DES ETATS DEMANDENT LE RETOUR AU MULTILATERALISME DANS LES NEGOCIATIONS EN MATIERE DE CONTROLE DES ARMEMENTS
Communiqué de presse AG/DSI/324 |
Première Commission
8e séance – après-midi
DES ETATS DEMANDENT LE RETOUR AU MULTILATERALISME DANS LES NEGOCIATIONS EN MATIERE DE CONTROLE DES ARMEMENTS
L’Iran affirme qu’il n’a jamais développé de programme d’armement nucléaire et qu’il ne le fera pas
La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a poursuivi cet après-midi son débat général dans un contexte marqué par l’affaiblissement du multilatéralisme comme mode principal de négociations. Plusieurs Etats ont dénoncé ce que le représentant de Cuba a appelé «les tentatives de création d’un monde unipolaire par une superpuissance qui tente de valider la thèse de l’attaque dissuasive et la doctrine de la force au mépris du droit international».
Tout en réaffirmant que le multilatéralisme constitue le principe de base du processus de négociations et de mise en œuvre des obligations, ces Etats ont donné des éclaircissements sur leur politique nationale tout en rejetant certaines allégations dont ils ont fait l’objet. Ainsi, Cuba a précisé que son pays ne disposait pas de capacité de recherche en matière de développement d’armes biologiques en ajoutant qu’il ne comptait pas parmi ceux qui s’étaient opposés à un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques. Cuba, a ajouté le représentant, a passé un accord de garanties avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ainsi qu’un protocole additionnel en sa qualité d’Etat partie au Traité de Tlatelolco. Cette dernière ratification a permis de consolider le statut de la région d’Amérique latine et des Caraïbes qui est la première zone fortement habitée à être débarrassée des armes nucléaires.
Le représentant de la République islamique d’Iran a également critiqué la politique menée par le camp des «unilatéralistes» qu’il a rendu responsables de l’échec du Groupe de travail des Nations Unies pour la recherche d’un consensus sur la tenue d’une quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement. Le représentant a donné des précisions sur la construction de la centrale nucléaire à Bushehr, construction qui avait été entamée avant la révolution islamique par des Etats occidentaux qui, à l’époque, trouvaient un tel projet justifié. L’Iran a déclaré qu’il n’avait jamais mis en place de programme d’armement nucléaire et qu’il ne le fera pas, a précisé le représentant. Notre programme nucléaire a été établi à des fins pacifiques uniquement.
De son côté, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a estimé que l’attention qui s’est cristallisée autour de la péninsule coréenne était également le résultat d’une politique unilatérale. Selon lui, la clef à toute solution est l’abandon par les Etats-Unis de sa politique hostile.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Cameroun, Croatie, Bahreïn, Thaïlande, Togo, Maroc, Myanmar, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud Est, République populaire démocratique de Corée, Mali, Lesotho, Singapour, Cuba, Iran et Chypre. Les représentants de la Turquie et de Chypre ont exercé leur droit de réponse.
La Commission poursuivra son débat général demain mercredi 15 à 15 heures.
DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE
M. JACQUES ALFRED NDOUMBE EBOULE (Cameroun) a affirmé que la Commission du désarmement et de la sécurité internationale se réunissait dans un monde demeuré dangereux et vivant sous la menace permanente des armes de destruction massive, à laquelle s’est greffé le risque accru d’un terrorisme chimique, biologique, voire nucléaire, tandis que les armes classiques continuent chaque jour à faire des milliers de victimes. Dans ce contexte, il est plus que jamais impératif de promouvoir une adhésion universelle au Traité de non prolifération (TNP), qui demeure la clef de voûte du régime de non prolifération et du désarmement nucléaire. Etat partie au TNP, le Cameroun encourage les Etats Membres qui ne l’auraient pas encore fait à adhérer au Traité. Toutefois, le renforcement du régime de non prolifération doit nécessairement s’accompagner, de la part des Etats dotés de l’arme nucléaire, d’un effort de réduction plus important de leurs arsenaux nucléaires, a estimé le représentant du Cameroun, appelant à la mise en œuvre des 13 mesures adoptées lors de la Conférence de révision du TNP de 2000. Promouvoir la non prolifération et le désarmement nucléaires consiste également à encourager, sur la base d’arrangements librement consentis, la création de zones exemptes d’armes nucléaires, a-t-il ajouté, tout en déplorant que le Traité de Pelindaba, portant création d’une telle zone en Afrique, ne soit toujours pas entré en vigueur.
En tant que membre de la Conférence du désarmement, le Cameroun a également regretté que cette instance multilatérale de négociation n’ait pas pu s’accorder sur un programme de travail ou un ordre du jour. A ce titre, le représentant du Cameroun a assuré de son soutien la proposition des ambassadeurs de l’Algérie, de la Belgique, du Chili, de la Colombie et de la Suède visant à faire progresser les travaux de la Conférence.
La prolifération, la circulation, l’accumulation déstabilisatrice et le commerce illicite des armes légères et de petit calibre constituent une menace aussi importante à la paix et la sécurité internationales que la prolifération des armes nucléaires, a estimé le représentant du Cameroun. A cet effet, et dans le cadre des activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale, son pays contribue activement à la promotion du Programme d’action en vue de combattre le commerce de ce type d’armes, a-t-il souligné.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a fait part de la contribution de son pays à la paix et la sécurité internationales dans le cadre des missions de maintien de la paix des Nations Unies et de l’édification de la confiance et la stabilisation de l’Europe du Sud-Est. Le représentant a constaté l’absence de progrès dans l’application des traités de contrôle des armements nucléaires, comme le TNP qui n’est toujours pas universel et le CTBT qui n’est pas entré en vigueur.
S’agissant des armes chimiques, le représentant a évoqué la tenue, en Croatie, du premier exercice international d’assistance conformément à l’article X du Traité en vue de son éventuelle activation. La Croatie a proposé d’offrir à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques une unité de décontamination biologique et chimique. Il a ajouté que son pays avait joué un rôle actif lors des négociations sur un protocole de vérification de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et est profondément déçu de l’échec des négociations sur un tel texte. Les propositions visant la promulgation de mesures nationales ne sont que des palliatifs temporaires. Seul un instrument multilatéral juridiquement contraignant pourra exercer un effet sur le long terme.
Le représentant a ajouté que son pays avait renforcé les mesures de contrôle sur les exportations afin de lutter plus efficacement contre la prolifération des armes de destruction massive et leurs vecteurs. La Croatie a pris part au lancement du Code de conduite contre la prolifération des missiles et est prête à devenir membre de l’Accord passé par le Groupe de Wassenaar sur les contrôles des exportations concernant les technologies et matériaux à double usage.
Le représentant a par ailleurs abordé le problème que posent les mines antipersonnel en précisant que la Croatie devrait être débarrassée de ces engins d’ici 2009. Un des premiers Etats à avoir ratifié la Convention d’Ottawa, la Croatie est en faveur du Protocole sur les débris de guerre explosifs. Par ailleurs, nous sommes en faveur de la poursuite des discussions sur la question des mines autres que des mines antipersonnel. Le représentant a par ailleurs fait part de son soutien aux initiatives régionales touchant les armes légères comme le Centre régional de vérification de contrôle des armes mis en œuvre avec l’aide de l’Allemagne
M. SALAH AL-MALKI (Bahreïn) a déclaré que la communauté internationale était consciente aussi bien des dangers que représente une course aux armes de destruction massive de même que des risques graves qu’elles constituent si des terroristes s’en emparent. Les événements qui ont marqué 2003 dans certaines régions du monde donnent raison à ceux qui s’inquiètent au sujet des armes nucléaires, chimiques et biologiques, a-t-il ajouté. Pour lutter contre la prolifération de ces armes, les instruments internationaux existants demeurent un excellent moyen de parvenir à cet objectif, a estimé le représentant. Dans le même ordre, la création de zones exemptes d’armes nucléaires constitue un pas important vers le désarmement. Toutefois, a-t-il regretté, la création d’une telle zone au Moyen-Orient se heurte à l’opposition d’Israël. Citant en exemple la récente agression d’Israël sur la Syrie, le représentant a déclaré que la possession de ce type d’armes demeurait dangereuse pour la stabilité de la région. Dans ce contexte, le multilatéralisme demeure le principal moyen de parvenir aux objectifs de désarmement et de non-prolifération, a-t-il ajouté.
M. PRAVIT CHAIMONGKOL (Thaïlande) s’est demandé si le système multilatéral actuel n’était pas faussé compte tenu des dangers croissants que connaît le monde aujourd’hui. Il nous faut aborder la menace nucléaire avec un sens de l’urgence et nous aimerions voir les Etats nucléaires mettre en œuvre avec ardeur l’engagement pris en 2000 d’éliminer progressivement leurs arsenaux nucléaires. Le représentant a renouvelé le soutien de son pays au régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ainsi qu’aux zones exemptes d’armes nucléaires. Il a appelé les Etats, en particulier les Etats dotés de l’arme nucléaire, de soutenir et de respecter la zone exempte d’arme nucléaire en Asie du Sud-Est.
Le représentant a indiqué que son pays était partie à la Convention sur les armes chimiques et avait accueilli un atelier dans la région de l’Asie et du Pacifique. Il s’apprête à organiser un nouvel événement du genre dans le futuren collaboration avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Le représentant a également fait part de son soutien au programme d’action sur les petites armes. Pour ce qui est des mines, il a annoncé que la Thaïlande présentera cette année le projet de résolution sur ce type d’armes.
M. KOKU MBEOU (Togo) a souligné que la paix et la sécurité étaient deux concepts intimement liés, mais qu’on ne saurait parler de paix dans le monde alors que la population mondiale vit sous le danger des armes de destruction massive. Rappelant que 800 milliards de dollars avaient été consacrés à l’achat d’armes en 2002, alors même que la population mondiale souffre de famines et de maladies, le représentant du Togo a exhorté les Etats Membres à s’engager dans la voie du désarmement. Pour ce faire, la meilleure façon d’assurer la paix est de mettre un terme à la course aux armements et d’empêcher que des armes ne tombent entre les mains de terroristes, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, la politique étrangère du Gouvernement du Togo met l’accent sur le règlement pacifique des conflits, a souligné son représentant.
Pour combattre les armes légères, le Togo a mis sur pied une commission nationale qui a déjà procédé à la destruction de centaines d’armes. Cet effort participe à la volonté internationale de faire de l’Afrique une zone de paix, prélude au développement des Etats africains, a ajouté le représentant du Togo. Dans ce cadre, le Togo salue le travail du Centre des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, qui déploie ses efforts en vue de promouvoir la paix, limiter les armements et favoriser le désarmement. Toutefois, fonctionnant sur base de contributions volontaires, le Centre souffre d’un manque de ressources humaines matérielles et financières, ce qui limite ses capacités, a-t-il déploré, appelant dès lors au soutien de la communauté internationale.
M. LOFTI BOUCHAARA (Maroc) a lui aussi constaté à quel point les enjeux stratégiques actuels étaient complexes, précisant qu’aujourd’hui certains Etats remettent en cause la vision commune de sécurité collective qui présidait à la naissance de l’Organisation des Nations Unies. Une telle démarche, qui pourrait aboutir à une multiplication de l’usage unilatéral de la force, constitue le défi majeur de la communauté internationale. Parmi les défis nouveaux, a-t-il ajouté, figure le risque de voir des entités non étatiques acquérir des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive. Il n’existe à l’heure actuelle aucun instrument multilatéral efficace permettant de lutter contre une telle menace. On peut ainsi se demander si un système de sécurité international fondé sur la possession d’armes nucléaires n’est pas dangereux en soi.
Le représentant a regretté l’absence de progrès en matière de désarmement, à l’exception de la signature en 2002 du Traité de Moscou. Face à ce constat, il est urgent de renforcer les instruments internationaux existants et de réhabiliter le multilatéralisme comme mode principal de négociations. Il a fait part de sa préoccupation quant à la situation au Moyen-Orient et notamment quant au fait que l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires se heurte à un seul Etat, Israël, qui refuse de soumettre ses installations au régime de garanties de l’AIEA. Le représentant a par ailleurs ajouté que le Maroc avait adopté le Code
de conduite contre la prolifération des missiles comme première étape d’un instrument international et juridiquement contraignant. Le représentant a abordé à nouveau la question du terrorisme international dont son pays a été victime en mai dernier en réitérant la détermination de son pays à contribuer aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme.Le représentant a plaidé en faveur de la réhabilitation du multilatéralisme, ce qui exige une revitalisation des organes des Nations Unies. Malheureusement les travaux de la Conférence du désarmement sont dans l’impasse depuis sept ans. Le Maroc soutient les efforts entrepris à l’heure actuelle par l’Ambassadeur du Japon en vue de parvenir à un accord sur le programme de travail de la Conférence du désarmement. Le Maroc réitère que la question du désarmement nucléaire doit être négociée de façon prioritaire. De même, nous sommes en faveur de l’ouverture de négociations immédiates sur un traité d’interdiction des matières fissiles.
S’exprimant au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), M. U MYA THAN (Myanmar) a indiqué qu’il soutient les efforts visant à éliminer les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, de même que toutes les options en vue d’y parvenir, notamment la tenue d’une quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement. Le Myanmar partage l’avis émis par la Cour internationale de Justice, encourageant les Etats à poursuivre les négociations pour parvenir au désarmement nucléaire dans tous ses aspects, sous contrôle international. Dans cette optique, il soutiendra le projet de résolution réaffirmant ce principe et appelant les Etats nucléaires à respecter leurs obligations en la matière, qui sera présenté par la Malaisie. L’élimination totale des armes nucléaires est l’unique garantie absolue contre la menace de l’usage de ce type d’armes, a affirmé le représentant du Myanmar. A ce titre, il a exhorté les Etats Membres à respecter les mesures adoptées dans le document final de la Conférence de révision du TNP tenue en 2000.
Le Myanmar est également préoccupé par la prolifération des missiles et souhaite une approche globale sur cette question. Pour parvenir à un accord universel et non discriminatoire, le représentant a encouragé le renforcement du multilatéralisme lors des négociations.
Réaffirmant l’importance de la Conférence du désarmement en tant que forum multilatéral de négociation, le Myanmar a toutefois salué les efforts régionaux des Nations d’Asie du Sud-Est en faveur de la sécurité régionale dans le cadre du Forum regional de l’ANASE.
En ce qui concerne les armes légères et de petit calibre, le Myanmar a appelé tous les Etats Membres à prendre des mesures en vue de la mise en œuvre du Programme d’action contre leur commerce illicite sous tous ses aspects. Son représentant a également exhorté la communauté internationale à apporter soutien et assistance aux pays affectés par les mines antipersonnel afin qu’ils accèdent aux équipements et technologies, et à augmenter l’aide aux victimes de ces armes.
M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a lui aussi fait état des nouvelles menaces que connaît le monde compte tenu du recours à la force de certains pays sur la base de l’unilatéralisme. Par conséquent, la théorie de l’attaque nucléaire préventive a supplanté la théorie de dissuasion nucléaire. Au lieu d’éliminer leurs armes nucléaires comme le leur demandait, il y a 35 ans, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ces Etats ont développé de nouvelles générations d’armes nucléaires qui leur permettent d’exercer un chantage sur les Etats non dotés de l’arme nucléaire. Il n’est pas acceptable de promouvoir, d’un côté, la non-prolifération nucléaire et de l’autre d’accumuler des armes nucléaires aux quatre coins du monde. Pour nous, le désarmement nucléaire doit passer par l’abandon de la politique de menace nucléaire. Les Nations Unies doivent sonner l’alarme et dans ce contexte, nous sommes en faveur de l’organisation d’une quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement le plus tôt possible.
S’agissant de la situation dans la péninsule coréenne, le représentant a précisé que l’attention qui se cristallise aujourd’hui est également le résultat d’une politique unilatérale. La clef à toute solution est l’abandon par les Etats-Unis de sa politique hostile. Evoquant les pourparlers à six qui se sont tenus à Beijing, grâce aux efforts de son pays, M. Pak Gil Yon a indiqué que l’attitude des Etats-Unis n’était pas sincère. Nous sommes en faveur d’un règlement de la question nucléaire par des moyens pacifiques, par le dialogue et la négociation, mais nous estimons également que le règlement de la question nucléaire entre la Corée et les Etats-Unis est étroitement lié à la question de la sécurité dans la péninsule coréenne et dans la région.
M. BABA CHEIBANI (Mali) a incité la Commission du désarmement à parvenir, au cours de cette session, à adopter des recommandations utiles et concrètes concernant les grands thèmes de son ordre du jour, afin de conserver sa raison d’être et sa crédibilité.
La circulation illicite et l’accumulation excessive des armes légères et de petit calibre préoccupent grandement le Mali, qui articule sa réponse à ce fléau autour d’initiatives tant nationales qu’internationales. Lors de la première réunion biennale chargée d’examiner le Programme d’action en vue de lutter contre le commerce illicite de ces armes, le Mali a d’ailleurs présenté un rapport détaillé évaluant les activités menées par la commission nationale chargée d’exécuter les résolutions et décisions prises par les Nations Unies dans le cadre de cette lutte, a souligné son représentant. Citant parmi celles-ci l’élaboration de législations nationales, l’inventaire des arsenaux nationaux d’armes légères ou encore le contrôle des frontières, le représentant du Mali a également appelé la communauté internationale à apporter son soutien technique et financier aux commissions nationales.
Le niveau de sécurité des populations à travers le monde s’est considérablement détérioré a estimé le représentant, saluant dès lors les efforts d’une douzaine d’Etats ayant décidé de coordonner leur action dans le cadre du Réseau de la sécurité humaine, dont le Mali assure depuis le mois dernier la présidence. A ce titre, le représentant du Mali a invité tous les Etats Membres à se joindre à lui pour faire aboutir l’initiative de la «Convention-cadre sur les transferts internationaux des armes», dont le lancement est prévu ce mois-ci à Bamako.
Mme LIPUO MOTEETEE (Lesotho) a réaffirmé l’importance de la coopération régionale et internationale notamment pour ce qui est d’endiguer la prolifération des armes de petit calibre. Elle a précisé que son pays a déposé ses instruments de ratification au Protocole sur les armes à feu qui est lui-même lié à la Convention sur la criminalité transnationale organisée. Le terrorisme international constitue la menace la plus grave de tous les temps. Nous partageons la crainte que des acteurs non étatiques puissent acquérir des armes de destruction massive et réitérons l’importance qu’il y a à ratifier les traités multilatéraux de désarmement et à devenir partie aux zones exemptes d’armes nucléaires. Nous sommes également déçus de l’impasse dans laquelle se trouvent la Conférence et la Commission du désarmement et nous regrettons d’autre part que le Groupe de travail sur une session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement n’ait pas pu obtenir le consensus et ait dû renvoyer cette question à l’Assemblée générale.
M. YAP ONG HENG (Singapour) a estimé que, pour faire face aux défis que constituent la prolifération des armes de destruction massive et le terrorisme, la Première Commission devrait être revitalisée. Il a estimé que pour parvenir à un consensus en la matière, il faudra que les membres de la Commission se penchent sur chaque question dans un esprit d’ouverture, en tenant compte de l’intérêt global de la communauté internationale à laquelle nous appartenons tous. Toutefois, revitaliser ne signifie pas seulement entreprendre des réformes ou prendre de nouvelles initiatives, mais aussi consolider et renforcer les acquis et les protéger contre l’épreuve du temps, a souligné le représentant de Singapour. Il a par ailleurs expliqué que pour faire face aux défis en matière de sécurité internationale, il faut adopter une approche pratique et multidimensionnelle. Favorisant une approche qui soit à la fois mondiale, régionale et sous-régionale, le représentant de Singapour a plaidé pour une reconnaissance de tous les acteurs, tant les organisations internationales que régionales, les Etats ou les organisations non gouvernementales dans ce processus. Qu’il s’agisse d’enrayer la course aux armements de destruction massive ou le commerce des armes légères et de petit calibre, le rôle de l’Organisation doit demeurer central, a-t-il conclu.
M. RODNEY LOPEZ (Cuba) a dénoncé les tentatives de création d’un monde unipolaire par une superpuissance qui tente de valider la thèse de l’attaque dissuasive et la doctrine de la force au mépris du droit international. Cette situation s’est manifestée par les tentatives de remettre en cause la validité des organes internationaux établis dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements et de faire passer «à la trappe» le désarmement au profit de la non-prolifération. Nous réaffirmons que le multilatéralisme constitue le principe de base du processus de négociations et de mise en œuvre des obligations. Nous réaffirmons donc l’importance de cette enceinte et souscrivons à la résolution sur le multilatéralisme qui sera soumise au cours de cette session. Nous estimons qu’un réel processus démocratique doit être mis en œuvre au sein des Nations Unies.
Le représentant a réfuté les allégations selon lesquelles Cuba disposait d’une capacité de recherche en matière de développement d’armes biologiques précisant d’autre part qu’il ne faisait pas partie de ceux qui s’opposent à un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques. Cuba, a ajouté le représentant, a passé un accord de garanties avec l’AIEA ainsi qu’un protocole additionnel en vertu de ses obligations contractées en sa qualité d’Etat partie au Traité de Tlatelolco. Cette dernière ratification a permis de consolider le statut de la région d’Amérique latine et des Caraïbes qui est la première zone fortement habitée à être débarrassée des armes nucléaires.
M. MOHAMMAD FADAIFARD (République islamique d’Iran) a regretté que les évènements tragiques du 11 septembre aient servi d’excuse à la poursuite de l’ambition d’une superpuissance de forger un nouvel ordre mondial. La guerre en Iraq n’a constitué que la première tentative dans cette direction. Cette guerre, lancée sous le prétexte d’éliminer des armes de destruction massive, n’a fait qu’affaiblir le concept du multilatéralisme. Il semble maintenant que les conséquences imprévisibles d’une guerre illégale forcent les avocats de l’unilatéralisme à revoir leur stratégie. Toutefois, les puissances occupantes n’ont pas convenu d’accorder un rôle central aux Nations Unies en Iraq tandis que des voies parallèles aux Nations Unies sont empruntées sous le prétexte du contrôle des armements et de la sécurité.
Les développements qui se sont produits au cours de l’année écoulée ne sont pas un bon présage. Ainsi, les négociations sur un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques se sont effondrées après 10 années de discussions, les travaux de la Conférence du désarmement sont toujours bloqués, tandis que le Groupe de travail chargé d’étudier la possibilité d’une quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement n’est pas parvenu à un consensus en raison des oppositions du camp des unilatéralistes. Des Etats nucléaires ont même au cours de ces délibérations émis l’hypothèse de revenir sur l’engagement qu’ils avaient pris en 2000 de parvenir à l’élimination de leurs arsenaux nucléaires. La mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques pourrait constituer un succès si une super-puissance honorait ses obligations.
Donnant des précisions sur la construction de la centrale nucléaire à Bushehr, le représentant a indiqué que celle-ci avait commencé avant la révolution islamique et qu’à l’époque des Etats occidentaux trouvaient un tel projet justifié. L’Iran a donc largement investi dans ce projet et, face aux menaces, s’est efforcé de devenir auto-suffisant. De plus, l’Iran s’est trouvé dans l’obligation d’importer des pièces indispensables par le biais d’intermédiaires. L’Iran réitère ce qu’il a déjà dit, à savoir qu’il n’a jamais mis en place de programme d’armement nucléaire et qu’il ne le fera pas. Notre programme nucléaire a été établi à des fins pacifiques uniquement, a-t-il conclu.
M. YIORGOS CHRISTOFIDES (Chypre), a déclaré qu’il s’alignait sur la déclaration faite par l’Italie au nom de l’Union européenne et que son pays avait adhéré, cette année, à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel. Réaffirmant son soutien à l’élimination de ces armes inhumaines et invoquant la présence sur l’île de 40.000 soldats étrangers, il a fait observer que la ratification de cet instrument démontre la volonté politique de Chypre pour parvenir à la paix et la réconciliation, ainsi que son engagement en faveur du désarmement.
Le gouvernement chypriote a déjà rempli certaines des obligations de la Convention, en procédant à des opérations de déminage et à des destructions de stocks, a souligné son représentant. En outre, Chypre a pris l’initiative de nettoyer des champs minés par la garde nationale dans la zone tampon immédiatement après l’invasion turque à Chypre. Le mois dernier, le Président de la République chypriote, s’est encore engagé, d’une part, à démarrer, en collaboration avec les Nations Unies et l’Union européenne, le déminage de la zone tampon dans les deux prochains mois, et d’autre part, à procéder à la destruction de stocks de mines antipersonnel en novembre.
En outre, le représentant de Chypre a réaffirmé son soutien aux efforts de non prolifération des armes de destruction massive. A cet effet, son pays a ratifié un certain nombre d’instruments internationaux et s’est récemment porté candidat en tant que membre du Régime de contrôle des technologies missilières. Dans ce cadre, Chypre a également mis en place un système national de contrôle des exportations sur base des directives de l’Union européenne et a adhéré au Code de conduite international de La Haye contre la prolifération des missiles.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, la représentante de la Turquie a souhaité contredire les allégations présentées par le représentant chypriote. Soulignant qu’il existe deux peuples avec deux langues différentes à Chypre, et que l’île est le foyer de deux Etats démocratiques, aucun ne peut dès lors parler au nom de l’autre ou revendiquer sa juridiction sur l’autre, a-t-elle déclaré.
Le représentant de Chypre a déclaré qu’il n’avait fait qu’expliquer le contexte dans lequel s’était déroulée leur ratification de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. Citant les termes de la Cour européenne des droits de l’Homme, il a souligné que la présence turque sur l’île avait été définie comme une « administration locale subordonnée ». Le représentant de Chypre a également estimé que les Chypriotes turcs n’avaient pas besoin de 40.000 soldats turcs pour les protéger, et que ceux-ci voulaient pouvoir se rendre au sud de l’île comme en témoigne, a-t-il ajouté, une récente manifestation chypriote turque en faveur d’un règlement pacifique.
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