CRIQUET PELERIN: LA MENACE SE PRECISE
Communiqué de presse AFR/798 SAG/207 |
AFR/798
SAG/207
18 décembre 2003
CRIQUET PELERIN: LA MENACE SE PRECISE
Le groupe antiacridien de la FAO publie un nouveau rapport
(publié tel que reçu)
ROME, 18 décembre 2003 -- Après un été pluvieux et de récentes précipitations, les populations de criquet pèlerin continuent d'augmenter et pourraient menacer les cultures d'hiver dans la partie nord-ouest de l'Afrique et le long de la mer Rouge, met en garde la FAO.
Des essaims commencent à se former en Mauritanie où les reproductions se poursuivent dans plusieurs zones. Au cours des dix premiers jours de ce mois, une douzaine d'essaims d'ailés immatures ont été aperçus à l'est de Nouakchott. Trois autres essaims ont survolé la capitale les 4, 5 et 6 décembre 2003, indique le rapport que vient de publier le groupe antiacridien de la FAO.
Toujours à l'est de Nouakchott et dans le nord du pays, près de la ville minière de Zouerate, des pontes et des éclosions se produisent. Des bandes larvaires s'y forment ainsi que dans d'autres parties du nord-ouest de la Mauritanie, selon le rapport.
Dans le Sahara occidental, des groupes d'adultes matures sont présents dans un territoire allant de la frontière mauritanienne jusqu'à Bir Anzarane. Dans cette région, ainsi que dans le nord de la Mauritanie, les températures assez basses devraient retarder la maturation des criquets durant l'hiver.
Jusqu'ici, près de 20 000 hectares ont été traités aux pesticides durant les opérations de lutte antiacridienne au sol en Mauritanie et 2 400 hectares ont été traités dans le Sahara occidental, selon les informations les plus récentes.
Bien que le nombre de criquets pèlerins soit en baisse au Mali et au Niger, des groupes de larves et de jeunes ailés persistent dans les régions traditionnelles de reproduction du Tamesna et de l'Adrar des Iforas (Mali) ainsi que dans les régions montagneuses de l'Aïr (sud-est du Niger).
"Des bandes se forment au Mali où un essaim a été signalé jusqu'ici", précise le rapport. D'autres essaims pourraient se former et se déplacer vers le nord, menaçant les pays du nord-ouest de l'Afrique.
Le Moyen-Orient, région à risque
Une autre situation dangereuse est signalée au Soudan où un essaim mature se trouve sur les bords de la mer Rouge. Il provient de zones infestées proches du fleuve Atbara, à l'intérieur du Soudan du nord-est.
D'autres groupes d'adultes et quelques essaims sont attendus dans les plaines côtières de la mer Rouge. Ils devraient déposer des oeufs dont l'éclosion interviendrait au cours des prochaines semaines.
Des groupes d'adultes et des essaims pourraient traverser la mer Rouge en direction de l'Arabie saoudite. Déjà dans ce dernier pays, des groupes d'ailés ont été aperçus pondant des oeufs dans les plaines côtières entre Jeddah et Yenbo.
Toujours en Arabie saoudite, quelques groupes se sont déplacés vers l'hinterland et déposé des oeufs dans des régions proches des villes de Médina et Taef. "Cela est très rare en cette période de l'année", indique le rapport de la FAO. Des éclosions ont commencé dans certaines régions et des larves sont en train de former des bandes.
En Arabie saoudite, quelque 3 600 hectares ont été traités durant la première semaine de décembre et les opérations de lutte antiacridienne se poursuivent dans ce pays ainsi qu'au Soudan.
Les experts de la FAO redoutent que la menace que constitue le criquet pèlerin ne s'étende dans la région du Moyen-Orient si de bonnes pluies devaient se produire cet hiver le long des côtes de la mer Rouge.
Le criquet pèlerin: un fléau
Le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) appartient à la catégorie des acridiens de type locuste présentant un phénomène de polymorphisme phasaire, c'est-à-dire la possibilité de développer des aspects variés et réversibles, selon la densité des populations, elle-même fonction des conditions écologiques et météorologiques.
Depuis l'antiquité, il est considéré comme l'un des principaux fléaux de l'humanité. Il est redoutable car il consomme chaque jour son propre poids de nourriture fraîche.
Schématiquement, on parle de phase solitaire pour les populations de faible densité et de phase grégaire pour les populations de forte densité.
Normalement, on trouve le criquet pèlerin en phase solitaire dans une aire vaste mais limitée aux régions les plus désertiques d'un territoire (incluant une vingtaine de pays) allant de la Mauritanie à l'Inde.
Après de bonnes pluies, les conditions sont favorables à sa reproduction. Le criquet pèlerin se multiplie alors rapidement, se concentre et, si la densité critique est atteinte, il passe à la phase de grégarisation.
La grégarisation signifie que les criquets pèlerins agissent collectivement en bandes larvaires ou en essaims d'adultes.
Les essaims sont très mobiles et peuvent parcourir des centaines ou des milliers de kilomètres entre les zones de reproduction d'été, d'hiver et de printemps.
Le fléau acridien se produit lorsque les conditions idéales sont remplies lors d'une séquence de reproductions saisonnières. Cela entraîne la formation d'essaims gigantesques qui envahissent des pays non situés dans la zone de reproduction traditionnelle du nuisible.
Les effets sont dévastateurs pour les cultures. On parle de rémission pour définir la période qui sépare deux invasions.
Le Groupe d'experts en lutte antiacridienne de la FAO dresse des analyses et des prévisions sur la situation acridienne qui sont diffusées aux pays concernés et à la communauté des donateurs.
Le Groupe centralise les informations et les données provenant des services nationaux de lutte antiacridienne et des enquêtes effectuées sur le terrain. Il les affine en les combinant à d'autres données issues d'archives, de la météorologie et de la télédétection.
La FAO lance aussi des alertes spéciales lorsque la situation le rend nécessaire.
En période d'urgence, le Groupe antiacridien coordonne les opérations de lutte et l'aide extérieure.
Pour plus d’informations, consulter: www.fao.org/news/global/locusts/locuhome.htm, ou contacter: Pierre Antonios, relations médias, FAO, pierre.antonios@fao.org, media-office@fao.org; tel: (+39) 06 570 53473, (+39) 06 570 53625.
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