MAINTIEN DE LA PAIX: LES DÉLÉGATIONS APPELLENT À RENFORCER LA COOPÉRATION TRIANGULAIRE
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Quatrième Commission
15e séance – matin
MAINTIEN DE LA PAIX: LES DÉLÉGATIONS APPELLENT À RENFORCER LA COOPÉRATION TRIANGULAIRE
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a poursuivi ce matin son débat sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. De nombreuses délégations ont appelé à renforcer la « coopération triangulaire », c’est-à-dire les consultations entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Ces derniers devraient être impliqués à tous les stades de planification d’une mission, a estimé le représentant du Koweït, car ils sont à même de fournir de précieux renseignements tirés de leur expérience de terrain. Le représentant de l’Inde a jugé que le Conseil de sécurité n’avait pas respecté ses engagements en n’impliquant pas les pays fournisseurs de contingents dans les processus de prise de décisions. Il a prévenu qu’ils n’auraient pas d’autre choix à l’avenir que de se retirer d’opérations où leurs unités doivent exécuter des tâches « qui ne peuvent ou ne devraient pas être exécutées ».
Plusieurs délégations ont souligné que la nature de ces types d’opérations avait évolué: elles ne se limitent plus à contrôler la sécurité, mais elles assument désormais des responsabilités multidimensionnelles. Leur mandat inclut souvent des tâches susceptibles de garantir une paix durable: protection des civils, soutien de l’assistance humanitaire, organisation d’élections, assistance au développement de structures politiques, appui à la réforme du secteur judiciaire, désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants. Le représentant du Bangladesh a observé que la frontière entre maintien et consolidation de la paix était devenue floue, et que les deux devaient désormais aller de pair. Le maintien de la paix n’est pas une solution, mais une manière d’entreprendre des activités de consolidation de la paix afin de prévenir une reprise des hostilités, a-t-il expliqué. Il a appelé à prendre en compte les sources de conflits et à assurer un développement durable, afin que personne n’ait à ressortir ses armes faute d’autres moyens de subsistance. Plusieurs délégations, dont l’Italie, se sont félicitées de la création d’une Commission de consolidation de la paix, qui permettra d’assurer une plus grande cohérence sur le terrain.
Par ailleurs, la plupart des délégations ont appelé les Nations Unies à renforcer leur coopération avec les organisations régionales. Le représentant du Ghana a appelé l’Organisation à assurer la formation et le matériel des brigades sous-régionales de l’Union africaine, tandis que le représentant de l’Ukraine y voit le moyen pour l’Organisation de disposer de forces en attente. Le représentant de l’Inde a cependant estimé que les Nations Unies ne devaient pas sous-traiter les opérations de maintien de la paix car elles étaient « la seule organisation avec la légitimité et l’autorité morale » pour les mener.
Les délégations suivantes ont pris la parole: Argentine (au nom du Groupe de Rio), Brésil, Pakistan, Bangladesh, Indonésie, Ghana, République de Corée, El Salvador, Cameroun, Koweït, Chine, Ukraine, Pologne, Italie et Inde.
La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur l’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix demain, mardi 25 octobre, à 10 heures. Elle examinera également les projets de résolution relatifs à la question des Tokélaou et à la coopération internationale sur les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclarations
M. ALBERTO D’ALOTTO (Argentine), au nom du Groupe de Rio, a estimé que de nombreuses missions témoignaient des succès remportés par les Nations Unies en matière de maintien de la paix, rappelant notamment l’attachement de son pays à la Mission en cours en Haïti (MINUSTAH). Il a souligné la nécessité d’élargir la coopération avec les organisations régionales dans ces opérations, affirmant qu’il fallait aussi étendre le rôle du Département de l’information dans le soutien à ces missions en matière de communication.
Le représentant a également apporté son soutien à la politique de « tolérance zéro » préconisée par le Secrétaire général concernant les problèmes d’exploitation et d’abus sexuels, réaffirmant la responsabilité des chefs militaires sur place et la nécessité de lever le silence autour d’événements qui portent gravement atteinte à l’image des Nations Unies. Il a estimé qu’il y avait eu des progrès dans le paiement des pays fournisseurs de troupes ou de matériels, mais s’est inquiété des délais de remboursement à plusieurs pays ayant contribué à certaines missions qui sont déjà achevées.
M. MANOEL CASTRO (Brésil), s’associant à la déclaration du Groupe de Rio, a estimé que le Document final du Sommet mondial proposait des pistes pour gérer la multiplication du nombre d’opérations de maintien de la paix. Il est nécessaire de renforcer les mécanismes de déploiement rapide afin d’aider les missions qui font face à des crises, a-t-il estimé, précisant qu’un large éventail d’options devait être prévu en la matière. Il faut en outre parvenir à une meilleure adéquation ente les mandats et les ressources dont disposent ces opérations, et il est nécessaire trouver de nouveaux fournisseurs de contingents, a-t-il poursuivi. De plus, le représentant a souligné que la coopération régionale était devenue une question essentielle, de même que le renforcement des liens entre l’Organisation et les organisations qui connaissent bien le terrain ou certains conflits. Cependant, à son avis, il ne faut pas abuser des capacités de ces organisations et il convient de respecter leurs compétences.
Le représentant a ensuite salué le travail effectué par l’Organisation des États américains pour organiser des élections en Haïti, en collaboration avec la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Par ailleurs, il a appelé à la restructuration du Secrétariat et du Département des opérations de maintien de la paix pour pouvoir assumer la multiplication du nombre de missions. Le maintien de la paix, qui est multidimensionnel, et la consolidation de la paix vont désormais de pair afin d’assurer que les pays sortant d’un conflit ne retombent pas dans leurs errements, a-t-il affirmé. Le rétablissement d’une paix durable est une tâche de long terme qui doit prendre en compte les sources des conflits, ce qui implique aussi de lutter contre des fléaux tels que la faim, la pauvreté ou les maladies. C’est pourquoi le Brésil ne se contente pas de participer à la MINUSTAH, mais investit aussi dans l’agriculture ou la construction d’institutions en Haïti, a ajouté le représentant, qui a ensuite salué les efforts fournis pour mettre un terme aux cas d’exploitation et d’abus sexuels. Enfin, il a souhaité que davantage de pays financent le maintien de la paix, et que la proposition du Groupe de Rio sur le « remboursement rapide » des pays contributeurs soit examinée.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que les opérations de maintien de la paix jouaient un rôle capital dans la préservation de la paix et de la sécurité internationales et qu’elles représentaient un instrument puissant de promotion de l’objectif central de la Charte des Nations Unies, « protéger les générations futures de la guerre ». Il a exprimé la fierté du Pakistan d’être l’un des plus importants contributeurs de ces missions, rappelant que son pays avait participé à 31 opérations depuis 1960. Il a également estimé que ces opérations étaient de plus en plus complexes et que cela représentait un défi « formidable » pour l’Organisation.
Le représentant a appelé à définir des objectifs clairs à chaque mission, s’est félicité des avancées faites en matière de sécurité des personnels des Nations Unies et demandé à tous les États Membres d’apporter « une aide financière et politique totale » à l’Organisation. Il a également estimé qu’une coopération renforcée entre les Nations Unies et les organisations régionales pouvait accroître l’efficacité des opérations, en particulier en Afrique, et souligné l’importance de la coopération triangulaire, entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il a en outre apporté son soutien à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, et insisté sur la nécessité de renforcer encore la sécurité des personnels sur le terrain. Il s’est aussi associé à la demande du Mouvement des non-alignés en réclamant au Secrétariat une étude relative aux décès de personnels de l’ONU dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné que la nature des opérations de maintien de la paix avait évolué puisqu’elles ne se limitaient plus à contrôler la sécurité, mais assumaient désormais des responsabilités multidimensionnelles. Leur mandat inclut souvent la protection des civils, le soutien de l’assistance humanitaire, l’organisation d’élections, l’assistance au développement de structures politiques, l’appui à la réforme du secteur judiciaire, et le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. Ces tâches garantissent à son avis une paix durable. Cependant, l’extension des opérations de la paix a rendu floue la frontière entre maintien et consolidation de la paix, qui doivent désormais aller de pair. Le maintien de la paix n’est pas une solution mais une manière d’entreprendre des activités de consolidation de la paix afin de prévenir une reprise des hostilités, a-t-il dit. De même, le maintien de la paix ne peut se substituer à la prise en compte des racines du conflit. La paix durable ne peut être assurée que par le développement durable, afin que personne n’ait à ressortir ses armes faute d’un autre moyen de subsistance, a affirmé le représentant, précisant que le Bangladesh appuyait la création d’une Commission de consolidation de la paix. M. Chowdhury a également souligné la nécessité d’adopter une approche au cas par cas pour chaque mission, et de respecter les principes de consentement des parties, de non-utilisation de la force en dehors des cas de légitime défense, et d’impartialité.
M. Chowdhury a ensuite salué le rôle joué par l’Union africaine dans le maintien de la paix et a souligné qu’il fallait tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité des personnels des missions. Il a également appelé à la création d’une capacité de déploiement rapide dans des situations de crise, jugeant utiles les concepts de stocks stratégiques pour déploiement rapide. Le représentant a ensuite appuyé la politique de « tolérance zéro » des cas d’exploitation et d’abus sexuels. Par ailleurs, il a jugé indispensable que soient organisées des consultations entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Ces derniers devraient être impliqués à tous les stades de planification d’une mission, a-t-il conclu.
M. WILLEM RAMPANGILEI (Indonésie) a estimé que cinq ans après le rapport Brahimi, il y avait eu « des améliorations claires » des Nations Unies dans le maintien de la paix. Il a ajouté qu’il était temps de synthétiser l’expérience acquise au long des missions et des années afin de mieux structurer le travail de l’Organisation et de mieux préparer ses personnels sur le terrain, appelant à « une clarté totale » dans la définition des problèmes et des procédures. Il a ajouté que la mise en place d’une doctrine commune permettrait également de faire émerger un profil de formation approprié à tous les niveaux de personnels des opérations, citant en exemple la formation Train-the-Trainer, dispensée cette année aux personnels de maintien de la paix à Djakarta, en Indonésie. Il a aussi insisté sur la nécessité d’offrir à ces personnels des perspectives de carrière.
Le représentant s’est félicité que l’idée de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales trouve un écho plus large et estimé qu’une réorganisation du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) était nécessaire. Concernant les ressources, il a appelé à « être intelligent et innovant » pour arriver aux meilleurs résultats possibles. Il a aussi insisté sur la nécessité de mettre en place des mécanismes clairs en matière de coopération, qui permettraient de s’adapter à des situations particulières. Enfin, il a fait part de la « profonde déception » de sa délégation concernant les cas d’exploitation et d’abus sexuels dont se seraient rendus coupables des personnels des Nations Unies, affirmant que l’Indonésie avait pris des mesures strictes en la matière et appelant les autres pays fournisseurs de contingent à faire de même, afin que « ce triste chapitre de l’histoire des Nations Unies ne soit jamais réécrit ».
M. ROBERT TACHIE-MENSON (Ghana) a rappelé que son pays était l’un des plus anciens pays fournisseurs de contingents. Il a salué le travail du Département des opérations de maintien de la paix face à la multiplication du nombre de missions et ce, sans une augmentation de budget. Il a souligné la nécessité de recruter des personnels qualifiés de façon transparente, et de mettre un terme au nombre plus important de responsables issus des pays développés plutôt que des pays en développement. Il a en outre exprimé la préoccupation de sa délégation suite aux tentatives pour établir de nouveaux critères de sélection sans consultation préalable avec les pays fournisseurs de contingents.
Par ailleurs, M. Tachie-Menson a soutenu l’adoption d’une approche intégrée qui tend à incorporer des mesures de consolidation de la paix dès le début d’une mission de maintien de la paix. Il a notamment mis l’accent sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. Il a ensuite souligné le rôle capital joué par les organisations régionales et sous-régionales, notamment par l’Union africaine, dont la coopération avec les Nations Unies mérite d’être renforcée. Le représentant a ainsi jugé capital que l’Organisation assure la formation des troupes et la standardisation des matériels des brigades sous-régionales en attente de l’Union. M. Tachie-Menson a ensuite mis l’accent sur le rôle de la police et des spécialistes des questions pénitentiaires et il a soutenu la création d’une force de police permanente, à condition que le processus de sélection soit transparent. De même, il a jugé nécessaire de débloquer des ressources pour favoriser la création d’unités de policiers formés. Il a ensuite affirmé que les cas d’exploitation et d’abus sexuels, bien que commis par un très petit nombre, étaient inacceptables.
M. KAK-SOO SHIN (République de Corée) a estimé que la multiplication des opérations de maintien de la paix ces dernières années représentait à la fois une opportunité et un défi pour les Nations Unies. Opportunité de remplir ses obligations en matière de défense des peuples et de la paix; défi car ces opérations sont de plus en plus complexes et réclament un effort financier toujours plus important pour les États Membres. « Cette expansion ne pourra pas continuer indéfiniment », a-t-il déclaré. Il a appelé toutes les composantes des Nations Unies à apporter leur soutien au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), en particulier dans les régions en situation de post-conflit, et a souligné l’importance à cet égard d’établir rapidement le modus operandi de la Commission de consolidation de la paix.
Le représentant a estimé qu’une coopération avec les organisations régionales comme l’OTAN, l’Union européenne et l’Union africaine méritait d’être considérée car elle pouvait permettre la constitution d’une Réserve stratégique, et a aussi insisté sur l’importance de la coopération triangulaire - les Nations Unies, groupes régionaux et pays contributeurs. Concernant le personnel des opérations, il a appelé à un équilibre géographique en matière de recrutement et à renforcer la capacité d’investigation des Nations Unies pour mieux lutter contre l’exploitation et les abus sexuels « qui ont gravement entaché notre honorable réputation ».
M. HECTOR ENRIQUE CELARIE COLATO (El Salvador) a estimé que la formation du personnel du maintien de la paix était très importante, et qu’elle renforcerait la volonté des Salvadoriens de participer aux missions. Il a donc appelé les Nations Unies à offrir un plus grand soutien aux efforts de formation, tout en saluant les efforts de réorganisation du Département de maintien de la paix dont l’avenir lui semble assuré. Après avoir salué le travail accompli par les personnels des missions, il a souligné le rôle joué par les États membres de la Communauté des conseillers militaires et de police (MPAC).
Il a ensuite rappelé que son pays avait su dépasser ses lourds conflits internes pour construire puis consolider une paix durable. De précieux enseignements peuvent être tirés de notre expérience, a-t-il assuré, nous voulons donc participer aux missions actuelles en fournissant des troupes mais aussi un savoir-faire. Il a estimé qu’en travaillant tous ensemble, les États Membres sauraient mettre au point un maintien de la paix efficace.
M. MARTIN CHUNGONG AYAFOR (Cameroun) a déclaré que le défi des États Membres des Nations Unies était de rendre les opérations de maintien de la paix toujours plus efficaces et adaptées, malgré leur multiplication et leur complexité grandissante, rappelant que ces opérations étaient peut-être l’aspect le plus visible de l’action de l’ONU. « Prenons garde que cette vitrine ne soit salie ou obscurcie par des comportements déshonorants de nos soldats de la paix », a-t-il ajouté, saluant les mesures prises à cet égard par le Secrétaire général et appelant à intensifier la coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et celui de l’information (DPI) afin d’expliquer aux populations locales la politique de l’Organisation en matière de lutte contre l’exploitation et les abus sexuels.
Le représentant a salué la création de la Commission de consolidation de la paix, rappelant l’importance d’établir un pont entre la phase de maintien de la paix et la phase de reconstruction. Il a toutefois souligné l’importance de définir des sorties de crise « mieux affinées et maîtrisées » pour que ce nouvel organe puisse donner sa pleine mesure ». Il s’est félicité que les pays fournisseurs de contingent aient été prévus comme membres de cette commission, et que l’accent mis lors de la Réunion plénière de haut niveau de septembre dernier sur l’importance de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a notamment appelé à renforcer les capacités africaines de maintien de la paix, citant « l’intervention réussie de l’Union africaine au Burundi » en exemple de l’implication progressive de l’Afrique dans le maintien de la paix sur son continent.
M. MANSOUR AYYAD AL-OTAIBI (Koweït) a rappelé le rôle capital joué par les opérations de maintien de la paix, qui sont désormais multidimensionnelles et incluent des activités telles que l’appui à l’aide humanitaire. De nouveaux efforts doivent être fournis, notamment pour renforcer encore les consultations entre le Conseil de sécurité, le Département des opérations de la paix et les pays fournisseurs de contingents, a—t-il déclaré. Ces pays doivent être impliqués à son avis à tous les stades de l’élaboration des missions car ils peuvent fournir de précieux enseignements tirés de leur expérience de terrain. Par ailleurs, M. Al-Otaibi a souligné la nécessité de collaborer avec les organisations régionales et le besoin d’améliorer encore la capacité de déploiement rapide. Il a également salué la publication du rapport du Prince ZeidAl-Hussein, qui résume des recommandations dans la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels commis par certains membres du personnel des missions.
Le représentant a ensuite exprimé l’espoir que la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) permettrait de consolider la stabilité dans ce pays, de vaincre les terroristes et d’assurer le succès des élections de décembre. Il a affirmé que le Koweït appuierait sans relâche l’Iraq pour qu’il retrouve son statut national et international. Par ailleurs, il a rappelé que même si la contribution du Koweït au budget du maintien de la paix avait été multipliée par cinq, le pays les avait toujours versées en temps voulu. Nous espérons que les Membres des Nations Unies verseront tous leurs propres contributions de façon intégrale, a-t-il déclaré. Il a ensuite assuré que le Koweït accueillerait favorablement toutes les mesures visant à renforcer la sécurité des personnels des missions.
M. LI JUN HUA (Chine) a estimé que les Nations Unies avaient fait des progrès importants en matière de maintien de la paix, distinguant notamment les missions en République démocratique du Congo, en Haïti ou en Sierra Leone. Il a toutefois affirmé que la multiplication et la complexité grandissante de ce type d’opérations exigeaient qu’elles soient réformées. « La réforme doit s’inscrire à la fois dans la continuité et dans l’innovation », a-t-il déclaré, rappelant son attachement aux principes d’impartialité et de consentement des parties de la Charte qui définissent ces opérations.
Le représentant a rappelé que tous les pays devaient accroître leur contribution financière, politique et humaine aux opérations de maintien de la paix et a apporté son soutien à l’idée d’une coopération élargie entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a également souligné l’implication croissante de la Chine dans les différentes missions menées par les Nations Unies dans le monde.
M. VICTOR KRYZHANIVSKY (Ukraine) a rappelé que la sécurité des missions de maintien de la paix devenait problématique. Il convient de mieux collecter et analyser les informations en vue de prévenir et de gérer les menaces lorsqu’elles se présentent et l’Ukraine appuie donc la mise en place de cellules d’analyses communes au sein des missions, a-t-il dit. Le représentant a ensuite soutenu la stratégie appliquée pour mettre un terme aux cas d’abus sexuels et pratiquer une politique de « tolérance zéro ». Il a par ailleurs souligné l’importance du déploiement rapide, et a jugé nécessaire de faire fonctionner pleinement tous les mécanismes afférents. M. Kryzhanivsky a également soutenu la création d’une capacité de police permanente, à laquelle l’Ukraine est prête à contribuer. Il a jugé que les décaissements de ressources devaient être effectués en temps voulu au profit des pays fournisseurs de contingents et estimé que l’Organisation devait également soutenir le renforcement des capacités régionales et la coopération avec les organisations régionales, ce qui permettra de disposer de forces en attente.
Le représentant a ensuite insisté sur l’importance cruciale de la coopération triangulaire entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Par ailleurs, il a salué les efforts fournis par le Département depuis la publication du « rapport Brahimi », il y a cinq ans. En conclusion, il a rappelé que l’Ukraine avait envoyé des personnels de police civile sur le terrain ainsi que des capacités aériennes stratégiques.
Mme BEATA PEKSA-KRAWIEC (Pologne) a estimé que l’application des recommandations contenues dans le rapport Brahimi avait permis aux Nations Unies d’adopter des mécanismes de maintien de la paix plus efficaces et plus sophistiqués, mais a aussi rappelé que l’Organisation était confrontée à de nouveaux défis et de nouvelles menaces. Elle a particulièrement distingué l’élaboration d’une doctrine du maintien de la paix comme un instrument supplémentaire pour arriver à une meilleure définition des objectifs, et, par conséquent, une plus grande efficacité des opérations. Elle a également soutenu l’idée de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, mais a estimé que le plus urgent était la question de la coopération actuelle en matière de fourniture de troupes et de matériels aux Nations Unies, affirmant que les États Membres étaient de moins en moins en mesure de fournir des troupes en cas de besoin.
La représentante a salué la création de la Commission de consolidation de la paix et demandé une détermination renforcée dans la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels. Elle a estimé que les personnels des Nations Unies devaient agir conformément « aux plus hautes normes éthiques » et qu’aucun manquement à ces normes ne devait échapper à l’enquête et à la poursuite judiciaire.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a estimé que les opérations de maintien de la paix étaient devenues très complexes et que les Nations Unies devaient donc disposer des ressources nécessaires pour faire face aux nouveaux défis. Il a appuyé la création d’une Commission de consolidation de la paix, qui devrait commencer à fonctionner d’ici à la fin de l’année et qui devrait assurer une plus grande cohérence sur le terrain. Il a rappelé que son pays avait augmenté de façon sans précédent sa contribution, tant financière qu’en termes de contingents. Le Sommet mondial a mis l’accent sur l’importance de la coopération avec les organisations régionales, et il est donc temps de développer cette coopération, a-t-il ensuite estimé, soulignant que les organisations se complétaient les unes les autres et qu’elles n’étaient pas en concurrence.
Le représentant a ensuite indiqué que son pays avait institué un Centre d’excellence pour la stabilité des unités de police, afin d’assurer la transition entre la fin d’un conflit et le plein rétablissement des conditions de sécurité. Il a en outre mentionné que l’Italie avait fait don en 1994 de la base de Brindisi, assurant que les installations sur place pouvaient accueillir la future capacité de police permanente de l’ONU. Évoquant enfin les cas d’exploitation et d’abus sexuels, il a jugé nécessaire d’agir en amont en vérifiant que les troupes déployées sur le terrain sont qualifiées et ont suivi des cours dans ce domaine.
M. PRAMOD MAHAJAN (Inde) a estimé que les principaux problèmes en matière de maintien de la paix n’étaient ni le manque de ressources, ni celui de personnel, mais « un Conseil non représentatif qui manque de volonté politique d’agir et qui, lorsqu’il agit, le fait d’un manière totalement inadéquate ». Il a affirmé que l’interdiction de survol faite aux hélicoptères des Nations Unies par le Gouvernement érythréen mettait en danger la sécurité des personnels et l’intégrité de la mission sur place et a également dénoncé le fait que les pays fournisseurs de contingents, « éléments clefs sur le terrain », ne soient pas impliqués dans les processus de décision. Il a estimé que les pays fournisseurs de contingents n’auraient pas d’autre choix à l’avenir que de se retirer d’opérations où leurs unités doivent accomplir des tâches « qui ne peuvent ou ne devraient pas être accomplies ». Il a rappelé que 80% des troupes des Nations Unies étaient originaires de pays du Mouvement des non-alignés. Reconnaissant que « les Nations Unies ne peuvent pas être partout », le représentant a néanmoins affirmé qu’elles ne devaient pas sous-traiter les opérations de maintien de la paix car elles sont « la seule organisation avec la légitimité et l’autorité morale » pour les mener.
Le représentant a assuré le Secrétaire général du soutien de son pays à la politique de « tolérance zéro » préconisée en matière d’exploitation et d’abus sexuels. Il a également souligné la très haute priorité à accorder à la sécurité des Casques bleus et des personnels des Nations Unies. À cet égard, il s’est inquiété que « trop longtemps, les troupes sur le terrain ont dû se débrouiller par leurs propres moyens ». Rappelant que près de 70 000 Indiens ont jusqu'à ici servi sous le drapeau des Nations Unies, il a estimé que l’Inde avait « acquis le droit de parler franchement des besoins réels du maintien de la paix ».
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