QUATRIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPERATION TRIANGULAIRE ENTRE LE CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETARIAT ET LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS
Communiqué de presse CPSD/272 |
Quatrième Commission
11ème séance – après-midi
QUATRIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPERATION TRIANGULAIRE ENTRE LE CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETARIAT ET LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS
Les organisations régionales considérées comme partenaires
privilégiés des Nations Unies pour les opérations du maintien de la paix
La coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents gagnerait à être renforcée. C’est ce qu’ont affirmé cet après-midi les délégations de la Chine et du Kenya dans le cadre du débat général sur la question du maintien de la paix. Se ralliant à cette position, le délégué de la Suisse a estimé que les réunions avec les pays fournisseurs de contingents sont actuellement le seul moyen d’échanger des informations dans un cadre approprié, transparent et professionnel. Ces pays, dont la plupart ne siègent pas au Conseil de sécurité, souhaitent être plus étroitement associés au processus de prise de décisions, a expliqué le délégué de l’Egypte. Compte tenu de la lenteur du processus de prise de décisions au sein du Conseil de sécurité, qui s’explique, pour le délégué égyptien, par la nature des relations entre ses membres permanents et de leurs intérêts nationaux respectifs dans les conflits, il a proposé que l’Assemblée générale assume un rôle plus important en matière de maintien de la paix internationale, en particulier dans les cas où il n’existe pas de consensus au sein du Conseil de sécurité.
D’autre part, de nombreuses délégations ont estimé que la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales était d’autant plus importante que ces organisations sont, aux dires de la déléguée du Kenya, les mieux placées pour comprendre les causes sous-jacentes des conflits et susceptibles de prendre les devants en termes de prévention, de maintien et de règlement des conflits sur le plan régional. A ce titre, le représentant de la Suisse a cité l’exemple de l’Opération Artémis de l’Union européenne et de l’ECOMIL de la CEDEAO qui ont toutes deux accompli des tâches essentielles avant de céder progressivement la place à des missions des Nations Unies. Le représentant de Singapour a néanmoins insisté sur le fait que les Nations Unies ne devaient pas se décharger sur les organisations régionales de leurs responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Dans l’ensemble, les délégations se sont prononcées en faveur du renforcement des capacités de maintien de la paix des organisations régionales, à la fois sur le plan technique et humain, et ont salué l’initiative récente du G8 et de l’Union africaine qui s’inscrit dans ce cadre.
Dans ses remarques de clôture à l’issue du débat, M. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a noté que des progrès avaient été réalisés, dans le cadre de ce débat, notamment en ce qui concerne les questions du déploiement rapide et de la coopération régionale. Il a également indiqué que la question de la sûreté et de la sécurité doit faire l’objet d’efforts et de réflexions supplémentaires de la part du Département, et que le DOMP doit faire plus pour faire en sorte que la collecte d’informations en provenance du terrain soit mieux prise en compte et plus attentivement examinée.
Outre les délégations citées ci-dessus, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Croatie, Equateur, Yémen, Zimbabwe, Nigéia, Ouganda, Mongolie, Brésil, Indonésie, République démocratique populaire Lao, Bulgarie et Angola.
Les représentants de l’Ethiopie et de l’Erythrée ont exercé leur droit de réponse.
La Quatrième Commission a ensuite entamé l’examen du point relatif à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. A ce titre, le représentant du Chili, M. Raimundo Gonzalez a présenté le rapport du Comité des utilisations pacifiques de l’espace.
La Quatrième Commission poursuivra l’examen du point relatif à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique demain, mardi 21 octobre à 15 heures.
ETUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclarations
Rappelant que la Croatie avait accueilli cinq missions de maintien de la paix sur son territoire, Mme JASNA OGNJANOVAC (Croatie) a déclaré que son pays était fier de faire à présent partie des pays fournisseurs de contingents. A ce titre, elle s’est félicitée des progrès enregistrés par le DOMP en termes de capacité de déploiement rapide, tout en soulignant que dans la pratique les pays fournisseurs de contingents, y compris la Croatie, rencontrent encore des difficultés techniques dues à la complexité des procédures de prises de décisions internes. La Croatie cherche à y remédier en plaçant des officiers d’Etat-major sur des listes de mise en disponibilité. Concernant l’application de stratégies globales pour les opérations de maintien de la paix les plus complexes, Mme Ognjanovac a fait part de la satisfaction de sa délégation quant à l’assistance offerte au DOMP par le Groupe de travail ad hoc sur l’état de droit dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Une plus grande coopération entre institutions spécialisées des Nations Unies devrait permettre d’alléger le fardeau qui pèse sur les épaules des soldats de maintien de la paix, a déclaré Mme Ognjanovac. Face à la diversité croissante des opérations de maintien de la paix, il est devenu indispensable d’améliorer la formation des troupes dont les Etats sont les premiers pourvoyeurs. Dans ce cadre, le DOMP a un rôle important à jouer en terme d’harmonisation, a ajouté Mme Ognjanovac. La Croatie considère la sécurité du personnel civil non armé, déployé dans le cadre d’opérations de paix des Nations Unies, comme une priorité. Avec la diversification de ces opérations, l’emploi de la force devrait être envisagé quand cela est nécessaire, a noté Mme Ognjanovac, en précisant que la Croatie participait actuellement à six missions de maintien de la paix à travers le monde et que le Parlement croate avait récemment voté une loi relative à la participation du personnel croate dans des opérations militaires internationales.
Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a estimé que le multilatéralisme est le meilleur pari pour résoudre les conflits et les menaces auxquels le monde est actuellement confronté. L’universalité et l’impartialité devraient demeurer les pierres angulaires des opérations de maintien de la paix et les Nations Unies devraient traiter tous les conflits avec le même intérêt indépendamment de l’endroit où ils ont lieu, a t-elle poursuivi. Tout en reconnaissant les progrès enregistrés dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents, la déléguée a invité le DOMP à redoubler d’efforts pour que ces remboursements se fassent dans les temps. Elle a également noté les progrès réalisés dans la relation triangulaire entre Conseil de sécurité, pays fournisseurs de contingents et Secrétariat. Elle a rappelé dans ce contexte qu’il était essentiel d’avoir des consultations régulières aussi bien en cas de développements nouveaux sur le terrain, affectant notamment la sécurité du personnel, que pour la préparation de nouvelles missions. Abordant le rôle déterminant des organisations régionales, la représentante a fait valoir que celles-ci étaient les mieux placées pour comprendre la dynamique sous-jacente aux conflits. A cet égard, elle a cité l’initiative récente de renforcement des capacités de prévention, gestion et règlement des conflits par l’Union africaine, en collaboration avec le G-8. Ces
mesures doivent désormais se traduire dans un Plan d’action et avoir l’appui garanti de la communauté internationale, a-t-elle ajouté. Compte tenu des difficultés rencontrées par la plupart des pays africains en matière de formation de leurs troupes, la déléguée a demandé au DOMP de participer activement à la formation des contingents des pays fournisseurs de troupes.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a rappelé le rôle fondamental et historique joué par les Nations Unies dans le maintien de la paix. Grâce aux multiples missions de l’Organisation à travers le monde, de nombreux foyers de tensions ont pu être éliminés, a affirmé M. Gallegos Chiriboga. A cet égard, la délégation de l’Equateur souhaite rendre un hommage appuyé aux personnels qui ont donné leur vie pour atteindre cet objectif. M. Gallegos a aussi rappelé que la constitution de son pays contenait des dispositions spécifiques sur le règlement pacifique des conflits. C’est dans cette optique que l’Equateur a contribué à des opérations de maintien de la paix, et tout dernièrement à celle du Libéria en répondant à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies. Ce type d’opérations requiert une participation « opportune et franche » des pays membres qui en ont les moyens, a précisé M. Gallegos Chiriboga, concluant que la distribution et la répartition égale des richesses, ou encore le transfert des technologies font partie des éléments qui permettront de combattre en amont les attaques à la paix dans le monde.
M. SHARAF H. AL-SHARAFI (Yemen) a estimé que la paix est la condition sine qua non du développement dans le monde, et que le rôle des Nations Unies est de garantir la paix et de la sécurité internationales. Il a également mis l’accent sur la nécessité pour tous les Etats Membres de prendre part aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour leur garantir leur caractère multinational. Pour sa part le Yémen a préparé un contingent de forces en vue de leur participation aux missions des Nations Unies.
M. FRANCIS MUTISI (Zimbabwe) a fait part des remarques de la délégation du Zimbabwe concernant la question des privilèges et immunités des soldats de maintien de la paix. Tout en rappelant que ces privilèges et immunités avaient leur base légale dans la Charte des Nations Unies, il a précisé que le statut légal des forces de police civile et des observateurs militaires sur le terrain dépendait de l’article VI de la Convention de 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies tandis que celui des membres des forces militaires était du ressort exclusif des juridictions pénales du pays d’origine de ces soldats et que ces derniers ne pouvaient faire l’objet de poursuites dans le pays d’accueil. M. Mutisi a indiqué que sa délégation avait sur ce point des propositions à faire à la Commission. Cette disparité de statuts devrait être rectifiée pour faire en sorte que la police civile et les observateurs militaires disposent de la même protection juridique que les soldats, a affirmé M. Mutisi. Par ailleurs, toute convention ou accord sur le statut des forces devrait être mis à la disposition des pays fournisseurs de troupes à chaque mission, de manière à ce que ces pays soit conscients du statut de son personnel présent dans le pays d’accueil. Enfin, les programmes de formation devraient prévoir des informations sur les privilèges et immunités des soldats de maintien de la paix, a indiqué M. Mutisi. Le Zimbabwe est aussi attaché au renforcement des capacités africaines de maintien de la paix et se félicite du soutien apporté par le DOMP, l’Union africaine et le G-8 au renforcement de ces capacités, dans l’optique de la mise en place d’une force africaine en attente.
M. CHARLES ONONYE (Nigeria) a rappelé que son pays avait été ces quarante dernières années l’un des grands pays contributeurs de troupes et que le maintien de la paix était l’un des principaux objectifs de politique étrangère du Nigeria, qui continue à jouer un rôle important dans le maintien de la paix au niveau sous-régional. La dynamique créée par le rapport Brahimi doit se poursuivre, et dans ce contexte le Nigeria se félicite des initiatives et innovations apportées par le DOMP dans de nombreux domaines, tels que la parité hommes-femmes, les procédures disciplinaires et la formation. M. Ononye s’est dit encouragé aussi bien par le renforcement de la coopération et des consultations entre le DOMP et les pays contributeurs de troupes que par la possibilité de formation offerte aux conseillers militaires et aux diplomates en charge des opérations de maintien de la paix. Il a aussi indiqué que son pays soutenait le plan de retrait émanant du Conseil de sécurité au sujet de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Il a toutefois mis en garde contre un retrait prématuré qui affecterait négativement la sécurité de ce pays et a demandé par ailleurs que l’aide en faveur de la réintégration des ex-combattants et de la formation de la police civile et de l’armée se poursuive. Concernant la situation en République démocratique du Congo, M. Ononye a indiqué que sa délégation se félicitait de l’établissement d’un gouvernement de transition mais qu’elle s’inquiétait aussi du faible nombre de participants au programme de DDRR dans ce pays. Concernant le Libéria, M. Ononye s’est aussi félicité de la bonne coordination entre le DOMP et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la résolution du conflit dans ce pays, mais il a indiqué que le Nigeria avait certaines objections au sujet de l’argument selon lequel les troupes d’une région devraient automatiquement participer aux missions de cette région. Le DOMP doit s’assurer que les opérations de maintien de la paix demeurent aussi multinationales que possible, a indiqué M. Ononye. La Charte des Nations Unies reconnaît les bénéfices d’une coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et/ou sous-régionales, a enfin noté M. Ononye et à ce titre, le Nigeria se félicite de la coopération renforcée du DOMP avec l’Union africaine et la CEDEAO.
M. YAP ONG HENG (Singapour) a constaté que la demande des opérations de maintien de la paix ne cesse d’augmenter et qu’il faudrait par conséquent donner les moyens à l’Organisation d’y faire face. A ce titre, les six domaines prioritaires identifiés par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix lui semblent pertinents. Pour ce qui est du concept de « robustesse des opérations de maintien de la paix », le délégué a expliqué que cela signifiait des opérations dotées d’une force crédible c’est-à-dire capables de recourir à la force en cas de besoin pour réaliser leur mandat. Cela suppose, à son avis, que la capacité de déploiement rapide soit renforcée et que la formation du personnel de maintien de la paix soit révisée et améliorée. Le caractère « robuste » suppose également le respect des engagements pris en matière de troupes par les Etats Membres, a t-il poursuivi. Il a également insisté sur le fait que les organisations régionales ne devaient pas être les seules à prendre en charge le maintien de la paix sur le plan régional, et qu’il fallait renforcer la coopération entre les Nations Unies et ces organisations, à l’instar de l’expérience de INTERFET-UNTAET. Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de disposer de plus d’informations et de renseignements sur le terrain de manière à pouvoir améliorer les conditions sécuritaires du personnel de maintien de la paix. A ce titre, il a déclaré que le fait de pouvoir garantir la sécurité du personnel n’est pas uniquement important pour le moral des troupes, pour la « robustesse » des missions mais aussi pour la crédibilité de l’Organisation tout entière.
M. FRED BEYENDAZA (Ouganda) a indiqué que son pays reconnaissait l’importance du caractère multidimensionnel du maintien de la paix et souhaitait rendre hommage à ceux qui avait péri dans l’exercice de leurs fonctions sur le terrain. La délégation ougandaise est satisfaite des progrès réalisés par le DOMP sur les six points identifiés comme prioritaires par le Département, a-t-il indiqué. Concernant la sûreté et la sécurité du personnel non armé sur le terrain, M. Beyenzeda a déclaré que l’insécurité de ce type de personnel était souvent directement liée à l’insécurité du reste de la population civile dans les pays où il se trouve. La délégation ougandaise croit aux missions gérées par des mandats bien spécifiques, a indiqué M. Beyenzeda, insistant aussi sur l’importance des moyens de consolidation de la paix dans les situations post-conflit. La réaction rapide, la force du mandat et l’importance des ressources sont aussi des éléments fondamentaux de réussite, a-t-il ajouté, c’est ce qu’a prouvé la réussite de la mission de l’Union européenne à Bunia en République démocratique du Congo ou encore le rôle joué par les troupes britanniques en Sierra Leone. La délégation ougandaise considère par ailleurs qu’il est essentiel de renforcer les capacités africaines de maintien de la paix. L’Afrique génère le plus grand nombre de réfugiés, a rappelé M. Beyenzeda, elle est prête à assumer le fardeau des tragédies du continent, comme l’a fait la CEDEAO au Libéria. Mais l’Afrique a aussi besoin du soutien de la communauté internationale, a conclu M. Beyenzeda, et celle-ci doit faire preuve de bonne volonté. Certains pays l’ont fait mais il sont encore trop peu nombreux, a-t-il conclu.
M. ZHANG YISHAN (Chine) s’est félicité des progrès réalisés au cours de l’année dernière par les opérations de maintien de la paix, notamment au Libéria et Sierra Leone. Compte tenu de la complexité croissante des missions de maintien de la paix, le délégué a estimé qu’il était nécessaire de renforcer les capacités de déploiement rapide des Nations Unies pour pouvoir répondre aux nouveaux besoins, à la fois sur le plan financier, matériel et humain. Il a également mis l’accent sur l’importance de la coopération et de la communication entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Le renforcement de la coordination avec les organisations régionales lui semble également impératif dans la mesure où ces organisations sont susceptibles de prendre le devant en termes de prévention, de maintien et de règlement des conflits sur le plan régional. Cependant, du fait de leurs capacités réduites, l’impact de leurs actions est souvent limité et elles ne peuvent pleinement jouer leur rôle, a constaté le représentant qui a invité par conséquent les Nations Unies à activement œuvrer au renforcement de leurs capacités, notamment celles de l’Union africaine. Pour sa part, la Chine garde des troupes disponibles dans le cadre de la liste du personnel sous-astreinte.
M. CHOISUREN BAATAR (Mongolie) a déclaré que malgré d’importants succès au Kosovo, en Sierra Léone et à Timor-Leste, il restait beaucoup à faire pour renforcer les capacités du DOMP. Pour la Mongolie, le renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes est essentiel. Outre la sécurité du personnel, qui doit être renforcée, l’expérience prouve que le DDRR est l’un des éléments les plus importants de la transition d’une situation de guerre vers la paix et la stabilité, a noté M. Baatar, tout comme le sont le respect de l’état de droit et l’établissement de structures étatiques durables. Le Gouvernement de Mongolie attache une grande importance au maintien de la paix, a ajouté M. Baatar, en indiquant que la participation des forces de son pays aux opérations de maintien de la paix était l’un des devoirs de l’armée mongole et que la Mongolie était particulièrement reconnaissante au DOMP pour sa contribution à la formation des officiers militaires et de police qui participent même à un niveau modeste, à plusieurs opérations de maintien de la paix sur le terrain.
M. MARC-ALAIN STRITT (Suisse) a déclaré que la Suisse saluait les organisations régionales qui se sont engagées, dans le cadre des mandats confiés par les Nations Unies, en faveur de la résolution de certains conflits, citant à titre d’exemple l’opération Artémis de l’Union européenne et l’ECOMIL de la CEDEAO qui ont toutes deux accompli des tâches essentielles avant de céder progressivement la place à des missions des Nations Unies. Il a estimé que dans de telles situations la transition devait se faire harmonieusement et que les forces de l’ONU devaient disposer de moyens suffisants pour assurer une présence forte et adaptée. M. Stritt a ensuite rappelé les priorités de son pays en matière de maintien de la paix, qui sont reflétées, à ses dires, dans le rapport du Comité spécial. Parmi ces priorités figurent l’accroissement de la capacité de déploiement rapide, l’importance des mesures de DDR et les stratégies d’ensemble pour les opérations de maintien de la paix complexes, en vue d’un passage sans heurt aux arrangements postconflit Le délégué a salué à cet égard l’initiative récente du Conseil de sécurité de débattre de la question de l’état de droit, et a souhaité que le futur rapport du Secrétaire général sur cette question permette d’affiner et d’améliorer les actions conduites dans ces domaines dans le cadre des missions de maintien de la paix. Par ailleurs, la Suisse est particulièrement attachée aux recommandations qui visent le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité, les contributeurs de troupes et le Secrétariat. Elle considère que les réunions des pays contributeurs de troupes devraient être annoncées suffisamment à l’avance pour permettre un débat de fond de manière à pouvoir échanger des informations sur les expériences sur le terrain dans un cadre approprié, transparent et professionnel. M. Stritt a également insisté sur la nécessité de faire circuler les informations dans un esprit de franchise, surtout lorsque les conditions d’engagement et de sécurité sur le terrain sont affectées par des développements nouveaux. De plus, la délégation suisse encourage le DOMP à tenir des réunions d’information avec les Etats Membres entre les sessions annuelles du Comité spécial de manière à pouvoir répondre aux nombreuses demandes qui lui sont faites.
M. FIKRY CASSIDY (Indonésie) a rappelé que les Nations Unies avaient récemment été sollicitées en vue d’un apport supplémentaire de soldats de maintien de la paix dans plusieurs pays. Il a donné l’exemple de la République démocratique du Congo, où sert actuellement un contingent indonésien. Les Nations Unies sont de plus en plus sollicitées et cette situation rend d’autant plus urgent le règlement de la question en suspens concernant l’engagement, évoqué par M. Guéhenno dans son rapport. Le monde en développement continue de fournir l’essentiel des contingents de maintien de la paix, tandis que les décisions sont prises par le monde développé, a affirmé M. Cassidy, une situation qui n’est pas défendable et qui devrait changer. Autre question qui devrait être examinée, celle du remboursement rapide des opérations de maintien de la paix. Il faudrait revoir l’ensemble de la question pour permettre aux pays fournisseurs de contingents de continuer à déployer rapidement leurs soldats. Outre le soutien de sa délégation à la question de la sécurité du personnel non armé des Nations Unies, M. Cassidy a aussi indiqué que l’Indonésie était favorable à une application concrète des principes figurant dans le rapport Brahimi pour en évaluer les effets en temps voulu, et ce en toute transparence. M. Cassidy a conclu en indiquant que son pays était lui aussi favorable à une coopération plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix.
M. SOMKHIT VANKHAM (République démocratique populaire Lao) a réaffirmé la validité des principes de la Charte pour garantir le succès des opérations de maintien de la paix, notamment le respect de souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des Etats ainsi que le principe de non-ingérence. Au sujet des capacités de déploiement rapide des Nations Unies, le délégué s’est félicité de l’efficacité confirmée de la Base de soutien logistique de Brindisi, et a encouragé les Etats Membres à participer aux arrangements des forces et moyens en attente. Le nouveau mécanisme prévu par le DOMP pour faciliter le remboursement des pays fournisseurs de troupes constitue, selon lui, un développement positif, mais encore insuffisant aussi longtemps qu’il ne sera pas possible de rembourser les pays dans les délais prévus. La délégation de la République démocratique populaire Lao accorde un intérêt particulier à la sécurité du personnel des Nations Unies, en particulier du personnel civil, et espère que des mesures concrètes pour protéger le personnel sur le terrain seront préconisées lors de la prochaine session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, le délégué a également invité le DOMP à veiller davantage à la représentativité géographique équitable dans le recrutement de son personnel.
M. VALERI YOTOV (Bulgarie) a indiqué que sa délégation s’associait entièrement à la déclaration du Représentant de l’Italie faite au nom de l’Union européenne. Il a néanmoins souhaité ajouter un point concernant la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. En sa qualité de Président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2004, M. Yotov a indiqué que la Bulgarie considérait qu’il était essentiel de faire participer les organismes régionaux au maintien de la paix dans le cadre des principes de la Charte. Soulignant l’exemple positif offert par la Mission des Nations Unies au Kosovo où l’OSCE a joué un rôle déterminant, M. Yotov a affirmé que son pays était favorable à une coopération renforcée entre les Nations Unies et des organisations régionales telles que l’OSCE.
M. AHMED ABOUL-GHEIT (Egypte) a estimé que la capacité de la communauté internationale d’assurer la paix et la sécurité internationales dépend d’une part de la nature de l’interaction entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents, les organisations régionales et sous-régionales et la communauté des donateurs internationaux et, d’autre part de la possibilité de leur assigner, dans les temps, des responsabilités concrètes, sur la base de la nature du conflit en question. Il a insisté sur la notion de temps qui lui semble primordiale en matière de prévention des conflits, soulignant que l’expérience a prouvé les limites de la communauté internationale pour ce qui est de faire face aux défis posés dans les temps. M. Aboul-Gheit a expliqué ces limites par la faiblesse, voire l’absence de partenariats solides entre les différents acteurs du maintien de la paix cités. Quant au rôle du Conseil de sécurité en tant qu’organe législatif, il a estimé que sa capacité de réponse rapide se trouve limitée par le fait que le processus de prise de décisions en son sein est tributaire de la nature des relations existant entre ses membres permanents, et de la manière avec laquelle ils perçoivent les conflits et leurs retombées possibles sur les intérêts nationaux. La délégation égyptienne souhaiterait que, dans le cadre de la revitalisation de l’Organisation, l’Assemblée générale puisse assumer un rôle plus important en matière de maintien de la paix internationale, en particulier dans les cas où il n’existe pas de consensus au sein du Conseil de sécurité. Par ailleurs, le concept de « responsabilité collective » devrait être remis à l’ordre du jour, en engageant la communauté internationale dans son ensemble, sans distinction entre le Nord et le Sud. Le délégué a également estimé que le DOMP devrait assurer des formations de qualité à son personnel à la hauteur des exigences des mandats octroyés aux missions.
Mme JOSEPHA COELHO DA CRUZ (Angola) a déclaré que sa délégation considérait qu’il était important de traiter les causes des conflits en amont de ceux-ci par le biais de stratégies préventives. Elle a rappelé que son pays avait traversé un conflit qui avait duré presque trente ans et que le déploiement de soldats de maintien de la paix avait été déterminant pour créer l’espace politique nécessaire à l’enracinement de la paix. Le respect de l’état de droit, de la culture, des religions et des coutumes locales sont d’autres éléments déterminants dans la réussite de la paix, a indiqué Mme Da Cruz, en notant que les pays les plus pauvres étaient aussi les plus vulnérables aux conflits, à cause des inégalités, des tensions religieuses et ethniques et du contrôle sur les ressources naturelles. Mme Da Cruz a conclu en insistant sur la nécessité de renforcer les capacités de maintien de la paix du continent africain et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans ce domaine.
M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, a remercié les délégations pour le débat des quatre jours écoulés. Il a noté que des progrès avaient été réalisés, dans le cadre de ce débat, notamment en ce qui concerne les questions du déploiement rapide et de la coopération régionale. La question de la sûreté et de la sécurité doit faire l’objet d’efforts et de réflexion supplémentaires de la part du Département, a ajouté M. Guéhenno, et le DOMP doit faire plus pour que la collecte d’informations en provenance du terrain soit mieux prise en compte et plus attentivement examinée par ce Département. Concernant la question de l’écart en matière d’engagement, certains ont dit que les missions sur le continent africain manquaient souvent de moyens, a noté M. Guéhenno. Nous ne devons pas être divisés sur cette question, a-t-il déclaré, tout en notant qu’il y a du vrai dans ces remarques et qu’il était essentiel que chacun puisse contribuer au maintien de la paix selon ses possibilités.
Droits de réponse:
Le représentant de l’Ethiopie a exercé son droit de réponse suite à l’intervention de l’Erythrée qui a accusé son pays d’avoir mené des actions ayant mis en danger le personnel des Nations Unies. Il a tenu à rappeler que si le personnel des Nations Unies était présent sur le terrain c’est à cause des actions de l’Erythrée. Par conséquent il trouve qu’il est ironique de voir l’Erythrée accuser l’Ethiopie de non coopération avec la MINUEE. Il a également fait valoir qu’il n’y avait jamais eu de plainte de la MINUEE. L’Ethiopie est un pays contributeur de contingents dans le cadre de différentes missions, et la coopération de l’Ethiopie avec la MINUEE est totale a déclaré le délégué.
Le représentant de l’Eryhtrée a répondu à l’intervention du délégué de l’Ethiopie en expliquant que la déclaration faite par la délégation de l’Erythrée était fondée sur un rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité, et par conséquent les accusations étaient parfaitement justifiées.
COOPERATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Rapport du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (A/58/20)
Dans son rapport, le Comité indique qu’il a poursuivi à titre prioritaire, l’examen des moyens de garantir une utilisation de l’espace à des fins pacifiques. Dans le cadre de son examen des recommandations de la troisième conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III), le Comité a entre autres noté que le faible niveau de retour de l’information et de participation des membres de certaines des équipes créées lors de sa quarante-quatrième session pouvait être dû à l’insuffisance des mécanismes institutionnels ainsi qu’à un manque de ressources et de compétences techniques.
Le Comité a également pris note du rapport du Sous-Comité scientifique et technique. Le Sous-Comité avait examiné les activités du programme des Nations Unies pour les applications des techniques spatiales; il avait par ailleurs noté le renforcement du Service international d’information spatiale et de la coopération régionale et interrégionale. Le sous comité avait aussi examiné les questions relatives au système international de satellites pour les recherches et le sauvetage; à la télédétection de la Terre par satellite, y compris ses applications dans les pays en développement et pour la surveillance de l’environnement terrestre; à l’utilisation des sources d’énergie nucléaire dans l’espace; aux moyens et mécanismes de renforcement de la coopération interinstitutions et d’intensification de l’utilisation des applications des techniques spatiales et des services spatiaux au sein des organismes des Nations Unies et entre eux; à l’exploitation d’un système spatial mondial intégré de gestion des catastrophes naturelles; aux débris spatiaux; à l’orbite des satellites géostationnaires; à la mobilisation de ressources financières pour développer des capacités en matière d’application des sciences et techniques spatiales; et à l’utilisation des techniques spatiales à des fins médicales et sanitaires.
Lors de sa session, le Comité a en outre pris note du rapport du Sous-Comité juridique sur les travaux de sa quarante-deuxième session. Le Sous-Comité avait examiné l’état et l’application des Traités des Nations Unies relatifs à l’espace; les informations concernant les activités des organisations internationales dans le domaine du droit spatial; les questions portant sur la définition et la délimitation de l’espace extra-atmosphérique et les caractéristiques et l’utilisation de l’orbite des satellites géostationnaires; les questions de l’examen et la révision éventuelle des principes relatifs à l’utilisation de sources d’énergie nucléaires dans l’espace; l’examen de l’avant-projet de protocole portant sur les questions spécifiques aux biens spatiaux.
Au titre de son examen des retombées bénéfiques de la technologie spatiale, le Comité a noté les efforts réalisés par de nombreux pays pour promouvoir les avantages substantiels produits par la technologie spatiale, en particulier les retombées récentes des travaux de recherche-développement. Au chapitre de l’examen des questions espace et société, le Comité a entre autres pris note de plusieurs initiatives nationales en matière d’enseignement des sciences et techniques de l’espace.
Rapport du Secrétaire général sur les applications des recommandations de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III)
A/58/174
Dans ce rapport, le Secrétaire général présente les progrès réalisés dans l’exécution par le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique du dispositif mis en place pour appliquer les recommandations d’UNISPACE III. Le Comité et ses organes subsidiaires sont chargés de créer des partenariats entre les Etats, le public et les organisations non gouvernementales, notamment le secteur privé. La société civile est ainsi invitée à contribuer à la mise en œuvre des recommandations d’UNISPACE III.
Selon le Secrétaire général, les travaux du Comité ont aussi permis une redistribution des activités spatiales au sein du système des Nations Unies, notamment en termes d’échange d’informations entre institutions dans les domaines de l’enseignement et de la formation, de la gestion des catastrophes naturelles ou encore du développement durable. La synergie accrue qui a résulté de cette redistribution a, à son tour, permis des progrès, non seulement dans la réalisation des objectifs d’UNISPACE III, mais aussi dans la poursuite d’objectifs plus larges, tels que l’élimination de la pauvreté, la protection de l’environnement ou celle des groupes vulnérables.
Le Secrétaire général conclut que les techniques spatiales, notamment l’exploitation des informations transmises par satellite, peuvent donc contribuer aux buts de développement et de sécurité de l’humanité, tels qu’énoncés dans la Déclaration du Millénaire et le Plan d’application du Sommet mondial sur le développement durable.
* *** *