L’ASSEMBLEE GENERALE REITERE SON APPUI AU GOUVERNEMENT INTERIMAIRE AFGHAN DANS LA MISE EN OEUVRE DE L’ACCORD DE BONN
Communiqué de presse AG/1462 |
Assemblée générale AG/1462
69e et 70e séances plénières 5 décembre 2003
matin et après-midi
L’ASSEMBLEE GENERALE REITERE SON APPUI AU GOUVERNEMENT INTERIMAIRE
AFGHAN DANS LA MISE EN OEUVRE DE L’ACCORD DE BONN
Elle adopte trois résolutions sur le renforcement de
la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe
Deux ans, jour pour jour, après la signature de l’Accord de Bonn qui a fixé le cadre de la transition politique en Afghanistan, l’Assemblée générale a réitéré aujourd’hui son ferme appui à l’Administration transitoire afghane en vue de la pleine application de cet Accord. La résolution adoptée sans vote* approuve les priorités que s’est fixées l’Administration transitoire afghane dans le Cadre de développement national et dans le budget national, à savoir la remise en état de l’infrastructure économique, le renforcement du Gouvernement central, le processus constitutionnel et la constitution d’une armée nationale et d’une force de police placées sous autorité civile. D’autres priorités définies par le Gouvernement du Président Karzaï ont également été appuyées par l’Assemblée générale, notamment la réalisation sous contrôle d’une opération équitable de désarmement, de démobilisation et de réinsertion ainsi que de déminage, la restauration de l’appareil judiciaire, le respect des droits de l’homme et la lutte contre la production illicite et le trafic de drogues.
La résolution souligne ensuite l’importance fondamentale de la Loya Jirga constitutionnelle et des élections prévues en 2004, selon le calendrier défini dans l’Accord de Bonn pour la création d’un gouvernement représentatif, et attire l’attention sur la nécessité d’assurer la participation large et ouverte de tous les Afghans, y compris les femmes, à la recherche d’une solution politique dans un climat de sécurité. En outre, l’Assemblée invite instamment la communauté internationale à participer activement et à contribuer financièrement à l’effort de relèvement et de reconstruction de l’Afghanistan, et l’encourage à fournir une assistance par l’intermédiaire du budget de développement national de l’Administration transitoire et à centrer son attention sur le renforcement des capacités. En présentant ce texte, le représentant de l’Allemagne, qui a également conduit la mission du Conseil de sécurité en Afghanistan en novembre dernier, a annoncé que son Gouvernement envisageait de déployer de nouvelles unités, dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (FIAS) et sous commandement de l’OTAN, afin de permettre un déploiement de ces forces en dehors de Kaboul.
De nombreux défis restent à relever, a estimé ensuite le représentant de l’Afghanistan, reconnaissant que la reconstruction et la réhabilitation ne progressaient pas de façon satisfaisante et évoquant la frustration croissante de la population. La culture et le trafic de drogues ont repris notamment en raison de la pauvreté, a indiqué le représentant, signalant en outre la précarité de la situation en matière de sécurité à laquelle doit faire face le Gouvernement intérimaire dans certaines régions de l’Afghanistan. La réalité est que l’insécurité qui se manifeste dans l’est, le sud-est et le sud du pays est le fait de factions nostalgiques du régime taliban liées à des réseaux terroristes. Il n’y a pas de lien entre les incendies d’écoles de filles ou le meurtre de membres du personnel d’assistance et les prétentions ethniques faussement présentées par des analystes mal informés, a estimé le représentant, avant de déclarer que les groupes Taliban et les éléments d’Al-Qaida qui continuent de menacer l’Afghanistan se sont réfugiés de l’autre côté de la frontière sud du pays. Cette menace doit être éliminée avec la coopération déterminée du Gouvernement du Pakistan, a-t-il souligné.
S’inquiétant à son tour de voir la détérioration de la sécurité saper le processus de paix en Afghanistan, le Ministre pakistanais du logement et du travail, Syed Safwan Ullah, a insisté entre autres sur la mise en oeuvre d’un processus accéléré de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants. Condamnant ensuite les actions de déstabilisation commises par les Taliban, le Ministre a invité la communauté internationale à ne pas faire l’amalgame en associant les Pachtounes aux Taliban. Le Pakistan ne peut être utilisé comme base arrière pour déstabiliser l’Afghanistan, a-t-il assuré, mettant en avant les travaux de la commission trilatérale -Afghanistan, Etats-Unis et Pakistan- pour garantir la sécurité dans la région. Le Pakistan a déployé 70 000 militaires supplémentaires le long des 2 500 kilomètres de frontière avec l’Afghanistan, a indiqué le Ministre, considérant que le moment était venu de cesser les accusations et de prendre des décisions sérieuses. Le Gouvernement afghan devrait avant tout procéder à la démilitarisation de Kaboul, ville qui demeure selon lui sous le contrôle de certains chefs de guerre qui défient l’Accord de Bonn.
L’Assemblée avait auparavant adopté sans vote trois résolutions sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des Nations Unies, y compris l’assistance économique spéciale. Ces trois textes**, présentés par le Maroc, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et par l’Afrique du Sud, au nom du Groupe africain, portent sur la « Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement », sur l’« Aide humanitaire d’urgence à l’Ethiopie » et sur l’« Aide humanitaire d’urgence au Malawi ». L’adoption du projet de résolution sur l’Assistance au peuple palestinien a été reportée au mardi 9 décembre 2003. Par ailleurs, l’Assemblée a reporté à sa cinquante-neuvième session l’examen du point de son ordre du jour intitulé « Conséquences de l’occupation du Koweït par l’Iraq et de l’agression iraquienne contre le Koweït ».
Outre celles déjà citées, les délégations suivantes ont pris la parole au cours du débat sur la situation en Afghanistan: Italie (au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés), Norvège, Bangladesh, Malaisie, Egypte, Inde, Turquie, Ukraine, République islamique d’Iran, Kazakhstan, Japon, Fédération de Russie, Thaïlande, République de Corée, Tadjikistan et Népal.
L’Assemblée générale reprendra ses travaux lundi, 8 décembre, à 10 heures.
* Le projet de résolution est paru sous la cote A/58/L.32.
** Ces textes sont publiés sous les cotes A/58/L.34, A/58/L.22 et A/58/L.35.
RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE
Assistance économique spéciale à certains pays ou régions
Aide humanitaire d’urgence à l’Éthiopie (A/58/L.22)
Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale, vivement préoccupée par l’ampleur de la sécheresse chronique qui frappe des millions de personnes en raison des lourdes pertes de récoltes dans les parties du pays sujettes à la sécheresse et constatant avec une grave préoccupation cette situation humanitaire catastrophique et ses incidences socioéconomiques et environnementales à long terme, engage la communauté internationale à réagir en temps opportun à l’appel conjoint à l’aide d’urgence en faveur de l’Ethiopie lancé pour 2004 par le Gouvernement éthiopien et par les Nations Unies, ainsi qu’à répondre aux besoins urgents d’interventions dans le cadre du programme de 2004, qui cherche à remédier aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et résoudre les questions de redressement, de protection des ressources et de développement durable des zones touchées.
L’Assemblée générale accueille en outre avec satisfaction le programme établi par le Groupe d’intervention pour la sécurité alimentaire et engage la communauté internationale à aider le Groupe d’intervention à réaliser son principal objectif, qui consiste à rompre le cercle vicieux de la dépendance à l’égard de l’aide alimentaire dans un délai de trois à cinq ans, de façon à permettre à 15 millions d’Ethiopiens vulnérables de s’adonner à des activités productives durables. Elle se félicite également de l’initiative prise par le Secrétaire général de nommer un envoyé spécial pour la crise humanitaire dans la corne de l’Afrique, avec pour mission de mobiliser des ressources pour une aide d’urgence et pour le développement durable des zones touchées et invite le Bureau de la coordination des affaires humanitaires du Secrétariat à continuer de chercher comment améliorer la mobilisation d’une aide d’urgence pour couvrir les besoins humanitaires existant encore actuellement en Éthiopie.
Enfin, l’Assemblée générale demande à tous les partenaires du développement d’intégrer des opérations de secours dans le redressement, la protection des ressources et le développement à long terme et de s’attaquer aux causes profondes de la sécheresse chronique en Éthiopie, dans le sens indiqué notamment dans le document stratégique pour la réduction de la pauvreté, au moyen, entre autres, de stratégies visant à prévenir de pareilles crises à l’avenir et qui renforcent la capacité de résistance de la population et elle encourage le Gouvernement éthiopien à intensifier encore les efforts qu’il fait pour remédier aux causes structurelles profondes des menaces chroniques de sécheresse.
Aide humanitaire d’urgence au Malawi (A/58/L.35)
Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale, préoccupée de ce que le Malawi reste exposé à des catastrophes naturelles comme la sécheresse, les inondations et les fortes pluies, et profondément inquiète de ce que la propagation rapide du virus du VIH/sida ait aggravé la vulnérabilité des collectivités, et de ce que la capacité de l’économie nationale pour absorber de tels chocs ait été fortement amenuisée, prie le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de continuer à chercher des moyens d’améliorer l’efficacité du processus des appels globaux de l’Organisation des Nations Unies.
L’Assemblée générale demande également à tous les Etats d’adopter, s’il le faut, et de continuer à appliquer efficacement les mesures nécessaires, législatives et autres, pour atténuer les effets des catastrophes naturelles, notamment dans le domaine de la prévention –dont la réglementation des constructions et l’aménagement du territoire- ainsi que par l’alerte précoce, la prévoyance des catastrophes et l’édification des capacités de réaction, et prie dans ce contexte la communauté internationale de continuer à aider le Malawi en cas de besoin. Elle signale en outre l’importance d’une coopération internationale accrue, englobant l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, pour aider le Malawi à se doter des moyens voulus et pour prévoir les catastrophes naturelles, s’y préparer et y réagir. Enfin, elle exhorte la communauté internationale à continuer d’appuyer la lutte du Malawi contre la pandémie du VIH/sida, la pauvreté et la malnutrition pour lui permettre de mieux réagir en cas de catastrophe naturelle.
Présentation
M. ANDRIES OOSTHUIZEN (Afrique du Sud), présentant au nom du Groupe africain les projets de résolution sur l’aide humanitaire d’urgence à l’Ethiopie et sur l’aide humanitaire d’urgence au Malawi, a plaidé pour leur adoption par consensus en raison de la situation humanitaire catastrophique qui menace ces deux pays. La crise alimentaire provoquée par deux années consécutives de sécheresse au Malawi, aggravée par la pandémie du VIH/sida, exige une réponse urgente de la communauté internationale pour faire face à la menace de crise humanitaire, a souligné le représentant.
Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement (A/58/L.34)
Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale, soulignant que les autorités nationales doivent renforcer la capacité de résistance des populations aux catastrophes, notamment en appliquant la Stratégie internationale de prévention des catastrophes pour atténuer les risques auxquels sont exposées ces populations, leurs moyens de subsistance, leur infrastructure économique et sociale et leurs ressources naturelles, et soulignant également l’importance de la coopération internationale à l’appui de l’État touché, à tous les stades, se déclare vivement préoccupée par le nombre et l’ampleur des catastrophes naturelles et par leurs effets croissants, en particulier dans les pays vulnérables qui n’ont pas les moyens de mener une action efficace pour atténuer les répercussions à long terme de ces catastrophes sur les plans social, économique et écologique.
L’Assemblée générale engage également tous les Etats à adopter, si ce n’est déjà fait, et à continuer d’appliquer résolument des mesures appropriées, notamment sur le plan législatif, visant à atténuer les effets des catastrophes naturelles, parmi lesquelles des mesures préventives, y compris en ce qui concerne les règlements en matière d’occupation des sols et de construction, ainsi que la planification préalable et la création de moyens d’action pour faire face aux catastrophes et en atténuer les effets, et à cet égard prie la communauté internationale de continuer à aider les pays en développement selon les besoins. En outre, elle insiste, sur l’importance d’une meilleure coopération internationale, notamment par l’intermédiaire des organismes des Nations Unies et des organisations régionales, en vue d’aider les pays en développement dans l’action qu’ils mènent pour acquérir des capacités qui leur permettent de prévoir les catastrophes naturelles, de s’y préparer et d’y réagir.
L’Assemblée générale préconise par ailleurs une utilisation plus poussée des techniques de télédétection spatiales et terrestres pour prévenir les catastrophes naturelles, en atténuer les effets et les gérer, selon les besoins et préconise également la mise en commun par les gouvernements, les agences spatiales et les organismes internationaux d’aide humanitaire concernés, selon qu’il conviendra lors de telles opérations, de données géographiques, y compris des images obtenues par télédétection ainsi que des données provenant des systèmes d’information géographique et du système mondial de localisation, et note à cet égard les initiatives en cours, notamment celles entreprises dans le cadre de la Charte internationale Espace et catastrophes majeures et par le Réseau mondial d’information en matière de catastrophes.
Enfin, elle engage en outre les organismes des Nations Unies et les organisations régionales à continuer de coopérer en vue d’accroître les moyens d’intervention desdites organisations face aux catastrophes naturelles et engage aussi les Etats qui ne l’ont pas encore fait à envisager d’adhérer à la Convention de Tampere sur la mise à disposition de ressources de télécommunication pour l’atténuation des effets des catastrophes et pour les opérations de secours en cas de catastrophe, adoptée à Tampere (Finlande) le 18 juin 1998, ou de la ratifier.
Présentation
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et présentant le projet de résolution A/58/L.34, M. LOFTI BOUCHAARA (Maroc) a déclaré que le soutien croissant dont bénéficie cette résolution peut s’expliquer par la nature de son sujet, les catastrophes naturelles qui, par leur ampleur, leur intensité, leur fréquence et leurs conséquences dramatiques, touchent l’ensemble de la planète. On a donc pu assister à la fois à une prise de conscience collective quant à la nécessité d’oeuvrer de concert en terme de prévention, mais aussi d’atténuer les conséquences des catastrophes naturelles lorsqu’elles se produisent, mais aussi quant à l’urgence d’un renforcement de la coopération internationale dans ce domaine. C’est pourquoi, le projet de résolution soumis aujourd’hui à l'Assemblée générale réitère la nécessité de renforcer celle-ci dans la fourniture de l’aide humanitaire à tous les stades d’une catastrophe depuis les secours, l’atténuation de ses effets jusqu’à l’aide au développement notamment par une bonne utilisation des mécanismes multilatéraux et par l’apport de ressources adéquates.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET SES CONSÉQUENCES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES; ASSISTANCE INTERNATIONALE D’URGENCE POUR LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX ET DE LA NORMALITÉ EN AFGHANISTAN ET POUR LA RECONSTRUCTION DE CE PAYS DÉVASTÉ PAR LA GUERRE
Rapport du Secrétaire général (A/58/616) à paraître ultérieurement
La situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/58/L.32)
L’Assemblée générale, convaincue qu’une consolidation politique visant à instaurer en Afghanistan une constitution pluraliste et démocratique et à établir dans le pays un gouvernement reposant sur une large assise, multiethnique, pleinement représentatif et soucieux de l’équité entre les sexes, respectant la légalité, les droits fondamentaux de tous les Afghans et les obligations internationales de l’Afghanistan et résolu à entretenir des relations pacifiques avec tous les pays, peut aboutir à une paix et une réconciliation durables, réitère son ferme appui à l’Administration transitoire en vue de la pleine application de l’Accord de Bonn, approuve les priorités qu’elle a fixées dans le Cadre de développement national et dans le budget national, à savoir : la remise en état de l’infrastructure économique; le renforcement du Gouvernement central; le processus constitutionnel; la constitution d’une armée nationale et d’une force de police placées sous autorité civile; la réalisation sous contrôle d’une opération équitable de désarmement, de démobilisation et de réinsertion ainsi que de déminage; la restauration de l’appareil judiciaire; le respect des droits de l’homme; et la lutte contre la production illicite et le trafic de drogues; et exhorte la communauté internationale à appuyer les efforts déployés dans ces domaines.
L’Assemblée générale souligne ensuite l’importance fondamentale de la Loya Jirga constitutionnelle et des élections prévues en 2004, selon le calendrier de l’Accord de Bonn pour la création d’un gouvernement représentatif et appelle l’attention sur la nécessité d’assurer la participation large et ouverte de tous les Afghans, y compris les femmes, à la recherche d’une solution politique dans un climat de sécurité. Elle réaffirme enfin qu’il importe que les femmes participent pleinement et sur un pied d’égalité à la vie politique, civile, économique, culturelle et sociale dans tout le pays et soient représentées dans tous ces domaines, et demande à l’Administration transitoire de protéger et promouvoir l’égalité de droits des hommes et des femmes. A cet égard, elle prend note de la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes par l’Afghanistan, le 5 mars 2003.
Section B
Assistance internationale d’urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre
L’Assemblée générale, gravement préoccupée par la persistance des séquelles de plusieurs décennies de conflit en Afghanistan, par le problème que constituent les millions de mines terrestres antipersonnel et les munitions non explosées, ainsi que par les informations faisant état de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans certaines parties du pays, souligne que c’est essentiellement au peuple afghan lui-même qu’il incombe d’apporter une solution à la crise humanitaire, et l’engage vivement à poursuivre ses efforts de réconciliation nationale.
Elle prie aussi instamment tous les groupes afghans de soutenir activement l’Administration transitoire dans l’accomplissement des obligations qui lui incombent en vertu de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, de coopérer pleinement avec le programme de lutte antimines que coordonne l’Organisation des Nations Unies et de procéder à la destruction de tous les stocks existants de mines terrestres.
L’Assemblée invite ensuite instamment la communauté internationale à participer activement et à contribuer financièrement à l’effort de relèvement et de reconstruction, et l’encourage à fournir une assistance par l’intermédiaire du budget de développement national de l’Administration transitoire et à centrer son attention sur le renforcement des capacités des Afghans.
Elle demande aussi à l’Administration transitoire et à la communauté internationale d’intégrer une perspective sexospécifique dans tous les programmes d’aide humanitaire, de relèvement et de construction futurs et de promouvoir activement la participation entière et sur un pied d’égalité des hommes et des femmes à ces programmes, et souligne à cet égard l’importance du poste de conseiller principal pour l’égalité des sexes.
L’Assemblée demande enfin à l’Administration transitoire afghane, agissant avec l’appui de la communauté internationale, de créer pour les réfugiés et les déplacés afghans les conditions d’un retour volontaire, durable, sans risque et dans la dignité, se félicite à cet égard du lancement du Programme de développement national par zone et du Programme de solidarité national, et invite la communauté internationale à assurer un financement suffisant à ces programmes qui contribuent notamment à la réinstallation des réfugiés et des déplacés afghans.
Présentation
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne), présentant au nom de ses coauteurs, le projet de résolution sur l’assistance internationale d’urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre, a rappelé que la signature de l’Accord de Bonn, il y a exactement deux ans, avait ouvert la voie à la reconstruction sociale et économique et à la normalisation politique de l’Afghanistan. Retraçant ensuite les progrès enregistrés, notamment dans la rédaction d’une nouvelle constitution, dans la mise en place d’une administration, dans la démobilisation des anciens combattants, M. Pleuger a toutefois estimé que des efforts devaient être faits dans quatre domaines. Le Gouvernement afghan doit être plus représentatif des minorités, en particulier dans le domaine de la sécurité, où un effort doit être mené dans ce domaine et dans la lutte contre le terrorisme; le Gouvernement doit accélérer la reconstruction dans tout le pays; et la culture du pavot doit être éradiquée par l’introduction de cultures de substitution, a jugé le représentant allemand.
Ces efforts sont prioritaires comme l’a constaté le Conseil de sécurité sur le terrain, le mois dernier, a dit M. Pleuger, qui présidait la mission des 15 membres du Conseil de sécurité en Afghanistan, avant de souligner que le projet de résolution invite la communauté internationale à soutenir le processus en Afghanistan et réaffirme la nécessité de faire participer tous les Afghans à la reconstruction de leur pays. Le personnel humanitaire a été victime d’attaques terroristes à de nombreuses reprises ces derniers mois, a déploré M. Pleuger, insistant tout particulièrement sur la protection des agents humanitaires. Enfin, se tournant vers la communauté internationale, le représentant a souligné l’importance de prendre en compte les conditions de vie précaires des femmes et des enfants en Afghanistan, ainsi que la nécessité d’accélérer le processus de retour et de réinstallation des réfugiés. Il a enfin assuré du soutien constant de l’Allemagne dans le domaine de la formation de la police et de l’armée en Afghanistan, et indiqué que son Gouvernement avait prévu d’augmenter le nombre de ses troupes déployées dans le cadre de la FIAS afin de faciliter son expansion au-delà de Kaboul. Enfin, M. Pleuger a demandé aux Etats Membres d’honorer les engagements pris lors de la Conférence de Tokyo.
Déclarations
M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) a rappelé qu’au cours de ces deux dernières années, après la signature de l’Accord de Bonn, l’Autorité intérimaire afghane avait été créée. Elle avait dirigé le pays jusqu’à la convocation de la Loya Jirga d’urgence en juin 2002. Cet organe peut être considéré comme le gouvernement le plus représentatif qu’ait connu l’Afghanistan dans son histoire récente. Aucun groupe ethnique n’a été ignoré, a-t-il indiqué, et tous les groupes ont une histoire commune marquée par le patriotisme. L’Autorité transitoire gouvernera le pays jusqu’à ce que des élections nationales soient tenues en 2004. Les réalisations des deux dernières années ont été notables, en particulier en ce qui concerne le retour d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées, la mise en oeuvre du programme scolaire, la restauration des droits fondamentaux des femmes et notamment leur participation à la vie politique, civile, économique et sociale du pays, l’introduction d’une nouvelle monnaie et l’élaboration d’un budget, le lancement d’un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration et surtout, récemment, l’élaboration d’un projet de constitution pour l’Afghanistan.
Il reste de nombreux défis à relever, a fait remarquer le représentant, soulignant que la reconstruction et la réhabilitation ne progressent pas de façon satisfaisante, comme l’a bien noté la mission du Conseil de sécurité dans le pays. La population ressent une frustration croissante, du fait de l’absence de dividendes de la paix et de bénéfices tangibles. La culture et le trafic de drogues ont repris, notamment en raison de la pauvreté. L’insécurité dans certaines régions de l’Afghanistan est un autre défi auquel le Gouvernement afghan doit faire face, a déclaré M. Farhadi, remerciant à cet égard l’Ambassadeur Pleuger de l’Allemagne pour son rapport au Conseil de sécurité. Le Gouvernement du Président Karzaï a pris des mesures pour faire face à ces incidents, mais les dirigeants locaux ont rappelé leur allégeance politique au Gouvernement, et ils participent au débat sur l’élaboration du nouveau projet de constitution, ainsi que sur l’élection présidentielle de 2004. La réalité est que l’insécurité qui se manifeste à l’est, au sud-est et au sud du pays provient de factions nostalgiques du régime des Taliban qui ont des liens avec les réseaux terroristes; elles ne sont pas dues à la frustration ou au défaut de représentation d’un groupe ethnique en Afghanistan. Il n’y a pas de lien entre les incendies d’écoles de filles ou le meurtre de membres du personnel d’assistance et les prétentions ethniques faussement présentées par des analystes mal informés. Il apparaît maintenant clairement que le recrutement de combattants et de fonds se fait avec le consentement explicite ou implicite des autorités locales de notre voisin du sud, a déclaré M. Farhadi.
Le reste des groupes Taliban et d’Al-Qaida continuent de menacer l’Afghanistan et se sont réfugiés de l’autre côté de notre frontière au sud. Cette menace doit être éliminée avec la coopération déterminée du Gouvernement du Pakistan. Nous pensons qu’à une majorité écrasante, le peuple du Pakistan, comme le peuple afghan, ne souhaite être pris en otage par des terroristes extrémistes qui déforment leur foi et leurs aspirations, et qui s’opposent à la paix et au progrès. Le représentant de l’Afghanistan a remercié la communauté internationale et les organisations non gouvernementales pour leurs efforts dans le processus de reconstruction. Un accord de principe a été réalisé sur l’extension de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (FIAS) au-delà de Kaboul. Dans le cadre de sa première mission hors d’Europe, l’OTAN a pris le commandement des forces de la FIAS au-delà de Kaboul. Les unités allemandes de l’OTAN ont commencé le déploiement d’équipes de reconstruction provinciales dans la ville de Kunduz, au nord du pays. Nous espérons que ce projet pourra être étendu à d’autres centres urbains du pays, a déclaré M. Farhadi.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, M. ALDO MANTOVANI (Italie) a salué les progrès significatifs accomplis par l’Afghanistan dans la mise en oeuvre de l’Accord de Bonn, notamment en ce qui concerne le processus de reconstruction aussi bien que le retour d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées. Si l’Union européenne s’est également félicitée de la récente publication du projet de constitution, elle a déploré en revanche l’absence de sécurité dans de nombreuses régions, en raison du terrorisme, des affrontements entre factions et du trafic de drogues qui affectent les processus politique et de reconstruction, particulièrement dans les zones sud et sud-est du pays. Dans cette perspective, l’Union européenne rappelle l’importance de réformer le secteur de la sécurité, en reconstituant une armée nationale et une police afghanes, aussi bien que celui de la justice. Le représentant s’est dit également préoccupé par l’augmentation de la culture du pavot, qui a progressé de 8% entre 2002 et 2003, autant que par la production illégale et le trafic de stupéfiants en Afghanistan. A cet égard, l’Union européenne a toutefois salué la Stratégie de lutte nationale contre les stupéfiants et réaffirme son engagement à soutenir l’élimination de la culture du pavot, notamment en offrant des programmes de substitution et de développement alternatifs, a indiqué le représentant. Il a ensuite souligné qu’une étape importante du processus de Bonn est la préparation des élections prévues pour l’année prochaine, et pour laquelle l’Union européenne a fourni une assistance considérable à l’Afghanistan. Les efforts et l’assistance de la communauté internationale devraient contribuer à renforcer l’autorité de l’Administration transitoire et la capacité du peuple afghan à consolider la paix dans le pays, à le reconstruire ainsi que ses institutions. Enfin, bien que la situation des droits de l’homme se soit améliorée, particulièrement ceux des femmes, le représentant a rappelé les engagements pris par l’Administration transitoire en vertu de l’Accord de Bonn pour les faire respecter.
M. SYED SAFWAN ULLAH, Ministre du logement et du travail du Pakistan, a salué les efforts de l’Afghanistan, deux ans après la signature de l’Accord de Bonn, sur les plans de la normalisation politique et de la reconstruction économique. Cependant, la situation en matière de sécurité qui s’aggrave de plus en plus pourrait saper le processus en cours dans le pays, a observé le Ministre, s’inquiétant de la puissance des Taliban, du rôle négatif des chefs de factions et de la progression de la culture du pavot. Agir dans ces trois domaines constitue un préalable pour assurer la sécurité indispensable, au-delà de la ville de Kaboul, à la reconstruction et au relèvement de l’Afghanistan, a indiqué le Ministre, se félicitant à ce titre de la décision prise par l’OTAN d’accroître sa présence dans le pays. M. Ullah a plaidé pour un processus accéléré de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants, pour un contrôle, dans l’est et le sud, de la recrudescence des exactions commises par les Taliban. Toutefois, tous les Pachtounes ne sont pas associés aux Taliban, a insisté le Ministre, assurant que le sol pakistanais ne saurait être utilisé comme base arrière de la déstabilisation de l’Afghanistan.
Grâce à la commission trilatérale entre l’Afghanistan, les Etats-Unis et le Pakistan, nous collaborons étroitement à la sécurisation de la région, a indiqué le Ministre, ajoutant que 70 000 militaires supplémentaires pakistanais avaient été déployés le long des 2 500 kilomètres de frontière entre les deux pays. Il faut maintenant cesser de s’accuser et prendre des décisions sérieuses en procédant avant tout à la démilitarisation de Kaboul, ville qui demeure sous le contrôle de certains chefs de guerre qui défient l’Accord de Bonn, a protesté le Ministre, assurant que son pays entendait combattre le terrorisme en Afghanistan. Le Pakistan est favorable à une intégration économique régionale accrue de l’Afghanistan, a dit M. Ullah, réitérant l’intérêt de son pays pour la construction d’un gazoduc entre le Pakistan, le Turkménistan et l’Afghanistan. Enfin, nous espérons que les millions de réfugiés afghans présents en Iran et au Pakistan, soit 10% de la population afghane, seront associés au processus de normalisation politique et pourront siéger au sein du Parlement, a conclu le Ministre.
M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a estimé que l’établissement de la sécurité dans toutes les provinces de l’Afghanistan était la clef de la réussite d’un processus de paix irréversible. En outre, il a insisté sur la nécessité de mettre en place une armée nationale multiethnique, une force de police efficace, ainsi qu’un système judiciaire opérationnel pour faire face à cette fragile situation en matière de sécurité. A cet égard, le représentant a exhorté l’Autorité transitoire à achever les réformes du Ministère de la défense, indispensable au succès du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion. Il s’est également dit préoccupé par le nombre croissant d’attaques perpétrées contre le personnel humanitaire et de l’ONU et a estimé que tous les efforts devaient être faits pour inverser cette nouvelle tendance qui veut que le personnel humanitaire soit lui aussi pris pour cible dans les conflits.
Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur l’importance de la mise en place d’un processus de réconciliation nationale entre tous les Afghans, de même qu’un processus électoral et politique crédible qui permettrait d’unifier toutes les factions de la société afghane. Evoquant en outre un certain nombre de préoccupations, il s’est dit particulièrement concerné par la menace que représentait l’expansion du marché de la drogue pour le pays et pour la région dans son ensemble, estimant qu’elle risquait de mettre en péril la stabilité politique et de renforcer la culture de la corruption. Le représentant a donc jugé essentiel que le problème soit envisagé selon une approche multidimensionnelle, incluant à la fois la mise en place de programmes de subsistance alternative et le renforcement des lois répressives. Enfin, il a fait valoir la contribution de son pays à l’égard de l’assistance au développement de l’Afghanistan, à hauteur de 50 millions de dollars pour l’année 2003.
M. AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) s’est félicité de voir les enfants afghans à nouveau dans les écoles, ainsi que du retour de plus de deux millions de réfugiés dans leur foyer et de la fin progressive de la marginalisation de la femme dans la société afghane. Cependant, il s’est dit préoccupé par la situation en matière de sécurité encore précaire dans le pays, et notamment par les combats entre factions et les « crimes de drogues », jugeant à cet égard essentiel que l’unité et la réconciliation nationale soient renforcées. Nous exhortons la population afghane à mettre fin aux luttes internes et à coopérer activement avec la communauté internationale pour établir la paix et la sécurité pour les générations futures, a-t-il ajouté. Insistant par ailleurs sur l’importance de la sécurité du personnel humanitaire, le représentant a salué la décision du Conseil de sécurité d’étendre le mandat de la FIAS au-delà de la capitale. Il a enfin rappelé que son pays avait contribué à l’aide d’urgence pour l’Afghanistan à hauteur d’un million de dollars et qu’il avait également fait partager certaines de ses réussites sociales, comme le microcrédit, l’éducation primaire informelle ou l’emploi des femmes, avec l’Afghanistan.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) s’est déclaré préoccupé de la situation en matière de sécurité, qui continue d’être difficile dans de nombreuses régions d’Afghanistan, malgré l’expulsion du régime des Taliban. Le groupe allié à Hekmatyar a aussi causé des difficultés dans les régions proches de Kaboul. Le fait que le Gouvernement ne soit en mesure d’exercer son autorité qu’à Kaboul et dans ses environs devrait constituer une grave cause de préoccupation pour la communauté internationale. La sécurité est l’aspect le plus important d’un aboutissement fructueux des efforts de consolidation de la nation: c’est pourquoi, la délégation de la Malaisie soutient le déploiement de la Force internationale de sécurité en Afghanistan hors de Kaboul. L’assistance économique demeure cruciale, a fait remarquer le représentant qui salue à cet égard les efforts entrepris par le gouvernement intérimaire, la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et les organisations non gouvernementales. Des efforts considérables ont été accomplis en 2003 pour rétablir la démocratie dans le pays, et l’annonce de l’élaboration d’un projet de constitution est tout à fait satisfaisante. M. Isa a noté que le problème de la drogue demeurait préoccupant, avec la reprise de la culture du pavot. Les agriculteurs doivent pouvoir disposer de récoltes de substitution rentables. Parallèlement, la communauté internationale doit lutter contre les trafiquants de drogues, qui peuvent utiliser les revenus de ces récoltes pour financer des activités terroristes. Le processus de désarmement, démobilisation et réintégration, qui a reçu un appui lors de la Conférence de Tokyo du 22 février 2003, mérite d’être salué. Le Mouvement des pays non alignés, la Malaisie réaffirme son engagement indéfectible en faveur de l’Afghanistan, comme le soulignait l’Acte final de son XIIIe Sommet de Kuala Lumpur, en février dernier, a rappelé le représentant de la Malaisie, qui assure la présidence du Mouvement.
M. AMR ABOUL ATTA (Egypte) a réaffirmé la nécessité de reconstruire l’Afghanistan dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. A cet égard, il a rappelé l’objectif de la communauté internationale, qui appelle à la création d’un Etat démocratique qui entretienne de bonnes relations avec les autres pays de la région. Le représentant s’est ensuite félicité de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1510 (2003) qui proroge le mandat de la FIAS. L’Egypte, agissant dans le cadre des Nations Unies, cherche d’ailleurs à accroître son rôle en Afghanistan, en favorisant le processus de reconstruction politique. Le représentant a enfin détaillé les étapes indispensables d’un tel processus, affirmant notamment que tous les éléments de la société afghane devaient participer à ce processus, et qu’il fallait maintenir et renforcer l’aide et le soutien financier à l’Afghanistan, accélérer la constitution d’une armée pour sécuriser les zones frontalières, accélérer aussi l’amélioration de la situation des droits de l’homme, et enfin mettre un terme à la culture du pavot, la production et le trafic de stupéfiants.
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a souligné la portée et les changements profonds intervenus en Afghanistan depuis la signature de l’Accord de Bonn, il y a deux ans, avant d’insister sur la nécessité de mettre en oeuvre les prochaines étapes de cet Accord concernant les domaines de la reconstruction économique, de l’intégration politique et de la restauration de la sécurité. Malheureusement, a-t-il constaté, le désir du peuple afghan d’aller de l’avant continue d’être fragilisé par les Taliban et les factions qui gravitent autour d’eux et déstabilisent le sud et le sud-est du pays. C’est pourquoi, nous invitons les pays voisins de l’Afghanistan à mettre en oeuvre la Déclaration sur le bon voisinage signée à Kaboul, a dit M. Nambiar, estimant que la stabilité de l’Afghanistan ne peut être atteinte sans la coopération des Etats voisins. De même, évoquant la production d’héroïne en Afghanistan qui peut fournir les trois-quarts de la consommation mondiale, le représentant de l’Inde a mis en garde contre le lien étroit entre ce phénomène et celui du terrorisme et invité de nouveau les voisins de l’Afghanistan à soutenir les efforts du Gouvernement du Président Karzaï pour éradiquer ce fléau. L’Afghanistan se trouve à la croisée des chemins entre l’anarchie et la stabilité, a observé ensuite le représentant de l’Inde, soulignant que la communauté internationale n’avait d’autre choix que de soutenir fermement le processus de normalisation en cours.
M. ÜMIT PAMIR (Turquie) a rappelé que son pays s’était aligné sur la déclaration de l’Union européenne, et qu’il était coparrain du projet de résolution présenté ce matin. La partie du projet de texte concernant la situation humanitaire est aussi importante que celle concernant la situation politique et sécuritaire, a indiqué le représentant. Nous déplorons la reprise des violences au cours des récents mois, a déclaré M. Pamir, et il est important de promouvoir le principe essentiel de « l’indivisibilité de la sécurité ». Les questions relatives à la sécurité devraient suivre une approche globale, afin d’empêcher que les failles créées de notre propre fait ne soient exploitées par des forces destructrices. La Turquie soutient le commandement assumé par l’OTAN à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan. L’OTAN a d’ailleurs nommé M. Hikmet Cetin, ex-Ministre turc des affaires étrangères, et Président du Parlement, au poste de Haut Représentant civil en Afghanistan. Nous suivons de très près la reconstruction politique dans le pays. Il est important d’assurer des chances égales à toutes les entités. L’histoire récente du pays a montré qu’aucun groupe unique ne devrait s’efforcer de régner sur les autres. Nous demandons également à tous les groupes de mener des programmes capables de s’intégrer aux politiques du pays, et qui ne répondent pas seulement à leurs propres préoccupations. La Turquie a salué les efforts de la MANUA et de l’Administration transitoire en Afghanistan.
M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a salué le travail impressionnant accompli au cours de ces deux dernières années par l’Administration transitoire pour la mise en oeuvre de l’Accord de Bonn, notamment dans les domaines où l’aide de l’ONU est manifeste, comme la campagne fructueuse pour assurer le retour des enfants à l’école, l’introduction d’une nouvelle monnaie afghane et la restauration du système financier, l’accroissement de la production agricole et le retour volontaire massif des réfugiés sur leur terre natale. Toutefois, le représentant a exprimé sa préoccupation devant les problèmes de sécurité auxquels fait face l’Afghanistan. Il a réaffirmé qu’il est essentiel que la communauté internationale apporte son soutien à l’Afghanistan, se félicitant à cet égard de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1510 (2003) et de l’extension du mandat de la FIAS. L’Ukraine appuie également les efforts de la communauté internationale pour créer une armée et une police afghanes, qui seront acceptées par la majorité du peuple afghan. Le représentant a estimé que la paix et la stabilité en Afghanistan dépendent de l’engagement de la communauté internationale dans les domaines de l’assistance humanitaire, de la réhabilitation et de la reconstruction du pays. A cet égard, elle a pris note de la réaffirmation par la communauté des donateurs de leurs engagements en faveur de l’Afghanistan lors de la Conférence de Dubaï le 21 septembre 2003. Enfin, M. Kuchinsky s’est dit préoccupé par la production de stupéfiants et la culture du pavot, qui constituent une menace pour la paix et la sécurité dans la région et tout spécialement pour l’Ukraine, qui est potentiellement un pays de transit pour le trafic qui en découle.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a salué l’élaboration d’un projet de constitution, la préparation de la Loya Jirga constitutionnelle et le début du processus d’enregistrement sur les listes électorales dans le cadre de la préparation des élections. Tout en se félicitant de l’intérêt dont font montre les Afghans pour défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté de leur pays, il a souligné l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour remédier à l’insécurité, aux luttes entre factions et au trafic de drogues et restaurer la sécurité et la paix en Afghanistan. Il a souligné qu’il est important de ne pas laisser les Taliban et Al-Qaida interrompre ou retarder la mise en œoeuvre de l’AIl ccord de Bonn. C’est pourquoi, il est nécessaire que tous les groupes ethniques afghans, y compris les Pachtounes, de pouvoir jouir pleinement de leurs droits en tant que citoyens afghans et d’être équitablement représentés au sein du Gouvernement central. Il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts du Gouvernement afghan et des pays voisins dans le domaine de la lutte contre le trafic de drogues. Il est urgent, a estimé le représentant, d’accroître l’autorité du Gouvernement central sur l’ensemble du pays, notamment par le biais d’un renforcement de l’armée et de la police, des institutions centrales et du contrôle sur l’économie. Il a réitéré l’engagement de son pays à aider le Gouvernement afghan à contrôler les frontières conformément à la Déclaration de Kaboul sur les relations de bon voisinage du 22 décembre 2002 ainsi qu’à participer aux efforts de reconstruction conformément aux engagements pris lors de la Conférence de Tokyo. Il a conclu en insistant sur le rôle que doivent continuer de jouer la communauté internationale, les pays voisins et le système des Nations Unies pour garantir la durabilité des récents développements positifs.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a rappelé que la mise en place de l’Administration transitoire devait permettre le rétablissement de la paix et la sécurité en Afghanistan. Pour mettre en oeuvre pleinement l'Accord de Bonn, il a insisté sur le fait qu’il était nécessaire d’inscrire la sécurité dans l’effort de reconstruction politique nationale. Le représentant s’est également félicité que le mandat de la FIAS soit prorogé de façon à permettre que l’autorité de l'Administration transitoire s’étende à tout le territoire. Il a ajouté qu’il fallait remettre en place les structures économiques et faciliter le retour des réfugiés dans leur terre d'origine. Par ailleurs, il s’est félicité que la dernière visite des membres du Conseil de sécurité ait coïncidé avec la publication du projet de constitution. Il a toutefois préconisé la tenue d’une conférence de suivi du processus de Bonn pour contribuer à la pleine mise en oeuvre des engagements pris en vertu de l’Accord de Bonn. Il a conclu en appelant à ce que des ressources adéquates soient affectées à la lutte contre le trafic des stupéfiants illégaux et à l’élimination des factions terroristes.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a rappelé que 468 millions de dollars -sur les 500 réclamés- étaient actuellement consacrés à des projets précis relatifs à la reconstruction et à l’aide humanitaire en Afghanistan. En outre, son pays déploie des efforts pour réunir les 32 millions de dollars restant et, à ce titre, a décidé, le mois dernier, de faire un don supplémentaire de 20 millions de dollars afin de répondre aux besoins les plus urgents de l’Afghanistan. Par ailleurs, il a jugé essentiel que la sécurité intérieure du pays soit restaurée pour que le processus politique puisse avancer et que l’aide internationale soit attribuée efficacement. A cet égard, il s’est dit gravement préoccupé par un certain nombre de nouvelles menaces dans le pays, dont le mouvement de réunification des Taliban, le fait que les personnels humanitaires aient étés pris pour cibles à plusieurs occasions, l’augmentation de la production d’opium, ainsi que les obstacles posés à la promotion des droits de la femme. Faisant valoir par ailleurs que son pays était, avec les Nations Unies, à la tête du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, le représentant a appelé la communauté internationale à apporter son soutien à ce programme, dont le succès ne sera possible que s’il est mené de manière équitable et impartiale, a-t-il ajouté. A cet égard, il a insisté sur le rôle essentiel du Groupe des observateurs internationaux dans l’établissement du DDR.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que l’augmentation récente du nombre d’actes perpétrés par des extrémistes en Afghanistan, parmi lesquels d’anciens adeptes du régime taliban, constituait une grave menace pour la paix et la stabilité du pays. De toute évidence, les ennemis de la nation afghane et de la communauté internationale essayent aujourd’hui de saboter les réformes et de faire à nouveau plonger le pays dans le chaos et la guerre, a-t-il poursuivi. C’est pourquoi, il a jugé essentiel que la communauté internationale reste vigilante afin de prévenir l’infiltration de proches des Taliban au sein des nouvelles autorités du pays. S’agissant des réformes des forces armées et des questions de sécurité, le représentant a estimé qu’il fallait être très prudent, car il faut respecter à la fois une représentation équitable des groupes ethniques au sein des forces de sécurité, et s’assurer qu’ils consacrent toute leur énergie à reconstruire le pays et à combattre les Taliban et Al-Qaida. Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par la menace que représente la production et le trafic croissant de la drogue et a insisté sur la nécessité d’assurer la sécurité dans le pays et à ses frontières contre ce trafic. Le représentant a en outre appelé la communauté internationale à respecter les engagements pris en matière de contributions pour la reconstruction et la réhabilitation du pays et a souligné que la Russie était prête à mettre à profit son expérience technologique pour aider à la reconstruction de l’Afghanistan.
M. PRAVIT CHAMONGKOL (Thaïlande) a souligné que la situation en matière de sécurité est essentielle pour la réalisation de progrès durables dans le processus de consolidation de la nation qui, de l’avis de sa délégation, représente un défi particulier pour les Nations Unies. Il est tout aussi important de répondre aux besoins économiques et sociaux de la population, et c’est pourquoi la Thaïlande s’est engagée, lors de la Conférence de Tokyo de 2002, à assister l’Afghanistan dans ses domaines d’expertise, notamment en matière de reconstruction des infrastructures, de déminage, et de développement alternatif, notamment l’introduction de récoltes de substitution. Entre mars et septembre 2002, des ingénieurs militaires et des experts du déminage ont été envoyés par la Thaïlande en Afghanistan afin de commencer la rénovation de l’aéroport de Bagram. Une délégation de haut niveau menée par M. Mohammed Alim Razam, Ministre de l’industrie légère et du ravitaillement, a effectué une visite d’étude en Thaïlande, et a pu discuter de questions relatives à la coopération avec le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères thaïlandais. Cette délégation a pu également tirer les enseignements de la visite d’un programme d’élimination de l’opium dans le nord du pays, ainsi que d’autres projets agricoles de développement. La Thaïlande met aussi en place des programmes de développement des ressources humaines, pour répondre aux besoins des populations afghanes en matière d’agriculture, de développement rural, de formation et de développement des petites et moyennes entreprises. Afin d’offrir un cadre à ces activités de coopération, la Thaïlande procède actuellement à la normalisation de ses relations avec l’Afghanistan.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a estimé qu’en dépit des progrès significatifs réalisés en Afghanistan au cours de ces deux dernières années, la situation post-conflit du pays restait particulièrement complexe, notamment en ce qui concerne la sécurité, la bonne gouvernance et la reconstruction. Il est évident, a-t-il poursuivi, que les trois plus grandes sources d’instabilité sont le terrorisme, l’existence de factions et la production et le trafic de drogues. Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par les récentes attaques terroristes perpétrées contre du personnel humanitaire et a appelé, à cet égard, la communauté internationale à rester vigilante face à de tels actes et à leurs auteurs. Saluant la décision du Conseil de sécurité d’étendre le mandat de la FIAS au-delà de la capitale afghane, il s’est dit convaincu qu’elle permettrait de faire avancer efficacement le processus de Bonn en garantissant la sécurité du pays. Soulignant également combien la participation des Afghans eux-mêmes à ce processus était indispensable, le représentant a salué les diverses initiatives qui ont permis de développer la police nationale et l’armée afghane. La participation des Afghans à l’établissement de la sécurité de leurs pays permettra de mettre en place un environnement plus stable, indispensable à l’établissement de la Loya Jirga et à la tenue d’un processus électoral efficace, a-t-il ajouté.
M. HOMIDJON NAZAROV (Tadjikistan) a déclaré que le rétablissement de la paix était au cœur des préoccupations concernant l’Afghanistan. Le danger du scénario afghan est en effet facile à imaginer, a-t-il ajouté: l’absence de sécurité ne ferait que développer les foyers de terrorisme. Il a ensuite appelé à ce que les programmes de soutien au pays ne soient pas interrompus par manque de ressources. Pour sa part, Tadjikistan participe au programme d’aide à ce pays voisin, en dépit de ressources limitées, a indiqué le représentant, qui a réaffirmé que son territoire restait un couloir ouvert pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Par ailleurs, sa délégation espère que le Gouvernement du Président Karzaï permettra de mettre un terme au trafic de stupéfiants, a poursuivi M. Nazarov, à l’heure où la production d’opium épuise le pays, la culture du pavot étant aussi un problème international, en raison de l’écoulement des drogues qui en sont issues. Enfin, revenant sur le problème de la sécurité nationale, le représentant du Tadjikistan a souligné à quel point il était important que la transformation des forces armées reflète la diversité ethnique du pays et ne répète pas les erreurs commises par le passé.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a salué les efforts déployés par le Gouvernement du Président Karzaï pour assurer le relèvement de l’Afghanistan et s’est félicité également du déploiement prochain de la FIAS en dehors de Kaboul, la capitale afghane. Toutefois, a-t-il dit, il y a encore des tâches considérables à accomplir, mentionnant notamment la recrudescence de l’insécurité qui est le fait de forces récidivistes qui entendent provoquer le chaos. Le Népal entend contribuer au processus de reconstruction de l’Afghanistan, mais nous ne pouvons passer outre les problèmes de sécurité, a-t-il dit, invitant la communauté internationale à soutenir financièrement les efforts du Gouvernement intérimaire. La communauté internationale ne peut laisser l’Afghanistan échouer économiquement et compromettre son développement, a insisté le représentant, soulignant enfin la nécessité de développer des cultures de substitution à l’opium.
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