AG/PKO/180

DEMANDES ACCRUES, PARTENAIRES MULTIPLES ET ENVIRONNEMENT DANGEREUX: LE MAINTIEN DE LA PAIX FACE A DE NOUVEAUX DEFIS

30/03/2004
Communiqué de presse
AG/PKO/180


Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

177ème et 178ème séances – matin & après-midi


DEMANDES ACCRUES, PARTENAIRES MULTIPLES ET ENVIRONNEMENT DANGEREUX:

LE MAINTIEN DE LA PAIX FACE A DE NOUVEAUX DEFIS


Déployées dans un environnement de plus en plus menaçant, confrontées à un nombre croissant d’attaques dirigées directement contre leur personnel civil et militaire, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont, au cours des dernières années, fait l’objet d’une multiplication de la demande dans le monde.  Dans un contexte en pleine mutation qui pourrait voir au cours de l’année à venir le nombre de missions passer de 14 à 19 et celui des Casques bleus atteindre un niveau sans précédent, les Etats membres du Comité spécial des opérations de maintien de la paix ont aujourd’hui renouvelé leur détermination à renforcer la capacité de maintien de la paix des Nations Unies pour en faire un instrument efficace aux mains de l’Organisation.


Pour ce débat de deux jours, les délégations avaient pour base de travail un rapport du Secrétaire général*.  Celui–ci identifie plusieurs questions fondamentales: les Etats souhaitent-ils et peuvent-ils fournir aux troupes l’aide nécessaire aux opérations de maintien de la paix?  L’Organisation pourra-t-elle faire face à l’augmentation des nouvelles missions?  Les pays sont-ils en mesure d’assurer une capacité d’intervention rapide immédiate?  Les pays fournisseurs de troupes fourniront-ils des contingents disposés et aptes à opérer dans un contexte difficile? 


Le déploiement rapide de personnels militaires et de police civile bien formés et bien entraînés a aujourd’hui encore été relevé comme un élément crucial du succès des missions.  Comme l’a dit le représentant du Burundi, pays où une mission est actuellement envisagée, il est nécessaire d’assurer un déploiement rapide au moment opportun, sans quoi la mission risquerait de rater son objectif.  Certaines délégations ont demandé aux pays développés de contribuer davantage en qualité de pays fournisseurs de troupes, le représentant de l’Inde regrettant le manque de volonté de nombreux d’entre eux sur ce point.  Les délégations ont également insisté dans leur grande majorité sur la nécessité d’améliorer les mécanismes de collecte d’informations sur le terrain ainsi que l’aptitude à en tirer des renseignements utiles.  Elles ont aussi insisté sur l’importance de veiller au comportement du personnel de maintien de la paix et appuyé la stratégie retenue par le Département des opérations de maintien de la paix consistant à promulguer des procédures disciplinaires précises.  Il a également été suggéré d’engager une réflexion sur la stratégie de réapprovisionnement des stocks de déploiement rapide, la base de Brindisi étant quasiment épuisée.  Compte tenu du rôle croissant de la police civile, une plus grande coordination entre les divisions militaire et de police devrait faire l’objet d’une évaluation pluridisciplinaire pour chaque mission.  Des représentants, notamment celui de la République arabe syrienne, ont tenu à rappeler que les opérations doivent respecter rigoureusement les principes consacrés dans la Charte. 


Le Comité reprendra ses travaux en séance publique le vendredi 16 avril.


* le rapport du Secrétaire général est paru sous la côte A/58/694.


étude de la question des opérations de maintien de la paix


Déclarations


M. HARON HASSAN (Jordanie) a déclaré que sa délégation a pris note de l’appel du Secrétariat de soutenir ses efforts en faveur du renforcement de la capacité du Département des opérations de maintien de la paix pour rétablir l’état de droit dans les pays concernés.  S’il s’est dit convaincu que le Groupe de deux personnes en matière pénale et judiciaire, de la Division de la police civile, devrait être graduellement étendue, il a estimé qu’il faudrait en dernière instance une direction à part entière pour la primauté du droit.  A propos de la capacité d’intervention rapide transhorizon, le représentant a souhaité avoir plus de détails sur la constitution d’une telle force.  Attirant ensuite l’attention sur les forces et moyens en attente, il a demandé ce que supposait un tel mécanisme, et si ce mécanisme affecterait les pays en leur faisant l’obligation de fournir des troupes, soulignant qu’il y avait un déséquilibre grandissant dans ce domaine.  Selon lui, tous les membres du Conseil de sécurité, et particulièrement les membres permanents doivent garantir un appui aux missions.  S’agissant de la question de la sûreté et la sécurité, la délégation a préconisé une plus forte capacité de collecte de l’information qui permettrait de réaliser une analyse mieux adaptée à chaque situation donnée.  Appelant ensuite tous les Etats Membres à se montrer ponctuels dans le versement de leurs contributions, le représentant de la Jordanie a souligné l’importance de promouvoir les questions de genre et de parité dans le maintien de la paix et s’est dit convaincu que la coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Fonds des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) aidera à prendre en compte les priorités des femmes dans le cadre des opérations de maintien de la paix.


M. STEFANE TAFROV (Bulgarie) a soutenu les propositions concrètes faites par le Secrétaire général dans son rapport sur la mise en œuvre des recommandations du Comité spécial.  Les événements récents à Bagdad ou au Kosovo, a-t-il, ont une fois de plus montré la nécessité de prendre des mesures urgentes pour combler le déficit de sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé.  Pour mettre en œuvre la résolution 1502 du Conseil sur ce thème, a-t-il poursuivi, il est essentiel de perfectionner le mécanisme de coopération entre les Etats Membres et le Département des opérations de maintien de la paix, notamment dans les domaines de la collecte et de l’analyse du renseignement.  Il a par ailleurs souligné la responsabilité primordiale des Etats Membres dans le domaine de la préparation des contingents mis à disposition de l’ONU.  Encourageant la coopération régionale en matière de formation et d’entraînement des unités de personnels impliqués dans les opérations de paix, il s’est félicité du développement de centres d’entraînement communs et des systèmes de contrôle de la formation. 


Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents pour assurer un accès plus rapide des contingents policiers et des experts civils.  Il a aussi souligné la nécessité de renforcer la coopération interorganisations entre l’ONU, les autres organisations intergouvernementales et les organismes régionaux et sous-régionaux.  A cet égard, il a cité l’exemple de la Brigade multinationale de l’Europe de l’Est (SEEBRIG) et du Groupe de coopération navale BLACKSEAFOR, dont l’expérience pourrait, de l’avis de sa délégation, être utile à tous les Membres de l’ONU.  Il a réitéré le soutien sans réserve de son pays à la déclaration commune de coopération dans la gestion des crises signée par l’ONU et l’Union européenne, citant l’exemple de l’opération « Artémis » en République démocratique du Congo.  Il a souligné que la mise en place d’un mécanisme de remboursement rapide augmenterait la motivation des Etats moyens et petits participant aux opérations de paix.  


M. LOUIS ANGAH (Côte d’Ivoire) a rappelé que l’Opération des Nations Unies dans son pays, l’ONUCI, est sur le point de prendre la relève le 4 avril prochain de la MINUCI et de l’ECOMICI, témoignant de la sollicitude de la communauté internationale.  Le représentant a réaffirmé l’engagement du Président ivoirien, Laurent Gbagbo, et du Gouvernement de réconciliation nationale d’appliquer intégralement les Accords de Linas-Marcoussis et d’Accra II ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et d’autre part à assurer la sécurité du personnel et des biens qui seront déployés dans le cadre de l’ONUCI. 


Le représentant a par ailleurs commenté les cinq questions fondamentales que se pose le Secrétaire général dans son rapport et assuré le Comité de la détermination de la Côte d’Ivoire à participer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies dès qu’elle le pourra.  La crise actuelle, a-t-il regretté, ne nous a pas permis de poursuivre l’engagement de ses contingents dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, notamment dans le cadre du système des forces et des moyens en attente.  Cependant, nous sommes déterminés à contribuer dès que possible à la capacité d’intervention rapide immédiate transhorizon.  Le représentant a par ailleurs invoqué le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies en insistant sur la nécessité pour l’ONU de déléguer ses responsabilités aux organisations régionales.  Il faut cependant que les capacités d’une telle organisation soient à la mesure de la crise à résoudre.  Le représentant a également appuyé la stratégie intégrée du développement régional du maintien de la paix qui est en mesure de créer une synergie entre tous les acteurs concernés.


Le représentant a enfin formulé un certain nombre d’interrogations eu égard en particulier au financement des contingents nationaux avant leur déploiement dans le cadre de missions de la paix des Nations Unies quand leur entraînement institutionnel fait déjà l’objet de douloureux arbitrage budgétaire.  Le représentant s’est également demandé si les Nations Unies ne pouvaient pas aider à promouvoir la complémentarité des programmes à l’échelle régionale des centres sous-régionaux de formation au maintien de la paix dont le fonctionnement s’accompagne d’une duplication des tâches.


M. V.K. NAMBIAR (Inde) a déclaré que, tout en accordant le plus haut degré de priorité à la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix et personnel associé et tout en appuyant tous les efforts pour renforcer les mécanismes existants, l’Inde ne souscrivait pas à la position préconisant que l’amélioration de la capacité de collecte d’information et d’analyse devait se traduire par la création de nouveaux mécanismes entraînant des dépenses importantes.  Il a regretté par ailleurs le manque de coopération sensible entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, l’avis de ces derniers étant tenu pour consultatif.  Reconnaissant l’utilité du concept de déploiement rapide, la délégation indienne a regretté le manque de volonté de nombreux pays sur ce point et a rappelé que les gouvernements démocratiquement élus sont responsables devant leurs électeurs et doivent suivre les procédures établies pour la prise de décisions.  Si les stocks de déploiement rapide ont permis d’améliorer la capacité de réaction des Nations Unies, a-t-il poursuivi, il n’en reste pas moins qu’il est nécessaire d’engager une réflexion sur la stratégie de réapprovisionnement de ces mêmes stocks.  Abordant par ailleurs le rôle croissant de la police civile, l’Inde a déclaré que la coordination entre les composantes militaire et de police devrait être l’objet d’une évaluation pluridisciplinaire pour chaque mission. 


Appuyant l’idée d’une formation spécialisée à partir de modules génériques, la délégation a toutefois précisé ne pas accepter le principe de la « formation pour le plaisir de former » et a préconisé de mettre maintenant en place un processus de surveillance et d’évaluation des progrès accomplis.  Pour sa part, le Gouvernement indien a instauré une formation rigoureuse de six semaines comportant entre autres une sensibilisation au mandat des Nations Unies, aux droits de l’homme, à la prévention du VIH/sida et à la maîtrise des langues.  Soulignant ensuite le manque de progrès concernant les pratiques optimales, le représentant a stigmatisé les actes commis par le personnel sur le terrain, qui portent atteinte à l’intégrité et à l’image des Nations Unies, insistant pour que la sensibilisation aux devoirs qui leur incombent fasse partie intégrante de la formation.  Enfin, le représentant a insisté sur la nécessité de dissoudre aussi rapidement que possible les missions dont le mandat est terminé, ceci pour des raisons financières et budgétaires.


Mme BERRIS EKINCI (Turquie) a rappelé que son pays était pleinement engagé dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, que ce soit au Kosovo ou en République démocratique du Congo.  Nous sommes conscients de l’importance croissante de la dimension de police civile et réitérons notre soutien à la proposition visant à développer la Division de police civile.  Ceci permettra de mieux répondre aux aspects de police civile que comporte toute opération complexe multidimensionnelle.  La Turquie est un des rares pays à figurer sur la liste des fournisseurs de personnel de police civile.  Par ailleurs, nous insistons sur l’importance de la représentation des femmes dans les opérations de maintien de la paix et sommes disposés à continuer de désigner des candidates pour des postes dans la police civile.  Le représentant a précisé que son pays participe aussi aux opérations au Kosovo, au Libéria et en République démocratique du Congo.  La Turquie, a indiqué la représentante, se félicite des travaux en cours au sein du Secrétariat visant à formuler un module de formation standard.  Dans le même esprit, nous avions créé, en 1998, un Centre de formation à Ankara et sommes prêts dans le cadre des travaux de ce Centre à contribuer à l’amélioration des capacités de formation des Nations Unies en matière de maintien de la paix.   


M. CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que pour son pays, une décennie d’expérience au sein de 27 missions de la paix avait montré que les défis pouvaient être traduits en opportunités.  Avec des milliers de militaires et de policiers civils déployés dans 10 missions en cours, dont sept à caractère multidimensionnel, le Bangladesh est prêt à partager ses expériences en matière d’optimisation des mandats.  Nous attachons une grande importance aux capacités de déploiement rapide et à la bonne préparation des hommes et du matériel des Nations Unies et des pays contributeurs de troupes (PCT).  Il a présenté le recours à des forces régionales ou multinationales sous mandat de l’ONU, comme une excellente stratégie de stabilisation rapide.  Des efforts collectifs entre les Nations Unies et les PCT sont nécessaires pour pouvoir disposer de soldats disciplinés et bien entraînés, conscients de ce que l’on attend d’eux sur le terrain en matière opérationnelle, morale et éthique, dans l’intérêt de la crédibilité et de l’image des missions de maintien de la paix.  Notant le rôle croissant de la police civile pour renforcer l’état de droit, le représentant a appelé le Secrétariat à renforcer les capacités de la police civile des PCT, y compris une formation en langue française. 


Par ailleurs, le représentant du Bangladesh a insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de sécurité du personnel des missions des Nations Unies.  L’assassinat l’année dernière en République démocratique du Congo de deux officiers de maintien de la paix atteste des conditions de sécurité précaires dans lesquelles nous opérons aujourd’hui.  Le Bangladesh souhaite que soient revitalisées les relations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, par le biais de deux mécanismes existant, à savoir, les réunions privées ou le Groupe de travail sur le maintien de la paix.  Cela nous permettrait d’optimiser nos mandats en matière d’efficacité et de mener des débats constructifs sur les problèmes auxquels nous avons à faire face dans les missions les plus complexes.  Il a rappelé que les pays en développement fournissaient 70% des troupes et du personnel des missions de maintien de la paix, tout particulièrement en Afrique.  En 2003, 18 Bangladais sont décédés dans le cadre de missions en Afrique.  La moindre des choses que nous attendons en reconnaissance de notre contribution est un examen périodique et équitable des taux de remboursement des coûts encourus par notre pays au titre du maintien de la paix. 


M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) s’est félicité des progrès enregistrés dans les six domaines prioritaires que le Secrétaire général a identifiés pour 2003 et l’avenir.  Il a néanmoins souligné la nécessité de renforcer la sécurité du personnel déployé sur le terrain et appuyé les propositions du Secrétaire général visant à établir un point focal chargé des questions de sécurité et opérant à plein temps ainsi qu’une unité de gestion de la sécurité au sein du Département de maintien de la paix.  Le meilleur moyen pour assurer la sécurité des opérations de maintien de la paix et les mettre en position de faire respecter l’état de droit, a-t-il poursuivi, est de leur donner un mandat clair, une présence robuste, un financement adéquat et une capacité de déploiement rapide.  Il a par ailleurs insisté sur la nécessité d’accroître les capacités africaines en matière de maintien de la paix et appelé la communauté internationale à faire preuve de volonté pour assister le continent africain dans ce domaine, notamment en renforçant des capacités institutionnelles, en particulier en matière de police, d’immigration et d’administration de la justice.  M. Butagira a conclu en soulignant la nécessité première de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et de promouvoir la paix et le développement durables.     


M. NARAYAN DEV PANT (Népal) a indiqué que dans le contexte d’opérations complexes et multidimensionnelles, il était indispensable de tisser des liens de coopération forts entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.  La pratique actuelle consistant à tenir des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes constitue un développement positif même si des efforts doivent encore être faits pour que ces réunions soient plus structurées et portent sur des questions de fond.  Nous insistons également pour que de telles consultations aient également lieu durant la phase de planification de toute nouvelle mission.  Les accords sur les moyens et les forces en attente méritent d’être développés plus avant pour permettre le déploiement rapide des troupes.  Le Népal, a ajouté son représentant, est disposé à accroître le nombre de ses troupes disponibles qui de 2 000 actuellement pourraient passer à 3 500.  Dans l’intervalle, nous demandons instamment aux Nations Unies de répondre à la pénurie de matériel, un problème que de nombreux pays comme le nôtre connaissent. 


Le représentant a reconnu que le succès des opérations de maintien de la paix complexes dépendait d’une stratégie d’ensemble qui comprenne les processus de DDR, la primauté du droit, la réforme du secteur de la sécurité et la mise en œuvre de projets à impact rapide.  Dans ce contexte, il a ainsi souligné l’importance critique du Groupe consultatif en matière judiciaire et de droit pénal au sein du Département des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a également insisté sur la nécessité de fournir une formation adéquate aux Casques bleus.   Nous avons adopté une politique de tolérance zéro pour ceux qui enfreignent les règles de conduite et d’ordre disciplinaire, a-t-il encore expliqué.  La question du remboursement des pays contributeurs de troupes a également été soulevée par le représentant qui a expliqué que les retards accusés dans ce domaine sapaient les capacités de maintien de la paix de pays comme le sien.


M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a rappelé que la responsabilité première pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale incombait aux Nations Unies et dépendait fortement des opérations de maintien de la paix.  Sans se substituer à une solution permanente, elles contribuent incontestablement à la restauration de la paix et de la sécurité dans les zones de conflit.  La question de la formation des personnels du maintien de la paix est essentielle et devrait bénéficier d’une plus grande priorité, a estimé le représentant.  Saluant l’adoption d’un Code de conduite pour le personnel des opérations de maintien de la paix, le représentant a également accueilli avec satisfaction la méthodologie d’évaluation et le système de contrôle, adoptés par le Département des opérations de maintien de la paix.  En tant que récent fournisseur de troupes, l’Iran, a-t-il indiqué, contribue au maintien de la paix dans la limite de ses ressources financières et continuera à le faire.  Par ailleurs, le représentant s’est félicité de l’examen des systèmes de procédure en vue d’améliorer la prévention des menaces et la capacité d’analyse et de collecte de l’information sur le terrain.  Il a enfin souligné qu’il fallait prendre des mesures efficaces et concrètes afin d’assurer la sécurité de tous ceux qui sont présents sur le terrain, affirmant que son Gouvernement était prêt à soutenir les programmes des Nations Unies de sensibilisation au VIH/sida, et encourageant les Etats Membres à mettre l’accent sur cette question dans leurs programmes de formation militaire.


M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a insisté sur les deux défis auxquels font face les opérations de paix menées par l’ONU, à savoir les besoins croissants, en particulier en Afrique et l’environnement menaçant, de plus en plus complexe et multidimensionnel dans lequel elles se déroulent.  De l’avis de sa délégation, il est nécessaire, dans ce contexte, de renforcer les capacités de l’ONU elle-même et d’intensifier la coopération avec les autres organisations.  S’agissant de la capacité de l’ONU, il a insisté sur la nécessité de renforcer la collecte et l’analyse du renseignement pour mieux protéger le personnel.  A cet égard, il a soutenu la proposition du Secrétaire général visant à mettre en place un point focal chargé de la sécurité et opérant à temps plein et d’établir au sein du Département du maintien de la paix (DPKO) une mission de gestion de la sécurité.  Soulignant que les opérations de paix sont désormais davantage des opérations de consolidation de la paix que de maintien de la paix, il a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités du DPKO en matière de planification des aspects civils des opérations et de renforcer la coopération des agences du système des Nations Unies.  Regrettant que les capacités de planification des aspects militaires soient également insuffisantes, notamment en terme de personnel, il s’est toutefois félicité de la contribution de la Brigade d’intervention rapide en attente des opérations de l’ONU (SHIRBRIG) à l’établissement de la mission au Libéria et celle prévisible à l’établissement d’une mission au Soudan. 


S’agissant de la coopération entre les organisations, il a insisté sur le fait que toutes les organisations participant à des missions mandatées par l’ONU, qu’elles soient dirigées ou non par L’Organisation, devaient poursuivre le même objectif de paix et de sécurité.  Il a également souligné l’importance de la formation, notamment avant le déploiement et selon des normes communes et de l’équivalence des niveaux de compétence et de compréhension de la situation sur le terrain.  L’efficacité des opérations, a-t-il poursuivi, pourrait être améliorée si le domaine de compétences du commandant de la force ou du Chef des observateurs militaires était élargi dans le but d’établir l’unité de commandement.  Il s’est par ailleurs associé aux préoccupations du Secrétaire général quant à l’appauvrissement des stocks disponibles réservés au déploiement stratégique à la base logistique de Brindisi.  Il a également souligné le rôle crucial que joue la police civile dans le maintien de la stabilité, comme le démontrent les situations en Iraq et au Kosovo, et insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales de police civile.  Se félicitant des efforts pour améliorer les capacités des Nations Unies à faire respecter l’état de droit, il s’est félicité des mesures prises, notamment le déploiement dans les missions les plus importantes, de conseillers en matière de lutte contre le VIH/sida, pour faire du personnel de maintien de la paix « des agents du changement ».  Il a conclu en estimant qu’il était nécessaire de faire davantage pour renforcer le rôle du Conseiller pour la parité entre les sexes au sein du DPKO.


M. PRAYONO ATIYANTO (Indonésie) a estimé qu’on ne pouvait plus repousser la mise en œuvre d’une implication équitable entre les pays du Nord et ceux du Sud en ce qui concerne le partage des responsabilités, étant donné la demande croissante en matière de maintien de la paix à laquelle l’Organisation des Nations Unies est appelée à faire face.  Le véritable partage de ce fardeau serait un symbole significatif de la coopération aux fins de la paix et de la sécurité internationales.  L’Indonésie en tant que pays contributeur de troupes insiste sur la nécessité de renforcer la sécurité du personnel de maintien de la paix.  Les récentes tragédies, telles que les attentats qui ont fait une vingtaine de morts en Iraq, dont le Représentant spécial du Secrétaire général, ou les drames qu’ont connus la République démocratique du Congo et le Kosovo soulignent qu’il est impératif que nous continuions à explorer tous les moyens de protection de ceux qui servent cette noble cause. 


Le représentant a également fait sienne la proposition de Secrétaire général de créer, dans chaque mission de maintien de la paix, un poste de responsable du comportement du personnel, agissant en qualité de médiateur.  Par ailleurs, il a insisté sur l’importance du caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix.  Il s’est dit heureux de constater que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) a pris en compte la préparation d’un guide sur les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles, répondant ainsi à une proposition du Comité.  Il est nécessaire d’assurer une formation adéquate, a estimé le représentant en soulignant que la qualité de toute intervention de maintien de la paix était tributaire de la formation dispensée.  S’agissant tout particulièrement de la police civile, il a insisté sur la nécessité de réévaluer les capacités du DOMP en ce domaine, les unités de policiers civils étant appelées à intervenir dans des situations de maintien de la paix de plus en plus complexes. 


Mme QWABE (Afrique du Sud) a insisté sur la nécessité de mettre en place des liens étroits de coopération entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes qui peuvent jouer un rôle important dans la planification des missions.  Cela permettrait également de décider d’une plus juste répartition du fardeau financier.  Concernant la coopération avec les mécanismes régionaux, la représentante a estimé que l’Union africaine avait montré son engagement à l’égard des efforts pour résoudre les conflits.  Le rôle actif des entités régionales ne doit pas être interprété comme un substitut aux responsabilités qui incombent aux Nations Unies comme le précise la Charte des Nations Unies.  Il est important que le Secrétariat poursuive ses efforts en vue de renforcer les initiatives régionales.  Notre définition d’une mission crédible serait celle qui aurait été autorisée par les Nations Unies en appui à des initiatives régionales et prévoyant la participation des pays développés y compris un soutien logistique et matériel.   


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a attiré l’attention sur plusieurs problèmes qui intéressent les pays fournisseurs de contingents.  Tout d’abord, celui de la formation, devenue un élément crucial des opérations de maintien de la paix, et qu’il appelé à soutenir.  Ensuite, il a salué les efforts déployés en matière de remboursement, notamment des équipements, malgré des retards fâcheux.  S’agissant du coup de l’équipement, le représentant a souhaité que le Comité spécial définisse une direction plus claire à ce sujet.  Il a par ailleurs invoqué la nécessité de mettre en place de nouvelles mesures de sûreté et de sécurité, soulignant l’importance d’une amélioration dans la collecte de l’information.  Poursuivant, la délégation a espéré que les réunions avec le Conseil de sécurité, certes très utiles, prennent davantage en compte à l’avenir les préoccupations des pays fournisseurs de contingents.  En conclusion, il a réaffirmé l’engagement de son pays à l’égard des opérations de maintien de la paix, non seulement en tant que fournisseur de contingents mais en tant qu’hôte du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan, l’une des plus anciennes opérations.  Cette opération continue à remplir pleinement son rôle en matière de maintien de la paix et a le potentiel pour contribuer à la construction de la paix, a-t-il poursuivi.  Selon le représentant, à mesure que l’environnement diplomatique s’améliore en Asie du Sud, cette opération pourrait jouer dans la région un rôle clef pour la promotion de la confiance.  Pour le représentant, le moment est venu de renforcer considérablement la Mission en vue de lui permettre d’apporter son assistance tant au processus de paix en cours qu’à la protection des droits de l’homme au Cachemire.


M. TAN YORK CHOR (Singapour) a  estimé que les défis et les difficultés que connaît le maintien de la paix sont multiples.  Le contexte de sécurité est de plus en plus précaire, les menaces se multiplient à l’encontre du personnel des Nations Unies qui est plus vulnérable que jamais, comme l’a montré l’attentat contre le Siège des Nations Unies à Bagdad.  Nous soutenons la proposition du Secrétaire général de mettre en place un agent de liaison de la sécurité des missions au sein du Département.  Nous avons avancé depuis le rapport historique de M. Brahimi mais il nous faut faire plus encore.  Si nous voulons qu’une mission soit couronnée de succès, il faut qu’une force robuste soit déployée qui soit en mesure de réagir si son mandat est mis à mal.  Pour cela, il faut un personnel bien formé et un équipement suffisant et en bon état.  Cela suppose également des consultations étroites entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les Etats Membres.


A ce stade, nous devons nous demander si les pays sont en mesure de fournir des troupes prêtes et de bonne volonté.  Pour parvenir à un maintien de la paix puissant, a insisté le représentant, il faut que les pays développés contribuent en qualité de fournisseurs de troupes.  Parfois, les organisations régionales sont les mieux à même d’intervenir, comme nous l’avons vu en Europe ou en Afrique, d’où la nécessité de tisser des liens importants avec les entités régionales.  La nature complexe du maintien de la paix, les efforts du Département des opérations de maintien de la paix en matière de formation sont positifs afin de parvenir à davantage d’intégration au Siège comme sur le terrain.  Le représentant a également insisté sur l’aspect collecte de l’information, non seulement pour assurer la bonne marche de la mission, mais également pour faire face aux menaces sur le terrain.  A cet effet, il a soutenu la création de cellules d’analyse d’information conjointes au sein des missions.


M. MILAD ATIEH (République arabe syrienne) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont un moyen essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, comme pour instaurer un environnement favorable au lendemain des conflits.  Ainsi, au Moyen-Orient, des opérations de maintien de la paix jouent un rôle positif de manière responsable.  Il a fait valoir les relations positives entre les dirigeants de son pays et la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD).  Toutefois, a-t-il poursuivi, ces opérations ne peuvent remplacer des solutions durables et ne peuvent être que provisoires.  Il est regrettable qu’au Moyen-Orient les opérations soient en place depuis des décennies, ceci à cause de la politique d’agression d’Israël.  Le représentant a réaffirmé que les opérations de maintien de la paix et leurs mandats doivent scrupuleusement respecter les principes de la Charte, y compris ceux de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats.  Il a insisté par ailleurs sur l’importance des mesures prises en vue de renforcer la sécurité du personnel sur le terrain.  Le représentant a appelé en conclusion à renforcer la coordination entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.


M. ANDRIY BESHA (Ukraine) a salué le développement de nouveaux types de partenariats et procédures entre les Nations Unies et un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et a encouragé la communauté internationale et les Nations Unies à soutenir les efforts de l’Union africaine pour renforcer ses capacités dans ce domaine.  Le représentant a insisté sur un élément central du maintien de la paix qui est la sécurité du personnel et a appelé les Etats qui ne l’avaient pas encore fait à ratifier la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé.  Il a également dit soutenir à cet effet toute initiative visant à améliorer la collecte et l’échange d’information.  Il s’est félicité de l’interaction plus dynamique qui s’est instaurée depuis un an entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents même si le mécanisme de coopération en place mérite d’être amélioré.  Il a également accueilli favorablement les progrès réalisés dans l’amélioration des capacités de déploiement rapide des Nations Unies et a appelé le Secrétariat à poursuivre son travail avec les Etats membres pour améliorer les mécanismes existants comme les stocks de déploiement stratégiques.  L’expérience a montré que nous sommes encore loin de pouvoir respecter le délai des 30 pour le déploiement de missions simples et celui de 90 jours pour les missions complexes, le problème principal étant le manque de ressources financières et logistiques.  Il est également important de veiller au remboursement en temps voulu des pays contributeurs de troupes. 


Mme MONICA BOLAÑOS-PÉREZ (Guatemala) a appelé à développer la capacité des Nations Unies à mettre sur pied des opérations de maintien de la paix efficaces et pouvant être déployées rapidement en vue de répondre aux nouveaux défis qui sont posés aujourd’hui, notamment sur le continent africain.  Elle s’est félicitée de la signature avec l’Organisation du Mémorandum d’accord en novembre dernier portant sur les forces et moyens en attente, se disant par ailleurs heureux d’annoncer que trois observateurs militaires guatémaltèques se joindraient au personnel en Côte d’Ivoire.  Saluant également le processus de consultations que le Secrétariat a engagé avec les Etats Membres sur le déploiement rapide, la représentant a ensuite attiré l’attention sur la nécessité d’assurer la sécurité du personnel sur le terrain, accueillant favorablement les efforts engagés pour améliorer la capacité de l’Organisation à évaluer les menaces et à améliorer ses mécanismes de collecte de l’information sur le terrain.


M. MUNOZ (Chili) a estimé que les changements intervenus en matière de sécurité mondiale font apparaître la nécessité d’élargir l’application des mesures prévues au Chapitre VI et VII de la Charte.  Au cours de la dernière décennie, des principes et doctrines ont été élaborés en matière de diplomatie préventive et d’intervention humanitaire.  Depuis, nous avons assisté à la montée des conflits régionaux ayant des répercussions entre Etats.  Les opérations de maintien de la paix doivent désormais être conçues comme faisant partie d’un processus intégré comprenant l’humanitaire, la défense des droits de l’homme, la promotion du développement socioéconomique ou encore la promotion des capacités institutionnelles.  Le représentant a fait valoir que son pays a participé aux opérations de maintien de la paix dès le début de ces dernières.  Cette participation a été élargie au cours de la dernière décennie, le Chili ayant fourni des équipes médicales et du personnel de police civile.  Notre contribution au maintien de la paix s’est traduite aussi par l’inclusion de nos troupes dans d’autres bataillons comme en Bosnie ou à Chypre et le déploiement de bataillons dans le cadre de Forces multinationales comme en Haïti.  Parmi les conditions essentielles du succès des opérations de maintien de la paix, il faut noter une bonne planification et l’octroi de mandats clairs et adaptés d’où l’importance de mener des consultations entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.  Un autre élément du succès dépend de la bonne formation et de l’équipement des contingents sur le terrain, a poursuivi le représentant, et ceux-ci provenant en majorité de pays en développement, il faut améliorer les procédures de remboursement à ces derniers.  Ainsi, le remboursement rapide doit aller de pair avec le déploiement rapide.  On ne peut pas contribuer à une paix durable sans un état de droit d’ou la nécessité d’appuyer également le rétablissement d’un système judiciaire et les programmes de DDR.  Beaucoup reste à faire également pour que les femmes soient intégrées au maintien de la paix et pour que leur sécurité soit assurée.    


M. SAKDA SANGSNIT (Thaïlande) a rappelé que 15 missions de maintien de la paix sont actuellement actives à travers le monde et que 43 000 Casques bleus et plus de 6 400 observateurs militaires et officiers de police civile sont déployés sur le terrain.  Un tel déploiement a entraîné une inflation préoccupante des responsabilités financières des Etats Membres.  A cet égard, le représentant a recommandé d’envisager la création d’un mécanisme d’examen qui permettrait de procéder à une réévaluation des activités de maintien de la paix.  La Thaïlande soutient par ailleurs les efforts en vue de renforcer la capacité des Nations Unies à se déployer plus rapidement, affirmant que ce déploiement devait revêtir un caractère préventif pour éviter que la situation ne dégénère.  Ensuite, a suggéré le représentant, le Département des opérations de maintien de la paix pourrait bénéficier d’une meilleure coopération avec les coalitions régionales.  Enfin, la Thaïlande a attiré l’attention sur le problème de la sûreté et de la sécurité du personnel, saluant les progrès réalisés en ce domaine, mais soulignant que beaucoup restait à faire.  Une information précise et réactualisée est nécessaire pour tout pays fournisseur de contingents au cours du processus de planification intégré.  Une telle information servirait pour la formation préparatoire des militaires.


M. ALEXANDRU CUJBA (République de Moldova) a appuyé les recommandations faites par le Secrétaire général pour l’année à venir.  Il a fait observer que si les opérations de maintien de la paix ne pouvaient ni se substituer à des solutions durables des conflits, ni résoudre leurs causes sous-jacentes, et ne pouvaient être que des mesures temporaires, tout devait être fait pour saisir l’opportunité qu’elles offrent de consolider les initiatives de paix.  Il s’est félicité des mesures prises pour renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et a invité le Département de maintien de la paix à poursuivre dans cette voie.  Il a exprimé la particulière satisfaction de sa délégation quant aux progrès faits en matière d’arrangements relatifs aux forces et moyens en attente dans les domaines de la police et du personnel civil et militaire.  Il a estimé que la possibilité d’améliorer les conditions de sécurité du personnel sur le terrain résidait dans l’amélioration des capacités de collecte et d’analyse du renseignement, y compris sur le terrain.  A cet égard, il a appuyé les propositions du Secrétaire général visant à établir un point focal chargé de la sécurité opérant à temps plein ainsi qu’une unité de gestion de la sécurité au sein du Département des opérations de maintien de la paix.  M. Cujba a par ailleurs informé les délégations des mesures prises au niveau national pour renforcer la formation et les capacités logistiques du contingent mis à disposition des opérations de paix conformément à son engagement concernant les forces et moyens en attentes.  Il a félicité le Secrétariat pour ses initiatives visant à favoriser la standardisation de la formation des personnels de maintien de la paix.  


M. MALICK THIERNO SOW (Sénégal) a indiqué que sa délégation, qui attendait la publication prochaine du rapport sur l’évaluation globale du système de gestion de la sécurité et la sûreté des organismes des Nations Unies, considère néanmoins qu’il serait indispensable, sinon utile, de procéder à un état évaluatif préliminaire de la situation.  Il a ajouté que le succès de mesures de prévention à l’échelle universelle requiert, dans ce domaine, inéluctablement le soutien actif et la coopération des Etats Membres.  Dans ce cadre, la délégation a exhorté le Département des opérations de maintien de la paix à persévérer dans ses efforts et soutient sans réserve la suggestion du Secrétaire général pour une plus grande rationalisation de la politique en matière de sécurité et de sûreté.  Pour sa part, le Sénégal a signé et ratifié depuis 1999 la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé.  Par ailleurs, eu égard aux phénomènes souvent complexes et à l’impact multidimensionnel des questions transfrontalières, le Sénégal encourage le Département des opérations de maintien de la paix à favoriser de plus en plus le déploiement d’opérations pluridisciplinaires.  Rappelant ensuite qu’il était illusoire de croire que la restauration de l’état de droit obéit à un schéma algébrique, le représentant a insisté sur la nécessité d’un renforcement des capacités en matière de protection des droits de l’homme des pays sortant d’un conflit afin de favoriser la réconciliation nationale.  Sa délégation est également d’avis qu’il est indispensable sinon primordial de continuer le renforcement de la capacité de l’Afrique en matière de formation aux opérations de maintien de la paix afin de lui permettre de participer et de contribuer plus efficacement en ce domaine.  La mise en place récente du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine en vue d’asseoir une politique régionale de prévention des conflits va aider grandement les Etats africains.  Le représentant sénégalais s’est d’autre part félicité de l’élaboration par le DOMP d’une approche coordonnée et intégrée sur la question de la formation ainsi que de la méthodologie d’évaluation et d’un système de suivi.  Rappelant enfin l’impact de l’information dans les OMP, le Sénégal a précisé qu’il soutiendrait toute recommandation visant à allouer des ressources additionnelles à un programme sur cette question.


M. CELARIÉ (El Salvador) a déclaré que son pays avait signé le 23 octobre le mémorandum d’accord qui a pour but d’identifier les ressources disponibles du pays dans le cadre de sa participation au système des forces et moyens en attente, signe de son engagement profond en faveur de la paix.  Nous avons la volonté politique nécessaire pour appuyer les opérations de maintien de la paix et pour y participer, a-t-il affirmé.  Le représentant a assuré le Comité spécial de l’excellence de l’armée et de la police salvadoriennes et de l’éthique qui guide leurs activités.  Nous sommes conscients que des changements se produisent dans le monde entier à un rythme accéléré.  Nous avons signé des accords de paix, intégré des femmes dans l’armée et décerné Des diplômes à la première promotion militaire.  Nous saluons l’intervention du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et sommes solidaire des inquiétudes exprimées par le Groupe de Rio.  Nous sommes conscients de la nécessité de renforcer les opérations de maintien de la paix.  


M. MARC NTETURUYE (Burundi) a noté qu’une mission envoyée trop tôt ou trop tard peut rater son objectif.  Concernant le recrutement de la police civile et des soldats de la paix, il a affirmé que, pour pallier l’insuffisance de ces derniers, les Nations Unies pouvaient profiter de la présence d’une mission de la paix dans un pays donné pour recruter et former des policiers et des troupes militaires dont on aura besoin dans d’autres missions.  Le représentant a poursuivi en indiquant que l’étape la plus délicate du processus de paix était le volet DDR, désarmement, démobilisation, réintégration, qui ne peut réussir que s’il est opéré en parfaite symbiose avec les autres aspects du processus de paix, notamment les réformes politiques, judiciaires et la reconstruction.  Soulignant que chaque pays avait ses particularités propres, le représentant du Burundi a déclaré que dans la région des Grands lacs, par exemple, il est difficile d’imaginer une réconciliation qui ne passe pas par le rétablissement de la vérité et une justice réparatrice et réconciliatrice.  Une éventuelle mission qui négligerait cet aspect n’aura pas beaucoup de chances de réussir, a prévenu le représentant. 


Evoquant ensuite la question de la discipline et du sida, le Burundi a rappelé que la conduite du personnel de maintien de la paix déterminera les relations entre le Gouvernement, la population et la mission de la paix elle-même.  S’agissant des questions fondamentales posées par le Secrétaire général à la fin de son rapport, le représentant a fait observer que certaines opérations de maintien de la paix, notamment en Afrique, connaissaient un problème sérieux de troupes et de moyens financiers et logistiques parce que les pays riches ont cessé d’envoyer leurs hommes et tardent à accorder les moyens nécessaires.  Enfin, il a regretté que le Conseil de sécurité hésite et pousse les organisations régionales à dépêcher sur place des forces sans accorder les moyens financiers et logistiques nécessaires, rappelant que ces organisations ne peuvent s’impliquer que dans des situations relativement faciles.  A cet égard, il a rappelé qu’il serait hasardeux d’envoyer en République démocratique du Congo ou au Burundi des troupes en provenance de pays limitrophes, même à travers la MONUC ou la MINUB.


M JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH, Observateur de l’Ordre souverain militaire de Malte, a estimé que le succès des opérations de maintien de la paix ne se limite pas à la décision ou à l’accord d’intervention, mais dépend surtout de la capacité de déployer avec rapidité des forces robustes dans n’importe quelle partie du monde.  Il a défini le sens de la responsabilité des Nations Unies, la clarté et la précision des mandats et le partage des responsabilités, comme autant de défis garantissant le succès des missions.  Il la salué l’importance du Guide des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles, publié par le Département des opérations de maintien de la paix et qui, selon lui, apporte une réponse d’ensemble très complète à des questions complexes. 


Par ailleurs, le représentant s’est inquiété des conditions de sécurité du personnel des missions de maintien de la paix, notamment des médecins, assistants médicaux et infirmiers.  Nous demandons que la sécurité du personnel humanitaire de l’Ordre de malte, de son personnel et de ses services médicaux, soit assurée par les Nations Unies lorsque les Nations Unies font appel à ses services et que cette protection soit incluse et définie dans le mandat de l’opération de maintien de la paix.  S’agissant du défi consistant à transformer des économies de guerre en économie de paix, il a estimé qu’une opération de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) n’était viable sans un soutien économique et social conséquent.  En outre, l’observateur a insisté sur la nécessité d’apporter un soutien conséquent aux pays sortant de conflit en matière de réforme judiciaire et renforcement de l’état de droit. 


M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a regretté que le principe de l’égalité souveraine des Etats soit ébranlé par la doctrine de la force qui vient perturber l’ordre international.  La situation actuelle exige que les opérations de maintien de la paix soient menées en conformité avec le mandat que leur a accordé la communauté internationale.  Il faut faire en sorte que toutes les opérations de maintien de la paix des Nations Unies reposent sur le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.  De telles opérations ne doivent pas faire le jeu d’un pays particulier qui les exploite à des fins personnelles.  Dans un tel cas, les Nations Unies se disqualifieraient.  Il n’est pas normal que des troupes américaines postées en Corée du Sud utilisent le drapeau des Nations Unies.  Il s’agit d’une violation de la bonne foi et de l’impartialité des Nations Unies.  Nous demandons le retrait des forces américaines de la Corée du Sud.  La position négative des Etats-Unis lors de la récente série de négociations à six à Beijing a déçu beaucoup de personnes.  Le renforcement de la puissance militaire américaine ne peut que nous amener à développer une force de dissuasion nucléaire et personne ne peut nous dire que nous n’avons pas le droit de nous protéger.


Liste des orateurs


Ont pris la parole aujourd’hui: Jordanie, Bulgarie, Côte d’Ivoire, Inde, Turquie, Bangladesh, Ouganda, Népal, République islamique d’Iran, Norvège, Indonésie, Afrique du Sud, Pakistan, Singapour, République arabe syrienne, Ukraine, Guatemala, Chili, Thaïlande, République de Moldova, Sénégal, El Salvador, Burundi, Observateur de l’Ordre souverain militaire de Malte, République populaire démocratique de Corée.


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