LE ROLE DES ENTREPRENEURS LOCAUX, DES PARTERNARIATS ET DES GRANDS GROUPES EST UN FACTEUR CLEF DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ENV/DEV/773 |
Commission du développement durable
20e et 21e séances – matin et après-midi
LE ROLE DES ENTREPRENEURS LOCAUX, DES PARTERNARIATS ET DES GRANDS GROUPES
EST UN FACTEUR CLEF DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Comment mettre au service du développement durable l’énergie des entrepreneurs locaux? Quels partenariats pour relever les grands défis auxquels sont confrontés les pays en développement? Et de quelle façon associer les femmes, les jeunes, les scientifiques, les autochtones? Ce sont les questions auxquelles ont tenté de répondre les ministres de l’environnement, de la coopération ou de l’urbanisme, ainsi que de nombreux autres participants à cette deuxième journée du débat de haut niveau de la douzième session de la Commission du développement durable.
Ils ont examiné les différentes formes de contributions possibles pour permettre aux pays de remplir leurs objectifs en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement et d’établissements humains, en insistant sur les moyens de satisfaire ces besoins fondamentaux. Pour lever les obstacles qui entravent l’accès à l’eau, à l’assainissement et au logement de centaines de millions de personnes à travers le monde, les seuls gouvernements, surtout ceux des pays en développement, disposent rarement de ressources financières et humaines suffisantes. C’est pourquoi, ils doivent de s’appuyer sur des partenaires. Pour atteindre l’objectif d’améliorer d’ici à 2020 la vie de 100 millions de personnes vivant dans des taudis, il faudra 184 milliards de dollars, a indiqué Anna Kajumulo Tibaijuka, Directrice exécutive d’ONU-Habitat. Une augmentation de l’aide publique au développement (APD) est donc indispensable pour mobiliser les ressources domestiques. Plusieurs pays, comme le Kenya ou le Bangladesh, ont ainsi, en écho, appelé les partenaires au développement à respecter leurs engagements en matière d’APD. Kahinda Otafiire, Ministre pour l’eau et l’environnement de l’Ouganda, a souhaité, quant à lui, un nouvel ordre économique mondial fondé sur le partenariat. Un appui est nécessaire à la situation économique des pays en développement, a-t-il observé, car, sans croissance économique, il sera difficile de réaliser les Objectifs de développement du Millénaire.
Toutefois, si, pour la Secrétaire d’Etat aux questions internationales des Etats-Unis, Paula Dobriansky, l’aide publique au développement joue un rôle important, celle-ci ne suffit pas. Il faut surtout définir davantage de politiques susceptibles de stimuler la croissance économique, a-t-elle souligné. Tirer parti du dynamisme des entrepreneurs et des partenariats locaux est une des solutions, a renchéri Olav Kjorven, Vice-Ministre de la coopération au développement de la Norvège. « Nous devons encourager les partenariats avec le secteur privé aux niveaux local, national et international », a-t-il soutenu. « Nous avons à la fois besoin des sociétés transnationales et des petites entreprises ». Selon David Anderson, Ministre de l’environnement du Canada, qui a insisté sur le rôle de l’économie parallèle dans la lutte en faveur du développement durable, comme l’ont reflété les travaux de la Foire aux partenariats, les fournisseurs d’eau du secteur privé ont par exemple favorisé l’accès à l’eau et à l’assainissement dans plusieurs pays en développement. « Il convient donc de les regarder sous un angle différent », a-t-il noté. « Utilisons leur énergie, et mettons-la au service de nos défis internationaux. »
Le secteur privé peut faire beaucoup pour assurer ces services dans la mesure où des systèmes de financement améliorés sont disponibles, a jugé le Grand Groupe du monde des affaires. Il contribue à l’élimination de la pauvreté en offrant la technologie et des services. La coopération entre Etats, qui ne peut se limiter au transfert des ressources financières, exige donc l’intégration d’initiatives publiques et privées. Pour Corrado Clini, Ministre de l’environnement de l’Italie, c’est la seule manière d’assurer la croissance économique des pays en développement et des pays en transition et, par conséquent, un développement durable.
Comment cependant, dès lorsque l’on ne dispose que d’un dollar par jour pour vivre, pourra-t-on acheter de l’eau? s’est interrogé le Ministre de l’environnement du Pakistan. Il faut rester conscient du fait que les pauvres n’ont pas les moyens de s’acheter une bouteille d’eau, a-t-il affirmé. Toute aussi essentielle est la participation des Grands Groupes pour revitaliser les travaux des Nations Unies. La contribution des jeunes est constructive, a assuré le Ministre irlandais de l’environnement, s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, puisqu’ils comptent aujourd’hui pour 30% de la population mondiale. La stratégie suédoise pour le développement durable se fonde déjà sur la ressource la plus importante que constitue la jeunesse, a en outre confié le Ministre de l’environnement de la Suède, énumérant les domaines d’action en la matière, notamment l’éducation et la formation. Autre Grand Groupe incontournable, celui de la communauté scientifique et technologique, dont les connaissances sont l’une des clefs de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. Les gouvernements devraient renforcer l’appui qu’ils accordent à la participation de leurs chercheurs, a dit sa représentante, ajoutant qu’il était plus utile de mettre à profit les technologies existantes en matière d’eau et d’assainissement et de renforcer l’éducation scientifique dans les écoles primaires et secondaires.
La Commission du développement durable poursuivra son débat de haut niveau, demain, vendredi 30 avril, à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005
Eau, assainissement et établissements humains
Relever les défis : libérer l’énergie des entrepreneurs locaux et les partenariats
Déclarations
Mme MARINA SILVA, Ministre de l’environnement du Brésil, a axé son intervention sur quatre points: la mise en œuvre des questions transectorielles, les nouvelles démarches sur le plan de la coopération internationale, le renforcement des partenariats et l’universalité des agences des Nations Unies. La mise en œuvre du Plan de Johannesburg a permis de souligner que les solutions appellent des analyses et l’application de mesures transectorielles. Il est nécessaire, en outre, de renforcer la participation de la collectivité locale et de faciliter la coopération Sud-Sud. Ces deux formes de coopération ont déjà porté leurs fruits, et il convient de les accroître, a-t-elle estimé. La Ministre brésilienne a également souligné la nécessité de développer d’autres partenariats. Les institutions et les gouvernements demeurent les acteurs principaux de ces partenariats et il faut s’interroger sur le manque d’intérêt des partenaires privés et tenter de surmonter leurs réticences afin que les conditions de vie des populations des pays en développement puissent être améliorées.
Concernant la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’Etat au département de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales du Royaume-Uni, a insisté sur la nécessité de coordonner les efforts de toutes les institutions concernées. Ces dernières doivent s’efforcer d’examiner ce qui a changé depuis Johannesburg. A cet égard, Mme Beckett a posé la question de savoir si les organes des Nations Unies avaient accordé une priorité suffisante à la réalisation des ODM et quelle était l’importance de la coopération en la matière. La Commission du développement durable a un rôle de catalyseur mais elle ne peut rien appliquer elle-même sur le terrain, a rappelé la Secrétaire d’Etat qui s’est félicitée de la création, il y a quelques mois, du Conseil pour l’eau et l’assainissement. A cet égard, elle a souhaité une meilleure coopération entre les institutions des Nations Unies et la Banque mondiale. Les institutions des Nations Unies se concentrent-elles suffisamment sur la mise en œuvre des ODM dans chaque pays? s’est-elle interrogée. Insister sur une meilleure action des organes des Nations Unies n’a pas de sens, a fait remarquer Mme Beckett en conclusion, si les gouvernements ne sont prêts à faire des efforts sur le terrain.
M. MARK MALLOCH-BROWN, Administrateur du PNUD, a souligné la nécessité d’agir au sein des différents pays, et de réaliser les Objectifs de développement du Millénaire. La nécessité d’établir des partenariats, notamment avec le secteur privé, est essentielle, a-t-il noté. Grâce à ces partenariats, 20 milliards de dollars ont déjà été obtenus pour financer des programmes de développement, a-t-il fait remarquer. Les programmes des pays sont établis en réponse aux demandes faites par les gouvernements concernés, a rappelé M. Malloch-Brown. La Commission sur le développement durable doit donc s’assurer que l’eau, l’assainissement et les établissements humains deviennent la plus grande priorité des pays, car c’est le seul moyen de parvenir à une réduction de la pauvreté. Les ministres présents à cette session doivent le comprendre, a-t-il insisté. M. Malloch-Brown a rappelé que l’année prochaine, le Sommet des Nations Unies nous permettra de faire le point, cinq ans après l’adoption des Objectifs du Millénaire, et d’insister sur l’urgence de la mise en œuvre du programme de la Commission du développement durable, un élément important, a-t-il rappelé, de l’élimination de la pauvreté.
Mme CAROL BELLAMY, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a insisté sur l’importance de l’assainissement car il s’agit d’un service aussi important que les ressources en eau pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Le lien entre l’eau et l’assainissement est aujourd’hui trop faible, a regretté Mme Bellamy qui a rappelé que la diarrhée tuait quelque 2 millions d’enfants par an. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF ont montré que le pourcentage de ceux qui n’avaient pas accès à l’assainissement avait baissé mais, dans le même temps, la population a augmenté. Il faut en outre veiller à ce que les écoles primaires disposent d’eau potable et de systèmes d’assainissement performants car on constate que beaucoup d’écoles fonctionnent dans des conditions d’hygiènes abominables. Enfin, Mme Bellamy a évoqué les crises humanitaires et l’importance de l’eau et de l’assainissement dans de telles situations d’urgence, sources d’instabilité qui menacent les droits de toutes les personnes, y compris les femmes et les enfants.
M. KLAUS TOPFER, Directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a mis l’accent sur l’attente des parties prenantes au processus de Jeju, en République de Corée, en faveur du lancement d’une approche intégrée entre les gouvernements pour le transfert des technologies. Il a ainsi indiqué qu’en 2005, une première réunion intergouvernementale aura lieu à New York. Il s’agira véritablement d’une contribution supplémentaire qui nous permettra de renforcer nos capacités d’action, a-t-il estimé.
Mme ANNA KAJUMULO TIBAIJUKA, Directrice exécutive d’ONU-Habitat, a fait observer que d’ici à 2020, les villes absorberont 95% de la population mondiale. Aujourd’hui, a-t-elle précisé, 930 millions de personnes vivent dans des taudis et si cette tendance se confirme, c’est quelque 1,5 milliard de personnes qui seront dans la même situation d’ici à 2020. En conséquence, la fourniture des services de base et l’amélioration de la vie dans les taudis constitue une priorité pour les gouvernements locaux et nationaux et recevoir un appui adéquat des institutions financières internationales et des agences de développement. Il reste beaucoup à faire, a-t-elle prévenu, pour inscrire ces priorités dans les cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) et les documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP).
La réalisation des objectifs fixés en matière d’établissements humains, a-t-elle poursuivi, requiert la prise en compte des questions de planification urbaine, de sécurité d’occupation et de fourniture de services et d’infrastructures de base. Livrant les estimations financières, la Directrice exécutive a indiqué que le coût moyen pour l’amélioration du logement et des services de base dans de nouveaux sites est de 2 000 dollars par personne. Les estimations montrent aussi qu’avec un mécanisme de financement adéquat et abordable, la moitié de ces coûts peut être couverte par les ménages pauvres des villes. Pour réaliser l’objectif d’améliorer d’ici à 2020 la vie de 100 millions de personnes vivant dans des taudis, il faudra 184 milliards de dollars et 1,3 milliard pour effectuer les investissements nécessaires à la prévention de nouveaux taudis. La Directrice exécutive a donc appelé à une augmentation de l’aide publique au développement (APD) comme moyen stratégique de mobiliser les ressources domestiques. Elle a rappelé que le mécanisme pour l’amélioration des taudis que son organisme propose de créer vise à établir une coalition de partenaires différents pour fournir l’assistance technique aux pays en développement. Elle a conclu en donnant des informations actualisées sur le fonctionnement du Fonds d’affectation spéciale pour l’eau et l’assainissement, créé par son organisme en octobre 2003.
Rappelant que les débats de ces 10 derniers jours avaient souligné le besoin de cohérence entre les politiques et les actions des différents partenaires du développement durable, M. MARTIN CULLEN, Ministre de l’environnement, du patrimoine et du gouvernement local de l’Irlande, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a souligné que la coopération interinstitutions était un élément clef pour orienter l’action de la communauté internationale. La mise en place d’un processus intégré à l’échelle nationale est aussi nécessaire. En outre, concernant le nouveau Conseil consultatif sur l’eau et l’assainissement, le Ministre a souhaité que son mandat soit défini sur la base de la participation des tous les acteurs concernés. L’Union européenne se félicite également de la participation des Grands Groupes à cette session de la Commission et souhaite par ailleurs que l’ont mette en place de nouveaux indicateurs pour évaluer les progrès. Le rôle des institutions financières internationales doit aussi être renforcé, en premier lieu celui de la Banque mondiale. Enfin, le Ministre a fait savoir que l’Union européenne était en faveur du renforcement de la gouvernance internationale et de l’intégration de la dimension environnementale du développement durable.
M. KAHINDA OTAFIIRE, Ministre pour l’eau et l’environnement de l’Ouganda, a indiqué que, depuis 1997, son Gouvernement s’était engagé à réformer les services de l’eau, en ciblant d’abord les groupes les plus vulnérables de la société. Au début des années 90, on estimait à 18,9% le taux de la population qui avait accès à l’eau. A la fin de l’année 2003, ce taux est passé à 55% dans les zones rurales et à 63% dans les zones urbaines. Une réforme foncière pour améliorer l’accès au logement est également prévue, a-t-il ajouté, tandis que la législation en vigueur est amendée. En matière de logement, des efforts supplémentaires doivent être fournis pour attirer le secteur privé, a-t-il précisé. M. Otafiire a affirmé que son pays était confronté à un manque de ressources financières et humaines. Le Gouvernement ougandais est fermement engagé à réaliser les objectifs de Johannesburg, a-t-il déclaré. De l’avis de sa délégation, il serait souhaitable que se dégage un nouvel ordre économique mondial fondé sur le partenariat. Un appui est nécessaire à la situation économique des pays en développement, car, sans croissance économique, il sera difficile de réaliser nos objectifs, a-t-il conclu.
M. CARSTEN STAUR (Danemark) a estimé que le plus grand obstacle à la réalisation des objectifs fixés tient au manque d’appropriation des initiatives par les pays concernés. Les objectifs internationaux doivent être intégrés aux documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP), aux plans nationaux de développement et aux budgets nationaux pour mobiliser aussi bien les ressources nationales qu’internationales. Le représentant a aussi souligné l’importance de la gestion intégrée de l’eau et du développement des Plans d’action pour l’eau afin de réaliser les objectifs fixés d’ici à 2015. A ce jour, a-t-il indiqué, le Danemark fournit à 12 pays une assistance dans les domaines de l’eau et de l’assainissement. Le pays entend investir, pendant les cinq ans à venir, plus de 450 millions de dollars dans l’APD pour assurer des progrès.
M. HAIFIZ UDDIN AHMAD, Ministre des ressources en eau du Bangladesh, tout en se félicitant du rôle des institutions des Nations Unies, a souligné que la question du développement relève d’abord d’une responsabilité nationale. En conséquence, il a voulu que la collaboration entre les pays et l’ONU se fasse dans les domaines identifiés comme prioritaires par les gouvernements nationaux. Reconnaissant le travail de recherche remarquable effectué par les institutions des Nations Unies, il les a invitées à s’impliquer davantage sur le terrain. Il a regretté, par conséquent, la stagnation des ressources de base en appelant les partenaires au développement à respecter leurs engagements en matière d’APD. Les institutions de l’ONU qui sont au service de nos pays doivent être renforcées, a-t-il insisté.
Mme SYLVIA T. MASEBO, Ministre pour les collectivités locales et le logement de la Zambie, a déclaré qu’un des défis les plus importants qui se posait à son pays était d’atteindre les objectifs définis de l’extérieur par la communauté internationale, notamment en matière de développement durable.
M. SERGE LEPELTIER, Ministre de l’écologie et du développement durable de la France, a estimé qu’avec le Conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement, les outils et mécanismes permettant une coordination interinstitutions et un suivi de la question de l’eau au sein du système des Nations Unies se mettent progressivement en place. Au-delà, la question qui se pose, a-t-il aussi estimé, est celle du suivi intergouvernemental. Il a, par ailleurs, fait observer qu’il reste encore à conforter les modalités existantes de recueil des données. Il faut, a-t-il insisté, des données fiables, comparables et régulières aux niveaux national, régional et sous-régional. Il faut tendre à la constitution d’un cadre permettant un suivi régulier des ODM. Outre le Conseil consultatif, les différents mécanismes de coordination interinstitutions et les commissions économiques régionales, d’autres acteurs pourraient s’associer à l’exercice, a-t-il dit en pensant que le IVe Forum mondial de l’eau qui doit se tenir en 2006 à Mexico pourrait apporter une contribution utile au débat. Les forums préparatoires, au niveau régional, devraient permettre de mieux prendre en compte les caractéristiques propres à chaque région. Dans cette perspective, a-t-il confié, la France vient de demander au Conseil mondial de l’eau de réaliser un état des lieux de toutes les actions relatives au suivi des ODM.
M. CHOISUREN BAATAR (Mongolie) a estimé que la réalisation des objectifs fixés dans le domaine de l’eau exige que les institutions de l’ONU travaillent de manière coordonnée et que de leur côté, les donateurs, les institutions financières internationales apportent leur appui aux pays en développement. Le rôle directeur de l’ONU dans le développement durable doit être renforcé, a poursuivi le représentant, afin de mobiliser la volonté politique au sein de la communauté internationale. Il a enfin estimé que la Commission du développement durable doit continuer d’assumer son rôle crucial dans la surveillance de la mise en œuvre d’Action 21 et du Plan de Johannesburg.
Mme KARUA (Kenya) a souhaité que les fonds destinés au développement durable soient utilisés de manière plus efficace afin, notamment, de faire moins appel aux compétences extérieures. En outre, elle a plaidé en faveur d’une application des technologies qui tienne compte des besoins et des circonstances sur le plan local. Dans les zones rurales, il faut sensibiliser la population à l’hygiène. Cependant, a fait savoir la représentante, cela est difficile à réaliser en raison des faibles ressources financières dont dispose le pays. C’est pourquoi, elle souhaité en conclusion une augmentation de l’aide publique au développement.
M. VIRGILIO FONTES PEREIRA, Ministre de l’urbanisme et de l’environnement de l’Angola, a indiqué qu’au sortir d’une longue guerre civile, son pays se trouvait en pleine mutation. Les services d’assainissement et les conditions de logement demeurent précaires, de même que les efforts visant à réinstaller la population ont été sérieusement affectés par les nombreuses années de conflit, a-t-il souligné. Une ère nouvelle de développement s’est ouverte, a-t-il déclaré. Le Gouvernement angolais a élaboré une stratégie de réduction de la pauvreté, qui insiste sur l’éducation, l’environnement et la lutte contre la pandémie du sida.
M. NAMATA ADAMOU, Ministre de l’hydraulique, de l’environnement et de la lutte contre la désertification du Niger, détaillant les difficultés auxquelles un pays du Sahel est confronté et les mesures prises par le Gouvernement pour les surmonter, a indiqué que son pays et les huit autres Etats membres de l’Autorité du Bassin du Niger se sont accordés, avec l’appui de la Banque mondiale, sur une vision partagée du développement durable de ce bassin dont le cadre formel vient d’être signé le 27 avril 2004 à Paris. Cette vision partagée doit aboutir à la formulation d’un plan d’action pour le développement durable. En attendant, le Gouvernement a mis en place un Programme spécial qui traite du bassin versant du fleuve dans les environs de Niamey, a-t-il indiqué en insistant sur le « Programme de régénération des écosystèmes et de mise en valeur de la Vallée du Niger ». Au titre des contraintes, il a indiqué qu’elles sont d’ordre technologique et financier.
Mme PATRICIA M. HAJABAKIGA, Ministre de la terre et de l’environnement du Rwanda, a souligné que son pays continuait d’être confronté à des problèmes sociaux et d’environnement. Nous devons inverser cette tendance, a-t-t-elle insisté. Le Rwanda, s’il a des ressources hydriques abondantes, a un besoin crucial d’investissements pour les exploiter. Actuellement, la viabilité des ces ressources en eau n’est pas assurée, a précisé la Ministre. S’agissant des établissements humains, la situation est critique, a ajouté Mme Hajabakiga, surtout pour les couches les plus vulnérables de la société, comme les veuves et les enfants. Pour relever les défis de la reconstruction au Rwanda, des investissements importants sont nécessaires, a-t-elle affirmé. Le Rwanda, qui ne dispose pas de ressources financières suffisantes, a évalué ses besoins à quatre milliards de dollars sur 15 ans pour créer les conditions minimales d’accès à l’eau et à l’assainissement, a-t-elle précisé en conclusion.
Mme KERTIN LEITNER, Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait savoir que l’Organisation donnait une place de plus en plus importante au développement durable par le biais d’un module qui ne traite que de cette question et du suivi mondial de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. Les questions liées à l’assainissement sont en outre traitées de concert avec l’UNICEF.
Mme VIVEKA BOHN (Suède) s’est félicitée du processus de Marrakech sur les modes de consommation et de production durables qui sont des éléments essentiels à une bonne gestion de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains. Elle a aussi lancé un appel pour une réduction de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et pour une plus grande rentabilité agricole.
M. MIKLOS PERSANYI, Ministre de l’environnement et de l’eau de la Hongrie, a rappelé que son pays, qui adhèrera samedi à l’Union européenne, était passé d’une économie de transition à une économie de marché. Il convient donc de s’interroger, a-t-il observé, sur le rôle que doit remplir le secteur privé dans la fourniture de services dans les domaines de la distribution de l’eau et de l’assainissement. Il a indiqué que si une grande partie de la population avait accès à une eau salubre, en revanche moins de Hongrois bénéficiaient de l’assainissement.
MmeJOKE WALLER-HUNTER, représentante du Secrétariat de la Convention sur les changements climatiques, a salué la création d’un partenariat panafricain sur la gestion en commun des risques liés aux changements climatiques et a souhaité que davantage d’investissements à long terme soient réalisés pour les infrastructures.
M. KIYOTAKA AKASAKA, Vice-Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a réaffirmé l’appui de l’OCDE au processus de la Commission du développement durable, et a rappelé brièvement les efforts accomplis par l’Organisation en faveur de projets de développement durable. A ce titre, il a souligné qu’un document complet d’information était mis à la disposition des délégations.
Libérer l’énergie des entrepreneurs locaux et les partenariats
A la question de savoir comment libérer les énergies des entrepreneurs locaux, Mme PAULA DOBRIANSKY, Sous-Secrétaire d’Etat aux questions internationales des Etats-Unis, a indiqué qu’il fallait en premier lieu créer un environnement favorable et lutter contre la corruption qui réduit le taux de croissance d’un pays d’un demi-point à un point. Il faut aussi rendre l’économie plus prévisible pour attirer les investissements. De même, le renforcement des capacités est un élément essentiel, a poursuivi Mme Dobriansky qui a lancé un appel pour la formation des hommes et des femmes car, a-t-elle estimé, il s’agit d’un bon investissement pour l’avenir. Le financement est aussi la pierre angulaire de nos efforts en faveur de l’eau, a-t-elle estimé. L’aide publique au développement joue dans ce contexte un rôle important mais elle n’est pas suffisante. Il faut surtout définir davantage de politiques susceptibles de stimuler la croissance économique.
M. BJORN STIGSON, représentant du World Business Council, a mis l’accent sur la nécessité d’un bon fonctionnement des marchés, qui repose, notamment, sur un bon cadre, des innovations et une distribution équitable des richesses. Tous les entrepreneurs ont des objectifs en ligne de mire et sont prêts à prendre des risques pour les réaliser, a-t-il indiqué. Si leurs activités ne sont pas rentables, elles ne sont pas viables, a estimé M. Stigson. C’est la même chose, lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les conditions d’accès à l’eau et à l’assainissement, a-t-il affirmé. Le partenariat constitue en ce sens un mot clef. Des partenariats sont souhaitables entre le secteur privé et les gouvernements, mais aussi entre le secteur privé et les ONG même si, dans ce dernier cas, l’expérience est actuellement plus limitée. Les partenariats exigent des projets communs et des valeurs communes, a déclaré M. Stigson. Une organisation sérieuse ne peut conclure qu’un nombre limité de partenariats, a-t-il fait remarquer, en soulignant la nécessité de bien identifier les bons partenaires.
M. MARTIN CULLEN, Ministre de l’environnement, du patrimoine et du Gouvernement local de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a qualifié la coopération et la coordination interinstitutions d’élément clef pour orienter la communauté internationale vers une mise en œuvre plus efficace et plus effective des objectifs fixés. Il a dit comprendre que les termes de référence du Conseil consultatif sur l’eau et l’assainissement seront revus pour en faire un processus plus participatif. En l’occurrence, le représentant a appelé à une réelle implication des grands groupes. Poursuivant sur la question du suivi, il a estimé que le manque de données est un défi important pour le développement d’indicateurs du développement durable. En la matière, il a souligné la nécessité d’adopter une méthodologie efficace, en insistant sur la formation et le renforcement des capacités ainsi que sur la création de partenariats entre les institutions nationales, régionales et internationales. Il serait également utile, a-t-il estimé, de renforcer les systèmes actuels de collecte d’informations. Toujours à cet égard, le représentant s’est félicité de l’adoption, par la Réunion ministérielle du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), d’une Stratégie d’action pour le renforcement des capacités et l’appui technologique. Rappelant que lors de l’adoption de cette stratégie, les ministres avaient souligné la nécessité d’une interaction plus étroite entre le PNUE, le PNUD et les institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, le représentant a dit attendre avec intérêt l’adoption de mesures concrètes.
Le représentant a poursuivi en appelant à l’intégration des objectifs en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains dans les plans nationaux de développement, les budgets et les stratégies nationales de développement durable, en particulier les documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Réaffirmant l’attachement de l’Union européenne au renforcement de la gouvernance mondiale en matière d’environnement, le représentant a estimé que cela exigera du PNUE qu’il travaille en partenariat avec d’autres institutions des Nations Unies, les institutions financières internationales et les autres acteurs concernés. Il a invité le Président de la Commission, les institutions des Nations Unies, et les institutions financières internationales à envisager le meilleur moyen de lancer un processus volontaire pour faciliter l’examen par tous les acteurs pertinents du contenu du « Résumé du Président » afin de préparer les réponses appropriées avant le début de la réunion intersessions, prévue en février 2005. Il faut identifier les questions clefs de la prochaine session de la Commission, a-t-il insisté.
M. ELLIOT MORLEY, Ministre de l’environnement du Royaume-Uni, a insisté sur le rôle important de la société civile. Les gouvernements doivent montrer que les partenariats peuvent permettre de venir à bout des différents défis liés au développement durable dans un cadre réglementaire assurant l’équité. Cependant, nous devons être honnêtes et tirer la leçon des partenariats qui ont fait leurs preuves mais aussi de ceux qui ont échoué, a conclu le Ministre.
M. OLAV KJORVEN, Vice-Ministre de la coopération au développement de la Norvège, a jugé important de s’écarter des politiques appliquées jusqu’ici et de donner plus de pouvoir aux communautés locales, en renforçant leurs capacités. Nos objectifs ne pourront être atteints que si nous tirons parti de l’énergie des entrepreneurs et des partenariats locaux, s’est-il expliqué. En la matière, il a rappelé la responsabilité des gouvernements nationaux de décider dans quelle mesure impliquer les organisations communautaires, les groupes d’usagers et le secteur privé dans la gestion, le fonctionnement et l’entretien des services. En réformant l’économie informelle des zones urbaines et en s’acquittant de la tâche compliquée d’établir des systèmes formels simplifiés d’enregistrement et de titres de propriété, les gouvernements permettront aux citoyens de transformer leurs biens en véritable capital de travail, a dit le Vice-Ministre pour illustrer ses propos. Il faut, a-t-il poursuivi, installer de meilleurs mécanismes de microfinancement et des services financiers taillés sur mesure comme les banques communautaires. En améliorant le secteur public et les mécanismes de réglementation, la fourniture des services et la participation du secteur privé, les gouvernements s’assurent que les intérêts des plus vulnérables sont bien garantis. Les donateurs doivent se montrer disposés à contribuer au renforcement des capacités institutionnelles. Nous devons encourager les partenariats avec le secteur privé aux niveaux local, national et international. Nous avons à la fois besoin des sociétés transnationales et des petites entreprises, a conclu le Vice-Ministre.
M. DAVID ANDERSON, Ministre de l’environnement du Canada, a insisté sur le rôle de l’économie parallèle dans la lutte en faveur du développement durable, comme l’ont reflété les travaux de la Foire aux partenariats. Ceux-ci ont montré que l’on pouvait changer collectivement les choses. Plus que jamais, il est essentiel que nous travaillions de concert entre pays et organisations internationales car les gouvernements ne peuvent à eux seuls relever les défis fondamentaux de la mise en œuvre du développement durable. Les initiatives multipartenariales doivent être des composantes essentielles. Le Ministre canadien a rappelé l’importance du rôle des partenariats aux niveaux local, national et international. Selon lui, les fournisseurs d’eau du secteur privé ont favorisé l’accès à l’eau et à l’assainissement dans plusieurs pays en développement. Il convient donc de les regarder sous un angle différent, a-t-il estimé. Utilisons leur énergie, et mettons-la au service de nos défis internationaux, a-t-il proposé.
M. XAVIER DARCOS, Ministre de la coopération et du développement durable de la France, a plaidé en faveur du renforcement de la coopération Nord-Sud dans un cadre plus partenarial entre les gouvernements et la société civile. A cet égard, il s’est félicité de la tenue d’une Foire aux partenariats dans le cadre de cette session de la Commission. Il est essentiel que cette Foire demeure une composante à part entière des futures sessions, a estimé M. Darcos. S’agissant des initiatives dans lesquelles des acteurs français sont impliqués, il a fait savoir que son pays était très présent dans deux initiatives de l’Union européenne en matière de gestion des bassins hydrologiques en vue de continuer à respecter les équilibres naturels liés à l’eau. D’autres initiatives sont mises en place en vue de renforcer la participation de la société civile française et des collectivités locales. Les questions liées au développement durable sont en outre insérées dans les cursus de formation, a-t-il conclu.
M. CORRADO CLINI (Italie) a souligné l’importance des partenariats pour stimuler les entreprises, aux niveaux local et international. Rappelant la tenue, au mois de mars dernier à Rome, du Forum international sur les partenariats pour le développement durable, le représentant a argué que dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, les partenariats entre les secteurs public et privé, renforcés par la coopération des institutions financières internationales et les institutions des Nations Unies, représentent le meilleur instrument pour conjuguer les systèmes technologiques et de gestion avec les mécanismes novateurs de financement et l’autofinancement. C’est dans cet esprit que l’Italie appuie plusieurs initiatives de partenariats de type II, a—t-il indiqué. Il est évident, a-t-il conclu, que la coopération entre Etats ne peut se limiter au transfert des ressources financières. Elle exige des actions concrètes et l’intégration des initiatives publiques et privées pour renforcer le monde des affaires, la technologie et les capacités financières. C’est la seule manière d’assurer la croissance économique des pays en développement et des pays à économie en transition, en conséquence, la durabilité de leur développement, a encore dit le représentant.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a estimé que les débats de la Commission sur le développement durable ont montré que si les contraintes imposées aux pays en développement sont difficiles, elles n’en sont pas moins gérables. Il a néanmoins souligné que pour le Népal, confronté à un soulèvement maoïste qui, a-t-il dit, sape les énergies et les ressources du pays, les Objectifs de développement du Millénaire sont ambitieux. Le pays doit renforcer ses institutions, lutter contre la corruption, favoriser l’autonomie de la population et mieux associer celle-ci aux projets gouvernementaux.
M. ACHIM STEINER, Directeur général de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN), a rappelé qu’il fallait lutter contre la perte de la biodiversité et gérer nos richesses naturelles de façon durable. De même, il faut élargir l’accès à l’eau potable à long terme. Cependant, a estimé le représentant, cet objectif ne pourra être atteint si l’on adopte pas d’approche globale en matière de gestion intégrée des ressources hydriques. L’adoption d’une approche fondée sur les écosystèmes est également cruciale afin d’assurer la sécurité des ressources en eau et le traitement des eaux usées.
M. VANDER REE, représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné l’importance d’un cadre juridique qui permette de déterminer les politiques appropriées et d’associer les partenaires privés. Il a indiqué que l’OIT travaillait avec ONU-Habitat pour fournir une aide technique aux différentes municipalités intéressées. Un centre d’information sur la collecte des déchets a également été créé. Il est nécessaire, a-t-il considéré, de mettre en place des mécanismes viables de fourniture des services de base.
M. LENNON, représentant de la Chambre de commerce internationale (CCI), a déclaré que les gouvernements devaient prendre en charge les projets visant à faciliter l’accès à l’eau, à l’assainissement et au logement et mettre en place des mécanismes de financement réalistes et viables pour progresser davantage. Il faut en outre promouvoir l’autonomisation des communautés et bien garder à l’esprit qu’il n’existe pas un seul modèle de développement: il faut savoir adapter les choses à l’échelle locale, a-t-il souligné.
Le rôle et la contribution des Grands Groupes
Déclarations
La représentante du Grand Groupe des jeunes a plaidé en faveur d’une plus grande participation des jeunes des pays en développement aux processus de négociation. L’accès à l’eau doit être reconnu comme un droit humain fondamental. Il faut à cet égard reconnaître le rôle des enfants et leur fournir une éducation appropriée. Les jeunes du monde entier doivent pouvoir compter sur de meilleures conditions de vie. Il existe de nombreuses façons d’améliorer la situation des jeunes mais, pour cela, l’appui des gouvernements est nécessaire. Les jeunes seront les décideurs de demain, a lancé la représentante en conclusion.
Le représentant du Grand Groupe du monde des affaires a insisté sur la bonne gouvernance, la mise en place d’un système de normes bien définies et l’existence des mécanismes de lutte contre la corruption pour encourager la participation du secteur privé. Il a aussi souligné la nécessité de veiller à un équilibre entre les besoins de la population et les services fournis. Le secteur privé, a-t-il poursuivi, peut faire beaucoup dans la fourniture des services pour autant que des systèmes de financement améliorés soient disponibles. Le représentant a aussi mis l’accent sur le fait que le monde des affaires est actif dans tous les secteurs de l’approvisionnement en eau. Des modèles de partenariats existent qui montrent que le secteur privé peut faire beaucoup pour atteindre les objectifs fixés au niveau local. Les mécanismes techniques et financiers peuvent être affinés grâce à un échange d’expériences. Il a conclu en soulignant que les modèles de partenariats, qui se sont avérés efficaces, sont applicables à la réalisation de tous les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).
La représentante du Grand Groupe de la communauté scientifique et technologique a déclaré que les connaissances scientifiques étaient une des clefs de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Il faut en premier lieu procéder à l’évaluation des écosystèmes du Millénaire pour mieux comprendre ce que l’on peut faire. Le message qui ressort clairement de cette session est que les ODM ne pourront être atteints que si on les envisage globalement et non pas les uns indépendamment des autres. Les gouvernements devraient, quant à eux, renforcer l’appui qu’ils accordent à la participation de leurs chercheurs. La communauté scientifique et technologique doit pour sa part renforcer sa coopération avec les programmes du système des Nations Unies. En outre, a poursuivi la représentante, il est préférable de mettre à profit les technologies existantes en matière d’eau et d’assainissement et de renforcer l’éducation scientifique dans les écoles primaires et secondaires. Enfin, elle a lancé un appel pour que le dialogue entre les gouvernements et les Grands Groupes se poursuive.
Commentant ces propos, la représentante du Grand Groupe des jeunes a plaidé, une nouvelle fois, pour que les jeunes soient associés à ces initiatives. A l’école, ces jeunes apprennent comment appliquer les nouvelles technologies et ils sont tout particulièrement intéressés à s’impliquer davantage. Nous sommes en train de mettre au point de nouvelles façons de pratiquer la science, a répondu la représentante du Grand Groupe de la communauté scientifique et technologie. Cette fois, a-t-elle indiqué, nous partons de la base. Pour ce faire, nous avons besoin d’informations reflétant les besoins locaux et nous avons créé des partenariats pour leur collecte. Le représentant du Grand Groupe du monde des affaires a précisé, pour sa part, que son Groupe est très bien placé pour assurer la prestation de services de façon efficace. Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, a-t-il poursuivi, le monde des affaires peut être un instrument et un intermédiaire. S’il existe un bon système de prestation de services, donc un secteur privé dynamique, la communauté locale peut jouer le rôle qui lui revient, en formant, par exemple, la main d’œuvre pour des projets d’infrastructures. Le secteur privé apporte la technologie et la prestation de services comme contribution à l’élimination de la pauvreté, a insisté le représentant.
M. MARTIN CULLEN (Irlande), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats, a souhaité que les décisions en matière de développement durable soient fondées sur les résultats scientifiques. La communauté scientifique et technologique a en effet un rôle important à jouer dans le renforcement des capacités et le transfert des technologies tout en appuyant la mise au point d’options technologiques au niveau local. Il faut promouvoir des technologies plus appropriées ainsi que des programmes de coopération scientifiques internationaux. L’Union européenne lance en outre un appel à la communauté scientifique et technologique pour que les besoins des femmes et des pays les plus exposés à des risques soient pris en compte.
Les entreprises et les industries doivent, quant à elles, jouer un rôle pour la construction d’infrastructures et la mise en place de services. Le potentiel de ce secteur n’est toujours pas pleinement exploité et le niveau d’investissement de la part du secteur privé en matière d’assainissement reste trop faible alors que les petites entreprises peuvent jouer un rôle clef pour ce qui est de mettre en œuvre les bonnes pratiques. Dans certains pays, il est cependant nécessaire d’améliorer la responsabilité sociale des entreprises. Il faut en outre prendre en considération les pratiques autochtones et les préférences nationales. Enfin, le représentant a estimé que la présence de représentants des jeunes constituait une contribution constructive dans la mesure où ils comptent pour 30% de la population mondiale.
Retenant le concept de « responsabilité sociale des entreprises », évoqué par le représentant de l’Union européenne, le représentant du Grand Groupe du monde des affaires a affirmé que cela devient la norme du secteur privé. Il a néanmoins souligné que l’application de ce concept ne transforme pas un mauvais investissement en bon investissement. La Ministre du développement de la Nouvelle-Zélande, Mme HOBBS, a estimé, au contraire, que l’application de ce concept est important en ce sens qu’il permet d’évaluer la capacité des entreprises de travailler avec les communautés, en particulier les femmes. La représentante du Grand Groupe des ONG a rappelé que lors des négociations à Johannesburg sur la mise en place d’un cadre des responsabilités des entreprises, les normes des droits de l’homme ainsi que d’autres initiatives ont été rappelées. Or, aujourd’hui, elles ne sont pas vraiment appliquées, a-t-elle regretté en prônant la mise en place d’un cadre d’obligations redditionnelles. A cette remarque, le représentant du Grand Groupe du monde des affaires a attiré l’attention sur les garde-fous qui sont désormais placés sur la route des entreprises. Il a aussi souhaité que l’on reconnaisse les multiples exemples de bon comportement des entreprises. La stratégie suédoise pour le développement durable se fonde, entre autres, sur la ressource la plus importante qu’est la jeunesse, a confié le Ministre de l’environnement de la Suède qui a énuméré les domaines d’action en la matière, notamment l’éducation et la formation.
Concernant la participation du secteur privé, le Ministre de l’environnement du Pakistan a demandé comment il était possible d’acheter une bouteille d’eau lorsque qu’on ne disposait que d’un dollar par jour pour vivre. Que va-t-il se passer s’il s’agit à présent d’acheter l’eau? Il faut rester conscient du fait que les pauvres n’ont pas les moyens de s’acheter une bouteille d’eau, ce à quoi le représentant du Grand Groupe du monde des affaires a répondu qu’il était nécessaire de mettre en place des infrastructures. A cet égard, la participation des entreprises privées sur la base de partenariats avec les gouvernements était essentielle.
Satisfaction des besoins fondamentaux en matière d’eau, d’assainissement et d’établissement humains, accordant une importance particulière à l’eau
Le représentant du Grand Groupe des populations autochtones a estimé que la crise hydrique était également une crise culturelle et qu’il fallait intégrer l’éthique aux questions liées à l’eau. L’éducation et les programmes de sensibilisation du public doivent jouer un rôle clef en la matière. La privatisation continue des richesses de la nature sape en outre les capacités de la planète à réaliser les objectifs en matière d’eau et d’assainissement.
Le représentant du Grand Groupe des agriculteurs a souligné que l’agriculture utilise quelque 70% de l’eau douce. Il a donc jugé regrettable que les agriculteurs ne soient toujours pas impliqués dans la gestion de l’eau. Il est urgent d’améliorer la rentabilité dans ce domaine, a-t-il estimé en préconisant l’accélération du transfert des technologies. Aujourd’hui, la majorité de la population vit dans les zones rurales mais dans quelques années, elle se déplacera vers les zones urbaines, a-t-il indiqué avant de s’interroger sur la manière de répartir les ressources en eau entre ces deux zones. A ce propos, il a fait référence de la demande présentée à la Banque mondiale pour forcer les autorités gouvernementales à intégrer les besoins des agriculteurs dans leurs stratégies nationales.
Dans les pays en développement, 80% de l’eau est utilisée pour l’irrigation, a rappelé le Président de la Commission du développement durable avant de demander au représentant du Grand Groupe des agriculteurs s’il est possible d’envisager une augmentation de la production tout en utilisant moins d’eau. Le représentant de ce Grand Groupe a cité, par exemple, la technique de l’irrigation souterraine. Les technologies existent, a-t-il assuré, seul leur transfert fait défaut. La représentante du Grand Groupe des ONG a jugé important que l’approche en matière d’accès à l’eau se fonde sur les écosystèmes. Elle a appelé au renforcement de l’assistance financière et technique et à une aide substantielle au renforcement des capacités nationales et locales. Au nom des ONG, la représentante s’est vigoureusement opposée à la privatisation du secteur privé, prônant, au contraire, la consolidation du rôle de l’Etat, en particulier des autorités locales, mieux à même de répondre aux besoins spécifiques des populations.
Le représentant des Etats-Unis a estimé que la participation de tous les Grands Groupes était essentielle à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. A cet égard, le rôle des pouvoirs publics au niveau local doit être de plus en plus important. Cependant, l’un des problèmes auquel nous sommes confrontés est de voir comment nous pouvons collaborer avec les autorités locales, a estimé le représentant. En matière scientifique et technologique, il a estimé qu’il ne fallait pas seulement s’intéresser aux aspects techniques des avancées scientifiques mais aussi aux sciences sociales. A cette remarque, la représentante de la Communauté scientifique et technologique a répondu que, traditionnellement, le secteur des sciences de la nature et celui des sciences sociales n’avaient pas su très bien collaborer. Or, il est très important aujourd’hui de changer la situation, notamment pour l’évaluation des écosystèmes. La représentante du Brésil a pour sa par insisté sur l’analyse des conditions locales dans l’élaboration des politiques afin que chaque partie de la société trouve sa place.
Il faut permettre à la société de faire entendre sa voix, a dit le représentant de la Norvège en se félicitant du cours de la réunion. La participation des Grands Groupes est importante, a-t-il insisté, pour renforcer la vitalité et la pertinence des travaux des Nations Unies. Il a surtout mis l’accent sur les droits des populations autochtones. Ces populations, a dit leur représentant, sont déterminées à collaborer avec de nombreux secteurs de la communauté scientifique et technologique. Il a fait part des partenariats qui ont déjà été établis, avant de se féliciter des grands progrès accomplis dans le domaine des connaissances traditionnelles.
La représentante du Grand Groupe des syndicats a insisté sur l’importance de mettre en place un cadre d’application des Objectifs de développement du Millénaire. Elle a également souhaité que la Commission du développement durable travaille davantage avec les autres groupes pour élargir la gamme des instruments. Pour leur part, les syndicats s’engagent à accorder une importance croissante au développement durable sur le lieu de travail. Seule l’adoption de lois appropriées peut permettre le renforcement du rôle des autorités locales, a estimé le représentant de ce Grand Groupe. La représentante du Grand Groupe des femmes a pour sa part souhaité que les promesses en matière de participation des femmes soient concrétisées et a suggéré qu’une femme préside la prochaine session de la Commission du développement durable.
Le Ministre des finances et du développement économique de Kiribati a souhaité que les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains soient intégrées à la question du changement climatique. Tous les jours, nous manquons des occasions de partenariats pour le transfert des technologies et du renforcement des capacités, a-t-il regretté. Nous avons besoin de financement et non de prêts, a-t-il insisté en indiquant que dans son pays, l’eau potable est rationnée et limitée à une demi-heure chaque matin. Le temps presse et il faut passer des paroles aux actes. Il faut faire davantage, parler moins et dès maintenant, a-t-il conclu. A son tour, le Ministre du travail, du développement technologique et de l’environnement du Suriname a mis l’accent sur les contraintes qui, a-t-il dit, exige une réponse immédiate. Les pays développés et les pays en développement doivent traduire les engagements pris en actions concrètes et ce, avec la participation de toutes les parties prenantes. Les pays de la région de l’Amazone peuvent se considérer comme « bénis des dieux » mais ce statut est assorti de l’obligation de protéger ces ressources mondiales, a-t-il reconnu en indiquant que les zones protégées couvrent 14% de la surface de son pays. Malgré ces mesures, a-t-il dit, les défis en matière d’infrastructures d’adduction d’eau et de renforcement des capacités restent bien réels. Nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts nationaux avec l’appui de la communauté internationale.
Intervenant également, le représentant du Botswana a estimé que le message qu’il faut retenir est celui des progrès dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains. L’Afrique est en retard et ne sera pas capable de réaliser les ODM, s’est-il résigné en arguant néanmoins que la seule manière d’inverser la tendance est d’apporter une aide dans les domaines des infrastructures et des technologies. Il a donc souscrit à la vision du Partenariat mondial pour l’eau, en liant la question à celle des établissements humains. De manière globale, il a jugé que le financement du développement durable sont compromis par les distorsions commerciales.
M. ALHAJI MUKHTAR SHAGARI, Ministre de l’environnement du Nigéria a fait savoir que la responsabilité de l’accès généralisé à l’eau incombait en premier lieu aux gouvernements. Le Nigéria a pour sa part consacré 250 millions de dollars à l’approvisionnement en eau. Le Conseil des ministres africains sur l’eau, ainsi que la Banque africaine de développement, jouent dans ce domaine un rôle central. S’il revient aux gouvernements de définir ce dont ils ont besoin, la collaboration avec le secteur privé est également fondamentale. Nous devons mobiliser à l’échelle nationale notre société civile et coordonner les différentes agences de développement, a ajouté le représentant. Cependant, un des plus grands défis que nous devons relever est celui d’assurer le transfert de technologies peu onéreuses et efficaces. Pour ce faire, il faut annuler une partie de la dette afin que le service de cette dernière soit affecté à l’achat de technologies. Il faut aussi mettre l’accent sur le renforcement des capacités à tous les niveaux, a conclu le Ministre.
M. DAVID KEMP, Ministre de l’environnement de l’Australie, a partagé l’expérience de son pays en matière de ressources hydrauliques dans un pays qui est l’un des plus arides du monde. Près de 75% de l’eau est utilisée par l’agriculture et l’irrigation a rapporté beaucoup au pays. Toutefois, les conséquences de cette irrigation que sont la modification des flux des rivières, la floraison des algues, la perte de salinité et la diminution de la biodiversité, se sont révélées sérieuses. Le pays a, en conséquence, mis en place un cadre réglementaire encourageant le marché à accorder la place qui lui revient à l’eau.
Les investissements ont pu être augmentés tandis que l’utilisation de l’eau a été maîtrisée. La gestion des ressources hydriques est une question horizontale qui touche l’ensemble des secteurs gouvernementaux. Une initiative nationale a donc été mise au point qui comprend quatre éléments clefs, à savoir les droits d’accès à l’eau, la commercialisation de l’eau, le partage des risques entre l’Etat et les investisseurs et la planification intégrée à la planification agricole et à la protection de l’environnement.
M. YUSSEF HUSSEIN, Ministre des finances du Qatar, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que les pays en développement avaient pris de nombreuses mesures pour s’acquitter de leurs engagements en faveur des Objectifs de développement du Millénaire. Cependant, leurs efforts sont limités dans leur efficacité en raison de la faiblesse des moyens dont ils disposent. Or, le renforcement des capacités est indispensable à une meilleure gestion intégrée des ressources hydriques. C’est pourquoi, il faut renforcer la coopération entre les Etats qui partagent des bassins hydriques et augmenter le niveau de l’aide technique ou financière de la part de la communauté internationale.
M. CULLEN (Irlande), au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a souligné la nécessité de mettre au point, de toute urgence, des mécanismes de gestion et d’utilisation des ressources hydriques efficaces. Les résultats de la session de la Commission, a-t-il insisté, doivent porter sur des modalités structurées établissant des objectifs quantifiables, notamment en ce qui concerne les plans de gestion intégrée des ressources en eau. Dans ce cadre, a souligné le représentant, il faut clairement déterminer les responsabilités. Il a appelé l’attention sur l’« Initiative de l’eau pour la vie » de l’Union européenne, qui, a-t-il expliqué, vise à établir d’ici à 2005, un plan de gestion intégrée qui s’appuierait sur les méthodes des écosystèmes. L’initiative porte aussi sur la gestion des zones humides, la qualité de l’eau et des phénomènes comme la sécheresse ou les inondations. Le représentant a lancé un appel en faveur de la gestion des bassins transfrontières, de la hiérarchisation des questions et de l’amélioration de la gouvernance locale. Il faut enfin investir dans les secteurs de la prestation des services aux niveaux local et national. En concluant, le représentant a présenté à la Commission les questions suivantes: comment hiérarchiser l’eau, l’assainissement et les établissements dans les documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP)? Comment mettre au point des mécanismes financiers novateurs pour mobiliser, entre autres, les ressources nationales?
Mme MARIAN HOBBS, Ministre de l’environnement de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que son pays disposait de beaucoup d’eau de très bonne qualité mais qu’elle n’était pas forcément répartie là où elle était nécessaire. Notre gestion des eaux est assurée par les autorités locales, a-t-elle en outre précisé. Cependant, ces dernières ne jouent pas toujours leur rôle. C’est pourquoi, le Gouvernement central se doit de contrôler ce qui est accompli car nous voulons être en mesure de fournir à l’ensemble de la population une eau de qualité satisfaisante. Dans certains cas, les décideurs doivent prendre certains risques en la matière, a-t-elle fait remarquer.
M. DAVID ANDERSON, Ministre de l’environnement du Canada, a assuré que la bonne gouvernance à tous les niveaux était essentielle face à la crise émergente de l’eau. En outre, les initiatives d’assainissement et d’approvisionnement en eau doivent permettre l’habilitation des communautés, tout particulièrement celles des femmes. Enfin, pour assurer l’efficacité et la durabilité des politiques en matière de développement durable, il faut affecter des ressources humaines et financières adéquates.
Mme MARINA SILVA, Ministre de l’environnement du Brésil, a, à son tour, préconisé la mise en place d’une gouvernance qui favoriserait la participation de toutes les parties prenantes au processus de prise de décisions. Au niveau international, elle a plaidé pour des conditions favorables à l’investissement public et privé. Il ne faut pas non plus, a-t-elle insisté, négliger les questions relatives aux moyens de mise en œuvre et au principe de responsabilité commune mais différenciée. Au Brésil, la participation des parties prenantes et le contrôle est au coeur de toutes les politiques, en particulier en ce qui concerne la gestion des bassins fluviaux. La représentante a aussi attiré l’attention sur le « nerf de la guerre » qu’est la question du financement qui permet tous les progrès.
M. JOSEF PROLL, Ministre de l’agriculture, des forêts, de l’environnement et de la gestion de l’eau de l’Autriche, a souligné l’importance des bonnes infrastructures en matière d’assainissement dans la mesure où elles ont un impact sur la santé et la protection de l’environnement. La politique autrichienne se fonde sur la bonne utilisation de tous les plans d’eau et la mise au point d’une gestion intégrée des ressources hydriques. Le but est avant tout d’adopter une approche fondée sur les écosystèmes.
M. MOTOO HAYASHI, Vice-Ministre pour la propriété foncière des infrastructures et du transport du Japon, a rappelé qu’en mars dernier, son pays a accueilli le troisième Forum mondial de l’eau qui a abouti à une déclaration ministérielle et à la création d’un portefeuille de 500 projets volontaires à mettre en œuvre dans toutes les régions du monde. Le représentant s’est ensuite félicité de la création du Conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement que son pays préside. En 2005, a-t-il annoncé, le Japon devrait accueillir la Conférence des Nations Unies sur les catastrophes naturelles. A ce propos, le Vice-Ministre a indiqué que son pays a créé un réseau international pour la réduction des dégâts causés par les inondations. En Asie, il a également été à l’origine de la formation d’un réseau d’informations sur les bassins.
Mme IRINA OSOKINA, Ministre des ressources naturelles de la Fédération de Russie, a préconisé de procéder à une évaluation des efforts à l’échelle nationale. Pour sa part, la Fédération de Russie a élaboré un plan d’action national qui favorise la participation de différentes organisations. La coordination et l’intégration dans tous les programmes d’une gestion rationnelle des ressources hydriques est la priorité du Gouvernement qui a également procédé à la rédaction d’un nouveau code de l’eau. Cependant, on ne peut pas résoudre tous les problèmes à l’échelle nationale, a estimé la Ministre qui a donc lancé un appel pour renforcer la coopération au niveau international.
Mme SHANNON SORZANO, Ministère du logement et du développement urbain des Etats-Unis, a rappelé que 6 000 personnes meurent chaque jour de maladies transmissibles par l’eau. Elle a donc appelé à des résultats immédiats en matière d’accès à l’eau potable. Il faut pour cela, a-t-elle estimé, mettre au point un cadre de gestion efficace de l’eau et de l’assainissement. L’efficacité en la matière requiert, a-t-elle précisé, un environnement favorable à l’implication du secteur privé et le renforcement des institutions publiques de financement. Ne perdons plus de temps, a-t-elle insisté, en souhaitant la création de mécanismes de mise en œuvre, l’enregistrement des bonnes pratiques, l’intégration des questions de l’eau dans les DSRP, le lancement des réformes institutionnelles, au niveau national, et l’amélioration des infrastructures. Nous devons travailler avec toutes les personnes de bonne volonté, a-t-elle conclu.
M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’environnement et des forêts du Congo, a rappelé que le bassin du Congo couvrait une superficie de plus de 200 millions d’hectares et qu’il était entouré d’une forêt dense et humide représentant une richesse biologique importante. Il a donc attiré l’attention sur l’aménagement et l’utilisation propices du fleuve Congo en vue, surtout, de fournir une eau potable, de développer l’énergie hydraulique et de lutter contre les plantes flottantes envahissantes. Il faut aussi procéder à une évaluation des besoins en eau potable disponible. Cependant, les Objectifs de développement du Millénaire ne seront atteints que si des appuis financiers durables sont mis en place pour soutenir des programmes nationaux. En conclusion, le représentant a donc proposé d’explorer de manière approfondie des mécanismes novateurs de financements en vue de l’octroi de crédits à long terme.
Mme DOLORES ARSENOVA, Ministre de l’environnement et des ressources en eau de la Bulgarie, a indiqué que 98% de la population bulgare a déjà accès à l’eau potable, grâce à des programmes d’infrastructures de grande ampleur. Le Gouvernement, a-t-elle poursuivi, a mis en place un cadre juridique qui a permis l’adoption de mesures de renforcement des capacités comme en attestent le Directoire de la gestion des bassins ou les différents conseils. Ces derniers, a-t-elle expliqué, facilitent la participation des parties prenantes dans la gestion de l’eau et la prise en compte des préoccupations spécifiques. La Ministre a encore indiqué que la coopération régionale a permis une bonne gestion du bassin du Danube. En Bulgarie, a-t-elle conclu, le Gouvernement privilégie une approche fondée sur les écosystèmes. En comptant sur l’appui international et sur les ressources nationales, le pays entend mettre en œuvre une politique de conservation des écosystèmes liés à l’eau pour protéger la biodiversité.
M. WITTEN PHILIPPO, Ministre de l’environnement et des forêts des Iles Marshall, a indiqué que les ressources hydriques de son pays étaient très limitées et qu’il dépendait de la collecte d’eau de pluie. C’est pourquoi, il a sollicité l’aide de la communauté internationale en vue d’une gestion durable des ressources en eau et de la définition d’une stratégie nationale pertinente.
Mme THOMPSON, Ministre de l’environnement de la Barbade, a affirmé que son pays est sur la bonne voie pour les objectifs du Programme de mise en œuvre de Johannesburg. 94% des ménages sont connectés aux systèmes d’adduction d’eau et les 6% restants ont un accès aisé à l’offre en eau. Elle s’est toutefois dite préoccupée par le fait que les précipitations ne représentent, par an, que 300 mètres cubes par personne. Compte tenu des conséquences du réchauffement de la planète pour des pays comme la Barbade, a dit la Ministre, il est regrettable que certains pays hésitent à adhérer au Protocole de Kyoto. Elle a, par exemple, indiqué que la mise en œuvre du Protocole de Carthagène sur la biosécurité coûtera, cette année, à son pays la somme de 200 millions de dollars. Il faudrait quelque 100 millions de dollars supplémentaires pour mettre en œuvre un programme efficace, a-t-elle confié en se prononçant pour la multiplication des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. Elle a regretté, en conséquence, le manque d’implication des organismes des banques régionales de développement.
M. OSMAN PEPE, Ministre de l’environnement et des forêts de la Turquie, a indiqué que son pays avait fait de nombreux progrès en matière de gestion des ressources en eau, notamment par la construction de barrages et de réservoirs, lesquels ont permis d’exploiter les courtes périodes de précipitation. La Turquie accorde une attention particulière à la question des ressources en eau et fournit d’ailleurs aujourd’hui de l’eau potable à 90% de la population. Cependant, a conclu le Ministre, les efforts nationaux ne suffisent pas et une approche coordonnée à l’échelle régionale et internationale est nécessaire.
M. JOZEF TAVERNIER, Ministre de l’environnement, de l’agriculture et de la coopération au développement de la région flamande de la Belgique, a indiqué que dans son pays l’eau est un bien public et son utilisation un droit humain fondamental. Sa gestion est donc un élément clef, a-t-il dit en dénonçant les institutions de l’ONU qui ne contribuent toujours pas à faire évoluer les choses dans la bonne direction. Les appelant, en conséquence, à renforcer leur coopération et la coordination de leurs activités, le Ministre s’est tourné vers les régions industrialisées pour les inviter à fixer des objectifs spécifiques fondés sur des besoins clairement identifiés. La Belgique, a-t-il indiqué, est arrivée à son deuxième cycle quadriennal en matière de développement durable dont les actions s’accompagnent d’initiatives régionales. Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette expérience, a estimé le Ministre en se félicitant, en particulier, de la capacité des parties prenantes à partager leur expérience. Il a conclu en attirant l’attention de la Commission sur le « Partenariat flamand pour l’eau » qui permet une coopération renforcée entre tous les acteurs concernés à savoir le Gouvernement flamand, les compagnies d’eau, le secteur universitaire, les gouvernements locaux et les ONG. Dans ce cadre, a-t-il expliqué, six millions de Flamands peuvent aider six millions de personnes dans le monde en développement à s’acquitter des engagements qu’ils ont pris dans le cadre du Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Le Ministre a exhorté tous les pays industrialisés à établir des liens similaires; les petits ruisseaux, a-t-il rappelé, faisant les grandes rivières.
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