À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DES DÉLÉGATIONS SONT CONVAINCUES QU’IL EXISTE UNE OPPORTUNITÉ POUR RELANCER LE PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT
Communiqué de presse AG/10306 |
Assemblée générale
61e séance plénière – après-midi
À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, DES DÉLÉGATIONS SONT CONVAINCUES QU’IL EXISTE UNE OPPORTUNITÉ POUR RELANCER LE PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT
Le débat de l’Assemblée générale consacré aujourd’hui à la question de Palestine, qui coïncide avec la célébration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, se déroule à une période extrêmement difficile et critique pour le peuple palestinien, avec la disparition de son chef et leader historique Yasser Arafat, a souligné le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Paul Badji. Alors que nous nous tenons aux côtés des Palestiniens en cette période douloureuse, nous sommes parfaitement conscients que la nouvelle donne est porteuse de nombreux défis et opportunités, a-t-il fait remarquer.
De l’avis du Président du Comité, la situation actuelle impose aux parties intéressées, de concert avec les soutiens dont bénéficient ces deux peuples à travers le monde, de redoubler d’efforts pour relancer le dialogue en faveur de la paix et l’ONU, ainsi que ses partenaires au sein du Quatuor et dans la région, doivent continuer à travailler à la pleine mise en œuvre de la Feuille de route. L’occasion est propice pour redonner vie au processus de paix au Moyen-Orient, a effectivement estimé, au nom de l’Union européenne, le représentant des Pays-Bas, qui a exhorté les différentes parties à faire preuve du courage et de l’autorité nécessaires pour mettre un terme à l’impasse actuelle, cesser les hostilités et se réengager dans un processus politique sérieux, comme le définit la Feuille de route.
Pour les dirigeants palestiniens, c’est une période de transition décisive, au cours de laquelle le rassemblement doit prévaloir, a constaté M. Farouk Kaddoumi, chef de la délégation d’observation de la Palestine. L’Assemblée générale a pour sa part un rôle influent à jouer, a-t-il noté, rendant hommage à Yasser Arafat qui, a-t-il rappelé, avait brandi un rameau d’olivier à la tribune de l’Assemblée, il y a tout juste trente ans. À la place de la terreur et de la violence, nous devons tisser une culture de la paix et du compromis, a affirmé le représentant d’Israël, qui a demandé aux Palestiniens de devenir des partenaires pour la paix, de mettre de côté les acrimonies du passé et de se tourner vers un avenir plein d’espoir.
Appelant Israël à assurer le bon déroulement des élections palestiniennes et à libérer les prisonniers politiques palestiniens, le représentant de l’Égypte a invité, quant à lui, la communauté internationale à adopter une approche constructive à l’égard de la nouvelle direction palestinienne et à éviter d’exercer des pressions sélectives.
De son côté, le Rapporteur du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Victor Camilleri (Malte) a présenté le rapport annuel du Comité (3), qui couvre les faits relatifs à la Palestine, au processus de paix et aux activités du Comité pendant la période du 10 octobre 2003 au 6 octobre 2004. Dans ce document, le Comité s’inquiète de l’échec des tentatives de raviver le processus de paix, et s’insurge contre la construction d’un mur sur les territoires palestiniens et contre l’expansion des colonies, a-t-il expliqué. L’occupation israélienne, a-t-il souligné, reste au coeur de ce conflit.
Outre ceux déjà cités, les représentants de Bahreïn, des Émirats arabes unis, de la République arabe syrienne, de l’Algérie, du Liban, du Soudan, de la Zambie, de la Malaisie, de l’Arabie saoudite et du Yémen ont également pris la parole.
L’Assemblée générale poursuivra le débat sur cette question, demain mardi 30 novembre à 10 heures.
QUESTION DE PALESTINE
Rapport du comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/59/35)
Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, que préside actuellement M. Paul Badji (Sénégal), a été créé par la résolution 3376 (XXX) de l’Assemblée générale en date du 10 novembre 1975, il a pour tâche de recommander un programme de mise en œuvre, destiné à permettre au peuple palestinien d’exercer les droits inaliénables reconnus par la résolution 3236 (XXIX) du 22 novembre 1974.
Dans son présent rapport, qui porte sur la période allant du 10 octobre 2003 au 6 octobre 2004, le Comité se félicite de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concluant notamment que la construction d’un mur par Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et alentour, et le régime qui lui est associé sont contraires au droit international. Il demeure néanmoins préoccupé de constater que la construction illégale du mur se poursuit. Le mur continue d’avoir des effets négatifs sur la vie quotidienne de milliers de Palestiniens, explique-t-il, et son existence fait obstacle aux efforts déployés pour résoudre le conflit et rend toute solution prévoyant deux États presque impossible. La position du Comité est que la communauté internationale, souligne-t-il, doit veiller à ce que la puissance occupante respecte les dispositions de l’avis rendu par la Cour, mette immédiatement un terme à la construction du mur et revienne sur la décision même de le bâtir.
Le Comité s’inquiète en outre de la non-application de la Feuille de route, malgré les efforts déployés par le Quatuor et la communauté internationale pour ramener les parties à la table des négociations. Il est par ailleurs préoccupé du fait qu’Israël ait annoncé un prétendu plan de désengagement unilatéral de la bande de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie. Le Comité prie donc instamment le Quatuor et la communauté internationale d’intensifier leurs efforts de toute urgence pour aider les parties à commencer à remplir les obligations que leur impose la Feuille de route.
Le Comité continue d’estimer que la Feuille de route demeure la meilleure façon de parvenir à une solution globale, juste et durable de la question de Palestine passant par la création de deux États, Israël et la Palestine, et se fondant sur les frontières de 1967. Tout règlement devrait reposer sur les résolutions 242 (1967), 338 (1973), 1397 (2002) et 1515 (2003), en particulier, et les autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Toute action unilatérale de la part de l’une des parties ne contribuera aucunement à un règlement durable à moins qu’elle ne se fonde sur des négociations entre les deux parties et fasse partie intégrante de la mise en œuvre de la Feuille de route, exprimant l’espoir que le Quatuor et la communauté internationale continueront d’œuvrer à la réalisation de cet objectif.
Dans son rapport, le Comité félicite les organisations de la société civile des efforts qu’elles déploient pour faire respecter la légitimité internationale en ce qui concerne la question de Palestine par le biais des activités de plaidoyer et de la mobilisation de l’opinion publique et de leurs initiatives inlassables pour alléger les souffrances du peuple palestinien. Il prend note de l’appui qu’il a reçu du Secrétariat pour ce qui est du renforcement de sa coopération avec la société civile et encourage les organisations de la société civile à faire tout particulièrement porter leurs efforts de plaidoyer, aux niveaux local, national, régional et international, sur les obligations juridiques des gouvernements, comme l’a souligné l’avis consultatif de la Cour, et à coordonner leurs activités. Il soutient toutes les initiatives d’aide humanitaire et d’assistance visant à améliorer la vie quotidienne des Palestiniens.
Par ailleurs, le Comité estime que le programme spécial d’information sur la question de Palestine du Département de l’information (DPI) a contribué de manière importante à l’information des médias et de l’opinion publique sur les questions pertinentes.
Le Comité demande que le programme se poursuive, avec la souplesse nécessaire, ainsi que le demandera l’évolution de la situation relative à la question de Palestine. Souhaitant contribuer à un règlement global, juste et durable de la question de Palestine et compte tenu des nombreuses difficultés auxquelles se trouve confronté le peuple palestinien et qui entravent le processus de paix, le Comité demande à tous les États de s’associer à ses efforts et invite de nouveau l’Assemblée générale à reconnaître l’importance de son rôle et de reconfirmer son mandat à une majorité écrasante.
Rapport du Secrétaire général sur le règlement pacifique de la question de Palestine (A/59/574)
Le présent rapport, qui couvre la période comprise entre la mi-septembre 2003 et la mi-septembre 2004, contient les réponses reçues du Président du Conseil de sécurité et des parties concernées aux notes verbales envoyées par le Secrétaire général conformément à la demande figurant au paragraphe 11 de la résolution 58/21 de l’Assemblée générale. Il comprend également les observations du Secrétaire général sur l’état actuel du conflit israélo-palestinien et sur les efforts menés au niveau international pour relancer le processus de paix afin de parvenir à un règlement pacifique.
Le Secrétaire général annonce que, malgré les efforts déployés par la communauté internationale par l’intermédiaire du Quatuor (Organisation des Nations Unies, Union européenne, Fédération de Russie et États-Unis), et l’engagement que les parties à la Feuille de route ont pris au Sommet d’Aqaba (Jordanie) le 4 juin 2003, le processus de paix est dans l’impasse et le Moyen-Orient reste le théâtre d’actes d’une très grande violence. Durant l’année qui s’est écoulée, tant les Palestiniens que les Israéliens ont souffert de la violence et le nombre de morts ne cesse de grimper, écrit-il, ajoutant que la situation humanitaire dans le Territoire palestinien occupé a continué de se détériorer très sensiblement. Si de nombreux Palestiniens peuvent maintenir un niveau de vie minimum, c’est uniquement grâce à l’aide fournie par la communauté des donateurs, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et d’autres organismes et programmes des Nations Unies, explique-t-il.
Le Secrétaire général note qu’au 16 septembre 2004, 825 Palestiniens et 136 Israéliens avaient perdu la vie à cause du conflit au cours de l’année précédente. Durant les quatre années qui ont suivi depuis l’éclatement de la violence en septembre 2000, pas moins de 3 633 Palestiniens et 966 Israéliens ont été tués. Cette tragédie humaine, qui ne cesse de s’aggraver, nous rappelle que les différentes parties doivent absolument s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu de la Feuille de route et qu’il faut impérativement relancer le processus de paix, souligne-t-il. Selon le Secrétaire général, les parties ont failli aux obligations que leur imposait la Feuille de route. Le Gouvernement israélien n’a rien fait pour s’acquitter de l’obligation essentielle qui lui incombait de démanteler immédiatement les colonies avancées de peuplement créées depuis mars 2001 et de geler les activités de colonisation, y compris la croissance naturelle des colonies, estime-t-il, tandis que, de son côté, l’Autorité palestinienne n’a rien fait pour s’acquitter de l’obligation essentielle qui lui incombait de prendre immédiatement des mesures sur le terrain pour mettre un terme à la violence et lutter contre la terreur.
Tant que l’Autorité palestinienne et le Gouvernement israélien n’auront pas pris les premières mesures nécessaires pour relancer le processus de paix, celui-ci restera dans l’impasse et aucun cessez-le-feu ne sera durablement respecté, poursuit-il. Il faut, dit-il, qu’Israël démantèle les colonies avancées de peuplement et gèle complètement toutes les activités de colonisation, et que les Palestiniens engagent de sérieuses réformes en matière de sécurité et mettent fin à la violence sous toutes ses formes.
Le Secrétaire général revient également sur l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) déclarant que la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et ses alentours, était contraire au droit international et qu’Israël était dans l’obligation de mettre un terme à ces violations et de réparer tous les dommages causés par la construction du mur. Le 20 juillet 2004, l’Assemblée a adopté la résolution ES-10/15, exigeant qu’Israël s’acquitte de ses obligations juridiques et me priant d’établir un registre des dommages causés par l’édification du mur, rappelle-t-il. De même, le Secrétaire général espère que la partie israélienne comme la partie palestinienne se concentreront sur les tâches à accomplir pour faire du retrait israélien de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie, annoncé par le Premier Ministre Sharon, un nouveau départ pour le processus de paix. Le Secrétaire général lance en outre un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte aux programmes des Nations Unies les ressources dont ils ont besoin pour faire face à la situation économique et humanitaire de plus en plus grave de la population palestinienne et en particulier pour qu’elle donne à l’UNRWA les moyens de continuer à dispenser les services nécessaires aux réfugiés palestiniens.
Déclarations
M. PAUL BADJI (Sénégal), Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, présentant les quatre projets de résolutions A/59/L.34 à A/59/L.37, a affirmé que le présent débat se tenait à une période extrêmement difficile et critique pour le peuple palestinien, avec la disparition de son chef et leader historique, Yasser Arafat. Alors que nous nous tenons aux côtés des Palestiniens en cette période douloureuse, nous sommes parfaitement conscients que la nouvelle donne est porteuse de nombreux défis et opportunités, a-t-il assuré.
Le Président du Comité a demandé à Israël de s’abstenir de prendre des mesures susceptibles de perturber la situation, en particulier la poursuite des activités de colonisation et la construction du mur de séparation. En tant que puissance occupante, l’État d’Israël a le devoir de faciliter l’organisation et le bon déroulement des élections palestiniennes qui doivent se faire avec la pleine participation des Palestiniens de Jérusalem-Est, a-t-il déclaré. Israël, a-t-il souligné, doit améliorer notablement la situation humanitaire des Palestiniens, en supprimant les couvre-feux et les restrictions à la liberté de circulation des personnes et des biens.
Le Président du Comité a rappelé que le mois dernier, 165 Palestiniens, dont 50 civils, ont été tués par l’armée israélienne, Israël, a-t-il précisé, n’ayant pas abandonné la pratique illégale des assassinats extrajudiciaires. Le Comité condamne fermement ces actes qui sont une violation du droit international humanitaire, a-t-il dit, ajoutant qu’il condamnait tout aussi énergiquement les attentats-suicide à la bombe contre des Israéliens. Rien ne justifie de tels actes quels que soient leurs objectifs déclarés et leurs auteurs, a-t-il poursuivi. M. Badji a également indiqué que le Comité demeurait très préoccupé par la construction du mur de séparation en Cisjordanie. Défiant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) que l’Assemblée a approuvé le 20 juillet 2004, Israël continue de confisquer des terres, de détruire des maisons, des terres de culture de grande valeur et d’isoler les communautés palestiniennes les unes des autres, a-t-il affirmé.
De l’avis du Président du Comité, la situation actuelle impose aux parties intéressées, de concert avec les soutiens dont bénéficient ces deux peuples à travers le monde, de redoubler d’efforts pour relancer le dialogue en faveur de la paix et l’ONU, ainsi que ses partenaires au sein du Quatuor et dans la région, doivent continuer à travailler à la pleine application de la Feuille de route.
M. VICTOR CAMILLERI (Malte), Rapporteur du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a présenté le rapport annuel du Comité (A/59/35), qui couvre les faits relatifs à la Palestine, au processus de paix et aux activités du Comité pendant la période du 10 octobre 2003 au 6 octobre 2004. Dans ce document, le Comité s’inquiète de l’échec des tentatives de raviver le processus de paix, et s’insurge contre la construction d’un mur sur les territoires palestiniens et contre l’expansion des colonies, a-t-il expliqué. L’occupation israélienne, a-t-il souligné, reste au coeur de ce conflit.
Comme l’indique le Comité, la Feuille de route constitue le meilleur moyen d’arriver à une solution complète, juste et durable de la question palestinienne en réalisant la vision de deux États, l’Israël et la Palestine, fondés sur les frontières de 1967, a estimé M. Camilleri. Il a salué l’avis de la Cour internationale de Justice déclarant l’édification d’un mur sur le Territoire palestinien occupé contraire au droit international, ainsi que la position de l’Assemblée générale à cet égard. Toutefois, s’est-il inquiété de remarquer que la construction n’avait pas été suspendue, ce qui risquerait de nuire au règlement du conflit et rendrait l’instauration de deux États quasiment impossible. La communauté internationale doit veiller à ce que la puissance occupante respecte l’opinion de la Cour, a-t-il expliqué.
M. FAROUK KADDOUMI, Observateur de la Palestine, a estimé que l’Assemblée pouvait jouer un rôle influent en cette période de croisée des chemins. Il a rendu hommage à Yasser Arafat qui, a-t-il rappelé, avait brandi un rameau d’olivier à la tribune de l’Assemblée, il y a tout juste 30 ans. Pour les dirigeants palestiniens, a-t-il dit, c’est une période de transition décisive, au cours de laquelle le rassemblement doit prévaloir. Il a comparé la situation de son peuple à celle du peuple sud-africain sous l’apartheid. Il a souligné les efforts de la communauté internationale, en citant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice.
L’Observateur de la Palestine a constaté un changement dans la position américaine, matérialisé selon lui dans la lettre du 14 avril 2004 du Président Bush au Premier Ministre Sharon, dans laquelle il précise que, même après le retrait de Gaza, Israël pourra garder le contrôle de l’espace aérien, des eaux territoriales et du passage terrestre. Il a estimé que cette position pourrait laisser croire qu’Israël est un État faible face à des ennemis puissants. Au contraire, a-t-il affirmé, Israël dispose d’une des armées les plus puissantes du monde qui agit, selon lui, sans aucune éthique. Il a déploré que les Palestiniens soient toujours tenus pour responsables de l’échec du processus de paix, malgré les concessions qu’ils ont faites et la dégradation de leur situation économique. Il a regretté qu’Israël soit présenté comme un modèle de démocratie, alors qu’il détruit les institutions palestiniennes.
M. Kaddoumi a rappelé la position de l’Union européenne, qui déclarait qu’elle ne reconnaîtrait aucun changement des frontières de 1967 s’il n’était pas accepté par les deux parties. Il a estimé que la Feuille de route, si elle présente des avantages, a également un gros défaut, dans la mesure où elle repousse à la phase finale le règlement de questions cruciales telles que le statut de Jérusalem, les colonies de peuplement ou encore le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il a par ailleurs constaté que l’écart entre l’administration américaine et ses alliés arabes modérés n’avait jamais été aussi grand.
Le représentant a cité en conclusion l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, selon laquelle Israël avait le choix entre respecter la loi ou agir contre le droit. Il a invité les amis d’Israël à le contraindre à respecter le droit. Le peuple palestinien sans armes ne peut que résister avec les moyens dont il dispose, dans l’espoir que ses enfants connaissent un jour meilleur, a-t-il déclaré.
M. DAN GILLERMAN (Israël) a affirmé que la question de la Palestine n’était pas une question pour la forme et n’était pas vouée à être une épine éternelle pour tous ceux qui vivent au Moyen-Orient. C’est un problème qui peut être réglé, a-t-il estimé. Nous sommes à un moment critique de l’histoire du Moyen-Orient et c’est à nous de saisir cette occasion, car nous n’avons pas le choix, a-t-il ajouté. Selon lui, la réponse à la question de la Palestine est la compréhension et le respect mutuels. Ce n’est que par ce biais que nous pourrons arriver à l’objectif qui est le nôtre, à savoir l’existence de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, a-t-il dit. Si nous voulons aller de l’avant, nous devons œuvrer ensemble et orienter nos énergies communes contre des ennemis communs et vers un objectif commun, a-t-il également souligné.
Le représentant a exprimé l’espoir de voir émerger un nouvel esprit de compréhension. Comme l’a indiqué le Premier Ministre Ariel Sharon, Israël souhaite renouveler les négociations politiques dans le cadre de la Feuille de route, a-t-il souligné. Ainsi, selon lui, le plan de désengagement israélien constitue une initiative courageuse sur le plan intérieur et international. Ce plan est un véritable symbole signifiant qu’Israël veut un avenir meilleur, a-t-il dit, précisant que son pays respectait le peuple palestinien. Les futures élections palestiniennes constituent un test important, a-t-il dit, soulignant que son pays ferait tout son possible pour que les observateurs internationaux contrôlent les élections et que le processus électoral se déroule de façon juste, transparente et démocratique. Il a souhaité que le peuple palestinien élise une direction qui servira ses propres intérêts, œuvrera en faveur de la paix et du développement, construira une architecture de la paix et mettra fin au terrorisme.
La direction palestinienne doit cesser ses campagnes médiatique et religieuse, ainsi que dans des institutions scolaires, où les Juifs et les Israéliens sont déshumanisés. Elle doit cesser également l’utilisation des événements culturels et sportifs visant à encourager la terreur, a-t-il ajouté, précisant que les deux sociétés devaient éduquer à la tolérance et au respect mutuel. Le représentant a affirmé que de nombreuses forces cherchaient à saper tout espoir dans le progrès. Des organisations terroristes, comme le Hezbollah, le Hamas et le Djihad islamique, ont juré la destruction d’Israël, de même que les régimes qui les soutiennent, comme l’Iran, sont opposés à toute perspective de coexistence pacifique. À la place de la terreur et de la violence, nous devons tisser une culture de la paix et du compromis, a-t-il affirmé. Au nom de l’État d’Israël, il a déclaré qu’il tendait sa main aux Palestiniens, leur demandant de devenir des partenaires pour la paix, de mettre de côté les acrimonies du passé et de se tourner vers un avenir plein d’espoir.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), intervenant au nom de l’Union européenne, a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien, et a estimé qu’il existait maintenant une occasion propice pour redonner vie au processus de paix au Moyen-Orient. Il a dès lors exhorté les différentes parties à faire preuve du courage et de l’autorité nécessaires pour mettre un terme à l’impasse actuelle, cesser les hostilités et se réengager dans un processus politique sérieux, comme le définit la Feuille de Route. L’Union européenne souhaite que l’Autorité palestinienne s’atèle à mettre fin aux actes terroristes à l’encontre des Israéliens, à éviter la provocation et à collaborer avec Israël au niveau du plan israélien de désengagement, a-t-il dit. Il a également exhorté Israël à lever les restrictions à la liberté de mouvement des biens et des personnes, à relâcher les prisonniers palestiniens, à mettre un terme à la colonisation et à cesser la construction du mur de séparation.
Réaffirmant son engagement à poursuivre le programme d’aide à court terme de Javier Solana, M. Van den Berg a expliqué que l’Union européenne estimait nécessaire d’agir prioritairement dans trois domaines, à savoir la tenue d’élections présidentielles, l’amélioration de la situation en matière de sécurité et l’appui financier à l’Autorité palestinienne. Le représentant a par ailleurs indiqué que l’Union européenne avait, par le passé, émis des réserves sur les mandats des deux organes des Nations Unies en charge de la question palestinienne, estimant qu’ils ne reflétaient pas suffisamment l’esprit du processus de paix. Signalant que l’Union européenne comptait maintenant deux membres qui avaient historiquement défendu un autre point de vue, il a expliqué que son vote s’en refléterait.
M. TAWFEEQ AHMED ALMANSOOR (Bahreïn) a estimé que tous les ans, l’Assemblée générale débattait de la question de la Palestine, sans pour autant parvenir à résoudre le problème. Constatant que tous les efforts déployés par les Nations Unies avaient échoué, il a présenté cette question comme un test pour la communauté internationale. L’ONU, a-t-il indiqué, a adopté des dizaines de résolutions, mais Israël, a-t-il estimé, a toujours fait preuve d’intransigeance et d’arrogance, rejetant toute initiative, pratiquant une politique d’humiliation et d’intimidation et suscitant des crises pour justifier le recours à la force, en violation du droit international, pour tenter d’imposer une solution de facto. Il a cependant déclaré que ces pratiques, qu’il a qualifiées de terroristes, ne pourraient faire taire le peuple palestinien, dont les droits, a-t-il rappelé, sont inaliénables.
Le représentant a affirmé qu’il n’y aurait pas de paix tant qu’Israël ne respecterait pas ses engagements. Il rappelé les efforts consentis par les Palestiniens et par les pays arabes, dont il a estimé qu’ils avaient été rejetés par Israël. Il a estimé en conclusion que la Feuille de route restait le meilleur moyen de parvenir à un règlement du conflit.
M. ABDULAZIZ NASSER AL-SHAMSI (Émirats arabes unis) a affirmé que depuis 10 ans, l’Autorité palestinienne avait opté pour une stratégie de la paix fondée sur le dialogue avec la partie israélienne, alors qu’Israël, par l’intermédiaire de son Premier Ministre, Ariel Sharon, avait poursuivi une politique hostile visant à faire obstacle aux Accords d’Oslo ainsi qu’à tous les efforts et initiatives internationaux en faveur d’une reprise des négociations, de l’application de la Feuille de route et du règlement du conflit israélo-palestinien sur les bases de la vision de deux États, Israël et la Palestine vivant côte à côte.
Le représentant a ajouté que si son pays réitérait sa ferme condamnation des pratiques israéliennes, qui constituent selon lui une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international et humanitaire, il s’inquiétait également des conséquences graves qu’il y a à ignorer les problèmes palestiniens. Ces problèmes créent des sentiments de frustration et de désespoir au sein de larges segments de la population palestinienne, ainsi qu’à une recrudescence de la violence. Il a réaffirmé la responsabilité de la communauté internationale, représentée par les Nations Unies et ses institutions spécialisées, ainsi que le Quatuor, à trouver une solution. Il a appelé notamment le Conseil de sécurité à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses attaques militaires contre les Palestiniens, de manière à créer un climat propice à la relance du processus de paix.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a réaffirmé la solidarité de son pays à l’égard du peuple palestinien, et a exhorté la communauté internationale à mettre fin à la tragédie constante qu’il connaît. Il a regretté que malgré les efforts de cette dernière, il n’existe pas actuellement de véritable espoir pour le peuple palestinien de recouvrer ses droits légitimes, et a estimé que l’Organisation des Nations Unies devrait jouer le rôle qui lui incombe afin qu’une solution puisse être trouvée.
Le représentant a affirmé que l’occupation continue d’Israël dans les territoires palestiniens s’était transformée en une colonisation odieuse, qui privait les Palestiniens de leurs droits et libertés. Il a accusé Israël de pratiquer le terrorisme d’État, et de s’en prendre à la population civile palestinienne, ajoutant que l’instauration de points de contrôle et d’un couvre-feu avait eu un effet dévastateur sur l’économie palestinienne. Rappelant que la Cour internationale de Justice avait demandé l’arrêt de la construction du mur de séparation sur les territoires palestiniens ainsi que son démantèlement, il a remarqué qu’Israël n’avait pas tenu compte de cet avis consultatif, tout comme d’innombrables résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il a exhorté les Nations Unies à se ranger aux côtés du peuple palestinien afin de lui permettre de traverser l’étape critique suivant le décès de Yasser Arafat et de poursuivre la lutte pour l’autodétermination.
M. ADBADDAH BAALI (Algérie) a déploré qu’année après année, se reproduise le même schéma de violences systématiques perpétrées par Israël. Il a fait part de son inquiétude face à la très grave dégradation de la situation et a réaffirmé le soutien résolu de son pays à la lutte héroïque menée par le peuple courageux palestinien pour réaliser ses droits nationaux inaliénables. Il a estimé que le temps était venu pour la communauté internationale de s’acquitter de ses responsabilités et de mettre un terme à la politique israélienne d’agression et d’occupation. Il a affirmé que le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Gaza ne devait être que la première phase d’un retrait total et global de l’ensemble des territoires occupés depuis 1967 y compris Jérusalem-Est et devait faire partie intégrante de la Feuille de route qui reste, a-t-il rappelé, le seul cadre agréé par les deux parties. Il a estimé en outre que le retrait de la bande de Gaza devait faire l’objet d’une négociation entre Israël et l’Autorité palestinienne sur ses modalités et son calendrier et devait s’accompagner du démantèlement de toutes les colonies avancées et de la cessation des activités de peuplement contraires au droit international. En conclusion, il a invité l’Assemblée à répondre de manière adéquate à l’aspiration du peuple palestinien au recouvrement de ses droits légitimes, et en premier lieu de créer son propre État indépendant, avec pour capitale Al Qods Al Charif.
M. IBRAHIM ASSAF (Liban) a affirmé qu’Israël continuait de faire de la vie des Palestiniens un enfer. Où se trouvent les droits inaliénables du peuple palestinien, ses droits à l’autonomie alors qu’Israël continue son occupation du territoire palestinien? a-t-il demandé. La vie du peuple palestinien est devenue une impasse impossible, a-t-il également considéré, précisant qu’il fallait cesser le morcellement du territoire palestinien et les points de contrôle, aujourd’hui au nombre de 600.
Le représentant a estimé que la concrétisation des droits inaliénables du peuple palestinien constituait le seul moyen de régler le problème de la Palestine. Il a donc lancé un appel à Israël pour qu’il reprenne le chemin de la paix et retourne à la table des négociations.
M. OMAR BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a rendu hommage à Yasser Arafat, le Président de l’Autorité palestinienne, qui est décédé le 11 novembre dernier, et a exprimé ses condoléances au peuple palestinien. Il a salué la solidité des institutions démocratiques qui avaient été mises en place en Palestine, et a estimé que l’absence de règlement du conflit israélo-palestinien ainsi que ses retombées constituaient le plus grand défi de l’Organisation des Nations Unies. Le représentant s’est inquiété de la détérioration de la sécurité et de la montée de la violence dans les territoires palestiniens occupés, et a affirmé que la Feuille de route et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité devraient servir de fondement au règlement du conflit.
M. Manis a par ailleurs exhorté l’ensemble des États épris de paix ainsi que la communauté internationale à amener Israël à respecter les normes internationales, afin de parvenir à un règlement pacifique du conflit. Il a également salué le rapport du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien et les différentes résolutions qui ont été présentées sur le sujet, signalant qu’elles bénéficiaient de l’appui de son pays.
M. AMR ABOUL ATTA (Égypte) a constaté que la question de la Palestine figurait à l’ordre du jour de l’Assemblée depuis un demi-siècle. Rappelant que les droits inaliénables du peuple palestinien étaient protégés par les normes internationales, il a déploré les violations constantes des engagements pris par Israël dans le cadre de la Feuille de route, par un usage disproportionné de la force et la mise en place de nouvelles colonies de peuplement. Il a appelé Israël à assurer le bon déroulement des élections palestiniennes et à libérer les prisonniers politiques palestiniens. Il a invité la communauté internationale à adopter une approche constructive à l’égard de la nouvelle direction palestinienne et à ne pas pratiquer de pressions sélectives.
Le représentant a souligné que le retrait unilatéral de la bande de Gaza devait s’inscrire dans le cadre de la Feuille de route. Il a souhaité que ce retrait soit complet, qu’il ne serve pas de prétexte pour assiéger toute la bande de Gaza et qu’un couloir de communication avec la Cisjordanie soit mis en place. Il a proposé l’envoi d’observateurs internationaux à Gaza pour évaluer la situation après le retrait. Il a affirmé que son pays continuerait à œuvrer pour faciliter les contacts entre Israël et l’Autorité palestinienne, assurer le succès du retrait et obtenir le retour des parties à la table des négociations. Les semaines à venir seront décisives, a-t-il dit, ajoutant qu’elles permettraient soit de remettre le processus de paix sur les rails, soit d’envenimer la situation, ce qui aurait de graves conséquences pour les générations futures.
M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie), qui a rendu hommage au Président Yasser Arafat, a réaffirmé le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du peuple palestinien et aux récentes initiatives diplomatiques des États-Unis, du Royaume-Uni pour un règlement pacifique de la crise au Moyen-Orient. La Zambie, également préoccupée par la poursuite de la construction du mur en Cisjordanie et dans des secteurs proches de Jérusalem-Est, estime que la Feuille de route demeure la meilleure solution pour l’établissement de deux États vivant côte à côte, sur la base des frontières de 1967, et espère qu’un règlement pourra être rapidement trouvé, a ajouté le représentant.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie), qui s’est rallié aux propos du représentant du Sénégal, au nom du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien, a condamné les pratiques adoptées par Israël dans les territoires palestiniens occupés, dont il a estimé qu’elles contribuaient à la détérioration de la condition économique, sociale et humanitaire dans ces territoires. Il a affirmé qu’il était du ressort des Nations Unies de mettre fin à ces pratiques, et a exhorté les membres du Quatuor à jouer un rôle plus actif afin de ressusciter la Feuille de route et relancer le processus de paix. Il a expliqué qu’Israël devait comprendre qu’il ne pourrait jamais y avoir de solution militaire au conflit, et a enjoint les deux parties à revenir à la table des négociations sans retard.
M. Isa a déploré la construction par Israël d’un mur de séparation dans les territoires palestiniens occupés, estimant que ce mur avait apporté une nouvelle dimension au conflit israélo-palestinien et pourrait gravement nuire à la paix éventuelle de la région. Il a demandé à l’ensemble des États Membres, Israël en particulier, de prendre les mesures nécessaires afin de respecter l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice. Le représentant a par ailleurs évoqué les initiatives prises par le Mouvement des pays non alignés (NAM), que préside actuellement la Malaisie, au sujet de la question palestinienne. Il a enfin indiqué que l’Assemblée générale constituait le dernier bastion d’espoir pour le peuple palestinien, et a espéré que la Palestine pourrait bientôt y siéger en tant qu’État Membre des Nations Unies.
M. SAEED H. S. AL-JOMAE (Arabie Saoudite) a dénoncé ce qu’il a qualifié de pratiques inhumaines et racistes d’Israël à l’encontre du peuple palestinien. Ceux qui résistent, a-t-il ajouté, sont qualifiés de terroristes et sont punis alors que la colonisation se poursuit. Il a appelé la communauté internationale à empêcher l’escalade. Il a souhaité que le retrait de la bande de Gaza se fasse dans le cadre de la Feuille de route et en coordination avec l’Autorité palestinienne. Il a réitéré son soutien à la création d’un État palestinien ayant Jérusalem pour capitale.
M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) s’est félicité que le débat sur la Palestine coïncidait avec la journée de soutien au peuple palestinien. Il a estimé que, contrairement à d’autres points abordés par l’Assemblée, tout avait été dit sur la situation en Palestine. Il a cependant estimé que les chaînes de télévision ne montraient qu’une petite partie des souffrances infligées au peuple palestinien. Il a qualifié le Gouvernement israélien de clique extrémiste pratiquant une politique d’agression. Il a estimé que les médias apportaient chaque jour la preuve qu’Israël poursuivait ses pratiques inhumaines et illégales, ses exécutions extrajudiciaires, ses destructions de maisons, et l’asphyxie économique des territoires palestiniens.
Le représentant a déploré que tout acte de résistance à l’occupation étrangère soit assimilé à un acte de terrorisme, que les terres confisquées deviennent des terres négociables, que tous les dirigeants palestiniens soient considérés comme des terroristes et que toute critique de la politique expansionniste israélienne soit assimilée à l’antisémitisme. Il s’est félicité de la réaffirmation par l’administration américaine de la nécessité de créer un État palestinien indépendant vivant aux côtés d’Israël. Mais il a estimé qu’il n’y avait en réalité aucune volonté de faire face à l’intransigeance israélienne. Il a estimé que malgré les campagnes médiatiques, le Gouvernement israélien ne souhaitait pas la paix. Il a constaté que, dans d’autres cas, on avait imposé des sanctions, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, à certains pays qui ne respectaient pas le droit international. Il a estimé en conclusion que la tragédie du peuple palestinien reflétait l’incapacité de la communauté internationale à traiter avec Israël et a déploré une tendance sélective à l’application du droit international.
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