LE KENYA, LA NORVEGE, L'AUSTRALIE, LE ROYAUME-UNI ET L'ARGENTINE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
Communiqué de presse CD/G/592 |
LE KENYA, LA NORVEGE, L'AUSTRALIE, LE ROYAUME-UNI ET L'ARGENTINE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
GENEVE, le 12 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations du Kenya, de la Norvège, de l'Australie, du Royaume-Uni et de l'Argentine.
La Norvège a attiré l'attention de la Conférence sur l'initiative qu'elle a lancée conjointement avec les Pays-Bas concernant de nouvelles mesures visant à améliorer la coopération internationale pour la prévention du courtage illicite des armes légères et de petit calibre, la lutte contre cette pratique et son élimination. Elle a précisé que les deux pays envisagent de faire avancer encore davantage la réflexion sur cette question, notamment en organisant un événement parallèle à l'occasion de la première Réunion biennale sur la mise en œuvre du Programme d'action des Nations Unies visant à prévenir, à combattre et à éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects, qui doit se tenir à New York cet été. Le stock mondial, qui atteint déjà les 500 millions d'armes légères et de petit calibre, continue de croître, a souligné la Norvège. Le Kenya, qui accorde un grand intérêt à la question des petites armes et des armes légères, a pour sa part indiqué qu'il attend des États membres du G8 qu'ils traduisent dans les faits ce qu'ils ont dit à Evian s'agissant de cette question.
L'Argentine a indiqué qu'avant-hier, 10 juin 2003, elle a signé à Santiago du Chili, avec l'Organisation des États américains, un accord de coopération et d'assistance technique en vue de l'exécution d'un projet de destruction des mines antipersonnel existantes emmagasinées dans les dépôts des forces armées argentines.
Le Royaume-Uni a souligné qu'il restait fermement engagé en faveur des trois axes pertinents pour les mesures de contrôles d'armes nucléaires et pour la réalisation de l'objectif ultime de l'élimination globale des armes nucléaires qui avaient été identifiés lors de la Conférence d'examen du TNP (Traité de non-prolifération) de l'an 2000. Il s'agissait de la capacité à vérifier que les États ne testent pas d'armes nucléaires, qu'ils ne produisent pas de matières fissiles destinées à des armes nucléaires et qu'ils ont réduit et démantelé leurs ogives nucléaires et détruit comme il se doit la matière fissile qu'elles contenaient.
Quant à l'Australie, elle a fait part des résultats de la première réunion du Forum régional de l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) sur la gestion des conséquences des attaques terroristes impliquant des armes chimiques, biologiques et/ou radiologiques, organisée conjointement par l'Australie et Singapour et qui s'est tenue à Darwin du 3 au 5 juin dernier.
La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 19 juin, à 10 heures.
Aperçu des déclarations
MME AMINA C. MOHAMED (Kenya) a rappelé que la Conférence, incapable de se mettre d'accord sur un programme de travail, est dans une impasse depuis maintenant cinq ans. Les questions en jeu sont complexes et il n'a pas été possible de les résoudre au sein de cette instance, a-t-elle ajouté. Elle a donc indiqué ne pas nourrir d'ambitions démesurées et ne se faire aucune illusion quant à l'ampleur de la tâche à laquelle la Conférence est confrontée. Elle a néanmoins affirmé que sous la présidence de l'Ambassadeur Lévy d'Israël, la Conférence est entre de bonnes mains. Soulignant que son pays avait à maintes occasions appelé tous les membres de la Conférence à faire preuve de souplesse pour sortir de l'impasse et aller de l'avant, Mme Mohamed a réitéré le soutien de son pays à la dernière initiative en date, dite "proposition des cinq ambassadeurs" qui, selon elle, aborde les questions à l'ordre du jour de la Conférence de manière assez équilibrée. Cette initiative comporte un élément de flexibilité puisque les cinq ambassadeurs ont indiqué qu'ils souhaitaient accéder aux commentaires et propositions susceptibles d'enrichir leur proposition. Que ceux qui ne sont pas d'accord avec cette initiative fassent des propositions concrètes, a déclaré Mme Mohamed. Elle a exprimé l'espoir du Kenya de voir la présidence israélienne de la Conférence poursuivre les consultations sur cette proposition en vue de parvenir à un consensus. Soulignant par ailleurs que sa délégation accorde un grand intérêt à la question des petites armes et des armes légères, Mme Mohamed a dit attendre des États membres du G8 qu'ils traduisent dans les faits ce qu'ils ont dit à Evian s'agissant de cette question.
M. KJETIL PAULSEN (Norvège) a attiré l'attention de la Conférence sur l'initiative lancée conjointement par les Pays-Bas et la Norvège concernant de nouvelles mesures visant à améliorer la coopération internationale pour la prévention du courtage illicite des armes légères et de petit calibre, la lutte contre cette pratique et son élimination. Ainsi, a-t-il précisé, des experts de 27 gouvernements, les Nations Unies, des organisations régionales et des instituts de recherche se sont-ils réunis à Oslo du 22 au 24 avril dernier sur invitation des gouvernements néerlandais et norvégien afin de débattre des différentes approches possibles susceptibles d'assurer le contrôle efficace des activités de courtage illicite d'armes légères et de petit calibre. Tout en reconnaissant que les courtiers ont un rôle légitime à jouer dans le commerce légal des armes, il a été relevé, lors des discussions qui se sont tenues à Oslo, que le courtage illicite constitue en revanche un sérieux défi du fait que des armes légères et de petit calibre sont ainsi détournées vers le commerce illicite et que sont contournés les contrôles de transfert d'armes des États ainsi que les embargos sur les armés décrétés par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
M. Paulsen a indiqué que les Pays-Bas et la Norvège envisagent de faire avancer encore davantage la réflexion sur cette question, notamment en organisant un événement parallèle à l'occasion de la première Réunion biennale sur la mise en œuvre du Programme d'action des Nations Unies visant à prévenir, à combattre et à éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects, qui doit se tenir à New York cet été. M. Paulsen a relevé que nous reconnaissons tous l'importance capitale qu'il y a à traiter les questions relatives aux armes nucléaires et aux armes de destruction massive. Néanmoins, la plupart des conflits armés qui ont éclaté depuis la fin de la seconde Guerre mondiale ont été livrés presque exclusivement avec des armes légères et de petit calibre, a-t-il fait observer. À l'instar des mines antipersonnel, ces armes causent d'immenses souffrances humaines, chaque jour, partout dans le monde. Le stock mondial, qui atteint déjà les 500 millions d'armes légères et de petit calibre, continue de croître, a poursuivi M. Paulsen. Les trafiquants de drogue, les terroristes et les armées insurgées ont accès à ces armes par le biais du commerce illicite. Faire face à ce problème n'est pas seulement une obligation relevant du domaine du désarmement; il s'agit aussi d'une obligation humanitaire et d'un impératif politique si l'on veut parvenir à une paix et une sécurité durables, a conclu M. Paulsen.
M. MICHAEL SMITH (Australie) a fait état des résultats de la première réunion du Forum régional de l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) sur la gestion des conséquences des attaques terroristes impliquant des armes chimiques, biologiques et/ou radiologiques, organisée conjointement par l'Australie et Singapour et qui s'est tenue à Darwin du 3 au 5 juin dernier. Cet atelier s'est concentré sur l'identification de stratégies de coopération pratique en cas d'attaque impliquant les armes susmentionnées, a précisé M. Smith. Outre de nombreux experts et les Nations Unies, il a notamment rassemblé des représentants de 17 pays de la région Asie-Pacifique. Cet atelier a donc jeté les bases d'un dialogue régional permanent et de mesures pratiques de coopération technique dans des domaines clefs. Un résumé des résultats de cet atelier sera présenté aux Ministres du Forum régional de l'ANASE lors de leur réunion annuelle, qui se tiendra à Phnom Penh le 18 juin prochain, a indiqué M. Smith.
M. DAVID BROUCHER (Royaume-Uni) a souligné que son pays avait à maintes occasions exprimé son engagement en faveur de l'objectif ultime de l'élimination globale des armes nucléaires. Lors de la Conférence d'examen du TNP (Traité de non-prolifération) de l'an 2000, a-t-il rappelé, "nous avions identifié trois axes pertinents pour les mesures de contrôles d'armes nucléaires et pour la réalisation de cet objectif." Il s'agissait de la capacité à vérifier que les États ne testent pas d'armes nucléaires, qu'ils ne produisent pas de matières fissiles destinées à des armes nucléaires et qu'ils ont réduit et démantelé leurs ogives nucléaires et détruit comme il se doit la matière fissile qu'elles contenaient. Le Royaume-Uni est fermement engagé en faveur de ces trois axes, par le biais du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et d'un traité cut-off pour ce qui est des deux premiers, a souligné M. Broucher. Même si aucun de ces deux instruments ne devrait entrer en vigueur dans un avenir proche, le Royaume-Uni se plaît à croire que le moratoire sur les essais nucléaires continuera d'être respecté, a-t-il précisé. Pour ce qui est du troisième axe, il a indiqué que son pays travaille sur la question de la vérification de futurs arrangements visant à réduire et finalement éliminer les stocks d'armes nucléaires. Jusqu'ici, ce travail s'est concentré sur l'authentification des ogives et de leurs composants et les études ont montré que la détection externe de matière fissile et d'ogives est possible (le nombre d'ogives dans un conteneur peut être évalué de l'extérieur), ce qui constitue une bonne nouvelle puisque cela signifie que la vérification est possible, a-t-il précisé. Il a ajouté que le travail va se poursuivre et que le Royaume-Uni entend produire un autre rapport intérimaire dont le contenu devrait être partagé avec la Conférence en 2004.
M. MARCELO VALLE FONROUGE (Argentine) a indiqué qu'avant-hier, 10 juin 2003, l'Argentine et l'Organisation des États américains (OEA) ont signé à Santiago du Chili, dans le cadre de la 33ème Assemblée générale de l'OEA, un accord de coopération et d'assistance technique en vue de l'exécution d'un projet de destruction des mines antipersonnel existantes emmagasinées dans les dépôts des forces armées argentines. Avec la mise en oeuvre de cet accord et grâce à l'aide de l'OEA et du Canada, l'Argentine pourra donner suite aux dispositions de la Convention d'Ottawa dans les délais fixés, en mars de l'an prochain, a expliqué M. Valle Fonrouge. En effet, la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (Convention d'Ottawa) stipule en son article 4 que chaque État partie s'engage à détruire tous les stocks de mines antipersonnel dont il est propriétaire dans un délai maximum de quatre années après l'entrée en vigueur de la Convention pour cet État partie. Or, les termes de l'accord établissent que l'Argentine doit élaborer un plan pour détruire les mines antipersonnel qui restent en sa possession d'ici le 1er mars 2004, a indiqué M. Valle Fonrouge.
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