LA SITUATION AU DARFOUR ÉVOQUÉE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PAR PLUSIEURS PAYS AFRICAINS, DONT LE TCHAD
Communiqué de presse AG/10265 |
Assemblée générale
15e & 16e séances plénières – matin & après-midi
LA SITUATION AU DARFOUR ÉVOQUÉE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PAR PLUSIEURS PAYS AFRICAINS, DONT LE TCHAD
Les interventions du Tchad, qui a sollicité le concours de la communauté internationale, et de plusieurs autres pays africains, ont placé la crise du Darfour, aujourd’hui, au coeur du débat général de l’Assemblée générale.
Le Tchad, qui, comme l’a rappelé son Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine, M. Nagoum Yamassoum, a offert très tôt sa médiation dans ce conflit, doit non seulement faire face « aux accusations de partialité des mouvements rebelles », mais aussi au mécontentement des populations tchadiennes apparentées à celles du Darfour. L’arrivée massive de réfugiés de la province soudanaise du Darfour vers le Tchad et leur séjour prolongé constituent un risque pour la sécurité du pays, a-t-il estimé, sollicitant une aide de la communauté internationale en faveur des réfugiés et pour la reconstruction des structures socioéconomiques tchadiennes affectées par cet afflux. La communauté internationale doit faire preuve de fermeté « à l’égard des uns et des autres », a-t-il souligné, évoquant le « durcissement » constaté lors des pourparlers de paix d’Abuja, placés sous l’égide de l’Union africaine.
Autre pays susceptible d’être menacé par la crise du Darfour, en raison de ses « implications humanitaires et sécuritaires », la République centrafricaine soutient les initiatives prises depuis la médiation tchadienne par les instances internationales qui en ont pris le relais dans le cadre de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies. La République centrafricaine, a dit son Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la francophonie, M. Charles Hervé Wenezoui, « encourage le Gouvernement soudanais et les parties concernées à suivre la voix de la sagesse fondée sur le dialogue ».
La communauté internationale ayant, à ses yeux, montré son incapacité à agir avec rapidité et efficacité pour prévenir les guerres et les génocides, fléaux, a-t-il dit, auxquels est confronté le Soudan, une réforme des Nations Unies est indispensable, a plaidé José Ramos-Horta, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Timor-Leste, et prix Nobel de la paix en 1996, avec son compatriote Carlos Belo.
La situation au Darfour a mis en évidence la nécessité de créer, dans le cadre d’un renforcement de l’action préventive, un dispositif autonome de gestion des opérations de maintien de la paix au niveau de l’Union africaine, a souligné, de son côté, M. Rogatien Biaou, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Bénin. La phase post-conflit peut s’avérer tout aussi délicate. En témoigne l’exemple, huit ans après la fin de la guerre civile, de la Sierra Leone, dont le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Momodu Koroma, a souhaité que soient revues les stratégies traditionnelles de maintien de la paix qui impliquent un retrait dès que les armes se taisent.
Par ailleurs, dernier chef d’État à s’être exprimé à l’occasion de ce débat général, M. Alvaro Uribe Vélez, Président de la République de Colombie, a appelé la communauté internationale à assister pleinement son pays dans la lutte contre le terrorisme. « Les veuves et les orphelins de la violence demanderont pourquoi nous accordons tant d’importance au terrorisme dans d’autres parties du monde et si peu au terrorisme qui assaille la Colombie », a-t-il déclaré.
Outre les orateurs cités, les Ministres des affaires étrangères de la République tchèque, du Guyana, du Myanmar, du Bélarus, de l’Arménie, des États fédérés de Micronésie, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, de la Mauritanie, de l’Érythrée, de la Jamahiriya arabe libyenne, le Chef de la délégation de Nauru et le Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège ont également pris la parole.
Les représentants de l’Azerbaïdjan, de la Serbie-et-Monténégro, de Cuba et de la République tchèque ont exercé leur droit de réponse.
La dernière séance du débat général se tiendra demain à 10 heures. Auparavant, à 9 h 30, le Bureau de l’Assemblée générale se réunira afin d’examiner notamment des demandes d’inscription à l’ordre du jour de questions additionnelles.
Déclarations
M. ÁLVARO URIBE VÉLEZ, Président de la République de Colombie, a affirmé que le peuple et les institutions de son pays avançaient vers la réalisation de la sécurité démocratique, laquelle permettra à tous les citoyens de vivre en paix, d’exprimer leurs idées politiques sans risquer leur vie, de soutenir ou de s’opposer au Gouvernement dans le respect total de la diversité d’opinions. La politique de sécurité démocratique a enregistré des progrès significatifs, a-t-il indiqué, relevant toutefois qu’il restait encore beaucoup à faire. Mais, avec constance, nous y parviendrons, a-t-il considéré. Le chef de l’État colombien a souligné l’importance de la transparence de l’action publique et privée, ainsi que de la relance de l’économie et de la cohésion sociale. La cohésion sociale, c’est vaincre la pauvreté et permettre l’égalité des chances, a-t-il estimé. Pour M. Uribe Vélez, le programme d’investissement social de la Colombie doit aller de pair avec la sécurité démocratique. Si nous ne prêtons pas d’attention à la sécurité démocratique, le terrorisme se développera, a-t-il prévenu. La Colombie, a-t-il rappelé par ailleurs, a connu une tragédie avec le nombre considérable de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières. Nous avons facilité le rapatriement volontaire de 70 000 personnes, a-t-il précisé, espérant que ce processus s’accélère.
Le Président colombien a en outre appelé la communauté internationale à l’assister pleinement dans la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme qui sévit dans un pays nourrit et renforce les réseaux terroristes à travers le monde, a-t-il expliqué. Les veuves et les orphelins de la violence demanderont pourquoi nous accordons tant d’importance au terrorisme dans d’autres parties du monde et si peu au terrorisme qui assaille la Colombie, a-t-il ajouté. Il est difficile de trouver un pays qui soit à la fois confronté au terrorisme et qui lutte pour le renforcement de la démocratie, a observé M. Uribe Vélez, en demandant à la communauté internationale de soutenir plus efficacement la lutte contre ce fléau afin que les groupes violents n’aient pas d’autre choix que d’abandonner le terrorisme et d’accepter la paix.
M. CYRIL SVOBODA, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a souligné l’importance du rôle des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme international. Ce fléau, a-t-il estimé, a fortement évolué au fil des années. Rappelant qu’autrefois, les terroristes se focalisaient sur des personnes ou institutions spécifiques et visaient la sympathie de l’opinion publique, il a jugé qu’aujourd’hui, leur tâche se limitait à « répandre la terreur » et avait pour cible chacun d’entre nous. Ajoutant que leur idéologie était « agressive et expansive », M. Svoboda a estimé que toute tentative de négocier avec eux serait perçue comme une preuve de faiblesse. À cet égard, il a salué le travail du Comité contre le terrorisme tout en indiquant que d’autres domaines tout aussi importants, tels l’aide au développement et la défense des droits de l’homme, méritaient toute l’attention de la communauté internationale. Afin de répondre au mieux à ces différents défis, les Nations Unies doivent évoluer, a-t-il estimé, rappelant que la République tchèque souhaitait voir l’Assemblée générale revitalisée et le Conseil de sécurité élargi, tant au niveau de ses membres permanents que non permanents. Il a exprimé le soutien de son pays à l’égard des candidatures de l’Allemagne et du Japon à un siège de membre permanent, ajoutant que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine devraient également pouvoir bénéficier de ce statut. M. Svoboda a par ailleurs indiqué que la République tchèque était candidate à un siège de membre non permanent pour les années 2008 et 2009.
M. RODOLPH INSANALLY, Ministre des affaires étrangères du Guyana, rappelant la force destructrice des ouragans qui ont détruit la Grenade, ravagé Haïti, les Bahamas, Cuba, les îles Caïman, la République dominicaine, et la Jamaïque; a tenu à exprimer la solidarité et le soutien de son pays aux États sinistrés, y compris les États-Unis dont l’État de Floride a été sévèrement touché. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, le Guyana accorde une grande importance aux résultats du Programme d’action de la Barbade et de la Conférence mondiale sur la Prévention des catastrophes qui auront lieu en janvier prochain respectivement en Maurice et à Kobe, au Japon. Regrettant la récente interruption du processus démocratique en Haïti, M. Insanally, a affirmé que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) coordonne actuellement une aide humanitaire dans ce pays. Venant à la question de l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité, il a annoncé l’appui de son pays à la candidature du Brésil, de l’Inde et d’un État africain à un siège permanent. M. Insanally a par ailleurs affirmé que pour relever le défi du développement, la communauté internationale s’est essayée à de nombreux modèles allant du partenariat au leadership national et de la bonne gouvernance à l’économie de marché qui n’ont pas réussi à obtenir les résultats escomptés. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le Rapport du développement humain pour cette année a ajouté la dimension culturelle à la liste des impératifs de développement. En tant que petit État multiethnique, le Guyana souscrit entièrement au rôle réservé par ce rapport à la dimension culturelle et s’engage à l’approfondir. Venant aux difficultés économiques que connaît son pays, M. Insanally a affirmé que la production du sucre au Guyana a été victime de la libéralisation des échanges commerciaux du régime de sucre de l’Union européenne et qu’à moins que de petits États comme le Guyana bénéficie d’un traitement spécial, ils seront exclus de l’économie mondiale. Et le Ministre a conclu en demandant à ce que l’on accorde la priorité à l’allègement de la dette, à la mobilisation de fonds pour le développement et à la création de conditions de commerce équitables qui permettront aux pays en développement comme le Guyana de réaliser des progrès dans les domaines économique et social.
M. ROGATIEN BIAOU, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Bénin, a insisté sur la nécessité de renforcer l’action préventive dans le règlement des conflits et sur l’importance de la coopération de l’ONU avec les mécanismes régionaux de gestion des conflits. C’est ainsi qu, qu’à son avis, la situation au Darfour avait mis en évidence le besoin de concrétiser la mise en place d’un dispositif autonome de gestion des opérations de maintien de la paix au niveau de l’Union africaine, en vue de faciliter le déploiement rapide et préventif originaires des pays membres. Dans la région des Grands Lacs, a-t-il précisé, où la situation demeure préoccupante, cette approche favoriserait la tenue de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs. De plus, en Afrique de l’Ouest, l’appui des Nations Unies à l’Union africaine et à la CEDEAO avait dores et déjà permis de constituer une capacité régionale africaine de conduite des opérations de maintien de la paix dont les résultats étaient encourageants, a-t-il estimé. Celui-ci a par ailleurs exprimé sa satisfaction de l’appui accordé par les Nations Unies au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, appelant au renforcement de ce partenariat notamment par la constitution de la Force africaine et par la mise en place du Comité d’état-major de l’Union africaine.
M. Biaou a par ailleurs rappelé que la communauté internationale s’était fixée comme objectif principal de réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et souffrant de la faim, et de promouvoir le développement durable des PMA. Le Bénin, a-t-il précisé, a pour sa part participé au segment de haut niveau de la session de fond de l’ECOSOC en juin 2004, consacré à la « Mobilisation des ressources et à la promotion d’un environnement propice aux fins de l’élimination de la pauvreté, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010 ». L’application des neuf domaines prioritaires de ce plan ouvrira des perspectives pour atteindre dans les meilleurs délais les Objectifs du Millénaire pour le développement, a prédit le Ministre.
Enfin, dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité, le Bénin, membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2004-2005, a plaidé aussi pour que l’Afrique, tout comme chaque Groupe régional, dispose de deux sièges permanents au Conseil, et de deux sièges non permanents, en plus des trois dont elle dispose actuellement.
M. U TIN WINN, Ministre au Cabinet du Premier Ministre du Myanmar, a proposé l’abolition du droit de veto, dans un souci de démocratisation du Conseil de sécurité. En attendant l’adoption de la réforme, il a souhaité que son utilisation soit limitée. Rappelant l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme, il a également souligné l’importance de la lutte contre le trafic de drogues. Le Myanmar, a-t-il indiqué, a saisi et détruit l’équivalent de 14,5 milliards de dollars américains de stupéfiants au cours des 10 dernières années. Le Ministre a insisté sur la nécessité d’un meilleur contrôle des précurseurs chimiques, afin de mieux lutter contre l’apparition des nouvelles drogues synthétiques, qui ne sont pas produites, a-t-il assuré, dans son pays. M. Tin Winn a rejeté les accusations de certains pays occidentaux, selon lesquels le Myanmar ne combattrait pas assez efficacement le trafic de personnes. Rien n’est plus éloigné de la vérité, a-t-il déclaré. Il a indiqué qu’une loi sur cette question était en cours d’élaboration et que son pays accueillerait le mois prochain une réunion des six pays membres de l’Initiative ministérielle du Mékong contre le trafic de personnes. Il a également rejeté les allégations de violations des droits de l’homme, estimant qu’elles avaient pour seul objectif de discréditer son Gouvernement. Cette question doit être traitée avec objectivité, impartialité et sans approche sélective, a-t-il ajouté, en tenant compte du contexte historique et des caractéristiques sociales, religieuses et culturelles des pays. Le Ministre a regretté que le Secrétaire général des Nations Unies ait repris, dans son rapport de 2002 sur les enfants et les conflits armés, les allégations d’une ONG « politiquement orientée » sur la présence de 70 000 enfants soldats au sein des forces armées du Myanmar. Il a fermement démenti cette accusation, affirmant que son pays ne connaissait pas de conflit armé et vivait en paix. Il a souligné la coopération du Myanmar avec les Nations Unies, illustrée, selon lui par la visite du représentant de l’UNICEF dans plusieurs centres de recrutement de l’armée. Évoquant la situation politique dans son pays, M. Tin Winn s’est félicité du lancement des travaux de la Convention nationale, qui doivent aboutir d’ici sept ans, a-t-il précisé, à l’adoption d’une nouvelle constitution et à la tenue d’élections libres. L’avenir d’une nation ne peut être déterminé par une seule personne ni par un seul parti, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’y avait pas d’alternative à la Convention nationale.
M. SERGEI MARTYNOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a souligné la nécessité de renforcer la législation antiterroriste, et ce, sous l’égide de l’ONU. Il a déclaré que son pays allait déposer demain les instruments de ratification de la Convention internationale pour la suppression du financement du terrorisme, le Protocole contre la fabrication illégale et le trafic des armes légères, de même que la Convention des Nations Unies contre le crime organisé transnational. Selon le Ministre, la lutte contre l’immigration illégale, le crime transnational, les trafics de drogue et des personnes, de même que la nécessité d’assurer la sécurité des infrastructures d’approvisionnement en énergie constituent les défis les plus importants. Selon M. Martynov, la stratégie du « deux poids deux mesures » est devenu un problème croissant, et pas seulement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le leadership ne doit pas être confondu avec le diktat, encore moins avec le messianisme, a-t-il estimé, appelant tous les États qui ne sont pas indifférents au rôle et à l’indépendance des Nations Unies, de s’opposer à cette situation. Le Ministre du Bélarus a également considéré que la sécurité économique était indispensable pour permettre le développement durable des États. Selon lui, le concept de centre périphérique qui opposerait les pays développés aux pays en développement n’est pas une solution pour résoudre la crise économique. M. Martynov, qui a indiqué que son pays souffrait toujours des effets du désastre de Tchernobyl, a souhaité le développement de la coopération internationale pour fournir aux Nations Unies les moyens de soutenir les initiatives nationales et améliorer les mécanismes de coordination.
M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a affirmé que la lutte contre le terrorisme devait prendre en compte la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire, à savoir remplacer la pauvreté et l’injustice par la démocratie et le développement économique. Estimant qu’il n’était pas possible de résoudre les problèmes de demain avec les mécanismes d’hier, M. Oskanian a plaidé pour la revitalisation de l’Assemblée générale et pour l’élargissement du Conseil de sécurité, qui devrait comprendre l’Inde, l’Allemagne, le Japon ainsi que des pays d’Afrique et d’Amérique latine parmi ses membres permanents. Le Ministre arménien des affaires étrangères a également indiqué que son pays était prêt à négocier avec un Azerbaïdjan qui comprendrait qu’il a sa place dans un ordre international fondé sur le droit et non pas sur des politiques menaçant la paix et la stabilité de la région. Accusant l’Azerbaïdjan de s’être livré à l’épuration ethnique pour « revoir l’histoire » et d’avoir répondu aux demandes pacifiques d’autodétermination des Arméniens du Haut-Karabakh par une confrontation militaire, M. Oskanian a tenu à rappeler que les Arméniens occupaient le Haut-Karabakh depuis plus de 2 000 ans et que cette région était libre, démocratique et tolérante à l’égard de ses minorités.
M. MOMODU KOROMA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a estimé que son pays, plus que tout autre, illustrait la nécessité du respect de l’état de droit, soulignée par le Secrétaire général dans son discours devant l’Assemblée générale, particulièrement dans une situation post-conflit. Il a exprimé sa préoccupation sur la situation financière du Tribunal spécial créé dans son pays pour lutter contre l’impunité. L’efficacité et la crédibilité du Tribunal pourraient être mises en cause si des mesures urgentes ne sont pas prises pour résoudre ses problèmes budgétaires, a-t-il estimé, rappelant que cette juridiction, symbole de la primauté du droit, comptait pour le peuple de la Sierra Leone, mais aussi pour la communauté internationale tout entière. La Sierra Leone, après huit ans de guerre civile, se trouve aujourd’hui dans la délicate phase post-conflit, a-t-il expliqué. Souhaitant que l’on revoie les stratégies traditionnelles de maintien de la paix qui impliquent un retrait dès que les armes se taisent, le Ministre a en revanche sollicité un soutien supplémentaire de la communauté internationale dans cette période post-conflit. Il a notamment appelé à plus de souplesse de la part des institutions financières internationales, dont les « prescriptions rigides », a-t-il estimé, ne sont pas adaptées aux situations post-conflit. Il a salué le récent renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL), tout en se voulant rassurant, affirmant que son Gouvernement ne souhaitait pas qu’elle y reste indéfiniment. Il a cependant appelé les Nations Unies à tenir compte de la situation en matière de sécurité dans la sous-région. À cet égard, il s’est félicité du récent dialogue entre dirigeants des États membres de l’Union du fleuve Mano, qui sont de bon augure, a-t-il estimé, pour la paix et la stabilité dans la sous-région.
M GÁBOR BRÓDI, Secrétaire d’État adjoint au Ministère des affaires étrangères de Hongrie, a d’emblée rappelé que son pays s’est engagé activement à améliorer l’efficacité de l’ONU, notamment du Conseil de sécurité, qui à cette fin devrait s’adapter aux changements politiques intervenus sur la scène internationale. « De nouvelles menaces telles que le terrorisme international, le risque de prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, la criminalité transnationale organisée et les États en déliquescence sont autant de menaces graves » a-t-il précisé. Aussi, a-t-il ajouté, la Hongrie condamne vivement tout acte de terrorisme et appuie pleinement les travaux du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité.
Venant à la situation en Iraq, il a fermement condamné les actes terroristes et les enlèvements visant à saper le processus de la reconstruction en cours et rappelé que la Hongrie continuera d’œuvrer de concert avec les forces de la coalition en faveur de la stabilisation de ce pays. À propos de la situation dans les Balkans, M. Bródi a noté le retour au calme dans la région bien que le paysage politique reste plutôt fragile. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, la Hongrie est engagée à maintenir sa présence au sein des missions internationales au service de la paix et de la stabilité d’une région voisine. M. Bródi a également fait part de la vive préoccupation de son pays en face de la très grande détérioration de la situation des droits de l’homme en Serbie-et-Monténégro où il a qualifié de très alarmante la recrudescence du nombre d’incidents contre la population non serbe, notamment la communauté hongroise. Aussi, a-t-il ajouté, la Hongrie appelle une fois de plus les autorités serbes à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme et prévenir ces actes de violence et pour identifier, arrêter et poursuivre les auteurs de ces crimes graves. « Nous attendons avec intérêt les conclusions de la mission de surveillance internationale qui s’y déroule actuellement », a-t-il conclu.
L’ARCHEVÊQUE GIOVANNI LAJOLO, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a affirmé que, pour lutter efficacement contre la pauvreté et promouvoir le développement, il était nécessaire de progresser, sous l’égide des Nations Unies, dans la mise en place d’un système commercial international plus juste. De même, a poursuivi Mgr. Lajolo, les progrès en matière scientifique doivent être partagés sans discrimination, notamment ceux réalisés dans le domaine de la santé.
Le Saint-Siège sera toujours reconnaissant envers les représentants des autres religions qui sont ouverts au dialogue, ainsi qu’envers les autorités civiles qui respectent la séparation de l’Église et de l’État tout en garantissant le droit fondamental à la liberté de culte, a encore déclaré Mgr. Lajolo. Il a ainsi rappelé que la liberté de culte faisait partie, avec d’autres droits fondamentaux, de la Déclaration universelle des droits de l’homme approuvée par l’Assemblée générale le 10 décembre 1948. Il a indiqué que le Saint-Siège avait beaucoup à dire sur le droit à la vie de tout individu, car l’essence de son message était « L’Évangile de la vie ». EvangeliumVitae est en outre le titre d’une célèbre encyclique du Pape Jean-Paul II publiée le 25 mars 1995, a-t-il précisé.
Mgr. Lajolo a par ailleurs réaffirmé, dans le cadre du débat sur le clonage humain prévu à l’Assemblée générale dans quelques semaines, que le Vatican soutenait les avancées médicales conduites dans le respect de la dignité humaine.
M. SEBASTIAN L. ANEFAL, Ministre des affaires étrangères des États fédérés de Micronésie, s’est inquiété de l’augmentation des catastrophes naturelles récentes. Les habitants des îles du Pacifique sont particulièrement concernés, a-t-il poursuivi, précisant qu’il n’est pas nécessaire d’être scientifique pour s’apercevoir que les tempêtes sont de plus en plus fréquentes et dévastatrices. Nous savons maintenant, a-t-il poursuivi, que nous sommes confrontés à la perspective d’une catastrophe écologique et que c’est à nous, et à nous seuls, d’y faire face. Les États industriels peuvent, quant à eux, renoncer à leurs niveaux actuels de consommation énergétique, tandis que les États en développement peuvent s’orienter vers des concepts de développement plus durables et plus aptes à protéger l’environnement. La planète peut encore être sauvée, a-t-il dit, incitant les uns et les autres « à jouer le jeu ».
La Micronésie se félicite de la tenue en janvier 2005, à Maurice, de la Réunion internationale sur les petits États insulaires en développement, a-t-il encore dit, rappelant que les États fédérés de Micronésie sont particulièrement concernés par les effets négatifs des changements climatiques mondiaux. Mais notre marge de manœuvre est extrêmement réduite, a-t-il noté, tout en réclamant la mise en œuvre immédiate du Protocole de Kyoto. Il s’est félicité de la mise en œuvre de la Convention sur la conservation et la gestion des ressources des États du centre et de l’ouest du Pacifique, tout en regrettant que la pêche par filets traînants en haute mer (d’une grande importance économique à son pays) soit gênée par le trop grand nombre de filets dérivants qui entraînent des dégâts incommensurables, et en réclamant un moratoire dans ce sens. Enfin, il a demandé que des compensations soient accordées aux habitants des Îles Marshall, victimes des essais nucléaires, en demandant réparation à cet égard aux États-Unis.
M. NAGOUM YAMASSOUM, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a lancé un appel urgent au respect des lois de la concurrence, qui sont foulées aux pieds, a-t-il estimé, par « les États considérés comme les principaux précurseurs et défenseurs de l’économie libérale ». Il a souhaité la levée des subventions à l’exportation qui pénalisent, selon lui, les agriculteurs des pays pauvres, et particulièrement les producteurs africains de coton. « Et comme si cela ne suffisait pas, a-t-il poursuivi, les mêmes agriculteurs font face aujourd’hui à l’invasion de criquets pèlerins ». Il a souligné la menace de famine que fait peser le péril acridien sur l’ensemble des pays sahélo-séhéliens, notamment, au Tchad, dans la région où se trouvent actuellement les réfugiés soudanais. Rappelant que le Tchad avait offert très tôt sa médiation dans le conflit du Darfour, M. Yamassoum a souligné le risque auquel son pays s’était ainsi exposé, faisant face aux accusations de partialité des mouvements rebelles, ainsi qu’au mécontentement des populations tchadiennes apparentées à celles du Darfour. Il a qualifié de « désinformation » l’idée selon laquelle son gouvernement soutiendrait une quelconque rébellion contre les autorités « légitimes » du Soudan, dont il s’est engagé à respecter la souveraineté. Faisant part de son inquiétude face au durcissement constaté lors des pourparlers de paix d’Abuja, placés sous l’égide de l’Union africaine, il a espéré que la communauté internationale saurait faire preuve de fermeté « à l’égard des uns et des autres ». Il a également souligné que l’afflux massif de réfugiés du Darfour vers le Tchad et leur séjour prolongé pouvaient se révéler dangereux pour la sécurité de son pays. Il a sollicité le concours de la communauté internationale, non seulement pour venir en aide aux réfugiés, mais aussi pour reconstruire les structures socioéconomiques tchadiennes affectées par cet afflux. Enfin, il a prévenu que le Tchad ne tolèrerait pas que son territoire serve de base arrière à des menées subversives contre les institutions des pays d’origine des réfugiés.
M. MOHAMED VALL OULD BELLAL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, a estimé que la réalisation des objectifs du développement, de la sécurité et de la stabilité était intimement liée au traitement efficace de la violence et du terrorisme. Il ne faut pas perdre de vue, a-t-il ajouté, que la pauvreté et le sous-développement social, scientifique et technologique constituent l’une des premières causes de tension, de violence et d’extrémisme. Or, a souligné M. Ould Bellal, les objectifs du développement demeureront hors de portée si des efforts conjugués au niveau du G-8 et des pays industrialisés ne sont pas déployés vers davantage d’aide et de soutien en faveur des pays en développement. Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie a indiqué que son pays soutenait les efforts déployés par l’ONU au Sahara occidental. Il a également plaidé pour une révision des structures des Nations Unies, estimant que le Conseil de sécurité devait être élargi de manière à l’ouvrir à des régions essentielles et à des ensembles qui ne recoupent pas les frontières régionales comme le Groupe arabe, l’Afrique ainsi que l’Amérique latine. M. Ould Bellal a aussi signalé que certains pays industrialisés qui apportent une contribution substantielle à l’Organisation, tels l’Allemagne et le Japon, devraient également avoir leur place au Conseil.
M. ALI SAID ABDELLA, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a affirmé que son pays se montrait reconnaissant à la communauté internationale, en particulier les Nations Unies, pour sa contribution vitale à l’établissement de la paix après la guerre que, selon lui, l’Éthiopie a déclaré en utilisant comme prétexte un lieu appelé « Badme ». Toutefois, il a fait part de la consternation de son pays face au manque de détermination affichée, selon lui, par la même communauté internationale à un moment critique où le processus tout entier est sur le point de sombrer. Si la communauté internationale avait respecté ses obligations et mené à bonne fin le processus avec le sérieux requis, la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie aurait depuis longtemps été démarquée, a-t-il considéré. Les nuages de la guerre obscurcissent à nouveau le ciel de l’Érythrée en raison de l’intransigeance de l’Éthiopie et de l’assentiment des grandes puissances face à ses violations.
Selon M. Abdella, l’Éthiopie a rejeté catégoriquement la décision de la Commission du tracé de la frontière. Il a cité notamment les propos du Premier Ministre éthiopien, qui a qualifié ladite décision de « totalement illégale, injuste et irresponsable ». Elle l’a fait au début modérément, prudemment, puis avec plus d’audace quand elle s’est aperçue qu’elle pouvait agir en toute impunité, a ajouté M. Abdella. Selon lui, ce rejet a plus à voir avec le comportement de la communauté internationale qu’à une question intrinsèque de la décision elle-même, évoquant des sympathies et des clins d’œil d’encouragement de certains pays ou missions étrangères en Éthiopie. Le Ministre érythréen a également affirmé que l’Éthiopie bénéficiait d’appuis humanitaire, militaire et économique massif de la part des grandes puissances, lesquels appuis, a-t-il dit, n’ont pas été assortis de progrès dans le processus de paix. Les Érythréens sont les victimes des violations de l’état de droit perpétrées par l’Éthiopie, a-t-il dit, ajoutant que toute impasse dans le processus de démarcation était une impasse non seulement entre les deux pays, mais aussi entre l’Érythrée et les Nations Unies. Les Nations Unies ont le devoir de faire respecter le droit, a-t-il souligné.
M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHEM, Secrétaire du Comité populaire général pour les relations extérieures et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne, a estimé que les Nations Unies n’avaient pas le droit de parler de démocratie et de réforme dans le monde tant que l’Organisation ne s’était pas elle même réformée pour devenir plus démocratique. Il a estimé que l’Assemblée générale était une instance purement décorative sans aucune âme, laissant toute l’autorité au Conseil de sécurité et il a souhaité que la 60ème session soit l’occasion d’une réforme radicale. Il a proposé que cette session se déroule à Genève afin de faciliter la participation de tous les dirigeants mondiaux et il indiqué que son pays était prêt à contribuer financièrement à l’événement. Il a avancé deux options pour la réforme qui, si elle n’était pas menée à bien, a-t-il averti, signerait la disparition des Nations Unies. Il a d’abord proposé de remettre l’autorité d’invoquer les Chapitres VI et VII de la Charte à l’Assemblée générale, faute de quoi, a-t-il ajouté, l’Assemblée deviendrait un corps mort et il faudrait cesser de la financer. Il a ensuite proposé d’élargir le Conseil de sécurité et de revoir l’utilisation du droit de veto. Il a estimé que l’Union africaine devait avoir un siège permanent qui serait occupé à tout de rôle par ses membres, tout comme l’ANASE ou encore l’Amérique latine. Il a également plaidé pour l’attribution d’un siège permanent à la Libye, du fait notamment, a-t-il dit, de l’initiative « unique, audacieuse et forte » prise par son pays pour l’élimination de son programme d’armes de destruction massive. M. Shalghem a enfin souhaité que les Nations Unies apportent leur soutien à la proposition du Colonel Muammar Ghaddafi de créer un comité des sages chargé de résoudre les conflits dans le monde, qui serait composé des Présidents Nelson Mandela, Mikhaïl Gorbatchev et Bill Clinton.
M. JOSE RAMOS-HORTA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Timor-Leste, a plaidé pour la réforme des Nations Unies, rappelant qu’à travers les années, la communauté internationale avait montré son incapacité à agir avec la rapidité et l’efficacité nécessaires à la prévention des guerres et des génocides. Évoquant les drames qu'ont connu le Rwanda, l'Iran et le Cambodge, et que traverse encore le Soudan, il a souligné que la plupart du temps, les Nations Unies avaient été prises en otage par les intérêts particuliers de certains de leurs membres. Parmi les réformes à entreprendre, M. Ramos-Horta a notamment estimé que le Conseil de sécurité devait être élargi de manière à inclure des pays comme l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, le Brésil et un ou deux pays d’Afrique. Il a particulièrement insisté sur l’importance d’accorder un statut de membre permanent à l’Indonésie, le plus grand pays musulman de la planète, au sein d’un conseil dont la représentation est principalement chrétienne, a-t-il observé. Il a par ailleurs remarqué que l’élargissement du Conseil de sécurité lui permettrait d’être plus représentatif, mais pas forcément plus efficace, estimant notamment que le droit de veto devait être éliminé et remplacé par un vote à la majorité des deux tiers pour toutes les décisions importantes. Enfin, il a jugé que la rotation biannuelle des membres non permanents devait être raccourcie à un an de manière à permettre à un plus grand nombre de pays membres d’y siéger. Cette réforme du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit s’accompagner d’une révision des méthodes de travail de l’Assemblée générale et de ses organes subsidiaires, afin d’en simplifier le travail et d’éliminer les redondances. M. Ramos-Horta a cependant estimé qu’une organisation réformée ne résoudrait pas pour autant tous les problèmes de la planète sans la présence d’une « autorité morale et politique », expliquant qu’il était « dérouté » par l’incapacité apparente des chefs d’État à saisir la magnitude des problèmes du monde. Dans cet ordre d’idées, il a tenu à souligner que les subventions versées annuellement aux agriculteurs et aux industries étaient six fois supérieures au montant consacré chaque année à l’aide au développement, et a invité l’Europe et les États-Unis à les abandonner progressivement.
M. CHARLES HERVÉ WENEZOUI, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la francophonie de la République centrafricaine, a estimé que le contexte économique international actuel avait eu un impact négatif sur les économies des pays en développement en général et celles des pays africains en particulier. Selon lui, il faut continuer à rechercher des solutions pour surmonter l’échec de Cancun, l’an passé, où les membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont tenté de relancer la libéralisation du commerce, et assurer le succès du cycle de Doha. La Déclaration du Millénaire, les conclusions du Sommet de Johannesburg, le Consensus de Monterrey ont montré le chemin à suivre et les objectifs à atteindre pour mettre en place un véritable partenariat mondial pour le développement. M. Wenezoui a en outre indiqué que son pays suivait avec un intérêt particulier l’évolution de la situation dans le Darfour en raison des implications humanitaires et sécuritaires pour lui. La République centrafricaine soutient, a-t-il dit, les initiatives prises depuis la médiation tchadienne par les instances internationales qui en ont pris le relais dans le cadre de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies. Elle encourage, a-t-il poursuivi, le Gouvernement soudanais et les parties concernées à suivre la voix de la sagesse fondée sur le dialogue. Selon M. Wenezoui, le peuple centrafricain s’attache depuis plus d’un an à reconstruire son unité brisée, et le Gouvernement à restaurer la sécurité, la confiance avec les partenaires extérieurs, la légalité constitutionnelle au terme des élections libres et transparentes qui auront lieu lors du premier trimestre de 2005. La mission de l’actuel gouvernement de transition est de réunir et de réaliser les conditions qui autoriseront un retour à la vie démocratique normale en République centrafricaine. Il a ainsi lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide son pays à lui permettre d’organiser des élections dans les conditions voulues et assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
M. VINCI NIEL CLODUMAR, Représentant permanent de la République de Nauru, a exprimé sa profonde sympathie à l’attention des pays des Caraïbes et de la côte sud des États-Unis, affectés par les cyclones. En tant que membre de l’Alliance des petits États insulaires, Nauru se réjouit de la tenue prochaine de la Réunion internationale de Maurice, souhaitant que celle-ci mette l’accent sur l’application du Plan d’action de la Barbade adopté en 1994. Ce plan, qui accordait une attention politique particulière aux petits États insulaires en développement, est aujourd’hui négligé, a-t-il dit. Il a donc exprimé l’espoir que la troisième série de négociations, en octobre prochain, ira dans un meilleur sens.
Il s’est aussi félicité de l’admission du Royaume de Thaïlande comme 13e membre du Forum des îles du Pacifique, seul outil de la coopération régionale des 16 pays insulaires du Pacifique ouest et centre. Le Forum avait adopté le mois dernier un Plan du Pacifique, qui devrait lui permettre de répondre plus efficacement aux besoins de ses États membres, a-t-il poursuivi. Les changements climatiques, la paix et la sécurité, le développement économique et social, la protection de l’environnement restent parmi ses priorités. En tant que toute petite île, inquiète de l’augmentation du niveau de la mer, Nauru voit enfin comme une planche de salut la ratification du Protocole de Kyoto, et espère que la Fédération de Russie fera un geste dans ce sens, a dit M. Clodumar, qui s’est encore inquiété des conséquences du transport des déchets nucléaires dans le Pacifique.
Droits de réponse
Le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté les « accusations » formulées selon lui ce matin par le Ministre des affaires étrangères de l’Arménie à propos du Haut Karabakh. Il a estimé que l’Arménie continuait à occuper ce territoire, en violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, indiquant que le Haut-Karabakh faisait partie intégrante de l’Azerbaïdjan et exigeant le retrait total de toutes les forces étrangères du Haut Karabakh. L’Arménie tente de se présenter en victime du terrorisme alors que son gouvernement a lui-même organisé plusieurs actes terroristes qui ont causé la mort de plus de 2 000 Azerbaïdjanais, a-t-il estimé, dénonçant la politique de colonisation et la falsification de l'histoire par l'Arménie dans les territoires azerbaidjanais occupés. L'Azerbaïdjan, a-t-il conclu, est prête à coopérer avec Arménie dès qu’elle aura retiré ses forces des territoires azerbaïdjanais occupés.
Le représentant de la Serbie-et-Monténégro a regretté l'intervention du Vice-Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, qui a fait part ce matin de sa préoccupation face à l'augmentation des incidents contre des populations non serbes et en particulier contre la minorité hongroise. Le représentant a estimé que les incidents recensés récemment dans la province de Voïvodine étaient des cas isolés et il a assuré que son gouvernement, pour lequel la défense des droits des minorités était une priorité, faisait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter que de tels actes ne se reproduisent pas.
Le représentant de Cuba a regretté les propos tenus ce matin par le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque. Plutôt que de s'intéresser aux droits de l'homme à Cuba, a-t-il estimé, la République tchèque ferait mieux de se préoccuper de l'explosion de la prostitution dans son pays, où l'on recense, a-t-il indiqué, 860 bordels, ou encore des graves problèmes sociaux du peuple tchèque.
La représentante de la République tchèque a jugée exagérée la réaction du représentant de Cuba. Elle a estimé que le Ministre des affaires étrangères de son pays n'avait fait qu'exprimer de façon modérée sa préoccupation pour le sort de quelques Cubains qui ont le courage de dire à voix haute ce qu'ils pensent, au risque d'être arrêtés. Aucun pays du monde n’est exempt de reproches en ce qui concerne les droits de l'homme, a-t-elle affirmé, ajoutant que, face à cette question, les gouvernements pouvaient, soit ouvrir un dialogue transparent, soit fermer la porte à la communauté internationale pour, « permettre à un régime vieillissant de survivre encore quelques années ».
Le représentant de Cuba a estimé que les soi-disant défenseurs des droits de l'homme dans son pays étaient en fait des « mercenaires au service d’une puissance étrangère » à laquelle la République tchèque avait apporté son concours. « Notre peuple ne permettra pas que sa révolution soit salie », a-t-il conclu.
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