ECOSOC/6054

L'ECOSOC EXAMINE L'EFFICACITE DU SYSTEME D'EVALUATION DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DES NATIONS UNIES SUR LE TERRAIN

07/07/2003
Communiqué de presse
ECOSOC/6054


Conseil économique et social


L'ECOSOC EXAMINE L'EFFICACITE DU SYSTEME D'EVALUATION DESACTIVITES OPERATIONNELLES DES NATIONS UNIES SUR LE TERRAIN


GENÈVE, 4 juillet 2003 -- Le Conseil économique et social a poursuivi ce matin son examen des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement par une réunion-débat consacrée à l'évaluation impartiale et indépendante de la façon dont les fonds, programmes et organismes des Nations Unies sur le terrain assimilent les leçons tirées de leurs propres évaluations et propositions sur la façon d'améliorer les mécanismes de rétroaction au niveau local, dont le modérateur était M. Patricio Civili, Sous-Secrétaire général des Nations Unies à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations.


Soulignant le lien entre obligation redditionnelle et apprentissage, les participants se sont accordés sur la nécessité de fournir des évaluations directement utilisables par les responsables sur le terrain.  Ils ont insisté sur le fait que les évaluations avaient désormais un double objectif.  Il s'agit à la fois de rendre compte aux donateurs du bon emploi de leurs ressources et de rendre compte aux bénéficiaires de l'efficacité des programmes mis en œuvre en leur faveur.


Un expert des questions d'évaluation, M. Eduardo Wiesner (Colombie), a posé la question de savoir pourquoi les évaluations fournies par le système des Nations Unies ne sont pas aussi efficaces qu'elles le devraient, soulignant qu'il fallait toujours garder à l'esprit l'objectif ultime de tout processus d'évaluation, qui est d'adapter les politiques et de décider de continuer ou non d'allouer des ressources à tel programme.  Pour que les évaluations deviennent de véritables outils d'encouragement en vue d'améliorer la performance, il importe qu'elles aient une incidence sur l'allocation des ressources, a-t-il souligné.  Par exemple, il faut que les directeurs de programme aient conscience que, dans un système de gestion orienté vers les résultats, les évaluations peuvent entraîner aussi bien une augmentation qu'une diminution des ressources.  M. Dharam Ghai, consultant en évaluation (Kenya), a regretté que trop peu d'institutions du système des Nations Unies acceptent de se prêter à une évaluation indépendante, alors que ces évaluations peuvent être de véritables stimulants en innovation.


Le Chef du département de l'évaluation du Département pour le développement international du Royaume-Uni a estimé que l'évaluation était une manière de gérer le changement dans un monde en perpétuel bouleversement.  Il s'est fait l'avocat d'une évaluation systématique.  Le Conseiller sur l'efficacité de l'aide du Secrétariat du Comité d'aide au développement de l'OCDE a pour sa part recommandé, dans la mesure où nombre d'institutions du système de l'ONU ne tirent pas d'enseignements des évaluations qui leur sont transmises, que les Nations Unies améliorent leurs mécanismes de suivi de façon à remédier à cette situation.


Il est désormais indispensable de tirer des enseignements de résultats obtenus, car les institutions de développement doivent apprendre à faire davantage avec moins de ressources, a souligné le Directeur adjoint du Bureau d'évaluation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  En outre, il a souligné  que les pays bénéficiaires et donateurs devenaient de plus en plus exigeants et que l'aspect performance était devenu prépondérant dans le contexte de la mondialisation.  Rappelant lui aussi que l'objectif de toute évaluation est de tirer des enseignements, il a insisté sur la nécessité de veiller à ce que les résultats soient immédiatement utilisables par les responsables de l'application des politiques et des programmes sur le terrain.  C'est à dire qu'il faut s'employer à leur fournir une information qui soit «digeste» et leur parvienne en temps opportun.  Dans le même esprit, le Directeur du Bureau d'évaluation du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Genève a souligné l'importance d'une bonne intégration des activités d'évaluation dans le processus de planification.  Il faut donc garder à l'esprit que ces informations sont destinées à tirer des enseignements et qu'elles doivent être utilisables. 


Pour le Directeur du bureau de l'évaluation du Fonds international de développement agricole (FIDA), il convient avant tout de tenir compte de quatre critères essentiels dans le cadre du processus d'évaluation, à savoir les critères d'indépendance, d'obligation redditionnelle, d'apprentissage et de partenariat.  Il a rendu compte de l'expérience du FIDA en présentant d'une part ses instruments d'évaluation et, d'autre part, la méthode mise au point pour tirer des enseignements de l'évaluation.


Les représentants de la République du Congo, du Nigéria et du Royaume-Uni sont intervenus dans le cadre du dialogue qui a suivi.  Une représentante du Corps commun d'inspection a également pris part aux débats.  Le Chef du Service de la politique de coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies est également intervenu.


Le Conseil tiendra cet après-midi une discussion avec l'équipe de pays des Nations Unies pour le Sénégal.



Présentation sur rapport sur l'évaluation des enseignements que les organismes des Nations Unies tirent des activités d'évaluation sur le terrain


M. PATRICIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a insisté sur la nécessité pour l'Onu de tirer des enseignements de son expérience sur le terrain.  L'évaluation de ses activités doit lui permettre d'agir plus efficacement pour la réalisation des objectifs de développement du millénaire.  Il a précisé que la gestion axée sur les résultats devenait une méthode indispensable.  Cette évaluation doit permettre d'améliorer l'efficacité des actions sur le terrain, mais aussi d'élaborer des politiques et des programmes mieux ciblés et prenant en considération les besoins réels des pays.  Il a également présenté le rapport sur Secrétaire général qui est soumis au Conseil pour l'examen de ces questions. 


Le rapport du Secrétaire général sur l'évaluation des enseignements que les organismes des Nations Unies tirent des activités d'évaluation sur le terrain (E/2003/64) analyse les facteurs qui font qu'une demande et une offre de tels enseignements s'expriment au niveau des pays, puis, se fondant sur les données fournies par les services d'évaluation et les informations pertinentes recueillies dans les pays, il évalue la façon dont le système des Nations Unies utilise les évaluations disponibles au niveau des pays, mettant l'accent en particulier sur les points forts et les faiblesses des deux processus suivants : la manière dont le système identifie les leçons à tirer au niveau des pays et la manière dont il les diffuse une fois qu'elles ont été identifiées.


Il apparaît ainsi que le système des Nations Unies manque des capacités nécessaires pour identifier les enseignements tirés, ce qui explique en grande partie le caractère limité de sa mémoire institutionnelle sur le terrain.  En dépit de ces insuffisances, l'apprentissage à partir des évaluations a quelques points forts d'un intérêt considérable.  Ses avantages potentiels ne sont pas à négliger, étant donné que la plupart des organismes ont mis en place, d'une manière relativement exhaustive, des processus qui, au fil du temps, leur permettent d'évaluer le gros de leurs activités sous la forme d'évaluations thématiques, de projets ou de programmes qu'ils entreprennent à des fins de formation, à mi-parcours ou, plus rarement, a posteriori.  Ces évaluations fournissent un volume important et croissant d'informations dont on peut espérer tirer des leçons au niveau du pays, qui pourront ensuite être généralisées.  On constate néanmoins de grosses faiblesses dans la manière dont les organismes des Nations Unies tirent les leçons de leurs propres évaluations.  En effet, la plupart des organismes s'en remettent à un très petit noyau de professionnels en poste au siège pour planifier, gérer et appuyer les activités d'évaluation ainsi que pour faire la synthèse des résultats, d'où une sous-exploitation des enseignements tirés.  Les capacités d'évaluation manquent au niveau des pays.  Même si le siège fournit au personnel de terrain des manuels et des principes directeurs pour l'aider à évaluer les programmes et les projets et les révise souvent, ces outils ne sont pas toujours bien utilisés au niveau du pays, soit parce qu'ils ne sont pas adaptés à la situation, soit parce qu'ils ne sont pas accompagnés d'une formation ou autres formes de soutien nécessaire. 


Si la politique et la pratique institutionnelles en matière d'évaluation reconnaissent de plus en plus la pertinence des programmes de pays et la nécessité de les évaluer à ce niveau, cet effort ne concerne pour l'essentiel qu'un petit nombre d'organismes.  À quelques exceptions près, la nécessité de faire porter les évaluations sur d'importantes questions de politiques de développement et de renforcer l'apprentissage dans tout le système à l'échelon des pays n'est pas encore suffisamment reconnue.  Ces faiblesses appellent l'attention sur deux grandes difficultés.  Il faut se demander, d'une part, comment susciter une culture de l'évaluation au niveau des bureaux de pays de manière à ce que les activités d'évaluation soient considérées comme un moyen de renforcer l'efficacité, et à ce que des enseignements soient tirés et retenus.  D'autre part, il faut également se poser la question de savoir comment mettre au point des approches et des méthodes d'évaluation qui soient efficaces et opportunes et donnent aux bureaux de pays et aux gouvernements le sentiment d'une valeur ajoutée au niveau du terrain. 


Après avoir tiré certaines conclusions à l'issue de l'analyse de la pratique en vigueur dans différentes parties du système, le rapport formule à l'intention du Conseil quelques recommandations sur la manière de développer la fonction d'évaluation et son utilisation au niveau des pays, grâce à des mesures qui voient dans chacun des organismes du système des Nations Unies ou dans la collaboration entre eux un moyen d'accroître l'efficacité de la coopération internationale pour le développement.  Ainsi le Conseil souhaitera peut-être recommander que les organisations du système des Nations Unies participent aux efforts nationaux visant à créer des répertoires au niveau des pays pour stocker les résultats des évaluations et des enseignements tirés pertinents dans chaque contexte national, à l'appui des bases de données nationales des enseignements tirés et le développement d'analyse, de documents, de diffusion et de synthèse des enseignements tirés, et promouvoir la mise au point de publications et l'utilisation d'autres moyens de communication.  Il souhaitera peut-être recommander que toutes les organisations du système des Nations Unies considèrent les enseignements tirés et leur diffusion comme un composant nécessaire de leurs plans annuels, et identifient qui sera responsable du suivi de l'efficacité du processus d'apprentissage à partir des enseignements tirés, au siège et au niveau des pays.


Réunion-débat de haut niveau


M. COLIN KIRK, Chef du Département de l'évaluation au Département du développement international du Royaume-Uni, a souligné l'importance qu'il y a à assurer que des leçons soient tirées de l'évaluation et que cette évaluation donne lieu à la mise en œuvre de nouvelles mesures visant à améliorer l'action sur le terrain.  L'évaluation est un exercice d'apprentissage et de reddition de comptes, a-t-il ajouté.  «Souvent, on apprend plus vite lorsque circule un peu d'adrénaline et c'est pour cela que l'obligation redditionnelle permet d'en apprendre davantage», a-t-il également déclaré.  L'évaluation est une manière de gérer le changement dans un monde en perpétuel bouleversement, a par ailleurs rappelé M. Kirk.


M. Kirk a invité chacun à réfléchir aux canaux disponibles pour diffuser les résultats de l'évaluation et a fait observer que si les nouvelles technologies de l'information et de la communication peuvent constituer de bons canaux à cette fin, il ne faut pas trop se fier aux machines car les destinataires ultimes de l'information sont des êtres humains et non pas des machines.


M. HANS LUNDGREN, Conseiller sur l'efficacité de l'aide, Secrétariat du Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a apporté des précisions sur l'évaluation dans le nouveau contexte de la gestion orientée vers les résultats, car il s'agit d'un nouveau cadre fourni par les objectifs de développement du millénaire dans un contexte de diminution des ressources disponibles.  Il a rappelé que les augmentations projetées de l'aide dépendaient désormais des résultats et que les donateurs bilatéraux resserraient de leur côté leurs systèmes de gestion.  Il a expliqué que l'évaluation était un instrument utile pour mesurer les résultats à plusieurs niveaux, notamment les résultats effectifs et l'impact réel des politiques.  Il s'est ensuite penché sur les moyens d'améliorer l'évaluation dans les institutions.  Il a pris l'exemple de la méthode mise en place par le Comité d'aide au développement de l'OCDE et a fait part de l'expérience d'évaluation conjointe menée par l'institution et le pays bénéficiaire et de l'expérience d'évaluation collégiale menée par deux donateurs sur la politique d'un troisième.  Il ne s'agit pas de juger mais de créer l'occasion de partager les expériences et de faire des suggestions au donateur évalué.


M. Lundgren a ensuite vanté les mérites de créer des structures indépendantes d'évaluation au sein des institutions comme l'a fait le Fonds monétaire international, par exemple, car il ne faut pas oublier que l'objectif final de l'évaluation est la rétroaction.  Dans cet esprit, il a recommandé aux institutions des Nations Unies de collaborer plus efficacement avec les structures d'évaluation indépendantes comme la sienne, de façon à tirer les leçons de leur expérience en la matière.  Il a suggéré que le système des Nations Unies devrait tirer un meilleur profit des évaluations conjointes ou multilatérales.  En dernier lieu, il a regretté que nombre d'institutions du système de l'ONU ne tirent pas d'enseignements des évaluations qui leur sont transmises.  Pour remédier à cette situation, il a recommandé que les Nations Unies améliorent leurs mécanismes de suivi.


M. LUCIANO LAVIZZARI, Directeur du bureau de l'évaluation au Fonds international de développement agricole (FIDA), a affirmé que dans le cadre de l'exercice d'évaluation, il convient de tenir compte de quatre critères essentiels, à savoir les critères d'indépendance, d'obligation redditionnelle, d'apprentissage et de partenariat.  M. Lavizzari a souligné que le FIDA essaie de bien cerner qui sera l'usager avant de décider d'un partenariat.  Pour rendre l'évaluation plus utile que par le passé, il a été décidé de ne procéder à une évaluation stratégique que lorsque le FIDA a choisi de se lancer dans l'élaboration d'une nouvelle politique ou dans une nouvelle phase de projet.  Le FIDA s'efforce de promouvoir la consolidation des résultats de l'évaluation au niveau de l'organisation, a-t-il par ailleurs souligné.


M. Lavizzari a précisé que le programme annuel associé au travail d'évaluation et le document d'approche qui décrit le cadre d'évaluation (objectifs, méthodologie, plan de travail) figurent au nombre des principaux instruments d'évaluation.  Le partenariat d'apprentissage, qui réunit les principaux usagers de l'évaluation, s'efforce quant à lui d'approfondir la compréhension des recommandations, de déterminer les moyens de mettre en œuvre ces recommandations et aboutit en fin de compte à un accord dit «Accord au point d'achèvement».  Parmi les autres instruments d'évaluation, figurent l'organisation d'ateliers, de tables rondes et de vidéo-conférences ainsi que le rapport annuel sur les résultats et l'impact des opérations du FIDA.


M. ALAN NURUL, Directeur adjoint du Bureau d'évaluation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que le PNUD dispose de 135 bureaux sur le terrain au service des pays.  Il a expliqué que de nombreux aspects de l'évaluation étaient traités au niveau central et a souligné qu'il était désormais indispensable de tirer des enseignements de résultats obtenus, car les institutions de développement doivent apprendre à faire plus avec moins de ressources.  En outre, il a souligné que les pays bénéficiaires et donateurs devenaient de plus en plus exigeants et que l'aspect performance était devenu prépondérant dans le contexte de la mondialisation.  Il a ensuite mis l'accent sur l'obligation d'innover qui pèse sur les organismes de développement.


M. Nurul a analysé les moyens qui permettent aux institutions de tirer des enseignements des résultats de l'évaluation.  Il importe de veiller à ce que les résultats soient immédiatement utilisables par les responsables de l'application des politiques et des programmes sur le terrain.  Il faut donc s'employer à leur fournir une information qui soit digeste et leur parvienne en temps opportun.  Il importe également de rechercher un équilibre entre l'apprentissage et l'obligation redditionnelle, a-t-il fait valoir.  Il a fait savoir que le PNUD s'attache à prendre en compte la demande des pays et à rendre compte des bonnes pratiques.  Ainsi, le PNUD mène des évaluations de ses programmes dans les pays, des évaluations nationales, des évaluations thématiques et des évaluations multilatérales.  Il a souligné qu'un écart subsistait entre l'offre et la demande de programmes et que l'objectif de l'évaluation était de resserrer cet écart.  Il a également souligné l'importance du facteur temps pour que l'évaluation soit utile et du principe de qualité qui rend compte de la meilleure utilisation possible du potentiel des ressources humaines.  Face aux défis qu'il faut encore relever, il a suggéré que l'on s'emploie à renforcer la culture de l'évaluation, à mieux tenir compte de la demande d'évaluation au regard des exigences de la gestion orientée vers les résultats.  Il a estimé que les structures d'évaluation doivent se montrer beaucoup plus dynamiques et rester sensibles à ce qui compte vraiment pour améliorer la performance.  Il importe aussi de veiller à améliorer ce qui fonctionne déjà et développer les capacités dans les différents pays, notamment par le biais d'ateliers en ligne qui permettent de diffuser les méthodes d'évaluation.  Au niveau des bureaux centraux, il convient, pour que les évaluations soient utiles, de les consolider pour éviter qu'ils soient submergés par un volume d'information trop important et, de ce fait, inutilisable.


M. MAHESH PATEL, Directeur du Bureau de l'évaluation du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Genève, a mis l'accent sur l'importance capitale d'une bonne intégration des activités d'évaluation dans le processus de planification.  Il a précisé que l'UNICEF dispose pour sa part d'un cadre conceptuel de causalité qui tient compte de chacune des causes des problèmes auxquels s'attaque le Fonds.  L'un des aspects importants de l'évaluation réside dans la diffusion des résultats de cette évaluation, a poursuivi M. Patel.


Pour ce qui est du renforcement des capacités, l'UNICEF dispose d'ateliers de formation, a par ailleurs ajouté M. Patel.  Il a souligné l'importance qu'il y a à faire en sorte que l'évaluation fonctionne et qu'elle soit de bonne qualité.  L'UNICEF estime que la moitié des évaluations opérées chaque année s'avèrent bonnes ou excellentes, a-t-il précisé.  À l'UNICEF, un contrôle de qualité est exigé pour toute évaluation, a-t-il insisté.


M. EDUARDO WIESNER, expert des questions d'évaluation, a estimé qu'il ne fallait pas cesser de se demander pourquoi les évaluations ne sont pas aussi efficaces qu'elles le devraient.  Il faut se souvenir que l'objectif de l'évaluation était, d'une part, d'adapter les politiques et, d'autre part, de décider ou non de continuer à allouer des ressources.  Pour qu'une évaluation soit réelle, il importe de garder ces deux aspects à l'esprit, a-t-il fait valoir.  Au fond, les évaluations proposées par le système des Nations Unies ne témoignent pas d'une diminution réelle des ressources, ce qui explique en partie que les évaluations menées n'entraînent pas d'apprentissage, a-t-il estimé.  Il a déclaré qu'il fallait modifier cet état de fait et s'appliquer à ce que les évaluations deviennent de véritables outils d'encouragement en vue d'améliorer la performance du système des Nations Unies.  Si les évaluations doivent avoir un effet réel d'encouragement, il importe qu'elles aient une incidence sur l'allocation des ressources, a-t-il souligné.  Par exemple, il faut que les directeurs de programme aient conscience que, dans un véritable système de gestion orienté vers les résultats, les évaluations peuvent aussi entraîner une augmentation de ressources, si les résultats sont bons.


M. DHARAM GHAI, Consultant évaluateur, a rappelé qu'en 1981, le FIDA lui avait demandé une évaluation de ce que l'on appelait alors le joyau de la couronne du FIDA, à savoir la banque Gramin du Bangladesh, alors méconnue.  Il a ajouté que le FIDA lui avait également demandé de procéder à une évaluation du programme de développement des petits agriculteurs au Népal.  À l'époque, pour procéder à une évaluation, on faisait essentiellement une analyse coût/bénéfice et les choses étaient relativement simples, a expliqué M. Ghai.  Plus tard, a-t-il poursuivi, on a également tenu compte des coûts sociaux.  Mais aujourd'hui, l'évaluation de l'impact d'une activité doit tenir compte de nombreux autres éléments que le seul flux des ressources.


M. Ghai a ensuite expliqué que lorsqu'il lui a été demandé de procéder à l'évaluation de toutes les activés du système des Nations Unies au Vietnam sur 20 ans, il a pu observer que les enquêtes sur la pauvreté qui avaient été menées dans ce pays étaient le fruit d'un travail impressionnant.  En revanche, l'évaluation globale des activités des Nations Unies au Viet Nam restait purement formelle et ne mesurait guère l'impact, a-t-il précisé.  Il s'avère que très peu d'institutions des Nations Unies se soumettent à une évaluation valable et indépendante, a fait observer M. Ghai.


Le représentant de la République du Congo a voulu savoir si le PNUD tenait compte des évaluations indépendantes de son action lorsqu'il procédait à sa propre évaluation.  Le représentant du Nigéria s'est lui aussi inquiété de l'impartialité des évaluations et a mis l'accent sur les populations qui ont des attentes précises par rapport aux programmes mis en œuvre.  Ainsi, il a voulu savoir si les fonds et programmes des Nations Unies tenaient compte des évaluations menées au niveau local par les autorités du pays bénéficiaire.


Répondant à ces interrogations, M. PATEL a expliqué que l'UNICEF encourageait les échanges d'expérience en matière d'évaluation et le recours aux experts locaux.  Il a précisé que si l'on se fondait réellement sur les résultats, il était plus facile d'identifier les problèmes de mise en œuvre.  Pour ce qui est de la responsabilité vis-à-vis des plus pauvres, il a dit que l'UNICEF s'employait à accroître la participation des jeunes aux évaluations entreprises par les adultes, ce qui se révèle très utiles pour mesurer les résultats.  Il a recommandé que l'on s'efforce d'impliquer les acteurs plus avant dans les processus d'évaluation.


M. NURUL, du PNUD, a pour sa part pris un exemple concret de l'évaluation d'un programme d'alphabétisation en Indonésie qui recevait de bonnes évaluations alors que le niveau d'analphabétisme continuait d'augmenter, ce qui prouve qu'il faut sortir de la simple évaluation organisationnelle et s'employer à tenir compte des résultats concrets sur le terrain.  C'est là le véritable enjeu, a-t-il dit avant de recommander le recours à des experts indépendants et locaux.


Le représentant du Royaume-Uni a insisté sur le fait que les résultats doivent véritablement devenir le moteur du changement et que les évaluations aient un impact en dehors du système des Nations Unies.  Il a également attiré l'attention sur la question de la responsabilité tant au niveau de l'offre que de la demande.  C'est à dire qu'il faut trouver des moyens de rendre compte aux contribuables des pays donateurs du bon emploi de leur argent, mais aussi rendre compte aux populations bénéficiaires de l'efficacité des programmes mis en œuvre.


Répondant à ces préoccupations, M. WIESNER a dit que si l'évaluation devient un véritable outil d'encouragement, la méthodologie se dessine d'elle-même du fait de l'importance de l'enjeu de l'évaluation.  M. NURUL a, pour sa part, expliqué que le PNUD s'employait à mener des consultations avec les donateurs et les partenaires de développement.  Il a précisé que la plupart des évaluateurs du PNUD sont des consultants externes qui font rapport au Conseil d'administration.


Une représentante du Corps commun d'inspection a précisé qu'il existe une unité d'évaluation indépendante élue par l'Assemblée générale qui a pour objectif de procéder à des évaluations en vue d'améliorer l'efficacité du système.  Elle a déclaré que l'unité indépendante d'évaluation existe et fonctionne, mais qu'il reste à savoir si elle a été utilisée à bon escient et avec efficacité.  Elle a prôné une approche collégiale de l'évaluation afin de parvenir à des résultats.  Elle a expliqué que la première fonction du Corps commun d'inspection avait été de rendre compte aux donateurs de la bonne utilisation de leur argent et qu'il importait désormais de rendre compte aux populations de l'efficacité des programmes dont elles sont les bénéficiaires.


M. MASSIMO D'ANGELO, Chef du Service des politiques de coopération pour le développement, a notamment rappelé qu'un groupe spécial interorganisations avait été mis sur pied pour améliorer le processus d'évaluation des différents programmes opérationnels du système des Nations Unies.  Désormais, l'accent est mis sur l'approche participative au niveau de l'évaluation, a-t-il poursuivi.  Malgré l'intensité et la variété des activités d'évaluation, les expériences restent insuffisantes dans ce domaine pour pouvoir prétendre en tirer un apprentissage collectif.


M. CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a souligné qu'une culture commune de gestion semble se dégager à l'échelle du système des Nations Unies.


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