LE SECRÉTARIAT DEMANDE PRÈS DE SEPT MILLIONS DE DOLLARS POUR FINANCER LES TRAVAUX DE LA COMMISSION MIXTE CAMEROUN-NIGÉRIA
Communiqué de presse AG/AB/816 |
Cinquième Commission
49e séance – matin
LE SECRÉTARIAT DEMANDE PRÈS DE SEPT MILLIONS DE DOLLARS POUR FINANCER LES TRAVAUX DE LA COMMISSION MIXTE CAMEROUN-NIGÉRIA
Dans le cadre des mesures prises par le Conseil de sécurité concernant la fourniture d’un appui à la Commission mixte Cameroun-Nigéria, la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) a examiné ce matin l’engagement financier proposé par le Secrétaire général à cet égard. Cette Commission a été mise en place pour faire appliquer la décision de la Cour internationale de Justice du 10 octobre 2002 relative au litige frontalier entre le Cameroun et le Nigéria. Les dépenses initiales avaient été couvertes par les ressources extrabudgétaires mais il est apparu que cet engagement n’était pas viable. C’est pourquoi, a rappelé le Directeur de la division de la planification des programmes et du budget, M. Warren Sach, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la question, il est demandé que les crédits nécessaires au fonctionnement de cette opération soient imputés au budget ordinaire à hauteur de 6 902 900 dollars jusqu’à la fin de l’année.
Regrettant vivement la parution tardive du rapport du Secrétaire général, le Président du Comité Consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), M. Vladimir Kuznetsov a indiqué que le rapport suscitait un certain nombre de questions concernant notamment l’imputation au budget ordinaire des décisions de la Cour internationale de justice. Il a aussi demandé des précisions concernant le niveau des postes proposés, la description des fonctions, la participation des entités régionales et autres organismes des Nations Unies et les plans prévus pour obtenir des contributions volontaires. Dans ces conditions, le Président du CCQAB a demandé que les propositions soient présentées à nouveau à la prochaine session de l’Assemblée générale.
La Commission mixte Cameroun-Nigéria a reçu pour mandat d’examiner les implications de la décision de la Cour, y compris la démarcation de la frontière terrestre entre les deux pays; la formulation de recommandations en vue de l’adoption de mesures de confiance supplémentaires telles que l’élaboration de projets visant à promouvoir les coentreprises et la coopération transfrontière; le retrait des troupes des zones pertinentes le long de la frontière; la démilitarisation à terme de la presqu’île de Bakassi avec la possibilité d’y déployer du personnel international pour observer le retrait; et la relance de la Commission du bassin du lac Tchad, organe composé de cinq pays, dont le Cameroun et le Nigéria sont des membres influents.
S’exprimant au nom du Groupe africain, la représentante de l’Afrique du sud, à l’instar d’autres délégations telles que le Canada, a souligné l’importance du règlement pacifique du différend entre le Cameroun et le Nigéria car il atteste de la confiance dans le processus multilatéral de règlement des conflits. Selon la représentante de la Jamaïque, ce règlement
ne doit pas être traité comme un fait divers car il représente une preuve de confiance dans un processus qui concerne deux pays africains appartenant au Commonwealth et qui jouent un rôle clé dans la diplomatie internationale. De son côté, le représentant du Cameroun a déclaré qu’appuyer les travaux de la Commission mixte serait le meilleur moyen de mettre en oeuvre le principe de diplomatie préventive si cher aux Nations Unies. La représentante du Nigéria s’est elle aussi félicitée du règlement pacifique de ce conflit et a souligné le caractère modeste des sommes demandées par rapport à l’importance de leur impact pour la paix et la sécurité dans la région.
A l’instar des regrets exprimés par M. Kuznetsov concernant le retard dans la publication du rapport, de nombreuses délégations sont également intervenues pour demander des explications au Secrétariat à cet égard, dans la mesure où cette question avait été abordée par le Conseil de sécurité au mois de mars. Expliquant ce retard, M. Warren Sach a précisé que même si le Conseil de sécurité avait été saisi dès la mi-mars par le Secrétaire général, il n’avait répondu que mi-avril. Il a fallu par la suite attendre les concertations entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et les bureaux des Nations Unies concernés par cette question. M. Sach a aussi précisé que la proposition chiffrée obtenue le 6 mai était le fruit d’une analyse détaillée des besoins.
Outre les pays cités sont également intervenus les représentants des pays suivants: Irlande (au nom de l’Union européenne), République arabe syrienne, Japon, États-Unis, Cuba et Australie
La Commission poursuivra ses travaux demain jeudi 27 mai à partir de 10 heures.
Projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2004-2005
Documentation
Prévisions de dépenses relatives aux missions politiques spéciales, missions de bons offices et autres initiatives politiques autorisées par l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité (A/C.5/58/20/Add.1)
Le présent rapport est soumis dans le cadre des mesures prises par le Conseil de sécurité en ce qui concerne la fourniture d’un appui à la Commission mixte Cameroun-Nigéria, mise en place pour faire appliquer la décision de la Cour internationale de Justice relative au litige frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. On trouvera dans le présent rapport des propositions concernant le financement de l’appui à la Commission mixte Cameroun-Nigéria pour une période de sept mois allant du 1er juin au 31 décembre 2004. Une fois approuvées par l’Assemblée générale, les ressources nécessaires, dont le montant est estimé à 6 902 900 dollars, seraient imputées sur le solde non affecté des ressources prévues au titre des missions politiques pour l’exercice biennal 2004-2005.
La Commission mixte Cameroun-Nigéria a reçu pour mandat d’examiner les implications de la décision de la Cour, y compris la démarcation de la frontière terrestre entre les deux pays; la formulation de recommandations en vue de l’adoption de mesures de confiance supplémentaires telles que l’élaboration de projets visant à promouvoir les coentreprises et la coopération transfrontière; le retrait des troupes des zones pertinentes le long de la frontière; la démilitarisation à terme de la presqu’île de Bakassi avec la possibilité d’y déployer du personnel international pour observer le retrait; et la relance de la Commission du bassin du lac Tchad, organe composé de cinq pays, dont le Cameroun et le Nigéria sont des membres influents. Le calendrier de travail de la Commission mixte a été négocié et approuvé par les deux parties le 6 août 2003, puis a été révisé au début du mois d’avril 2004 compte tenu des tâches accomplies jusqu’alors.
Déclarations
Mme KAREN LOCK (Afrique du Sud) au nom du Groupe africain, faisant référence au règlement pacifique du différend frontalier entre le Nigéria et le Cameroun, s’est félicitée de l’initiative sans précédent de deux chefs d’État qui se sont engagés à mettre en œuvre une décision de la Cour internationale de justice et les mesures de renforcement de la confiance pour garantir la paix et la sécurité dans la région. Dans ces conditions, elle a estimé que, dans l’ensemble, l’appui modeste des Nations Unies avait beaucoup contribué aux résultats et a souhaité que tous les efforts nécessaires soient déployés pour que l’accord obtenu soit mis en œuvre dans les meilleures conditions. Le Groupe africain appuie pleinement la demande de ressources présentée par le Secrétaire général pour soutenir la Commission mixte Cameroun/Nigéria.
Mme NORMA ELAINE TAYLOR ROBERTS (Jamaïque) a espéré que les renseignements demandés seront fournis le plus rapidement possible afin que les délégations puissent se prononcer sur ce projet de budget. Elle a souhaité que cette démarche de démarcation entre le Nigéria et le Cameroun ne soit pas traitée comme un fait divers, car il s’agit d’une mesure qui atteste de la confiance dans le processus multilatéral. C’est une preuve de confiance dans un processus qui concerne deux pays africains appartenant au Commonwealth et qui jouent un rôle de tête dans la diplomatie internationale. Même si nous n’oublions pas les tensions qui ont existé entre les deux pays autour de ce problème de démarcation, nous sommes heureux de constater le retrait des forces militaires de la région du Lac Tchad et le transfert de son administration à une autorité civile.
Intervenant au nom de l’Union européenne, Mme MARGARET STANLEY (Irlande) a exprimé sa préoccupation quant à la présentation tardive du rapport du Secrétaire général, d’autant plus que cette question a été abordée par le Conseil de sécurité au mois de mars. Elle a souhaité des informations sur les fonds utilisés jusqu’à présent pour couvrir les besoins de la Commission mixte Cameroun/Nigéria.
M. NAJIB ELJY (République arabe syrienne) a appuyé la proposition de budget du Secrétaire général et souligné l’importance de l’appui des Nations Unies à la Commission mixte dont les travaux contribueront grandement à la stabilité dans la région.
M. IYA TIDJANI (Cameroun), tout en comprenant les préoccupations exprimées par les délégations en raison du caractère tardif de la présentation du rapport du Secrétaire général, a souligné l’importance d’un soutien sans réserve de la Cinquième commission à la proposition de budget du Secrétaire général. Selon lui, ce serait le meilleur moyen de mettre en oeuvre une diplomatie préventive si chère aux Nations Unies. Il ne s’agit pas pour une fois de voter des crédits pour une mission de maintien de la paix mais de mettre à la disposition du Secrétaire général des moyens pour aider deux pays frères et amis à appliquer un arrêt rendu par la Cour internationale de justice le 10 octobre 2002. Il a déclaré que c’est grâce à leur sens de la paix et au souci de préserver leurs relations, que le Cameroun et le Nigéria avaient voilà plusieurs années convenu de se rencontrer, de respecter et de mettre en oeuvre la décision de la Cour, quelle qu’elle soit.
Les représentants des États-Unis, de Cuba et de l’Australie se sont dits préoccupés par la soumission tardive du rapport du Secrétaire général.
Mme NONYE UDO (Nigéria) a remercié le Secrétaire général pour son engagement dans le processus visant à faciliter la mise en œuvre de la décision de la Cour internationale de justice. Lorsque l’on examine les origines de certains conflits, on se rend compte qu’elles sont souvent moins complexes que celles qui ont opposé le Nigéria et le Cameroun, a commenté la représentante. Cependant, ces deux pays sont arrivés à une solution dans une atmosphère pacifique. Cet effort mérite par conséquent d’être soutenu et appuyé. La Commission mixte représente à cet égard un modèle pour ce qui est de la recherche de solution aux conflits. Nous avons toutes les raisons de conclure que les contributions modestes des Nations Unies ont joué un rôle clé dans l’obtention des résultats, a estimé la représentante.
M. JERRY KRAMER (Canada) a rappelé le caractère crucial de la Commission mixte pour l’application de l’arrêt rendu par la Cour internationale de Justice qui offre un exemple très important de la mise en oeuvre des dispositions des Nations Unies en matière de prévention de crise. Il a souhaité que les informations requises pour prendre une décision soient mises à la disposition des délégations dès demain.
M. HITOSHI KOZAKI (Japon) s’est félicité des progrès réalisés par la Commission mixte pour faire appliquer la décision de la Cour internationale de justice. Tout en se félicitant du rapport du Secrétaire général, il a regretté, à l’instar de nombreuses délégations, le retard de la présentation des données dont l’examen est indispensable pour adopter un projet de budget.
Reprenant la parole, Mme LOCK (Afrique du Sud), tout en partageant les préoccupations des délégations quant à la présentation tardive du rapport, a souhaité que ce problème n’empêche pas les délégations de se prononcer sur cette question.
Répondant aux questions des délégations, M. Warren Sach, Directeur de la division de la planification des programmes et du budget, a précisé que même si le Conseil de sécurité avait été saisi dès la mi-mars par le Secrétaire général, il n’avait répondu que mi-avril. Il a fallu par la suite attendre les concertations entre le Département des opérations de maintien de la paix et les bureaux des Nations Unies concernés par cette question. Il a déclaré que la proposition chiffrée obtenue le 6 mai était le fruit d’une analyse détaillée des besoins. Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait de besoins essentiels et qu’il était prêt à mettre à la disposition des délégations les informations supplémentaires demandées.
S’agissant des inquiétudes soulevées par certaines délégations de créer un précédent en adoptant un budget présenté si tardivement et de manière incomplète, il a souligné le caractère exceptionnel d’une question qui concerne le soutien du Conseil de sécurité à la mise en oeuvre d’une décision de la Cour internationale de Justice. Les mesures visant à mettre en oeuvre une diplomatie préventive en appui à un règlement pacifique d’un différent de frontière est un précédent intéressant, a-t-il fait remarquer.
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