LES CHEFS DES INSTITUTIONS HUMANITAIRES LANCENT UN APPEL A L'ACTION FACE AU DESASTRE HUMANITAIRE QUI PLANE SUR L'AFRIQUE AUSTRALE
Communiqué de presse IHA/750 |
AIDS/49
AFR/545
LES CHEFS DES INSTITUTIONS HUMANITAIRES LANCENT UN APPEL A L'ACTION FACE AU DESASTRE HUMANITAIRE QUI PLANE SUR L'AFRIQUE AUSTRALE
(Adapté de l’anglais)
La déclaration suivante a été communiquée aujourd'hui par le Comité permanent interinstitutions et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) concernant l'effet déstabilisant de la pandémie du VIH/sida sur la sécurité humaine et la survie humaine en Afrique australe:
En tant que chefs des principales institutions humanitaires de la planète, nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle réponde de manière appropriée à la tragédie humaine qui est en train de se dérouler en Afrique australe. Pendant que l'attention du monde est en ce moment centrée par des évènements se déroulant dans d'autres régions du monde, l'Afrique, où des milliers de gens meurent chaque jour en silence, est en crise profonde. Bien que les chiffres exacts des taux de morbidité et de mortalité soient difficiles à établir, tout indique que ce sont des populations dans la force de leur âge qui sont en train d'être décimées, et que c'est le spectre de l'insécurité et de l'effondrement économique qui pointe à l'horizon. Le VIH/sida est en train de toucher le plus durement les femmes et c'est une guerre contre une mort, prévisible, qui doit être menée en Afrique.
La famine n'est que l'un des symptômes d'une crises exacerbée par le fléau du VIH/sida et la pauvreté rampante. L'effondrement simultané des services sociaux et de santé augmente considérablement le nombre de morts parmi les populations et les personnes souffrant de maladies courantes qui peuvent être facilement traitées comme la diarrhée, le paludisme, la pneumonie et la tuberculose. L'effet conjugué du VIH/sida et des autres facteurs déjà mentionnés sape les stratégies de réaction et d'adaptation utilisées par les communautés pour survivre et détruit le capital humain indispensable au redressement après les catastrophes naturelles et les nombreuses sécheresses. Le sida tue les jeunes adultes, et notamment les femmes, qui sont le principal soutien de leurs familles et de leurs communautés. Il laisse derrière lui, en grand nombre, des orphelins sans espoir d'avenir prometteur. Des communautés entières s'effondrent et les problèmes qui existent du fait de la gouvernance, du manque de politiques agricoles appropriées et de la pauvreté croissante contribuent à aggraver les effets de la sécheresse qui frappe l'Afrique australe.
Sans un apport massif de fonds et une plus grande collaboration des pays affectés avec la communauté internationale, le sort de 60 millions de personnes vivant en Afrique australe est sans grand espoir. Si des actions décisives ne sont pas lancées, 20% de la population adulte va périr prématurément de la seule pandémie du VIH/sida. Ce nombre augmentera du fait des pénuries alimentaires, de la malnutrition et de l'affaiblissement des infrastructures de santé.
Nous sommes déterminés à redoubler d’efforts en ce qui concerne les actions que déploient individuellement et collectivement nos institutions humanitaires et de secours. La réponse que nous apportons doit combiner l'assistance alimentaire et de nouvelles techniques agricoles, tout en lançant des actions de prévention et de traitement du VIH/sida. Les éléments essentiels dont la liste suit doivent être poursuivis en tandem: fournir une alimentation appropriée et en temps opportun aux groupes vulnérables; améliorer l'accès à l'eau potable en tenant compte des besoins des populations et des personnes atteintes du VIH/sida; renforcer les services de santé en vue de réduire le paludisme, la tuberculose, les maladies sexuellement transmissibles et d'assurer les vaccinations contre les maladies prévisibles; assurer un accès équitable aux soins et aux médicaments; rendre disponibles les tests de dépistage contre le VIH/sida; fournir les moyens de prévention de la pandémie, y compris ceux de la transmission de mère à enfant; fournir des contraceptifs, dont des préservatifs pour hommes et femmes; fournir des aiguilles et des seringues propres, des transfusions de sang sûres, et des médicaments. Nous devons aussi protéger les femmes et les enfants contre l'exploitation et les violences sexuelles, et nous devons aider les communautés à soutenir un grand nombre de personnes affectées par la pandémie, ainsi que les orphelins de plus en plus nombreux.
Nous, chefs d'institutions des Nations Unies, lançons un appel aux gouvernements des pays affectés pour un effort concerté, ainsi qu'aux pays donateurs et aux institutions humanitaires et de soutien au développement. Cet appel vise, entre autres, à encourager les dirigeants à adopter des politiques de prévention et de traitement de la pandémie du VIH/sida qui touche tous les segments de la population et surtout les groupes vulnérables -femmes, réfugiés, personnes déplacées-; à faire connaître le lien entre VIH/sida et famine; à encourager l'accès au traitement et aux médicaments, y compris les antirétroviraux pour les personnes déjà infectées; à promouvoir les droits humains des populations et des personnes malades du VIH/sida, y compris à favoriser une lutte contre la discrimination pratiquée à leur égard; à considérer des encouragements pour inciter les personnels essentiels à accepter de travailler dans le domaine du traitement de la pandémie et de sa prévention, notamment par des augmentations de salaire et un accès aux méthodes de transmission et de soins contre la pandémie. Nous devons aussi soutenir les politiques gouvernementales qui encouragent la bonne gouvernance, les bonnes approches agricoles et un développement durable et équitable.
Les chefs d’institutions humanitaires se félicitent de la mission conjointe conduite ce mois en Afrique australe par M. James Morris, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les affaires humanitaires en Afrique australe, qui était accompagné de M. Stephen Lewis, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le VIH/sida en Afrique. Cette mission travaillera en collaboration avec les institutions de développement et les organismes humanitaires pour voir comment le système de l'ONU et la communauté internationale peuvent aider les groupes à risques, et notamment les femmes. Elle examinera aussi des stratégies visant à soutenir les gouvernements de la région dans leurs efforts de redressement des faiblesses structurelles qui freinent la fourniture de services sociaux. La lutte contre une mort causée par des maladies somme toute prévisibles requiert des ressources. Les chefs d'institutions rappellent à la communauté internationale que la seule bonne volonté ne sauvera pas de vies. Ne détournons donc pas nos regards du drame qui se déroule et ne devenons pas tacitement complices d'une tragédie qui pourrait être évitée.
Cette déclaration a le soutien de tous les chefs d'institutions représentées au sein du Comité permanent interinstitutions (IASC), ainsi que celui du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). L'IASC est composé de représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), du Bureau des affaires humanitaires (OCHA), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial (PAM), et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'autres organisations, dont le Comité international de la Croix-Rouge, la Banque mondiale et l'Organisation internationale pour les migrations, font partie de l'IASC à titre d'invités permanents.
En tant qu'invité permanent, le Comité international de la Croix-Rouge est indépendant vis-à-vis des déclarations de politiques faites par l'IASC et ses organes subsidiaires.
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