En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/3837

LA TROISIÈME COMMISSION SOULIGNE L’IMPORTANCE DU LIEN ENTRE ASSISTANCE AUX REFUGIÉS ET DÉVELOPPEMENT, FACTEUR DE PAIX DURABLE

9/11/05
Assemblée généraleAG/SHC/3837
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Troisième Commission

36e et 37e séances – matin et après-midi


LA TROISIÈME COMMISSION SOULIGNE L’IMPORTANCE DU LIEN ENTRE ASSISTANCE AUX REFUGIÉ S ET DÉ VELOPPEMENT, FACTEUR DE PAIX DURABLE


La Commission sociale, humanitaire et culturelle (Troisième Commission) a achevé aujourd’hui son débat général sur le racisme et le droit à l’autodétermination et a engagé l’étude des questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés.


Elle a d’abord entendu la déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Guterres, qui a fait part de son inquiétude vis-à-vis de la montée de l’intolérance, qui contribue à nourrir un populisme, générateur d’amalgames trompeurs entre problèmes de sécurité, terrorisme et questions d’immigration et d’asile.  Cette tendance conduit ainsi à ce que l’application du droit d’asile soit restreinte dans de nombreux pays, a-t-il souligné, invitant les États à mieux informer leur opinion publique à ce sujet. 


Il s’est par ailleurs félicité que le nombre de réfugiés soit aujourd’hui à son plus faible niveau depuis 25 ans, s’élevant, fin 2004, à 19,2 millions de personnes.  Les retours ont été particulièrement importants en Afghanistan (0,5 million en 2005 sur 3,8 millions depuis 2002) et dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Libéria et en Angola, a-t-il noté.  Ailleurs, cependant, des mouvements de fuite ont commencé ou repris à la suite de conflits ou de violations massives des droits de l’homme.  C’est le cas au Soudan, dans la région du Darfour, où 200 000 personnes ont dû trouver refuge au Tchad voisin, tandis que plusieurs centaines de milliers étaient forcées à se déplacer à l’intérieur du pays.  


Le Haut Commissaire a également fait part des réformes organisationnelles et stratégiques dans lesquelles le HCR s’est engagé.  Il a en particulier évoqué la solution, pour les réfugiés de longue durée, de l’intégration dans le pays d’accueil, ce qui nécessite d’aider les pays hôtes à supporter un poids financier conséquent.  Quant à la problématique des personnes déplacées dans leur pays, il a indiqué que le mandat du Haut Commissariat se limiterait à la protection et à la gestion des camps et des abris d’urgence, tandis que les États auront la responsabilité première de gérer leurs conditions de vie et de leur apporter une assistance, tel qu’en a décidé le Comité permanent interorganisations.  S’agissant de cette question particulièrement complexe, la nécessité est apparue d’une collaboration renforcée entre le HCR, les organismes appartenant au système onusien et les ONG.  


Sur le plan organisationnel, M. Guterres a mentionné certaines réformes déjà intervenues, en particulier, la création d’un poste de Haut Commissaire assistant pour la protection, et celles attendues, l’établissement d’une Commission de consolidation de la paix, notamment.  


Plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité de renforcer le lien entre les activités d’assistance humanitaire d’urgence et les actions en faveur du développement.  Il s’agit d’une condition essentielle pour s’assurer d’une paix viable et d’un retour durable des réfugiés et des personnes déplacées dans leur région d’origine.  À cet égard, le représentant du Canada a souligné que si le nombre de réfugiés ayant pu regagner leur foyer avait augmenté, la communauté internationale doit rester consciente du fait que près de la moitié des pays qui se relèvent d’un conflit renouent avec la violence dans les cinq ans qui suivent.  


Il a également été question des problèmes posés par les flux migratoires, qui tendent à augmenter dans le cadre de la mondialisation, et qui se traduisent par une confusion entre les questions touchant aux migrations volontaires et celles portant sur les migrations forcées et auxquelles s’appliquent le droit d’asile.  La préservation du régime de protection internationale représente un défi majeur, a en particulier affirmé le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a dénoncé l’accès de plus en plus réduit aux systèmes d’asile, la mise en place de politiques d’immigration restrictives et le renforcement des contrôles aux frontières, qui obligent les migrants économiques et les réfugiés à avoir recours aux mêmes réseaux criminels, qui participent à la traite des êtres humains et aux activités de contrebande.


Le représentant de l’Ukraine a souligné que les politiques migratoires nationales devaient veiller à respecter les droits de l’homme, l’intégrité physique et la dignité des personnes, tandis que le délégué de la Fédération de Russie a estimé que la création de camps de filtrage aux frontières des pays où l’immigration est forte, qu’avait appelé de ses vœux le HCR, s’était révélée inefficace et était humiliante pour les véritables réfugiés, qui subissent des menaces à leur vie. 


La Troisième Commission a par ailleurs entendu la présentation de plusieurs projets de résolution.


Se sont exprimés au cours des débats les représentants des pays suivants: Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Angola, Japon, Chine, Suisse, Canada, Algérie, République-Unie de Tanzanie, Fédération de Russie, Malte, Turquie, Zambie, États-Unis, Soudan, Arabie saoudite, Sainte-Lucie, Croatie, Dominique (au nom de la Communauté des Caraïbes), Brésil, Jordanie, Israël, Afrique du Sud, Arménie, Ukraine, Saint-Siège, Éthiopie.


Le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a également pris part au débat.


Les représentants d’Israël et de la Palestine ont exercé leur droit de réponse au titre du point relatif au racisme et à la discrimination raciale.


La Troisième Commission achèvera son débat général sur les questions relatives aux réfugiés, demain, jeudi 10 novembre à 10 heures.  L’après-midi, il est prévu qu’elle adopte un certain nombre de projets de résolution.


RAPPORT DU HAUT COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS, QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES


Déclaration liminaire


M. ANTONIO GUTERRES, Haut Commissaire pour les réfugiés, s’est déclaré heureux que le Document final du dernier Sommet mondial ait montré que les chefs d’État et de gouvernement étaient déterminés à protéger les populations civiles contre les génocides, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, ces crimes étant à l’origine de la très grande majorité des déplacements de populations intervenus au cours des 15 dernières années.  La création de la Commission de consolidation de la paix, décidée lors du Sommet, va également dans le sens des efforts du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), qui est chargé de la protection des réfugiés, a-t-il ajouté.  Le Haut Commissaire a souligné que les défis auxquels sont confrontés le HCR restent importants.  Celui-ci doit en particulier: lutter contre une intolérance accrue partout dans le monde, qui est liée à une montée du populisme, qui fait l’amalgame entre problèmes de sécurité, terrorisme et questions d’immigration et d’asile; préserver la notion d’asile, qui est battue en brèche dans un contexte d’augmentation des flux migratoires, qui pousse les États à fermer leurs frontières, alors qu’ils devraient protéger ces demandeurs d’asile contre les dangers qu’ils rencontrent dans leur pays; développer le lien entre aide humanitaire et activités de développement afin que le retour des réfugiés dans leur pays soit durable, ce qui justifie la création d’une commission de consolidation de la paix et le renforcement du partenariat du HCR avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque mondiale.


À cet égard, le Haut Commissaire a affirmé que les objectifs assignés à cette nouvelle Commission s’inscrivaient dans le droit fil de l’initiative « Convention Plus » du HCR.  Leurs travaux seront donc intégrés pour mieux répondre aux problèmes des réfugiés.  Si le rapatriement volontaire constitue la solution idéale pour la majorité des réfugiés, a-t-il poursuivi, le HCR et la Commission devront également réfléchir aux modalités d’une réinstallation locale et plaider en faveur des pays qui ont besoin d’une aide internationale pour favoriser cette intégration.


M. Guterres a rappelé qu’en septembre 2005, le Comité permanent interorganisations avait souligné la nécessité d’opérer un partage clair des responsabilités dans le cadre de l’approche participative qui préside à la question des déplacements internes.  Ce comité a assigné au HCR la responsabilité principale en matière de protection des déplacés, de coordination et de gestion des camps et des abris de secours.  C’est cette approche qui a été appliquée avec efficacité lors du tremblement de terre en Asie du Sud le mois dernier.


Le Haut Commissaire a ensuite expliqué les deux conditions qui, selon lui, doivent s’appliquer dans le domaine de l’aide au déplacés internes.  Le HCR agira à la seule demande du Coordonnateur humanitaire, avec l’accord du pays concerné, si, d’une part, il est en mesure de faire respecter le droit d’asile et si, d’autre part, des fonds supplémentaires sont affectés à ces opérations.  Si le HCR a la tâche de mobiliser ces fonds, il ne peut détourner ceux qu’il consacre aux réfugiés.  Il travaillera avec la communauté des donateurs et cherchera à nouer de nouveaux partenariats.


Le Haut Commissaire a souligné que les partenariats étaient essentiels également pour combler le fossé entre aide humanitaire et développement, notamment avec les ONG, mais également avec les organisations régionales, comme l’Union européenne et l’Union africaine qui sont déjà des partenaires actifs.  Il a indiqué qu’une réunion serait organisée sur ce sujet, probablement en 2006, avec l’Organisation de la Conférence islamique.


M. Guterres a par ailleurs déclaré que le HCR avait déployé, en 2005, 184 missions d’urgence dans 24 pays.  Sa capacité de réaction immédiate ayant cependant diminué par rapport aux années 90, a-t-il relevé, un renforcement de ses capacités est nécessaire pour assurer la sécurité physique des réfugiés et des rapatriés, qui est au cœur de son action, mais aussi pour aider les États à exercer leurs responsabilités propres et pour coopérer avec les opérations de maintien de la paix afin de faire respecter l’état de droit et prendre en charge les activités de déminage, ainsi que celles de désarmement, de démobilisation et de réintégration à la vie civile des anciens combattants.  Pour relever l’ensemble de ces défis, a-t-il affirmé, le HCR doit nouer des partenariats forts, être assuré d’une bonne base de financement, renforcer sa responsabilisation et engager une réforme structurelle.  Le Haut Commissaire s’est déclaré engagé à établir un système de gestion transparent, doté d’objectifs clairs, permettant de mesurer les résultats obtenus. Les activités seront en outre classées par ordre de priorité afin d’identifier les besoins les plus urgents à financer et contribuer à une stabilité financière de l’institution.  Une stratégie de gestion des effectifs sera également élaborée.


Le Haut Commissaire s’est enfin réjoui qu’en 2005, le HCR ait eu à gérer le nombre de réfugiés le plus faible depuis sa création, grâce aux larges mouvements de rapatriement qu’il a accompagné, en particulier en Afghanistan avec un demi million de réfugiés (3,8 millions depuis 2002).  En Afrique, plus d’un demi million seront rentrés chez eux d’ici la fin 2005.  Après les Libériens et les Angolais, 60 000 Burundais s’apprêtent également à être rapatriés dans leur pays.  Le Haut Commissaire s’est cependant inquiété d’un affaiblissement des financements, qui sont pourtant essentiels, tant pour les Burundais que pour les réfugiés du Darfour et du Soudan-Est.  Il a conclu en appelant les États Membres à œuvrer de concert contre l’intolérance et l’exclusion.  Si l’opinion publique est une force importante pour soutenir des causes justes, elle doit être mieux informée sur la question de l’asile, afin que celui-ci continue d’être défendu comme il se doit.


Discussion


Le représentant du Soudan a attiré l’attention sur la position géographique de son pays qui attire un nombre important de réfugiés.  Il a réaffirmé son intention de coopérer avec le Haut Commissaire pour les réfugiés.  Il a précisé que la signature de l’Accord global de paix dans le Sud du Soudan a constitué un grand changement qui exige la contribution du HCR en raison du retour spontané de milliers de réfugiés.  Il a demandé dans quelle mesure le HCR pourrait fournir une aide dans ce contexte.  Au sujet du Darfour, il a déclaré que son pays avait beaucoup fait pour alléger les souffrances des réfugiés et a demandé quelles étaient les activités du HCR dans ce domaine.  Le prochain cycle de négociations, prévu prochainement sous l’égide de l’Union africaine, devrait mener à une solution, a-t-il ajouté.


Le représentant du Pakistan a déclaré qu’il aurait souhaité voir figurer dans le rapport du Haut Commissaire des références spécifiques aux contributions apportées par son pays qui abrite la proportion de réfugiés la plus importante au monde, soit 17% de l’ensemble des réfugiés.  Cette réalité aurait du ressortir plus clairement dans le rapport.  Le représentant du Royaume-Uni, au nom de l’Union européenne, a demandé quels étaient les mécanismes en place permettant de faciliter l’interaction entre le Haut Commissariat pour les réfugiés et les institutions du système des Nations Unies.


La représentante de la Géorgie a estimé que seule une coopération entre les gouvernements hôtes et le Haut Commissariat pourra mener à l’allègement des souffrances des réfugiés.  Elle a évoqué le problème des régions sécessionnistes de la Géorgie ayant conduit à l’exode d’une population géorgienne mais également russe.  Le représentant de l’Indonésie a demandé au Haut Commissaire ce qu’il en était du rapport entre les personnes déplacées à l’intérieur du leur propres frontières et le droit d’asile.


Répondant à cette série de questions, M. GUTERRES a précisé que pour ce qui est du Sud-Soudan, le HCR s’emploie à organiser le retour de 100 000 réfugiés se trouvant en République centrafricaine.  Nous procédons au déminage de la route reliant le Sud Soudan à la République centrafricaine, a-t-il expliqué.  Par contre le retour des réfugiés soudanais se trouvant sur le territoire de la République démocratique du Congo a été retardé par les agissements de l’Armée de libération du Seigneur.  Au préalable, des protocoles d’accord ont été signés entre les gouvernements concernés.  Il a expliqué également que, compte tenu de l’absence  d’infrastructures qui existent dans les camps de réfugiés, le problème du Sud Soudan touche à la viabilité de retour.  Ainsi, les acteurs du développement doivent être impliqués très rapidement dans ce processus et doivent venir à notre rencontre, a ajouté le Haut Commissaire. 


À l’heure actuelle, a-t-il dit, soyons francs! la communauté internationale n’est pas capable de faire le pont entre les activités de secours et de développement.  Cette question est essentielle et nous ne disposons toujours pas de solution.  Dans ces conditions, le retour et la paix ne sont pas viables.  Pour ce qui est du Darfour, il est clair que les possibilités de retour ne sont pas très importantes compte tenu du fait que les problèmes de sécurité sont infranchissables.  Un accord de paix n’est pas non plus la panacée.  Il va falloir que les divers acteurs concernés s’impliquent et travaillent de manière active.  Répondant à la question du Pakistan, le Haut Commissaire a expliqué que le HCR participe au pont aérien mis en place avec l’aide de l’OTAN, tout en précisant que le HCR n’est pas chef de file dans la fourniture de matériel. 


Ce n’est pas la réalité qui doit s’adapter à la théorie mais le contraire.  La théorie doit s’adapter à la réalité.  Nous devons faire preuve de souplesse et ne pas procéder à une répartition rigide des tâches.  Par ailleurs, il est impossible de trouver une solution humanitaire à un problème politique qui n’a pas été réglé au préalable.  La montée de l’intolérance, a encore estimé le Haut Commissaire, est à l’origine des problèmes touchant à la cohésion sociale des pays et à la paix mondiale.  Il a expliqué par ailleurs que le fait que le HCR fournisse une aide aux personnes déplacées dans leur propre pays ne peut pas être utilisé contre cette personne pour lui nier le droit d’asile si cette personne est menacée dans son pays.


Débat général


      M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni), au nom de l’Union européenne, a déclaré que l’Union était consciente du fardeau qui pesait sur les pays qui accueillent des réfugiés et envers lesquels elle entend faire preuve de solidarité.  À cette fin, le Conseil de la justice et des affaires internes a fait siennes les conclusions du programme pilote de protection régionale, dont le but, à travers la collaboration entre l’Union européenne, le HCR et les pays hôtes, est de trouver des solutions durables à la situation des réfugiés, en particulier par leur réinstallation.  L’Union européenne travaille également à l’établissement d’un système d’asile commun d’ici à 2010.  La Commission fait actuellement le bilan des instruments d’asile déjà adoptés par les États Membres afin de parvenir à une égalité de traitement et de protection des demandeurs d’asile, avec justice et efficacité.  Une coopération entre les États Membres sera essentielle pour parvenir à une convergence des pratiques.


S’agissant des flux migratoires, a-t-il poursuivi, l’Union européenne s’emploie à identifier les individus ayant droit à l’asile ou à la protection internationale, et estime que l’asile politique ne doit cependant pas être détourné à des fins économiques ou migratoires.  Le représentant a par ailleurs appelé le HCR à recruter davantage de personnel de sécurité sur le terrain, estimant que cette tâche requérait également une coopération avec les ONG et avec d’autres institutions des Nations Unies.  Lorsque le HCR traite de personnes déplacées dans leur pays, le représentant a estimé qu’il devrait prévoir des stratégies de transfert et de sortie afin d’éviter que des ressources du Haut Commissariat soient détournées vers des activités de développement qui sont normalement à la charge d’autres institutions.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola), au nom de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC), s’est dit préoccupé par le fait qu’en raison des conflits armés et des tensions sociales, la région compte un tiers des réfugiés dans le monde.  Il s’est par ailleurs dit encouragé par la stabilité politique générale et les développements positifs étant intervenus dans la région des Grands Lacs dans la mesure où les processus de paix en cours reposent sur l’appropriation et la durabilité.  Une approche globale du problème des réfugiés jouit par ailleurs d’un consensus au sein de pays de la SADC.  Nous reconnaissons que les mesures préventives ne peuvent pas remplacer mais doivent compléter les mesures de protection. 


La SADC estime que le rapatriement librement consenti est la solution idoine à la question des réfugiés.  Les besoins des femmes et des enfants réfugiés doivent par ailleurs faire l’objet d’une attention particulière qui doit être envisagée dans le cadre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et les divers instruments de protection de l’enfance.


M. SHIGEYUKI SHIMAMORI (Japon) a déclaré que son pays avait amendé sa loi sur le contrôle de l’immigration et établi un nouveau statut par lequel les demandeurs d’asile recevront une autorisation provisoire de séjour afin de jouir d’une base juridique plus stable.  Considérant les difficultés économiques et sociales que les flux croissants de réfugiés posent aux pays hôtes, il a affirmé que le Japon entendait apporter son assistance à ces derniers, en particulier aux États africains.


Quant au problème du retour des réfugiés dans leur pays, qui exige des solutions durables, le représentant a déclaré que son pays plaidait pour l’application du principe de la sécurité humaine, qui se fonde sur l’autonomisation des réfugiés afin d’en faire des partenaires pour le développement.  Dans cette même perspective, la cohérence doit présider aux relations du HCR avec les acteurs pertinents des Nations Unies visant à combler le fossé entre aide humanitaire et développement.  Le Japon apportera son appui à l’élaboration de solutions durables, a-t-il conclu.


Mme XIE BOHUA (Chine) s’est félicitée du concept visant à combler l’écart entre les secours et le développement, tel qu’évoqué par le Haut Commissaire, et a souhaité que le HCR continue de jouer un rôle catalyseur dans la fourniture d’une aide aux pays abritant un grand nombre de réfugiés sur leur territoire.  Abordant la réforme du HCR, elle a estimé que celui-ci devrait poursuivre ses actions de protection internationale conformément à son mandat et sur la base de la pleine coopération des États Membres; aider les pays à trouver des solutions durables à la question des réfugiés; renforcer sa gestion interne et améliorer son efficacité dans la gestion des fonds.  La représentante a indiqué que son pays était disposé à intensifier son interaction avec les pays de la région d’Asie sur la question des réfugiés.  Par ailleurs, elle a condamné la recrudescence des attaques terroristes à l’encontre des équipes de secours et du personnel humanitaire tout en précisant que les criminels se servent souvent du droit d’asile pour échapper aux poursuites ce qui a pour résultat de miner le régime de protection des réfugiés.


M. SABINA VIGANI (Suisse) a salué la création d’un poste de Haut Commissaire adjoint pour la protection des réfugiés et a proposé qu’une étude soit accomplie au terme de deux ans, afin d’en vérifier l’efficacité sur le terrain.  Il a également indiqué que son pays était favorable à un engagement du HCR en faveur des personnes déplacées, à condition que cet engagement ne se fasse pas au détriment de son mandat principal qui est de coordonner l’action internationale pour la protection des réfugiés et de chercher des solutions durables à leurs problèmes.  Dans ce contexte, la Suisse plaide en faveur d’une amélioration substantielle et qualitative des capacités et des activités de protection du HCR en faveur des réfugiés, a-t-il ajouté.


Le représentant a également pris note que le HCR n’entendait pas assumer une responsabilité entière pour les personnes déplacées à la suite d’une catastrophe naturelle, mais il l’a encouragé à mettre à disposition son expertise dans les processus d’évaluation des besoins, afin d’éviter les doubles emplois.  Il a enfin estimé que les discussions constructives qui avaient eu lieu jusqu’à présent dans le cadre de l’initiative Convention Plus devaient maintenant être intégrées dans les activités du HCR et a soutenu la proposition du Haut Commissaire de poursuivre des approches spécifiques pour trouver des solutions concrètes aux situations des réfugiés de longue durée.


M. GILBERT LAURIN (Canada) a déclaré que le nombre de réfugiés est au niveau le plus bas depuis 25 ans mais que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ne cesse d’augmenter, ce qui montre l’importance du phénomène des déplacements forcés.  La communauté internationale dispose d’outils améliorés, a indiqué le représentant qui s’est félicité de l’adoption par le HCR de deux conclusions: l’une sur les formes complémentaires de protection et l’autre sur l’intégration locale.  Ces deux conclusions contribuent grandement à la protection des réfugiés et nous appelons l’Assemblée générale à les entériner. 


Le Canada se réjouit de l’impulsion donnée au renforcement du système humanitaire de l’ONU et estime que le HCR devrait faire partie intégrante de l’ensemble du système humanitaire des Nations Unies, y compris des structures d’organisation.  Le représentant s’est par ailleurs félicité des activités de renforcement des capacités du HCR notamment aux moyens d’une réforme institutionnelle à laquelle il a apporté son soutien.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a noté que, malgré la réduction du nombre de réfugiés en 2005, celui-ci restait important, à hauteur de 19,2 millions, dont un tiers dans les pays en développement d’Afrique.  Or ce chiffre est préoccupant, a-t-il souligné, en raison, d’une part, de l’engrenage de la pauvreté, de l’exclusion, de la vulnérabilité et du désespoir des réfugiés, et d’autre part, en raison du lourd fardeau que subissent les pays d’accueil.  L’Algérie s’étant elle-même trouvée confrontée à l’exil dans les moments les plus difficiles de son histoire, c’est tout naturellement qu’elle a fait preuve de solidarité à l’égard des réfugiés sahraouis, a-t-il déclaré. 


M. Benmehidi s’est cependant déclaré surpris que l’aide de subsistance apportée par le HCR et le PAM à 155 000 réfugiés en Algérie depuis l’an 2000, qui a été révisée à la hausse en 2004 pour atteindre 158 000 réfugiés, ait récemment été ramenée à hauteur de 90 000 sur la base d’une réévaluation.  Il a estimé que cette dernière était contestable et non fondée sur la réalité du terrain.  Il s’est dit convaincu que la délégation conjointe du HCR et du PAM qui sera prochainement envoyée en Algérie pour réévaluer la situation permettra de rétablir la réalité.


Mme JUDITH MTAWALI (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays accueillait le plus grande nombre de réfugiés sur le continent africain soit 700 000 personnes.  Le rapatriement volontaire est la solution la plus durable que nous puissions trouver aux problèmes des réfugiés.  Nous participons à deux opérations volontaires: celle des réfugiés burundais et celle des réfugiés de la République démocratique du Congo.  Le Gouvernement est particulièrement inquiété par les diverses formes de violence qui peuvent se manifester à l’intérieur des camps.  La violence sexuelle appelle des mesures de prévention et de réaction.  La représentante a précisé que l’Afrique abrite 13 millions de déplacés internes, tout en se félicitant des développements positifs intervenus dans la région des Grands Lacs.


M. BORIS V. CHERNENKO (Fédération de Russie) a déclaré que, du fait de la mondialisation, les flux de réfugiés se dirigeaient de plus en plus vers les pays industrialisés et étaient désormais essentiellement constitués par des migrants économiques, qui ne justifient pas l’application du droit d’asile.  Il a estimé que cette tendance sapait l’autorité du HCR, tandis que la création de camps de filtrage aux frontières de ces pays, qu’avait appelé de ses vœux le HCR, s’était révélée inefficace et était humiliante pour les véritables réfugiés, qui subissent des menaces à leur vie.  Il a invité les États à prendre des mesures pour lutter contre les groupes criminels qui profitent de ces flux.  Il a en outre insisté sur le fait que l’immigration clandestine était accrue par des politiques migratoires restrictives mises en place par les pays développés et avait tendance à contribuer à l’extrémisme religieux et politique.  Nous devons réfléchir à des politiques migratoires plus justes, a-t-il soutenu.


Le représentant a par ailleurs indiqué que la Conférence de Genève qui, depuis 1996, était chargée de réfléchir au problème des migrations et des réfugiés au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), avait rendu ses conclusions en octobre 2005.  Celles-ci ont souligné que la CEI était passée d’une gestion de crise à une régulation plus coordonnée de ses flux de migration.  Il a espéré que les États membres s’engageraient désormais dans une collaboration régionale et bénéficieraient de l’appui du HCR et d’autres organisations internationales, notamment de l’OIM.  Il s’est enfin félicité de l’action menée par le HCR au Nord Caucase en faveur des personnes déplacées et a appuyé la décision des organisations internationales sur le terrain de tenir compte de la normalisation de la situation en Tchétchénie en passant, à partir de 2006, d’une aide humanitaire à une aide au développement.


Mme DEBORAH ATTARD-MONTALTO (Malte) a évoqué les répercussions des flux de réfugiés dans la région de la Méditerranée, en précisant que le taux d’acceptation des demandeurs d’asile sur le territoire maltais est de 53% ce qui est le taux le plus élevé d’Europe.  Le taux de détention des demandeurs est passé de 18 à 12 mois et le nombre de centres de détention a été multiplié.  Nous disposons d’une politique qui consiste à remettre en liberté les femmes et leurs enfants une fois que le processus d’identification et l’examen médical ont été achevés. 


Par ailleurs, Malte a constaté une augmentation constante du nombre d’immigrants illégaux en raison d’activités criminelles comme la traite des êtres humains, le trafic et la contrebande.  Ce phénomène, a précisé la représentante, a frappé notre société de manière soudaine et imprévue.  Les nombreux décès qui se produisent en mer appelle à une réflexion sur l’aide à apporter aux immigrants illégaux qui tentent de franchir les frontières par la mer.  La capacité de Malte à faire face à des défis d’une telle ampleur est limitée en raison de la taille et de la situation géographique du pays qui exacerbe la criminalité transnationale organisée.  Ainsi, l’immigration illégale fait partie des défis les plus visibles et les plus immédiats à régler.


M. SERHAT AKSEN (Turquie) a déclaré que la cause du nombre élevé de personnes déplacées en Turquie était le terrorisme qui sévit dans le pays depuis deux décennies.  Il a indiqué que le retour sur une base volontaire était encouragé par son Gouvernement, qui avait mis en place un programme intitulé « Retour dans les villages et réhabilitation ».  Ce programme, depuis 1994, a concerné 127 000 personnes, soit un tiers des personnes déplacées.


Le représentant a également déclaré que, sur la base des recommandations du Représentant du Secrétaire général sur les droits de l’homme des personnes déplacées, M. Ping, son pays avait engagé un dialogue avec les Nations Unies, la Banque mondiale et la Commission européenne en vue de définir les domaines et méthodes de coopération éventuels.  Il en est résulté une étude sur le nombre de personnes déplacées et leurs besoins.  Récemment, un Document stratégique intégré a été élaboré par les autorités turques sur la manière de gérer la question des personnes déplacées et une nouvelle entité a été créée au sein du Ministère de l’intérieur, afin de coordonner cette stratégie.  Un projet distinct est en cours d’élaboration avec le PNUD.


M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a relevé que la population de réfugiés dans le monde a baissé, l’année 2004 ayant enregistré un nombre de retours important en Afrique.  Toutefois, il reste des situations humanitaires complexes comme celle prévalant au Darfour.  La Zambie, a expliqué son représentant, abrite traditionnellement des réfugiés depuis près de trois décennies.  Près de 200 000 réfugiés en provenance de l’Angola et du Rwanda se trouvent sur le territoire zambien.  Le problème principal pour assurer le retour volontaire des réfugiés angolais a porté sur le manque de ressources.  Peu de progrès ont été enregistrés pour ce qui est du rapatriement des réfugiés rwandais.  Sur un total de 6 000, seuls 132 l’ont été en raison de la réticence de la majorité d’entre eux à rentrer volontairement dans leurs foyers.  Nous sommes toutefois encouragés par le processus de paix en cours en République démocratique du Congo et appelons instamment le Haut Commissariat pour les réfugiés à travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement de la RDC afin de créer les conditions préalables au retour des réfugiés.  Le représentant a en outre  évoqué une initiative zambienne qui encourage la promotion du développement par le biais de l’intégration locale des personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières.


Mme JOAN M. PLAISTED (États-Unis) a déclaré que, compte tenu du nombre important de réfugiés de longue durée dans le monde, des efforts devaient être faits pour améliorer leurs conditions de vie sur place.  La réinstallation est une solution utile, c’est pourquoi les États-Unis ont aidé à réinstaller plus de 2,6 millions de réfugiés depuis 1995, a-t-elle indiqué, soulignant que le Président Bush s’était engagé à continuer à appuyer ce programme, en partenariat avec le HCR.  La représentante s’est par ailleurs félicitée de l’engagement du HCR à faire preuve de davantage de stratégie, de transparence et de responsabilisation.  Elle a enfin assuré de l’engagement des États-Unis en faveur de la protection des réfugiés, en précisant qu’ils avaient apporté au HCR une contribution de plus de 313 millions de dollars en 2005.


M. MICHAEL SCHULZ, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, s’est dit de plus en plus préoccupé par la propension des gouvernements à voir dans la mise en place de camps une norme permettant de répondre au flux massif de réfugiés.  Les camps, loin de régler les problèmes ne font qu’en créer de nouveaux, aussi bien pour les individus que pour les communautés locales, qu’il s’agisse de violences, notamment sexuelles, ou de problèmes psychologiques et de santé.  Nous demandons instamment aux gouvernements de voir les camps comme une solution de dernier recours et de déployer davantage d’efforts pour trouver, en coopération avec le HCR et les organisations régionales compétentes, des solutions afin de mieux subvenir aux besoins de cette population.  Le représentant a regretté que dans certains cas, les débats et les discours de bonne intention ne soient pas suivis sur le terrain par la mise en place de politiques et stratégies adéquates comme c’est le cas pour le problème de la traite des êtres humains.  Ainsi, pour le représentant, malgré le consensus parmi les gouvernements de ne pas criminaliser les victimes de la traite, la réalité est parfois autre dans certains pays.


ÉLIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE


-          ÉLIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE


-          MISE EN OEUVRE INTÉGRALE ET SUIVI DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN


DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION


Fin du débat général


M. IDREES MOHAMMED ALI SAEED (Soudan) a indiqué que la Constitution soudanaise consacre l’égalité de tous les citoyens, indépendamment de leur race et religion.  Le Plan d’action de Durban a constitué un pas en avant important permettant de mieux répondre aux phénomènes dangereux que sont le racisme et la discrimination raciale.  Dernièrement, nous avons constaté une tendance fâcheuse à la diffamation de certaines religions, de leurs prophètes et de leurs textes religieux, ce qui a mené à une confrontation entre les civilisations.  Les communautés arabes et musulmanes dans le monde souffrent du déni de leurs droits politiques et socioculturels depuis les attentats du 11 septembre.  À propos de la situation du peuple palestinien, le représentant a précisé que le droit à l’autodétermination ne vaut que pour les peuples colonisés et pour ceux qui souffrent de l’occupation étrangère.  Ce droit toutefois ne doit pas être interprété de manière à permettre la dissolution de l’autorité des États.  Nous demandons à la communauté internationale de redoubler d’attention face aux nombreuses violations des droits de l’homme dont est victime le peuple palestinien.


M. ABDULLAH M.N. ALRASHIDAN (Arabie saoudite) a salué les efforts des Nations Unies dans sa lutte contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.  Il a indiqué que l’Instance islamique mondiale, mentionnée par le Rapporteur spécial dans son rapport, apportait une assistance aux victimes de catastrophes naturelles et de conflits, sans discrimination de race, de langue ou de religion.  Elle a notamment œuvré en Bosnie, au Kosovo et au Rwanda et fourni une aide aux victimes du tsunami en Indonésie, au Sri Lanka et en Thaïlande.


La lutte contre le racisme exige cependant que la communauté internationale redouble d’efforts, a-t-il poursuivi.  Il a fait part du mécontentent de l’Arabie saoudite à l’égard des tentatives conduites par certains médias de porter atteinte à l’Islam et aux croyances des musulmans, sous couvert d’une prétendue liberté d’opinion.  Il s’est également déclaré inquiet de l’islamophobie croissante, telle qu’elle a été reconnue par le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme, qui, dans ses recommandations, invitait les États Membres à contrer toute tentative de diffamation des religions. 


Le représentant a également déclaré que son pays appliquait la non discrimination sur la base du Coran, qui est le fondement de sa Constitution.  Il a précisé que l’Arabie saoudite avait déployé d’importants efforts pour développer la tolérance parmi ses citoyens et avait notamment créé, il y a quelques années, un Centre de dialogue national.  L’Arabie saoudite a en outre ratifié plusieurs conventions relatives aux droits de l’homme et a participé aux conférences mondiales pertinentes.


Mme MICHELLE JOSEPH (Sainte-Lucie) a réaffirmé le droit des peuples à l’autodétermination que sous-tendent essentiellement les différents instruments des droits de l’homme.  L’autodétermination est un droit humain fondamental et inaliénable de tous les peuples.  Malheureusement, la réalisation de ce droit continue d’échapper aux populations des territoires non autonomes, essentiellement des petits territoires insulaires comme le montre le Comité spécial de la décolonisation qui reste saisi de plusieurs dossiers.  Nous sommes préoccupés par le fait que 40 ans après l’adoption de la Déclaration sur la décolonisation, il reste encore 16 territoires non autonomes dans le monde.  La communauté internationale doit accentuer ses efforts pour que ce droit soit reconnu aux peuples de ces territoires.  Ces peuples ont aussi le droit de garder la maîtrise de leurs ressources naturelles comme condition préalable du développement durable et doivent participer aux programmes des Nations Unies sur le renforcement des capacités locales.


Mme DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que la constitution de son pays proclamait des droits égaux pour tous les citoyens et prévoyait une protection particulière contre toute discrimination.  Ainsi, toute instigation à la haine raciale, religieuse ou ethnique est interdite.  La loi constitutionnelle adoptée en 2002 prévoit en outre que toute discrimination à l’égard d’une minorité nationale est également prohibée.  Elle a également indiqué que son pays avait proclamé la Décennie de l’intégration des Roms pour la période 2005-2015, dont le plan d’action vise à améliorer la situation économique et sociale de cette minorité, grâce à une meilleure éducation, de meilleurs soins, un habitat adéquat et davantage d’offres d’emploi.  En outre, la législation antidiscriminatoire croate se basera à l’avenir sur les directives européennes relatives à l’égalité des sexes, à l’égalité face à l’emploi et à l’égalité raciale, a-t-elle conclu.


M. CRISPIN GREGOIRE (Dominique) a déclaré, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la communauté internationale devait être ferme dans sa volonté d’ouvrir une autre ère libérée du racisme et de la xénophobie.  À cet égard, il a dit partager les préoccupations exprimées par le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme dans la mesure où de nouvelles formes de discriminations sont apparues envers certains groupes.  Nous appuyons les recommandations du Rapporteur spécial y compris les mesures pour corriger le traitement discriminatoire d’immigrants dans les zones d’accueil des aérogares notamment.  Le représentant a encouragé la coopération entre les organisations régionales et internationales pour lutter contre la discrimination raciale sous toutes ses manifestations.  Il a également dit appuyer sans réserve les dispositions de la résolution 59/176 de l’Assemblée générale sur la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a indiqué que son pays était une société multiculturelle comprenant la plus large population d’origine africaine du continent sud-américain.  Malgré l’engagement du Brésil à promouvoir l’égalité raciale, la discrimination raciale y persiste, c’est pourquoi un Secrétariat spécial dédié aux politiques de promotion de l’égalité raciale a été créé en 2003, a-t-il indiqué.  La même année a été adoptée la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale. 


Le représentant a également signalé que le Ministère des relations extérieures mettait en œuvre, pour sa part, depuis 2002, un programme de discrimination positive, qui permet aux Brésiliens d’origine africaine de bénéficier de bourses d’études.  Dans ce cadre, le Ministère coordonne également les efforts des autres Ministères pour mettre au point des programmes immobiliers et sanitaires en faveur de ces populations, ainsi que d’offrir des prêts pour la création d’entreprises.


Le représentant a mentionné, en outre, la Convention des Amériques sur le racisme et le suivi du Programme d’action de Durban que le Brésil s’apprête à accueillir l’année prochaine, précisant que le Gouvernement brésilien parrainait également un Groupe de travail visant à préparer une Convention interaméricaine sur la lutte contre la discrimination raciale.


M. MU’TAZ HYASSAT (Jordanie) a lui aussi souligné l’importance du droit à l’autodétermination pour les peuples souffrant de l’occupation étrangère.  Tous les États sont donc tenus de faciliter la réalisation de ce droit.  Il est donc préoccupant de constater que le droit à l’autodétermination du peuple Palestinien n’est toujours pas respecté malgré l’avis rendu par la Cour internationale de justice.  L’exercice de ce droit est une condition préalable à l’instauration d’une paix durable dans la région et à la coexistence pacifique d’un État palestinien et d’un État israélien.


M. DANIEL MERON (Israël) a indiqué que l’engagement de son pays dans la lutte contre le racisme, les préjugés et l’intolérance était ancré dans la Bible et était inscrit dans sa Déclaration d’indépendance.  Les programmes scolaires mettent ainsi l’accent sur le pluralisme et le respect de l’autre, tandis que l’État apporte son soutien à des recherches sur le racisme et l’intolérance.  Ce mois-ci, a notamment été organisée une conférence sur les survivants tutsis du génocide rwandais, a-t-il déclaré.  Le représentant s’est par ailleurs ému d’une résurgence de l’antisémitisme, qui prétend être de l’antisionisme.  Il a particulièrement regretté que l’antisémitisme se soit développé dans les pays musulmans, et ce, après des siècles de coexistence pacifique.  Il a indiqué qu’en juin 2004, le Secrétaire général des Nations Unies avait participé à un séminaire sur l’antisémitisme, lors duquel il a déclaré que « lutter contre l’antisémitisme, c’est lutter pour l’avenir de l’humanité ».  Il a enfin fait état de la résolution approuvée à l’unanimité par l’Assemblée générale la semaine précédente, qui établissait le 27 janvier comme Journée internationale de commémoration de la mémoire des victimes de l’Holocauste.


M. LUVUYO LONSDALE NDIMENI (Afrique du Sud) estime que quatre ans après la première conférence sur le racisme qui s’est tenue dans son pays à Durban, le suivi de l’application des engagements pris a été trop lent et la volonté politique manque de façon regrettable.  Notre Gouvernement a lancé un programme permettant de faire le bilan de son action pour transformer la société sud africaine en une société non raciste.  Cette initiative  culminera le 15 décembre prochain par une conférence appelée « Une nation de dialogue » dont la tenue coïncidera avec le 10e anniversaire de la création de la Commission Vérité et réconciliation qui a jeté les fondations solides d’une nation diverse dont les valeurs sont ancrées dans les droits de l’homme.  Nous disposons d’une Commission des droits de l’homme, d’une Commission de l’égalité entre les sexes, de la Commission du défenseur public et de la Commission électorale, qui contribuent toutes, depuis leur création il y a dix ans, à la promotion des droits de l’homme. 


Mme MARINÉ DAVTYAN (Arménie) a indiqué que la Charte des Nations Unies reconnaissait à tous les peuples le droit de choisir leur statut politique et leur mode de développement économique, social et culturel.  Dans la plupart des cas, ce droit, avant d’être reconnu, est d’abord dénié, sur la base du principe de l’intégrité territoriale, ce qui est source de conflits, a-t-elle constaté.  Or le droit international ne reconnaît pas de hiérarchie entre les principes qui le composent, a-t-elle souligné.  Il convient donc de créer un cadre équilibré dans lequel ces deux principes puissent être conciliés, a-t-elle déclaré, ajoutant que cette philosophie devait présider à tout dialogue. 


Elle a regretté que tel ne soit pas le cas s’agissant du Haut Karabakh, région qui n’a pourtant jamais fait partie de l’Azerbaïdjan indépendant, a-t-elle souligné, et qui a été autoritairement intégrée à ce pays par Staline.  Elle a insisté sur le fait que la population de cette région, qui est à plus de 90% arménienne, ne saurait être considérée comme une minorité nationale.  Elle a également tenu à rappeler que la Constitution soviétique reconnaissait aux minorités nationales un droit de sécession, droit dont les Arméniens ont usé de manière pacifique avant la chute de l’Union soviétique.  La représentante a en outre souligné que les élections de juin 2005, qui, aux dires des nombreux Observateurs internationaux, se sont déroulées dans des conditions satisfaisantes, prouvaient que les Arméniens du Haut Karabakh étaient capables de s’administrer eux-mêmes.  La représentante a conclu qu’il n’existait pas de solution unique en matière d’autodétermination et qu’il était nécessaire de tenir compte des situations particulières, précisant que la réunion qui a eu lieu récemment entre les Présidents azerbaïdjanais et arménien, dans le cadre du processus de Prague, invitait à un optimisme prudent. 


M. ILGAR MAMMADOV (Azerbaïdjan) a réaffirmé qu’il était inadmissible de tenter de montrer de manière artificielle une contradiction entre le droit des peuples à l’autodétermination et la souveraineté nationale des États en rappelant que ce droit ne devait pas être exercé en violation des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des États.  La Déclaration sur l’octroi de l’indépendance contient en effet une disposition limitative qui dit que toute tentative visant à remettre en question l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un pays est contraire aux buts et principes des Nations Unies.  Ainsi, au sujet du Nagorno Karabakh, qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan, on peut dire à travers le prisme du droit international, que rien ne justifie le lien artificiel qui est fait entre le conflit et le droit à l’autodétermination.  Le Nagorno Karabakh appartient à l’Azerbaïdjan sinon notre pays n’aurait pas été accepté au sein des organisations internationales.  Le règlement du conflit doit reposer sur la restauration de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.


Droit de réponse


Répondant à l’Observateur de la Palestine, le représentant d’Israël a indiqué que le Premier ministre Ariel Sharon avait, le 1er septembre 2005, devant l’Assemblée générale, déclaré que le fait d’affirmer le droit du peuple juif sur les terres d’Israël ne revenait pas à ignorer le droit d’autres peuples sur cette terre.  Le Premier ministre a affirmé que son pays n’aspirait aucunement à gouverner les Palestiniens et qu’il reconnaissait pleinement leur droit à une existence souveraine dans un État indépendant.  Ce droit a été reconnu il y a 25 ans lors des accords de Camp David et a été confirmé dans le cadre de tous les accords suivants, a-t-il souligné.  La poursuite de la mise en œuvre de la Feuille de route dépend aujourd’hui de la volonté de l’Autorité palestinienne de démanteler l’infrastructure terroriste sur son territoire et de récolter les armes illégales des groupes extrémistes.  Alors qu’Israël souhaiterait que l’Autorité palestinienne reconnaisse intégralement et publiquement le droit des Juifs à l’autodétermination, il a estimé que la déclaration palestinienne d’hier contredisait ce droit, la rhétorique utilisée étant incendiaire et ne contribuant pas au dialogue.  Le représentant a appelé la Troisième Commission à reconnaître l’effort fait par Israël dans le cadre du retrait de la bande de Gaza.


L’Observateur de la Palestine a déclaré qu’Israël ne pouvait pas être exonéré de tout racisme et de discrimination raciale envers les Palestiniens des territoires occupés ainsi qu’envers ses propres citoyens non Juifs, à savoir les Palestiniens autochtones.  Nous engageons donc Israël à respecter la Convention contre le racisme et la discrimination raciale à laquelle il est partie.  Le représentant a par ailleurs indiqué que les autorités palestiniennes sont opposées à toutes attaques contre des civils, alors que les autorités israéliennes, au contraire, planifient, facilitent et exécutent de telles attaques, y compris des exécutions extrajudiciaires de militants palestiniens et de dirigeants politiques, tuant au passage des innocents.  En fait, depuis que les autorités palestiniennes ont accepté le cessez-le-feu, Israël a tué plus de 200 Palestiniens et arrêté 2 000 autres  Le représentant a indiqué que le  retrait unilatéral de la bande de Gaza a été bien accueilli par les Palestinien mais que la communauté internationale ne devait pas être induite en erreur.  Ce retrait est arrivé avec 38 ans de retard et nous rappelons que les forces israéliennes contrôlent toujours l’espace maritime et aérien de Gaza.  Le problème trouve ses racines dans le non-respect par Israël des droits de l’homme du peuple palestinien et son mépris pour la légitimité internationale.


Questions relatives aux réfugiés (suite du débat)


M. HENNADIY UDOVENKO (Ukraine) a rappelé les événements tragiques qui ont marqué récemment certaines tentatives d’immigration illégale, soulignant que les politiques migratoires nationales devaient veiller à respecter les droits de l’homme, l’intégrité physique et la dignité des personnes.  Il a également attiré l’attention sur le fait que l’Ukraine était devenue, ces dernières années, un pays important pour le départ et le transit de migrants clandestins vers l’Europe.  Des efforts particuliers ont commencé à être déployés pour harmoniser la législation ukrainienne et accentuer la coopération avec les pays frontaliers.  Il en résulte notamment que le nombre de demandeurs ayant obtenu l’asile s’est accru et que leurs conditions de vie dans les centres se sont améliorées.  L’Ukraine a par ailleurs développé des relations avec l’Union européenne pour examiner ces questions.  Ainsi, depuis 2004, dans le cadre de l’espace de Schengen, la sécurité de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, considérée comme la frontière orientale de l’Europe, a été renforcée. 


Le représentant a souligné que son pays avait de faibles ressources pour assurer une protection sociale aux demandeurs d’asile et s’est réjoui de la prochaine mise en oeuvre du programme européen de soutien au droit d’asile en Ukraine et en République de Moldova.


Mgr. CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège,  a déclaré que malgré la baisse du nombre de réfugiés dans le monde, le nombre de personnes dont la situation préoccupe le Haut Commissariat pour les réfugiés, à savoir les demandeurs d’asile, les personnes qui retournent dans leurs foyers, les personnes déplacées à l’intérieur de leurs propres frontières, est passé à 19 millions.  Étant donné que les gouvernements ont la responsabilité de protéger leurs populations des actes de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, du nettoyage ethnique, le concept du régime de protection, tel qu’il s’est trouvé mentionné dans le Document final du Sommet mondial, a dûment gagné sa place pour des raisons humanitaires.  La protection de ceux qui sont dans la détresse et l’aide à leur fournir vont main dans la main avec une analyse lucide des causes sous-jacentes aux crises humanitaires.  Toutefois, les crises, de par leur nature soudaine, exigent une capacité de réaction rapide et une prévision de fonds.  La protection, a précisé l’Observateur, ne consiste pas simplement à fournir une défense contre des forces extérieures hostiles mais touche à toute la gamme des droits de l’homme qui restent valides durant les phases de rapatriement, de réintégration, de réhabilitation et de reconstruction.


M. FESSEHA TESFU (Éthiopie) a souligné que l’Afrique était le continent qui accueillait le nombre le plus élevé de réfugiés et de personnes déplacées au monde.  À l’heure actuelle, l’Éthiopie accueille quant à elle, environ 100 000 réfugiés dans sept camps, mais a compté, dans le passé, près d’un million de Soudanais et de Somaliens sur son territoire.  Il a rappelé que l’Afrique avait payé un lourd tribut en termes de dégradation de son environnement et de ses ressources naturelles et qu’il était d’autant plus nécessaire pour elle de traiter les causes de ce problème en contribuant à renforcer la paix, la stabilité, la démocratie et le développement économique à travers l’ensemble du continent. À cet égard, il a estimé encourageant que des initiatives de paix se soient multipliées, sous les auspices de l’Union africaine.


M. Tesfu a également insisté sur le fait que les partenaires au développement devraient accentuer leurs efforts, en prêtant attention à la nécessité de consolider les conditions d’une paix durable, une fois que l’assistance humanitaire d’urgence n’a plus lieu d’être. Il a également estimé que la solution du rapatriement volontaire pourrait être améliorée si la Convention Plus était appliquée, considérant comme essentiel le rôle joué par le HCR dans le renforcement des liens entre organisations humanitaires et organisations de développement.  Il s’est enfin dit préoccupé par l’insuffisance des financements consacrés au HCR et de ses conséquences négatives sur la vie des réfugiés dans les camps. Il a demandé à la communauté internationale de renforcer sa contribution et a soutenu le principe d’un budget fondé sur les besoins.


M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale pour les Migrations, a estimé que le défi à l’heure actuelle est de préserver le régime de protection internationale qui pâtit de la confusion entre les questions touchant aux migrations et celles portant sur l’asile.  Cette confusion rend difficile la distinction entre migrations volontaires et migrations forcées.  L’accès réduit aux systèmes d’asile, la mise en place de politiques d’immigration restrictives et le renforcement du contrôle aux frontières poussent les migrants économiques et les réfugiés à utiliser les mêmes méthodes et les mêmes réseaux peu scrupuleux qui alimentent la traite des êtres humains et la contrebande.  Le représentant a ensuite décrit brièvement les modalités de coopération entre l’OIM et le Haut Commissariat pour les réfugiés dans le cadre de la recherche d’une approche d’ensemble cohérente.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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