AG/COL/211

LE COMITE SPECIAL DES 24 PRIE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LEURS NEGOCIATIONS POUR UNE SOLUTION AU DIFFEREND DE SOUVERAINETE SUR LES ILES FALKLAND (MALVINAS)

16/06/2003
Communiqué de presse
AG/COL/211


Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples

coloniaux

8e séance – matin


LE COMITE SPECIAL DES 24 PRIE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI DE REPRENDRE LEURS NEGOCIATIONS POUR UNE SOLUTION AU DIFFEREND DE SOUVERAINETE SUR LES ILES FALKLAND (MALVINAS)


Conscient de l’intérêt porté par la communauté internationale à la reprise des négociations entre les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni en vue de trouver, dans les plus brefs délais, une solution pacifique, juste et durable au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland, le Comité spécial des 24 a déploré ce matin -dans une résolution* présentée par le Chili au nom de ses coauteurs et adoptée sans vote- que l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur cette question n’ait pas encore commencé.  En conséquence, cette résolution prie les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver dans les meilleurs délais une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas).  Le Comité y réaffirme par ailleurs son appui résolu à la mission de bons offices menée par le Secrétaire général des Nations Unies entre l’Argentine et le Royaume-Uni. 


Faisant valoir que le refus de reprendre les négociations n’était pas de la responsabilité de son pays, le Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et du culte de l’Argentine, Rafael Bielsa, a invité le Royaume-Uni à reprendre les discussions sur le statut des Malvinas pour mettre fin à 170 ans d’occupation militaire.  La politique du nouveau Président Kirchner concernant les Malvinas s’inscrit dans la continuité de l’État argentin, a-t-il assuré, et notre pays n’entend pas renoncer à ses revendications légitimes et historiques sur les îles Malvinas.  Il n’est pas acceptable que la question soit réduite aujourd’hui à un appel à l’Argentine pour la renonciation de ses droits historiques sur les Malvinas, a dit le Ministre, appuyé en cela par le représentant du Pérou, Oswaldo de Rivero, qui a jugé que tout processus de règlement du différend territorial sur les Malvinas doit passer par la reconnaissance des droits historiques de l’Argentine sur ces îles.  L’Argentine peut être assurée du soutien des États d’Amérique latine dans ses efforts visant à mettre fin à une situation coloniale totalement anachronique en ce début de 21ème siècle, a déclaré pour sa part l’Ambassadeur du Chili, Gehraldo Munoz.


La population des îles Falkland n’a pas l’intention de passer de la souveraineté britannique à celle de l’Argentine, ont protesté deux représentants élus du territoire, Michael Summers et John Birmingham, qui ont tenu à souligner les bonnes relations de travail entretenues avec le Royaume-Uni.  Le Gouvernement des îles Falkland est en charge de toutes les prérogatives qui incombent à un État indépendant, à l’exception de la défense et de la diplomatie, ont ajouté ces deux pétitionnaires, faisant valoir que depuis la guerre de 1982, le niveau d’autonomie interne avait considérablement augmenté.  MM. Summers et Birmingham ont contesté les revendications juridiques et historiques de l’Argentine sur les îles Falkland et ont demandé au Comité spécial de privilégier l’option de la libre association dans la définition du statut futur des îles Falkland, et ce, afin de renforcer l’autonomie du territoire sans pour autant lui octroyer l’indépendance.  Deux autres pétitionnaires, James Douglas Lewis et Alejandro Betts, ont défendu le droit pour l’Argentine de revendiquer la souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) et invité le Royaume-Uni à respecter les résolutions adoptées par le Comité spécial des 24 et l’Assemblée générale sur cette question. 


Les représentants des pays suivants sont également intervenus au cours du débat : Brésil, Paraguay (au nom du MERCOSUR), Chine, Venezuela, République dominicaine (en sa qualité de pays hôte du Sommet ibéro-américain), Uruguay, Indonésie, Cuba, Côte d’Ivoire, République arabe syrienne, Tunisie, Fédération de Russie, Bolivie, République du Congo, Ethiopie, République-Unie de Tanzanie, Antigua-et-Barbuda, Grenade et Papouasie-Nouvelle-Guinée. 


Le Comité spécial des 24 se réunira de nouveau, mercredi 18 juin 2003, à 10 heures. 


* Le projet de résolution est paru sous la cote A/AC.109/2003/L.12.  Le Comité était également saisi du document de travail établi par le Secrétariat sur la question des îles Falkland (Malvinas) et publié sous la cote A/AC.109/2003/17.


Questions des îles Falkland (Malvinas)


M. MICHAEL SUMMERS, pétitionnaire et représentant élu du peuple des îles Falkland (Malvinas), a regretté son absence lors du Séminaire d’Anguilla qui, selon lui, a permis de faire progresser les discussions sur la situation des territoires non autonomes ne souhaitant pas forcément l’indépendance.  M. Summers a souligné l’intérêt de la libre association et a refusé de considérer les Falkland comme une colonie du Royaume-Uni.  Le peuple des Falkland ne peut être transféré  d’un pays à l’autre, a-t-il poursuivi, soulignant la bonne relation de travail avec le Royaume-Uni qui assume les prérogatives de défense nationale et de diplomatie, laissant le Gouvernement du territoire gérer les affaires courantes.  Depuis la guerre de 1982, nous avons accru notre niveau d’autonomie interne, a-t-il dit, indiquant que le service public des îles Falkland est exempt de corruption.  M. Summers a contesté le droit de l’Argentine sur les îles Falkland et a demandé au Comité spécial des 24 de laisser le peuple de ce territoire faire allégeance au Royaume-Uni.  Nous n’accepterons aucune cession de souveraineté à l’Argentine, a-t-il dit, estimant que les revendications de ce pays sont sans fondement et insistant plutôt sur l’option de la libre association pour définir le futur des îles Falkland, afin de gagner en autonomie sans pour autant accéder à l’indépendance.  C’est la volonté de la population des îles Falkland qui doit être suivie par la communauté internationale et il est hors de question pour nous de passer d’une tutelle britannique à une tutelle argentine, a-t-il dit, invitant la nouvelle administration de ce pays à faire preuve de compréhension et de souplesse. 


M. JOHN BIRMINGHAM, Pétitionnaire et représentant élu du peuple des îles Falkland (Malvinas), a insisté à son tour sur le caractère non légitime des revendications de l’Argentine.  Les îles Falkland fonctionnent en autonomie, comme un État associé qui collabore étroitement avec le Royaume-Uni, a-t-il dit, défendant le droit à l’autodétermination du peuple des Falkland qui a fait le choix de la libre association.  Notre peuple souhaite maintenir un partenariat sur la base de l’autodétermination et nous ne saurions accepter que les Nations Unies et le Comité spécial des 24 soutiennent les attentes de l’Argentine.  Les îles Falkland sont autonomes, tant aux niveaux administratif et économique que financier, a rappelé M. Birmingham, qui a invité le nouveau Président argentin à prêter attention aux revendications du peuple des îles Falkland.  Il est temps que les dirigeants argentins et le Comité des 24 appréhendent la situation des îles Falkland en tenant compte du contexte social et de l’environnement régional, a-t-il dit. 


M. JAMES LEWIS, pétitionnaire, dont la famille est présente sur les îles Falkland depuis 1869, s’est félicité de l’élection récente à la présidence de la République argentine de M. Nestor Kirchner, élection qu’il a définie comme un signe de l’évolution très positive de la démocratie argentine.  Après avoir fait une description de la spécificité de l’économie des îles Malvinas/Falkland, et des relations de cette île avec l’Argentine, il a estimé que l’on ne pouvait nier la légitimité des revendications argentines sur ces îles.  Il a expliqué que le différend lié aux îles Malvinas/Falkland remonte à 1833, lorsque les autorités britanniques ont expulsé les Argentins de ce territoire.  L’Argentine, a-t-il insisté, a le droit de réclamer le respect de sa souveraineté sur ces îles.  Dans ce contexte, il a formé le vœu que le Gouvernement britannique respecte les résolutions pertinentes des Nations Unies sur cette question. 


M. ALEJANDRO BETTS, pétitionnaire, a estimé que cette question ne peut être comparée à aucune autre question de nature coloniale.  Il a déclaré que ce n’était pas le principe de l’autodétermination qui était au cœur du débat, mais l’occupation illégale d’un territoire par une puissance étrangère depuis 1833.  C’est pourquoi, il a formé le vœu que l’on respecte l’intégrité territoriale de l’Argentine avant d’aborder un débat sur l’autodétermination qui, selon lui, n’avait pas lieu d’être.  Il a cependant regretté que le Royaume-Uni privilégie une attitude coloniale sur les îles Malvinas/Falkland au détriment des relations de bonne entente avec une nation amie.  Il a formé le vœu que soient mises en œuvre les résolutions adoptées sur cette question et que soit mis fin à cet anachronisme que constitue une situation de colonialisme au début du XXIème siècle. 


M. RAFAEL BIELSA, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et du culte de l’Argentine, a qualifié la question des îles Malvinas de situation coloniale inacceptable eu égard aux positions adoptées par la communauté internationale depuis plus de dix ans.  Il a rappelé le contenu des résolutions du Comité spécial des 24 qui demande aux deux parties, Argentine et Royaume-Uni, de reprendre les négociations.  Il a réaffirmé que les prétentions de l’Argentine sur la souveraineté des Malvinas relèvent de la continuité de l’État argentin et a assuré que le nouveau Président Kirchner ne compte pas renoncer à ces revendications.  Après 170 ans d’occupation militaire britannique, il est nécessaire de reprendre les négociations, a-t-il dit, regrettant que l’une des parties ait constamment refusé de reprendre ces négociations et exhortant le Comité spécial des 24 à ne pas relâcher son attention.  Il n’est pas acceptable que la question soit réduite à un appel à l’Argentine pour la renonciation de ses droits historiques sur les Malvinas.  L’occupation britannique continue, a-t-il déploré, avant d’ajouter que l’Argentine maintient l’ensemble de ses revendications et proteste contre les actes unilatéraux entrepris par le Royaume-Uni pour mettre l’Argentine devant un fait accompli.  Seule la négociation entre les deux parties permettra de trouver une solution à ce conflit et d’envisager des actions concrètes pour résoudre ce différend territorial.  Il a lancé un appel au Royaume-Uni afin qu’il reprenne les négociations sur cette question avec les nouvelles autorités argentines.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou), intervenant au nom du Groupe de Rio, a exhorté le Comité spécial des 24 à intensifier ses efforts pour parvenir à la décolonisation de certains territoires, notamment les îles Malvinas.  Rappelant que tous les territoires non autonomes doivent pouvoir se prononcer librement sur leur statut d’ici à la fin de cette deuxième Décennie internationale pour l’éradication du colonialisme, le représentant a estimé que le règlement du différend des Malvinas devait passer par la reconnaissance des droits historiques de l’Argentine sur ces îles. 


M. ALDIO LOIZAGA (Paraguay), s’exprimant au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR) et des États associés de la Bolivie et Chili, a regretté qu’il demeure toujours une situation coloniale, en dépit des appels contenus dans les nombreuses résolutions des Nations Unies portant sur cette question.  Il a rappelé les présidents des six États membres du MERCOSUR ont, dans leur déclaration sur les Malvinas à l’issue de la dixième session, réaffirmé leur appui au droit de souveraineté de l’Argentine sur les Malvinas (îles Falkland). Le représentant a formé le vœu que l’on parvienne le plus rapidement possible à un règlement pacifique de ce problème de colonialisme.  Dans ce contexte, il a exprimé tout son soutien à la résolution présentée ce matin. 


M. PAULO ROBERTO CAMPOS TARISSE DE FONTURA (Brésil) a estimé que le document de travail (A/AC.109/2002/17)  diffusé par le Secrétariat  témoigne de l’évolution de la question des Malvinas.  Il a fait siennes les dispositions de la résolution 2065 (XX) de l'Assemblée générale qui souligne la nécessité de régler la question des îles Malvinas par des moyens pacifiques.  Il a réitéré l’appui de son pays au droit de l’Argentine concernant la souveraineté sur ce territoire.  Se félicitant des accords provisoires conclus en matière de pêche et de transport aérien entre les différentes parties, le représentant a formé le vœu que ce climat de coopération s’étende à d’autres domaines.  Le 10 juin dernier, la 33ème session de l'Assemblée générale de l’Organisation des Etats américains a réaffirmé la nécessité de parvenir à une solution pacifique, a-t-il rappelé en regrettant qu’il existe toujours une situation coloniale dans l’Atlantique Sud.  Aussi, a-t-il souhaité que les négociations reprennent le plus rapidement possible entre le Royaume-Uni et l’Argentine dans le souci d’un règlement rapide et pacifique. 


M. WANG YINGFAN(Chine) a invité le Royaume-Uni et l’Argentine à trouver une solution pacifique à leur différend de souveraineté sur les îles Falkland.  C’est dans ce contexte  qu’il a appuyé l’adoption du projet de résolution présenté ce matin. 


Mme ADRIANA P. PULIDO SANTANA (Venezuela) a salué la volonté et l’engagement de l’Argentine de poursuivre les négociations dans le souci de résoudre de façon pacifique le différend portant sur les îles Malvinas/Îles Falkland.  Elle s’est faite l’écho de tout le sentiment de solidarité des pays de la région autour du droit de l’Argentine de revendiquer sa souveraineté sur ces territoires.  Compte tenu des bonnes relations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Argentine, a-t-elle ajouté, nous sommes convaincus que nous disposons des conditions nécessaires pour la recherche d’une solution satisfaisante pour régler le problème de souveraineté de ces îles.


M.MARINO VILLANUEVA CALLOT (République dominicaine), en sa qualité de pays hôte du Sommet ibéro-américain, a insisté sur la nécessité pour les deux parties de reprendre les négociations afin que le différend territorial sur les îles Malvinas trouve une solution.  Il a jugé que le Comité spécial des 24 constitue le forum approprié pour trouver une solution aux situations coloniales des territoires non autonomes, et notamment à celle des îles Malvinas.  Il a rappelé les conclusions du douzième Sommet ibéro-américain qui invitait l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre sans délai les négociations.


M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) a souligné le bien fondé des revendications de l’Argentine qui reposent sur des bases juridiques et historiques solides.  Le droit à l’autodétermination des peuples a été invoqué à plusieurs reprises pour justifier la domination coloniale du Royaume-Uni, a-t-il dit, estimant que cet argument ne peut toutefois être utilisé pour nier le droit à la souveraineté de l’Argentine sur les Malvinas.  L’Argentine s’est engagée à respecter à son tour les droits de la population des îles Malvinas, a-t-il dit, et celle-ci ne peut décider d’être sous souveraineté britannique en territoire argentin.  Il importe que les deux parties résolvent ce différend territorial par la voie pacifique, a dit le représentant, plaidant pour une solution rapide. 


M. DARMANSJAH DJUMALA (Indonésie) a estimé que le Comité spécial des 24 devrait envisager des solutions innovantes pour faire avancer le processus d’autodétermination des peuples des 16 territoires non autonomes.  Le cas des îles Falkland(Malvinas) est un cas particulier, a-t-il dit, jugeant encourageante l’évolution positive des relations entre les Gouvernements britannique et argentin.  Il a invité les deux Gouvernements à donner un nouvel élan aux négociations afin de parvenir à une solution sur le différend qui les oppose concernant les îles Falkland (Malvinas). 


Les représentants de Cuba, de la Côte d’Ivoire, de la République arabe syrienne, de la Tunisie, de la Fédération de Russie, de la Bolivie, du Congo, de l’Ethiopie, de la République-Unie de Tanzanie, soulignant l’importance de favoriser un réel dialogue, comme seul moyen de parvenir à une solution juste et pacifique de ce différend, ont appuyé le projet de résolution présenté ce matin en souhaitant qu’il soit adopté par consensus.  La représentante de la République-Unie de Tanzanie a tout particulièrement souhaité que l’on trouve une solution à cette situation coloniale avant la fin de la deuxième Décennie pour l’éradication du colonialisme (2001-2010).


M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda), intervenant après l’adoption de la résolution s’est fait l’écho de l’appel lancé par certains pour que l’on respecte le vœu des populations concernées.  Il a regretté que la résolution adoptée ne fasse aucune mention du principe de l’autodétermination.  Il s’est dit toutefois encouragé par le fait que le Royaume-Uni et l’Argentine continuent de se réunir, en formant le vœu que leurs efforts soient intensifiés dans les domaines des aspects multiculturels et de la pêche.  Le représentant a souligné la difficulté de délimiter les questions d’autodétermination et de décolonisation, et s’est demandé s’il était opportun de poursuivre ces travaux uniquement sous l’angle de l’autodétermination, compte tenu du fait qu’il semble évident que le problème des îles Falkland ne repose pas sur une question d’autodétermination mais de souveraineté disputée entre deux nations. 


M. LAMUEL A.STANISLAUS (Grenade) a souligné le droit de la population des îles Falkland (Malvinas) d’être entendu et de pouvoir s’exprimer sur son avenir. 


M. JIMMY URE OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a demandé au Comité spécial des 24 d’être plus proactif à l’égard des seize territoires non autonomes.  Cet engagement du Comité pour l’accélération du processus d’autodétermination devra être reflété dans la résolution omnibus, a-t-il estimé. 


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