En cours au Siège de l'ONU

CPSD/315

LA QUATRIÈME COMMISSION ENTEND DES PÉTITIONNAIRES SUR LE SAHARA OCCIDENTAL

07/10/05
Communiqué de presseCPSD/315
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

4e séance – après-midi


LA QUATRIÈME COMMISSION ENTEND DES PÉTITIONNAIRES SUR LE SAHARA OCCIDENTAL


La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a poursuivi cet après-midi son débat sur la décolonisation en entendant des pétitionnaires sur le Sahara occidental.  Le représentant de l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental a souligné que le Maroc n’était pas, juridiquement, la Puissance administrante du Sahara occidental et qu’il n’y détenait aucune souveraineté.  La nature juridique d’un territoire ne peut être modifiée de façon unilatérale et il revient au peuple de ce territoire de se prononcer sur sa propre autodétermination, a-t-il affirmé.  Il a également souligné que les droits d’association et de manifestation des Sahraouis, réprimés par le Maroc, devaient être protégés contre la répression de l’occupant.  Pour sa part, M. Aymeric Chauprade, de l’Université de la Sorbonne, a détaillé les liens historiques entre le Maroc et le peuple sahraoui, lequel n’a, selon lui, jamais constitué une nation.  Soulignant que le Sahara occidental faisait partie de l’essence du Maroc, il a jugé que l’Algérie cherchait à disposer d’un petit État satellite pour déboucher sur l’Atlantique.  De plus, il a affirmé que le Front POLISARIO était pénétré par des éléments radicaux et que l’islamisme séduisait une partie croissante de ses combattants.


De très nombreux pétitionnaires ont évoqué les violations des droits de l’homme commises, selon eux, par les militaires et policiers marocains au Sahara occidental.  Un prêtre représentant l’Asociación de Amistad con el Pueblo Saharaui de las Palmas de Gran Canariaa évoqué les conditions désastreuses dans lesquelles sont détenus les prisonniers sahraouis, dont le seul crime est d’avoir manifesté contre la répression marocaine.  Il a notamment fait référence aux photos et récits horrifiants rapportés au sujet de la « prison noire » de El Ayun (Laayoune).  La représentante de l’Asociación Pro Derechos Humanos de Canarias a pour sa part accusé le Maroc d’exercer « une répression brutale sur les territoires du Sahara occidental, avec une violation grave, continue et systématique des droits de l’homme », évoquant les disparitions, les violences sexuelles sur les femmes, les mineurs emprisonnés et les personnes torturées à la suite de manifestations pacifiques. 


Plusieurs pétitionnaires, dont celui du Comité international pour les prisonniers de Tindouf, ont évoqué les mauvais traitements commis à l’encontre des prisonniers marocains à Tindouf, sur le territoire de l’Algérie, où de nombreuses personnes sont toujours portées disparues.  La représentante de Freedom for All a affirmé que la peur régnait dans les camps de Tindouf, où les réfugiés sahraouis sont maltraités et contraints de rester sur place par des « conseillers révolutionnaires ».  Plusieurs représentants d’associations, dont celle de la Internacional Fundación de las Mujeres de la Democracia Cristina, ont affirmé que des enfants étaient déportés des camps de Tindouf vers des pays étrangers, où ils étaient parqués dans des camps pour y être endoctrinés et suivre une instruction militaire.


Par ailleurs, certains pétitionnaires ont mis en doute l’efficacité de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  Le représentant de l’Asociación de Amistad con el Pueblo Saharaui de las Palmas de Gran Canaria a affirmé que la MINURSOavait perdu tout prestige aux yeux des Sahraouis car elle ne prévenait pas la répression policière.  Le représentant de la Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental a exprimé l’espoir que le Conseil de sécurité modifierait son mandat afin qu’elle ne reste plus passive face aux violations des droits de l’homme et qu’elle organiserait un référendum d’autodétermination.  Puisque l’ONU continue à dépenser des millions de dollars en maintenant une présence dans la région, elle doit passer à l’action, a estimé le représentant de We International, qui a tenu à rappeler que les Sahraouis n’avaient jamais eu recours au terrorisme et qu’ils constituaient « un exemple de démocratie active qui peut-être une lumière d’espoir dans la région ».


Les pétitionnaires suivants ont pris la parole: Association internationale des juristes pour le Sahara occidental; Asociación de Amistad con el Pueblo Saharaui de las Palmas de Gran Canaria; Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental; We International; Liga Pro Derechos Humanos; Comité belge de soutien au peuple sahraoui « jongeren voor de Westelijke Sahara-Geel »; Oxfam solidarity and the European coordination of support for the Sahrawi people; Manna Church of Raeford; Defense Forum Foundation; Swedish Western Sahara Committee; Université de Las Palmas; Cynthia Basinet, nominée pour le prix Nobel de la paix en 2005; Ted Poe, membre du Congrès des États-Unis; Université de la Sorbonne; Asociacion Saharaui de derechos humanos; Asociación pro derechos humanos de Canarias; Movimiento Canario de Solidaridad; Teach the Children International; Comité international pour les prisonniers de Tindouf; Saharawi Children’s Program; Family protection; Internacional Fundación de las Mujeres de la Democracia Cristina; Freedom for All; etSurrey Three Faiths Forum.


La Quatrième Commission reprendra ses travaux lundi matin à 10 heures.


QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL


Audition de pétitionnaires


M. FELIPE BRIONES VIVES, Asociacióninternacional de juristas por el Sahara occidental, a insisté sur le fait que le Maroc n’avait « aucune souveraineté sur le Sahara occidental » et ne pouvait être considéré comme une Puissance administrante, ajoutant que sa présence dans le territoire demeurait « illégale ».  Il a comparé cette situation aux précédents de l’Indonésie au Timor oriental et d’Israël dans la bande de Gaza et la Cisjordanie.  Il a estimé que les activistes sahraouis devaient bénéficier d’une protection spéciale dans le cadre du droit humanitaire lorsqu’ils exigeaient la tenue d’un référendum ou qu’ils brandissaient des drapeaux du POLISARIO.  Il a également déclaré que le Maroc agissait en violation des droits de l’homme dans le territoire en pratiquant « des arrestations arbitraires, la torture et la persécution à travers des procès criminels ».  Il a affirmé que la population sahraouie devait être protégée et ses droits de manifestation et d’association préservés.


Le pétitionnaire a par ailleurs demandé la nomination d’un nouveau juriste indépendant pour le Sahara occidental, poste non occupé depuis 1999.  Il a estimé que les Nations Unies étaient tenues d’éradiquer les pratiques irrespectueuses des droits de l’homme du Maroc et qu’il était temps pour elles de démontrer que la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux était « plus qu’une manifestation d’intention ».


M. SERGIO DE LA ASUNCIÓN ALFONSO MIRANDA, Asociaciónde Amistad con el Pueblo Saharaui de las Palmas de Gran Canaria, a raconté le voyage qu’il a effectué en compagnie d’autres prêtres espagnols à Laayoune, capitale du Sahara occidental, dont les rues sont peuplées de militaires et de policiers marocains.  Nous avons relevé des traces de torture chez certains Sahraouis, a-t-il affirmé, évoquant leur grande anxiété devant la solitude dans laquelle ils sont confinés en raison de l’indifférence de la communauté internationale.  Des femmes nous ont demandé de nous rendre dans une prison, a-t-il raconté, dans l’espoir que notre visite prévienne les disparitions et les tortures de détenus dont le seul crime est d’avoir manifesté contre la répression marocaine et réclamé l’organisation du référendum d’autodétermination approuvé par les Nations Unies.  Il a ensuite fait référence aux personnes portées disparues depuis des années, dont certaines sont de nationalité espagnole.


Le pétitionnaire a ensuite évoqué la situation désastreuse dans les prisons surpeuplées, et les récits horrifiants rapportés au sujet de la « prison noire » où sont regroupés les Sahraouis avant d’être expédiés vers une destination inconnue.  Cet été, les civils sahraouis ont été particulièrement victimes de la cruauté de la police à Laayoune, a-t-il déclaré, ajoutant que la MINURSO avait perdu tout prestige aux yeux des Sahraouis.  Ses membres sont considérés comme des « touristes en goguette » qui séjournent dans les meilleurs hôtels mais n’ont pas empêché la répression policière, et ne s’inquiètent ni de la situation dans les prisons, ni du pillage des ressources naturelles. 


M. PEDRO PINTO LEITE, Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental, a évoqué les similarités entre le Sahara occidental et la situation du Timor oriental avant l’indépendance.  Le Maroc continue à défier les résolutions des Nations Unies, a-t-il déclaré, mais les pressions auxquelles il est soumis se font plus lourdes.  En conséquence, la répression du peuple sahraoui s’est accrue, les cas de torture se sont multipliés et le pillage des ressources naturelles s’est poursuivi.  Après avoir mentionné « l’Intifada » du peuple sahraoui, le pétitionnaire a rappelé que le Kenya, faisant suite à l’Afrique du Sud, venait d’établir des liens diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD).  Celle-ci détient tous les attributs d’un Etat souverain, a-t-il soutenu, puisque les Sahraouis des camps de Tindouf s’auto-administrent.  Il a ensuite fait référence aux photos en provenance de la « prison noire » marocaine d’El Ayun, où les prisonniers sahraouis sont détenus dans de terribles conditions.  Il a dénoncé la propagande marocaine dans les nations démocratiques, citant la suppression des frontières entre le Maroc et le Sahara occidental sur les cartes lors  d’expositions organisées aux Pays-Bas et au Japon, où la ville sahraouie d’El Ayun a été rebaptisée Laayoune.  Enfin, le pétitionnaire a espéré que devant les terribles photos de prisons marocaines à El Ayun, le Conseil de sécurité modifierait le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour qu’elle ne reste plus passive face aux violations des droits de l’homme et qu’elle organise enfin un référendum d’autodétermination dans la dernière colonie d’Afrique.   


M. DAVID J. LIPPIAT, WeInternational, a affirmé que malgré 30 ans d’occupation, la population sahraouie n’avait jamais eu recours au terrorisme et qu’elle était « un exemple de démocratie active qui peut être une lumière d’espoir dans la région ».  Il a accusé les Nations Unies de n’avoir rien fait pour empêcher « l’occupation brutale et illégale du Sahara occidental » par le Maroc, estimant que ce dernier n’avait aucune légitimité de souveraineté sur le territoire et ne respectait ni la quatrième Convention de Genève, ni les résolutions de l’ONU.


Le pétitionnaire a évoqué de multiples violations des droits de l’homme dans le territoire, la disparition ou l’emprisonnement « de centaines, voire de milliers » de Sahraouis.  Il a critiqué le fait que le Maroc ait rejeté le Plan Baker, affirmant que cela prouvait qu’« il ne se souciait pas de voir justice rendue ».  Il a ensuite exhorté les Nations Unies à imposer une solution en passant par le Chapitre VII de la Charte.  « Au lieu de continuer à dépenser des millions de dollars en conservant une présence dans la région du Sahara occidental, faisons quelque chose », a-t-il lancé.


M. FRANCISCO JOSÉ ALONSO RODRÍGUEZ, LigaEspañola Pro-Derechos Humanos, a estimé que le Sahara occidental était le théâtre de « l’un des conflits les plus honteux du panorama politique international actuel », ajoutant qu’il s’agissait d’« un cas évident où les intérêts économiques et géopolitiques prévalent sur les droits de l’homme ».  Il a déclaré qu’il était intolérable de voir encore 200 000 Sahraouis dans les camps de Tindouf, en Algérie, et dénoncé la violation systématique des droits de l’homme au Sahara occidental, notamment par l’usage de la torture, une répression quotidienne et impunie et des cas de viols.  Il a aussi évoqué l’impossibilité pour les organisations non gouvernementales d’obtenir des autorisations d’entrée au Sahara occidental, affirmant que des militants des droits de l’homme et des membres d’ONG se sont vus refuser, en vol, l’autorisation de débarquer dans le territoire.


Il a réitéré son appel à la tenue d’un référendum sur l’autodétermination sous l’égide des Nations Unies, « seule solution digne, juste et légitime » à ses yeux.  Il a salué la grève de la faim menée par 37 Sahraouis pour dénoncer l’occupation illégale du Sahara occidental, et exigé que le Maroc permette la visite d’une commission médicale internationale dans les prisons, tout en demandant à la communauté internationale d’intervenir, « pour en finir avec ce conflit qui dure depuis plus de 30 ans ».


M. SEPP VAN DER VEKEN, Comité belge de soutien au peuple sahraoui -  jongeren voor de Westelijke Sahara-Geel, a évoqué la construction d’un centre de la jeunesse à Smara, après plusieurs visites dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.  Il a insisté sur le travail mené par l’UJSARIO, organisation nationale de la jeunesse sahraouie qui met en place des programmes d’enseignement et des activités pour la jeunesse sahraouie.  Pour permettre à cette génération de concilier ses traditions et les valeurs démocratiques, il fallait lui offrir des opportunités, à la fois en matière d’études et d’accès au travail.


Il a estimé qu’il fallait donner à ces jeunes la chance de trouver et de développer leurs aptitudes, et de leur montrer que la société avait besoin d’eux.  Pour aider les jeunes et empêcher que ces derniers ne se tournent vers la violence, le pétitionnaire a demandé que l’on s’attaque au coeur du problème.  « Nous avons déjà gaspillé deux générations dans notre incapacité à aider les Sahraouis dans leur quête juste de l’autodétermination.  Nous ne pouvons pas nous permettre d’en perdre une troisième », a-t-il conclu.


Mme HILDE TEUWEN, OxfamSolidarity and the European Coordination of Support for the Sahrawi People, a insisté sur la situation humanitaire dans les campements de réfugiés sahraouis ainsi que celle de la population qui vit dans les territoires contrôlés par le Front POLISARIO, notant qu’elle « s’est gravement détériorée ».  « Les contributions des intervenants internationaux ne sont pas adaptées, ni en quantité, ni en qualité », a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite cité une étude nutritionnelle commandée par le Programme alimentaire mondial (PAM) faisant état de nombreux cas de malnutrition et d’anémie dans les campements de réfugiés.


La pétitionnaire a estimé que les changements décidés par le PAM et par European Community Humanitarian Office (ECHO) d’associer leurs aides avaient appauvri le panier alimentaire des réfugiés et appelé les gouvernements à continuer leurs efforts.  « Après presque 30 ans d’exil, les réfugiés sahraouis n’en peuvent plus », a t-elle déclaré, rappelant qu’ils vivaient « dans le lieu peut-être le plus hostile du monde à l’être humain ».


M. DAN STANLEY, Pasteur de Caroline du Nord, Manna Church of Raeford, a rappelé que c’est l’Assemblée générale des Nations Unies elle-même qui avait, par sa résolution 1514, initié le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Il est temps de concrétiser le droit légal de ce peuple d’être libre, a-t-il déclaré, avant d’évoquer comment il avait accueilli deux Sahraouis aux États-Unis et comment il s’était rendu dans les camps de réfugiés de Tindouf pour y prier avec les réfugiés.  J’étais sur place lorsque 202 prisonniers de guerre marocains ont été relâchés, et j’ai vu l’un de ces prisonniers pleurer avec un Sahraoui alors qu’ils se disaient adieu.  Le monde doit apprendre à connaître le peuple sahraoui et je demande aux Nations Unies de mettre un terme à cette tragédie en mettant en œuvre la décolonisation du Sahara occidental, a-t-il conclu.


Mme SUZANNE SCHOLTE, DefenseForum Foundation, a affirmé que les Nations Unies n’avaient pas tenu leur promesse d’organiser un référendum, ce qui mine leur autorité.  Elle a déclaré que la situation était complètement bloquée en raison du refus du Maroc de tout accord.  Elle a accusé le Maroc de ne pas vouloir débloquer la situation, et a dénoncé les emprisonnements abusifs, les passages à tabac et les assassinats de manifestants ou de militants pour l’autodétermination.


La pétitionnaire a ajouté qu’il était temps de voir si il y avait d’autres solutions pour le Sahara occidental et qu’il fallait avant tout que le Maroc se retire du territoire.  Elle a estimé que les milliards dépensés pour financer sa présence au Sahara occidental pourraient être utilisés par le Maroc pour son peuple.  Elle a enfin lancé un appel pour que les Nations Unies jouent pleinement leur rôle, faute de quoi ce sera, à ses yeux, la preuve que les Sahraouis ont eu tort de leur faire confiance.


Évoquant le discours très agressif de représentants marocains en Suède, M. JAN STRÖMDAHL, SwedishWestern Sahara Committee, a estimé qu’ils étaient frustrés que personne ne les soutienne, et qu’ils avaient perdu leur dernier argument lorsque le Front POLISARIO avait relâché tous les prisonniers de guerre marocains qu’il détenait.  Les dirigeants marocains affirment que le Sahara occidental est marocain et ce pays, tout comme la France, ne trace pas de frontière entre les deux territoires sur ses cartes.  Pourtant, la seule vérité est que les deux tiers du Sahara occidental sont colonisés et encerclés par un immense mur militarisé de 1 800 kilomètres, a-t-il déclaré.  M. Strömdahl a souligné que si le Maroc considérait que ce conflit l’opposait à l’Algérie, les résolutions des Nations Unies et le Plan de règlement avaient été signés uniquement par ce Royaume et par le Front POLISARIO.


M. Strömdahl a ensuite estimé que le Maroc devrait à son tour relâcher les prisonniers sahraouis, ainsi que les personnes prétendument disparues.  Il a ensuite dénoncé la version des dirigeants marocains qui, tout en acceptant l’existence du POLISARIO et de camps de réfugiés autour de Tindouf en Algérie, affirment que les réfugiés y sont retenus de force.  M. Strömdahl a également affirmé que les dirigeants marocains répandaient des contrevérités sur la société sahraouie et sur le POLISARIO, et qu’ils empêchaient les journalistes et les politiciens d’accéder au Sahara occidental.  Il a réclamé la création d’une commission d’enquête pour étudier la situation des droits de l’homme dans le territoire occupé et dans les camps.  Une solution politique négociée doit être mise en œuvre sans délai et si le Maroc persiste à refuser le Plan Baker II, il faut revenir au Plan de règlement qu’il avait signé, a-t-il conclu.


M. RAFAEL J. ESPARZA MACHÍN, Université de Las Palmas, a rappelé que 14 années après l’intervention de l’ONU, la solution à la situation du Sahara occidental n’avait pas pu être trouvée.  À ses yeux, cela s’explique par l’impossibilité de mettre en place une liste d’électeurs.  « La situation continue d’être bloquée du fait qu’on n’a pas incité le Maroc et l’Algérie à s’asseoir autour d’une table de négociations », a t-il ajouté, se prononçant pour avancer vers la construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA).  Il a également prôné un statut d’autonomie pour le Sahara occidental proche de celui de la Communauté autonome des Canaries à l’intérieur du Royaume d’Espagne, et la résolution des problèmes de la population sahraouie dans un cadre démocratique et du respect des droits de l’homme.


Il s’est dit conscient de l’énorme difficulté de trouver la solution à ce problème, mais a estimé que régler le contentieux du Sahara occidental serait positif pour toutes les parties: le Maroc, l’Algérie, leurs voisins du Maghreb, l’Union européenne, les Nations Unies et même les îles Canaries, proches du territoire.  Il a enfin demandé « de changer le destin de l’effort économique que requiert le conflit actuel en injectant des investissements socialement et économiquement rentables ».


Mme CYNTHIA BASINET, Nominée pour le prix Nobel de la Paix en 2005, a déclaré qu’en tant que mère célibataire, elle savait trop bien comment le manque de sécurité pouvait influer sur un peuple.  Cela fait 30 ans que les Sahraouis poursuivent l’autodétermination, et ils sont devenus un modèle pour nous en faisant preuve de foi, d’honneur, de compassion et de ressources face à l’adversité, a-t-elle expliqué.  Elle a espéré que sa visite sur place mettrait en lumière le difficile sort du peuple sahraoui.  Cinq ans après le début du millénaire, nous devons comprendre que la valeur des sociétés déplacées réside dans ce qu’elles peuvent nous enseigner. 


M. TED POE, membre du Congrès des États-Unis, dans une déclaration lue par M. TRAY HICKS, a estimé qu’il fallait se concentrer uniquement sur les décisions et les faits juridiques concernant la situation du Sahara occidental, sans se laisser distraire par d’autres considérations.  Il a exprimé la crainte que cet exemple ne crée un précédent dangereux.  Les Nations Unies vont-elles continuer à promouvoir le droit à l’autodétermination ou vont-elles commencer à reconnaître l’expansion de certains pays par la force militaire? s’est-il interrogé, affirmant que la question du Sahara occidental risquait de donner l’impression au monde que les Nations Unies étaient incapables de résoudre les différents liés aux frontières qui persistent, notamment entre l’Éthiopie et l’Érythrée, le Nigéria et le Cameroun, et le Nord et le Sud Soudan.  


Le pétitionnaire a exhorté l’ONU à « considérer les faits » et à prendre une résolution juste sur ce problème.  À la suite de cette déclaration, le représentant du Nigéria a affirmé que le parallèle entre la situation au Sahara occidental et le différent qui oppose le Nigéria au Cameroun était « déplacé ».


M. AYMERIC CHAUPRADE, Université de la Sorbonne, est venu exprimer sa foi profonde dans le bon droit du Maroc quant au litige du Sahara occidental.  Ce sujet délicat est l’héritage de la guerre froide et de son clivage idéologique, le Maroc ayant été victime de son appartenance au camp occidental, a-t-il affirmé, et nous devons aujourd’hui nous libérer de l’idéologie.  Il a alors évoqué les liens historiques entre le Sahara occidental et le Maroc, dont les frontières précoloniales dépassaient largement celles d’aujourd’hui.  Selon lui, il n’a jamais existé de nation sahraouie mais une identité plurielle de tribus ayant toujours fait allégeance au souverain marocain, tandis que plusieurs dynasties marocaines sont sorties du creuset saharien.  Le droit que nous devons construire doit être fondé sur l’évidence d’un long passé, a-t-il expliqué, affirmant que la revendication marocaine tenait de l’essence, comme jadis l’Alsace-Lorraine pour la France. 


Le pétitionnaire a ensuite estimé que l’Algérie cherchait à disposer d’un petit État satellite faible pour déboucher sur l’Atlantique.  Il a expliqué que l’indépendance gagnée en 1956 par le Maroc n’était que la première étape de sa décolonisation, et que ce pays avait réalisé un miracle de développement à partir du néant du Sud désertique.  Il faut en terminer avec la souffrance du peuple marocain, y compris la très large partie des Sahraouis ralliés à sa souveraineté, a-t-il déclaré, car la situation est en train de se dégrader.  Partout dans le monde, le fondamentalisme religieux récupère les problèmes locaux, a-t-il expliqué, s’inquiétant de l’évolution du Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et du gain de popularité de ses thèses parmi les membres du POLISARIO.


M. MANUEL NICOLÁS GONZÁLEZ DÍAZ, AsociaciónSaharaui de Derechos Humanos, a déclaré que la population sahraouie avait été dépouillée de ses droits au terme d’un processus historique.  Il a évoqué l’intervention de parties tierces à la question, qui ont créé un conflit et fait des victimes collatérales, telles que la population des îles Canaries, qui sont sous souveraineté de l’Espagne. 


Mme MARÍA DOLORES TRAVIESO DARIAS, Asociación Pro Derechos Humanos de Canarias, a accusé le Maroc d’exercer « une répression brutale sur les territoires du Sahara occidental, avec une violation grave, continue et systématique des droits de l’homme ».  Elle a affirmé que son association avait pu se rendre à 10 reprises ces trois dernières années à Laayoune et avait recueilli des témoignages faisant état de personnes disparues, de violences sexuelles sur les femmes et de mineurs emprisonnés.


Elle a cité trois personnes qui auraient été victimes de tortures et d’agressions lors de manifestations pacifiques ou même de leur hospitalisation, dénonçant l’impunité dont bénéficieraient les auteurs de ces exactions et opposant les revendications pacifiques des Sahraouis à la violence utilisée par le Maroc pour y répondre.


M. PABLO RODRÍGUEZ RODRÍGUEZ, MovimientoCanario de Solidaridad, a rappelé que le Sahara occidental se situait à seulement 100 kilomètres des îles Canaries et que « sa situation grave pourrait devenir irréversible si on n’agit pas avec rapidité, intelligence et une extrême rigueur ».  Il a ajouté que le Maroc était à ses yeux le principal responsable de la situation et qu’il lui semblait inadmissible qu’en plus de 25 ans, celle-ci n’ait pu être résolue.  Il a évoqué les obstacles dressés par les autorités marocaines quant à l’accès du territoire aux membres des organisations humanitaires et des institutions espagnoles et a accusé le Maroc de négocier la cession des intérêts économiques du peuple sahraoui à des entreprises étrangères, notamment espagnoles, « au mépris absolu des résolutions des Nations Unies ».


Le pétitionnaire a ajouté que la situation dans la capitale du territoire était extrêmement dure et que les droits de l’homme les plus élémentaires n’y étaient pas respectés.  Il a également évoqué les conditions de vie « extrêmement délicates » dans les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie.  Il a enfin dénoncé « la politique double du Maroc, qui apparaît dans les réunions internationales comme un pays respectueux des principes et des valeurs démocratiques, mais qui, dans le même temps, ne se soumet pas aux résolutions ».  Il a enfin invité la MINURSO à s’impliquer davantage et à l’ONU à mettre une plus forte pression pour résoudre le conflit.


Mme NANCY HUFF, Teachthe Children International, a affirmé qu’« au fil des ans, les hommes et les femmes dans les camps ont perdu espoir ».  Elle a rappelé les carences nutritionnelles et l’environnement naturel particulièrement pénible dans lequel vivent les réfugiés et a exhorté les Nations Unies à faire pression pour trouver une solution au problème du Sahara occidental.


Elle a estimé que « personne n’écoute les pleurs des Sahraouis » et demandé l’organisation rapide d’un référendum au Sahara occidental et le retour des réfugiés sur leur territoire natal.  Dans l’intervalle, elle a émis le souhait que les voyages entre les camps de réfugiés et le Sahara occidental soient rendus plus faciles pour que les réfugiés puissent rendre visite à leurs familles restées dans le territoire.


M. LORD NEWALL, Comité international pour les prisonniers de Tindouf, a indiqué que les derniers 404 prisonniers marocains avaient été relâchés en août 2005, dont certains étaient détenus depuis 25 ans au sud de l’Algérie.  Il a dit que la Croix-Rouge avait déjà participé au rapatriement de 2000 prisonniers, précisant que son Comité, qui recueillait les témoignages d’anciens prisonniers, avait entendu parlé de nombreux cas d’abus de droits de l’homme, de harcèlement, de recours à la torture et de travail forcé.  Il a précisé qu’il avait essayé, sans succès, de rencontrer l’Ambassadeur de l’Algérie à Londres ainsi que le Représentant du Front POLISARIO.  Il a mis l’accent sur le fait que tous les abus mentionnés avaient eu lieu sur le territoire algérien, un État signataire des Conventions de Genève.  Le pétitionnaire a souhaité la mise en place d’une enquête internationale, en notant que 210 personnes au moins avaient disparu des camps de Tindouf.  Il a exprimé l’espoir que les responsables d’abus des droits de l’homme seraient jugés et que les victimes de ces abus pourraient obtenir des réparations de la part de l’Algérie, pays où ces abus ont eu lieu.  Enfin, il a demandé que le nécessaire soit fait pour retrouver les corps des disparus en exhortant les Nations Unies à bien vouloir prendre en main cette question.  


Mme JANET LENZ, SaharawiChildren’s Program, a raconté avoir séjourné dans des familles sahraouis, tandis que des enfants sahraouis étaient hébergés dans des familles américaines.  Certains sont les enfants de dirigeants du Front POLISARIO et d’autres ont été victimes des mines placées par le Gouvernement marocain.  La guerre prend une forme plus subtile, les bombes ayant été remplacées par la manipulation politique et une utilisation avisée des médias, a-t-elle déclaré.  Cependant, ce n’est pas toujours subtil et les Marocains ont violé à plusieurs reprises les droits de l’homme de façon flagrante au cours des derniers mois.  Elle a expliqué que le Maroc avait emprisonné et torturé des femmes et des hommes pour avoir osé s’exprimer à voix haute sur leur sort.  Des Sahraouis ont mené une grève de la faim pour protester contre la stagnation de la situation, ce qui n’est nullement une action terroriste.  La pétitionnaire a rappelé que le Front POLISARIO avait libéré les derniers prisonniers marocains qu’il détenait, et qu’il attend depuis bien longtemps le référendum qui lui a été promis.  Tout Sahraoui qui exprime ses convictions et met en danger sa sécurité et celle de sa famille, a-t-elle ensuite souligné.  Le peuple sahraoui demande simplement la liberté et les dirigeants qu’il a choisis, sans être dispersé entre diverses nations.


Mme JANE BAHAIJOUB, FamilyProtection, a salué la libération des 404 prisonniers marocains le 18 août dernier, avant de s’inquiéter du sort des personnes disparues dans les prisons et les camps de Tindouf qui seraient entre 260 et 600.  Elle a évoqué « le profond impact psychologique et physique » sur les familles de ces personnes disparues et accusé l’Algérie d’être en violation de la Convention de Genève en ignorant les appels de la communauté internationale sur ce dossier.


Elle a rappelé que l’Algérie contrôlait toutes les parties de son territoire, et notamment les camps de Tindouf, et qu’elle n’avait jusqu’ici pas répertorier les centaines de personnes disparues « par manque de volonté politique ».  Elle a affirmé que le besoin d’information des familles requérait une implication immédiate des autorités locales et demandé une enquête indépendante sur le sort des personnes disparues, afin de traduire en justice les responsables de tortures et de meurtres.


Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, Présidente de la Internacional Fundación de las Mujeres de la Democracia Cristina, a déclaré que la population du Sahara occidental et le Maroc étaient traditionnellement liés par des vœux de loyauté qui constituent en droit musulman une base de légitimité du Maroc sur ce territoire.  Elle a évoqué « l’interprétation un peu étrange du droit international par certaines parties » qui le réduisent, à ses yeux, au droit à l’autodétermination et accusé l’Algérie de chercher à affecter l’unité et l’intégrité territoriale du Maroc en limitant la notion de peuple sahraoui à la population qui vit sur le territoire marocain.  Elle a estimé qu il était temps « de mettre fin à cette mascarade ».


La pétitionnaire a ensuite affirmé que de nombreux enfants étaient déportés des camps de Tindouf vers Cuba, où ils seraient parqués dans des camps pour y être endoctrinés et y suivre une instruction militaire et pour y être utilisés comme main-d’œuvre bon marché.  « La déportation de ces enfants est utilisée par le POLISARIO, avec la bénédiction de l’Algérie, comme un moyen de pression afin de retenir leurs pères dans les camps de Tindouf », a-t-elle ajouté.  Elle a demandé à la communauté internationale de se rendre dans les camps, à la fois en Algérie et à Cuba, estimant que le dossier du Sahara occidental devait être réglé par l’ouverture d’un dialogue entre le Maroc et l’Algérie.  Elle a conclu en affirmant que « sans l’Algérie, la question du Sahara occidental ne se serait jamais posée ».


Mme TANYA WARBURG, Freedomfor All, a décrit les conditions de vie des réfugiés des camps de Tindouf, dans le Sud-Ouest de l’Algérie, qui sont contrôlés par le Front POLISARIO depuis 30 ans.  Dans ces camps règne une atmosphère de peur, de suspicion et de répression, causée par les punitions brutales, les actes de torture et d’emprisonnement que cautionnent les conseillers révolutionnaires de ces camps.  Les réfugiés n’ont pas le droit de quitter les camps, a-t-elle ajouté, en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Maris, femmes et enfants y sont séparés, et les femmes sont bien souvent forcées de se remarier contre leur gré; les jeunes filles, une fois isolées, sont systématiquement violées puis séparées de leur enfant après la naissance; les enfants de plus de 15 ans sont formés au combat avec des armes financées par la vente des biens humanitaires destinés aux réfugiés; enfin, des enfants plus jeunes sont fréquemment déportés vers Cuba, la Libye, l’Angola ou le Mozambique, afin de punir leurs parents ou de garantir la coopération de ces derniers, a expliqué Mme Warburg.  Les Nations Unies, qui placent les droits de l’homme au cœur de leurs préoccupations, doivent venir en aide aux victimes du conflit du Sahara occidental, a-t-elle conclu.


M. SYDNEY ASSOR, Surrey Three Faiths Forum, a dénoncé « le détournement d’aides et de fonds de l’ONU par le Front POLISARIO » et a demandé de pouvoir enquêter pour trouver les coupables de ces détournements.  Il a réclamé la fin du blocus sur les camps de réfugiés et un accès libre offert aux organisations internationales.  Il a demandé ensuite « un audit des pots de vin distribués » dans ce dossier.


Se déclarant non partisan, il a évoqué les conditions terribles dans les camps de réfugiés et leur besoin essentiel de l’aide humanitaire.  « Nous avons eu assez de bavardages stériles », a-t-il ajouté, demandant de pouvoir enquêter immédiatement sur la gestion de l’aide acheminée jusqu’au camps de réfugiés.  « Les fraudes sont rendues possibles par le manque de contrôles », a-t-il expliqué, en exigeant que le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) aille sur place, au lieu de suivre l’acheminement des dons « depuis Alger ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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