QUATRIÈME COMMISSION: LA MULTIPLICATION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXIGE UNE COOPÉRATION ÉLARGIE
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Quatrième Commission
14e séance – après-midi
QUATRIÈME COMMISSION: LA MULTIPLICATION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXIGE UNE COOPÉRATION ÉLARGIE
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a poursuivi cet après-midi son débat sur l’étude d’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Notant que ces opérations sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes, plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité de développer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Le représentant norvégien a notamment évoqué la « force en attente » que constituait la coopération de l’Union africaine avec les opérations de maintien de la paix sur ce continent. À l’instar du représentant suisse, plusieurs délégations ont insisté sur « le glissement général du maintien de la paix à la consolidation de la paix ». À cet égard, la représentante cubaine a rappelé que les opérations de maintien de la paix « ne constituaient pas une fin en soi mais devaient permettre de créer les conditions d’un développement et d’une paix durables pour le monde ».
Plusieurs délégations dont l’Iran ont rappelé que ces opérations devaient respecter les principes de consentement des parties, de non-utilisation de la violence en dehors des cas de légitime défense, d’impartialité, ainsi que de respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États.
La question du personnel de ces opérations a aussi été évoquée. Les délégations ont en particulier souligné la nécessité de lutter contre l’exploitation et les abus sexuels impliquant des personnels onusiens, soutenant la politique de tolérance zéro préconisée par le Secrétaire général en la matière. Le représentant australien a notamment affirmé que les personnels déployés par les Nations Unies devaient se tenir « aux plus hautes normes de conduite et de discipline ». Les délégations ont rappelé qu’il en allait de la crédibilité des Nations Unies sur le terrain.
Les délégations suivantes ont pris la parole à ce débat général: Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Maroc (au nom du Mouvement des pays non alignés), Jordanie, Cuba, République arabe syrienne, Norvège, Thaïlande, Singapour, Suisse, Japon, Kazakhstan, République islamique d’Iran, Australie (au nom du CANZ) et Népal.
La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur l’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix, lundi 24 octobre, à 10 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclarations
Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a constaté que le maintien de la paix avait considérablement évolué depuis les recommandations du rapport du Groupe d’études sur les opérations de paix de l’ONU, dit rapport Brahimi. L’accroissement de l’activité est sans précédent et les effectifs ne cessent d’augmenter alors que se déploie la mission au Soudan, a-t-il indiqué. Rendant hommage au travail du Département des opérations de maintien de la paix, M. Thomson a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne, qui contribue pour plus de 40% au budget du maintien de la paix et qui déploie des troupes et des policiers. L’évolution n’a pas été que quantitative, elle a également porté sur la nature même des opérations, devenues multidimensionnelles, a-t-il constaté. À son avis, une approche plus intégrée est donc nécessaire, tout comme une meilleure coordination entre civils et militaires et entre les Nations Unies et les acteurs internationaux.
M. Thomson a estimé par ailleurs qu’il fallait renforcer la capacité opérationnelle des Nations Unies. Le représentant a salué la décision de créer une capacité opérationnelle initiale en matière de police et il a espéré que ce concept serait opérationnel d’ici juillet 2006. Il a également appuyé le renforcement des capacités de déploiement rapide, et espéré qu’une proposition détaillée en ce sens serait présentée devant le Comité spécial des opérations de maintien de la paix. L’Union européenne se félicite que le système des arrangements de réserve soit sur le point d’être examiné. Il a également estimé que les Nations Unies devaient disposer de capacités de collecte d’information afin de pouvoir assurer la sécurité de leur personnel et appliquer leur mandat, comme l’ont mis en évidence les événements en République démocratique du Congo. M. Thomson a regretté que le concept de cellule d’analyse conjointe des missions ne soit pas encore en place et il a souhaité savoir comment le Département comptait le concrétiser. Le délégué a aussi insisté sur l’importance de coopérer avec les organisations régionales et renforcer les capacités. Les acteurs régionaux peuvent jouer un rôle important dans le maintien de la paix et l’Union européenne appuie un multilatéralisme plus efficace, a-t-il dit. Le représentant a souligné le potentiel d’un partenariat stratégique avec l’Union africaine (UA), comme l’ont montré les opérations au Darfour. Les capacités de l’UA et des organisations sous-régionales africaines doivent être renforcées, tâche à laquelle contribuent l’Union européenne et le G-8.
Il faut ensuite édifier une paix durable et les mesures en ce sens doivent être lancées dès le démarrage d’une opération de maintien de la paix, a-t-il expliqué, affirmant qu’il fallait promptement rétablir l’état de droit, renforcer la promotion des droits de l’homme et soutenir l’économie. La capacité de planification intégrée doit être également renforcée afin d’assurer une meilleure coordination des activités à l’intérieur des Nations Unies ainsi qu’avec les autres acteurs. À son avis, la future Commission de consolidation de la paix aura un rôle à jouer à cet égard. Enfin, M. Thomson a affirmé que les comportements déplacés ne pourraient être tolérés et le pays contributeur de troupes devait être considéré comme responsable. La politique de tolérance zéro du Secrétaire général doit être appliquée, ce qui passe notamment par une prévention efficace, a-t-il dit. Les capacités en droits de l’homme doivent en outre être renforcées et il faut davantage insister sur la sexospécificité et la parité, a-t-il expliqué, précisant que des spécialistes des droits de l’homme et des questions de sexospécificité devaient rester sur le terrain après le retrait de leurs missions afin d’aider les gouvernements nationaux.
Mme SAADIA EL ALAOUI (Maroc), au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que le Mouvement continuait de penser que les opérations de maintien de la paix ne devaient pas ignorer les questions générales d’aide au développement, en respectant les principes directeurs des Nations Unies énoncés dans la Charte. Elle a insisté sur la nécessité de développer des partenariats avec les organisations régionales, en particulier en Afrique, sans toutefois entraîner « une fragmentation de l’aide ».
Elle a demandé que soit accordée la plus grande priorité à la garantie de la sécurité du personnel des Nations Unies, s’inquiétant de la situation sécuritaire dans de nombreuses opérations de maintien de la paix. Elle a salué les améliorations importantes sur le terrain et demandé une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes. Elle a fait part de sa préoccupation concernant les problèmes d’exploitation sexuelle parmi le personnel des Nations Unies, saluant la tolérance zéro préconisée en la matière par le Secrétaire général. Elle a enfin souhaité une étude d’ensemble, afin de mieux comprendre comment améliorer la sécurité des soldats sur le terrain et « pourquoi tant d’entre eux sont tués ».
M. HARON HASSAN (Jordanie) a jugé nécessaire d’améliorer la capacité des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit, en parallèle avec l’unité de droit judiciaire et pénal du Département sur le terrain. Une entité au sein du Secrétariat, spécialisée dans l’état de droit et la justice de transition, permettrait d’unifier les efforts, et la future Commission de consolidation de la paix aurait également un rôle à jouer en la matière. Le représentant a ensuite souligné que le Conseil de sécurité devait réagir plus rapidement lorsque les soldats de la paix ne pouvaient pas s’acquitter pleinement de leur mandat ou étaient en danger. Il s’est déclaré préoccupé par les pays qui, ayant des soldats de la paix sur leur territoire, prenaient des décisions unilatérales mettant en danger la vie de ces personnels. Il a ensuite appuyé les mesures présentées par le Secrétaire général pour prévenir l’exploitation sexuelle et les abus. Par ailleurs, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient disposer de leurs propres moyens de collecte d’information, y compris des moyens de surveillance aérienne, afin de garantir la sécurité de leurs personnels sur le terrain. Enfin, il a affirmé que tous les États devaient verser intégralement leur contribution aux Nations Unies pour financer le budget de l’Organisation, surtout lorsqu’il s’agit de membres permanents du Conseil de sécurité.
Mme SORAYA ALVAREZ (Cuba) a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient un instrument important des Nations Unies et estimé que la préservation des principes de ces opérations renforçait la légitimité et la crédibilité de l’Organisation. Elle a demandé que le Conseil de sécurité n’applique pas une politique de « deux poids, deux mesures » dans la définition précise des mandats des opérations de maintien de la paix, estimant que le droit international était parfois réinterprété en fonction du désir interventionniste de certains gouvernements puissants.
La représentante s’est prononcée pour des actions transparentes et une coopération renforcée afin de permettre aux Nations Unies de remplir leur mandat. Elle a ajouté qu’il était important d’accorder une plus grande participation aux pays contributeurs de troupe dans les prises de décisions. À cet égard, elle a dénoncé un retard dans les paiements des pays contributeurs et demandé un remboursement « sans délai » pour les pays concernés. Elle a rappelé que les opérations de maintien de la paix ne constituaient pas une fin en soi, mais devaient permettre de créer les conditions d’un développement et d’une paix durables dans le monde.
M. HAYDAR ALI AHMAD (République arabe syrienne) a estimé que les opérations de maintien de la paix avaient rencontré de nombreux succès, et qu’elles étaient un outil de sécurité collective efficace. Le rôle de ces opérations s’est complexifié, puisqu’elles sont devenues multidimensionnelles et qu’elles gèrent désormais aussi bien des accords de paix classiques que des situations complexes. Cependant, ces opérations ne sont que temporaires et ne constituent pas une mesure de substitution à de véritables solutions durables. Évoquant ensuite le Moyen-Orient, le représentant a souligné les bons rapports entre les responsables des missions dans la région et les gouvernements. Ces missions, qui devaient être temporaires, sont devenues permanentes en raison de l’occupation continue par Israël de territoires.
Il a ensuite apporté son appui au déploiement rapide, à l’amélioration du recrutement et il a appelé les pays Membres ayant des arriérés de cotisation au budget des Nations Unies à les liquider. Par ailleurs, il a affirmé que les opérations devaient se conformer aux principes de droit international tels que le respect de la souveraineté territoriale ou la non-ingérence. Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent donc être clairs, a-t-il dit, précisant que son pays était prêt à participer aux discussions avec le Département des opérations de maintien de la paix sur la manière d’améliorer son fonctionnement. Le représentant a ensuite rendu hommage aux personnels des missions qui avaient sacrifié leur vie. Enfin, il s’est étonné que le site du Département soit traduit dans toutes les langues officielles des Nations Unies, sauf l’arabe.
M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a estimé que 2005 avait été une année très exigeante en matière de maintien de la paix, s’inquiétant notamment du manque de ressources dans certaines missions qui ne sont pas en mesure de soutenir la mise en place d’accords de paix. Il a estimé nécessaire de renforcer le personnel militaire sur le terrain et les capacités d’analyse, au niveau tactique et opérationnel et s’est dit préoccupé, par ailleurs, par la réduction de la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies, notamment en Érythrée.
Le représentant a considéré que la consolidation de la paix était un processus plus exigeant que le rétablissement de la paix et a estimé que les Nations Unies devaient jouer un rôle moteur dans ce domaine. Il a ajouté qu’une meilleure coordination entre les différentes organisations, notamment entre l’OTAN et les Nations Unies, permettrait une plus grande efficacité des opérations de maintien de la paix. Il a également souligné la « force en attente » que constituait la coopération avec l’Union africaine dans les opérations de maintien de la paix. Concernant les problèmes de l’exploitation sexuelle, il a rappelé qu’il était essentiel de ne pas laisser le comportement de certains personnels entacher le travail des Nations Unies, demandant aux pays fournisseurs de contingents en priorité de gérer au mieux cette situation, en formant son personnel et en collaborant aux enquêtes menées par les Nations Unies.
M. PRAVIT CHAIMONGKOL (Thaïlande) a rappelé que les opérations de maintien de la paix permettaient de maintenir un environnement sûr dans les zones de conflit. Cependant, ni ces opérations, ni l’aide humanitaire ne suffisent à protéger les populations civiles. Seule une volonté politique des parties en cause permet la consolidation de la paix, et celles-ci doivent donc coopérer avec les Nations Unies, a-t-il dit. En outre, une opération ne peut réussir que grâce à un plan intégrant le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix. Un tel plan doit être mis en œuvre avant même qu’une mission soit déployée sur le terrain et prendre en considération la stratégie de sortie d’une mission, a-t-il estimé.
Le représentant a ensuite évoqué le renforcement de l’efficacité et de la réaction rapide des Nations Unies, qui passe notamment par une coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. La première des priorités doit être accordée aux efforts fournis à l’intérieur même d’une région, avec les ressources nécessaires. La Thaïlande appuie donc les dispositifs d'intervention rapide, à condition qu’ils répondent à des besoins spécifiques, a affirmé le représentant, précisant que son pays soutenait également la création d’une capacité de police permanente pour rétablir l’état de droit et assurer une réponse aux crises en temps utile. Cette capacité doit être en mesure d’intervenir avant comme après les conflits. Évoquant les cas d’abus sexuels et de comportements déplacés, le représentant a affirmé que son pays coopérerait aux enquêtes en cours et qu’il soutenait les concepts tels que celui d’officiers nationaux enquêteurs des pays fournisseurs de contingents. Il a enfin rappelé que la Thaïlande avait fourni des personnels pour plusieurs missions, dont celle récente du Burundi.
M. LEONG YUE KHEONG (Singapour) a estimé que le Département avait bien géré l’accroissement sensible des opérations de maintien de la paix au cours des dernières années. Il a su générer les ressources nécessaires, a déclaré M. Kheong, mais nous ne devons pas oublier que le « rapport Brahimi » recommandait d’alléger le maintien de la paix et que nous devons être créatifs afin d’agir dans la limite des ressources disponibles. Soulignant la complexité croissante des opérations, il a rappelé les dangers encourus par les personnels des missions ». Il s’est déclaré déçu par les rapports consacrés aux abus sexuels et aux comportements déplacés, car la crédibilité des opérations a été entamée. Nous avons passé suffisamment de temps à débattre des raisons, il faut à présent prendre des mesures fermes pour mettre un terme au manque de discipline et mettre en œuvre les recommandations de l’Assemblée générale, a-t-il affirmé. M. Kheong a ensuite salué les améliorations introduites par le Département, citant notamment le concept de cellules d’analyse conjointe des missions, les stocks de déploiement stratégiques ou le renforcement des capacités de police. Il a ensuite évoqué la frustration de certains personnels des missions, qui ne se sentent pas soutenus par le Siège et ont besoin de davantage de ressources.
Le représentant a ensuite émis des suggestions: améliorer le recrutement et la formation des responsables augmenter les efforts du Département destinés à réaliser une meilleure intégration entre ses institutions, alors que les opérations sont devenues multidimensionnelles. Le maintien de la paix ne peut plus être confiné à son modèle traditionnel et l’information doit être mieux partagée entre les différents acteurs; réviser les méthodes de travail de l’organisation. La gestion des opérations intégrées exige le réalignement des structures actuelles et une amélioration de la coordination, notamment en restructurant les départements. Le succès des opérations de maintien de la paix se mesure à leur capacité à bâtir des capacités nationales permettant à ces pays de se reprendre progressivement en charge, a-t-il conclu.
M. ROMAN HUNGER (Suisse) a salué la création d’une première capacité opérationnelle dans la perspective d’une force de police permanente. Il a estimé que le bon fonctionnement de la logistique était indispensable au déploiement de tous les éléments d’une mission. Il a dénoncé les graves atteintes aux droits de l’homme représentées par les problèmes d’exploitation sexuelle impliquant des personnels des Nations Unies et a apporté son soutien à la politique de tolérance zéro préconisée par le Secrétaire général.
Le représentant a par ailleurs souligné que les missions étaient à la fois plus nombreuses et plus complexes, observant que l’on s’orientait progressivement du processus de maintien de la paix vers celui de consolidation de la paix. Il a estimé que ce dernier devait être conduit sous l’égide des autorités nationales. Il a également estimé que la Commission de consolidation de la paix, chargée d’un rôle purement consultatif, devrait rassembler tous les acteurs travaillant à la consolidation de la paix en assurant une représentation équilibrée entre hommes et femmes. Enfin, il a jugé la session 2005 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix « décevante », à la fois pour des raisons de contenu et des problèmes de procédure, et a invité le Bureau et ses membres à chercher les moyens d’améliorer ses méthodes de travail.
M. SHINICHI KITAOKA (Japon) a observé que les opérations de maintien de la paix se multipliaient. Le Japon y a participé en déployant des troupes, en fournissant du matériel et en appuyant des activités visant à promouvoir les processus de paix et leur consolidation. Le fardeau budgétaire s’est alourdi pour les États Membres à la suite de la création de nouvelles missions et en raison de la poursuite de celles qui existaient déjà, faute d’avoir su y mettre un terme, a-t-il noté. En tant que l’un des principaux contributeurs financiers, le Japon souhaite que les opérations soient mieux gérées et mises en œuvre.
M. Kitaoka a ensuite souligné que le maintien et la consolidation de la paix étaient désormais inexorablement liés. Le Japon salue donc la création d’une Commission de consolidation de la paix. Le représentant a ensuite rappelé que le Groupe de haut niveau avait préconisé une série de mesures, dont la création d’une capacité de police permanente et la mise en place d’une capacité de déploiement rapide. Cette deuxième proposition n’est pas encore concrétisée, a-t-il relevé, et les Etats membres doivent faire des propositions en ce sens. Une solution pourrait être de renforcer la coopération entre les missions. Toutefois, a-t-il poursuivi, certains obstacles empêchent encore cette coopération, tels que la configuration du cadre de commandement ou les accords entre les Nations Unies et les pays fournisseurs de contingents. Ces obstacles pourraient être surmontés, a-t-il assuré. Il a enfin évoqué la nécessité d’améliorer les interactions entre les pays fournisseurs de contingents et le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix, actuellement présidé par le Japon. Des réunions conjointes ont été organisées pour évoquer les difficultés rencontrées en matière de maintien de la paix et les mesures envisagées, a conclu le représentant.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a salué le rôle croissant des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité, ainsi que dans le développement d’une coopération internationale et d’une approche multilatérale de règlement des problèmes internationaux. Il a estimé que la demande en matière d’opérations de maintien de la paix allait encore augmenter, appelant à une coopération renforcée entre les États Membres, les Nations Unies et les organisations régionales pour prévenir l’apparition de conflits armés et combattre le terrorisme, le trafic de drogues, le crime organisé, la pauvreté, les maladies infectieuses et la dégradation de l’environnement. Il a ajouté que la responsabilité de maintenir la sécurité incombait en premier lieu aux États, ou à la communauté internationale, au cas où un État n’était pas en mesure de protéger ses citoyens.
Le représentant a apporté son soutien aux réformes en cours pour le Département et souligné la mise à disposition de son pays de personnels et de matériels pour des opérations de maintien de la paix, ainsi que de sa contribution au budget global de ces opérations. Il a ajouté que le Kazakhstan appelait au respect des principes d’action des Nations Unies, comme le consentement des parties et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, et salué les efforts du Secrétaire général en matière de lutte contre l’exploitation et les abus sexuels des personnels de l’ONU.
M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a rappelé que les opérations de maintien de la paix devaient respecter les principes de consentement des parties, de non-utilisation de la force en dehors des cas de légitime défense, d’impartialité, ainsi que de respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des Etats. Cela implique d’adopter une approche globale et coordonnée, en ayant recours à des instruments politiques, sociaux et de développement. Par ailleurs, M. Maleki a appelé les personnels à ne pas commettre d’abus sexuels ni de comportement déplacés. L’Iran soutient le renforcement de la discipline et la création d’unités de conduite et de discipline, a-t-il précisé, avant de préconiser l’adoption de sanctions chaque fois que des allégations d’abus sont prouvées.
M. Maleki a ensuite souligné que la question du déploiement rapide restait essentielle et que l’Iran soutenait l’amélioration des capacités en la matière. La coopération avec les organisations régionales est également importante, mais elle ne doit pas servir à combler les lacunes existant entre les besoins du maintien de la paix et les ressources disponibles à cet effet, a-t-il indiqué. Les solutions régionales ne peuvent en aucun cas exonérer l’Organisation de ses responsabilités a-t-il prévenu. Le représentant a ensuite salué le travail des personnels des missions qui ont souvent fait le sacrifice de leurs vies, et s’est déclaré préoccupé par les environnements précaires dans lesquels ces missions évoluent. Par ailleurs, M. Maleki a souligné la nécessité de renforcer la capacité des pays fournisseurs de contingents, ce qui passe par un échange d’expériences et le partage de meilleures pratiques, ainsi que par la création de centres régionaux de formation.
M. TIM SIMKIN (Australie), au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a insisté sur la nécessité de capitaliser les initiatives prises lors du Sommet mondial et de continuer la lutte contre les problèmes d’exploitation et d’abus sexuels. Il a salué la décision d’établir une Commission de consolidation de la paix et la reconnaissance d’une responsabilité de protéger les populations des génocides, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Il a exhorté les États Membres à accepter les statuts de cette Commission avant le 31 décembre, espérant que cette dernière serait en mesure de coordonner les efforts internationaux dans la période de transition entre les opérations de maintien de la paix et la construction de nations. En outre, il a salué la volonté du Département de resserrer les liens entre les opérations de maintien de la paix et le développement des régions concernées et demandé l’établissement d’une doctrine commune, en particulier une définition plus claire de certains termes du lexique des Nations Unies « qui ont été et sont toujours utilisés de manière ambiguë ».
Le représentant a estimé que les personnels déployés par les Nations Unies devaient se tenir aux plus hautes normes de conduite et de discipline, ajoutant que les problèmes d’exploitation et d’abus sexuels n’avaient pas diminué. « Nous avons besoin de vigilance et d’une action déterminée de la part du Département et des États Membres », a-t-il déclaré, appelant à la transparence et à la rapidité de décision concernant ces problèmes. Il a enfin souligné la nécessité de continuer la réforme du Département en matière de formation, de recrutement et de rémunération de ses agents.
M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a rappelé que le maintien de la paix était devenu l’une des principales fonctions des Nations Unies, contribuant à sauver des centaines de milliers de personnes dans le monde. L’importance de cette tâche est illustrée par le considérable accroissement du nombre des opérations. Le Népal a toujours estimé que l’Organisation devait jouer un rôle central dans la prévention des conflits, dans le maintien et dans la consolidation de la paix. Ce pays n’a cessé de participer à ce type d’opérations depuis 1958, et 3 500 Népalais sont actuellement déployés dans 12 misions, où ils se comportent avec professionnalisme. M. Acharya a rappelé que 54 Népalais avaient fait le sacrifice de leur vie pour sauver des milliers de personnes. Le représentant s’est par ailleurs déclaré préoccupé par le nombre croissant de personnel tué récemment, ce qui soulève la question de la sécurité. Il a jugé nécessaire que l’intégralité des traitements médicaux des personnels soit prise en charge. Il a ensuite salué le déploiement de missions intégrées dans les situations complexes, mais a souligné le décalage entre l’augmentation des besoins et la capacité de l’Organisation à se déployer en cas de crise. Le Népal a toujours soutenu le renforcement de capacités de déploiements rapides pour soutenir les opérations en crise, et il est prêt à fournir des troupes à cet effet, a-t-il précisé.
M. Acharya a ensuite souligné que la mise à disposition du budget et le remboursement des dépenses des pays fournisseurs de contingents, en temps et en heure, étaient indispensables à l’efficacité des opérations. Une plus grande coordination entre le terrain et le Siège était également nécessaire. Le représentant a ensuite appuyé la politique de « tolérance zéro » dans les cas d’exploitation et d’abus sexuels. Par ailleurs, il a souligné l’importance de la coopération entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et les pays hôtes. Le Conseil doit instituer un mécanisme permanent et transparent pour impliquer les pays contributeurs dans la prise de décision, ce qui inclut la conception, la planification, le déploiement et le retrait des missions, a-t-il indiqué. Enfin, il a estimé que la future Commission de consolidation de la paix devait s’appuyer sur l’expérience des opérations de maintien de la paix.
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