AG/COL/3120

LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ENTEND LE REPRÉSENTANT DU FRONT POLISARIO AVANT D’ADOPTER UN PROJET DE RÉSOLUTION SUR LA DIFFUSION D’INFORMATIONS

08/06/2005
Communiqué de presse
AG/COL/3120


Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la

Déclaration sur l’octroi de l’indépendance

aux pays et aux peuples coloniaux

5e séance – matin


LE COMITÉ SPÉCIAL DE LA DÉCOLONISATION ENTEND LE REPRÉSENTANT DU FRONT POLISARIO AVANT D’ADOPTER UN PROJET DE RÉSOLUTION SUR LA DIFFUSION D’INFORMATIONS


« C’est un motif de honte et de tristesse que le peuple sahraoui n’ait toujours pas réalisé ses aspirations légitimes à l’autodétermination. »  Ces propos du Président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, ont été, ce matin, repris par le représentant du Front POLISARIO qui rendait compte au Comité spécial de la décolonisation des derniers développements au Sahara occidental.  Mouloud Said a, dans une longue intervention, d’abord rappelé que la question, qui attend toujours son dénouement, figure à l’ordre du jour du Comité et de l’ONU depuis les années 60.  Il a imputé cet « enlisement » à l’obstruction du Maroc et à certains membres du Conseil de sécurité.  Insistant beaucoup sur les conséquences de la répression du 23 mai dernier, Mouloud Said a espéré que les choses changeront maintenant que le Sahara occidental est devenu une véritable menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a demandé au Comité spécial de montrer sa détermination à voir l’aboutissement du processus de paix.   


      L’action de l’ONU dans le domaine de la décolonisation doit être connue, a répondu le Comité spécial en adoptant sans vote un projet de résolution relatif à la diffusion d’informations sur la décolonisation.  Dans ce texte, il prie le Département des affaires politiques et le Département de l’information d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser de la documentation sur les questions relatives à l’autodétermination des peuples des territoires non autonomes, et ce faisant, de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes.


La déclaration du représentant du Front POLISARIO a été suivie par les commentaires du représentant de Cuba et du Président du Comité, Julian R. Hunte de Sainte-Lucie.



QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL (A/AC.109/2005/2)


Déclarations


M. MOULOUD SAID, représentant du Front POLISARIO, a rappelé que la question du Sahara occidental, qui attend toujours son dénouement, figure à l’ordre du jour du Comité et de l’ONU depuis les années 60.  Il a imputé cet « enlisement » au rejet injustifié du Plan de paix par le Maroc.  Ce pays, a-t-il estimé, tente de forcer la main de la communauté internationale pour qu’elle accorde sa bénédiction à l’occupation illégale du Sahara occidental.  Le représentant a stigmatisé une « obstruction délibérée » des efforts « louables » déployés depuis 15 ans par l’ONU.  Le Maroc veut une reconnaissance de sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental, niant ainsi au peuple concerné le droit à l’autodétermination, a-t-il dit, en se félicitant que ni ce peuple ni la communauté internationale ne reconnaisse au Maroc un droit sur le Sahara occidental.  Il a réitéré la pertinence du Plan de paix en tant que solution politique acceptée par les deux parties et entérinée par le Conseil de sécurité. 


Le Maroc, a encore dénoncé le représentant du Front POLISARIO, poursuit sa politique de violation systématique des droits de l’homme et de pillage des ressources naturelles.  Rappelant les conclusions d’Amnesty International et de la Fédération internationale des droits de l’homme, il a souligné qu’il s’agit d’une politique constante et typique de toute force d’occupation coloniale et étrangère.  Des milliers de Sahraouis ont été tués dans des prisons marocaines tristement célèbres.  La récente répression du 23 mai dernier, à la suite d’une manifestation pacifique, a montré le vrai visage de l’occupation coloniale.  La répression violente est un fait supplémentaire qui témoigne de la continuité d’une politique de provocation et d’arrogance face au processus de paix et aux espoirs de la communauté internationale de parvenir rapidement à une solution.  C’est une provocation devant laquelle les Nations Unies demeurent passives depuis trop longtemps.  Le peuple sahraoui ne peut croiser les bras.  Près de 600 civils et 150 prisonniers de guerre sahraouis sont détenus dans un lieu inconnu.  Proportionnellement, ce nombre équivaut à celui des Chiliens disparus pendant le régime Pinochet.  Cette barbarie, a poursuivi le représentant du Front POLISARIO, se déploie sous les yeux d’une Mission de l’ONU qui préfère détourner le regard devant les innombrables violations des droits de l’homme. 


Le représentant du Front POLISARIO a, par ailleurs, dénoncé le fait que les autorités marocaines déploient des efforts considérables pour attirer des investisseurs étrangers afin d’accélérer l’exploitation des ressources naturelles et impliquer des intérêts étrangers dans la légitimation de l’occupation.  Il a lancé un appel urgent au Gouvernement espagnol pour qu’il exhorte la compagnie aérienne Binter d’annuler les vols récents qu’elle organise à destination de Laayoune.  L’accord conclu entre cette compagnie et les autorités marocaines ainsi que les tentatives de certains hommes d’affaires des îles Canaries de s’installer dans la ville de Laayoune sont contraires à la légalité internationale et remettent en question la volonté de ces pays de contribuer à une solution juste.


Le cas du Sahara occidental, a insisté le représentant du Front POLISARIO, est un défi pour les Nations Unies et le Comité spécial.  C’est un motif de honte et de tristesse que le peuple sahraoui n’ait toujours pas réalisé ses aspirations légitimes à l’autodétermination, a-t-il ajouté, en citant le Président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki.  On ne peut fermer les yeux devant les souffrances du peuple sahraoui, a-t-il poursuivi, en arguant que le conflit qui a causé tellement de pertes humaines et matérielles pour les deux peuples, est devenu une réelle menace pour la paix et la stabilité dans la région.  Garder le silence face à l’obstruction du Maroc ne contribuera pas à la solution du conflit.  Au moment où les populations subissent une répression barbare et que le processus de paix est dangereusement enlisé, le Comité spécial doit montrer sa détermination à voir l’aboutissement du processus d’autodétermination du peuple sahraoui, a conclu le représentant du Front POLISARIO. 


Commentant ces propos, M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a dit partager les propos du Président sud-africain.  Il est triste, a-t-il dit à son tour, que le Sahara occidental soit l’objet de telles violations des droits de l’homme dont celui à l’autodétermination.  Il a estimé qu’il s’agit toujours d’un thème d’actualité pour le Comité, en particulier, et les Nations Unies, en général.  Il s’est dit préoccupé par l’inaction des Nations Unies et a réitéré sa volonté de voir la nomination d’un représentant spécial doté de l’autorité nécessaire et capable de faire aboutir les aspirations du peuple sahraoui.  Il a dénoncé les donneurs de leçons qui n’hésitent pourtant pas à entraver la protection des droits inaliénables du peuple sahraoui.  Il s’agit là encore d’une autre preuve de la politique des « deux poids, deux mesures », a dénoncé le représentant.  En conséquence, il a réitéré son appui à la cause du peuple sahraoui en espérant voir, dans un jour proche, l’émergence d’un État libre et indépendant au Sahara occidental. 


Posant, à son tour, une question au représentant du Front POLISARIO, le Président du Comité spécial, M. JULIAN R. HUNTE (Sainte-Lucie), a voulu connaître sa réaction face à l’action du Conseil de sécurité.  L’implication du Conseil, a répondu le représentant du Front POLISARIO est intervenue après que les deux parties eurent signé le Plan de règlement en 1991, la MINURSO ayant été déployée pour contribuer à la mise en œuvre de ce Plan.  Les décisions du Conseil ont été basées sur les décisions du Comité spécial qui est le principal organe chargé de la question.  Or, depuis cette date, les Marocains n’ont cessé d’empêcher la tenue du référendum.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général a passé plus de sept ans auprès des deux parties avant de démissionner face au refus du Maroc d’accepter les Accords de Houston.  En outre, la position du Gouvernement français a rendu inefficace les efforts du Conseil qui n’est pas en mesure, a dénoncé le représentant, d’assurer au peuple du Sahara occidental sa pleine souveraineté.  Il faut espérer que les pays concernés comprennent aujourd’hui que la donne a changé et que le Sahara occidental devient une véritable menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il faut espérer que le peuple pourra enfin se prononcer sur une intégration au Maroc ou sur l’indépendance du Sahara occidental, a insisté le représentant.


ADOPTION D’UNE RÉSOLUTION


      Le Comité a, par ailleurs, adopté une résolution relative à la diffusion d’informations sur la décolonisation (A/AC.109/2005/L.4/Rev.1) par laquelle il prie le Département des affaires politiques et le Département de l’information de continuer à prendre les mesures voulues pour faire connaître l’action de l’ONU dans le domaine de la décolonisation et d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser, en particulier à destination des territoires, de la documentation sur les questions relatives à l’autodétermination des peuples des territoires non autonomies.  Les deux Départements doivent, ce faisant, chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes pour nouer des relations de travail avec les organisations régionales et intergouvernementales compétentes et encourager les ONG et les territoires non autonomes à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation.


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