En cours au Siège de l'ONU

CD/2969

LA CONFÉRENCE DES ÉTATS PARTIES AU TRAITÉ SUR LA NON-PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE S’ACHÈVE SUR UN SENTIMENT D’ÉCHEC ET DE FRUSTRATION

27/05/2005
Communiqué de presse
CD/2969

Conférence des Parties au Traité sur la

non-prolifération des armes nucléaires chargée

d’examiner le Traité en 2005

21e & 22e séances – matin & après-midi


LA CONFÉRENCE DES ÉTATS PARTIES AU TRAITÉ SUR LA NON-PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE S’ACHÈVE SUR UN SENTIMENT D’ÉCHEC ET DE FRUSTRATION


De nombreuses délégations attribuent l’absence

de résultats à la défense d’intérêts nationaux étriqués


La Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a achevé cet après-midi ses travaux en adoptant un texte final* jugé modeste, voire même décevant, par un nombre important de délégations.  Aux termes de quatre semaines de travaux qui devaient être consacrées au renforcement d’un Traité que l’on considère comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération dans le monde, les 153 États participants ont adopté un document de nature procédurale qui n’aborde pas de questions de fond.


De nombreux États parties au TNP ont fait part de leur déception devant les résultats « modestes » de la Conférence d’examen à un moment où le régime de non-prolifération est soumis à d’importantes tensions.  Certaines délégations comme celle du Canada ont attribué l’échec des négociations à l’entêtement de certains États de défendre des intérêts nationaux à court terme au détriment d’intérêts collectifs à long terme.  «  Nous avons gaspillé notre temps en de vains marchandages procéduraux.  Nous avons vu également un État se montrer intransigeant sur les questions pressantes du jour et avoir l’orgueil d’exiger que les priorités de beaucoup cèdent le pas aux préférences d’une poignée », a-t-il insisté.


Le représentant du Brésil, qui fait partie de la Coalition pour un nouvel agenda, un groupe de sept États en faveur du désarmement nucléaire, mais également le Chili, ont dit partager avec les autres délégations un sentiment de frustration profond.  « L’absence de volonté politique combinée à une certaine inflexibilité et à des approches sélectives ont mené aux résultats que nous connaissons », a estimé le représentant du Brésil. 


Plus modéré, le représentant du Luxembourg, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a regretté que l’équilibre entre les trois piliers du TNP –à savoir la non-prolifération, le désarmement et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire- n’est plus reflété de manière appropriée dans les documents de la Conférence.  Le représentant a toutefois jugé que le document final constitue une référence pour la préparation du prochain processus d’examen.


Des progrès notables ont été réalisés, en particulier concernant l’examen d’indicateurs de non-application des articles 1, 2 et 3 du Traité, a estimé pour sa part la représentante des États-Unis, tout en faisant remarquer que de nombreuses violations juridiques des accords de sauvegarde de l’AIEA depuis 2000 avaient sapé considérablement le régime de non-prolifération.  Elle a aussi estimé que le retrait sommaire de la Corée du Nord du TNP et la poursuite du programme nucléaire par la République islamique d’Iran mettent à jour les tromperies qui menacent la crédibilité des mécanismes de non-prolifération. Intervenant à son tour, le représentant de la République islamique d’Iran a dénoncé la politique menée par les États-Unis au cours de ces cinq dernières années, une politique qui repose, selon lui, sur la dissuasion nucléaire et le maintien du statut opérationnel des armes nucléaires.


La Conférence d’examen avait ce matin pris note du rapport du Comité de vérification des pouvoirs présenté par son Président, M. Ivan Piperkov de la Bulgarie, qui a indiqué que 150 États parties avaient participé à la Conférence. Elle a également pris note du rapport de la Grande Commission I, présidée par M. Sudjadnan Parnohadiningrat de l’Indonésie qui a précisé que les travaux ont été freinés par le nombre considérable de questions dont il était saisi.  La Grande Commission I n’a pu de ce fait parvenir à un consensus sur les documents de travail** dans la mesure où ces documents ne reflétaient pas pleinement les vues de tous les États Membres.  La Grande Commission I était chargée de mener des négociations sur les questions portant sur le désarmement nucléaire et les garanties de sécurité.


Elle avait aussi pris note du rapport final, tel qu’amendé oralement, de la Grande Commission II, présidée par M. Laszlo Molnar de la Hongrie.  Ce dernier avait précisé que la Commission n’était pas parvenue à un consensus sur la proposition visant à annexer le projet du Président, tel qu’il figure dans le document de séance***, au rapport final de la Conférence.  La Grande Commission II avait été chargée d’examiner les questions d’ordre régional et notamment celle relative à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et les garanties de sécurité.


La Présidente de la Grande Commission III, Mme Elisabet Borsiin Bonnier (Suède), présentant son rapport, avait précisé qu’aucun consensus ne s’était dégagé.  La Grande Commission III était chargée de négocier sur les points de l’ordre du jour relatifs à la mise en œuvre des dispositions du Traité touchant à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.


*     NPT/CONF.2005/DC.1

**    NPT/ CONF/2005/MC.1/CRP.3 et CRP. 4

***   NPT/CONF.2005/MC.II/CRP.3


Déclarations


M. PAUL MEYER (Canada) a regretté que la défense bornée d’intérêts individuels à court terme ait pris le pas sur les intérêts collectifs à long terme. Nous avons gaspillé notre temps à de vains marchandages procéduraux.  Nous avons vu également un État se montrer intransigeant sur des questions cruciales et pressantes et avoir l’orgueil d’exiger que les priorités de beaucoup cèdent le pas aux préférences d’une poignée.  Notre communauté est affaiblie par le refus d’un contrevenant qui refuse de rendre des comptes à ses pairs et par la défection de cette communauté devant un État qui n’est visé par aucune sanction.  Nous sommes gênés par un manque d’imagination et de volonté de rompre avec le statu quo pour adopter de nouveaux modes de fonctionnement.


Il faut bien comprendre que ce qui s’est passé ici reflète une réalité plus générale.  Le monde est confronté, en matière de désarmement et de non-prolifération, à des problèmes similaires dans d’autres enceintes.  Les États parties au TNP doivent désormais prouver qu’ils soutiennent les engagements politiques qu’ils ont pris dans le processus du Traité et qu’ils y donnent suite. Il est aussi primordial de relancer l’activité multilatérale et, pour cela, de sortir de l’impasse la Conférence du désarmement pour pouvoir enfin avancer sur des questions cruciales liées au TNP comme le projet de traité sur l’interdiction des matières fissiles.  Si cela se révélait impossible, nous devrions envisager de faire avancer certains de ses travaux en passant par d’autres institutions multilatérales.  On ne peut pas refuser indéfiniment à la communauté internationale l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Nous consulterons d’autres États pour faire en sorte que cet instrument entre pleinement en vigueur.


En ce qui concerne la non-prolifération nucléaire, nous appuyons l’adoption de garanties généralisées de l’AIEA et de son Protocole additionnel comme norme de garantie du TNP.  Dans le futur, nous appuierons le renforcement des contrôles nationaux à l’exportation, notamment au regard des technologies sensibles à la coopération internationale.  Nous appuierons aussi l’élaboration de nouvelles initiatives  multilatérales relatives au cycle de combustion nucléaire tout en renforçant les avantages de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Nous espérons que d’autres États parties seront tout autant motivés par les résultats décevants de cette Conférence d’examen et qu’ils s’associeront dans un effort collectif pour repousser la menace nucléaire.


M. YOSHIKI MINE (Japon) a déclaré qu’il était regrettable que la Conférence d’examen n’ait pas pu aboutir à l’adoption d’un document final.  Toutefois, le régime du Traité lui-même n’a pas été durement amoindri et, plus que jamais, il demeure d’une importance immense pour la paix et la sécurité internationales.  Face aux défis qui se posent à nous, un renforcement et une universalisation complète du Traité s’avèrent indispensables et bénéficieraient à tous les États.  Nous sommes également d’avis que chaque État partie doit redoubler d’efforts pour renforcer le TNP afin que le manque d’accord substantiel convenu internationalement n’entraîne pas d’érosion de l’autorité et de la crédibilité du TNP.  Dans ce contexte, le problème posé par le comportement de la Corée du Nord constitue une menace grave au régime de non-prolifération.  C’est pourquoi, le Japon appelle la Corée du Nord à démanteler sans délai ses programmes nucléaires.  Il est également important que l’Iran apporte la preuve de sa bonne foi concernant le développement à des fins pacifiques de ses activités nucléaires nationales.  Le Japon continuera par ailleurs d’œuvrer dans le sens d’une plus grande universalisation du régime du TNP.  C’est pourquoi, nous demandons instamment à l’Inde, au Pakistan et à Israël d’accéder le plus tôt possible et sans conditions au Traité.


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie), s’exprimant au nom du États parties au TNP au sein du Mouvement des pays non alignés, a déclaré qu’il était évident que l’avenir du TNP suscitait encore des questions.  Nous demeurons attachés au Traité qui représente un élément important du cadre mondial de désarmement.  Nous avons agi de bonne foi tout au long de la Conférence d’examen et avons tenté de faire avancer les positions de principes que nous défendons depuis longtemps.  Nous avons convenu que la non-prolifération, le désarmement et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire doivent être abordés de manière équilibrée.  L’absence d’équilibre menace de défaire le régime de non-prolifération.  Il est également important de préserver les décisions des conférences de 1995 et de 2000.  Nous avons offert des solutions de compromis et réaffirmé notre attachement à mettre en œuvre de bonne foi les obligations découlant du Traité.  Nos efforts malheureusement n’ont pas abouti aux résultats escomptés.  Les divergences entre les États parties sur des questions fondamentales étaient trop importantes pour être surmontées.


M. AHMED FATHALLAH, Vice-Ministre des relations multilatérales de l’Égypte, a indiqué que son pays demandait à la Conférence de s’engager dans un examen juste et impartial de la mise en œuvre des dispositions et décisions convenues dans le cadre du Traité de non-prolifération.  À cette fin, les principes devant guider notre travail devraient consister en un examen approfondi de la façon dont les États parties s’acquittent de leurs obligations, en particulier les provisions visant à l’établissement de normes de sécurité internationale.  L’Égypte est un fervent défenseur du Traité et, à maintes reprises, nous avons fait la démonstration de notre engagement à respecter ses obligations.  C’est pourquoi, nous pensons que le facteur décisif pour le succès des conférences d’examen à venir repose grandement sur la réaffirmation de la volonté politique des États parties à préserver l’intégrité du Traité et des dispositifs d’examen.


M. PARANHOS (Brésil) a dit partager avec les autres délégations un sentiment de frustration profond.  Nous aurions préféré que cette Conférence d’examen s’achève tout autrement en réaffirmant les engagements pris lors des conférences précédentes et en insistant sur le rôle central du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et notre détermination à garantir un équilibre entre les trois piliers sur lesquels il repose, à savoir la non-prolifération, le désarmement et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Malheureusement, nous avons laissé passer une occasion importante.  L’absence de volonté politique combinée à une certaine inflexibilité et à des approches sélectives a mené au résultat que nous connaissons.  L’absence de résultats significatifs nous dicte la nécessité de lancer une réflexion sur notre responsabilité collective de préserver le Traité de non-prolifération.


M. TIM CAUGHLEY (Nouvelle-Zélande) a estimé que les circonstances actuelles impliquaient que les ambitions des parties en matière de désarmement nucléaire soient revues.  Il a regretté que les batailles procédurales aient pris une part excessive dans le déroulement des débats.  La frustration domine car aucune question de fond n’a pu être abordée et l’examen des moyens de lutte contre la prolifération n’a abouti à l’adoption d’aucune mesure concrète.  Les engagements pris lors de la Conférence de 2000 n’ont pas été examinés comme il se doit pour en accélérer la mise en œuvre.  Poursuivant, le représentant a jugé qu’un retrait du Traité, au vu de nos développements et de la situation actuelle, aurait des conséquences risquant d’aggraver encore la paralysie de la diplomatie du désarmement multilatérale.


M. KAYSER (Luxembourg), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des États associés, a constaté que la Conférence n’est pas parvenue à un document de consensus sur les questions de fond.  L’Union européenne reste convaincue que la Position commune des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne qui a été présentée à la Conférence d’examen constitue un document de substance autour duquel un consensus aurait pu être formé.  Rappelant les priorités de l’Union –les trois piliers du TNP, les questions relatives à l’Iran, à la Corée du Nord, à l’Asie du Sud, et au Moyen-Orient- le représentant s’est dit déçu de constater que plusieurs États parties aient empêché que les propositions de fond des Grandes Commissions II et III et de leurs organes subsidiaires n’aient pas reçu le même traitement que les documents de base de la Commission I.  Ceci est d’autant plus regrettable, a—t-il dit, que l’équilibre entre les trois piliers du TNP n’est plus reflété de manière appropriée dans les documents de la Conférence.


Le représentant a réaffirmé son soutien aux décisions adoptées précédemment en 1995 et en 2000, en tenant compte de la situation actuelle.  L’Union européenne, a encore ajouté le représentant, constate que le document final et le programme de travail que nous venons d’adopter constituent une référence pour la préparation du processus d’examen.  Elle s’engagera sur la base de la position commune adoptée pour cette conférence.  Dans ce contexte et pour parvenir à un meilleur fonctionnement du processus d’examen, l’Union européenne est d’avis qu’il faut fixer la première réunion de la Commission préparatoire en 2007 à Vienne, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’AIEA, la deuxième réunion de la Commission préparatoire devant se tenir comme d’habitude à Genève, et la troisième à New York.


M. JURG STREULI (Suisse) a regretté le résultat excessivement modeste de la présente Conférence d’examen.  Les lenteurs dans l’achèvement du désarmement nucléaire constituent un facteur de risque pour les États dotés de l’arme nucléaire, que ce soit sous la forme d’un accident ou d’une incitation à la prolifération, a dit le représentant.  Poursuivant, il a estimé que la prolifération ne visait pas les seuls États qui s’en font les plus ardents dénonciateurs, mais qu’elle constituait une menace globale ainsi qu’elle détruit les rapports de confiance entre États et affaiblit le système du multilatéralisme.  De plus, a encore dit M. Streuli, la prolifération freine la collaboration dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et frustre ainsi toute une partie de la planète, dont les besoins en développement technique et en énergie propre sont considérables et grandissants.  Seule une approche tenant compte des intérêts en matière de sécurité de tous permettra de renforcer le TNP et de le faire avancer.


M. KJETIL PAULSEN (Norvège) a dit sa déception devant le piètre rapport final adopté aujourd’hui alors que le régime de contrôle des armes à l’échelle mondiale est soumis à des tensions importantes.  Il est regrettable que la communauté internationale ne puisse pas s’entendre sur des questions comme celles portant sur le retrait d’un État partie au Traité, le respect des obligations et la menace du terrorisme nucléaire.  Il est aussi regrettable que certaines délégations aient accordé une attention particulière aux questions de procédure, ce qui a mené à l’échec des négociations de fond.


Mme JACKIE W. SANDERS (États-Unis) a estimé que les nombreuses violations juridiques des accords de sauvegarde de l’AIEA depuis 2000 avaient sapé considérablement le régime de non-prolifération.  Le retrait sommaire de la Corée du Nord du TNP et la poursuite du  programme nucléaire de l’Iran mettent à jour les tromperies qui menacent la crédibilité des mécanismes de non-prolifération.   Les États-Unis, pour leur part, poursuivent une approche robuste et globale de la lutte contre les risques de terrorisme nucléaire.  Ainsi, à l’initiative de M. Bush, les États-Unis ont mis en place un système d’interdiction de transport des armes de destruction massive.  Nous demeurons inquiets face à la volonté manifeste, selon nous, de l’Iran de se doter d’un programme nucléaire à des fins militaires.  La prolifération d’installations destinées à la production d’enrichissement d’uranium appauvri aurait dû interpeller davantage la présente Conférence d’examen.  Poursuivant, la représentante a invité tous les États à adhérer au protocole additionnel de l’AIEA et a souhaité que soit intensifiée la coopération pacifique entre les pays.  Elle a regretté que la Conférence d’examen ne soit pas parvenue à adopter un document de consensus.  Cependant, des progrès notables ont été réalisés, en particulier concernant l’examen d’indicateurs de non-application des articles I, II et III du TNP.


M. MERIC (Turquie) a souscrit à la déclaration faite par le Luxembourg, au nom de l’Union européenne et a regretté que la Conférence d’examen n’ait pas pu aboutir à un résultat concret et adapter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires aux réalités auxquelles nous sommes confrontés.  Le TNP reste un instrument international viable et irremplaçable.  Nous ne devons épargner aucun effort pour préserver sa vitalité et son intégrité.


M. YURI ARIEL GALA LOPEZ (Cuba) a regretté profondément que l’essentiel des débats ait porté sur des questions de procédure.  Cependant, il convient de réaffirmer notre confiance dans les principes fondamentaux du TNP, en particulier la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Poursuivant, le représentant a estimé que la réalisation de l’objectif d’élimination complète de tous les arsenaux nucléaires nécessitait l’adoption de nouveaux moyens.  En outre, en s’opposant aux acquis des Conférences de 1995 et 2000, la principale puissance nucléaire a fait obstacle au bon déroulement de nos délibérations.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a regretté que la Conférence n’ait pas été en mesure de répondre aux attentes de tous.  L’Algérie aurait souhaité parvenir à un résultat de fond qui soit le fruit d’un réel examen du TNP et qui aurait permis aux États parties de disposer d’un cadre et des outils nécessaires pour affronter les menaces à l’intégrité du TNP et mener à bien l’objectif du désarmement nucléaire. L’Algérie tient à réaffirmer son soutien au TNP et exprime sa détermination à œuvrer aux côtés des États parties à la préservation  de cet instrument essentiel et de ses trois piliers.  L’Algérie croit fortement que le seul moyen de préserver l’autorité et la crédibilité du TNP est de promouvoir la pleine mise en œuvre de ses dispositions.


M. ANTONOV (Fédération de Russie) a regretté qu’un document final consensuel n’ait pas pu être trouvé, alors que cela était à notre portée, a-t-il estimé.  Nous n’avons pas réussi à nous entendre sur une vision commune et complète en vue d’atteindre nos objectifs.  Cependant, notre travail n’a pas été vain, puisque nos documents attestent de discussions approfondies sur les moyens nous permettant d’honorer les engagements pris en vertu du TNP.  Nous notons ainsi le nombre d’éléments essentiels qui nous unissent, personne n’ayant par exemple remis en question l’utilité du TNP sur le fond.  Chaque État partie a par ailleurs confirmé sa volonté de respecter ses obligations en appelant de ses vœux un renforcement du régime dé vérifications de l’AIEA.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a jugé regrettable le fossé qui existe entre les diverses conceptions et approches.  Le manque de consensus a malheureusement conduit au fait que la Conférence d’examen n’a pas pu aborder le problème dans la péninsule coréenne et la question de l’élaboration d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles.  Nous lançons un appel à la Corée du Nord pour qu’elle reprenne sans plus tarder les pourparlers à Six.  Toutefois, le manque de consensus sur le document final ne signifie pas pour autant un échec.  Le TNP reste un instrument important de plus en plus reconnu. De plus, des progrès limités ont été accomplis sur la mise en œuvre de l’article 1- relatif au retrait d’un État partie au TNP.  Le compte-rendu des débats sur les questions de fond devrait être utilisé de manière constructive lors des prochaines réunions d’examen.


M. SMITH (Australie) s’est déclaré très frustré que les États parties n’aient pas su saisir l’occasion qui leur était offerte de réfléchir de manière plus effective sur les graves problèmes de prolifération auquel le monde est aujourd’hui confronté. Il est toutefois important de souligner qu’à ce jour, l’échec de la Conférence n’affecte pas la teneur du TNP qui demeure un instrument vital pour la paix et sécurité internationales, a-t-il dit.  Souvenons-nous qu’avec 189 États parties, le TNP est toujours l’outil de désarmement multilatéral ralliant le plus de membres.  De plus, le Traité a établi une norme internationale qui déclare illégale la prolifération d’armes nucléaires et fournit un cadre de travail visant à l’élimination totale d’arsenaux de ce type.  L’Australie est certes déçue par l’issue négative de la Conférence d’examen 2005, mais elle continuera de redoubler d’efforts, en étroite coopération avec les autres membres, pour relever les défis posés dans le domaine de la prolifération.


M. SYLVESTER EKUNDAYO ROWE (Sierra Leone) a jugé que, compte tenu de la gravité des menaces actuelles en matière de risque nucléaire, il était absolument nécessaire d’établir un bilan des travaux de la Conférence d’examen 2005.  Au cours de cette session, et quelle que soit l’issue, les délégations ont souligné le fait indiscutable que le TNP était un instrument multilatéral s’appliquant non seulement aux questions de prolifération d’arsenaux nucléaires mais aussi au désarmement général et complet ainsi qu’à la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  La Sierra Leone estime que tant que tous les États, en particulier les puissances nucléaires, ne se seront pas engagés à travailler avec assiduité à l’application de leurs obligations en vertu du Traité, les prochaines conférences risquent de se terminer sur la même note négative que la présente session, a dit le représentant.


M. HU XIAODI (Chine) a estimé que cette Conférence d’examen s’était déroulée dans un contexte international très particulier, mettant à mal la crédibilité du régime de non-prolifération.  Au cours de la présente Conférence, nos échanges et efforts constants ont démontre la volonté commune à tous les États de renforcer le TNP.  Malheureusement, la Conférence n’a pas pu élaborer de document final de fond.  La Chine, pour sa part, continue de considérer que le Traité, en tant qu’instrument universel, jouera encore un rôle indispensable pour la paix et la sécurité internationales.  La Chine tâchera de s’acquitter de ses obligations au titre de partie dans un esprit positif et constructif, en attachant une importance accrue à la réalisation des objectifs liés aux trois piliers du régime de non-prolifération.


M. SUDJANAN PARNOHADININGRAT (Indonésie) a regretté que trop de temps ait été consacré à discuter de questions de procédure alors que les questions de fond ont été négligées.  Nous n’avons pas été à la hauteur de nos responsabilités.  La réalité doit nous pousser à continuer à déployer nos efforts.  Nous devons envoyer un message clair et sans équivoque qui montre notre attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a évoqué la déclaration de Djakarta qui consacre un nouveau partenariat entre l’Asie et l’Afrique pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive.  Nous y réaffirmons que le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération et des efforts de désarmement.  Nous devons renforcer ce traité pour garantir la paix et la sécurité internationales.


M. ABDUL SAMAD MINTY (Afrique du Sud) a dit que sa délégation avait participé activement à la recherche d’un résultat positif pour cette Conférence.  Nous voulions aborder en profondeur les principaux défis au régime de non-prolifération, en particulier le développement des réseaux illicites et la mise en place de systèmes  de contrôle à l’exportation censés mettre un terme à ce développement.  Au début de la Conférence, nous avions déclaré que malgré les inconvénients d’un processus préparatoire insuffisant pour cette session, la validité du TNP déterminait toujours la mise en œuvre du TNP dans son ensemble.


M. ANATOLIY SCHERBA (Ukraine) a regretté les résultats modestes de la Conférence d’examen 2005.  Nous sommes bien loin encore d’une compréhension et d’une vision communes des menaces au TNP.  Ceci est regrettable pour l’Ukraine qui a pris la décision essentielle de renoncer aux armes nucléaires.  Nous sommes pleinement attachés aux efforts de non-prolifération dans la mesure où toute érosion du TNP aura des conséquences graves sur la paix et la sécurité internationales.


M. LABBE (Chili) a tenu à remercier les ONG et la société civile pour avoir contribué à divers degrés aux efforts des délégations.  Le Chili éprouve frustration et déception devant l’échec de la Conférence d’examen 2005, a dit le représentant.  L’absence de document final témoigne de cet échec.  Les manœuvres de procédure ont littéralement étouffé le déroulement de nos débats.  Ce qui s’est produit montre que tous les États parties jouissent potentiellement d’un droit de veto de fait.  C’est pourquoi, a poursuivi le représentant, nous souhaitons que soient adoptées des pratiques démocratiques au sein des enceintes internationales multilatérales.  Il faut, à cette fin, établir un organe qui puisse prévoir l’évolution de la situation internationale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La réflexion doit se concentrer sur la mise en place d’une diplomatie multilatérale adaptée aux enjeux présents et futurs.  La vocation multilatérale ne doit pas s’exprimer par des discours mais par des actes volontaires visant à répondre aux vœux de toutes les nations.


M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a évoqué la prorogation par consensus des dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1995 puis l’engagement pris solennellement en 2000 par les États nucléaires pour éliminer leurs arsenaux nucléaires, ce qui laissait croire que la transparence allait constituer la pierre angulaire du Traité.  Les États parties s’étaient fixés pour objectif de renvoyer au passé les arsenaux nucléaires.  La Conférence de 2005 aurait dû être un moment charnière vers un monde libre de toute arme nucléaire.  Malgré la bonne volonté de tous les États parties sincères, la Conférence de 2005 n’a donné lieu à aucun résultat.  Ce qui est grave ce sont les politiques menées par les États-Unis au cours de ces cinq dernières années, une politique qui repose sur la dissuasion nucléaire et le maintien du statut opérationnel des armes nucléaires.  Les États-Unis ont abrogé le Traité sur les antimissiles balistiques, ce qui constitue une violation évidente des dispositions du Traité.  Les États-Unis continuent de transférer du matériel et des techniques nucléaires à des États non nucléaires comme Israël, au grand mépris du TNP.  Les États-Unis ont rejeté le Traité d’interdiction des essais nucléaires et se refusent à toute négociation sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Il faut maintenant inverser cette tendance négative.  Pour ces raisons, les États-Unis ont mis en place un écran de fumée lui permettant de camoufler ses propres activités.  Il nous reste cinq ans pour développer et adopter une approche collective malgré cet obstructionnisme évident.  Nous restons attachés au TNP et aux régimes de non-prolifération et déploierons tous les efforts en ce sens, a affirmé le représentant iranien.


Le Président de la Conférence, M. SERGIO DE QUEIROZ DUARTE (Brésil), a déclaré, en clôture de la 5ème session de la Conférence des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires chargée d’examiner le Traité en 2005, que ces quatre semaines de travaux avaient conforté son idée que le TNP jouissait du plein appui de toutes les parties.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.