ASSEMBLEE GENERALE: PLAIDOYER POUR UN EFFORT FINANCIER ET TECHNIQUE ACCRU A LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD
Communiqué de presse AG/1425 |
Assemblée générale
32ème et 33ème séances plénières – matin & après-midi
ASSEMBLEE GENERALE: PLAIDOYER POUR UN EFFORT FINANCIER ET TECHNIQUE
ACCRU A LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD
Vingt-trois pays d’Afrique subsaharienne ne seront pas en mesure de remplir les Objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015 si la situation actuelle perdure, a prévenu ce matin le représentant du Royaume-Uni, à l’ouverture du débat consacré par l’Assemblée générale au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Face à un tel constat, le Ministre mozambicain des affaires étrangères et de la coopération, M. Leonardo Santos Simao, qui intervenait au nom de l’Union africaine, a fait valoir que le soutien politique et moral manifeste que la communauté internationale apporte au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique n’était plus suffisant et devait se traduire par un engagement des partenaires au développement du continent à plusieurs niveaux, notamment en augmentant les flux d’aide publique au développement, en mobilisant l’investissement privé, en ouvrant leurs marchés aux pays du Sud, ou encore en apportant un appui technique et financier à la mise en place des nouvelles institutions de l’Union africaine.
L’Union européenne respectera l’engagement qu’elle a pris dans le cadre de la Conférence sur le financement du développement de Monterrey, en mars 2002, et dont l’objectif consiste à faire passer le montant de son aide publique au développement à 0,39% du PNB d’ici à 2006, a assuré le représentant de l’Italie. L’objectif, à terme, est d’atteindre 0,7% du PNB, ont rappelé quant à elles d’autres délégations qui ont souligné que les 18,6 milliards de dollars d’APD consacrés à l’Afrique en 2002 restaient en deçà des objectifs définis à Monterrey par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan. Pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015 et réduire de moitié la part de la population mondiale vivant avec moins de un dollar par jour, M. Kofi Annan avait sollicité un effort supplémentaire de 50 milliards de dollars par an de la part des pays riches au titre de l’aide au développement. A ce titre, le Royaume-Uni a annoncé aujourd’hui qu’il augmenterait son enveloppe d’APD de plus d’un milliard de livres sterling d’ici à 2006.
Mais l’augmentation de l’aide au développement ne suffira pas à elle seule à réduire de moitié la part des 340 millions d’Africains qui vivent quotidiennement avec moins de un dollar, ont observé de nombreuses délégations qui, à l’instar de la République-Unie de Tanzanie et de l’Afrique du Sud, ont exhorté les pays riches à consentir un effort sur l’allègement de la dette. Le service de la dette mobilise à lui seul des ressources budgétaires quatre fois plus importantes que celles allouées par les gouvernements africains à l’éducation et à la santé, a noté le représentant de Cuba, tandis que son homologue sud-africain estimait que, quatre ans après sa création, l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) n’avait pas fourni de résultats concluants et devait être réformée. Dans le cadre de cette initiative, la Fédération de Russie a annulé, en 2002, la dette d’une vingtaine de pays africains pour un montant global de 3,4 milliards de dollars, a indiqué son représentant, alors que l’Union européenne devrait, selon l’Italie, consacrer 335 millions d’euros à l’allègement de cette dette.
Autre levier du développement économique, la libéralisation effective du commerce international, auquel l’Afrique ne participe qu’à hauteur de 1% actuellement, devrait générer des ressources propres pour les économies africaines de nature à financer des programmes d’éducation, de santé et d’infrastructures initiés dans le cadre du NEPAD. C’est notamment la position qu’a défendue le Burkina Faso qui a plaidé pour une ouverture des marchés du Nord et a rappelé le combat mené à Cancun par les pays du Sud pour obtenir la suppression des subventions agricoles pratiquées au sein de l’OCDE. Les subventions à la production de coton dans l’OCDE représentent l’équivalent du PNB des quatre pays africains (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad) qui ont mené récemment campagne au sein de l’Organisation mondiale du commerce pour obtenir leur suppression. Le Royaume-Uni s’est engagé à tout faire pour relancer l’Agenda du développement de Doha et faire progresser les négociations les plus délicates pour les pays africains tandis que de son côté, le Japon a indiqué qu’il favoriserait l’investissement de firmes japonaises sur le continent africain à hauteur de 300 millions de dollars sur 5 ans, essentiellement sous forme d’exonérations diverses.
Au-delà des questions de financement, la responsabilité des pays africains eux-mêmes est engagée en matière de bonne gouvernance, de gestion économique saine et de mobilisation de ressources nationales, a rappelé le représentant du Botswana. L’occasion pour le représentant de la France de saluer, dans le Mécanisme d’examen par les pairs -dont le mémorandum a déjà été signé par 16 pays africains, une démonstration de la détermination des dirigeants de l’Union africaine à renforcer la bonne gouvernance. Rappelant ensuite que le partenariat entre le NEPAD et le G-8 s’était approfondi lors du Sommet d’Evian, en juin 2003, le représentant de la France a insisté sur un autre aspect essentiel au succès du Nouveau Partenariat: la stabilité du continent africain. A cet égard, de nombreuses délégations ont salué le soutien apporté par le G-8 à la mise en place d’un mécanisme d’alerte rapide et à la création d’une force africaine prépositionnée, ainsi que la ratification du Protocole instituant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.
Les représentants des pays suivants ont également pris la parole au cours du débat: Norvège, Egypte, Algérie, Etats-Unis, République islamique d’Iran, Guyana, Malaisie, Maroc (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Inde, Ukraine, Brésil, République de Corée, Myanmar, Nigéria, Israël, Lesotho, Botswana, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Jamahiriya arabe libyenne, Tunisie, Jamaïque, et Gabon.
Le débat se poursuivra demain, jeudi 16 octobre, à 10 heures.
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: PROGRÈS DE LA MISE EN ŒUVRE ET APPUI INTERNATIONAL
Rapport du Secrétaire général (A/58/254)
Le rapport du Secrétaire général met en lumière les actions menées, suite à l’adoption de la résolution 57/7 par les pays africains pour mettre en œuvre le NEPAD, et l’appui apporté par la communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, le secteur privé et la société civile.
Sur l’action menée par les pays africains eux-mêmes, le rapport rappelle qu’un Mécanisme d’évaluation intra-africaine a permis de mettre en œuvre les priorités du NEPAD en matière de bonne gouvernance politique et économique, tandis que l’Union africaine a déployé des efforts pour consolider la démocratie sur le continent et renforcer le mécanisme de prévention, de règlement et de gestion des conflits. A cet effet, des mesures ont été prises pour rendre opérationnel le Protocole instituant le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine. Par ailleurs, les communautés économiques régionales constituent un moyen de développement et d’intégration régionaux des différents programmes du NEPAD, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de l’environnement et du tourisme, de l’infrastructure et de l’industrialisation.
L’appui de la communauté internationale s’est traduit par une augmentation de l’aide publique au développement (APD), versée prioritairement aux secteurs de l’éducation et de la santé, ainsi que par l’allègement, voire dans certains cas de l’annulation, de la dette des pays pauvres très endettés. Des mesures ont également été prises par certains pays développés en vue d’autoriser l’accès en franchise des droits de douane et hors contingent aux produits des pays les moins avancés d’Afrique, de même que pour encourager l’investissement étranger direct à destination des pays africains. Enfin, la tendance au renforcement de la coopération économique et technique entre l’Afrique et les autres régions en développement, et en particulier les pays d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes, se maintient, a souligné le rapport du Secrétaire général.
Le système des Nations Unies a manifesté son soutien aux processus du NEPAD par l’intermédiaire de plusieurs de ses organes, dont le PNUD, le FAO et la CEA. Cela étant, il reste encore beaucoup à faire dans un certain nombre de domaines. L’impératif de loin le plus important, c’est l’harmonisation et la coordination, dans une plus grande mesure, des activités que mettent en œuvre les différents organismes qui exécutent des programmes aux échelons national et régional.
Par ailleurs, le secteur privé a multiplié les initiatives en faveur d’un renforcement de l’interaction entre le NEPAD et les sociétés qui soutiennent ses objectifs. Enfin, la société civile et les organisations non gouvernementales, au départ critiques, se rendent progressivement compte qu’elles peuvent concourir à la mise en œuvre du NEPAD, notamment en le faisant mieux connaître.
En s’assurant de la maîtrise et de la conduite du processus du NEPAD, l’Afrique réaffirme donc de manière fort opportune le principe selon lequel elle est responsable de son propre développement, conclut le rapport du Secrétaire général, et l’appui de la communauté internationale est une manifestation importante de solidarité et de partenariat. Toutefois, il préconise les recommandations suivantes, qui ont pour objet d’appuyer le processus de mise en œuvre du NEPAD et renforcer l’appui que lui apportent les partenaires de développement de l’Afrique:
-Les pays africains devront prendre les mesures nécessaires pour intégrer les priorités du NEPAD à leur processus de développement. Au-delà de la désignation des organes nationaux de coordination, il s’agit aussi d’assurer un financement adéquat aux domaines prioritaires d’action du NEPAD, d’élaborer des programmes de qualité correspondant à des priorités bien définies et de mobiliser un appui au niveau politique et au niveau public en faveur des priorités du NEPAD;
-Les partenaires de développement de l’Afrique ont déjà répondu favorablement au NEPAD. Il importe qu’ils assurent la cohérence et la complémentarité des politiques qu’ils mettent en œuvre dans les domaines du commerce et de l’aide. Il y a également lieu de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la mise à disposition des ressources annoncées;
-Le secteur privé et la société civile devraient être encouragés à adopter une attitude prospective vis-à-vis du NEPAD. Parallèlement, les gouvernements devraient être exhortés à faciliter la participation active des entités du secteur privé et de la société civile à la mise en œuvre du NEPAD.
Causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, rapport du Secrétaire général (A/58/352)
Le rapport décrit les mesures et initiatives de suivi spécifiques qui ont été prises en vue de l’application des recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général de 1998, relatifs aux causes des conflits et à la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/52/871). Il recense également les problèmes et les obstacles qui entravent l’application effective de ces mêmes recommandations et contient des propositions concernant les modalités futures de leur suivi.
En ce qui concerne les situations de conflit, le rapport rappelle que le Secrétaire général a continué de nommer des médiateurs spéciaux et de créer des commissions spéciales afin d’examiner les sources des différents et de recommander des solutions concrètes. Il encourage aussi les pays africains à faire preuve de plus de transparence en fournissant des informations sur les armes et les munitions et à participer au Registre des armes classiques des Nations Unies. Sur ce point, il est proposé que la communauté internationale reconnaisse les efforts entrepris par les pays africains qui arrêtent ou combattent la prolifération des armes illicites et leur apporte un appui supplémentaire.
Evoquant ensuite le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique ainsi que les initiatives africaines de règlement des conflits, le rapport encourage la poursuite d’un dialogue avec les communautés économiques régionales et souligne l’urgence à régler les questions de sécurité auxquelles sont confrontés les réfugiés. En matière de consolidation de la paix, le rapport met l’accent sur la nécessité de lier l’aide d’urgence à la reconstruction et au développement.
Préconisant la promotion de la paix et du développement durables, le rapport fait état des progrès accomplis par le système des Nations Unie en matière de bonne gouvernance, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme et de la légalité, et le renforcement de l’appareil administratif. Les progrès accomplis en matière de développement durable portent sur la création d’un environnement propice aux investissements et à la croissance économique et les mesures prises pour favoriser le développement social. Toutefois le rapport remarque qu’il faudrait augmenter et maintenir l’aide aux pays africains à des niveaux bien supérieurs aux niveaux actuels, tout en menant des politiques favorables à la croissance, notamment en renforçant leurs capacités institutionnelles. Un effort particulier doit être fourni en faveur de l’investissement dans les ressources humaines, notamment dans les secteurs de l’enseignement, de la santé et des services sociaux connexes, afin de surmonter ces obstacles et d’atteindre les objectifs du Millénaire ayant trait à l’enseignement primaire pour tous et à l’élimination des disparités fondées sur le sexe dans les enseignements primaire et secondaire, d’ici à 2015. Le rapport appelle d'ailleurs la communauté internationale à appuyer davantage l’action menée par les pays africains.
La principale des priorités en matière de santé publique reste la lutte contre la pandémie de VIH/sida. Le rapport souligne que l’ONU se félicite du récent accord de l’OMC autorisant les pays qui n’ont pas la capacité de production pharmaceutique nécessaire à importer des médicaments génériques bon marché auprès d’autres pays disposant des capacités voulues. Mais, au vu du nombre de décès et des ravages causés par le sida et d’autres maladies, il recommande toutefois à la communauté internationale de faire en sorte que le système convenu soit appliqué avec souplesse, afin que les pays africains puissent avoir accès à des médicaments à un prix raisonnable pour tous. L’ONU s’emploie également à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Par ailleurs, le rapport souligne les avancées dans la restructuration de l’aide internationale et la réduction du fardeau de la dette, en particulier pour les pays pauvres très endettés (PPTE), l’ouverture des marchés internationaux au continent africain et l’harmonisation des initiatives internationales et bilatérales. Etant donné que le NEPAD a été adopté par la communauté internationale comme cadre pour le développement de l’Afrique, les efforts bilatéraux et multilatéraux devraient appuyer l’initiative africaine.
En conclusion, le rapport remarque que si des progrès notables ont été accomplis depuis l’exercice précédent, un certain nombre de problèmes et de difficultés ont entravé l’application des recommandations du Secrétaire général. Le rapport recommande donc que le suivi de l’application des recommandations du Secrétaire général fasse à l’avenir l’objet d’exposés dans les rapports qu’établissent déjà le Secrétaire général et les organes subsidiaires des Nations Unies.
Déclarations
M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, intervenant au nom de l’Union africaine, a salué le fait que l’Assemblée générale se penche à la fois sur le développement et la prévention des conflits, deux thèmes étroitement liés. A cet égard, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) constitue une stratégie de développement globale initiée et conduite par l’Union africaine avec pour objectif d’éliminer les causes premières des conflits, à savoir la pauvreté, l’analphabétisme et les autres injustices sociales, a indiqué le Ministre. Si l’on procède à une réelle mise en œuvre du NEPAD, l’Afrique deviendra l’un des principaux partenaires de développement économique car nous entendons lutter contre le fléau du VIH/sida, fournir un assainissement et de l’eau potable à nos populations et éradiquer d’autres maladies comme la tuberculose et le paludisme. Pour assurer une mise en œuvre effective et ordonnée du NEPAD, l’Union africaine a décidé de mettre en place trois institutions, a indiqué le Ministre, à savoir le Conseil de paix et de sécurité, le Parlement panafricain et le Conseil économique, social et culturel. Par ailleurs, plusieurs initiatives ont déjà été prises dans les domaines économiques et agricoles, a indiqué M. Santos Simao, précisant qu’un plan de développement agricole a été initié au sein de l’Union africaine et qu’un mécanisme régional de suivi du NEPAD a été mis en place pour évaluer les étapes de sa mise en œuvre dans chaque pays. Le NEPAD n’appartient pas à l’avenir, il est une réalité visible en Afrique, a dit le Ministre, soulignant que l’Union africaine est déjà engagée dans la résolution des conflits qui ont déchiré, ces dernières années, l’Angola, les Comores, la République démocratique du Congo et le Burundi, pays qui ont connu une stabilisation ces derniers mois, la résolution de ces conflits étant un préalable à la mobilisation d’investissements. Abordant la question du Burundi, il a demandé aux Nations Unies d’autoriser le déploiement d’une force de l’Union africaine afin d’assurer la mise en œuvre de l’accord de paix finalisé récemment à Pretoria. Plaidant pour un renforcement du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique, M. Santos Simao a invité les partenaires au développement à accroître leurs aides multilatérales et bilatérales pour faciliter la mise en œuvre du NEPAD.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés) a rappelé que l’Afrique était le partenaire privilégié de l’Union européenne et que l’Union avait soutenu le NEPAD depuis le tout début. Il a applaudi les progrès faits par les pays africains concernant l’application du NEPAD. Il a espéré que d’autres pays africains rejoindront les seize Etats qui en font déjà partie et il les a encouragés à appliquer les mécanismes d’ici à la fin de l’année. Le représentant a souligné les engagements financiers de l’Union européenne tels que définis lors de la Conférence de Monterrey et du Conseil européen de Barcelone en mars 2002, consistant à ce que l’aide publique au développement représente 0,39% du revenu national brut d’ici à 2006. En ce qui concerne le VIH/sida, la tuberculose et la malaria, l’Union européenne a augmenté les fonds pour combattre ces maladies par le biais des programmes nationaux et régionaux. Le représentant a regretté l’échec des négociations de Cancún. Il a rappelé que l’Union européenne fournissait 65% de l’assistance mondiale pour la santé et les populations des pays les moins avancés. En ce qui concerne le fardeau de la dette, il a souligné qu’il avait été décidé d’utiliser 335 millions d’euros du budget du développement à long terme pour l’alléger.
Le représentant a souligné que le réunion d’aujourd’hui avait également pour but de promouvoir la paix durable en Afrique. Il a rappelé la contribution de l’Union européenne à la prévention des conflits par le renforcement des capacités africaines, y compris le soutien aux organisations régionales et sous-régionales et à la société civile. Il n’y a pas de paix sans développement, a-t-il souligné. La création d’une force en attente en Afrique pour prévenir les conflits permettra de mettre en œuvre une coopération forte et efficace entre les Nations Unies, l’Union européenne et l’Union africaine. Il a remarqué que l’Union européenne avait beaucoup à offrir à l’Afrique en termes de prévention et de gestion des conflits. Nous avons l’intention de continuer à discuter avec nos partenaires africains dans le cadre du dialogue établi par le Sommet du Caire d’avril 2000. M. Spatafora a conclu en déclarant qu’aider l’Afrique à s’insérer dans le monde le plus avancé était une priorité pour l’Union européenne.
M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a rappelé que son pays, traditionnellement lié à l’Afrique, a senti des signes positifs venant du continent, depuis la mise en place du NEPAD et de l’Union africaine. Le Nouveau Partenariat a notamment permis de faire des pas importants dans la direction du développement économique et social et de la stabilité politique. Le représentant a également approuvé les recommandations du Rapport du Secrétaire général. Les conflits en Afrique sont la cause de déplacements de population, de mortalité accrue, de pauvreté et de traumatismes, sans compter qu’ils éloignent tout espoir de développement économique, a-t-il rappelé. Economies brisées, institutions désintégrées, Etats démantelés…, M. Løvald a souhaité que la communauté internationale fasse davantage à l’avenir pour prévenir certains conflits à caractère économique, notamment ceux liés aux diamants et autres ressources naturelles, et aussi pour contrer le trafic d’armes légères. Les Nations Unies devraient mettre l’accent sur l’action préventive dans les zones touchées par ces deux fléaux, ce qui renforcerait considérablement son efficacité, a estimé le représentant. Approuvant la création à Maputo d’un Conseil de paix et de sécurité, sous l’égide de l’Union africaine, il a encore indiqué que son pays, avec l’Italie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni avait participé activement aux pourparlers sur le Soudan, qui ont abouti le 25 septembre à la signature d’un Accord de paix sous le parrainage du Forum de l’IGAD, l’organisation régionale basée à Nairobi (Kenya). Avec deux millions de morts et plus de quatre millions de réfugiés ou de personnes déplacées dans les vingt dernières années, la société soudanaise a besoin de voir appliquer concrètement ce récent accord, avant d’être certaine du fait que «la paix est payante», a-t-il dit. La Norvège, avec les autres partenaires, est d’ailleurs prête à accueillir une conférence des bailleurs de fonds dès l’instant où l’Accord de paix se concrétisera sur le terrain.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a rappelé que les pays africains ont déjà mis en place les mécanismes institutionnels qui permettront la mise en œuvre effective du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il y a un intérêt croissant de la communauté internationale à l’égard du NEPAD, a-t-il constaté, mais il demeure politique et moral et devrait se traduire par un appui technique et financier. Il faut appuyer la mise en oeuvre du NEPAD dans les volets économiques et sociaux, a poursuivi M. Abul Gheit, soulignant à cet égard le rôle du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique et des agences du système des Nations Unies. L’Afrique doit pouvoir fixer ses propres priorités pour le développement, a jugé ensuite le représentant, invitant les pays développés à accroître leur aide pour appuyer les efforts endogènes du continent africain. Dans certains domaines, a-t-il dit ensuite, les Nations Unies pourraient aider l’Union africaine, notamment pour ce qui est de la mise en place du Conseil de paix et de sécurité, de la lutte contre le trafic des armes légères, des programmes DDRRR et de protection des réfugiés et des personnes déplacées, et également dans le renforcement de la coopération avec les organisations sous-régionales. Abordant la question de la consolidation de la paix après les conflits, M. Abul Gheit a souhaité que la communauté internationale cesse de penser qu’une fois les programmes de DDRRR et le retour des personnes déplacées achevés, l’assistance de la communauté internationale pouvait cesser. Or, a-t-il dit, les programmes de développement sont essentiels pour consolider la paix en Afrique, et c’est la raison pour laquelle nous insistons sur le fait qu’il faut mobiliser davantage de ressources financières et mettre en place des mécanismes de coordination entre les différentes agences et programmes des Nations Unies. De tels mécanismes permettraient, entre autres, de tenir compte des spécificités de chaque pays et d’évaluer les progrès ou les insuffisances des programmes mis en œuvre dans le cadre du NEPAD, a fait valoir M. Abul Gheit.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a remarqué, à propos de la mise en œuvre du NEPAD, que le manque de ressources financières, la persistance des conflits et la persévérance des maladies endémiques qui continuent de décimer par milliers les forces vives du continent, constituent des obstacles majeurs qui affaiblissent les capacités et les efforts de développement des pays africains. Dans la responsabilité qui leur incombe d’assurer leur propre développement, les pays africains ont consenti d’énormes sacrifices au plan national pour réunir toutes les conditions de réussite de ce Nouveau Partenariat africain. Si le représentant s’est félicité des avancées enregistrées dans divers secteurs prioritaires, comme la gouvernance, la paix et la sécurité, la coordination nationale, l’agriculture, la santé, l’éducation, l’environnement et le tourisme, l’infrastructure et l’industrialisation, il a souligné que davantage d’efforts sont encore nécessaires pour conforter la résolution des pays africains à aller de l’avant dans la mise en oeuvre du NEPAD. La mise en place de nouvelles institutions africaines adaptées aux exigences de l’heure, procède naturellement de la volonté et de l’engagement commun de mettre en oeuvre tous les mécanismes à même d’assurer la réalisation des objectifs du NEPAD, a ajouté le représentant, qui s’est félicité du partenariat établi avec le G8 et des initiatives de soutien de certains pays développés. La délégation algérienne s’est d’ailleurs dite convaincue que le sort du NEPAD reste lié à la création d’un environnement international propice que détermine la réalisation de l’objectif 8 de la Déclaration du Millénaire sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement, en particulier ses volets relatifs à la dette, l’aide publique au développement et la mise en place d’un système financier et commercial multilatéral ouvert. Il a enfin salué la mise en place du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, qui témoigne de l’engagement des Nations Unies à assurer le suivi de la mise en œuvre du NEPAD.
M. JEAN-BAPTISTE NATAMA (Burkina Faso) a salué l’adoption d’une déclaration lors du Sommet de l’Union africaine, à Maputo, en juillet dernier, qui préconisait la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il s’est félicité de l’adhésion d’une quinzaine de pays au Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs, et a indiqué que son pays y avait adhéré le 20 mars 2003. Les premières évaluations devraient constituer une preuve «irréfutable» de la volonté des Etats africains d’établir un environnement sain et propice de gestion transparente, a-t-il espéré. Autre avancée, selon M. Natama, le processus de création d’un Conseil africain de la paix et de la sécurité, dont la ratification rapide du Protocole permettrait aux dirigeants de mieux prévenir et résoudre les conflits. Il a aussi évoqué le « travail remarquable » du Conseil économique et social pour les pays africains qui sortent d’un conflit, et notamment la prorogation récente du Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau, et la création d’un autre Groupe spécial pour le Burundi. Concernant les problèmes et contraintes que rencontre la mise en œuvre du NEPAD, il a rappelé la faiblesse des capacités institutionnelles pour exécuter les programmes de développement. Mais il a invoqué l’esprit du Nouveau Partenariat, basé sur le principe de la responsabilité collective de tous les pays du continent pour résoudre les problèmes, indiquant que des sources de financement propres à l’Afrique seraient à cet égard les bienvenues. En revanche, le continent africain attend l’appui de la communauté internationale pour l’accès aux marchés du Nord, a-t-il poursuivi. Enfin, la volonté politique des chefs d’Etat ne serait qu’un vœu pieu sans l’implication des communautés de base, a dit encore le représentant qui a précisé que le Burkina Faso s’était engagé dans une vaste campagne de sensibilisation des populations sur le NEPAD. Dans cette logique, le Burkina Faso abritera en 2004 un Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté, a-t-il annoncé.
M. YURIY N. ISAKOV (Fédération de Russie) a déploré que les progrès du continent africain en matière de développement soient entravés par la perpétuation des conflits et de leurs conséquences, notamment l’enrôlement des enfants soldats, la prolifération des armes légères, les réfugiés et les personnes déplacées. Les maladies infectieuses qui continuent de détruire le tissu socioéconomique et la progression de la pauvreté sont également des maux que devra combattre le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le renforcement de l’état de droit, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, la non-ingérence et la bonne coopération entre États voisins constituent des étapes clefs dans le développement des États africains qui doivent eux-mêmes consolider leurs bases et leurs structures. Abordant le soutien de la communauté internationale au NEPAD, le représentant a indiqué que son pays avait pris des mesures pour annuler la dette des pays africains de 3,4 milliards de dollars en 2002, dans le cadre de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), initiative à laquelle la Fédération de Russie entend accorder un financement supplémentaire de 10 milliards de dollars en 2003 et 2004. Des programmes d’aide au développement ont été initiés dans certains domaines, a-t-il poursuivi, notamment l’énergie et la métallurgie, avant d’ajouter que, dans le domaine de l’éducation, 800 bourses sont offertes à des étudiants africains chaque année. En 2003, la Fédération de Russie a apporté une contribution volontaire au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour soutenir certains programmes sur le terrain, ce tandis que nous apportons aussi une aide humanitaire à des pays comme l’Angola et l’Érythrée, a indiqué le représentant.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a souligné que les travaux réalisés depuis l’année dernière au sein du NEPAD et par l’Union africaine sont remarquables, pensant en particulier au Mécanisme d’examen par les pairs, dont 16 pays ont déjà signé le mémorandum, et aux politiques définies par le NEPAD dans des domaines aussi essentiels que l’agriculture, la santé ou l’environnement. Il a ensuite affirmé que le partenariat entre le NEPAD et le G8 s’était aussi approfondi à Evian grâce au rapport approuvé par les chefs d’Etat et de gouvernement. Il a tout particulièrement attiré l’attention sur le soutien du G8 à la mise en place d’un mécanisme d’alerte rapide et à la création d’une force africaine prépositionnée, réalisation importante, tant la paix et la sécurité sont indispensables au développement et à la prospérité. La ratification du Protocole instituant le Conseil de la paix et de la sécurité africaine constituera une nouvelle étape positive, a-t-il souligné. Par ailleurs, M. de La Sablière a mentionné certaines priorités, à la fois interdépendantes et cruciales, définies par le NEPAD et que la France, l’Union européenne et le G8 appuient fortement. Il s’agit en premier lieu de la lutte contre le sida, pour laquelle la France a appelé l’ensemble des donateurs à multiplier leur soutien au Fonds mondial pour parvenir au chiffre de 3 milliards de dollars. Ensuite, l’accès à l’eau et à l’assainissement, pour lequel le G8 a adopté un plan d’action visant à soutenir les efforts du NEPAD dans ce domaine. La lutte contre la faim a par ailleurs logiquement conduit le NEPAD à faire du développement agricole l’une de ses priorités, le G8 s’étant pour sa part engagé à enrayer le déclin de l’aide publique au développement en faveur de l’agriculture et à augmenter les potentialités commerciales des pays concernés. Enfin les infrastructures: le NEPAD et les organisations sous-régionales forment un cadre naturel pour en discuter. La France, par ailleurs, s’est engagée à encourager les investissements dans ce domaine, y compris par le biais du secteur privé. S’agissant du commerce, la délégation française a regretté l’échec de Cancun, mais a rappelé que l’Union européenne a fait des propositions qui portent sur l’accès au marché, sur les subventions à l’exportation des produits agricoles, ainsi que sur le problème des prix des produits de base. En conclusion, le représentant a annoncé qu’en vue de soutenir le NEPAD, la France proposait d’élargir et prolonger le partenariat avec le G8 à d’autres partenaires et aux organisations internationales concernées et qu’à cette fin elle accueillerait à Paris la première réunion d’un «nouveau forum pour le partenariat de l’Afrique», dont la vocation est de suivre et d’accompagner les avancées réalisées par les Africains sur tous ces sujets.
M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis) a souligné que le développement de l’Afrique était important aux yeux du Gouvernement américain parce que l’Afrique comptait pour le peuple américain. Il a cité le Président Bush dans son allocution d’Abuja, au Nigéria, en juillet dernier: «En travaillant ensemble, nous pouvons aider à construire une décennie de prospérité croissante et de paix qui s’étend dans toute l’Afrique». Cet objectif est ambitieux, certes, mais le chemin tracé est clair, bien balisé de part et d’autre de l’Atlantique. Le NEPAD a pour objectif de mettre fin aux conflits, de promouvoir la paix et la stabilité par des actions concrètes, de consolider la démocratie et de présenter des propositions économiques centrées sur le développement par l’être humain, a-t-il remarqué. Et c’est comme ce doit être: l’avenir de l’Afrique tracé par les Africains au nom des Africains. Il s’est déclaré satisfait des progrès accomplis dans la mise en œuvre du NEPAD et encouragé par l’établissement du Mécanisme de contrôle par les pairs. Il a souligné que les Etats-Unis étaient le plus grand investisseur dans les économies africaines, mais que d’énormes opportunités restaient encore à saisir. Ces nouveaux marchés et ces investissements ne vont pas seulement bénéficier à l’Afrique et aux Etats-Unis, mais aussi aux pays africains eux-mêmes et au reste du monde. Le fait est que les pays africains ont souffert trop longtemps de leur relatif isolement de l’économie mondiale. En tant que partenaire véritable et ami de l’Afrique, notre engagement comprend: 15 milliards de dollars pour le Plan d’urgence contre le VIH/sida; l’Initiative pour l’éducation en Afrique où 200 millions de dollars existent en sus des 600 millions de dollars prévus pour les cinq années à venir; 850 millions de dollars en aide d’urgence pour les crises alimentaires.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a mis en avant les priorités économiques et sociales du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique tout en soulignant que le préalable à la mise en œuvre des programmes de développement est le règlement des conflits. Néanmoins, a-t-il précisé, en un an, nous avons déjà mis en œuvre des programmes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’industrie et des infrastructures. Un oléoduc reliant plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest a été initié et un projet d’électrification entre la Zambie et la République du Congo vient de débuter. Par ailleurs, le Mécanisme d’examen par les pairs, déjà accepté par 16 États membres de l’Union africaine, devrait permettre de suivre les progrès réalisés dans la bonne gouvernance, a indiqué M. Kumalo. Mais, a-t-il précisé, contrairement à ce qui est dit dans le rapport du Secrétaire général, ce Mécanisme n’a pas pour but de mobiliser le soutien de la communauté internationale mais s’inspire réellement de la volonté des dirigeants africains de faire de la transparence et de la bonne gouvernance une priorité. Au-delà de la définition des projets prioritaires dans le cadre du NEPAD, l’Afrique du Sud a souligné certains problèmes récurrents, notamment en matière de financement des projets de développement, M. Kumalo invitant les États développés à poursuivre leurs initiatives de réduction et d’annulation de la dette. A cet égard, il a plaidé pour une réforme de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) qui ne correspond plus aujourd’hui aux objectifs définis il y a quatre ans. Par ailleurs, M. Kumalo a plaidé pour l’amélioration de l’efficacité de l’aide publique au développement (APD) et pour la mobilisation des investissements étrangers directs (IED), avant de déplorer l’échec des négociations de Cancun qui auraient dû permettre un accès accru des pays africains aux marchés mondiaux. Les subventions pour le coton dans les pays de l’OCDE dépassent de loin le PNB des quatre pays africains qui se sont élevés devant l’Organisation mondiale du commerce contre cette pratique, a observé le représentant. Il a évoqué ensuite le développement de la coopération sud-sud notamment avec le Brésil et l’Inde avec lesquels l’Afrique du Sud a lancé une initiative sur la faim et la pauvreté dans le cadre de cette session de l’Assemblée générale. Enfin, M. Kumalo a souhaité une mise en œuvre coordonnée et intégrée des priorités du NEPAD et une communication plus performante auprès des populations africaines sur ses objectifs, grâce à l’implication de la société civile et des organisations non gouvernementales.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a rappelé que 23 pays africains échoueront à atteindre les Objectifs du Millénaire si la situation dramatique du continent perdure. La mortalité infantile et maternelle ne cesse d’augmenter : chaque femme a une chance sur 13 de mourir au cours de sa grossesse ou au moment de l’accouchement et 75% des malades du VIH/sida se trouvent en Afrique subsaharienne. Toutefois, le NEPAD est une initiative de développement qui peut permettre de résoudre les problèmes qui se posent aujourd’hui en Afrique, qu’il s’agisse des conflits, des questions de gouvernance ou du commerce international et le Mécanisme d’examen par les pairs, initié cette année au Ghana, est un outil à cet égard, a indiqué le représentant. Le Royaume-Uni a par ailleurs identifié cinq domaines qui nécessitent un soutien international urgent. En premier lieu, l’assistance au développement, que le Royaume-Uni augmentera pour sa part de plus d’un milliard de livres d’ici à 2006, soulignant par ailleurs la proposition de Gordon Brown de créer un nouveau fonds de Finance International. Il a ensuite abordé la question du commerce, rappelant que l’Afrique participait au commerce mondial à hauteur de moins d’1%. Aussi, les règles du commerce international devraient être modifiées et le Royaume-Uni s’engage à faire tout son possible pour remettre en route l’Agenda du développement et à faire progresser les négociations les plus délicates pour les pays africains, à savoir l’accès aux marchés agricoles, un traitement différencié pour les pays les plus pauvres et la réduction des subventions. Le troisième point porte sur le soutien aux efforts africains pour résoudre les conflits armés, le Royaume-Uni s’étant engagé pour sa part à fournir une aide de 20 millions de livres pour combattre la prolifération des petites armes sur le continent. Puis le représentant a affirmé qu’il était nécessaire de lutter contre la pandémie de VIH/sida, la délégation britannique rappelant que 29 millions de personnes vivent aujourd’hui avec la maladie en Afrique. La Banque mondiale a prévenu que de nombreuses économies africaines seront sinistrées par une telle situation. Aussi le Royaume-Uni a-t-il annoncé qu’il était le deuxième plus important donateur en ce domaine avec plus de 270 millions de livres versées en 2002-2003. Enfin, le renforcement de la bonne gouvernance dans les Etats africains doit être soutenu, a conclu le représentant, qui a plaidé pour des institutions efficaces, une démocratie représentative et un gouvernement stable comme préalables à l’investissement du secteur privé, la croissance et la réduction de la pauvreté.
M. MASASHI MIZUKAMI (Japon) a accueilli avec satisfaction les progrès faits dans l’application du NEPAD, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé, des infrastructures et de l’investissement et il a salué le Mécanisme d’examen par les pairs. Cependant, il a exprimé sa préoccupation concernant la construction des capacités qui continue à être un grand défi, notamment en raison de la fuite des cerveaux. L’éducation est un véritable terreau pour le développement. Le développement centré sur l’être humain a toujours été pour le Japon la première des priorités dans l’assistance au développement. Le représentant a rappelé que le Premier Ministre Koizumi avait annoncé qu’au cours des cinq prochaines années, son pays avait l’intention d’accroître son aide à l’Afrique, totalisant un milliard de dollars dans les domaines de la santé, de la lutte contre le VIH/sida, mais aussi de l’éducation, de l’eau et de la nourriture. Le deuxième axe d’aide est la réduction de la pauvreté par la croissance économique. Le Japon a mis l’accent sur la coopération à cet égard. Parmi les exemples cités au titre des réussites, le représentant a souligné le Nouveau riz pour l’Afrique. Dans les domaines du commerce et de l’investissement, le Japon va favoriser l’investissement en Afrique des firmes japonaises par des exonérations diverses, à hauteur de 300 millions de dollars sur 5 ans. Enfin, en ce qui concerne la consolidation de la paix, M. Mizukami a noté que les progrès accomplis en République démocratique du Congo et en Sierra Leone sont encourageants, même si la prévalence des conflits non résolus reste un sujet de forte préoccupation. Il reste des causes de conflits auxquelles nous ne nous sommes pas encore attaqués en Afrique, a-t-il remarqué. Quelques que soient les domaines, le Japon continuera à soutenir activement les activités des organisations régionales et sous-régionales africaines, notamment dans les domaines de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits.
M. NASROLLAH KAZEMI-KAMYAB (Iran) a réitéré sa complète solidarité avec l’Afrique, rappelant que son pays avait contribué à de nombreux projets de développement et participé à des plans de reconstruction dans beaucoup de pays africains, grâce à une coopération étroite, qu’elle soit bilatérale ou multilatérale. Son pays a construit des infrastructures, hôpitaux ou cliniques, et a établi une coopération académique et scientifique, a-t-il indiqué. Mais, de manière générale, il a surtout contribué au développement des zones les plus pauvres, et financé également l’assistance humanitaire. De plus, pour faciliter les relations économiques et commerciales, son gouvernement a alloué des crédits à l’Afrique pour un montant de 200 millions de dollars américains, sur la base d’un accord mutuel proportionné au niveau d’échanges commerciaux entre les pays concernés et la République islamique d’Iran. En donnant corps à l’idée de la responsabilité de l’Afrique dans son propre développement, le NEPAD est devenu la véritable manifestation de la renaissance africaine, dont on parlait tellement ces dernières années. Pourtant, il y a un rôle à jouer pour les partenaires extérieurs, a encore estimé le représentant, et notamment pour le système des Nations Unies qui pourrait d’ores et déjà intégrer ses plans, programmes ou initiatives dans une politique structurelle plus compréhensive, et préciser davantage le rôle et le mandat de ses agences et départements.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a souligné les liens historiques et culturels qui lient son pays au continent africain et appuyé la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique. Le NEPAD est un programme positif qui doit recevoir le soutien de toute la communauté internationale car il traduit un engagement clair des pays africains d’inscrire ses objectifs au premier rang de leurs priorités nationales. Le Mécanisme d’examen par les pairs en est une manifestation, a-t-il ajouté, invitant les Nations Unies et la communauté internationale à soutenir les initiatives de paix africaines au Burundi, notamment, et la mise en place du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et celle du Parlement panafricain. M. Talbot a ensuite insisté sur les contraintes posées aux États africains par la pratique des subventions agricoles dans les pays du Nord, par le manque de sources de financement aux initiatives de développement, et par les conséquences de la progression du VIH/sida sur les sociétés. Il faut canaliser les flux d’aide publique au développement vers le continent africain, tout comme les investissements étrangers directs, a-t-il dit, avant d’encourager la coopération sud-sud comme réponse appropriée pour atteindre les objectifs du NEPAD.
M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé l’impulsion donnée par la cinquante-septième session de l’Assemblée générale au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et a salué l’investissement des agences des Nations Unies et du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique du Secrétaire général des Nations Unies dans la mise en œuvre des objectifs du partenariat. Cependant, M. Gaspar Martins a regretté que le soutien international soit encore faible et il a prôné une approche coordonnée pour assurer la mise en œuvre effective du NEPAD. L’aide publique au développement à l’Afrique est très modeste en comparaison des subventions agricoles accordées à leurs producteurs par les pays de l’OCDE, a observé le représentant, soulignant les graves incidences de ces pratiques injustes sur la production des pays africains. L’Angola a mis en place une stratégie de réduction de la pauvreté qui intègre les objectifs du NEPAD, a poursuivi M. Gaspar Martins, déplorant les tragédies qui continuent de compromettre le développement de l’Afrique, à savoir le VIH/sida, le manque d’eau potable et d’assainissement ou les conflits armés. Il a invité les pays développés à harmoniser leurs initiatives bilatérales et multilatérales en faveur du développement de l’Afrique avant d’inviter la communauté internationale à aller au-delà des rapports commentés aujourd’hui et à passer à l’action.
M. RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a souligné que l’appui au NEPAD bien souvent annoncé par la communauté internationale s’était peu matérialisée en pratique et n’avait donné lieu à aucun résultat tangible. La situation en Afrique s’aggrave. La moitié de la population africaine vit dans l’extrême pauvreté et un tiers souffre de malnutrition, a-t-il cité parmi d’autres nombreux exemples des difficultés que rencontre le continent. Les relations économiques internationales actuelles sont marquées par les inégalités imposées par le processus de mondialisation néo-libéral qui laisse l’Afrique en position plus que désavantageuse. Est-ce une coïncidence si parmi les 49 pays les moins avancés, 34 sont africains, alors que les principales ressources mondiales sont sur ce continent, s’est interrogé le représentant. Par ailleurs, il y a plus de conflits armés sur le continent africain que sur n’importe quel autre à cause des conséquences de la colonisation. La sagesse africaine mérite le respect; l’Afrique n’a plus besoin qu’on lui donne des conseils pour résoudre ses conflits, elle a besoin de ressources financières, a-t-il souligné. En dépit de ce qui est dit dans les débats et affirmé dans de nombreuses résolutions, on ne travaille pas suffisamment à la prévention et à l’élimination des causes des conflits, a-t-il affirmé. Il n’y pas de véritable volonté altruiste de la part des ex-puissances coloniales. Il n’y a pas non plus de mécanismes permettant de mesurer l’accomplissement effectif des accords passés. L’Afrique a besoin de l’aide de la communauté internationale, mais cette aide ne doit pas être accompagnée de conditions. Toutes les mesures d’assistance proposées sont insuffisantes, et leurs montants sont ridicules vis-à-vis des besoin du continent. Il faut annuler la dette extérieure. Le représentant a déclaré que plus de 83 000 Cubains avaient fourni de l’assistance dans les domaines de la santé, de l’éducation et du sport aux pays africains entre 1963 et 2002. Depuis le début de 2003, 1 148 Cubains sont déjà en train de travailler au Programme intégral de santé dans 13 nations africaines. Il a réitéré sa proposition d’envoyer 4 000 médecins et infirmiers en Afrique pour combattre la pandémie VIH/sida en mettant en place les infrastructures nécessaires et en formant sur le terrain des aides médicaux. Il a proposé aussi de fournir des rétrovirus à trente mille malades par an.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a partagé les vues du Secrétaire général qui estime que le principal défi à relever par les pays africains concernant la mise en oeuvre du NEPAD est le manque de ressources financières, les ressources nationales étant insuffisantes à assurer le financement adéquat de programmes de développement sociaux et économiques. A cet égard, il a rappelé que l’Assemblée générale avait adopté en 2002 une Déclaration qui appelle la communauté internationale et le système des Nations Unies à soutenir le NEPAD. S’il a salué l’augmentation sensible de l’Aide publique au développement, passée de 16 milliards en 2000 à 18 milliards en 2002, et qui s’est accompagnée de mesures prises par certains pays donateurs pour alléger la conditionnalité de cette Aide, il a rappelé les problèmes rencontrés par les pays pauvres très endettés en ce qui concerne l’allègement de leur dette. Cependant, l’augmentation de l’APD et l’allègement de la dette ne pourront pas permettre aux pays africains d’atteindre le développement durable et les objectifs du NEPAD et de la Déclaration du Millénaire, a indiqué le représentant, tant que les pays développés maintiendront leurs pratiques protectionnistes, dont les conséquences sont désastreuses sur les efforts entrepris par les pays africains dans leur développement. Seul un accès renforcé, fiable, prévisible et global aux marchés pourra permettre de créer des ressources financières pour le développement en Afrique. Selon M. Bennouna, l’échec de Cancún et le scandale du coton ont révélé l’inconsistance de la position des pays développés et l’essence du système commercial multilatéral: d’un côté ils encouragent la libéralisation du commerce dans les pays africains, de l’autre ils ne montrent pas le moindre signe d’ouverture en ce qui concerne les attentes légitimes de ces pays. Le Maroc a cependant exprimé sa satisfaction devant la création d’un Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique et plus généralement devant toutes les initiatives du système des Nations Unies en vue de soutenir le NEPAD.
M. A. C. JOSE (Inde) a affirmé qu’il était encore trop tôt pour évaluer les progrès dans la mise en oeuvre du NEPAD. Il a cependant rappelé que la principale conclusion à laquelle était parvenu le Groupe de haut niveau pour une évaluation indépendante de l’UN-NADAF révélait que les engagements de la communauté internationale sont largement restés sans suite, l’Aide publique au développement ayant diminué de 46% de 1990 à 2000. Il a toutefois reconnu des signes de progrès, quoique modestes, avec l’augmentation de cette même aide, passée de 16,4 milliards de dollars en 2000 à 17,7 milliards de dollars en 2001, enfin à 18,6 milliards en 2002. Pour sa part, l’Inde a réfléchi à des initiatives pour soutenir le processus du NEPAD, dans l’esprit d’une coopération sud-sud, dont le programme «Focus Africa», a permis d’accroître de 300% le commerce avec l’Afrique subsaharienne ces dix dernières années. L’Inde a également décidé d’augmenter les crédits pour le commerce et les autres échanges commerciaux et annulé toutes les dettes bilatérales avec les pays pauvres très endettés. Par ailleurs, dans cette perspective, l’Afrique est le premier destinataire du programme indien de coopération technique et économique, l’Inde étant désireuse de partager son expérience en matière de développement économique et social avec l’Afrique.
M. VALERIY KUCHYNSKY (Ukraine) a salué la création de l’Union africaine et l’adoption du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui doit servir de cadre stratégique pour la renaissance du continent. Comme les dirigeants africains eux-mêmes l’ont indiqué lors du Sommet de Maputo, la clef du succès de ce Nouveau Partenariat tiendra sans doute dans l’application du Mécanisme d’évaluation des programmes par ses pairs, a estimé le représentant. Mais, si le NEPAD a mis en avant la responsabilité première des Africains dans la traduction de leurs aspirations en réalité, a-t-il poursuivi, la communauté internationale a également un rôle à jouer pour soutenir le processus en cours. L’Agenda du NEPAD a d’ailleurs accordé une haute priorité au travail des Nations Unies, a-t-il fait remarquer, à celui du G-8 et à d’autres partenaires internationaux prêts à endosser cette responsabilité. La réussite du NEPAD dépendra aussi en partie de la popularisation de ses objectifs auprès du public africain, a-t-il souligné, avant d’indiquer que l’Ukraine avait pour sa part une longue tradition d’amitié et de partenariat avec l’Afrique. Et son gouvernement s’est dit prêt à poursuivre son appui aux programmes de coopération bilatéraux ou multilatéraux, sur des secteurs prioritaires spécifiques comme l’enseignement, l’agriculture ou les transports. Mais il existe une relation étroite entre les questions de développement, de paix et de sécurité, a-t-il fait remarquer. Passer de la culture de la réaction à celle de la prévention n’est jamais chose aisée, a-t-il poursuivi. Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité reste à la tête des initiatives de règlement des conflits, en étroite relation avec l’ECOSOC, et en s’appuyant aussi sur les structures de prévention régionales. L’Ukraine a apporté sa contribution au rétablissement de la paix à travers son engagement dans plusieurs missions, a encore dit M. Kuchynsky, en Sierra Leone, en RDC et en Erythrée, et a proposé ses services dans la prochaine mission des Nations Unies au Libéria. La récente visite de son Président en Afrique, en septembre dernier, montre d’ailleurs, s’il le fallait, l’implication de son pays dans le soutien au développement de ce continent.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a souligné que son pays était celui qui, en dehors de l’Afrique, avait la plus importante ascendance africaine du monde et qu’en raison de ces liens culturels et historiques, il accueillait avec satisfaction le Nouveau Partenariat pour l’Afrique (NEPAD). Au cours des années 90, les efforts faits pour résoudre les nombreux problèmes qui affligeaient le continent n’ont pas donné les résultats attendus. Au contraire, le nombre de personnes pauvres a augmenté de façon dramatique, le fléau du VIH/sida s’est répandu dans tout le continent, l’instabilité politique et les conflits n’ont pas cessé. Le contexte économique international, avec la résurgence du protectionnisme a aggravé la situation, a regretté le représentant. En réponse, les dirigeants africains ont décidé de relever le défi en construisant eux-mêmes leur propre stratégie de développement, et ce qui en est ressorti s’appelle le NEPAD. Le représentant a salué la place centrale qu’occupent dans le NEPAD les Objectifs de développement du Millénaire. La cohérence des politiques commerciales et d’aide des pays développés, avec notamment l’augmentation des investissements étrangers, sera essentielle pour soutenir les tentatives de l’Afrique pour réaliser ces Objectifs. Le représentant a souligné qu’en dépit des ressources limitées à sa disposition, le Brésil s’était impliqué dans une série d’initiatives parmi lesquelles l’annulation et l’allègement de la dette, la coopération technique, et le renforcement des capacités. Nous sommes prêts à partager les expériences qui ont eu du succès au Brésil dans le combat contre la pauvreté, la faim, l’illettrisme et le VIH/sida, entre autres, a-t-il conclu.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a apporté son soutien au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et a déclaré que celui de la communauté internationale devait venir en complément de la mobilisation des ressources par les États africains eux-mêmes. A cette fin, a-t-il poursuivi, la sécurité est une priorité et les programmes économiques doivent être précédés par des initiatives de gestion et de résolution des crises, de consolidation de la paix et de prévention de nouveaux conflits. Le Conseil de paix et de sécurité et le Parlement panafricain sont deux instruments essentiels de la bonne gouvernance politique et économique, a dit M. Kim, saluant en outre l’établissement du Mécanisme d’évaluation par les pairs. Dans le cadre de notre coopération sud-sud, nous avons choisi d’augmenter d’année en année notre aide publique au développement, qui s’est élevée à 2 milliards de dollars sur les quinze dernières années, a poursuivi le représentant, insistant par ailleurs sur l’importance des transferts de technologie et du renforcement des capacités. Depuis 1992, nous avons invité plus de 1 200 stagiaires africains en Corée pour y suivre des formations et déployé près de 500 assistants techniques, a-t-il dit. En outre, nous avons signé, avec les pays les moins avancés, un accord qui supprime les droits de douane sur certains produits et cela a fait de la Corée du Sud le quatrième plus gros importateur de produits provenant des pays les moins avancés. Se tournant vers la question de la dette, il a proposé de réfléchir à de nouvelles options, soulignant que la Corée du Sud apporte 10 millions de dollars par an au Fonds d’affectation spéciale de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).
U AYE (Myanmar) a relevé les défis et les contraintes rencontrés dans la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et a jugé qu’ils ne pourraient être résolus immédiatement. La communauté internationale doit toutefois maintenir son appui à cette initiative africaine, a déclaré U Aye, soulignant les progrès réalisés par les gouvernements africains qui ont été 16 à adopter le Mécanisme d’examen par les pairs. Néanmoins, la majorité de la population africaine vit avec moins de 1 dollar par jour, l’éducation y est peu développée, la pandémie du VIH/sida ne cesse de progresser, et face à ces menaces, les pays africains doivent redoubler d’efforts. Il s’est félicité de la reprise de l’aide publique au développement vers l’Afrique, portée en 2002 à 18,6 milliards de dollars, mais a jugé que des ressources additionnelles devaient être consenties par les pays riches pour atteindre l’objectif de 0,7% de leur PNB alloué à l’APD.
M. SAIDU BALARABE SAMALA, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères du Nigéria, a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la résolution des crises survenues dans sa région, notamment au Libéria, en permettant au Président Charles Taylor de renoncer au pouvoir et de partir en exil. La création d’un Conseil de la paix et de la sécurité par l’Union africaine devrait permettre aux gouvernements africains de contribuer à résoudre les conflits, ce qui ne signifie pas que la communauté internationale doive réduire pour autant le rôle actif qu’elle a à jouer dans la recherche de la paix en Afrique. Les mesures prises en ce sens devraient d’ailleurs s’accompagner du soutien adéquat au développement socioéconomique. S’agissant du NEPAD, il a affirmé que la perspective d’une relance économique paraît bien maussade si l’on considère qu’en 2002 cinq pays africains ont affiché un taux de croissance négatif. Face aux énormes défis posés par la réduction de la pauvreté dans le continent, le Nigéria approuve la déclaration du Secrétaire général selon laquelle les réformes politiques et économiques sont certes importantes, mais restent insuffisantes pour atteindre un développement durable. Toutefois quelques progrès ont été constatés dans la mise en oeuvre du NEPAD, le Nigéria et plusieurs autres pays ayant établi des priorités nationales et s’étant engagés à intégrer les objectifs du NEPAD dans leurs plans de développement national, qui nécessitent toutefois d’être soutenus. M. Samaila a, par ailleurs, salué la création du Groupe de haut niveau pour superviser le Mécanisme d’examen par les pairs, auquel le Nigéria et 15 autres pays ont souscrit. Le Plan d’action africain du G-8 constitue une autre étape bienvenue, de même que la mise en place du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, a ajouté le Secrétaire d’Etat. Il est cependant regrettable que trop de projets du NEPAD restent lettre morte en raison d’un manque de ressources pour les financer. Aussi est-il nécessaire que les pays développés considèrent rapidement les questions du commerce, de l’accès au marché, des subventions agricoles, de l’assistance au développement, de l’investissement étranger direct, de la dette extérieure et des flux de capitaux. La prévalence du VIH/sida, de la malaria et de la tuberculose causent également des ravages socioéconomiques dans la région en décimant la population active africaine.
M. MOSHE SERMONETA (Israël) a noté avec satisfaction que l’Assemblée générale avait inscrit dans le même débat les questions du NEPAD et des causes des conflits en Afrique, ce qui montre qu’il y a bien un lien entre les deux thèmes. De la même manière qu’Israël avait soutenu les initiatives et les principes de l’Union africaine pour réaliser ses objectifs de développement, elle a supporté également la création du NEPAD, a-t-il rappelé. Le représentant a estimé aussi que l’établissement d’un équilibre approprié entre les principes de responsabilité, de solidarité et de partenariat pouvait potentiellement remettre ce continent troublé sur la voie du progrès et de la prospérité. Dans ce cadre, son pays a salué l’adhésion de 16 pays africains au nouveau Mécanisme d’évaluation des programmes par ses pairs, qui reflète le désir des nations africaines d’aller dans le sens de la bonne gouvernance, de la démocratie, de la paix et de la sécurité, des droits de l’homme, etc. Le représentant a d’ailleurs chaleureusement encouragé les Etats non signataires à rejoindre le Mécanisme. Israël a particulièrement apprécié la création de stratégies mettant l’accent sur les priorités nationales, les programmes de santé, ou plus récemment à Maputo, l’environnement. M. Sermoneta a donc plaidé pour une mise en œuvre réelle du NEPAD. Israël a une longue histoire de partenariat avec l’Afrique, a-t-il rappelé, et a participé à différents programmes bilatéraux et multilatéraux, malgré toutes les difficultés auxquelles son pays se trouve confronté. «Nous le faisons car nous croyons dans les potentialités de l’Afrique et de ses peuples», a-t-il conclu.
Mme LIMAKATSO MOTJOPE (Lesotho) a souligné que les priorités du NEPAD étaient étroitement liées à celles des Objectifs de développement du Millénaire et que le NEPAD nécessitait, à ce titre, tout l’appui du système des Nations Unies. Estimant en outre que le développement durable en Afrique continuait à être ralenti par les conflits, les crises humanitaires, les catastrophes naturelles et les maladies comme le VIH/sida, le représentant a appelé la communauté internationale à respecter les engagements pris au cours des différentes conférences des Nations Unies relatives au développement africain. Par ailleurs, elle a déploré qu’il n’y ait pas eu de réponse rapide de la communauté internationale face aux situations de conflit qui ont prévalu dans la région du Fleuve Mano, en Sierra Leone ou en Guinée-Bissau notamment, soulignant combien une réaction trop lente ou hésitante pouvait entraîner un carnage. Elle a, en outre, fait valoir que l’Afrique était prête à assumer ses responsabilités en matière de paix et de sécurité, en soutenant la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et l’implication de la société civile dans le processus de prise de décisions. A cet égard, elle a souligné que son pays était engagé dans la mise en œuvre du NEPAD et avait progressé en matière de tolérance politique et d’ouverture, mais qu’il faisait toujours face au défi d’assurer la paix et la stabilité dans le pays.
M. ALFRED M. DUBE (Botswana) a rappelé que son pays siégeait au Conseil de coordination du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et a souligné que la majorité des États africains avaient intégré dans leurs programmes nationaux les grandes orientations du NEPAD. La bonne gouvernance et une gestion économique saine sont des conditions indispensables à la réalisation du NEPAD, a poursuivi le représentant, insistant sur la désignation de points focaux chargés d’en vérifier la mise en œuvre dans les domaines de l’environnement, de l’éducation, de la santé et des infrastructures. L’APD en Afrique a progressé de 17,7 milliards à 18,6 milliards entre 2001 et 2002 en partie grâce à l’initiative du NEPAD, a souligné M. Dube, mettant en avant les domaines prioritaires identifiés par le NEPAD, à savoir la lutte contre la pauvreté, le développement rural, et le développement de nouvelles technologies. Le VIH/sida devrait avoir un impact négatif sur la croissance des pays africains d’ici à 2015 et faire chuter le taux de croissance économique entre 0,4 et 1,5%. Il a remercié les pays du G-8 pour le soutien qu’ils ont apporté au NEPAD et souhaité que les Nations Unies demeurent le point focal de la mise en œuvre de cette initiative.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a déclaré qu’au lieu d’être aiguillonnés par les pays développés, les pays africains ont décidé de prendre le taureau par les cornes et ont montré au monde entier qu’ils étaient capables eux aussi d’apprécier ce qu’il faut faire; le résultat est le NEPAD. En ce qui concerne les Mécanismes d’évaluation par les pairs, le représentant a noté qu’il n’était pas très encourageant d’apprendre que seuls 16 pays avaient accepté le Protocole. La paix et la sécurité sont nécessaires sur le continent afin de fournir une atmosphère favorable au développement économique, notamment l’investissement étranger. M. Butagira a salué à cet égard l’établissement du Conseil pour la paix et la sécurité par l’Union africaine. Il a encouragé les pays à ratifier le Protocole pour qu’il devienne enfin opérationnel. Nous avons vu que dans la région des Grands Lacs, les efforts régionaux avaient porté leurs fruits dans la résolution du conflit au Burundi, s’est-il félicité.
Plus de coordination est nécessaire pour intégrer le NEPAD dans les divers programmes et organes des Nations Unies. A cet égard, des mécanismes institutionnels doivent être mis en place pour assurer le succès du NEPAD. En Ouganda, nous travaillons pour mettre en place un point focal, a souligné le représentant. Le Secrétariat national du NEPAD se situera au sein du Ministère des finances, du plan et du développement économique. Le Groupe de travail national sur le NEPAD a étudié les modèles de coordination établis dans les autres pays africains pour connaître les meilleures pratiques et les mettre en œuvre en Ouganda. Mais, en raison de contraintes budgétaires, nous avons besoin d’assistance pour assurer le financement des structures nationales de coordination. L’Afrique a besoin d’investir plus dans le développement des ressources humaines afin d’atteindre les Objectifs du NEPAD. En Ouganda, nous avons investi dans l’éducation, ainsi le nombre d’universités est passé de une en 1986 à 16 aujourd’hui, s’est-il félicité.
Mme AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que l’Afrique était le continent le moins développé au monde et celui où la pauvreté augmentait le plus avec plus de 340 millions de personnes, soit la moitié de sa population, qui vit avec moins de un dollar par jour. Pour renverser cette tendance, le NEPAD a développé un Plan initial qui se concentre sur trois priorités: établir les conditions pour assurer un développement durable; définir des priorités sectorielles dans des domaines tels que l’agriculture, l’infrastructure, le développement humain, l’énergie etc.; enfin mobiliser des ressources par l’augmentation de l’épargne et des investissements locaux, l’amélioration de la gestion des recettes et des dépenses publiques, et enfin l’amélioration de l’accès de l’Afrique au commerce mondial. La République-Unie de Tanzanie, l’un des Etats Membres fondateurs de l’Union africaine, qui a reconnu le NEPAD comme l’un de ses piliers économiques, soutient à ce titre les objectifs et principes du NEPAD en accord avec la Vision économique 2025 de son gouvernement, aussi bien qu’avec la politique stratégique de réduction de la pauvreté. La République-Unie de Tanzanie a ainsi procédé à un certain nombre de réformes pour accroître le développement du secteur privé, considéré comme central dans la mise en œuvre du NEPAD. Elle a également soumis des projets, dans tous les secteurs couverts par le NEPAD, à la Communauté est-africaine et à la Communauté pour le développement en Afrique australe pour en obtenir le financement. Les Etats d’Afrique de l’Est doivent d’ailleurs tenir un Sommet le 29 octobre à Nairobi pour en discuter. Il est par ailleurs indispensable que les pays d’Afrique australe intègrent les objectifs du NEPAD dans leurs priorités nationales, a ajouté le représentant, qui, en conclusion, a salué l’instauration du Mécanisme d’examen des pairs.
M. JUMA AMER (Jamahiriya arabe libyenne) a fait valoir qu’avec le NEPAD, les chefs d’Etat africains s’étaient engagés à mettre leur pays sur la voie du développement, et s’est félicité des progrès réalisés dans le domaine de la prévention des conflits au moyen de négociations et du dialogue sur le continent. En outre, il a insisté sur la nécessité de mettre rapidement en place le Parlement panafricain et a salué l’ouverture des pays du continent aux investissements. A ce titre, il a indiqué que son pays avait créé des sociétés conjointes avec plusieurs pays d’Afrique dans un certain nombre de domaines. Il s’est aussi réjoui de l’implication des agences des Nations Unies pour faire régner la paix et la sécurité sur le continent. Insistant sur la nécessité de mettre fin au fossé de développement qui s’est élargi au cours de ce siècle, il a appelé les pays développés à soutenir les pays en développement en réduisant notamment le poids de la dette, problème qui perdure depuis trop longtemps et empêche les pays de consacrer leurs ressources à la lutte contre les maladies et la pauvreté notamment. Par ailleurs, il a appelé la communauté internationale à établir un partenariat actif avec le NEPAD pour permettre aux pays du continent africain d’atteindre leurs objectifs de développement. Il a également déploré le pillage sans compensation de leurs ressources matérielles, si importante pour la prospérité de nombreux pays du continent.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a estimé que l’Assemblée générale, par ce débat, offrait l’opportunité de relever le défi que représente la mise en oeuvre du NEPAD. Il a salué les chefs d’Etat et de gouvernement dans leur engagement à aider les Africains dans leur lutte pour instaurer la paix et le développement durables, afin d’intégrer leur continent dans l’économie mondiale ainsi que le préconise la Déclaration du Millénaire. Il s’agit d’une volonté collective de promouvoir le continent africain dans le cadre d’un plan d’action intégré, s’appuyant essentiellement sur les capacités propres de l’Afrique, a-t-il expliqué. Il s’est félicité que la communauté internationale, et en particulier le G-8, l’Union européenne, et d’autres institutions financières internationales aient appuyé l’initiative, comme l’a aussi montré l’appui du Secrétaire général, et la tenue de la troisième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, menées en appui au NEPAD. Celui-ci a pu d’ores et déjà enregistrer certains progrès, comme la mise en place d’organes de coordination nationaux par exemple. Le représentant a affirmé que son pays appliquait pour sa part une politique économique et sociale en harmonie avec ce partenariat. Mais l’ampleur des problèmes et la complexité des obstacles à surmonter pour bâtir les soubassements des infrastructures du continent et jeter les bases de son développement socioéconomique exigera beaucoup plus de résolution, a affirmé M. Hachani, et davantage de ressources, tant au niveau national qu’international. Cette insuffisance se manifeste notamment au niveau de l’aide publique au développement, qui ne cesse de reculer, ainsi que par la faiblesse des investissements et l’aggravation du problème de l’endettement. Son pays a appelé la communauté internationale à appuyer davantage les efforts des pays africains dans la promotion du commerce et l’amélioration de l’accès au marché, la réduction des tarifs douaniers et la suppression des barrières non tarifaires sur les produits africains. De plus, il a également appelé les pays créanciers, les banques privées, et les institutions financières multilatérales à aider les pays africains à sortir plus rapidement et durablement de l’endettement, notamment par l’application accélérée d’une initiative PPTE renforcée et élargie.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a remarqué que, selon le Rapport du Secrétaire général, le NEPAD avait commencé à faire d’importants progrès. Il a noté une augmentation du niveau de l’aide publique au développement, ce qui est encourageant comparé au déclin catastrophique des années 90. Cependant, le niveau reste encore en dessous du niveau nécessaire, en dépit de la croissance de l’économie mondiale, a-t-il remarqué. La question du commerce et de l’investissement est, quant à elle, mitigée. Les accords particuliers pour stimuler les efforts ne sont pas suffisants pour déboucher sur un changement significatif, a-t-il déclaré. Pour générer un flux d’investissements, des programmes spécifiques promotionnels sont nécessaires et M. Neil a salué à cet égard l’initiative des Etats-Unis de fournir un fonds de garantie dans certains domaines d’investissements.
Le représentant s’est félicité de l’établissement d’un Bureau du Conseiller pour l’Afrique qui joue un rôle stratégique. Il a espéré que la coordination ne sera pas submergée par une trop lourde bureaucratie qui annihilerait les efforts d’innovation dans la mise en œuvre des projets de développement. Il a souligné combien il était important de construire une capacité de production à une époque de mondialisation où la compétitivité et l’efficacité sont des paramètres importants. Il faut travailler à proximité de la société civile et renforcer le secteur privé pour les encourager à prendre plus d’initiatives et pour qu’ils puissent bénéficier des opportunités qui leur sont offertes dans le système mondial. Nous devrions être attentifs à éviter d’imposer à l’Afrique des modèles économiques et des politiques de développement qui n’ont pas de relation avec les réalités sociales, économiques et politiques du continent. C’est donc aux Etats africains du NEPAD de définir eux-mêmes leurs priorités, mais le soutien de la communauté internationale demeure primordial.
M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a demandé que les Nations Unies aident les pays africains à élaborer un «point focal standard» qui servirait de référence pour établir plus de cohérence entre les stratégies nationales disparates et, ainsi, faciliterait l’intégration du NEPAD dans les diverses politiques nationales de développement. Qui plus est, le NEPAD possède une dimension multi-sectorielle et il serait plus judicieux, selon le représentant, de cibler les efforts sur deux ou trois secteurs possédant un impact global, qui pourraient être la faim, la malnutrition et le VIH/sida. L’industrialisation de l’Afrique doit être orientée vers la lutte contre le VIH/sida, a souligné M. Dangue Rewaka. Il a incité les Etats-Unis et l’Union européenne à poursuivre leurs efforts de solidarité en direction de l’Afrique où la pauvreté, les guerres et les maladies sont le lot quotidien des populations.
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