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AG/COL/3121

LE COMITÉ SUR LA DÉCOLONISATION DEMANDE AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS D’AUTODÉTERMINATION À PORTO RICO

13/06/2005
Communiqué de presse
AG/COL/3121


Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la

Déclaration sur l’octroi de l’indépendance

aux pays et aux peuples coloniaux

6e & 7e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ SUR LA DÉCOLONISATION DEMANDE AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS D’AUTODÉTERMINATION À PORTO RICO


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a demandé aujourd’hui au Gouvernement des États-Unis d’assumer le responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.


Par un projet de résolution1 adopté sans vote et présenté par le représentant de Cuba, le Comité spécial a également prié le Gouvernement des États-Unis de restituer au peuple de Porto Rico l’ensemble du terrain et des installations de Vieques et de Ceiba, de veiller au respect des droits fondamentaux tels que le droit à la santé et le droit au développement économique, de prendre en charge l’exécution et les coûts du processus de dépollution des zones d’impact précédemment utilisées lors des manœuvres militaires, ainsi que les répercussions négatives sur la santé des habitants de l’île de Vieques sur l’environnement.  Le Comité spécial a également prié le Président des États-Unis de libérer tous les prisonniers politiques portoricains qui purgent des peines dans les prisons américaines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico et pour la paix à Vieques.


Auparavant, le Comité avait entendu une trentaine de pétitionnaires qui se sont élevés contre le statut de libre association qui régit les relations entre Porto Rico et les États-Unis, relevant qu’en vertu de ce statut, les Portoricains sont considérés comme des citoyens de seconde classe.  Si la nationalité américaine leur est accordée à la naissance, ils ne peuvent exercer leur droit de vote aux élections présidentielles et législatives des États-Unis s’ils résident à Porto Rico. 


Les pétitionnaires ont également vivement critiqué les agissements de la marine américaine sur l’île de Vieques qui a été le théâtre de manœuvres militaires.  Il a également été question de la situation des prisonniers politiques portoricains et de leurs conditions de détention que de nombreux pétitionnaires ont qualifié d’inhumaines.  Les pétitionnaires ont aussi parlé de la mise en place d’une assemblée constitutionnelle considérée par certains pétitionnaires comme un élément indispensable pour forger un consensus de base sur le statut de Porto Rico.


La prochaine réunion du Comité spécial aura lieu demain, mardi 14 juin à 10 heures.


*  Projet de résolution parue sous la cote A/AC.109/2005/L.7



AUDITION DE PÉTITIONNAIRES SUR LA QUESTION DE PORTO RICO


M. JULIO E. FONTANET MALDONADO, Colegio de Abogados de Puerto Rico, a déclaré que les États-Unis avaient rejeté toutes les propositions faites, ce qui montre le peu de volonté politique de ce pays.  Le représentant a évoqué la situation des prisonniers politiques dans les prisons américaines ainsi que leurs conditions de détention qui constituent un affront à leur dignité.  La situation coloniale de Porto Rico fait également obstacle à son développement économique.  Porto Rico est assujettie au Traité de libre-échange signé avec les États-Unis, instrument qui, de l’avis de M. Fontanet Maldonado, va à l’encontre de ses intérêts économiques dans la mesure où bien souvent il s’agit d’un embargo économique.  Le pétitionnaire a également évoqué la participation imposée de Portoricains aux conflits armés auxquels sont impliqués les États-Unis.  Ces dernières années, nous avons préconisé la tenue d’un référendum permettant de négocier des propositions de changement, notamment une exemption de la clause territoriale des États-Unis.


M. FERNANDO MARTÍN-GARCIA, Parti indépendantiste de Porto Rico, a déclaré appuyer sans réserve le projet de résolution présenté par Cuba dans la mesure où il reflète des éléments fondamentaux.  Il réaffirme la compétence du Comité des Vingt-Quatre sur la situation coloniale de Porto Rico, et le droit inaliénable de Porto Rico à l’autodétermination.  Ce texte souligne la nécessité de continuer d’inscrire le cas de Porto Rico à la liste des territoires coloniaux.  Le parti représenté au sein du Gouvernement de Porto Rico a mis fin à tout espoir en établissent clairement que l’actuelle situation politique n’est pas coloniale et que ladite assemblée constitutionnelle ne constitue pas un processus de décolonisation mais entretient une subordination politique légitime.  Le parti populaire démocratique au pouvoir a libéré le Gouvernement des États-Unis de son obligation de fournir des renseignements sur la situation coloniale de Porto Rico au Comité.  Il y a trois mois, les partis d’opposition de Porto Rico sont parvenus à un accord historique proposant l’organisation d’un référendum.  Nous exigeons du Congrès américain qu’il s’engage à résoudre le problème colonial de Porto Rico.


M. HIRAM LOZADA, Association américaine des juristes, a demandé que soit proclamé le droit à l’indépendance de Porto Rico, déplorant que l’Assemblée générale ait adopté une résolution permettant aux États-Unis de ne pas faire rapport au Comité des Vingt-Quatre concernant la situation coloniale sur l’île en prétendant que celle-ci était parvenue à une forme de gouvernement propre.  Le Gouvernement actuel de Porto Rico ne dispose d’aucune autorité dans ses relations avec les autres pays, d’aucun contrôle sur les produits alimentaires ou autres produits de consommation, sur la monnaie ou encore sur la vie et la mort de nos jeunes qui participent à des guerres menées par les États-Unis.  Le soi-disant statut de libre association n’a pas permis de parvenir à une plus grande autonomie.  Personne ne peut nier la nature coloniale du statut de libre association de Porto Rico qui reste assujettie au Congrès des États-Unis qui peut tout faire pour empêcher l’indépendance de l’île.  Tôt ou tard, cette question doit de nouveau être soumise à l’attention de l’Assemblée générale.


M. LUIS BARRIOS, Iglesia San Romera de Las Americas, a déclaré que les États-Unis, depuis leur invasion, avaient continué d’occuper Porto Rico militairement, imposant de force un régime colonial illégal.  Il en résulte de la part des autorités et des ressortissants américains un comportement irrespectueux des mœurs portoricaines et un déni de la réalité sur place.  S’agissant des élections, le représentant a estimé qu’elles n’avaient pour effets réels que de perpétuer le colonialisme en place et, qu’au fond, ces élections n’avaient pour conséquences que de valider la présence américaine.  Pour ces raisons, M. Barrios a demandé que Porto Rico soit considéré comme une colonie américaine à part entière.


M. FRANCISCO VELGARA, Vieques Support Campaign, a déclaré que la lutte de son peuple continuait et devait se poursuivre jusqu’à ce que la mise en œuvre de la démilitarisation, de la dépollution, de la dévolution et du développement soit véritablement lancée.  Poursuivant, il a estimé qu’il était devenu urgent d’arriver à une solution sur le statut de Porto Rico en trouvant des solutions alternatives en vue d’une décolonisation véritable.  Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, les États-Unis perpétuent leur occupation de la nation portoricaine et, de ce fait, la situation dans le Vieques est totalement passée sous silence par la puissance occupante.  Dans ce cadre, Porto Rico continuera de se battre pour sa libération nationale et pour mettre fin au contrôle colonial sous lequel son peuple est placé de force depuis des décennies.  Les Portoricains aujourd’hui naissent et meurent sous le joug militaire américain et la diaspora portoricaine doit en outre affronter sur le sol américain le racisme et la discrimination, ce qui est historiquement le lot de toutes les communautés expatriées issues des pays colonisés.  Nous sommes ici pour entendre de la communauté internationale qu’elle réaffirme, une fois encore, son soutien aux demandes exprimées par les peuples de Vieques et de Porto Rico.  Nous appelons ainsi à la décolonisation de Porto Rico, conformément aux règles du droit international et de justice en vigueur.


M. ISMAEL GUADALUPE ORTÍZ, Organisation Vieques, Si!, a déclaré qu’il fallait démanteler sur place la marine américaine.  Cette présence est source de restrictions à l’émancipation de notre peuple, a-t-il dit.  Toutes les résolutions adoptées par le Comité spécial ont été ignorées par la puissance coloniale, en collaboration avec le Gouvernement fédéral qui gère désormais les terres de l’île en nous privant de jouir librement de leurs ressources.  De fait, nous craignons à présent que ces terres reviennent à leurs anciennes utilisations militaires.  En ce qui concerne le nettoyage de l’île, là aussi les États-Unis tentent d’échapper à leurs responsabilités en ne se souciant pas de retirer leurs bombes, ce qui risque d’entraîner une importante diffusion de substances toxiques dans les écosystèmes locaux.  Ainsi, a poursuivi le représentant, les abus et agressions contre notre île se poursuivent.  Nous réagissons par une lutte active, avec des groupes de désobéissance civile qui s’opposent activement aux lois fédérales que nous considérons comme étant injustes, et à la botte du pouvoir colonial. 


Mme ROSA MENESES ALBIZU-CAMPOS, Parti nationaliste de Porto Rico, a plaidé en faveur d’une paix fondée sur la justice.  Nous travaillons de très près avec les Nations Unies depuis leur création mais malheureusement, a-t-elle regretté, la résolution 748 a validé ce que cherchaient les États-Unis en faisant obstacle à l’exercice du droit inaliénable du peuple de Porto Rico à l’autodétermination.  Nous démasquons cette politique qui ne fait que galvauder le terme de souveraineté pour qualifier la relation de libre association entre Porto Rico et les États-Unis.  La démocratie n’existe pas à Porto Rico.  L’« empire américain » a permis à ses sujets de rester prisonniers d’un marché dont s’abreuvent les multinationales américaines.  De ce fait, l’économie de l’île stagne.  De plus, a-t-elle ajouté, l’île connaît un important taux de chômage, de suicide, de maladies mentales et d’addiction aux drogues.  Porto Rico donne une image de faillite civile, morale, politique et éthique.


M. IVAN TORRES, Comité pour le sauvetage et le développement de Vieques, a expliqué que la marine de guerre des États-Unis, depuis 1940 jusqu’à 2003, avait utilisé son île comme champ de manœuvres, causant des dommages dévastateurs sur les ressources naturelles et, portant sur la santé du peuple de Vieques.  Ce peuple souffre en outre du marasme économique.  La paix reste toujours à conquérir, c’est pourquoi, nous sommes venus ici pour prôner une fois encore la démilitarisation de notre île.  Nous revendiquons ainsi dans un premier temps que les personnes affectées par plus de 60 ans de bombardements américains soient indemnisées, et cela sous contrôle d’observateurs internationaux.


M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, ProLibertad Freedom Campaign, a estimé que l’incarcération de prisonniers politiques dans le cadre de la lutte pour l’indépendance de Porto Rico est une violation des droits de l’homme et, ceci, malgré le libellé clair des résolutions adoptées par le Comité des Vingt-Quatre.  Nous subissons le racisme et la discrimination que ce soit à Porto Rico ou à l’égard de la diaspora portoricaine.  Nous sommes des citoyens de deuxième classe.  La citoyenneté américaine nous est imposée mais nous nous voyons refuser le droit à la propriété foncière, le droit au développement économique, le droit de voter lors des élections présidentielles tandis que nos ressources naturelles sont pillées et souillées. 


Le représentant a évoqué les prisonniers politiques, certains étant incarcérés depuis plus de 25 ans.  Les prisonniers politiques ont fait valoir leur statut de prisonniers de guerre et ont demandé que leur  dossier soit transmis à un tribunal international mais le caractère politique de leur traitement est évident.  Ils purgent des peines de prison bien supérieures aux peines infligées dans des cas similaires.  Les prisonniers politiques portoricains ont fait l’objet de torture et de viols, de tortures inhumaines et d’isolation, ce qui viole très clairement les règles internationales qui interdisent que l’on maltraite les prisonniers.  Leur incarcération constitue une violation du droit international et des droits de l’homme. 


Le pétitionnaire a demandé pourquoi les États-Unis, qui se targuent d’avoir pris la tête de file dans la lutte mondiale contre le terrorisme, permettent-ils alors à Luis Posada Carriles, un terroriste soutenu par la CIA et responsable de la mort de milliers de personnes à travers l’Amérique latine, de se promener en toute liberté en Floride sans le renvoyer au Venezuela pour être jugé pour ses actes terroristes?


Mme WANDA I. RESTO, Bureau de Washington sur Vieques, a déclaré que la pleine application de la résolution 1514 devait être effective, à l’instar de toutes les résolutions adoptées en matière de droit à l’autodétermination de Porto Rico.  Notre groupe mise sur une action non violente pour faire respecter les droits de l’homme du peuple de Vieques.  Cela devrait, notamment, se traduire par l’arrêt des bombardements, la dépollution et la redistribution des terres nettoyées.  À l’inverse, le Congrès des États-Unis a fait des zones affectées des zones protégées, et ce, afin de s’assurer la main mise et la propriété de ces terres, dit Mme Resto.  Il légifère ainsi sur les utilisations de ces terres pour mieux pouvoir se les accaparer.  La présence militaire dans ces zones nuit à la santé des Portoricains.  La détention de certains détenus politiques depuis plus de 20 ans, le développement de programmes de recrutement dans les armées américaines visent à corrompre les objectifs de l’instruction civile, sont d’autres formes odieuses d’imposition coloniale.  Dans ce cadre, nous exhortons le Comité des Vingt-Quatre de poursuivre son examen attentif de la situation à Porto Rico.  Nous demandons par ailleurs aux États-Unis une indemnisation en réparation des pertes de terres irrémédiablement polluées.  Nous exigeons aussi que cessent les explosions et que soient libérés sans délais les prisonniers politiques portoricains.


M. MARTIN KOPPEL, Social Workers party, a déclaré que les déclarations précédentes montraient sans équivoque que Porto Rico est bien une colonie américaine.  Cette domination nord-américaine doit cesser pour que puisse s’exercer le droit à l’autodétermination du peuple de Porto Rico.  Nous vivons sous un joug colonial d’un autre âge, et cette réalité échappe aux yeux des ressortissants américains nantis.  Les crimes qui sont commis montrent le visage de l'impérialisme américain, qui est un prolongement de ce qui se fait sur le sol des États-Unis.  Porto Rico n’est pour les États-Unis qu’une base stratégique pour leurs forces militaires, une rampe de lancement pour l’offensive impérialiste de ce pays.  L’impérialisme économique est tout aussi brutal sur place, nos compatriotes subissant au quotidien un traitement qui ignore tous les droits fondamentaux des travailleurs.  Notre parti participe dans ce contexte aux luttes sociales en cours et auxquelles les États-Unis répondent par l’arrogance et l’imposition d’une dépendance à laquelle il est impossible de résister, comme le démontre l’exemple cubain depuis tant d’années.


Mme YULIANA PECUNIA, Juventud de Izquierda Revolucionaria, a indiqué que le peuple portoricain continuait de subir les conséquences néfastes de plus d’un siècle d’occupation américaine.  Les violations au droit des personnes sont permanentes, qui participent de l’assujettissement du peuple portoricain au bon vouloir des classes riches américaines.  Ce processus d’annexion n’a pas cessé de se consolider, et sans un retour à la souveraineté du peuple portoricain, aucun référendum ne pourra être porté à l’appui du processus d’autodétermination.  Dans ce cadre, nous renforçons chaque jour un peu plus la lutte pour l’indépendance.  Cette volonté n’a jamais disparue, elle regroupe tous ceux, étudiants et travailleurs notamment, qui s’opposent aux intérêts privés et à l’utilisation de notre île comme mine d’or des investisseurs américains et des élites économiques portoricaines complices de l’occupation.


Mme BETTY BRASSEL, United Vieques, a demandé que les États-Unis cessent immédiatement les explosions menées sur l’île de Vieques et qu’ils libèrent du plomb et autres polluants causant des cancers et maladies cardiaques chez les habitants de Vieques.  Il faut aussi libérer Vieques de la tutelle du Département de l’intérieur des États-Unis ainsi que de la cupidité des spéculateurs.  La langue et la culture de Porto Rico ne sont pas négociables.  L’économie et les moyens de subsistance ont été ravagés par les agissements de la marine américaine.  Aujourd’hui, le personnel militaire des États-Unis et du Royaume-Uni continuent d’utiliser de l’uranium qui disperse dans l’atmosphère des substances nocives et radioactives qui ne se limitent pas aux champs de tir.  Le Pentagone récemment et le Gouvernement américain ont cherché à obtenir des exemptions pour que l’armée ne soit pas assujettie à la loi sur la qualité de l’air en faisant valoir que la législation en vigueur pourrait bloquer l’utilisation de munitions non explosives.   Depuis le mois de février, et avec le consentement de l’Agence de protection de l’environnement, la marine américaine a fait exploser des tonnes de bombes qui ont ainsi dégagé des contaminants dans l’air.


M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, Comité des droits de l’homme de Porto Rico, a rappelé que les prisonniers politiques de Porto Rico ont été condamnés à des peines plus lourdes que celles appliquées à des prisonniers de droits communs; des peines qui vont pour certains jusqu’à 75 ans de prison.  Le pétitionnaire a évoqué le cas de Carlo Lopez qui a été soumis à des privations de sommeil, ce qui constitue une violation de ses droits humains.  L’incarcération des prisonniers n’a rien à voir avec la guerre contre le terrorisme.  Il s’agit de traitements discriminatoires qui sont en violation des traités et des conventions dont les États-Unis sont signataires.  Il a rappelé que Porto Rico compte 4 millions d’habitants aux États-Unis et que les prisonniers politiques ont une conduite exemplaire comme ce fut souligné par d’autres intervenants.  Nous demandons au Comité spécial de présenter à l’Assemblé générale et au Président des États-Unis une pétition demandant la libération des prisonniers politiques portoricains.


M. JULIAN HUNTE (Sainte-Lucie), Président du Comité spécial, a demandé au pétitionnaire si les points soulevés avaient été présentés par la Commission des droits de l’homme.  Le pétitionnaire a répondu que le cas de José Rivera n’avait pas été soumis à la Commission des droits de l’homme de l’Organisation des États d’Amérique.  Il a cependant évoqué une intervention faite il y a quatre ans auprès de cette Commission en précisant que cette intervention n’avait pas été suivie de mesures concrètes.


M. NELSON W. CANALS, Grand Orient national de Porto Rico, a déclaré que la lutte pour l’indépendance de Porto Rico est inégale et difficile.  De nombreux portoricains ont consacré leur vie à cette lutte au prix de leur vie.  Nous avons besoin de votre solidarité pour que soient élucidés les meurtres politiques et pour que les prisonniers politiques soient libérés.  Nous avons également besoin de votre aide pour dépolluer les terres de Vieques avant de les rendre à leurs propriétaires légitimes.  Le peuple de Porto Rico s’oppose à la peine de mort qui est interdite dans la constitution de 1962.  Nous avons besoin de votre aide pour que le processus d’autodétermination puisse être mis en œuvre.  Il se verrait renforcé si le cas de Porto Rico était discuté au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies. 


Mme MARY ANNE GRADY FLORES, Ithaca Catholic Worker Vieques Support Group, a déclaré que son groupe participait au combat non violent contre le joug américain à Porto Rico.  Le monde continue de suivre avec horreur la colonisation en cours en Iraq, une autre manifestation de l’impérialisme militaire américain, a-t-elle dit.  Poursuivant, elle a estimé que l’existence de la zone de bombardements de Vieques était un scandale, et qu’il fallait impérativement sensibiliser l’opinion sur ce sujet.  Pour notre part, nous mettons l’accent sur la réalisation de quatre objectifs qui sont la démilitarisation, la dépollution, la dévolution et le développement.  C’est en réalisant ces objectifs que nous ferons avancer concrètement la cause du peuple portoricain.  La représentante a notamment dit que la pollution à l’uranium appauvri était à l’origine de nombreux cancers et de malformations développées à la naissance.  En outre, peu d’informations sanitaires sont disponibles sur la situation et les risques réels qu’encourent les personnes vivant dans la zone de bombardements de Vieques, a-t-elle indiqué.


M. JOSE APONTE-HERNANDEZ, Président de la Chambre des représentants (Speaker of The House), a déclaré que depuis le 2 janvier dernier un gouverneur travaillait de concert avec les États-Unis au règlement de la question du statut politique de Porto Rico.  La tenue de débats publics a été assortie des résultats historiques à la Chambre des représentants, puisque les trois principaux partis politiques ont mis au point un projet de consensus visant à parvenir à l’indépendance de Porto Rico.  Un référendum d’autodétermination était ainsi prévu par la Chambre, une première dans l’histoire de Porto Rico.  Toutefois, a précisé le représentant, le Gouverneur a contre toute attente posée son veto, pour finalement s’opposer à ce projet de référendum.  Dans ce contexte, nous tenons à faire savoir ici que nous ne nous laisserons pas décourager et que notre groupe reste favorable à une solution privilégiant l’établissement de liens définitifs avec la grande nation américaine.


Mme WILMA E. REVERON COLLAZO, au nom du Comité de Porto Rico à l’ONU, a déclaré que depuis 1972, les résolutions sur le droit à l’indépendance de Porto Rico s’étaient considérablement étoffées.  Les textes abondent sur les droits des Portoricains et sur le respect de l’obligation contractée par les États-Unis  de favoriser l’émergence d’un gouvernement autonome.  En réponse, le peuple portoricain a dû subir les assassinats politiques, l’exil, les opérations de mise à l’écart pour des raisons idéologiques, ou encore l’américanisation de tous les domaines de la vie quotidienne.  Dans ce cadre, les tentatives de conquête des droits politiques du peuple portoricain sont constamment entravées, alors même que ce peuple recherche le consensus en privilégiant le dialogue pour aller jusqu’au bout de la voie de la paix.  Or, aujourd’hui, après avoir tout essayé, nous estimons qu’il est l’heure de passer des paroles aux actes.  Nous rappelons ainsi notre proposition en vue de convoquer une assemblée constituante chargée de légiférer sur le statut de Porto Rico, cela pour mettre fin au colonialisme imposé par les États-Unis.  Dans ce cadre, les Nations Unies ne doivent pas relâcher leurs efforts.


Mme NILDA LUZ REXACH, Nacional Advancement For Puerto Rican Culture, a demandé que les droits du peuple portoricain soient entendus et appliqués.  Poursuivant, elle a indiqué que la situation à Porto Rico était terrible, cela résultant en grande partie du statut actuel politique flou de l’île qui subit encore des vestiges coloniaux.  Selon nous, la solution la meilleure visait à faire de Porto Rico un État fédéré, soit un 51e État intégré aux États-Unis qui nous garantirait à la fois de préserver notre culture et de consolider nos relations juridiques et politiques avec les États-Unis d’Amérique.


M. JOSE ADAMES, Al Frente, a rappelé que Porto Rico est un État des États-Unis depuis 1917 et qu’il est un territoire américain depuis plus de 100 ans.  Cependant, a regretté le représentant, une discrimination persiste.  Porto Rico est organisé comme tout autre État des États-Unis.  Tous les Portoricains sont citoyens américains, à l’exception des habitants de l’île qui subissent de nombreuses discriminations.  Toutefois, Porto Rico n’est pas représenté au Congrès des États-Unis et les Portoricains habitant sur l’île ne sont pas autorisés à voter lors des élections présidentielles car il n’y a pas eu de déclaration d’État fédéré.  Pourtant les Portoricains font le sacrifice ultime de leur vie pour la démocratie, la liberté et les intérêts des États-Unis.  Le développement de Porto Rico est entravé en raison de cette discrimination politique.  Le fait que la déclaration d’État fédéré n’ait toujours pas été proclamée est à l’origine de la discrimination persistante qui fait obstacle à la pleine jouissance par Porto Rico des droits dont jouissent les autres États.  L’indépendance est un vieux rêve qui remonte au XVIIIe siècle et il est aujourd’hui le rêve de tous ceux qui souffrent des discriminations et des abus.


M. EDUARDO BHATIA, au nom du Gouverneur de Porto Rico, a déclaré que la position officielle du Gouvernement sur la question du droit à l’autodétermination de Porto Rico consistait à favoriser l’élaboration d’un plan démocratique, qui respecte les différences idéologiques entre Portoricains et encourage la participation active de la société civile.  Le Gouvernement travaille d’arrache-pied à la recherche d’un consensus en œuvrant dans un esprit d’ouverture. L’Assemblée générale des Nations, en séance plénière, a indiqué qu’elle respecterait les aspirations du peuple de Porto Rico: la définition de ces aspirations incombe au Gouvernement et à l’assemblée constitutionnelle pour définir le statut.  Le processus de l’assemblée constituante sur le statut inclut toutes les aspirations du peuple portoricain, et le Gouverneur a démontré sa volonté de traiter de cette affaire en demandant à ce que le peuple lui-même choisisse la voie à suivre.  Notre Gouvernement à Porto Rico veut sortir de l’impasse et parvenir à un consensus.  Dans ce cadre, nous estimons que la destinée politique d’un peuple ne peut être confiée uniquement aux partis politiques.  C’est pourquoi, nous sommes convaincus que l’assemblée constitutionnelle est le vecteur idoine pour mettre en place une véritable démocratie participative à Porto Rico.


M. JULIO MURIENTE PEREZ, Mouvement indépendantiste national hostosiano, a estimé que la résolution présentée aujourd’hui est complète et reprend des éléments fondamentaux tout comme elle reprend le débat en cours.  Dans ce contexte, le débat sur Porto Rico qui s’est amorcé au cours des dernières années au sujet d’une assemblée constitutionnelle sur le statut prend toute son importance.  Ce débat a avancé à pas de géant et comme il fallait s’y attendre, il y a eu des oppositions et intérêts contraires.  Cependant, aujourd’hui, l’assemblée constitutionnelle sur le statut est considérée positivement par un nombre croissant de Portoricains comme un élément indispensable pour forger un  consensus de base sur le statut de Porto Rico.  La frustration, le découragement social, et le marasme économique sont le fruit de la situation politique actuelle.  Porto Rico compte plus de 150 000 toxicomanes sur un total de 4 millions d’habitants et une économie souterraine reposant sur le trafic de drogues.  L’île connaît une crise économique structurelle qui résulte de son statut d’associé, d’une dette importante et de la destruction accélérée de son environnement.


Mme ANITA VELEZ-MITCHELL, Primavida Inc, a demandé pourquoi les Portoricains étaient privés du droit de vote et pourquoi sur le sol américain, ils étaient encore considérés comme des « hispaniques » et non pas comme les membres d’un peuple à part entière.  Nous sommes ici pour préserver notre dignité, pour revendiquer nos droits élémentaires en tant qu’Américains du Nord, du Sud et du Centre.  Chacune des nations constitutives des Amériques doit revendiquer un droit à une existence digne, conformément au droit international et compte tenu des aspirations des peuples.  La parade d’hier, comme vous l’avez vue, a été l’occasion d’exprimer de manière bruyante un sentiment général de fierté et d’orgueil, mais aussi de colère que les Nations Unies et ce Comité spécial doivent entendre.


Mme ELBA CINTRON PABON, Hormiguero Pro-State 51, a demandé au Comité spécial d’aider le peuple de Porto Rico à sortir de la misère et à décider du statut de l’île pour que tous puissent vivre dignement.


Explication de position


Le représentant du Venezuela a réitéré sa solidarité avec le peuple de Porto Rico, peuple qui n’a pas été en mesure d’exercer son droit à l’autodétermination.  Nous appuyons la recherche d’un processus qui permette d’entamer le processus d’autodétermination comme par exemple une assemblée constitutionnelle sur le statut futur de l’île.


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