ENV/DEV/J/688

“FAIRE BOUGER LES CHOSES” TABLE RONDE SUR LES MODALITES DE LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DU SOMMET

03/09/02
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/688


“FAIRE BOUGER LES CHOSES” TABLE RONDE SUR LES MODALITES

DE LA MISE EN OEUVRE DES OBJECTIFS DU SOMMET


Johannesburg, le 2 septembre -- Présidée par M. Aleksander Kwasniewski, Président de la Pologne, la table ronde organisée cet après-midi a entendu plusieurs chefs d’Etat et ministres, représentants des institutions des Nations Unies et de la société civile, s’exprimer sur les moyens à mettre en oeuvre pour “faire bouger les choses” et traduire dans les faits les engagements pris par les gouvernements au présent Sommet.  Selon un plan distribué en début de séance, les débats se sont articulés autour de cinq thèmes : la mobilisation des ressources; la cohérence entre les institutions nationales et internationales; la coopération sur des projets précis en matière d’eau et d’énergie notamment; le partage des connaissances scientifiques et le renouvellement de la solidarité mondiale.  Une question a été posée par le représentant du Conseil international des syndicats libres: “Ce sommet, a-t-il dit, m’étonne par ses contradictions, car personne ne parle d’emploi.  Or le seul moyen de sortir de la pauvreté est d’obtenir un emploi : tout sommet sur la pauvreté devrait donc s’attacher à créer des emplois, des emplois de bonne qualité”.


La question de la mobilisation des ressources, aux niveaux national et mondial, se pose d’emblée dans la mise en oeuvre des objectifs du Sommet.  Plusieurs pays, du Nord et du Sud, se sont accordés à reconnaître que l’aide au développement est insuffisante.  Le Ministre de l’environnement de l’Autriche, relayé par le Ministre du développement de la Norvège, a reconnu qu’il est nécessaire d’accroître le volume de l’aide au développement afin qu’elle atteigne le niveau promis de 0,7% du PNB des pays riches.  Proposition reprise par le Ministre saoudien du commerce qui a demandé aux pays développés de respecter cet engagement.


La mobilisation de ressources ne saurait cependant s’arrêter à l’aide au développement.  La Présidente de l’Indonésie a indiqué que ce qu’il faut aux pays en développement, ce n’est pas la charité, mais des conditions de développement favorables et, notamment, un accès aux marchés extérieurs.  Pour la Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, l’aide économique doit être accordée aux Etats pour qu’ils éliminent les entraves à leur intégration dans les systèmes économiques mondiaux et profitent de la mondialisation.  D’autres intervenant ont demandé que la mondialisation soit codifiée pour que le système du commerce multilatéral soit juste et équitable pour tous.


Le Président ougandais M. Museveni a renvoyé dos à dos “le parasitisme des uns et l’auto-émasculation des autres”, les premiers étant ceux qui ont profité de la traite des esclaves, de la colonisation et les seconds ceux qui ne cessent de se plaindre et de demander la charité.


De l’avis de l’Algérie, “le développement durable ne se transfère pas, c’est une action autocentrée et introvertie qui doit venir de nos terroirs, c’est un problème d’identité et d’affirmation de soi.  Le développement durable est un acte culturel”.


Pour la Ministre norvégienne du développement, la mobilisation de ressources doit aussi venir du secteur privé: les pays développés doivent inciter leurs industries à investir dans les pays en développement; les pays en développement doivent créer un climat propice aux investissements en promouvant la bonne gouvernance; le monde des affaires doit apprendre à bien se comporter, d’où la nécessité de mettre en place un code éthique.  Ces conditions sont incontournables si l’on veut atteindre l’objectif de 7 à 10% de croissance annuelle dans les pays plus défavorisés, a-t-elle estimé.


Le second thème abordé a été celui de la cohérence des institutions nationales et internationales et plusieurs participants ont accusé l’organisation actuelle de manquer d’efficacité.


“La multiplicité des centres de décision nuit à la cohérence des politiques mondiales en faveur du développement durable.  Il faut aller vers une architecture pour l’environnement qui soit compacte”, a déclaré le Ministre de l’environnement et du plan de l’Algérie.  Selon la Ministre des affaires étrangères du Salvador, il y a un manque patent de cohérence entre les différentes politiques mises en oeuvre.  Elle a souhaité que ce qui est fait au niveau de l’ECOSOC soit davantage mis à profit.


L’importance d’une meilleure coordination entre les instances régionales et les institutions internationales a été mise en avant plusieurs fois.  Les institutions régionales, plus proches des communautés locales, peuvent être plus au fait des besoins et se révéler indispensables en cas de catastrophes naturelles.  Le Ministre de l’Autriche est allé dans ce sens, indiquant combien il peut être efficace d’élaborer d’abord des stratégies nationales et ensuite, les étendre ou les coordonner à un niveau régional.  Certains projets développés par l’Union européenne fonctionnent de cette façon, a-t-il indiqué.


Le représentant de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) s’est prononcé en faveur d’arrangements institutionnels solides et d’un réseau qui englobe les institutions régionales et mondiales pour mettre en oeuvre l’agenda du développement durable.  “Depuis Rio, des progrès substantiels ont été réalisés en Amérique latine, notamment grâce à une bonne coordination entre l’ONU, les institutions régionales, la société civile et le secteur privé.  Ce qui manque toutefois pour promouvoir le développement durable, c’est d’intégrer l’environnement dans le programme économique et dans la pensée des Ministre des finances.  Pour que l’environnement ne soit plus en contradiction avec les comportements économiques, a-t-il continué, il faut créer des marchés pour les services relatifs à l’environnement.  Kyoto est novateur en ce sens, puisqu’il a créé le premier marché en matière de services environnementaux”.


La nécessité de promouvoir la coopération mondiale et régionale en matière d’eau et d’assainissement, énergie, santé, agriculture et biodiversité, quatrième question de la table ronde, a été soulignée par la grande majorité des participants.


“Le développement durable et la lutte contre la pauvreté concernent d’abord les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs”, a déclaré le représentant des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et exploitants forestiers.  Et leur priorité est celle de l’eau parce que sans elle, il n’y a ni agriculture, ni élevage, ni pêche, ni forêt.  Il faut favoriser l’énergie solaire et éolienne qui est à la porte des pauvres.  Le Ministre de l’environnement de la Lettonie a évoqué l’eau et l’assainissement en demandant que les prix soient aussi bas que possible et à la portée des consommateurs.


Le phénomène du Niño, qui, en 1997-98 a affecté 110 millions de personnes et entraîné des pertes supérieures à 34 milliards de dollars pour les pays qui bordent le Pacifique, est exemplaire d’un phénomène climatique qui requiert une réponse mondiale.  Le Ministre des affaires étrangères du Pérou a déploré que le Niño se traduise par des coûts élevés en vies humaines et des ponctions considérables sur la capacité considérable sur la capacité productive.  Il s’est inquiété de la réduction des glaciers de la Cordillère des Andes, phénomène préjudiciable aux peuples andins.  Il a demandé que la communauté internationale redouble d’efforts pour aider les peuples qui souffrent de ces phénomènes.


L’utilisation non rationnelle des ressources des océans a été mise en avant et déplorée par les représentants des Iles Cook et de Tonga.  L’Ukraine, quant à elle, a indiqué qu’une des principales entraves au développement durable de son pays est constituée par les séquelles à long terme de l’accident de Tchernobyl.  Dans tous ces cas, il s’agit là de tâches d’envergure planétaire auxquelles ces pays ne peuvent s’attaquer seuls.


En terme de projets de coopération, l’Autriche a indiqué qu’elle joue un rôle actif, en tant que membre de l’Union européenne, dans l’initiative sur l’eau qui doit être lancée demain.  La coopération impliquant aussi l’échange de bonnes pratiques, l’Autriche a cité la Convention alpine comme modèle en matière de règlement de questions transfrontalières.


La promotion de la coopération en matière d’eau et d’assainissement passe, pour de nombreux intervenants, par des partenariats avec le secteur privé.  Ainsi, pour la Ministre de l’environnement du Pakistan, “les énergies renouvelables sont un luxe que les pays à faibles moyens ne peuvent pas nécessairement s’offrir.  C’est pourquoi le recours au secteur privé est indispensable”.


Le quatrième point de la discussion, le rôle des connaissances scientifiques dans la prise de décision et le déploiement de ressources pour la recherche et le développement a été abordé par la Ministre du Pakistan, qui a déclaré que « la recherche scientifique est le maillon faible des pays en développement ». 


Appuyée par ses collègues de l’Egypte et du Viet Nam, elle a souligné le déficit de capacités en matière de développement scientifique et la nécessité de pouvoir compter sur la communauté internationale pour le renforcement des capacités nationales en matière de formation et d’éducation.  Le représentant de la Fédération mondiale des organisations d’ingénierie a indiqué que la bonne gouvernance a besoin de la connaissance scientifique car cette dernière est de nature objective et permet de prendre des décisions plus avisées.  La coopération scientifique permettra donc, selon lui, d’améliorer la prise de décision.  En ce qui concerne le transfert de technologies, il a indiqué que pas assez avait été fait afin d’adapter les technologies. A son avis, il faut utiliser davantage de matériaux locaux et de ressources humaines locales, et le rôle du Nord doit se limiter au financement. 


Enfin, au titre des initiatives visant à renforcer l’engagement en faveur de la solidarité mondiale, l’Algérie a proposé, au regard du fossé qui augmente entre le Sud et le Nord, l’établissement d’un « minimum garanti » pour le développement durable financé par un fonds de solidarité.  L’Autriche, quant à elle, s’est prononcée en faveur d’un plan d’action concret qui prévoie l’implication des ONG, un véritable instrument pour guider le développement durable. 


Le représentant de la Palestine a exprimé ses profondes préoccupations, soulignant que la surface des terres arables a diminué de 80% en Palestine et que tout développement durable dans son pays est empêché par la puissance occupante. 


Outre les participants déjà cités, les représentants des pays suivants se sont exprimés : Maurice, Mali, Thaïlande, Viet Nam.


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