LE SEMINAIRE INTERNATIONAL DES MEDIAS SUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT EXAMINE LES LEÇONS DE LA DECENNIE ECOULEE
Communiqué de presse PAL/1924 |
PI/1433
LE SEMINAIRE INTERNATIONAL DES MEDIAS SUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
EXAMINE LES LEÇONS DE LA DECENNIE ECOULEE
(adapté de l’anglais)
Service d’information des Nations Unies, Copenhague, le 17 juillet –-Le Séminaire international des médias sur la question de la paix au Moyen-Orient, organisé par le Département de l'information des Nations Unies et qui se tient à Copenhague a entendu cet après-midi six intervenants. Les intervenants ont parlé des leçons apprises dans le cadre du «processus de paix», depuis la Conférence de paix de Madrid en 1991 jusqu'au Sommet du Comité d'établissement des faits (connu sous le nom de Commission Mitchell) qui s'est tenu à Charm el-Cheikh, en Egypte, en 2001.
Sont intervenus dans le cadre de ce débat: M. Yasser Abed Rabbo, Ministre de l'information et de la culture de l'Autorité palestinienne; M. Yossi Beilin, ancien Ministre de la justice d'Israël; M. Henry Siegman, du «Council on Foreign Relations» (Etats-Unis); M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi du Maroc; Mme Smadar Perry, rédacteur en Chef du Bureau de Tel-Aviv du quotidien «Yediot Ahronot» (Israël); et M. Nabil Khatib, Professeur de journalisme à l'Université Bir Zeit en Cisjordanie.
M. Yasser Abed Rabbo, Ministre de l'information et de la culture de l'Autorité palestinienne, a déclaré que la vie quotidienne des Palestiniens était difficile. Les récentes incursions israéliennes dans les territoires contrôlés par l'Autorité palestinienne ont paralysé toute activité, a-t-il dit, en soulignant que le niveau de destruction de l'économie et des infrastructures palestiniennes était sans précédent. «Dans certaines zones, nous ne sommes pas loin d'une situation de famine, et l'Autorité palestinienne est incapable, dans ce genre de circonstances, d'accomplir la moindre tâche, et encore moins le genre de réformes immédiates qu'exige le Président Bush». «La position américaine sur la réforme de l'Autorité palestinienne est paradoxale, car au moment même où on en parle, on constate aussi que les institutions palestiniennes n'ont jamais autant été victimes d'agressions», a dit M. Abed Rabbo en estimant que l'insistance du Premier Ministre israélien Ariel Sharon sur la réforme comme condition préalable à toute reprise des négociations politiques n'était qu'une couverture politique à la poursuite des activités de colonisation menées par Israël.
M. Yossi Beilin, ancien Ministre de la justice d'Israël a exprimé son soutien à une relance du processus de paix. «Les Palestiniens et les Israéliens doivent trouver un accord, car ce n'est pas le monde extérieur qui les sauvera», a-t-il dit. La violence actuelle est un «cycle dangereux» qui cause beaucoup d'injustices aux deux peuples et si, malgré les nombreux échecs, on pouvait analyser les succès accumulés depuis la tenue de la Conférence de Madrid en 1991, jusqu'à la conclusion du Plan Mitchell, qui reste malheureusement en veilleuse, on pourrait tirer des leçons importantes qui pourraient profiter aux Israéliens et aux Palestiniens. «La Conférence de Madrid s'est basée sur les Accords de Camp David qui amenèrent la paix entre Israël et l'Egypte», a estimé M. Beilin en déclarant que la mise en place de mesures de confiance pourrait créer aujourd'hui un climat favorable aux négociations de paix.
M. Henry Siegman, Senior Fellow sur le Moyen-Orient et Directeur du «US/Middle East Project» du Council on Foreign Relations (Etats-Unis), a déclaré que les populations du Moyen-Orient semblaient ne pas retenir les leçons de l'histoire. La violence continue et l'effondrement du processus de paix traduisent un manque de respect pour les progrès qui auraient pu être accomplis en faveur des intérêts des peuples palestinien et israélien. Les récents appels américain et israélien pour une réforme de l'autorité palestinienne comme prélude à un Etat palestinien sont exploités pour des motifs politiques, a noté M. Siegman en estimant que le sort des deux peuples sera de plus en plus lié, Israël faisant face à une «catastrophe démographique» et l'antisémitisme étant en hausse dans le monde arabe, en même temps que les Palestiniens sont poussés au désespoir par l'occupation israélienne.
Pour M. André Azoulay, Conseiller de sa Majesté le Roi du Maroc, il est surprenant que le processus de paix échoue alors qu'un consensus international existe sur la question. Une solution réaliste au Moyen-Orient exige une présence internationale, et vu l'intransigeance des deux parties, un médiateur est indispensable pour les amener à la table des négociations.
Mme Smadar Perry, rédactrice en Chef, du Bureau de Tel-Aviv du quotidien «Yediot Ahronot», a déclaré qu'avec la montée de la violence, le mouvement pour la paix était pratiquement mort en Israël et dans les territoires palestiniens. Sans véritable mouvement pour la paix comprenant différents segments israéliens et arabes, l'avenir restera incertain, a-t-elle dit en demandant aux médias arabes de faire preuve de plus de responsabilité et de condamner les actes de violences perpétrés contre les civils israéliens. «Nous devons changer l'état d'esprit qui permet de justifier que des jeunes se transforment en bombes humaines», a-t-elle déclaré.
Pour sa part, M. Nabil Khatib, Professeur de journalisme à l'Université Bir-Zeit, a estimé que «le processus de paix n'a pas amené d'indépendance aux Palestiniens, mais a créé plus d'occupation», ce qui amène les gens à soutenir la violence. Au lieu de subir une seule autorité, les Palestiniens en subissent deux et la communauté internationale, sans prendre en compte leurs aspirations, continue à définir à leur place une vision de la paix qui n'est pas forcément la leur. La plupart des Palestiniens ont donc peur de retourner à la table des négociations, synonyme pour eux, d'humiliations.
Au cours d'un échange avec les représentants des médias, M. Yasser Abed Rabbo a déclaré qu'aucune des deux parties ne pouvait tourner le dos aux négociations de paix. Mais, a-t-il estimé, aucune précondition, comme par exemple le départ de M. Yasser Arafat, ne doit être posée à ces négociations. «Arafat est le symbole du peuple palestinien et de ses aspirations, et on ne peut lui demander de quitter de cette manière la scène politique». L'Autorité palestinienne est contre les attentats-suicide qu'Israël utilise comme prétexte pour justifier l'occupation des territoires palestiniens et ses mesures de répression, a dit le Ministre palestinien. Intervenant, M. Yossi Beilin a dit que les médias, aussi bien en Israël que dans les pays arabes, devaient faire plus pour dénoncer la violence au lieu de l'inciter des deux cotés. Au lieu de se jeter la pierre, les deux parties devraient donc mettre fin aux incitations à la violence, a-t-il dit.
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