QUATRIÈME COMMISSION: LES TECHNOLOGIES SPATIALES PEUVENT CONTRIBUER AUX OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
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Quatrième Commission
10e séance – après-midi
QUATRIÈME COMMISSION: LES TECHNOLOGIES SPATIALES PEUVENT CONTRIBUER AUX OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a entamé cet après-midi son débat sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. Le Président de la Quatrième Commission, Yashar Aliyev, a souligné que l’utilisation des techniques spatiales contribuait à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et qu’elle devait donc bénéficier à l’humanité tout entière, et notamment aux pays en développement. Il a souligné le rôle de ces techniques dans la vie des habitants de la planète, citant notamment la gestion des catastrophes naturelles, la gestion des ressources hydriques, l’éducation à distance et la télémédecine. Un professeur de la Virginia Commonwealth University a expliqué que la télémédecine permettait de réduire la fracture numérique pour un coût raisonnable, en favorisant la prise en charge puis le suivi à distance de patients habitant dans des zones isolées ou touchées par des troubles civils. Il a cependant reconnu que cette application n’était pas encore pleinement développée.
Pour sa part, le Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique s’est félicité que les dirigeants du monde se soient engagés, lors du Sommet mondial, à soutenir la recherche à destination des pays en développement, ainsi que le transfert de technologies et le développement de stratégies nationales dans ces pays. Il a estimé que les récentes catastrophes naturelles survenues dans diverses parties du monde rappelaient une nouvelle fois au Comité la nécessité de redoubler d’efforts dans la prévention et l’atténuation des effets de ces catastrophes.
Lors du dialogue interactif qui a suivi, plusieurs délégations ont souligné la nécessité de renforcer la coopération nationale et les ressources financières afin de permettre à tous les pays, y compris ceux du monde en développement, de bénéficier des applications des technologies spatiales. Par ailleurs, plusieurs délégations ont salué l’organisation d’un dialogue interactif à la Quatrième Commission, dans le cadre du processus de revitalisation des Nations Unies. Le représentant du Chili a estimé pour sa part que ce type de dialogue devait être reconduit, afin d’éviter la pratique des discours interminables.
La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace demain, mardi 18 octobre, à 15 heures.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Rapport du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (A/60/20)
Dans son rapport, le Comité indique qu’au cours de sa quarante-huitième session, qui s’est tenue à Vienne du 8 au 17 juin 2005, il a poursuivi, à titre prioritaire, l’examen des moyens de veiller à ce que l’espace continue d’être utilisé à des fins pacifiques. L’intensification de la coopération régionale, interrégionale et internationale et un partage plus équitable des ressources de l’espace ont été préconisés. Le Comité a noté que les États membres continuaient d’appliquer les recommandations sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III). Il a en outre été convenu de resserrer les liens entre ces recommandations et celles réalisées par la Commission du développement durable. Le Comité a également étudié la possibilité de créer une entité internationale pour assurer la coordination et fournir les moyens d’optimiser l’efficacité des services spatiaux pour les besoins de la gestion des catastrophes.
Le Comité a par ailleurs pris note du rapport du Sous-Comité scientifique et technique sur les travaux de sa quarante-deuxième session, se déclarant préoccupé par la modicité des ressources financières mises à la disposition du Programme des Nations Unies pour les applications des techniques spatiales. Le Comité a estimé que le tsunami du 26 décembre 2004 avait mis en évidence l’importance de recourir davantage et plus efficacement à ces techniques pour la prévision et le suivi des catastrophes naturelles.
Lors de sa session, il a également pris note du rapport du Sous-Comité juridique sur les travaux de sa quarante-quatrième session, se félicitant des progrès réalisés concernant les cinq traités des Nations Unies relatifs à l’espace ainsi que dans l’élaboration d’un droit national de l’espace par les États membres. La question de l’examen et de la révision éventuelle des Principes relatifs à l’utilisation de sources d’énergie nucléaires dans l’espace continue d’être examinée. Aucun consensus n’a pu être trouvé jusqu’ici concernant la possibilité que l’ONU remplisse la fonction d’autorité de surveillance prévue par le futur « Protocole portant sur les questions spécifiques aux biens spatiaux à la Convention relative aux garanties internationales portant sur des matériels d’équipement mobiles ».
Enfin, le Comité est convenu qu’il fallait encore favoriser les retombées des techniques spatiales parce qu’elles dynamisaient les entreprises et contribuaient sensiblement à améliorer la qualité de vie des populations dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la gestion de l’eau et des déchets organiques.
Débat général
M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan), Président de la Quatrième Commission, a rappelé que la science et la technologie étaient indispensables à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a souligné que les technologies spatiales contribuaient à améliorer la vie de chacun. Les techniques satellitaires jouent un rôle crucial dans la gestion des catastrophes naturelles en permettant de visionner les dommages et de communiquer avec les zones touchées, a-t-il indiqué. Les utilisations pacifiques de l’espace contribuent en outre à la gestion des ressources hydriques, aux projets de télé-éducation qui desservent les zones isolées, à la télémédecine qui permet d’aider ceux qui vivent dans des zones où les structures de santé font défaut.
M. Aliyev a ensuite rappelé que la Convention sur l'immatriculation des objets lancés dans l'espace extra-atmosphérique avait été inaugurée il y a 20 ans, invitant les États de lancement à informer les Nations Unies sur leurs activités. Les traités et principes édictés par l’Organisation fournissent un cadre légal qui assure la poursuite d’une exploration pacifique de l’espace et son utilisation au bénéfice de toute l’humanité. Il a salué le nombre croissant d’États qui ratifient ces traités. La coopération internationale, en particulier celle s’appuyant sur le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, est à son avis cruciale pour s’assurer que tous les pays, notamment ceux en développement, bénéficient des technologies spatiales. C’est ainsi que le Système international de satellites pour les recherches et le sauvetage (COSPAS-SARSAT) vient en aide aux avions et navires en détresse. Pour sa part, la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » vise à établir un système unifié de données spatiales afin de produire des images permettant de répondre aux catastrophes naturelles. Enfin, le troisième Sommet d’observation de la Terre qui s’est tenu à Bruxelles cette année, a permis la création du Groupe intergouvernemental sur l’observation de la Terre (GEO) qui réunit 50 États et 30 organisations internationales. Ce Groupe a pour mission de mettre en application un plan de 10 ans dont l’objectif est la création d’un Système des systèmes mondial d’observation de la Terre (GEOSS), susceptible d’établir un réseau durable de diffusion de données. M. ALIYEV a enfin rendu hommage au travail du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
M. ADIGUN ADE ABIODUN (Nigéria), Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a estimé que le tremblement de terre qui a frappé le Pakistan et l’Inde, les glissements de terrain en Amérique centrale, ainsi que le cyclone Katrina, appelaient une nouvelle fois le Comité à redoubler d’efforts dans la prévention et l’atténuation des effets des catastrophes naturelles, notamment par l’utilisation de la technologie spatiale. Il s’est félicité que les dirigeants du monde se soient engagés lors du dernier Sommet mondial à soutenir la recherche à destination des pays en développement, le transfert de technologies et le développement de stratégies nationales dans ces pays. Il a rappelé que le Comité avait réalisé depuis longtemps la capacité des applications de technologies spatiales à résoudre les nombreux problèmes auxquels l’humanité est confrontée, ajoutant que son but était de faire en sorte que les bénéfices de la technologie puissent toucher toutes les populations.
Le Président du Comité a insisté sur les trois conférences qui ont eu lieu concernant les questions de l’exploration et de l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et sur le « travail acharné » du Comité pour l’application des recommandations UNISPACE III. Il a enfin présenté le rapport de ce Comité « engagé dans la recherche de manière innovante pour promouvoir la coopération internationale relative à l’utilisation pacifique de l’espace ».
Reprenant la parole, M. ADE ABIODUN a poursuivi en présentant dans le cadre du débat interactif, un rapport sur les contributions des technologies spatiales au développement durable. Il a rappelé les conséquences des activités humaines sur le climat en particulier, par les émissions toxiques, mais aussi l’impact de certains événements naturels, comme l’éruption du volcan Pinatubo en 1991, sur le monde entier. Il en a énoncé les principales conséquences en matière climatique: hausse des températures globales, hausse du niveau de la mer et assèchement de certains points d’eau, comme le lac Tchad. Il a estimé que les décideurs doivent reconnaître que les cartes géospatiales font partie des infrastructures nationales, et qu’il faut mieux étudier l’implantation de certaines populations dans certaines régions.
Il a souligné le rôle essentiel des informations données par les systèmes de navigation par satellite dans la prévention des catastrophes naturelles et le renforcement d’un développement durable. Il a présenté les multiples satellites disponibles, notamment les satellites météorologiques, océaniques et marins, et les bénéfices potentiels de leur utilisation, à la fois dans la prévention des catastrophes et dans la connaissance propre des pays de leur territoire. Il a rappelé que les conséquences d’un tremblement de terre au Chili en 1960 avait eu des conséquences désastreuses jusqu’au Japon, et que les technologies spatiales pouvaient atténuer les conséquences des catastrophes par la communication d’informations.
Enfin, il a appelé les décideurs à élargir le réseau de communication et la coopération entre les pays en la matière, rappelant que les retombées de l’utilisation des technologies spatiales devaient pouvoir être utilisées par les pays en développement car elles sont elles-mêmes un outil de développement fondamental.
M. RONALD MERRELL, Professeur à la Virginia Commonwealth University, a expliqué que les médecins faisaient face à de trop nombreuses informations, et qu’ils devaient apprendre à trier. Il a indiqué que le système hospitalier était presque numérisé aux États-Unis et que l’usage des ordinateurs devenait usuel. La télémédecine est l’utilisation de la science de l’information et des télécommunications pour soutenir la diffusion de soins de santé. Le coût de ces techniques a fortement diminué et pouvait contribuer à réduire le coût de la médecine, a-t-il précisé. Conformément à sa charte, La télémédecine doit être utilisée dans les milieux hostiles et éloignés. M. Merrell a cité en exemples la République dominicaine, où une unité travaillant en communication constante avec un centre aux États-Unis a été installée; l’Équateur, où des dossiers ont été créés pour chaque patient sur ordinateur et où une liaison a pu être créée pour diagnostiquer des enfants habitant dans des zones de jungle qui ne sont accessibles qu’en avion. Même une fois que le chirurgien a quitté le lieu des opérations, le généraliste resté sur place peut communiquer avec lui en vue de la prise en charge post-opératoire des patients, a-t-il précisé.
La télémédecine permet également de traiter des patients dans des environnements extrêmes tels que l’Everest ou l’Amazone, où les télécommunications sont incontournables. En revanche, la télémédecine n’est pas encore très efficiente dans le cadre des catastrophes naturelles, car elle n’est pas intégrée au système d’intervention. Cependant, une liaison de télémédecine a pu être mise en place en trois mois en Arménie, puis en quatre jours pour l’ouragan Katrina aux États-Unis. Des programmes sont également mis en œuvre dans les zones de troubles civils tels que les États de l’ancienne Union soviétique ou le Kosovo. En conclusion, la télémédecine peut contribuer à réduire la fracture numérique, elle n’est pas forcément coûteuse et permet d’accélérer les processus en limitant le nombre de voyages, a-t-il ajouté, en soulignant qu’elle permet en outre de partager les technologies et de créer des programmes de santé durables.
M. SERGIO CAMACHO, Directeur du Bureau des affaires spatiales, a effectué une présentation d’autres points qui relèvent du Sous-Comité scientifique et technique et du Sous-Comité juridique. Il a rappelé le besoin d’énergie nucléaire fondamental dans l’espace pour alimenter les satellites trop éloignés du soleil et a souligné la nécessité de se doter d’un système de sécurité global dans l’application de ce recours à l’énergie nucléaire. Il a détaillé les différentes réunions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui se tiendront en 2006 autour de cette question.
Il a également évoqué le problème des débris spatiaux, satellites ou véhicules spatiaux et même de toutes petites particules, en insistant sur la nécessité de les réduire, notamment pour protéger les équipements fonctionnant en orbite. Il a rappelé que les États qui mettent en orbite des satellites n’étaient pas les seuls concernés par la question, affirmant qu’ils partageaient cette responsabilité avec les pays pour lesquels ces satellites sont lancés. M. Camacho a ensuite évoqué la question des objets géocroiseurs, astéroïdes ou comètes qui peuvent représenter un danger. Il a rappelé qu’un astéroïde avait été détecté le 19 juin 2004 et qu’il existait une « probabilité non négligeable » de « 1/5000 » qu’il entre en collision avec la terre en 2029. « Il y a une décision à prendre dans les prochaines années » sur cette question, a-t-il déclaré, estimant qu’il faudrait gérer cette situation au plus vite. Évoquant le travail du Sous-Comité juridique, le Directeur a rappelé la nécessité de promouvoir le respect des traités par les États et l’immatriculation des équipements fonctionnant dans l’espace. Il a salué les avancées faites sur ces deux dossiers.
Dialogue interactif
Le représentant de l’Inde a expliqué que la coopération internationale permettait d’augmenter les ressources des pays en développement en matière spatiale. À son avis, davantage de coopération internationale et de ressource sont encore nécessaires pour promouvoir les techniques spatiales, dont les applications bénéficient à l’humanité tout entière. Ces technologies pourraient être utilisées dans une plus grande variété de domaines et doivent donc être développées en ce sens. Il a noté que la prévention de la course à l’armement dans l’espace, qui fait l’objet du projet de résolution, ne devait pas dissimuler la question de l’accès aux ressources.
Le représentant du Chili a espéré que le développement d’un dialogue interactif permettrait de renforcer la coopération internationale, notamment dans le domaine de l’environnement, dont les problématiques sont transnationales. L’Assemblée générale doit se concentrer sur les questions importantes pour les pays qui n’ont pas accès aux technologies spatiales, mais qui pourraient avoir un accès plus pertinents aux informations qui découlent de ces applications. Il a notamment cité la télémédecine, qui fait l’objet de travaux dans des universités américaines. Cette technique doit bénéficier aux zones isolées, pour un coût raisonnable et non discriminatoire, a-t-il déclaré. Il a souligné que l’Amérique latine s’intéressait aux problématiques de l’espace, et que la cinquième Conférence spatiale des Amériques serait organisée en 2006 à Quito. Il a ensuite souligné la contribution de l’Inde aux questions spatiales, avant d’estimer que le Groupe d’experts créé en 1990 lors de la première ConférencespatialedesAmériques devrait avoir le statut d’observateur à la Commission de l’espace des Nations Unies. Par ailleurs, le représentant a déclaré que la pratique des dialogues interactifs devait être développée dans le cadre de la revitalisation des Nations Unies, afin de mettre un terme aux dialogues interminables des délégations, que personne n’écoute.
Le représentant du Pérou a demandé si la thématique spatiale avait été privilégiée et si l’intérêt au niveau international s’était renforcé lors de la Conférence de Kobe. Il a également salué la mise en place d’un débat interactif au sein de la Quatrième Commission, estimant qu’il pourrait être envisageable de l’étendre.
Le représentant du Chili a repris la parole pour exprimer son appui total à la déclaration du représentant du Pérou. Il a ajouté qu’il s’interrogeait sur l’absence de références aux technologies spatiales dans le document relatif à la réforme des Nations Unies, qualifiant cette lacune de « défaillance ».
M. ADE ABIODUN a expliqué que si la Conférence de Rio avait permis d’évoquer longuement le développement durable, rien de concret n’en était sorti quant aux applications des techniques spatiales en la matière. L’Assemblée générale a invité à nouveau, en 2004, la Commission à faire état des avancées réalisées en la matière dans le cadre d’UNISPACE III. Répondant au représentant du Chili, il a expliqué que dans la mesure où les États n’avaient peut-être pas prêté suffisamment d’attention aux questions spatiales par la suite, M. Camacho avait cherché, en conséquence, à présenter des applications pratiques des technologies spatiales au quotidien. Ces techniques sont innovantes et cela doit être repris dans les travaux à l'Assemblée générale, a-t-il conclu.
M. MERRELL a reconnu que la télémédecine n’était pas utilisée partout. Il a expliqué qu’en Europe et aux États-Unis, la médecine était désormais comprise dans une infrastructure de l’information car il n’était plus possible de travailler autrement et le coût restait raisonnable. Or le coût croît avec l’éloignement et le nombre de satellites reste limité. Il faut 400 dollars pour installer une antenne satellite aux États-Unis puis 40 dollars par mois, a-t-il souligné, mais 10 000 dollars en Amérique du Sud et à condition que cela soit disponible. Nous pouvons observer les coins les plus reculés de la planète en cas de tragédie, a-t-il déclaré, et je me demande pourquoi notre curiosité n’est pas la même pour intervenir et étendre le champ de notre action. Nous devons tous nous demander pourquoi la télémédecine n’apporte pas davantage.
M. CAMACHO a estimé qu’il était important de ne pas investir uniquement en présence de risques très visibles. Il a espéré que l’échange de technologies Sud-Sud se développerait.
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