En cours au Siège de l'ONU

PNUE/118

BARCELONE ET LE FORUM UNIVERSEL DES CULTURES ACCUEILLENT LA JOURNEE MONDIALE DE L’ENVIRONNEMENT

29/03/2004
Communiqué de presse
PNUE/118


Les «zones mortes» apparaissent comme etant la grande menace du 21eme siecle pour les stocks de poissons


La huitième Session extraordinaire du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies et le Forum ministériel mondial de l’environnement, du 29 au 31 mars 2004


(Publié tel que reçu)


Jeju/Nairobi, le 29 mars 2004 –- Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies rendu publique aujourd’hui, révèle qu’il existe près de 150 zones dépourvues d’oxygène à travers les mers et les océans de la planète.  Ces zones, dites ‘mortes’, sont le résultat de la surabondance de nutriments, surtout d’azote, provenant de fertilisants agricoles, de la pollution automobile et industrielle et de déchets.  La quantité limitée d’oxygène dans l’eau fait que les poissons, les huîtres et d’autres espèces marines ainsi que d’importants habitats dont les herbiers marins ne peuvent survivre.


Les experts affirment que le nombre et la taille des zones dépourvues d’oxygène est en croissance, le nombre recensé ayant augmenté chaque décennie depuis les années 1970.  Selon eux, ces zones deviennent rapidement une menace importante qui a des retombées sur les stocks de poissons et donc sur les communautés qui dépendent de la pêche pour leur survie alimentaire et économique.


La question des zones mortes est signalée dans le premier Global Environment Outlook Year Book (L’Almanach de l’avenir de l’environnement mondial), qui sera présenté aux gouvernements participant au Forum ministériel mondial de l’environnement à Jeju (Corée).


Le rapport identifie les développements les plus importants en matière d’environnement au cours de l’année écoulée aussi bien d’un point de vue régional que mondial.  Les questions mises en avant comprennent l’entrée en vigueur du Protocole de Cartagena, un accord international régissant le commerce en organismes génétiquement modifiés, le coût associé aux catastrophes naturelles d’origine météorologique et les défis pour améliorer l’approvisionnement en eau potable de plus d’un milliard de personnes.


Le Year Book souligne également que la ‘fertilisation’ continue de la planète et la croissance de zones privées d’oxygène dans les océans  représentent deux nouvelles questions auxquelles les gouvernements doivent s’attaquer au plus vite.


Dans certaines régions du monde, telles que de nombreux territoires en Afrique, le manque d’azote entrave la capacité de fermiers à répondre aux besoins alimentaires. De telles régions ont désespérément besoin d’un apport supplémentaire de fertilisants. Toutefois, dans beaucoup d’autres pays du monde, l’utilisation excessive d’engrais chimiques aggrave le problème des zones mortes.


Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement, a déclaré : « L’utilisation inefficace et souvent excessive de fertilisants, l’évacuation d’eaux usées et les émissions toujours croissantes  d’automobiles et d’usines font que de l’humanité le cobaye d’une expérience gigantesque à l’échelle mondiale. L’azote et le phosphore dérivé de ces sources sont déversés dans les rivières et sur le littoral et s’ajoute aux dépôts provenant de l’atmosphère, déclenchant ces effets alarmants et parfois irréversibles. »


« Certaines de ces zones dites mortes, ou zones dépourvues d’oxygènes sont relativement petites, d’une superficie de moins d’un kilomètre carré, alors que d’autres sont bien plus larges, s’étalant sur 70 000 kilomètres carrés. Il est évident que si des mesures ne sont pas prises pour adresser urgemment le problème à la source, il ne fera que s’intensifier. »


« Des centaines de millions de personnes sont tributaires du milieu marin pour leur alimentation, leur moyen d’existence, et leur épanouissement culturel. Réduire les impacts de l’agriculture, des déchets humains et de la pollution atmosphérique sur les océans et les mers seront des éléments clé qui nous aiderons à atteindre les Objectifs de développement du millénaire et de respecter le Plan de mise en œuvre du Sommet mondial sur le développement durable dans des domaines aussi divers que les pêcheries et la perte de la biodiversité ou l’assainissement et la pauvreté. », a ajouté M. Toepfer.


L’apparition de zones aux niveaux d’oxygène artificiellement faibles est en corrélation étroite avec l’utilisation de fertilisants synthétiques en agriculture. L’azote est l’élément principal de ces fertilisants.  Même si gérer attentivement, une grande quantité des fertilisants administrés aux cultures persiste dans le sol d’où ils sont facilement déversés dans les rivières pour finir dans les mers.  Les fertilisants, souvent alliés aux nutriments des eaux usées et aux gaz azotés de la circulation et les émissions industrielles transportés dans l’atmosphère et déposé en zone côtière, entraînent l’efflorescences de phytoplancton, de minuscules organismes marins.  La forte croissance puis la décomposition du phytoplancton utilisent une grande partie de l’oxygène dissous dans l’eau de mer, appauvrissant ainsi les niveaux d’oxygène.  Parfois, les conséquences sont moindres. Dans d’autre cas, elles sont dramatiques, entraînant l’exode de poissons fuyant les eaux « asphyxiantes » et la mort en masse d’espèces plus lentes et vivant en profondeur, telles que la palourde, le langouste, l’huître et l’escargot.  Les coûts économiques liés aux zones dépourvues d’oxygène sont inconnus, mais il est estimé qu’ils sont considérables à l’échelle mondiale.


Les premières zones mortes ont été constatées dans le Chesapeake Bay aux Etats-Unis, dans la Mer Baltique, le Kattegat, la Mer Noire et au nord de la mer Adriatique.  D’autres ont été recensés dans les fjords scandinaviens.  La zone morte la mieux connue est dans le golfe du Mexique, fortement pollué par les nutriments et autres produits chimique charriés par le Mississippi.  D’autres zones ont fait leur apparition en Amérique latine, en Chine, au Japon, en Australie du sud-est et en Nouvelle Zélande.  Dans certaines régions du monde, des mesures ont été adoptées afin de limiter le ruissellement de fertilisants et d’effluents depuis la terre.


Un accord portant sur le Rhin en Europe, au titre duquel les pays se sont engagés à réduire de moitié les niveaux d’azote rejetés, a réduit de 37 pour cent les apports d’azote dans la Mer du Nord.  Il y a toutefois  lieu de s’inquiéter de l’émergence de nouvelles zones dépourvues d’oxygène dans certaines eaux côtières d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique au fur et à mesure que l’industrialisation et l’adoption d’une agriculture plus intensive augmentent les rejets de nutriments.


Selon certains experts, le réchauffement planétaire, et l’augmentation des précipitations et la hausse des températures qui s’en suit, pourraient aggraver la situation. La recherche entreprise par une équipe du College of William and Mary de la Virginia Institute of Marine Science au Glocester Point (Virginie), dont le travail figure dans le GEO Year Book, indique qu’il se pourrait que la répartition des pluies soit bouleversée et que les niveaux de dioxyde de carbone doublent.  Dans certaines régions, cela pourrait à son tour conduire au redoublement de la quantité de déversements fluviaux dans les mers. On estime que le niveau d’oxygène dissous dans les eaux du nord du golfe du Mexique pourrait baisser de 30 à 60 pour cent suite à une augmentation de 20% du déversement des eaux de l’estuaire du Mississippi et une hausse des température de jusqu’à 4 degré centigrade.


Les mesures à prendre pour réduire la menace doivent être centrées sur les sources de la surcharge en azote. Les gouvernements peuvent aujourd’hui choisir entre de nombreuses options, grâce en partie à une compréhension scientifique nouvelle de l’azote et de sa capacité à « cascader » à travers l’environnement.  A titre d’exemple, les forêts et les prairies ont la propriété d’absorber l’azote en trop et de ralentir son trajet depuis la terre aux rivières jusqu’aux mers. Planter plus de forêts et encourager la poussée de prairies dans certaines régions du monde pourraient être bénéfiques.  Améliorer l’ « agriculture précise » afin qu’une plus petite quantité de fertilisants soit gaspillée devrait être une autre option. Elever le bétail dans les régions d’où proviennent leurs aliments pourrait faire récolter ses bénéfices.


De nombreux animaux de fermes en Europe sont nourrit de soja produit d’Amérique du Nord et d’Amérique latine. Elever ces animaux dans les régions productrices de soja pourrait réduire l’exportation d’azote vers des régions telle que l’Union européenne où l’apport excessif d’azote est un problème important.  L’utilisation généralisée de technologies qui éliminent les éléments azotés des émissions automobiles, combinée à l’adoption universelle de sources d’énergie alternative qui ne consomment pas de combustibles fossiles, sont quelques-unes des autres mesures à prendre.


Un traitement plus efficace des eaux usées, aussi bien à l’aide de procédés à haute technologie tels que des usines de traitement d’eau qu’à l’aide de système à basse technologie tels que les zones humides côtières, réduirait non seulement le déversement de nutriments dans les eaux de mers, mais aidera le monde à atteindre les objectifs en matière d’eau et d’assainissement des Objectifs de développement du millénaire.


Notes aux éditeurs


Le GEO Year Book 2003 du PNUE est le nouvel ouvrage de la série hautement prisée de L’avenir de l’environnement mondial (GEO) 2003. La troisième édition de la série a été publiée en 2002.  La zone morte du golfe de Mexique avait été signalée dans le rapport GEO de 2000, mais comme le souligne le nouveau Year Book, peu de progrès n’a été réaliser afin d’adresser la question à l’échelle mondiale.


Le Year Book, le rapport et les cartes sur les zones mortes y compris, est disponible en ligne à l’adresse suivante: www.unep.org/geo/yearbook/.  Le livre est en vente sur http://www.earthprint.com/go.htm?to=3348 au prix  de $20.


La Huitième Session extraordinaire du Conseil d’administration du PNUE et le Forum ministériel mondial sur l’environnement se tiendra à Jeju (Corée) du 29 mars au 31 mars 2004. De plus amples informations sont disponibles sur http://www.unep.org/GC/GCSS-VIII et sur http://www.2004unepkorea.org.


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.