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SG/SM/9197-AFR/860

LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DU GENOCIDE DU RWANDA DEVRAIT SUSCITER DES REMORDS ET DE LA DETERMINATION, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL AU COLLOQUE D’OTTAWA

13/03/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9197
AFR/860


Le dixieme anniversaire du genocide du Rwanda devrait susciter des remords et de la determination, declare le Secretaire general au Colloque d’Ottawa


On trouvera ci-après le texte du message que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a adressé au Colloque sur le rôle des médias dans le génocide au Rwanda, qui s’est tenu aujourd’hui à l’École de journalisme et de communication de l’Université Carleton, à Ottawa:


    Le 7 avril, lorsque l’on commémorera partout dans le monde le dixième anniversaire du génocide au Rwanda, il faudra faire montre non seulement de remords mais aussi de détermination.


    Nous devons nous souvenir des victimes – ces centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants abandonnés à un massacre systématique alors que le monde, qui avait le pouvoir de sauver la plupart d’entre eux, n’a pu en sauver qu’une poignée, marquant ainsi d’une tache indélébile la conscience collective. Nous devons aussi aider les survivants toujours éprouvés par leurs cicatrices physiques et psychologiques. Mais nous devons avant tout nous engager –personnellement, en tant qu’êtres morals, et collectivement, en tant que communauté– à agir avec audace, y compris par des moyens militaires lorsque tous les autres recours ont été épuisés, pour garantir que ce déni de notre humanité commune ne puisse jamais se reproduire.


    L’Organisation des Nations Unies a maintenant eu 10 ans pour méditer sur une vérité amère, à savoir le fait que le génocide rwandais se soit produit alors que ses forces de maintien de la paix se trouvaient sur le terrain, et pour tirer des enseignements que l’humanité tout entière aurait dû retenir des génocides précédents. Nous sommes résolus à tirer la sonnette d’alarme lorsque des crises se feront jour et à aider les pays à s’attaquer aux causes profondes de leurs problèmes. Je compte nommer prochainement un Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, et formuler d’autres propositions tendant à renforcer notre action dans ce domaine.


    Il est encourageant de savoir que les médias ont eux aussi entrepris de procéder à leur autocritique alors que nous commémorons tous ensemble l’anniversaire de la tragédie rwandaise. En effet, ce sont eux qui, au Rwanda, ont servi à répandre la haine, à déshumaniser la population, voire à conduire les auteurs du génocide jusqu’à leurs victimes. Trois journalistes ont été reconnus coupables de génocide, d’incitation au génocide, de conspiration et de crimes contre l’humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Nous devons trouver un moyen de réprimer de tels abus de pouvoir sans pour autant violer les principes de liberté qui sont une pierre d’angle de la démocratie.


    Je suis heureux que vous vous attaquiez à ces problèmes et à d’autres questions, notamment le rôle des médias internationaux, vous en particulier qui vous trouvez dans une école formant de futurs journalistes. Cette formation doit inclure une réflexion sur les responsabilités d’une profession que les élèves de cette école ont choisie.


    Il ne saurait y avoir de question plus importante, ni d’obligation plus contraignante que la prévention du génocide. Certes, le monde comprend désormais un peux mieux ce que signifie la responsabilité de protéger. Pourtant, à supposer que les signes d’un génocide imminent apparaissent aujourd’hui quelque part, il n’est pas encore certain que le monde organiserait une action efficace. J’espère que nous tous, tant diplomates que journalistes, fonctionnaires ou simples citoyens, agirons rapidement et efficacement, chacun dans notre domaine d’influence, pour arrêter le génocide où qu’il se produise – ou mieux encore, pour garantir qu’il n’y ait pas de « prochaine fois ».


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