme des Nations Unies avait été incorporé à l’opération de maintien de la paix au Soudan afin d’optimiser la lutte contre les mines.


Dans le domaine de l’assistance aux victimes des mines, l’objectif a été d’augmenter les ressources disponibles pour répondre aux besoins physiques et socioéconomiques des victimes, ainsi qu’à leurs besoins en matière de formation et d’éducation.  Elle a rappelé que l’équipe des Nations Unies soutenait aussi l’élaboration de la convention internationale sur les droits des personnes handicapées.  La Sous-Secrétaire générale a souligné que le nombre des stocks de mines était en baisse, à la fois pour ce qui est des États et des acteurs non étatiques.  Elle a évoqué le perfectionnement du site www.mineaction.org destiné au public, mais aussi aux partenaires et aux chercheurs.  En conclusion, elle a rappelé que plusieurs missions de haut niveau avaient été menées auprès de plusieurs gouvernements pour les exhorter à adhérer aux traités sur le sujet qui constituent « la base normative de la lutte contre les mines ».


Dialogue interactif


Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a rendu hommage au travail des institutions des Nations Unies spécialisées dans le déminage.  Il a demandé quels progrès avaient été accomplis pour parvenir aux objectifs de la stratégie de lutte antimines des Nations Unies 2001-2005 et a souhaité connaître les progrès effectués en ce qui concerne la mise en œuvre des directives soucieuses d’équité entre les sexes.


M. JOHN FLANAGAN, Chef de la Section de l’appui au programme du Service de l’action antimines des Nations Unies, a expliqué que l’essentiel des objectifs de la stratégie de lutte antimines des Nations Unies 2001-2005 avait été atteint au cours des deux premières années, et que de nouveaux objectifs avaient été ajoutés à la liste.  Il a notamment expliqué que le site Internet antimines avait reçu de nombreuses visites; que des missions avaient été organisées avec succès dans plusieurs pays; qu’une stratégie avait été mise au point pour le déminage et la réponse rapide, puis mise en œuvre avec succès en Iraq.  Des équipes antimines doivent pouvoir être présentes sur le terrain 14 jours après le vote d’une résolution au Conseil de sécurité, a-t-il expliqué, avant de préciser que la coordination avec d’autres organismes de l’ONU comme le HCR était intense et que l’Organisation menait 15 études d’impact des mines dans des pays qui en sont victimes.


Après avoir annoncé que la plupart des 48 objectifs avaient été atteints dans ce domaine, M. Flanagan a précisé qu’une évaluation approfondie des progrès accomplis était menée avant la mise au point de la nouvelle stratégie antimines 2006-2010.  Il a indiqué que 39 pays étaient appuyés par l’ONU et qu’il fallait travailler sur cette base importante.  Nous souhaitons maintenant accroître nos efforts afin de parvenir à une lutte antimines plus efficace, a-t-il déclaré, notamment en utilisant de nouvelles technologies.  Nous allons également vérifier la pertinence des normes et évaluer les menaces et le système d’alerte, a-t-il dit, en ajoutant qu’il fallait mettre l’accent sur la mobilisation des ressources, en essayant, entre autres, de trouver des ressources alternatives, notamment par la constitution de partenariats entre secteurs public et privé.  Par ailleurs, il faudra identifier les pays dont le problème de mines peut être résolu en trois à cinq ans avec des ressources limitées, et créer les moyens de passation des responsabilités de l’ONU aux gouvernements.


En réponse à une question du représentant du Royaume-Uni, Mme LUTE a rappelé que l’importance du respect de la parité entre les sexes dans les programmes des Nations Unies avait été promue dans les directives sur la sexospécificité, en Afghanistan notamment.  Elle a estimé qu’il était nécessaire d’avoir une personne responsable de ces questions dans le cadre de tous les programmes des Nations Unies.


Débat général


M. HARON HASSAN (Jordanie) a souligné que son pays avait souffert des mines, et qu’il mettait en œuvre depuis 1993 une stratégie d’action nationale antimines avec le soutien des Nations Unies.  La neutralisation d’engins explosifs a permis non seulement de sauver des vies, mais aussi d’assurer la prospérité économique des communautés dont elles entravaient l’activité, a-t-il précisé, avant d’ajouter que les zones déminées avaient été réhabilitées.  Le pays a désactivé plus d’un tiers des engins explosifs présents sur son territoire, et il a détruit tous les stocks de mines antipersonnel, a poursuivi le représentant.  La Jordanie entend être débarrassée de toutes les mines d’ici à 2009 et elle soutient la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.  Le déminage est géré exclusivement par le Comité national jordanien pour le déminage et la réhabilitation et par le corps des ingénieurs royaux, mais la Jordanie envisage de demander à une organisation non gouvernementale spécialisée de contribuer aux efforts de déminage, a-t-il indiqué.  La Jordanie espère par ailleurs pouvoir créer un centre de formation régional et apporter son expertise en tant que pays fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix. 


M. HASSAN a expliqué que la Jordanie réaliserait une enquête permettant d’évaluer l’impact des mines ainsi que les progrès effectués en matière de déminage dans le pays.  De plus, la large campagne d’éducation antimines devrait se poursuivre, précisant qu’il fallait trouver les ressources qui font défaut pour parvenir aux objectifs fixés.  En conclusion, il a indiqué que son pays envisageait d’organiser une conférence régionale sur la question en 2006.


M. ROMAN HUNGER (Suisse) a estimé que de nombreux défis restaient à relever en matière de lutte contre les mines, soulignant que plus de 40 États ne s’étaient toujours pas engagés à interdire les mines antipersonnel.  Il les a appelés à adhérer à la Convention d’Ottawa au plus vite.  Il a également insisté sur l’importance du rôle joué par le Service de l’action antimines (UNMAS), rappelant que seuls des mandats et des objectifs clairs pourraient permettre à l’ONU d’agir efficacement contre les mines.  La Suisse préside le « Mine Action Support Group » depuis presque deux ans, a-t-il précisé, estimant que l’action contre les mines était souvent « l’un des premiers points sur lesquels les parties en conflit peuvent s’entendre ».


Le représentant a souligné le rôle du Centre international de Genève pour le déminage humanitaire, notamment dans l’assistance aux États concernés.  Il a enfin appelé à l’adoption d’une résolution sur le sujet « qui devrait servir à renforcer la prise de conscience du problème, en même temps que la coopération dans ce domaine », rappelant que seul un engagement collectif permettrait de libérer le monde de la menace des mines antipersonnel.


M. LI SONG (Chine) a appelé les États à respecter le Protocole révisé sur les mines antipersonnel de la Convention sur certaines armes conventionnelles, qui prend en compte les besoins humanitaires et les besoins militaires de façon équilibrée.  La Chine a toujours respecté les protocoles en vigueur, détruisant de nombreuses mines qui n’étaient pas conformes aux textes, a-t-il dit, en précisant que deux actions de déminage de grande ampleur avaient été menées sur le territoire chinois, y compris dans les zones frontalières.  Pour des raisons objectives, la Chine a des difficultés à adhérer à la Convention d’Ottawa, mais elle est en accord avec ses objectifs et fournit des efforts pour résoudre les problèmes humanitaires posés par les mines antipersonnel, a ajouté le représentant.  


Après avoir rappelé que son pays avait participé aux conférences des États parties à la Convention en tant qu’observateur, le représentant a souligné que la Chine avait fourni une assistance à 10 pays asiatiques.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a rappelé que chaque jour, des personnes innocentes étaient blessées ou tuées par des mines et a appelé à intensifier la coopération internationale en la matière.  Il a souligné que son pays était l’un des plus touchés par ce problème, suite à la guerre d’Indochine, et qu’il avait lancé un programme national d'élimination des munitions non explosées afin de nettoyer en priorité les zones agricoles, arables et touristiques.


Le représentant a remercié plusieurs pays pour leur soutien technique et financier et a exprimé l’espoir que son pays continuerait de recevoir l’aide nécessaire à la lutte contre les mines et les munitions non explosées, rappelant que ces dernières représentaient une menace sur la vie de la population et retardaient le développement socioéconomique.  « Pour mon pays, ce problème reste l’un des plus sérieux obstacles pour parvenir aux Objectifs du Millénaire de développement », a t-il conclu.


M. SERGII SHUTENKO (Ukraine) a affirmé que les stratégies antimines devaient prendre en compte les priorités à court, moyen et long termes, et des besoins des communautés affectées par les mines.  Toutefois, a-t-il prévenu, les aspects opérationnels du déminage ne devraient pas détourner l’attention d’autres problématiques telles que l’assistance aux victimes.  La mobilisation en temps voulu des ressources fournies par les donateurs était à son avis capitale au succès des programmes de déminage.  Le représentant a également indiqué qu’une mission interinstitutions des Nations Unies avait été récemment déployée en Ukraine pour y évaluer l’impact des mines et engins non explosés.  


Le représentant a également souligné que son pays considérait que l’interdiction de la production, de l’utilisation, du stockage et du transfert de mines antipersonnel devrait être le but principal de la communauté internationale, souhaitant que le plus grand nombre possible d’États devienne partie au Protocole révisé II sur les mines, au Protocole V sur les restes explosifs de guerre et à la Convention de 1980 sur certaines armes conventionnelles.  En conclusion, il a rappelé que l’Ukraine avait ratifié en mai la Convention d’Ottawa.


Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a rappelé que son pays avait toujours soutenu l’adoption des résolutions sur l’assistance à la lutte antimines, et restait engagé dans une politique qui garantisse « la responsabilité maximale dans l’utilisation des mines ».  La représentante a estimé que la résolution sur le sujet devait concerner en priorité la dimension humanitaire de ce problème, sans examiner des questions juridiques et de sécurité relatives à l’utilisation des mines.


La représentante a également insisté sur l’importance de la coopération internationale sur le sujet, affirmant qu’à son avis, les pays qui avaient placé les mines sur le territoire d’autres États devaient en assumer la responsabilité politique et juridique.  Elle a déclaré que le travail des Nations Unies devait à la fois s’assurer que les victimes des mines recevaient des soins médicaux mais aussi des emplois.  « Nous continuerons à soutenir les efforts des Nations Unies en la matière, en préservant l’équilibre nécessaire entre les questions humanitaires et les questions de sécurité nationale », a-t-elle conclu.


Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. THOMSON (Royaume-Uni) a souligné que l’Union européenne (UE) avait consacré 340 millions de dollars au déminage depuis 2003.  L’UE a défini un programme multiannuel, une stratégie pour 2005-2007 et elle soutient fermement la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dite Convention d’Ottawa, a-t-il indiqué.  Après avoir rappelé que l’universalisation de cette convention, qui lie 147 États, demeurait un objectif important, M. Thomson a précisé que l’Union soutenait également le renforcement des dispositions de la Convention sur certaines armes conventionnelles, notamment au regard de l’adoption d’un cinquième protocole sur les restes explosifs de guerre, qui devrait être ratifié aussi largement que possible.  Le représentant a également souligné l’attachement de l’UE à la coopération, afin d’assurer une utilisation optimale des ressources, basée, le cas échéant, sur les capacités nationales, ainsi qu’aux mécanismes tels que le groupe de coordination interinstitutions de l’ONU et le Comité directeur pour le déminage.  En conclusion, il a souhaité l’adoption par consensus d’un projet de résolution sur l’assistance à la lutte antimines.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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