LE COMITÉ SUR LA DÉCOLONISATION PRIE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LEURS NÉGOCIATIONS SUR LES ÎLES FALKLAND (MALVINAS)
Communiqué de presse AG/COL/3122 |
Comité spécial chargé d’étudier la situation
en ce qui concerne l’application de la
Déclaration sur l’octroi de l’indépendance
aux pays et aux peuples coloniaux
8e séance – matin
LE COMITÉ SUR LA DÉCOLONISATION PRIE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LEURS NÉGOCIATIONS SUR LES ÎLES FALKLAND (MALVINAS)
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a prié ce matin les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de consolider le dialogue et la coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des Îles Falkland (Malvinas).
Il a adopté sans vote un projet de résolution*présenté par la Bolivie, le Chili, Cuba et le Venezuela par lequel il a également déploré que, malgré le large appui international en faveur de négociations entre les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni, l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur la question de l’avenir des Îles Falkland (Malvinas) n’ait pas encore commencé.
Le Ministre des relations internationales, du commerce et du culte de l’Argentine, M. Rafael Bielsa, a insisté sur le caractère particulier de la question des Îles Falkland (Malvinas), expliquant que le Royaume-Uni avait occupé le territoire par la force en 1833 en expulsant la population argentine. Il a dit regretter qu’en dépit de la bonne volonté de son gouvernement, le Gouvernement britannique continue de mener des activités unilatérales qui ne respectent pas l’esprit de coopération.
De leurs côtés, les représentants du Royaume-Uni, puissance administrante, ont regretté l’attitude de l’Argentine qui continue d’insister sur le fait que les Îles Falkland lui appartiennent. Elles appartiennent aux habitants qui la peuplent, ont-ils souligné. Ce territoire est autonome et coopère avec le Royaume-Uni dans le cadre d’un partenariat formel, ont–ils affirmé. Les représentants ont invité le Comité spécial à dépêcher une délégation pour observer le déroulement des élections du mois de novembre prochain.
Le Comité spécial se réunira de nouveau demain, jeudi 16 juin à 10 heures.
* A/AC.109/2005/L8
QUESTION DES ÎLES FALKLAND
Déclarations
M. JOHN BIRMINGHAM, Conseiller législatif du Gouvernement des Îles Falkland,a regretté l’attitude de l’Argentine qui continue d’insister sur le fait que les Îles Falkland lui appartiennent. Elles appartiennent à ceux qui la peuplent. Ce territoire est autonome et coopère avec le Royaume-Uni dans le cadre d’un partenariat formel. Notre société fonctionne comme un État et nous gérons nos propres affaires de manière efficiente. Notre système juridique est fondé sur le droit anglais, notre système scolaire et nos services de santé sont modernes. Les Îles Falkland reçoivent de nombreux touristes, notamment des touristes argentins, en dépit des soldats argentins morts lors de l’invasion de l’Île en 1982. L’entrée de l’Île ne leur a jamais été refusée. Au cours des dernières années cependant, le Gouvernement argentin a tout fait pour rendre la vie difficile aux habitants en autorisant ses navires de pêche à se rendre à proximité de nos zones de pêche. Il a également tenté de freiner la participation de l’Île à des foires commerciales. Il est temps que l’Argentine reconnaisse que les habitants de l’Île disposent de droits en vertu de la Charte des Nations Unies dont le droit à l’autodétermination qui constitue un droit fondamental. Le représentant a invité le Comité à dépêcher une délégation pour assister aux élections du mois de novembre.
M. STEPHEN LUXTON, Conseiller législatif des Îles Falkland (Malvinas), a estimé que si l’Argentine était un pays démocratique, elle laisserait le peuple des Îles Falkland (Malvinas) choisir leur futur et réaliser l’autodétermination.
Il a jugé inopportun le projet de résolution présenté par la Bolivie, le Chili, Cuba et le Venezuela car il y est question de la fin de la colonisation. Or, le régime colonial n’est qu’un lointain souvenir, selon lui. Les Îles Falkland (Malvinas) ont déjà été décolonisées. Les relations avec le Royaume-Uni, a-t-il affirmé, sont fondées sur un partenariat. Il a par ailleurs insisté sur le fait que les Îles Falkland (Malvinas) étaient dotées d’un gouvernement démocratique, avec par exemple de bons services d’éducation et de santé, une économie prospère, et un régime fiscal ouvert, transparent et compétitif. Il a déploré le fait que l’Argentine ait interdit des vols réguliers directs vers les Îles et a affirmé que malgré tout, de nombreux touristes s’y rendaient. De l’avis de M. Luxton, l’autodétermination consiste à permettre aux peuples de choisir leur futur.
L’Argentine, a estimé M. Luxton, affiche un manque de respect total pour l’opinion exprimée par le peuple des Îles Falkland (Malvinas). Les Argentins affirment que nous ne pouvons pas exercer notre droit à l’autodétermination car nous ne sommes pas un peuple distinct, a-t-il déclaré, précisant que les ancêtres du peuple des Îles Falkland (Malvinas) vivaient déjà sur ce territoire. Ce peuple ne veut pas changer le statu quo actuel. En conclusion, il a demandé que le projet de résolution soit rejeté et qu’aucun autre ne soit présenté si le texte ne contient pas le choix du peuple des Îles Falkland (Malvinas) pour l’autodétermination.
M. JAMES DOUGLAS LEWIS, pétitionnaire, a évoqué le parcours de sa famille, l’une des premières familles de colons argentins sur les Îles Malvinas. Depuis 18 ans, a-t-il rappelé, il s’exprime devant le Comité spécial et la question des Îles Malvinas est toujours dans l’impasse. Les résolutions demandant aux deux pays de reprendre les négociations sur cette question n’ont jamais été mises en œuvre en raison du refus du Royaume-Uni. Le seul résultat acceptable pour l’Argentine est la reconnaissance de ses droits souverains sur les Îles Malvinas. Ayant toujours vécu dans cette région et connaissant le sens particulier que cette question revêt pour les Argentins et les avantages économiques que l’on pourrait en tirer, il a demandé instamment au Comité d’intensifier ses efforts de médiation.
M. LUIS GUSTAVO VERNET, descendant du premier Gouverneur des Îles Malvinas, de la terre de Feu et de l’Atlantique Sud en 1829, a réaffirmé que les îles Malvinas font partie intégrante du territoire argentin. Les Argentins ont été privés de force de ces îles par le Royaume-Uni. Il ne faut pas oublier que la République argentine a succédé à la Couronne espagnole sur les Îles Malvinas. Après l’indépendance de l’Argentine, divers actes de souveraineté ont pris forme, notamment en 1920, ce qui n’avait provoqué aucune réaction de la part d’autres États. Un Traité d’amitié avait également été signé en 1825 entre les provinces unifiées et le Royaume-Uni sans que l’on ne remette en cause la concession sur l’île qui avait été accordée à Louis Vernet en 1823. L’Île comptait 128 personnes au moment de la nomination de Louis Vernet au poste de gouverneur. Louis Vernet avait alors procédé au premier mariage civil entre un habitant des îles Malvinas et un habitant de l’Argentine. Les habitants de l’Île ont malheureusement été dépouillés de leurs biens et chassés de leurs maisons. C’est pourquoi, je revendique aujourd’hui mon droit à l’autodétermination, a-t-il déclaré. Toute solution dépendra de la volonté des parties. L’application correcte de ce principe exige que l’on réintègre ce territoire au pays souverain avant que la population argentine n’en soit expulsée de force par le Royaume-Uni.
M. RAFAEL BIELSA, Ministre des relations internationales, du commerce et du culte de l’Argentine, a exprimé l’appui total du Gouvernement argentin au processus de décolonisation contenu dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a affirmé que le Royaume-Uni avait occupé les îles Falkland (Malvinas) par la force en 1833, avait expulsé les populations argentines et les avaient remplacées par des populations britanniques. Il a rappelé que la résolution 2065 (XX)de l’Assemblée générale en date du 16 décembre 1965 prévoyait expressément que les deux parties prennent en considération les intérêts des habitants (respect de leurs biens, de leur culture, de leur mode de vie). Il est revenu sur l’intervention de M. John Birmingham, Conseiller législatif des Îles Falkland (Malvinas) et a déploré le fait que sa déclaration n’ait pas fait preuve de tolérance. Il a déploré le fait que le Gouvernement argentin ait été comparé à la junte militaire.
M. Bielsa a affirmé que son gouvernement avait exhorté l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre les négociations sans délai. Il a affirmé que l’Argentine était prête à négocier. Mais selon lui, le Royaume-Uni persiste dans son attitude de refuser toute discussion. Il a donc exhorté le Royaume-Uni à prendre en considération les appels lancés par le Comité spécial de cette instance à reprendre les négociations. Selon lui, les arrangements ne peuvent pas viser à maintenir le statu quo actuel car, a-t-il estimé, le Royaume-Uni envisage de mettre en place un gouvernement territorial qui serait doté d’un statut spécial que l’Argentine ne reconnaît pas. En conclusion, il a appuyé le projet de résolution visant à parvenir à une solution définitive, dans le respect de l’idéal de paix des Nations Unies. Il a affirmé que son gouvernement était prêt à continuer de travailler avec les Nations Unies pour parvenir à un monde dépourvu de tout colonialisme. Il a exprimé la volonté de l’Argentine de reprendre le dialogue pour mettre fin au colonialisme qui, selon lui, porte atteinte à l’intégrité de l’Argentine.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil), s’exprimant au nom des 19 États membres du Groupe de Rio, a estimé que le travail de décolonisation des Îles Falkland (Malvinas) restait inachevé. Selon lui, pour atteindre cet objectif, la communauté internationale doit continuer d’y porter toute son attention, comme le montre la deuxième Décennie internationale pour l’éradication du colonialisme qui doit se terminer en 2010. Il a ensuite rappelé que les pays membres du Groupe de Rio jugeaient nécessaire que les gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni reprennent leurs négociations en vue de parvenir aussi vite que possible à une paix juste et durable. Qu’ils trouvent une solution à ce conflit sur la souveraineté concernant les Îles Falkland (Malvinas), mais aussi les Îles Georgia du Sud et les Îles Sandwich du Sud, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et du Comité spécial.
S’exprimant ensuite au nom du Brésil, il a réitéré l’appui de son Gouvernement aux droits de l’Argentine pour ce qui est des droits liés à la souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas). Il est important de parvenir à une solution rapide, a-t-il souligné, rappelant que dans l’Atlantique Sud, il subsiste des situations coloniales incompatibles avec les idéaux de paix et de coopération. Le Brésil soutient le projet de résolution présenté devant le Comité spécial et espère qu’il sera approuvé sans vote.
Mme TERUMI MATSUO DE CLAVEROL (Paraguay) a réaffirmé, au nom du MERCOSUR, la pertinence des principes de la Charte des Nations Unies, notamment le droit à l’autodétermination des peuples et le règlement pacifique des différends internationaux. Nous avons clairement exprimé notre soutien au droit légitime de l’Argentine dans le cadre du conflit de souveraineté qui l’oppose au Royaume-Uni concernant les Îles Malvinas. Les États membres du MERCOSUR et les États associés réaffirment qu’il faut que les parties tiennent compte des intérêts des habitants. Pour mettre un terme à la situation coloniale actuelle, il faut que les parties reprennent les négociations pour parvenir à une solution juste et durable. C’est dans ce contexte que nous appuyons le projet de résolution présenté aujourd’hui, a-t-elle conclu.
Mme ROMY TINCOPA (Pérou) a estimé que le processus de décolonisation est un des acquis les plus importants des Nations Unies et dans ce contexte, nous avons toujours défendu le droit à l’autodétermination des peuples qui constitue un principe fondamental du droit international. Ce cas est toutefois différent de la majorité des autres territoires non autonomes. C’est pourquoi, a-t-il estimé, il faut reconnaître la souveraineté de l’Argentine sur les Îles Malvinas. Notre position repose sur des critères historiques, économiques et juridiques. Pour résoudre ce différend, la négociation est la seule voie viable pour parvenir à une solution juste et durable.
Mme SUSANA RIVERO (Uruguay) a affirmé que son pays était favorable à l’autodétermination consécutive au processus de décolonisation engagé après la Deuxième Guerre mondiale. Mais les détenteurs de ce droit, a-t-elle souligné, demeurent les peuples et non pas les États. Mme Rivero a rappelé les relations anciennes et profondes qui unissent son pays à l’Argentine. Elle a affirmé que ce n’est pas la raison pour laquelle l’Uruguay estime que les Îles Falkland (Malvinas) appartiennent à l’Argentine. Selon elle, toutes les études historiques impartiales vont dans le même sens, montrant que l’Argentine a hérité des Îles Falkland (Malvinas) de l’Espagne. Mme Rivero a conclu en soutenant l’appel aux Gouvernements du Royaume-Uni et de l’Argentine pour qu’ils reprennent leurs négociations en vue de régler le différend qui les oppose selon elle, depuis trop longtemps.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a réitéré la position de la Chine sur le conflit concernant les Îles Falkland (Malvinas) en estimant que les différends territoriaux entre les pays devaient se régler par le biais de la négociation en vue d’une solution pacifique. M. Yishan a donc exprimé le soutien de son gouvernement envers le Comité spécial et le projet de résolution présenté ce matin par le Chili.
M. ERNESTO ARANIBAR QUIROBA (Bolivie) a réitéré son appel en faveur de la reprise des négociations sur cette question qui, a-t-il insisté, est une question d’autodétermination. De nombreuses résolutions ont été adoptées sur le plan multilatéral pour rétablir le dialogue interrompu en 1982. Ces résolutions nous orientent vers une solution pacifique et la tâche réalisée par ce Comité pour trouver des espaces de concertation est remarquable. Cela montre l’importance du multilatéralisme qui peut compléter et voire même encourager une vision du XXIe siècle dans les relations multilatérales. Nous demandons aux membres du Comité d’adopter par consensus le projet de résolution présenté aujourd’hui.
M. SULAY-MANAH KPUKUMU (Sierra Leone) a déclaré que cette question devait être résolue par des voies pacifiques. Nous réaffirmons notre engagement à aider les parties à reprendre le dialogue dans le respect des voeux exprimés par les populations qui vivent sur les Îles Falkland depuis plus de 150 ans. Les résolutions précédentes ont réaffirmé l’engagement du Comité spécial à permettre l’exercice du droit à l’autodétermination des peuples et nations qui en font le souhait. Les peuples sont en effet les seuls détenteurs de l’autodétermination.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a exprimé l’appui de son gouvernement au projet de résolution présenté ce matin par le Chili. Il a également exprimé le souhait que le projet de résolution soit adopté par consensus, ce qui soulignerait la volonté de toutes les parties de négocier et de parvenir à une solution pacifique.
Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a rappelé qu’il restait encore 16 territoires non autonomes qui attendaient encore une solution pour leur statut. Il faut, selon elle, mener à bien au plus vite le processus de décolonisation, dans le respect de l’intégrité territoriale, ce qui devrait être le premier élément à considérer. La seule façon de mettre un terme à cette situation coloniale, a-t-elle estimé, est de parvenir à un règlement négocié. Pour cela, elle a demandé la reprise des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni pour trouver une solution conforme aux résolutions et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.
Mme MARGUERITE ST. JOHN (Grenade) a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’autodétermination des peuples tout en demandant aux parties de se concentrer sur des questions indispensables à la survie de l’Île comme la pêche, les technologies de l’information, les activités agricoles, dans l’espoir que toute solution se fasse à l’avantage des Îles Malvinas.
M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a déclaré que qu’il fallait reprendre aussi vite que possible des négociations sérieuses pour parvenir à une solution acceptable tout en évitant des mesures qui pourraient mener à une escalade militaire dans cette région.
M. MARCOS FUENMAYOR-CONTERAS (Venezuela) a réitéré son soutien au droit légitime de l’Argentine concernant les Îles Malvinas. Il a rejeté l’inclusion des Îles Falkland (Malvinas), des Îles Sandwich du Sud et des Îles Georgia du Sud dans l’accord conclu en 2004 avec l’Union européenne.
Mme GRACE MARO MUJUMA (République-Unie de Tanzanie) a demandé aux deux parties de mettre de côté leurs différends car, a-t-elle affirmé, « quand on veut on peut ». Elle a soutenu le projet de résolution présenté ce matin par le Chili et a exprimé le souhait qu’il soit adopté par consensus.
M. VITALIY LEPLINSKIY (Fédération de Russie) a appuyé le projet de résolution à l’examen et émis l’espoir que le Comité spécial sera en mesure de l’adopter par consensus. Il a également souligné la nécessité de parvenir à un règlement mutuellement acceptable sur la question par le biais de négociations bilatérales sur la base des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.
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