AG/COL/209

LE COMITE SPECIAL DES 24 PRIE INSTAMMENT LES ETATS-UNIS DE RESTITUER AU PEUPLE PORTORICAIN LE TERRAIN OCCUPE SUR L’ILE DE VIEQUES

09/06/2003
Communiqué de presse
AG/COL/209


Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples

coloniaux

5e et 6e séances – matin – après-midi


LE COMITE SPECIAL DES 24 PRIE INSTAMMENT LES ETATS-UNIS DE RESTITUER AU PEUPLE PORTORICAIN LE TERRAIN OCCUPE SUR L’ILE DE VIEQUES


Le représentant du Front POLISARIO émet des réserves sur le dernier Plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental présenté par James Baker


Alors qu’il examinait aujourd’hui la situation concernant Porto Rico, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux – ou Comité spécial des 24 - a demandé au Gouvernement des États-Unis d’assumer la responsabilité qui lui incombe de mener rapidement à bien un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  Aux termes de la résolution* -présentée par le représentant permanent de Cuba et adoptée sans vote-, le Comité spécial prie instamment les États-Unis, compte tenu de la nécessité de garantir le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et de protéger ses droits fondamentaux, de restituer au peuple portoricain le terrain occupé sur l’île de Vieques, d’assurer l’exercice des droits fondamentaux comme le droit à la santé et au développement économique, de prendre en charge l’exécution et les coûts du processus de dépollution des zones d’impact précédemment utilisées lors des manœuvres militaires, et de remédier aux graves conséquences qui en ont découlé pour la santé des habitants de l’île de Vieques et à la dégradation de l’environnement.


Par ailleurs, tout en constatant avec satisfaction que les dernières années ont été marquées par des progrès vers la mise en oeuvre d’un mécanisme qui assurera la pleine participation de représentants de tous les courants d’opinion à Porto Rico, comme en témoignent notamment les propositions tendant à convoquer une assemblée constituante souveraine du peuple portoricain, les membres du Comité ont demandé au Président des États-Unis de libérer tous les prisonniers politiques portoricains qui purgent des peines dans des prisons américaines liées à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico.  Dans sa résolution, le Comité spécial réitère en outre l’espoir de voir l’Assemblée générale examiner la question de Porto Rico de manière approfondie et sous tous ses aspects. 


Au cours des auditions de pétitionnaires, le retrait de la Marine américaine de l’île de Vieques, le 1er mai dernier, a été présenté comme une victoire et une étape importante dans le processus d’autodétermination et d’indépendance du peuple portoricain.  Toutefois, certains pétitionnaires ont regretté, à l’instar du représentant du New Independence Movement of Puerto Rico, Julio Muriente Perez, que les prérogatives de la Marine américaine aient été transférées à d’autres secteurs de l’administration fédérale des Etats-Unis au lieu d’être transférées aux Portoricains.  M. Muriente Perez a lancé un appel au Comité spécial des 24 afin qu’il exige la restitution de ces terrains par les Etats-Unis et leur décontamination, et la libération des militants indépendantistes poursuivis par la justice américaine.  Indiquant que plus de 80% des Portoricains sont favorables à l’association avec les Etats-Unis, M. José Adames a contesté, au nom de l’organisation Al Frente, la légitimité des indépendantistes qui ne pèsent que 3% des voix lors des élections locales.  Regrettant que les Etats-Unis ne reconnaissent pas les même droits aux Portoricains qu’aux citoyens des autres États fédérés, M. Adames a plaidé pour la pleine intégration de Porto Rico comme 51ème État de la Fédération américaine. 


Plus tôt dans la matinée, le Comité spécial des 24 avait entendu, au titre de l’examen de la question du Sahara occidental**, le représentant du Front POLISARIO, Ahmed Boukhari, qui a rappelé que le Conseil de sécurité était appelé en juillet prochain à prendre une décision de grande importance à la lumière du rapport du Secrétaire général daté du 23 mai 2003.  Le Sahara occidental est le dernier cas de colonialisme en Afrique, a-t-il ajouté, indiquant que l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation de l’unité africaine n’ont jamais reconnu au Maroc la légalité de sa présence au Sahara occidental.   Évoquant le dernier plan présenté par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, James Baker, en janvier 2003, qui établit une période transitoire de cinq ans durant laquelle le Maroc exercerait une souveraineté sur le Sahara occidental jusqu’à la tenue d’un référendum organisé par les Nations Unies, M. Boukhari s’est opposé à toute souveraineté du Maroc et à ce que le droit de vote soit également accordé à des dizaines de milliers de colons transférés par le Maroc au Sahara occidental. 


La prochaine réunion du Comité spécial aura lieu jeudi 12 juin, à dix heures. 


* Le projet de résolution sur ce point est paru sous la cote A/AC.109/2003/L.7. Le document de travail soumis par le Rapporteur du Comité spécial relatif à sa décision du 10 juin 2002 concernant Porto Rico est paru sous la cote A/AC.109/2003/L.3.

** Le document de travail établi par le Secrétariat sur la question du Sahara occidental est paru sous la cote A/AC.109/2003/14. 


Question du Sahara occidental


M. AHMED BOUKHARI, Frente popular para la Liberacion de Saqui el-Hamra y de Rio de Oro (Front POLISARIO), rappelant que le Conseil de sécurité est appelé en juillet prochain  à prendre une décision de grande  importance à la lumière du rapport du Secrétaire général du 23 mai 2003, a déclaré que le Sahara occidental était le dernier cas de colonialisme en Afrique.  Entre 1884 et 1975, a-t-il rappelé, le Sahara occidental était une colonie espagnole, jusqu’à ce qu’il devienne victime d’une invasion et d’une occupation. Les Nations Unies et l’OUA, conscientes des causes et conséquences dangereuses de cette invasion pour la stabilité du continent, n’ont jamais reconnu au Maroc la légalité de sa présence actuelle au Sahara occidental.  Saluant le processus de décolonisation OUA-ONU intervenu très tôt et qui prévoyait la tenue d’un référendum en février 1992, M. Boukhari a déclaré que si le Maroc avait respecté ses engagements, nous ne serions pas ici aujourd’hui et le Comité aurait pu régler cette question.  En février 2000, grâce aux Accords de Houston, la MINURSO a finalement établi avec succès une liste provisoire de votants pour le référendum à venir.  Depuis cette date, les rapports du Secrétaire général tentent de remplacer le référendum par une autre solution politique, avec des arguments peu fondés.


Le représentant du Front POLISARIO  a également évoqué le dernier plan présenté par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. James Baker, en janvier 2003, qui établit une période transitoire de cinq ans durant laquelle le Maroc exercerait une souveraineté sur le Sahara occidental jusqu’à la tenue d’un référendum organisé par l’ONU.  A cet égard, il s’est opposé à toute souveraineté du Maroc et à ce que le droit de vote soit également accordé à des dizaines de milliers de colons transférés par le Maroc au Sahara occidental.  C’est pourquoi, il a considéré que le Plan de règlement initial constitue la seule voie pouvant conduire à une condition juste et durable de la question du Sahara occidental conformément à la Charte des Nations Unies.  La motivation du Front POLISARIO, a-t-il ajouté, réside dans la préservation du Plan de règlement et des Accords de Houston qui viennent le compléter.  La recherche d’autres solutions ne peut que  conduire l’ONU dans une impasse.  Le Maroc, a-t-il insisté, constitue l’obstacle principal de la décolonisation du Sahara occidental.  Nous sommes convaincus que la paix est toujours possible et après le succès qu’a connu le Timor oriental, le Sahara occidental peut également y parvenir, et nous ne pouvons renoncer à notre droit fondamental qui est notre droit à exister, a souligné M. Boukhari.


Décision du 10 juin 2002 du Comité spécial concernant Porto Rico


Audition de pétitionnaires


M. JORGE FARINACCI GARCIA, pétitionnaire du Frente Socialista, a expliqué que depuis plusieurs années, son mouvement défend le droit à l’autodétermination du peuple de Porto Rico contre l’occupation américaine.  La lutte du peuple de Porto Rico s’est intensifiée depuis 1998 et les mercenaires présents sur notre territoire doivent se retirer pour que notre peuple puisse être libre.  Le Département de la justice des Etats-Unis traite comme des terroristes huit opposants portoricains à la présence impérialiste de ce pays, a-t-il déploré, sans qu’aucune démarche ne puisse aboutir pour les faire libérer.  C’est un véritable régime colonial qui est imposé à notre peuple, a-t-il déploré, demandant au Comité spécial des 24 de ne pas tolérer la domination américaine sur Porto Rico.  Les Etats-Unis tentent de nous imposer leurs lois, notamment celle sur la peine de mort, a-t-il poursuivi, réaffirmant la détermination du Frente Socialista de se battre pour l’indépendance totale et la libération de tous les militants indépendantistes.

M. ANGEL ORTIZ-GUZMAN, pétitionnaire de PROELA, rappelant que son organisation est autonomiste, a déploré la domination imposée à son peuple par le Gouvernement des Etats-Unis.  Les velléités indépendantistes du peuple portoricain sont claires, a-t-il dit, regrettant que les Etats-Unis n’aient pas respecté l’engagement qu’ils ont pris devant l’Assemblée générale.  Il a plaidé pour un processus d’autodétermination du peuple de Porto Rico qui privilégie la formule de la libre association, reconnue comme solution de rechange par les Nations Unies mais jamais proposée depuis 1999 pour le règlement de la question de Porto Rico.  Tout pacte de libre association suppose la souveraineté du peuple de Porto Rico, a précisé M. Ortiz-Guzman, demandant par ailleurs au Comité spécial des 24 d’introduire la libre association dans toute résolution relative à Porto Rico.  Il a également demandé aux Etats-Unis de soumettre un rapport sur leurs intentions devant le Comité. 


Mme BERTHAIDA SEIJO, pétitionnaire de Colegio de Abogados de Puerto Rico, a dénoncé le statut de colonie de Porto Rico par les États-Unis depuis 105 ans, la colonie la plus vieille de cet hémisphère. Elle a rejeté le système colonial actuel  et défendu le droit des peuples à l’autodétermination.  Celui qui n’a jamais exercé la liberté de choisir ne peut être libre.  Le Colegio des Abogados de Puerto Rico insiste non pas sur la modalité qui doit être choisie, mais plutôt sur la nécessité pour le peuple de Porto Rico de pouvoir choisir entre les différents modèles proposés.  Mme Seijo a, par ailleurs, cité plusieurs cas qui, selon elle, montrent comment le peuple de Porto Rico est brimé, notamment la situation de prisonniers politiques qui continuent de purger de lourdes peines dans les prisons fédérales américaines, ou d’autres qui risquent la peine de mort aux Etats-Unis, alors qu’elle avait été abolie par l’Etat libre associé de Porto Rico de 1952.  Nous demandons qu’il nous soit permis de lutter pour que ce cas soit présenté à l'Assemblée générale, en séance plénière.


M. SALVADOR VARGAS, pétitionnaire de Concern Puertorican Americans, a déclaré que la nation portoricaine est, selon lui, encore enchaînée en raison de l’inaction des Nations Unies.  L’économie de Porto Rico, a-t-il ajouté, est en ruine parce que notre pays a été privé du principe même de libre échange avec nos partenaires.  M. Vargas s’est opposé aux Portoricains qui ont été convaincus du bien fondé de la colonisation comme d’autres le sont du suicide.  Face à la situation de Porto Rico qui continue d’être lié par les chaînes de la colonisation, il a regretté que le monde entier garde le silence en dépit des résolutions adoptées au cours de ces 30 trente dernières années.  Il a estimé que le Secrétaire général était responsable de cette situation et complice des excès de certains pays.  La liberté manipulée n’est qu’une forme d’esclavage, a-t-il estimé.  


Mme ALICE HERNANDEZ, pétitionnaire du Partido Nacionalista de Puerto Rico, a condamné la situation coloniale qui prévaut à Porto Rico et déploré les obstacles posés par les Etats-Unis sur la voie de l’autodétermination du peuple.  Mme Hernandez a ensuite souligné les dangers que posent les velléités impérialistes américaines pour les Nations Unies comme en témoigne la guerre enclenchée, il y a peu de temps, contre un État souverain et qui est motivée uniquement par des préoccupations de partage du monde.  Antonio Camacho Negros et quatre autres compagnons de lutte pour la libération de Porto Rico croupissent dans les prisons fédérales américaines au mépris de leurs droits les plus élémentaires.  En outre,, les Etats-Unis procèdent par des élections truquées pour asseoir leur domination, a-t-elle dit, invitant le Comité spécial des 24 à lancer un appel aux Américains pour qu’ils quittent Porto Rico et cessent leur politique répressive.


M. MIGUEL OTERO CHAVEZ, pétitionnaire du Gran Oriente nacional de Puerto Rico, a rappelé que les Franc-maçons ont toujours été à l’avant-garde de la lutte pour l’indépendance de Porto Rico.  Il a insisté sur la nécessité de faire appliquer la résolution que le Comité spécial des 24 a adoptée en 2002 et a demandé le renvoi de cette question devant l’Assemblée générale.  M. Otero Chavez a ensuite souligné certains succès dans la lutte pour l’autodétermination de Porto Rico, notamment pour obtenir le départ des troupes américaines de Vieques, même si les zones concernées sont toujours contaminées et doivent être nettoyées par le Gouvernement américain.  Il a demandé au Comité spécial des 24 d’exiger des Etats-Unis la décontamination du territoire de Vieques, la restitution des terres encore occupées, et la fin de l’occupation de Porto Rico. 


M FRANCISCO VELGARA, pétitionnaire de Vieques Support Campaign, faisant remarquer que l’autodétermination est un défi lancé à toutes les nations, a déclaré que le chantage économique continue de progresser dans l’ensemble du monde.  Qu’adviendra t-il des terres occupées de Palestine et qui se fera le champion de la défense des souverainetés, s’est-il interrogé.  En mai 2003, le peuple de Porto Rico a fêté la fermeture des installations militaires de la Marine américaine à Vieques.  Cette lutte a abouti à 1 600 arrestations en 3 ans et demi, mais elle a mis fin à la fabrique de bombes par la Marine américaine à Porto Rico.  Aujourd’hui, les problèmes de pollution subsistent et il y a 27% de cancer de plus près des installations de la Marine américaine que dans le reste de Porto Rico, et Vieques subit une destruction économique avec un taux de chômage de 40%. 


Mme BETTY BRASSELL, pétitionnaire de United for Vieques, Puerto Rico, Inc., a dénoncé les risques en matière de santé que  causent les activités de la Marine américaine à Vieques.  Bien que ces installations, et notamment les ateliers de fabrication  de bombes, soient fermées, il subsiste des risques de pollution.  C’est pourquoi, il est indispensable de procéder à une totale décontamination des terrains et de les restituer ensuite aux habitants de Vieques.  Elle a également plaidé en faveur de la langue et de la culture espagnoles de Porto Rico au nom du respect de la différence.  On ne peut américaniser les citoyens de Porto Rico, a-t-elle souligné.  Je suis fière d’être américaine, et je respecte le droit de tous les peuples du monde à être fiers de leur identité.  Car, a-t-elle ajouté, nous avons beaucoup à partager ensemble et la diversité est ce qui rend la vie plus riche.  Par ailleurs, elle a attiré l’attention sur le problème posé par le radar de la Marine américaine, malgré le démantèlement du site de Vieques.  Selon des sources de l’armée américaine, ce radar est tellement puissant qu’il est capable de modifier le climat. 


M. BENJAMIN RAMOS, pétitionnaire de ProLibertad Freedom Campaign, a invité les Etats-Unis à renoncer à leur contrôle colonial sur Porto Rico, ce qui aurait un effet de domino sur les autres puissances administrantes comme la France.  M. Ramos a demandé la libération de huit activistes indépendantistes de Porto Rico, regrettant des peines excessives dont la nature politique est évidente.  Il a condamné ensuite le fait que les Etats-Unis se soient permis de contourner les différentes motions adoptées ainsi que la résolution du Comité de 2002.  Il a demandé au Comité spécial des 24 d’exercer toute la pression nécessaire pour obtenir la libération des militants indépendantistes de Porto Rico et afin qu’ils bénéficient de traitements décents. 


M. FERNANDO MARTIN-GARCIA, pétitionnaire du Partido Independentista Puertorriqueño, a souligné que le Comité spécial, qui  a à connaître de la situation à Porto Rico pour la première fois, doit veiller à ce que le suivi qui sera accordé à sa résolution de 2002 domine ses travaux.  Il a salué le Conseil de sécurité qui a su résister au chantage des Etats-Unis, mus par leur unilatéralisme concernant l’Iraq, et éviter la faillite morale.  Il a invité le Comité à adopter une nouvelle résolution sur le territoire de Porto Rico pour faire face aux caprices de la superpuissance américaine qui se pose au-dessus du droit international.


M. MANUEL RIVERA, pétitionnaire de Puertorriquenos Unidos en Acción, a souligné les nouveaux défis à relever par le peuple de Porto Rico pour mener à terme sa lutte pour l’autodétermination, à l’heure où la domination des États-Unis s’étend férocement au monde entier.  Le Gouvernement américain n’a jamais reconnu l’état de domination coloniale sur Porto Rico et a toujours caché son influence politique, économique et commerciale sur ce territoire.  Alors que les Etats-Unis peinent à prouver la réalité des armes de destruction massive en Iraq pourtant mises en avant comme une des raisons de la guerre, de la même manière, les services de renseignements des Etats-Unis ont criminalisé l’idéal de l’indépendance à Porto Rico.  Nous progressons vers un nouvel ordre mondial motivé par le pillage des ressources naturelles tant en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine que dans les Caraïbes, a-t-il dit, mettant en garde contre la militarisation accrue des Etats-Unis qui sèment la guerre, la peur, la faim et la destruction dans le monde.  M. Rivera a demandé au Comité spécial des 24 de soutenir davantage la cause du peuple portoricain en envoyant des inspecteurs des Nations Unies pour constater la contamination de Vieques par la Marine américaine avec ses armes chimiques. 


M. JOSE ADAMES, pétitionnaire de Al Frente, rappelant que son organisation contribue aux travaux du Comité depuis treize ans et au processus historique qui a fait de Porto Rico un État membre de la Fédération des Etats-Unis, a regretté que les Portoricains soient des citoyens américains de seconde classe.  Pourtant les Portoricains morts au combat pour les Etats-Unis sont plus nombreux que ceux des autres États fédérés, a-t-il ajouté, déplorant la politique des « deux poids, deux mesures ».  Lorsque les Portoricains quittent leur territoire, ils peuvent devenir citoyens américains, comme à New York par exemple, a-t-il dit, constatant une pratique irrationnelle dans la mesure où sur l’île de Porto Rico, ce n’est pas le cas.  Concernant le statut des militaires, M. Adames s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles les militaires des autres États fédérés peuvent voter sur le territoire de Porto Rico et pas leurs collègues portoricains.  M. Adames a plaidé pour que soit reconnu le statut d’État à Porto Rico au même titre que les autres qui composent les Etats-Unis, faisant valoir que cette position est partagée par 80% des habitants de l’île. 


Pour Mme NILDA LUZ REXACH, pétitionnaire de National Advancement for P.R. Culture, le principal problème qui demeure dans les relations entre les Etats-Unis et Porto Rico réside dans le fait qu’aujourd’hui, 3 millions de citoyens américains de cette île continuent d’être privés du droit de vote.  Aucune action favorable aux indépendantistes n’aboutira à une issue acceptable, a-t-elle insisté, estimant que la seule solution possible pour Porto Rico est celle d’un Etat dans le cadre de la Fédération des Etats-Unis d’Amérique.  Le Congrès des Etats-Unis qui, en 1917, avait accordé la citoyenneté américaine au peuple de Porto Rico et permis aux Portoricains à se battre dans cinq conflits majeurs,  est aujourd’hui dans l’obligation de mettre un terme à une injustice en déclarant juridiquement Porto Rico comme 51ème État des Etats-Unis et en accordant le droit de vote à ses habitants.  Nous avons été adoptés par les Etats-Unis et nous ne voulons pas être séparés de nos parents, a-t-elle conclu.  


Mme ANITA VELEZ MITCHELL, pétitionnaire de Primavida, a souligné la nécessité de défendre les droits des Portoricains.  Elle a estimé que le plus beau moment de notre vie arrive se réalise lorsque notre ennemi devient notre ami.  Nous ne luttons pas contre notre réalité, mais pour continuer à vivre avec notre dignité nationale.  Nous avons besoin d’être respectés à un moment où le monde a découvert notre grâce en élisant quatre Miss Univers et deux Miss Monde.  Elle a regretté cette habitude qui constitue à identifier les hispaniques d’une manière très générale sans faire référence à leur identité portoricaine, colombienne, cubaine ou autre en particulier. 


M. JULIO MURIENTE PEREZ, pétitionnaire du New Independence Movement of Puerto Rico, précisant que son mouvement lutte pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple de Porto Rico, a déploré que la présence militaire américaine continue de contrevenir aux mesures adoptées en 2002 par le Comité spécial des 24.  Tout en se félicitant du fait que la lutte acharnée du peuple portoricain a eu raison de la présence de la Marine américaine à Vieques depuis le 1er mai 2003, M. Muriente Perez a regretté que les prérogatives de la Marine aient été transférées à d’autres secteurs de l’administration fédérale américaine.  Il a également jugé que les Etats-Unis devraient tout mettre en œuvre pour assurer la décontamination du territoire de Vieques et a considéré que les Etats-Unis devraient libérer le peuple portoricain, enrôlé majoritairement dans les combats en Iraq.  L’État libre associé a accru la relation de dépendance et de subordination de Porto Rico vis-à-vis des Etats-Unis, a-t-il dit ensuite, s’adressant aux militants de l’annexion, avant d’assurer le Comité que son mouvement continuera de lutter contre la domination américaine qui dure depuis 105 ans.


Mme WILMA REVERON COLLAZO, pétitionnaire du Comité Puerto Rico en la ONU, a salué la contribution du Comité spécial des 24 pour l’autodétermination du peuple de Porto Rico.  Par ailleurs, grâce à la désobéissance civile et aux nombreuses actions de boycott, a-t-elle fait observer, nous sommes parvenus à obtenir le départ de la Marine américaine de l’île de Vieques.  Cependant, la tâche demeure immense pour assurer le nettoyage et la décontamination des terres, a-t-elle dit, afin de pouvoir envisager un développement durable de l’île.  En outre, les Etats-Unis doivent restituer les terres qu’ils occupent encore par le biais des autres services administratifs.  Mme Reveron Collazo a également condamné l’imposition par les Etats-Unis de la peine de mort alors que le peuple de Porto Rico s’est clairement prononcé contre cette pratique.  Elle a remercié la délégation de Cuba pour son leadership dans la prise en compte par le Comité spécial des 24 des droits du peuple de Porto Rico à l’autodétermination. 


M. NOEL COLON MARTINEZ, pétitionnaire de Congreso Nacional Hostosiano of Puerto Rico, a défendu la cause de l’autodétermination et le droit à l’indépendance de Porto Rico.  Malgré la position anti-coloniale de ce Comité, nous nous heurtons à l’arrogance du Gouvernement des Etats-Unis pour progresser dans ce domaine.  Les divisions entre les Portoricains ont été promues de différentes façons pour faciliter la mainmise des Américains sur notre pays.  Le pétitionnaire a précisé que les deux projets de résolution relatifs à la question de Porto Rico ont été cosignés et approuvés par les dirigeants des trois tendances politiques Porto Rico.  Il a exhorté les Etats-Unis à reconnaître les aspirations du peuple de Porto Rico et a invité la communauté internationale à apporter tout son soutien au processus de décolonisation.  Dans ce contexte, il a formé le vœu que cette question soit réexaminée dans le cadre d’un débat de l'Assemblée générale.   Grâce aux leçons que nous avons apprises, nous devons trouver les moyens de favoriser et accélérer le processus de décolonisation au niveau international.  Se félicitant du fait que le Comité ait entendu les revendications


du peuple de Porto Rico en ce qui concerne le départ de la Marine américaine du port de Vieques, il a émis l’espoir que le Comité poursuive ses efforts dans d’autres domaines, comme la libération des prisonniers politiques détenus de manière arbitraire.


M. JOSE ERNESTO CORDERO, pétitionnaire de Aguadillanos Ausentes, a indiqué qu’il a été arrêté par la police de l’immigration à l’aéroport de Houston en décembre 2002, qui souhaitait l’empêcher de retourner à Porto Rico, puis a été libéré grâce à une campagne de sensibilisation menée par des militants des droits de l’homme.  Mais, a-t-il ajouté, des milliers de personnes, dont un bon nombre de travailleurs portoricains, ont été arrêtées de cette façon et n’ont pas eu la chance d’être libéré rapidement.  La domination coloniale renforce la discrimination raciale pratiquée par le Gouvernement et les employeurs aux Etats-Unis.  La tentative d’imposer la peine de mort à Porto Rico, où elle est abolie, est un exemple de plus qui démontre comment le droit à l’autodétermination n’est pas reconnu à Porto Rico.


M. MARTIN KOPPEL, pétitionnaire du Social Workers Party, s’est félicité du retrait de la Marine de guerre américaine de Porto Rico le mois dernier.  Ce retrait est une victoire pour ceux qui font face à l’impérialisme depuis des décennies, a-t-il dit, faisant valoir que seule une minorité de Portoricains bénéficient de la présence américaine.  Notre lutte pour l’indépendance est une lutte en faveur du peuple portoricain mais aussi pour la nation américaine toute entière, a-t-il poursuivi, déplorant que le territoire de Vieques ait été utilisé par les Etats-Unis dans leurs guerres de conquête, tant en ex-Yougoslavie qu’en Iraq, ou demain en Iran.  Le pétitionnaire a condamné la militarisation croissante des Etats-Unis où des listes noires sont prêtes et tenues à jour dans les aéroports pour consigner les noms de tous ceux qui mettraient en doute la domination américaine.  Les patrons américains cherchent à accroître leurs bénéfices par tous les moyens, a-t-il dit, y compris en soutenant les guerres de conquête à l’étranger et en réduisant les droits des travailleurs.  La domination coloniale sur Porto Rico relève de la terreur, a-t-il déploré, condamnant le fait que de nombreux militants patriotes soient encore emprisonnés aux Etats-Unis. 


M. LUIS ROZA-PEREZ, pétitionnaire du Puertorican Human Rights Committee, a indiqué qu’il luttait pour la libération des prisonniers d’opinion portoricains et pour l’indépendance de ce territoire.  Rappelant qu’il avait lui-même passé vingt ans dans les prisons américaines pour avoir contesté la domination coloniale américaine, il a invité le Comité spécial des 24 à renforcer ses actions pour obtenir la libération de cinq prisonniers qui n’ont pas été libérés en 1999.  Il a également plaidé pour le respect de l’intégrité physique et psychologique des détenus portoricains et donné lecture d’une lettre d’un des prisonniers, encore en détention dans l’Indiana, qui condamne l’hypocrisie du Président Bush et le mauvais traitement dont font l’objet les militants indépendantistes portoricains. 


M. RICARDO GABRIEL, pétitionnaire de Hostos Puerto Rican Club at Hunger College, a indiqué qu’il était également président de l’Association des étudiants Portoricains à Hunter College.  Rappelant que 3,5 millions de Portoricains vivent aux Etats-Unis et font partie des plus pauvres, M. Gabriel a fait observer qu’ils sont exploités économiquement et que les jeunes Portoricains subissent souvent des violences policières.  De plus, les Portoricains sont sur-représentés dans l’armée et dans les prisons.  Nos ressources naturelles font l’objet d’abus de la part des États-Unis et notre économie a été structurée de façon à servir les intérêts des Etats-Unis et non du peuple portoricain.  Le pétitionnaire s’est par ailleurs


inquiété de l’augmentation annoncée du coût de l’éducation dans les Universités publiques, craignant ainsi que les étudiants portoricains, parmi les plus pauvres aux Etats-Unis, soient particulièrement pénalisés. 


M. ANTHONY MELE, pétitionnaire de la 65th Honor Task Force, une coalition de soldats américains qui réclame la décolonisation de Porto Rico, a expliqué que leur témoignage résulte du courage dont ils ont fait preuve sous l’uniforme américain depuis la deuxième guerre mondiale et sur tous les théâtres d’opération depuis cette date.  Pendant la guerre de Corée, le Général Mac Arthur avait dit sa fierté de commander le 65th Régiment d’infanterie composé de soldats portoricains, et avait même souhaité disposer de plus de soldats de ce type, qu’il avait félicités pour leur dévouement exemplaire.  Les soldats portoricains ayant servi sous l’uniforme américain ont appris le prix de la liberté sur les champs de bataille : c’est pourquoi, ils souhaitent aujourd’hui que soit accordée l’autodétermination au peuple portoricain afin de promouvoir leur développement.    


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