FACE AU NOMBRE CROISSANT D’OPÉRATIONS DE PAIX, LES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES
Communiqué de presse CPSD/299 |
Quatrième Commission
17ème séance - matin
FACE AU NOMBRE CROISSANT D’OPÉRATIONS DE PAIX, LES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES
La Quatrième Commission a poursuivi, ce matin, l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. De nombreuses délégations se sont prononcées, aujourd’hui encore, en faveur du renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales. Le Soudan a ainsi estimé que cette coopération devait être une priorité pour les années à venir. Il a appelé la communauté internationale à accorder d’urgence, une assistance à l’Union africaine afin que son action au Darfour soit couronnée de succès. Le représentant du Mali a rappelé que la plupart des déploiements de l’ONU en Afrique de l’Ouest avaient été précédés par une intervention de la CEDEAO, la Communauté économique des États de la sous-région. Plusieurs pays, dont l’Iran, tout en insistant sur le rôle central de l’ONU, ont affirmé que les mécanismes régionaux pouvaient apporter des capacités complémentaires à celles de l’Organisation. L’Inde a prévenu que le maintien de la paix par des organisations régionales n’était pas adapté aux cas les plus complexes. Il ne faut pas parcelliser le maintien de la paix sous forme de sous-contrats, a-t-il soutenu.
Des délégations ont, par ailleurs, émis le souhait que le fardeau financier soit réparti équitablement entre tous les États Membres. A ce sujet, plusieurs ont demandé que les pays contributeurs de troupes soient remboursés rapidement, particulièrement en ce qui concerne les pays en développement. Le Guatemala a estimé que l’aide apportée aux missions complexes de maintien de la paix finirait par être payante, cet effort s’avérant moins coûteux à terme que celui consacré à la guerre. Comme au cours des réunions précédentes, plusieurs intervenants ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité d’intensifier la coopération triangulaire associant le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat. L’Inde a ainsi fait valoir que les pays contributeurs devaient être impliqués pleinement dans la planification des missions. Les participants ont de nouveau recommandé que tout soit fait pour assurer la sécurité des membres des opérations. Un grand nombre d’entre eux ont demandé que les opérations de maintien de la paix soient définies et organisées de manière à favoriser les activités de consolidation de la paix. A ce sujet, elles ont insisté sur l’instauration d’un environnement propice au développement et sur l’importance de l’état de droit.
Les délégations suivantes ont pris la parole: Brésil au nom du Groupe de Rio, Algérie, Koweït, Jamaïque, Yémen, Népal, Chine, Iran, Kenya, Inde, Pérou, Cuba, Chypre, Indonésie, Fidji, Islande, Philippines, Ukraine, Mali, Serbie-et-Monténégro, Guatemala, Soudan et Myanmar.
La Commission poursuivra son débat demain matin, jeudi 28 octobre.
Débat général
M. REGINALDO DOS SANTOS (Brésil), au nom du Groupe de Rio, a déclaré que l’idée selon laquelle il n’était pas possible d’instaurer une paix durable sans que des conditions favorables au développement n’aient été créées, était partagée par tous. Dans ces conditions, les opérations de maintien de la paix sont multidimensionnelles et assument la double responsabilité de garantir la sécurité des populations et des personnels et d’aider au développement.
Le représentant a continué en notant qu’une mission qui pâtit d’un manque de moyens matériels ne peut pas remplir son mandat et se met de fait en difficulté, ce qui porte atteinte à l’image de l’ONU et met en danger les populations sur le terrain. Le représentant a invité les Etats Membres à apporter plus que jamais toute leur assistance pour faire en sorte que les efforts du Département ne soient vains. Il a, par ailleurs, demandé à ce que les pays en développement aient la possibilité de participer plus activement au maintien de la paix. Dans ce sens, le représentant a jugé nécessaire la constitution d’un mécanisme pour favoriser cette participation. Il a aussi insisté sur la nécessité de rembourser rapidement les pays en développement qui fournissent des contingents.
Mme NADJEH BAAZIZ (Algérie) a rappelé que les opérations de maintien de la paix constituaient le meilleur et parfois le seul espoir de sortir d’un conflit pour des millions d’êtres humains. Elle a insisté sur leur caractère multidimensionnel. Les missions doivent reposer sur des facteurs tels que le consentement des parties, l’impartialité, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, un mandat clair et applicable, un financement solide, un consensus international fort. La représentante a ensuite estimé que la conduite des opérations de maintien de la paix était plus efficace depuis la publication du rapport Brahimi. En dépit des progrès, elle s’est cependant demandée si l’équipement était suffisant et elle a constaté un manque de personnel et des problèmes pour le déployer dans les temps voulu. La représentante a alors invité l’ONU à coopérer avec les arrangements régionaux. L’Afrique devrait bénéficier d’une attention particulière, a-t-elle souligné, relevant que de nombreux pays africains s’impliquaient en s’attaquant aux causes sous-jacentes des conflits et en s’engageant résolument dans le maintien de la paix. Cela ouvre la voie à une coopération fructueuse avec les Nations Unies, a-t-elle observé. Enfin, elle a estimé que les consultations triangulaires entre les pays fournisseurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat devraient être renforcées. Ces pays doivent être associés au processus de décision car la vie de leurs troupes est en jeu sur le terrain, a-t-elle conclu.
M. AL-QABANDI (Koweït) a déclaré que les opérations de maintien de la paix déployées dans les différentes parties du monde étaient d’une importance cruciale pour réduire les tensions et désamorcer les crises. Il a noté l’élargissement des mandats des opérations de paix qui comprennent désormais l’assistance humanitaire, un rôle renforcé de la police civile, la supervision des élections et le déminage. Ces efforts témoignent d’un engagement politique plus important des entités déployées sur le terrain. Pour assurer la cohésion et accroître l’efficacité des opérations, le représentant a souhaité que soient mieux définis les mandats et les différentes structures de commandement. Il a également demandé qu’il y est une concertation plus grande entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents, cela afin d’améliorer les mécanismes de planification et de coordination des opérations. Il est en outre important d’évaluer régulièrement et rigoureusement les besoins en matière de formation, cela dans le but de faciliter la coordination sur le terrain, a-t-il affirmé.
Poursuivant, le représentant a estimé que, s’agissant de l’Iraq, il était vital que les élections se tiennent comme prévu en janvier prochain. Un gouvernement de transition doit être démocratiquement élu pour que commence la reconstruction du pays, et pour que se mette enfin en place une culture de la paix et de la tolérance dans ce pays.
Mme MICHELLE WALKER (Jamaïque) a constaté la multiplication du nombre d’opérations et leur complexité grandissante, qui pèsent lourdement sur les ressources. Certaines opérations doivent désormais construire la paix, ce qui constitue une charge compliquée en raison d’accords de paix souvent incomplets et de problèmes en matière de sécurité, a-t-elle remarqué. Il faut donc à la fois mettre en place un environnement économique et social porteur pour empêcher que le conflit ne réapparaisse et apporter une réponse militaire énergique pour limiter les conflits et leur diffusion. Mme Walker a donc souhaité qu’une attention plus forte soit portée au développement économique des pays enclins au conflit. Elle a néanmoins reconnu l’importance de réaliser simultanément des activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix. Ces deux aspects doivent être différenciés et les opérations de maintien de la paix doivent inclure une stratégie de sortie, a-t-elle ajouté, appelant à éviter les doubles emplois entre les différentes entités participant aux opérations.
Elle a ensuite cité la MINUSTAH en Haïti, qui n’a pas empêché l’instabilité de persister. L’opération sur place doit être multidimensionnelle pour restaurer l’état de droit, a-t-elle déclaré, appelant à l’implication du groupe ad hoc sur Haïti. Mme Walker a ensuite rappelé que son pays participait modestement aux opérations de maintien de la paix, ayant dix officiers de police au Libéria, dont huit sont des femmes. Elle a ensuite appuyé la recommandation du Secrétaire général de créer un mécanisme de restauration de l’état de droit. La représentante a également félicité le Département pour avoir mis en place une approche favorable à la parité homme/femme. Elle a suggéré d’examiner le bilan de ce travail en 2005, lorsque sera étudié l’état des opérations de maintien de la paix cinq ans après le rapport Brahimi. Elle a conclu en soulignant l’importance qu’il faut accorder à la sécurité des personnels participant aux opérations de maintien de la paix sur le terrain.
M. MOHAMMED M. ALI AL-OTMI (Yémen) a rappelé que la raison d’être de l’ONU était la paix et la sécurité internationales. C’est pourquoi œuvrer collectivement à la prévention des conflits équivaut à garantir à tous les conditions de la prospérité et du progrès. Poursuivant, le représentant a fait remarquer que le Secrétaire général avait traité de plusieurs questions relatives au maintien de la paix et conféré, par ces propos, un caractère universel aux opérations de ce type. Le maintien de la paix est en effet un objectif commun, et les pays sollicités ne devraient en aucun cas se soustraire à cet effort. Tous les pays devraient, par ailleurs, bénéficier de l’effort international de maintien de la paix. Le Yémen a, pour sa part, fourni des troupes formées grâce aux unités de formation du Département des opérations de maintien de la paix et qui ont été déployées au Libéria et en Côte d’Ivoire.
M. RANA (Népal) a rappelé que plus de 2 600 Népalais étaient déployés dans 12 missions et qu’ils devraient être plus de 3 300 prochainement. Il a rappelé que 48 de ses concitoyens avaient fait le sacrifice de leur vie. Le représentant a estimé que les États Membres devaient donner suite à leurs engagements et il a déclaré que son propre pays était prêt à mettre à disposition jusqu’à 3500 personnes simultanément. Il a cependant souligné que des pays comme le sien avait du mal à participer en raison de difficultés logistiques et que les Nations Unies devaient donc les aider à combler leurs besoins en matière d’équipement. Les stocks stratégiques doivent être renforcés. Le représentant a rappelé l’importance de la coopération entre États Membres, Secrétariat et Conseil de sécurité. Les pays fournisseurs de contingents doivent avoir l’occasion de servir dans des capacités de gestion. Les personnes qui mettent leur vie en jeu doivent bénéficier d’un traitement égalitaire égal dans les missions comme au Siège. Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité de surveiller les zones où un conflit risque de se développer dans la mesure où la prévention est plus efficace que la guérison, c’est-à-dire l’envoi de troupes. Il a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes des conflits telles que la pauvreté si elle souhaite instaurer une paix réelle. La paix doit être soutenue et non pas seulement maintenue, a-t-il conclu.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a expliqué qu’il était dans l’intérêt de l’autorité de l’ONU de renforcer les opérations multidimensionnelles de la paix. Les attentes de la part de la communauté internationale en la matière ouvrent la voix à de nouvelles possibilités d’action que freinent les capacités matérielles limitées de l’ONU. Tous les États Membres doivent, dans ces conditions, montrer leur volonté politique en apportant leur pleine contribution financière afin que l’ONU puisse s’acquitter de ces tâches nouvelles. À cette fin, les entités concernées doivent jouer leur rôle respectif et notre délégation appui le renforcement de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat.
La réforme des opérations que nous appelons de nos vœux devra répondre plus efficacement aux objectifs de la Charte et être conduite sous l’égide des résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant. La Chine est, par ailleurs, d’avis que l’usage de la force doit être limité, cela pour obtenir plus facilement un appui renforcé des acteurs régionaux. Le représentant a continué en déclarant que le rôle des opérations étant de plus en plus complexe, il devenait nécessaire de définir une stratégie d’intervention claire en planifiant rigoureusement tous les aspects de ces opérations. Dans ce cadre, il faut améliorer les mécanismes en place et renforcer l’appui logistique comme l’obtention de personnel expérimenté pour les missions les plus difficiles.
Au chapitre de la consolidation de la paix, le représentant a souhaité que les organisations régionales contribuent davantage aux opérations de la paix, comme c’est actuellement le cas en Afrique. Au Burundi et en République démocratique du Congo notamment, les organisations régionales et sous-régionales africaines ont, en coopération avec le Conseil de sécurité, participé au renforcement de la sécurité et fait face aux crises militaires. Ces organisations africaines doivent bénéficier du personnel et de moyens financiers adaptés à leur effort et en vue de les doter de capacités d’alerte rapide adéquates.
M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a déclaré que le maintien de la sécurité internationale passait par le respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires internes des pays. Tout en reconnaissant le rôle important des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, il a estimé que celles–ci ne devaient pas se substituer à des solutions permanentes, ni au traitement des causes profondes des conflits qui nécessitent des instruments de développement. Il a ensuite appuyé le renforcement de la capacité de déploiement rapide. M. Maleki a également souligné la contribution importante des organisations régionales au maintien de la paix. La coopération régionale doit être complémentaire à l’action centrale des Nations Unies mais elle ne peut s’y substituer, a-t-il insisté. Il a ensuite appelé à assurer une représentation équitable de tous les Etats membres dans les équipes recrutées par le Département des opérations de maintien de la paix. Il a également appelé à traiter de façon transparente et ferme les cas de manquement à la discipline commis par le personnel. M. Maleki a ensuite affirmé que son pays était prêt à participer aux opérations de maintien de la paix. Il a enfin souligné l’importance de renforcer la capacité des pays en développement émergeant comme fournisseurs de contingents et de mettre l’accent sur la formation.
Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a insisté sur le rôle clé de l’Union africaine, véhicule indispensable selon elle pour instaurer à terme une sécurité coordonnée sur l’ensemble du continent. La création de brigades agissant sous mandat des Forces africaines en attente, dont l’établissement est prévu pour 2010, ne signifie en aucune manière que les Nations Unies doivent relâcher leur effort de maintien de la paix dans les régions et sous-régions concernées, a poursuivi la représentante. Comme en fait état le rapport Brahimi, une telle initiative viendrait en complément des activités de l’Organisation. Les nations africaines doivent, dans ces conditions, continuer de bénéficier de l’aide extérieure, notamment dans les domaines de la formation, des réseaux de contacts et de l’attribution de ressources.
Poursuivant, la représentante a affirmé que son pays était attaché, à l’instar du Secrétaire général, à une participation accrue des femmes dans les opérations de maintien de la paix. Elle a indiqué que son pays avait déployé des femmes soldats dans six des huit missions dans lesquelles des contingents kényens sont engagés.
M. KIRIP CHALIKA (Inde) a rappelé qu’une forte présence militaire était nécessaire dans les phases initiales des opérations de maintien de la paix pour assurer la crédibilité des Nations Unies, notamment dans des situations où certains éléments armés échappent à tout contrôle. Il a constaté que le concept actuel de maintien de la paix englobait une série d’activités de différente nature: la prévention des conflits, le maintien de la paix et sa consolidation. Il s’est opposé à la tendance qui consiste à établir une confusion entre le maintien de la paix et sa consolidation. Cette dernière tâche est à plus long terme et elle doit être contrôlée au niveau local par des personnels qui ont des compétences spécifiques. M. Chalika a ensuite insisté sur l’importance de l’état de droit, qui occupe désormais une place centrale dans la consolidation de la paix après les conflits. Il est nécessaire d’agir au cas par cas car chaque contexte est unique, a-t-il déclaré, et il ne faut pas chercher à imposer de modèle étranger comme cela est souvent le cas. Les Nations Unies ne doivent pas imposer de modèle culturel.
Le représentant a ensuite constaté une tendance récente à s’orienter vers les solutions régionales de plus en plus fréquemment, ce qui n’est pas adapté aux cas les plus complexes. Il ne faut pas parcelliser le maintien de la paix sous forme de sous-contrats et le Conseil de sécurité ne saurait se démettre de ses responsabilités, a-t-il soutenu. M. Chalika a ensuite souligné que le concept de déploiement rapide n’avait rencontré qu’un succès limité en pratique et il a jugé nécessaire de discuter de ce sujet critique. Il a ensuite fait part de l’inquiétude de sa délégation pour la sécurité des personnels des Nations Unies sur le terrain. Développer les activités de renseignement et l’évaluation des risques ne suffit pas, a-t-il expliqué, il faut aussi bien planifier les missions et les doter de mandats clairs. Enfin le représentant a évoqué l’attachement de l’Inde à la coopération triangulaire entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Ces pays doivent être impliqués pleinement dans la planification des missions et leurs évolutions. Il a conclu en rappelant que plus de 70 000 Indiens avaient participé à 38 missions et que 109 d’entre eux avaient fait le sacrifice de leur vie.
M. ROLANDO RUIZ ROSAS (Pérou) a noté que les 16 opérations de la paix en cours répondent essentiellement à des conflits armés interétatiques et sont donc multidimensionnelles. A son avis, même si le volet militaire des opérations est de plus en plus fort, celles-ci doivent continuer de s’attaquer en priorité aux deux fléaux que sont la pauvreté et l’isolement. C’est dans ce sens que les opérations de la paix devraient être doublées d’un mandat de reconstruction nationale.
Poursuivant, le représentent a estimé que les capacités de déploiement rapide étaient cruciales dans le contexte des conflits interétatiques. Ces capacités empêchent que ce type de conflit ne bascule dans des situations de crise inextricables dans lesquelles les droits humanitaires les plus fondamentaux sont bafoués. En conclusion, le représentant a demandé qu’un mécanisme de remboursement immédiat soit mis à la disposition des pays en développement contributeurs de contingents.
M. RODNEY ALEJANDRO LÓPEZ CLEMENTE (Cuba) a estimé que les concepts de « protection humanitaire » de « culture de protection » contredisent totalement les principes de la Charte, à savoir la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires d’un État. L’aide, dont ont besoin des millions de personnes, ne peut pas servir de prétexte à l’introduction de concepts douteux qui servent les intérêts d’une poignée de pays puissants. L’Assemblée générale doit exercer son autorité avec poigne, même lorsqu’il s’agit de conflits. Les moyens dont disposent les Nations Unies en cas de conflits armés ne relèvent pas exclusivement du seul Conseil de sécurité. Dans cette enceinte, en effet, il n’y a pas de place pour l’hégémonisme international ou régional ou pour le droit de veto. Le représentant a, par ailleurs, exprimé sa préoccupation devant les lenteurs accumulées dans le remboursement des pays contributeurs de troupes. Il a, en outre, insisté sur le développement comme vecteur de paix. Enfin, le représentant a regretté la persistance de la politique de « deux poids, deux mesures » et de critères discriminatoires lorsqu’il s’agit de constituer et de déployer une opération de maintien de la paix.
M. ANDREAS D. MAVROYIANNIS (Chypre) s’est associé à la déclaration faite au nom de l’Union européenne par les Pays-Bas. Faisant des observations d’un point de vue national, il a rappelé que le Conseil de sécurité avait prorogé le mandat de la Force de maintien de la paix à Chypre pour une nouvelle période de six mois et avait approuvé les recommandations du Secrétaire général portant sur une réduction de 30 % des effectifs. Nous avons également accueilli ces propositions avec satisfaction, a-t-il dit. Nous comprenons totalement la nécessité de rationaliser les ressources disponibles d’autant que cet ajustement comporte un faible risque, comme l’a précisé le Secrétaire général dans son rapport sur la question. Le représentant a toutefois fait observer que l’effectif des troupes turques sur l’île, tout comme la nature de leur équipement, ont été maintenus tandis que la violation du statu quo militaire à Strovilia continue. Les restrictions de mouvements imposées en juillet 2003 par les forces de sécurité chypriotes turques continuent d’entraver les opérations de la Force des Nations Unies. Nous croyons fermement qu’avec le nouveau concept d’opérations, l’UNFICYP sera en mesure de se concentrer sur deux aspects de son mandat: le maintien et la consolidation de la paix. La Force sera chargée, entre autres, de jouer un rôle d’intermédiaire entre les parties. Dans les mois à venir, la Force mènera des opérations de déminage dans la zone tampon. Elle encouragera également toute initiative qui pourrait contribuer à la normalisation de la situation et à la réconciliation.
M. WILLEM RAMPANGILEI (Indonésie) a rendu hommage à la mémoire des personnels des opérations de maintien de la paix qui ont fait le sacrifice de leur vie. Il a souligné que le maintien de la paix était devenu multidimensionnel, complexe et très coûteux. Le maintien de la paix traditionnel n’est donc plus viable; seule une présence robuste a des chances de succès mais elle doit être soutenue par les ressources adéquates, dont un personnel qualifié, a-t-il soutenu. M. Rampangilei a insisté sur l’importance de la formation. Il a appelé à réduire l’écart de contribution entre pays développés et en développement, afin d’établir un partage du fardeau plus équitable. Il a ensuite jugé positive la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, lesquelles doivent jouer un rôle complémentaire sans pour autant se substituer à l’action de l’ONU. Il a indiqué que l’Association des nations d’Asie du sud-est (ANASE) allait créer une Communauté de sécurité d’ici 2020. Par ailleurs, le représentant a évoqué les problèmes de sécurité qui menacent le personnel sur le terrain, ce qui risque de rendre difficile le recrutement de personnel civil. Il a également insisté sur l’importance d’harmoniser les relations entre civils et militaires au sein des opérations. Il a souligné la nécessité de coupler maintien de la paix et développement, lequel est seul à même d’assurer que le conflit en reprenne pas. M. Rampangilei a affirmé l’importance de la coopération au sein du système des Nations Unies et avec d’autres organisations pour éviter les chevauchements et le gaspillage. Enfin il a réclamé la mise en place d’une politique de remboursement plus rapide pour que les pays fournisseurs de contingents puissent déployer les troupes rapidement.
M. LESLIE B. GATAN (Philippines) a relevé le nombre croissant d’opérations de maintien de la paix en soulignant l’importance du déploiement rapide. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place un processus de consultations significatif entre les pays contributeurs de troupes, comme les Philippines, le Conseil de sécurité et le Département des opérations de maintien de la paix. Il faut mettre en place de nouveaux mécanismes permettant de garantir que les pays contributeurs de troupes soient informés des nouveaux développements lors des étapes préliminaires de toute opération. Nous devons également améliorer la planification des missions ainsi que la formation des Casques bleus. Par exemple, la composition de la Force au siège de la mission devrait être composée de citoyens de pays qui n’ont aucun intérêt politique ou économique dans le cadre d’un conflit donné. Par ailleurs, il est urgent d’accorder la priorité à la protection des membres des opérations de maintien de la paix. Le représentant a également insisté sur la prévention des conflits. Enfin, la question de la consolidation de la paix doit être abordée de manière globale.
M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande) a souligné que la demande croissante pour des opérations de maintien de la paix dépasse de loin les capacités des Nations Unies et que la complexité des situations de transition après les conflits signifie que ces opérations poursuivent des activités sur deux fronts: celui du maintien de la paix et de sa consolidation. Pour faire face à ces demandes, les Nations Unies doivent mettre à contribution les ressources et l'expérience des autres organisations sur la base d'un partenariat stratégique. L'engagement de l'Islande en faveur des opérations de maintien de la paix se manifeste notamment à travers son importante contribution financière aussi bien au budget ordinaire des Nations Unies qu'au budget statuaire des opérations de maintien de la paix, a affirmé le représentant en ajoutant que son pays a également créé un Groupe islandais d'intervention en cas de crise (ICRU). Ce Groupe, entièrement composé de personnel civil, a déployé des professionnels médicaux et des policiers aux côtés des missions de maintien de la paix dans les Balkans. Les principales opérations de ce Groupe se déroulent actuellement à Kaboul dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) et au Sri Lanka, dans le cadre d'une mission de surveillance de cessez-le-feu qui a été établie par les pays nordiques. L'Islande est également présente à Sarajevo avec le groupe de police de l'Union Européenne. Du début de 2002 à avril 2004, notre principale opération s'est déroulée à l'aéroport de Pristina, au Kosovo, sous les auspices de la KFOR, a affirmé le représentant. Par conséquent, nous sommes très préoccupés par la sécurité du personnel de maintien de la paix et nous condamnons les attaques odieuses telles que l'attaque suicide à la bombe qui a pris pour cible le personnel islandais de maintien de la paix à Kaboul, faisant trois blessés parmi ses rangs. Il faut que les mesures de sécurité nécessaires soient prises pour assurer la sécurité du personnel de maintien de la paix, a insisté le représentant.
M. RABUKAWAQA (Fidji) a noté que les misions de maintien de la paix, de plus en plus complexes, nécessitaient une approche multilatérale afin de pouvoir répondre plus efficacement aux défis dans ce domaine. La Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq est l’une de ces missions qui demandent une approche globale et la coopération de toutes les entités concernées. Fidji va participer à la MANUI en connaissance des défis et des risques pour ses personnels mais aussi des graves conséquences pour les Nations Unies en cas d’échec. Le but de cette mission est de répondre à la demande de l’Iraq pour maintenir sur son sol la paix et la sécurité ainsi que la protection des personnes les plus vulnérables.
Poursuivant, le représentant a émis le souhait que les pays en développement prennent une part plus active aux opérations de maintien de la paix. Pour ce faire, des mécanismes doivent être trouvés pour apporter une assistance adéquate aux nations désireuse de participer, a-t-il souhaité. Dans ce contexte, nous saluons l’effort du Comité des contributeurs de contingents visant à établir des systèmes d’aide financière à l’intention des pays concernés. Le renforcement de la coopération triangulaire conduite sous l’égide du Secrétaire général devrait également faciliter la participation des pays en développement au maintien de la paix. Une présence accrue d’activités de ce type renforcerait dans ce sens la crédibilité et l’intégrité des opérations de l’ONU sur le terrain.
M. VICTOR KRYZHANIVSKY (Ukraine) a relevé que l’augmentation du nombre d’opérations de maintien de la paix posait un défi aux Nations Unies et risquait d’influer sur l’efficacité des opérations. La demande devrait continuer à croître, a-t-il averti, et il faut donc une coopération plus étroite entre les États Membres, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Les États doivent, plus que jamais, apporter des moyens financiers et humains. Il a rappelé que son pays était l’un des plus importants fournisseurs des contingents. Le représentant a jugé que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales pouvait grandement aider l’ONU et il a insisté sur l’importance de l’engagement de la communauté internationale pour renforcer les capacités de maintien de la paix de ces organisations, notamment en Afrique. M. Kryzhanivsky a ensuite évoqué les risques encourus par le personnel des opérations. Il a soutenu les efforts réalisés en matière d’activités de renseignement et il a salué la création de cellules d’analyse conjointes des missions sur le terrain. Il a ensuite évoqué le rôle crucial joué par le déploiement rapide dans le succès des opérations et a constaté que l’objectif de déploiement en 30 jours ou 90 jours préconisé par le rapport Brahimi était loin d’être atteint. Il a encouragé le Secrétariat à faire fonctionner pleinement les mécanismes tels que les stocks stratégiques et le Système de forces et moyens en attente. M. Kryzhanivsky a jugé nécessaire d’étudier la question et notamment la proposition émise par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de disposer d’unités de réserve entraînées et équipées. Évoquant la nécessité d’examiner les questions financières, il a également demandé le remboursement en temps voulu des pays fournisseurs de contingents.
M. KONÉ (Mali) a indiqué que les opérations de maintien de la paix avaient nettement évolué avec la nature des conflits contemporains auxquels les Nations Unies sont appelées à faire face. En effet, on assiste aujourd’hui à une prolifération sans précédent de conflits internes, des guerres civiles qui infligent des souffrances énormes aux populations et menacent la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré. Le contexte international exige ainsi que le rôle remarquable des organisations sous-régionales dans le maintien de la paix soit facilité en renforçant leurs capacités opérationnelles. Ceci est d’autant plus opportun que la plupart des déploiements de l’ONU en Afrique de l’Ouest l’ont très souvent été après une intervention préventive de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mais la volonté politique des États et des organisations sous-régionales butte aussi sur le manque criant de moyens, d’où la nécessité de l’appui de la communauté internationale, a poursuivi le représentant.
M. Koné a rappelé que son pays participait à la formation au maintien de la paix sur son territoire à travers, notamment, l’Ecole de formation du même nom. En conclusion, il a réitéré la disponibilité et le soutien du Gouvernement malien aux efforts considérables du Département du maintien de la paix en précisant que la mise en œuvre des critères de participation liés, notamment, à l’équipement, à la logistique et à l’autosuffisance constituaient des obstacles à la participation des pays en développement dont le sien.
Mme MARIJA ANTONIJÉVIC (Serbie-et-Monténégro) a relevé que le maintien de la paix consistait à créer les conditions pour une paix durable. Cela implique de reconnaître l’importance des éléments de consolidation de la paix pour le succès des opérations. Elle a ensuite affirmé le poids du rétablissement de l’état de droit dans les sociétés post conflit. Cet aspect devrait être intégré au mandat des opérations de maintien de la paix, a-t-elle ajouté, tout en reconnaissant la nécessité de définir des mandats clairs. La représentante a jugé nécessaire de renforcer la coopération avec les organisations régionales et les autres entités aux fins du rétablissement de l’état de droit. De même, elle a insisté sur l’importance de faire participer les composantes nationales à ce processus, afin d’assurer que les particularités de chaque cas sont bien prises en compte. Elle a souligné que la participation des populations n’était possible que si des conditions de sécurité minimales étaient remplies et elle a rappelé que l’ONU avait échoué à plusieurs reprises en la matière. Elle a notamment évoqué le Kosovo et la Metohija, où la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo n’a pas réussi à prévenir les attaques dirigées contre les populations non albanaises et où les personnes déplacées n’ont pu rentrer chez elles. Il n’est pas possible d’envisager un dialogue entre les parties dans ces conditions, a-t-elle constaté. Par ailleurs, la représentante a réaffirmé que le déploiement rapide d’un nombre suffisant d’officiers civils de police expérimentés et de personnel judiciaire était nécessaire au rétablissement de l’État de droit. Un retard dans leur déploiement au sein de la MINUK et la réduction prématurée des effectifs a résulté dans la création d’une culture d’impunité, a-t-elle déploré.
Mme MONICA BOLAÑOS-PÉREZ (Guatemala) a indiqué que le grand défi en matière de maintien de la paix était de savoir si, devant l’accroissement de la demande d’opérations de plus en plus complexes, les Nations Unies avaient les moyens financiers de répondre à la nouvelle donne. L’Organisation devrait pouvoir se mettre le plus rapidement possible au service de toutes les situations de crises quand cela s’avère nécessaire, a-t-elle poursuivi. Il s’agit là d’une responsabilité sérieuse qui incombe à tous les États Membres et au Secrétariat. Poursuivant, la représentante a expliqué que la participation, même modeste, de son pays contribuerait à la paix dans le monde. C’est dans ce sens que nous avons signé récemment un mémoire d’entente sur la création des unités de réservistes. En conclusion, elle a informé que le Guatemala allait envoyer, sous peu, une unité de police militaire en Haïti.
M. ANAS ELTAYEB ELGAILANI MUSTAFA (Soudan) a rappelé le rôle important des opérations de maintien de la paix dans le monde et notamment sur le continent africain. Cependant, ces opérations ne doivent pas empêcher la recherche d’une solution politique ni de s’attaquer aux causes profondes des conflits. Les conflits africains s’expliquent généralement par la pauvreté et la communauté internationale doit prendre cela en considération, a-t-il déclaré. La coopération entre l’ONU et les organisations régionales doit être la priorité pour l’avenir. Cette coopération a déjà abouti à quelques succès grâce à l’appui des pays donateurs, a affirmé le représentant, car la plupart des pays fournisseurs de contingents ne disposent pas de ressources financières. Il a alors demandé le renforcement des capacités de maintien de la paix en Afrique. Évoquant l’expérience au Darfour, il a estimé que les difficultés et insuffisances de ce type de situation y avaient été démontrées. Il a souligné que les opérations doivent respecter le mandat en vertu duquel elles sont déployées et ne pas s’en écarter. Il faut éviter les « deux poids deux mesures » et la sélectivité, a-t-il soutenu. Le représentant a alors mis l’accent sur l’étroite collaboration entre le Soudan et les Nations Unies en vue de préparer la mission de l’ONU dans le pays. Il a indiqué que son gouvernement espérait parvenir à un accord de paix complet mais que cela exigerait que l’ONU et la communauté internationale fournissent assistance et aide pour soutenir les activités post conflit. À cet égard, il s’est félicité des contributions annoncées par certains pays et il a demandé que soit fournie une assistance d’urgence pour que l’Union africaine puisse s’acquitter de sa tâche au Darfour.
M. KYAW TIN (Myanmar) a affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient être strictement menées aux fins de remplir les objectifs de paix et de sécurité contenus dans la Charte des Nations Unies, et cela en respectant notamment la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et l’indépendance des pays dans lesquels sont déployés les opérations. À cet égard, le Myanmar souscrit entièrement à la position du Mouvement des pays non-alignés pour qui le maintien de la paix est un instrument important mais qui ne peut se substituer à la recherche de solutions définitives aux conflits. Poursuivant, M. Tin a expliqué que les opérations comprenaient désormais des volets importants dans les domaines de l’aide humanitaire, de la reconstruction et du développement. Le Conseil de sécurité a, en premier, la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il doit également définir clairement les aspects relatifs à la consolidation de la paix qui sont intégrés aux mandats de maintien de la paix. Dans ce sens, la priorité devrait aller à la recherche d’une stratégie de sortie assurant aux pays en crise une transition souple vers la paix durable après le départ des missions de l’ONU.
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