AG/AB/3645

L’ARGENT N’EST PAS UNE CONDITION SUFFISANTE POUR ASSURER LA SÉCURITE, AFFIRMENT DES DÉLÉGATIONS EN CINQUIÈME COMMISSION

04/11/2004
Communiqué de presse
AG/AB/3645


Cinquième Commission                                       

20e séance – matin                                         


L’ARGENT N’EST PAS UNE CONDITION SUFFISANTE POUR ASSURER LA SÉCURITE, AFFIRMENT DES DÉLÉGATIONS EN CINQUIÈME COMMISSION


« L’argent n’est pas une condition suffisante pour faire face aux défis posés par l’insécurité tant que notre Organisation (ONU) n’apparaîtra pas comme totalement neutre », a déclaré le représentant de l’Égypte en Cinquième Commission (administrative et budgétaire), qui concluait ce matin l’examen du renforcement du système de la gestion de la sécurité dans le cadre du budget-programme de l’exercice 2004-2005.


À ce sujet, le représentant de l’Inde a estimé que la plus grande contribution que nous pouvons faire à la sécurité des Nations Unies (ONU) est de procéder à une évaluation honnête et critique des moyens de restaurer la perception d’une ONU comme un acteur neutre de la scène internationale.  Liant l’aspect sécuritaire et la situation économique et sociale à travers le monde, les représentants de l’Afrique du Sud et de Cuba ont ajouté qu’aucun moyen ne garantira notre sécurité tant que des millions de personnes resteront marginalisées. 


« Même si nous savons qu’il est impossible d’éliminer tous les risques, il est possible de les réduire et les gérer de façon coordonnée, sans adopter une stratégie de bunker », a, de son côté, déclaré le représentant de l’Union européenne, très préoccupé par les lacunes graves dans le système actuel de sécurité. 


Dans le contexte de l’enlèvement le 28 octobre dernier de trois agents électoraux de l’ONU à Kaboul, le représentant des États-Unis a estimé qu’en relevant les insuffisances de ce système, on honorait la mémoire des 220 personnes originaires de 66 pays mortes au service de l’ONU depuis 1992.  À l’instar d’autres délégations, il a estimé que la mise en place d’un service d’analyse des risques au sein de la nouvelle Direction de la sécurité, conformément à la proposition du rapport Ahtisaari, donnerait à l’Organisation la capacité de mieux comprendre, maîtriser et répondre à la situation de terrain.


La grande majorité des délégations intervenues ce matin ont soutenu la démarche du Secrétaire général visant au renforcement et à l’unification du système de sécurité.  La plupart ont souhaité la mise en place d’une capacité centrale robuste, avec une filière hiérarchique bien définie, même si le représentant du Costa Rica a estimé que les capacités financières des États Membres avaient des limites.  Certaines délégations, comme l’Indonésie, ont souhaité examiner plus avant la proposition de fusionner les services du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité, les services de sécurité des Nations Unies, et la composante sécurité du Département des opérations de maintien de la paix, en une Direction unique de la sécurité qui comprendrait, en plus des 1 034 postes actuels, 744 nouveaux postes.


S’agissant du coût de la réforme de la gestion du système de sécurité, le représentant de la Chine a noté que les États Membres avaient déjà adopté des ressources pour la sécurité pour un montant de 173 809 300 dollars, dont

68 528 500 au titre de postes et 46 270 900 pour la sécurisation des bâtiments, dans le cadre du budget ordinaire biennal 2004-2005.  Le supplément de 97 074 200 dollars demandé par le Secrétaire général porterait le total des ressources de sécurité à plus de 270 millions de dollars.


Les représentants du Qatar, (au nom du Groupe des 77 et de la Chine) et du Maroc ont mis l’accent sur la responsabilité des gouvernements hôtes à l’égard de la sécurité du personnel onusien, responsabilité qui, selon eux, devait faire l’objet de documents juridiquement contraignants.  Aucun mécanisme de sécurité ne pourra être mis en place avec succès sans la coopération des gouvernements hôtes, a insisté le représentant du Pakistan, alors que le représentant mexicain a cité en exemple les initiatives de la Suisse pour sécuriser les locaux de l’ONU à Genève.


Même si la majorité des délégations ont souhaité le maintien des arrangements de partage des coûts en matière de financement de la sécurité entre le Siège et les fonds et programmes des Nations Unies, arrangements qu’elles ont définis comme le meilleur moyen de promouvoir un sentiment de responsabilité collective, Mme Bellamy, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a souhaité la suppression de ce dispositif.  Intervenant au nom de l’UNICEF, du Programme alimentaire mondial (PAM), du Programme des Nations Unies  pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), elle a estimé inadéquat de maintenir un système imprévisible et lourd à gérer au niveau administratif. 


En fin de séance, la Cinquième Commission a également poursuivi l’examen du rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des services de contrôle interne (BSCI). 


Outre les délégations citées, sont également intervenus les représentants des pays suivants: Argentine, Canada au nom du Groupe CANZ, Israël, Jordanie, Malaisie, République de Corée, Turquie, Yémen, ainsi que la Secrétaire générale adjointe à la gestion, Mme Catherine Bertini.


La Cinquième Commission poursuivra demain matin, vendredi 5 novembre à 9 h 30, l’examen du rapport du Secrétaire général sur les activités du BSCI.


BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2004-2005


Renforcement et uniformisation du système de gestion de la sécurité pour l’ensemble des organismes des Nations Unies


Fin du débat général


Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MISHAL MOHAMMED AL-ANSARI (Qatar) s’est déclaré favorable à la mise en place de mesures à long terme en matière de sécurité et a mis l’accent sur les éléments lui paraissant incontournables pour assurer une meilleure sécurité.  Il a, entre autres, énuméré la nécessité: d’établir des critères clairs permettant de déterminer les besoins en matière de sécurité, de forger un cadre convenu pour le renforcement des dispositifs en matière de sécurité au niveau de tout le système, d’élaborer des délais clairs pour la mise en oeuvre des projets votés par l’Assemblé générale, de définir clairement la chaîne de commandement dans ce domaine, de définir les obligations des pays hôtes, d’évaluer les menaces et risques en matière de sécurité dans le monde entier et de former tout le personnel des Nations Unies dans ce domaine.  Il a rappelé que le personnel onusien devait travailler main dans la main pour assurer une plus grande sécurité.  Il a par ailleurs précisé que la responsabilité première incombait aux gouvernements hôtes.  À ce sujet, il a partagé les préoccupations du CCQAB et déploré que les responsabilités des pays hôtes ne soient pas toujours clairement définies et inscrites dans des documents contraignant.  Il s’est prononcé en faveur du principe du partage des coûts en la matière.


Au nom de l’Union européenne et des pays associés, M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a déclaré que l’enlèvement de trois agents électoraux de l’ONU la semaine dernière à Kaboul, rappelait à quel point l’environnement de travail était devenu menaçant pour le personnel des Nations Unies.  Il s’est dit très préoccupé par les lacunes graves dans le système actuel de sécurité.  Même si nous savons qu’il est impossible d’éliminer tous les risques, il est possible de les réduire et les gérer de façon coordonnée, sans adopter une stratégie de bunker.  Il a souhaité une formation minimale en matière de sécurité pour tous les employés du personnel.  La sécurité est trop importante pour que l’on adopte une stratégie fragmentaire.  Il s’est dit satisfait de constater que la nouvelle direction de sécurité veillera à ce que les procédures soient développées de façon cohérente et robuste.  Au sujet des effectifs de la nouvelle structure de la direction proposée, il s’est opposé à la proposition du CCQAB de supprimer un certain nombre de postes de gestion, étant persuadé du caractère vital de ces derniers.  Il a indiqué que l’Union européenne souhaitera examiner la responsabilité de la nouvelle direction en ce qui concerne le recrutement et les achats.  Il a fait siennes certaines préoccupations du BSCI sur les graves retards dans la mise en œuvre de projets de sécurité approuvés.  Il a souhaité que le BSCI se prononce sur les 56 millions de dollars supplémentaires demandés par le Secrétaire général pour des constructions de sécurité dans le cadre du rapport A/56/286, tout en rappelant que compte avait été rendu de l’utilisation des 38 millions déjà approuvés au mois de juin 2004.  Nous pensons que le financement au Siège et sur le terrain devrait être clair et prévisible, a-t-il insisté.


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a constaté que l’Organisation travaillait désormais dans un environnement sécuritaire extrêmement dégradé et opérait souvent dans des zones de conflits, confrontant des acteurs non étatiques irrespectueux de la primauté du droit ou des lois de la guerre.  Il a déploré que l’actuel système de sécurité soit gravement fragmenté et a exhorté les délégations à étudier avec la plus grande attention la proposition du Secrétaire général dans ce domaine.  Il a souhaité que des filières hiérarchiques claires soient établies en vue de permettre une plus grande responsabilisation et intégration au sein du système de sécurité.  Il a mis en garde contre les risques de double emploi, et demandé à ce que le chef de la nouvelle Direction de la sécurité ait une grande expérience en matière de sécurité, étant donné les pouvoirs qui lui seront confiés.  Il a souhaité que soit étudiée de prêt la proposition de mettre fin au partage des coûts concernant les dépenses en matière de sécurité et de les imputer au budget ordinaire.  Il a rappelé que la responsabilité primordiale en matière de sécurité revenait aux pays hôtes et précisé que la Malaisie continuerait à assurer au mieux la protection des organismes onusiens présents sur son territoire.


M. PATRICK F. KENNEDY (États-Unis) a rappelé que, depuis 1992, il y a eu 220 morts parmi le personnel des Nations Unies, originaires de 66 différents pays, et 272 fonctionnaires ont été pris en otage.  Il s’est associé aux Nations Unies pour demander la libération immédiate des trois employés de l’équipe électorale de l’ONU enlevés le 28 octobre dernier, dont on est toujours sans nouvelles en Afghanistan.  C’est pour honorer la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie que nous devons nous assurer de relever les insuffisances du système de sécurité actuel.  La proposition de réforme du système de sécurité constitue une mesure résolue, qui nous permettra d’aboutir à une structure de nature globale intégrant tous les éléments du système, a estimé le représentant, qui a rappelé que le rapport du Groupe Ahtisaari avait identifié huit faiblesses dans le système de sécurité actuel et que le Secrétaire général avait bénéficié du conseil d’experts et d’une firme extérieure en matière de sécurité.  En réponse à la demande formulée par l'Assemblée générale à la lumière d’une proposition du rapport Ahtisaari, la mise en place d’un service d’analyse des menaces et risques au sein de la nouvelle Direction de la sécurité nous permettra de donner à l’Organisation la capacité de mieux comprendre, maîtriser et répondre à la situation de terrain en matière de sécurité. 


Le règlement du personnel exige du Secrétaire général qu’il prenne toutes les mesures nécessaires à la protection du personnel pour lui permettre de s’acquitter des missions qui lui ont été confiées.  La nouvelle structure aura comme objectif d’assurer la sécurité de 400 000 personnes, les employés de l’ONU et leurs parents, à travers près de 150 pays.  Dans ce contexte, il sera nécessaire de représenter de façon plus uniformisée les ressources et politiques en matière de sécurité.  Outre le poste de Secrétaire général adjoint à la sécurité, il nous faut un Sous-Secrétaire général et une filière hiérarchique très claire à tous les niveaux de décisions, a souligné M. Kennedy.  Il s’est félicité de la volonté du Secrétaire général d’augmenter la présence en matière de sécurité sur le terrain.  Nous connaissons les conditions difficiles dans lesquelles travaille depuis plusieurs années le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité (UNSECOORD), avec des ressources insuffisantes pour lui permettre de remplir sa mission.  À cet égard, il a insisté sur la responsabilité des pays hôtes en matière de financement des structures de sécurité, même si on ne peut attendre des Nations Unies qu’elles s’appuient uniquement sur ces pays.  Notre responsabilité est collective, a-t-il conclu, et c’est à l'Assemblée générale qu’il reviendra dans les semaines à venir de prendre les décisions nécessaires à la réalisation de nos ambitions en matière de sécurité. 


M. AMR ABOUL ATTA (Égypte) a souhaité que l’action des Nations Unies soit perçue de manière plus neutre aux yeux des récipiendaires et souhaité que le Département de l’information fasse tout pour renforcer cette idée.  Il s’est félicité des propositions faites par le Secrétaire général visant à la mise en place d’une structure de gestion renforcée et harmonisée en matière de sécurité, tout en précisant qu’il ne suffirait pas d’accroître le nombre de postes ou d’augmenter le budget pour régler le problème de l’insécurité du personnel.  Reprenant les recommandations du CCQAB concernant les critères d’évaluation des menaces, il a rappelé que son pays avait perdu de nombreux ressortissants travaillant pour l’ONU, et souhaité que des filières très claires de responsabilité soient établies en matière de sécurité.  Il a demandé à ce que les États hôtes assument leurs responsabilités et que des accords très clairs soient conclus entre ces derniers et l’Organisation.  Il a souhaité que tout double emploi puisse être évité et que le personnel et l’administration approuvent les projets de sécurité.  Il a enfin repris les déclarations du Qatar concernant la remise en question du principe de partage des coûts, et souhaité que d’importantes sommes ne soient pas détournées d’autres programmes des Nations Unies.


M. ZHANG YISHAN (Chine) s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur un système de sécurité uniformisé et renforcé visant à parvenir à une entité rationalisée, efficace et d’une claire filière hiérarchique.  Il s’est étonné que sur les 190 postes supplémentaires d’administrateurs et de services généraux demandés dans le cadre de la mise en place de la nouvelle Direction de la sécurité, seuls 88 étaient strictement sécuritaires.  Il a souhaité l’augmentation du nombre de postes strictement sécuritaires et demandé des précisions au Secrétariat à cet égard.  Il a indiqué que la Chine examinerait attentivement, de manière responsable et constructive, les moyens demandés pour renforcer la sécurité.  Il a noté que les États Membres avaient déjà adopté des ressources pour la sécurité pour un montant de 173 809 300 dollars, dont 68 528 500 au titre de postes et 46 270 900 pour la sécurisation des bâtiments, dans le cadre du budget ordinaire biennal 2004-2005.  Le supplément de 97 074 200 dollars demandé par le Secrétaire général portera le total des ressources de sécurité à plus de 270 millions de dollars, prévoyant la création de 744 nouveaux postes.  Par ailleurs, il a souhaité le maintien des arrangements en matière de partage de coûts, qui selon lui reflète la responsabilité partagée de tous les organismes des Nations Unies.


M. BRUNO STAGNO UGARTE (Costa Rica) s’est associé à la déclaration faite par le Qatar et regretté que ces dernières années les projets en matière de sécurité n’aient souvent été proposés que dans l’urgence.  Il a demandé à ce que davantage de ressources soient allouées aux opérations sur le terrain plutôt qu’aux villes sièges, et exhorté les pays hôtes à prendre leurs responsabilités en matière de sécurité.  Il a souhaité que des documents contraignants puissent être conclus entre l’ONU et ces États.  Il a demandé davantage d’informations concernant l’organigramme proposé en matière de sécurité et s’est dit défavorable à la création d’une structure autonome de sécurité.  Il a insisté pour les doubles emplois soient évités, et s’est dit en faveur du maintien du dispositif de partage des coûts, mais contre la centralisation des dépenses de sécurité au sein du budget ordinaire.  Il a exhorté les États Membres à respecter leurs engagements financiers.  Il a par ailleurs précisé que les coûts de cette réforme de la sécurité étaient énormes pour des pays comme le Costa Rica.  Il a pris à son compte certaines recommandations du CCQAB, en regrettant comme le Comité que le rapport du Secrétaire général ait été élaboré sur la base d’informations trop fragmentées.


M. SHOZAB ABBAS (Pakistan) a rappelé que son pays, principal fournisseur de troupes de maintien de la paix de l’ONU, avait perdu 82 soldats, dont 14 cette année dans un accident d’hélicoptère au Sierra Leone.  Il a demandé que le prochain rapport du Secrétaire général sur les questions de sécurité porte également sur la question de la sécurité aérienne.  Il s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général de regrouper les différents éléments fragmentaires du système actuel de sécurité pour en faire une seule direction cohérente.  Il a formé le vœu que les 100 000 employés et leurs 300 000 parents puissent jouir demain d’un environnement sécuritaire leur permettant d’accomplir leur mission.  Il a souhaité que le nouveau système soit axé principalement sur le terrain, et a demandé la mise en place d’une formation de tout le personnel afin de lui permettre de travailler dans les meilleures conditions dans les situations à haut risque.  Il a estimé qu’aucun mécanisme de sécurité ne pourrait être mis en place avec succès, sans la coopération des gouvernements hôtes.  Il a souhaité le maintien des arrangements de partage de coûts en matière de sécurité entre le Siège et les fonds et programmes des Nations Unies, arrangements qu’il a définis comme le meilleur moyen de réduire les dépenses de l’Organisation et de promouvoir un sentiment de responsabilité collective. 


M. DUMISANI SHADRACK  KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que toutes les attaques contre les Nations Unies constituaient une atteinte à nos objectifs et efforts collectifs visant à promouvoir la paix et à améliorer les conditions de vie des plus démunis.  Il a souhaité que les Nations Unies continuent d’assurer une présence sur le terrain et que les fonctionnaires puissent accomplir les missions qui leur sont confiées dans un environnement sûr.  Il a estimé nécessaire que les États Membres dotent l’ONU des ressources nécessaires à la réalisation de nos objectifs communs dans de bonnes conditions sécuritaires.  Le succès de l’Organisation dépend non seulement de notre appui politique, mais de la façon de nous veillerons à obtenir les ressources financières nécessaires à ses missions.  Le représentant a souligné le rôle des pays hôtes en matière de sécurité tout en insistant sur le fait que certains pays hôtes disposaient de moins de moyens que d’autres.  Aucune force de police ou militaire ne pourra garantir notre sécurité tant que des millions de personnes resteront marginalisées en souffrant de la faim et de la pauvreté absolue.  L’insécurité découle du manque de nourriture et de besoins de base qui, s’ils ne sont pas réglés, peuvent se transformer en source d’instabilité et de conflit.  


M. ABDULMALIK AL-ERYANI (Yémen) s’est associé à la déclaration faite par le Qatar et a demandé que soient prises des mesures efficaces en matière de sécurité pour protéger les fonctionnaires internationaux.  Il a ajouté que le personnel onusien ne pourrait pas apporter la paix s’il ne pouvait travailler en toute sécurité.


M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a estimé que la sécurité est inextricablement liée à la promotion de la croissance économique et du développement durable.  Il a souhaité l’augmentation des ressources aux fins de la promotion du développement.  Il a regretté que des précisons n’aient pas été fournies sur les dépenses liées aux missions politiques spéciales.  Tout en soutenant la proposition du Secrétaire général de renforcer et d’unifier le système de sécurité, il a indiqué que l’examen de son rapport ne permettait pas de comprendre clairement la démarche de restructuration, et a relevé notamment les contradictions entre la centralisation et la décentralisation.  Il a souhaité que la nouvelle structure de sécurité se concentre sur des objectifs de terrain, avec une structure allégée au Siège.  Il a souhaité que soit relevé le plafond de 500 000 dollars pour les interventions sécuritaires d’urgence. 


M. CHUN YUNG-WOO (République de Corée) s’est déclaré favorable à la proposition de mettre en place un système plus robuste en matière de sécurité et à une responsabilisation accrue des pays hôtes, et ce d’autant plus que la bannière des Nations Unies ne suffit désormais plus à protéger son personnel.  Il a souhaité que de nouvelles ressources soient allouées aux opérations dans les zones les plus à risque.  Il s’est dit favorable à l’intégration des structures existantes en matière de sécurité afin de permettre la mise en place de filières claires de responsabilité.  Il a demandé un complément d’informations concernant les 754 nouveaux postes à créer et s’est dit a priori favorable à la création d’équipes de sécurité intégrées présentes sur le terrain.  À l’instar du CCQAB, il s’est inquiété des incidences d’une remise en question du principe du partage des coûts, pouvant atteindre 30 millions de dollars, et a souhaité davantage d’informations à ce sujet avant de se prononcer. 


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a souligné la nécessité de renforcer le système de sécurité des Nations Unies, dans un contexte marqué par un mandat qui ne cesse de s’élargir.  La proposition du Secrétaire général mérite examen, notamment en ce qui concerne la fusion, en une Direction unique, de services existants, soit le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité, les services de sécurité de l’ONU et la composante sécurité du Département des opérations de maintien de la paix.  Notant que cette nouvelle structure comprendra outre 1 034 postes existants et 754 nouveaux postes, la représentante a déclaré que la contribution des pays hôtes est indispensable et que les fonds et programmes des Nations Unies doivent mieux coordonner leur action en matière de sécurité.  C’est pourquoi elle a jugé nécessaire de réexaminer la proposition de supprimer les arrangements en matière de partage de coûts relatifs à la sécurité. 


M. MOHAMMAD TAL (Jordanie) s’est associé à la déclaration faite par le Qatar et s’est félicité de la volonté du Secrétaire général de mettre l’emphase sur la sécurité du personnel onusien.  Il a précisé qu’il était important, dans le cadre du processus de réforme du système de gestion de la sécurité, de disposer d’informations précises concernant les menaces et plus précisément la probabilité que ces menaces se matérialisent.  Il a souhaité que les pays hôtes prennent leurs responsabilités en matière de sécurité.  Il s’est dit en faveur du maintien du principe de partage des coûts, tout en souhaitant une rationalisation de la mise en application de ce principe.  Tout en reconnaissant que la nouvelle Direction de la sécurité aurait pour but d’uniformiser la structure de commandement, il a pointé du doigt la multiplication des divisions administratives qui doit l’accompagner, et a demandé que soit étudiées de manière précise les relations qui lieront les différents organes sécuritaires.


M. CIHAN TERZI (Turquie) a relevé que la structure et la nature des travaux de notre Organisation sont de plus en plus complexes et les contours que nous leur avons donnés ne nous permettent plus de répondre au défis actuels, dont ceux liés à la sécurité.  Sans garantir la sécurité, les Nations Unies ne pourront plus réaliser leurs missions à l’égard des plus démunis.  Il faut renforcer la responsabilisation au sein de l’Organisation et obtenir des filières hiérarchiques plus claires.  Les États Membres doivent fournir les ressources et structures nécessaires pour permettre au personnel d’accomplir son devoir sans avoir à se soucier de sa sécurité et de celle de sa famille.  Nous devrions approuver un cadre, des structures et des principes généraux pour lancer le processus de renforcement du système de sécurité dès à présent.  Il faut éviter de perdre du temps sur la question du nombre de postes nécessaires, pour nous attaquer aux questions beaucoup plus globales de stratégie.


M. DIEGO SIMANCAS (Mexique) a rappelé que le Conseil de sécurité dans sa résolution 1502 (2003) avait demandé au Secrétaire général de faire état de la situation de la sécurité du personnel auprès de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Il a relevé que le Secrétariat a reconnu qu’il ne disposait pas des moyens nécessaires pour évaluer les risques.  Il s’est inquiété de certaines remarques du CCQAB, notant que le projet de renforcement du système de sécurité a été réalisé sur la base d‘une démarche fragmentaire et sans être étayé par des informations objectives.  Il a félicité les initiatives de la Suisse pour sécuriser les bâtiments du HCDH et du HCR, en appelant les autres pays hôtes à faire preuve du même engagement.  


M. DAN GILLERMAN (Israël) a déploré que l’ONU ait été victime des actions terroristes, et précisé que la proposition du Secrétaire général concernant la sécurité du personnel était peut-être l’initiative la plus importante qu’il ait soumise à l’Assemblée générale.  Il a déclaré appuyer fermement la proposition du Secrétaire général visant à unifier les différentes structures en matière de sécurité.  Il s’est dit en faveur d’un financement des dépenses de sécurité par le budget ordinaire, afin de ne pas faire dépendre les mesures à prendre en matière de sécurité de la volonté des États Membres.


M. TORRES LEPORI (Argentine) a déploré que l’ONU soit devenue une cible délibérée des extrémistes.  Dans ce contexte, il a estimé plus qu’urgent de mettre en œuvre de nouvelles mesures de sécurité.  Il a souhaité la mise en place des principes de responsabilisation et d’obligation additionnelles, qu’il a définie comme un élément fondamental du système de sécurité à long terme.  


Mme FATIMA BAROUDI (Maroc) a estimé que tout effort pour assurer la sécurité des Nations Unies ne pouvait que contribuer au renforcement de la sécurité internationale.  Cette organisation et son personnel doivent jouir de la plus haute sécurité pour remplir la tâche qui leur incombe.  Cette sécurité nécessaire devrait s’étendre en dehors du périmètre des bâtiments occupés par les divers organismes internationaux.  Nous ne pouvons que nous réjouir de la création d’un département entièrement consacré à la sécurité de l’ONU, en espérant que ce dernier pourra réunir toutes les unités de sécurité déjà existantes et contribuer ainsi à l’uniformisation du système de gestion de la sécurité pour l’ensemble des organes des Nations Unies.  Le Royaume du Maroc, a-t-elle ajouté, souhaiterait par ailleurs mettre l’accent sur la responsabilité des gouvernements hôtes à l’égard de la sécurité du personnel onusien, responsabilité qui devrait faire l’objet de documents écrits juridiquement contraignants. 


Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), est intervenue au nom de quatre organismes (Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Programme alimentaire mondial (PAM) et (UNICEF) concernant le rapport présenté par le Secrétaire général en matière de renforcement de la sécurité du personnel.  Ces organismes souscrivent pleinement aux remarques du Secrétaire général, a-t-elle indiqué, en soulignant que les meurtres délibérés du personnel onusien sont absolument intolérables.  Rappelant que les risques encourus par le personnel ont atteint un niveau sans précédent, elle a précisé que pas moins de 219 fonctionnaires civils de l’ONU ont péri depuis 1992, 81 affaires d’enlèvement ont été enregistrées concernant 278 membres du personnel depuis 1994, et le nombre de vols, actes de violence et viols envers le personnel onusien augmente chaque année.  Elle s’est félicitée que des mesures aient déjà été prises sur le terrain à la suite des enquêtes effectuées depuis 2000 par plusieurs experts indépendants.  Elle a déclaré que la proposition du Secrétaire général consistant à créer une Direction de la sécurité avait l’appui des quatre organismes qu’elle représentait et de tous les chefs de secrétariat.  Elle a reconnu qu’une telle réforme s’accompagnait de dépenses non négligeables, tout en estimant que les 97 millions de dollars demandés étaient raisonnables.  Elle a précisé que le PNUD, le FNUAP, le PAM et l’UNICEF entérinaient le fait que l’on élimine le principe du partage des coûts pour imputer les dépenses de sécurité au budget de base et considéraient le système actuel de financement comme n’étant ni sûr et fiable, ni prévisible.


Répondant à un question du représentant du Canada sur la pertinence du partage des coûts entre les fonds et programmes, Mme Bellamy a estimé que la question de la sécurité devait être financée sur la base du budget ordinaire et non sur la base de financements imprévisibles.  Nous n’allons pas abandonner notre personnel, et les fonds et programmes continueront à intervenir financièrement là où ce sera nécessaire.  Le partage de la responsabilisation doit devenir une réalité au niveau des équipes qui gèrent la sécurité sur le terrain, a-t-elle souligné. 


Mme CATHERINE BERTINI, Secrétaire générale adjointe à la gestion, a rappelé qu’il était important de doter l’Organisation d’un mécanisme robuste pour protéger son personnel et qu’elle attendait de participer aux consultations officieuses pour évoquer les questions du partage de coûts, des accords avec les États hôtes ou des pouvoirs donnés à la Direction de la sécurité.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LES ACTIVITÉS DU BUREAU DES SERVICES DE CONTRÔLE INTERNE (BSCI)


Fin du débat général


M. JERRY KRAMER (Canada) a déploré que trop de recommandations du BSCI ne soient pas suivies d’effet.  Il a souhaité que le Bureau accentue ses capacités d’audit dans le domaine des technologies de l’information et renforce ses contrôles dans les missions sur le terrain.  Il a demandé un complément d’informations concernant le cas d’exploitation sexuelle d’enfants en République démocratique du Congo.  Il s’est félicité que l’audit du BSCI ait permis d’améliorer le système de gestion des conférences.  Il a demandé davantage d’informations sur la forme que devrait prendre un audit indépendant du BSCI comme le souhaite le Secrétaire général.  En s’alignant sur la position émise par les États-Unis le jour précédent, il a souhaité que la transparence et l’indépendance caractérisent l’action du BSCI.


M. XUDONG SUN (Chine) a estimé que l’action du BSCI est efficace, puisqu’elle permet à l’administration d’améliorer ses activités et de procéder à des économies conséquentes.  Il a noté que plus de 50% des 1 515 recommandations du BSCI avaient été mises en œuvre, tout en regrettant le faible taux de mise en œuvre des 473 recommandations qualifiées comme capitales.  Parmi les fraudes décelées par le BSCI, il a noté, entre autres, les abus et graves lacunes dans le contrôle administratif des communications téléphoniques de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée, où l’utilisation frauduleuse des numéros d’identification personnels a été estimée à 1,1 million de dollars.  L’autoévaluation du BSCI a permis de mettre l’accent sur ses qualités et les progrès à accomplir.  Nous espérons que le BSCI pourra sur la base des résultats enregistrés poursuivre ses activités, qui nous ont déjà permis d’économiser des dizaines de milliards de dollars, a conclu le représentant. 


Mme ANJA ZOBRIST RENTENAAR (Suisse) s’est félicitée des économies réalisées grâce au BSCI, et du fait qu’il ait pu empêcher des abus et permis une plus grande rationalisation de l’action de l’Organisation.  Elle a appuyé certaines de ses actions, notamment l’introduction d’un cadre de gestion du risque et l’initiative « intégrité ».  Elle a souhaité un renforcement de l’indépendance budgétaire du Bureau, l’élargissement du mandat de son Directeur et la mise en place d’un système de suivi concernant l’application de ses recommandations.  Elle a proposé que le Groupe de suivi des responsabilités puisse assurer ce suivi.  Concernant le souhait du Secrétaire général d’effectuer un audit des opérations du BSCI, elle a estimé qu’il n’était pas d’une grande utilité pour le moment et rappelé que des évaluations indépendantes avaient déjà été menées, notamment par le Comité des commissaires aux comptes.  Elle s’est réjouie enfin du fait que le BSCI n’apparaisse plus comme une sorte de police secrète, mais bien comme un véritable partenaire.


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