QUATRIÈME COMMISSION: LES TECHNIQUES SPATIALES DOIVENT ÊTRE UTILISÉES AU BÉNÉFICE DE TOUTE L’HUMANITÉ
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Quatrième Commission
12e séance – après-midi
QUATRIÈME COMMISSION: LES TECHNIQUES SPATIALES DOIVENT ÊTRE UTILISÉES AU BÉNÉFICE DE TOUTE L’HUMANITÉ
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a achevé cet après-midi son débat sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. Les délégations ont rappelé que les technologies spatiales devaient bénéficier non seulement aux pays développés, mais aussi aux pays en développement. Le représentant de l’Inde a ainsi expliqué que l’espace extra-atmosphérique constituait un instrument du développement socioéconomique. Il a donc encouragé le renforcement des capacités nationales dans les pays en développement au travers de la coopération internationale, afin de permettre à ces pays de bénéficier des programmes d’applications des techniques spatiales. Pour sa part, le représentant du Nigéria s’est félicité que le Sommet mondial ait reconnu le rôle important joué par les technologies spatiales dans le développement durable, notamment en Afrique.
Par ailleurs, de nombreuses délégations ont rappelé l’importance de développer la prévention et la gestion des catastrophes naturelles par les techniques spatiales. Le représentant du Pakistan a expliqué que si l’on ne pouvait éviter de telles catastrophes, il était toutefois possible, grâce aux technologies spatiales, de mieux les prévoir et d’en atténuer les effets. Le représentant du Nigéria a pour sa part appuyé la proposition de créer une organisation internationale de coordination de la gestion des catastrophes depuis l’espace (DMISCO). Enfin la question de la non-militarisation de l’espace et la prévention de la course à l’armement ont également fait l’objet d’un consensus entre les délégations.
La Commission a reporté l’adoption du projet de résolution relatif à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
Les délégations suivantes ont pris la parole: l’Uruguay (au nom du Mercosur), la République populaire démocratique de Corée, l’Inde, Israël, la Jamahiriya arabe libyenne, le Pakistan, le Nigéria, le Japon et le Burkina Faso.
La Quatrième Commission organisera demain, jeudi 20 octobre à 15 heures, un dialogue interactif sur les opérations de maintien de la paix.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Débat général
Prenant la parole au nom du Mercosur, M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay) a salué le travail du Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique, dont le rapport souligne que les techniques spatiales sont devenues indispensables à la vie de tous les êtres humains. Il est donc nécessaire de progresser sur les questions juridiques et éthiques relatives à l’utilisation pacifique de l’espace, qui ne doit pas être considéré comme une simple ressource, mais comme le patrimoine commun de l’humanité. Il doit être utilisé de façon pacifique pour l’avantage collectif des générations présentes et à venir. Il faut donc, à son avis, que tous les membres de la communauté internationale s’engagent sur ce point de façon ferme et irréfutable. Le représentant a ensuite relevé qu’une grande majorité de l’humanité n’avait pas accès aux techniques spatiales ni à leurs bénéfices, et que beaucoup n’avaient pas conscience de l’importance de ces techniques pour le développement. Les besoins des pays en développement doivent donc rester une question prioritaire pour le Comité et l’utilisation de l’espace, ce qui implique le respect des règles définies par la troisième Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III).
Le représentant a ensuite déclaré que l’accès à l’espace pour les communications ou le développement durable devait devenir universel, ce qui impliquait de nouvelles sources de financement. Il a rappelé l’importance des traités en vigueur et a souligné qu’il fallait mettre en œuvre des mécanismes de coopération et de coordination régionale. La quatrième Conférence spatiale des Amériques, qui s’est tenue en 2002, avait permis d’instituer un forum régional de coopération et de coordination sur les affaires spatiales. Le MERCOSUR se félicite donc de la tenue de la cinquième Conférence à Quito en Équateur, qui devrait contribuer au développement de l’activité spatiale dans la région.
M. SONG SE IL (République démocratique populaire de Corée) a déclaré que l’espace extra-atmosphérique était une « possession commune de l’humanité », pas la possession exclusive de quiconque. Il a rappelé que les sciences et technologies spatiales pouvaient stimuler le développement socioéconomique et qu’elles étaient déjà utilisées dans plusieurs domaines, comme la gestion des catastrophes et des ressources naturelles, la protection de l’environnement et la télé-éducation. Il a appelé au partage de toutes ces avancées avec tous les pays, et à ne plus tolérer la monopolisation de l’exploration spatiale.
Le représentant a également affirmé la nécessité de s’opposer à toute militarisation de l’espace extra-atmosphérique, estimant que le Système de défense antimissile « entraînerait inévitablement » une nouvelle course aux armements. À cet égard, il a condamné tout processus visant à faire de l’espace « une base militaire et un champ de bataille contre les États souverains » et s’est prononcé pour la mise en place d’un système juridique international contre la militarisation de l’espace.
M. PRAMOD MAHAJAN (Inde) a estimé que le Comité avait contribué à aider l’humanité à profiter des apports des techniques spatiales. Il a évoqué les récentes catastrophes naturelles dans le monde, qui rappellent l’urgence de traiter de systèmes intégrés de gestion des catastrophes. En dépit de limitations budgétaires, le Programme des Nations Unies pour les applications des techniques spatiales a fourni un travail appréciable, a-t-il estimé, avant d’appuyer la proposition de créer une organisation de coordination de la gestion internationale des catastrophes depuis l’espace. Le représentant a en outre évoqué le projet de Protocole sur les biens spatiaux, qui a créé des divergences entre États Membres concernant le rôle des Nations Unies en rapport à cette question. Il a ensuite expliqué que l’Inde s’était toujours efforcée de mobiliser les technologies spatiales en faveur des classes les plus démunies.
L’Inde a organisé une exposition pour montrer comment un pays en développement pouvait utiliser les outils issus de la technologie spatiale pour améliorer les conditions économiques et sociales. M. Mahajan a également évoqué la mise en orbite de satellites fournissant de l’éducation à distance, de la cartographie, des communications radios, de la télédétection et de la télémédecine. L’Inde a organisé une conférence sur la télémédecine et elle a mis en place un projet-pilote pour assurer des services de télémédecine, de l’éducation à distance et un support en ligne à l’intention des zones rurales. Le représentant a ensuite évoqué la coopération Sud-Sud, dont un projet entre l’Inde et les pays de l’Union africaine, visant à connecter les zones rurales de 53 nations par réseau satellite. Il a en outre mentionné le centre pour l’éducation aux sciences et techniques spatiales pour l’Asie et le Pacifique basé dans son pays. L’Inde estime que l’espace constitue un instrument du développement et elle encourage la construction de capacités nationales au travers de la coopération internationale afin de permettre aux pays en développement de bénéficier des programmes d’applications des techniques spatiales.
M. RAN GIDOR (Israël) a déclaré que son pays était « enthousiaste » à l’idée d’appliquer ses connaissances et ses aptitudes dans la promotion des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, rappelant qu’il partageait la vision et les objectifs des Nations Unies à cet égard. Il a présenté plusieurs activités relatives à l’espace réalisées par Israël, notamment la mise en place de l’ISA (Agence spatiale israélienne) et le lancement de cinq satellites actuellement en orbite autour de la Terre.
Le représentant a estimé que les nombreuses applications des technologies spatiales en matière de protection de l’environnement, de santé, d’éducation et de gestion des catastrophes, étaient non seulement « louables, mais aussi accessibles ». Il a souligné le rôle actif joué par son pays dans la coopération internationale en la matière, rappelant qu’il était situé dans l’une des régions les plus arides du monde et qu’il soutenait par conséquent pleinement le travail du Comité relatif à tous les problèmes autour de la gestion de l’eau. Il a annoncé la signature il y a six mois d’un accord entre l’ISA et le CNES français (Centre national d’études spatiales), ajoutant que cette coopération avec la France était l’illustration de la politique israélienne visant à joindre ses efforts à ceux d’autres nations engagées dans l’exploration spatiale.
M. AHMED H.M. GEBREEL (Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que son pays intégrait les techniques spatiales à ses programmes de développement, notamment pour pallier à la désertification et au manque d’eau. En 1999 a été créé un centre de télédétection spatiale libyen et le pays fait partie de plusieurs organisations liées à l’espace. En dépit des progrès effectués, le monde n’a pas pu relever les défis de l’environnement et il a donc subi une série de catastrophes naturelles. Celles-ci démontrent la nécessité d’une coopération internationale dans le domaine des techniques spatiales destinée à prévenir ou à alléger les effets des catastrophes naturelles. La Libye soutient la création d’une institution internationale chargée d’apporter une aide rapide en cas de catastrophe.
Le représentant a ensuite demandé que soit établie une instance de recherche et d’assistance dans chaque pays développé, afin de transmettre les techniques spatiales aux pays en développement. Il a en outre appuyé la création d’une agence internationale destinée à coordonner ces efforts, se félicitant des progrès réalisés en ce qui concerne la codification des activités spatiales. Il a par ailleurs souligné la nécessité d’adopter d’autres règles pour assurer l’exploitation pacifique de l’espace au bénéfice de tous, invitant les États à s’abstenir de toute activité pouvant entraîner une militarisation de l’espace.
M. ASIM IFTIKHAR AHMAD (Pakistan) a déclaré que son pays accordait une grande importance aux travaux du Comité en matière d’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, rappelant son soutien à une coopération internationale soutenue notamment en matière de systèmes météorologiques, la télémédecine, la prévention et l’atténuation des conséquences de catastrophes naturelles. Il a appelé à la pleine participation des pays en développement, estimant que les technologies spatiales pouvaient permettre d’atteindre plus facilement les Objectifs du Millénaire.
Le représentant a particulièrement insisté sur les capacités de ces technologies en matière de gestion des catastrophes naturelles, citant notamment le tremblement de terre qui a touché le Pakistan il y a quelques jours. Il a ajouté que si l’on ne peut éviter de telles catastrophes, les technologies spatiales peuvent permettre en revanche de mieux les prévoir et d’en atténuer par conséquent les effets. Concernant la question de la militarisation de l’espace, il a demandé l’application des accords en vigueur et la négociation d’une Convention internationale pour préserver une utilisation strictement pacifique de l’espace. Il a en outre estimé que la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) devait travailler plus étroitement avec le Comité. Enfin, il a souligné les progrès faits par le Pakistan dans l’application des sciences et technologies spatiales.
M. SIMEON A. ADEKANYE (Nigéria) s’est félicité que le Sommet mondial ait reconnu le rôle important des technologies spatiales dans le développement durable. Pour la première fois, l’Assemblée générale a tenu une réunion plénière sur l’application des technologies spatiales, a-t-il précisé. Il a également salué la décision du Comité de travailler en coopération avec la Commission du développement durable. En collaboration avec l’Afrique du Sud et l’Algérie, le Nigéria organisera la première conférence sur les sciences et les technologies spatiales au service du développement durable en Afrique, a-t-il annoncé. Cette conférence devrait permettre de renforcer les programmes prioritaires du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) en matière de science et de technologie. M. Adekanye a ensuite souligné que le principal défi auquel faisait face la communauté internationale étaient les catastrophes naturelles, et il a approuvé la création d’une organisation internationale de coordination de la gestion des catastrophes depuis l’espace (DMISCO), capable de promouvoir de façon plus efficace l’application des technologies spatiales pour répondre aux catastrophes qui affligent la planète.
Le représentant a ensuite évoqué le rôle joué par le Nigéria en matière d’alerte et de gestion des catastrophes grâce à NigeriaSat-1, qui fait partie d’une constellation de satellites qui gère les catastrophes. Il a ensuite appelé le Comité à continuer de traiter des questions de l’eau et de l’espace, et s’est félicité de ses efforts pour développer une série d’instruments juridiques encadrant l’exploration humaine et pacifique de l’espace extra-atmosphérique. M. Adekanye a en outre salué le travail du Bureau des affaires spatiales pour aider les pays en développement à développer leurs connaissances en matière de droit de l’espace via l’organisation d’ateliers, dont l’un va se tenir au Nigéria. Il s’est également félicité que le Comité envisage d’adopter un plan à long terme pour renforcer la coopération internationale et a mentionné le projet de lancement du premier satellite nigérian de communication.
M. TAKEOMI YAMAMOTO (Japon) a rappelé que son pays avait adopté un programme de développement pour la prochaine décennie qui donne la plus haute priorité à la recherche en matière de technologie spatiale, pour le triple objectif d’assurer la sécurité nationale, d’améliorer la qualité de la vie des citoyens japonais et de promouvoir un développement durable pour l’humanité. Il a également annoncé la mise en fonction avec succès du lanceur spatial HII-A, destiné à l’observation météorologique et au contrôle du trafic aérien en Asie du Sud-Est et dans les régions occidentales du Pacifique, expliquant que deux autres lanceurs similaires seraient lancés en 2006.
Le représentant a ensuite réaffirmé l’engagement de son pays dans la coopération internationale en matière d’exploration spatiale, rappelant que la planète était confrontée à de nombreux problèmes environnementaux et de nombreuses catastrophes à grande échelle. À cet égard, il a énuméré les nombreuses contributions de son pays au développement de programmes internationaux, comme le GEOSS, et à une coordination plus étroite des pays de la région Asie-Pacifique dans la mise en place d’un système de gestion des risques liés aux catastrophes naturelles.
M. JEAN BENGALY (Burkina Faso) a estimé que l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques se révélait être « un véritable créneau de développement » en matière de gestion des ressources naturelles, de protection de l’environnement, de prévention des catastrophes naturelles et d’accès à l’éducation et à la santé. Il a affirmé que son pays tirait un grand avantage des retombées de la technologie spatiale grâce à la coopération internationale, soulignant particulièrement le soutien du Canada et de la France. Il a appelé à une coopération internationale renforcée, estimant que le transfert de technologies restait le meilleur gage d’avancées à cet égard.
Le représentant a affirmé que l’adoption d’un instrument juridique international sur les utilisations pacifiques de l’espace s’avérait « plus que nécessaire » et demandé une plus grande considération de la question environnementale. Face à des catastrophes naturelles qui montrent qu’aucun pays n’est à l’abri, il a déclaré que la mise en place d’un système international de prévention et de gestion en la matière constituait « une urgence ».
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