LA MONDIALISATION ÉCONOMIQUE APPELLE UNE MONDIALISATION DE LA SOLIDARITÉ AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ENV/DEV/687 |
ENV/DEV/J/687
3 septembre 2002
LA MONDIALISATION ÉCONOMIQUE APPELLE UNE MONDIALISATION DE LA SOLIDARITÉ
AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
L’Afrique est la première victime de l’échec de la mise en oeuvre d’Action 21
Johannesburg, le 2 septembre -- Face à une mondialisation économique qui ne profite pas à tous et dont les effets sur l’environnement sont évidents, le Premier Ministre belge, M. Verhofstadt, appuyé par de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement qui s’exprimaient cet après-midi dans le cadre du segment de haut-niveau du Sommet mondial pour le développement durable, a estimé que la mondialisation de l’économie appelle la mondialisation de la solidarité. Sous-tendue par une recherche du bénéfice à court et à moyen termes, la mondialisation profite à un nombre restreint d’individus au détriment des objectifs communs du développement durable.
Dressant un constat d’échec de la mise en œuvre du Plan d’Action 21, défini il y a dix à Rio, M. Verhofstadt a estimé que ce ne sont pas les solutions qui manquent à la réalisation des objectifs du développement durable mais plutôt la volonté politique des pays développés de partager les fruits de la croissance avec les pays pauvres. A la lecture des indicateurs de développement, il est évident que les engagements pris lors de cette conférence sont restés lettre morte, a déploré M. Olesegum Obasanjo, Président de la République fédérale du Nigéria, précisant que cet échec n’est nulle part plus visible qu’en Afrique.
Pour le Nigéria, et beaucoup de pays dont les dirigeants ont pris la parole aujourd’hui, les conditions premières du développement durable sont l’éradication de l’insécurité alimentaire, l’allègement de la dette, la suppression des subsides à l’agriculture mais aussi la lutte contre la propagation du virus du sida. Cette «peste des temps modernes», a prévenu M. Omar Bongo, faute de mesures appropriées, risque d’enlever à l’Afrique 50 millions de ses enfants.
Pour M. Koffi Sama, Premier Ministre du Togo, la désertification, la dégradation des sols, la diversité biologique et la protection des forêts constituent des préoccupations majeures des pays africains. Il est donc urgent de mettre en place des programmes d’action cohérents et de donner au fonds mondial pour l’environnement les moyens de lutter contre la désertification. De même, M. Denis Sassou-Nguesso, Président de la République du Congo, a lancé un appel pour l’harmonisation des politiques et des législations forestières pour le Bassin du Congo.
La coopération régionale a alors été présentée comme la voie à suivre en matière de développement durable de l’Afrique. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) constitue à cet égard le cadre d’orientation stratégique d’action permettant de faire passer l’Afrique d’un statut d’assisté à celui de partenaire dans la mondialisation, selon le Président sénégalais, M. Abdoulaye Wade et devrait, de l’avis de M. Alhaji Aliu Mahama, Vice-Président du Ghana, disposer d’un soutien des pays développés.
Expliquant sa volonté de mettre les Africains au premier plan du développement de l’Afrique, M. Robert Mugabe, Président du Zimbabwe, a souligné que le développement durable ne sera pas possible dans son pays sans réforme agraire. Sans spolier personne, il s’agit aujourd’hui de partager des terres qu’une minorité raciale s’obstine à conserver au détriment des Zimbabwéens et des Africains qui ont versé leur sang pour devenir un peuple souverain, s’est expliqué M. Mugabe.
Outre les personnalités citées, les Présidents, Vice-Présidents, Ministres, Vices-Ministres et représentants des pays suivants ont pris la parole: Bulgarie, Nouvelle-Zélande, Croatie, Italie, Finlande, Japon, Islande, République fédérale de Yougoslavie, Tuvalu, Costa Rica, ex République yougoslave de Macédoine, Swaziland, Malawi, République islamique d’Iran, Honduras, Monaco, Malaisie, Vanuatu, Iraq, République démocratique populaire lao, Liechtenstein, Bahreïn, Confédération suisse, Koweït, Soudan, Jordanie, Qatar, République de Corée, Burkina Faso, Pérou, Uruguay, Liban et Bahamas. L’Observateur du Saint-Siège s’est également exprimé.
Le Sommet de Johannesburg poursuivra son débat de haut niveau demain mardi 3 septembre, à 9 heures.
Allocutions
M. GEORGI PARVANOV, Président de la République de Bulgarie, a rappelé que depuis Rio, son pays a traversé une période de transformations vers la démocratie et l’économie de marché. Ces réformes ont été ponctuées d’étapes complexes et douloureuses, notamment dans les domaines du chômage et de la pauvreté. Le Président a fait observer que le modèle communiste totalitaire qui avait régné en Bulgarie jusque dans les années 90 avait mis en œuvre des politiques erronées, tout comme celles des gouvernements qui ont succédé à ce régime dans la mesure où les relations n’étaient pas réglementées avec le monde des affaires. La croissance économique et le développement social doivent évoluer conjointement, a poursuivi M. Parvanov et, dix après Rio, les bons résultats économiques permettent à la Bulgarie de pouvoir aspirer aujourd’hui à adhérer à l’Union européenne. Mais notre pays a tiré des expérience des dernières années, la certitude selon laquelle le développement durable ne peut être envisagé que sous la forme d’un partenariat actif. Il a donné l’exemple des partenariats pour l’action locale exemplaires en Bulgarie, en Pologne et en Turquie et insisté sur la volonté politique claire dont doit faire preuve la communauté internationale dans la mise en œuvre d’Action 21 et de mesures pratiques. Il ne faut pas seulement déclarer et promettre, réfléchir et planifier, mais aussi agir pour l’avenir de nos enfants.
Mme HELENE CLARK, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que la population mondiale augmente considérablement et accentue dans le même temps la pression sur les ressources naturelles. La multiplication des gaz à effet de serre menace l’équilibre du climat, le VIH/sida décime les populations et le monde connaît des extrêmes de pauvreté et de richesse inacceptables. C’est pourquoi il est indispensable de développer une action au plan international qui soit plus énergique. Le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande estime que l’on ne peut pas assurer les bénéfices à long terme de la croissance si les normes appliquées à l’environnement ne sont pas suffisantes. Le développement de partenariats avec les populations autochtones est également un des objectifs de la Nouvelle-Zélande en matière de développement durable. Nous visons à ratifier toutes les conventions des Nations Unies qui contribuent au développement durable, en particulier le Protocole de Kyoto et à recentrer nos programmes d’aide au développement afin d’améliorer l’accès à des soins de santé suffisants et un accès un généralisé au travail. La Nouvelle-Zélande collabore avec les petits Etats insulaires en développement vulnérables confrontés à la montée des eaux et à la pénurie d’eau douce et lance un appel pour l’élimination des subventions à l’exportation des produits agricoles des pays développés.
M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal, a souhaité que Johannesburg représente une rencontre facilitant les prises de décisions et de plans d’action concrets dans la spirale des changements climatiques, de l’érosion de la biodiversité planétaire, de l’amplification du phénomène de la sécheresse et de l’avancée du désert. Il a rappelé que le continent africain a adopté, le 11 juillet 2001 à Lusaka, les documents sur l’environnement et le NEPAD qui constituent le cadre d’orientation stratégique d’action a fait passer l’Afrique d’un statut d’assisté à celui de partenaire dans la mondialisation. Le Président Wade a formulé, entre autres, la proposition de mettre en œuvre un programme régional de lutte contre l’érosion côtière en Afrique de l’Ouest et la création d’une autorité pour lutter contre la désertification. Je ne crois pas, a-t-il poursuivi, qu’on fera face à la destruction des forêts en essayant de remplacer les arbres abattus ou de priver les pays des ressources qu’ils tirent de la vente du bois, je propose donc que l’humanité rachète des forêts et donne des rémunérations à ces pays pour compenser les pertes. M. Wade a encore indiqué qu’en tant que Coordonnateur du volet environnement du NEPAD, c’est lui qui sera en charge du suivi Johannesburg.
M. STJEPAN MESIC, Président de la République de Croatie, a invité l’humanité à faire face à trois grands périls, à savoir le terrorisme mondial, la répartition inégale des connaissances technologiques et les inégalités de développement entre pays de l’OCDE et pays d’Afrique et d’Asie. Johannesburg ne doit pas nous servir uniquement à constater la non-application des engagements pris à Rio car aujourd’hui le temps joue contre nous et il faut nous faut agir. Agir en concevant un plan commun global de survie pour le 21e siècle qui tienne compte du fait que les conséquences négatives du développement et du sous-développement sont des phénomènes liés, car ces dernières années, on a assisté à une mondialisation de la richesse d’une part et de la pauvreté de l’autre. Les pays pauvres et dépendants du Sud ne peuvent se développer sans des programmes d’aide soutenue de la part des pays développés car le sous-développement et les inégalités condamnent les populations du monde en développement à une survie sans espoir. Mais dans le processus de développement durable, l’obstacle le plus sérieux est celui de la volonté politique, notamment celle des pays riches. Revendiquant une redistribution équitable et égalitaire de la richesse mondiale au service exclusif du développement durable, le Président a proposé la création d’un Fonds international pour le développement de sources d’énergie durables et renouvelables.
M. DENIS SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, a souhaité que le Sommet mondial pour le développement durable constitue un étape concrète dans l’exaltante marche du monde vers la cohésion et la solidarité internationales. Le Congo place dans ses priorités la gestion durable de ses écosystèmes forestiers et contribue activement à l’harmonisation des politiques et des législations forestières en Afrique centrale. La communauté internationale attend du Congo qu’il préserve le grand bassin du Congo, l’une des plus grandes réserves de la biodiversité mondiale. Si nous le voulons, le développement durable peut devenir une réalité profitable à tous, mais il n’y aura pas de développement qui soit durable si les graves épidémies, notamment le paludisme et le sida, ne sont pas contrôlées et enrayées; si la sécurité alimentaire demeure, pour une écrasante majorité de l’humanité, une chimère; si l’eau et l’énergie ne sont pas accessibles à tous. Appelant les Etats qui ne l’ont pas encore fait de ratifier le Protocole de Kyoto, le Président a regretté que 10 ans après Rio, la communauté internationale soit loin d’avoir honoré ses engagements.
M. SILVIO BERLUSCONI, Premier Ministre de la République italienne, en témoignage de la volonté de son pays de répondre aux grands problèmes de l’environnement, a évoqué l’initiative originale lancée par l’Italie en matière de gouvernance. L’Italie est convaincue que le développement durable requiert des instruments de gouvernance efficaces et transparents et a proposé au dernier Sommet du G-8 un modèle universel d’organisation et de gestion de l’Etat permettant aux différents pays qui l’adopteraient d’améliorer leur administration publique, leur comptabilité, la gestion des cadastres de même que le système statistique, judiciaire et scolaire national. Si les pays riches font la promotion de ce modèle dans les pays en développement, ils ne pourront plus craindre que l’aide fournie ne parvienne pas aux populations concernées mais bénéfice aux dirigeants corrompus. Trois phases ont été identifiée pour la réalisation de ce modèle : celle de l’expérimentation, celle de la mise en place et celle de l’instauration de partenariats entre les pays industrialisés et le pays pauvres. L’Italie a déjà mis en place ce modèle dans cinq pays de la méditerranée. Cette nouvelle initiative vise également à faire participer la société civile et le monde des affaires. L’Italie a également introduit une nouvelle mesure fiscale fondée sur une libre décision de la part des consommateurs et des entrepreneurs d’accorder 1 ou 2% du prix de leurs achats à des projets concrets de coopération internationale. Elle a annulé à hauteur de 1 milliard de dollars la dette des pays débiteurs et s’engage à élever cette somme à 4 milliards dans l’avenir. Les pays riches ne peuvent pas négliger l’aide au développement et doivent consacrer y 0,7% de leur PNB.
Mme TARJA HALONEN, Présidente de République de la Finlande, a estimé que le Sommet de Johannesburg est un sommet sans précédent entièrement en ce sens qu’il est entièrement consacré à la mise en œuvre des objectifs fixés en matière de développement et à la régénération de la planète. Cela exige le renforcement de la coopération au développement, l’augmentation des investissements et l’élargissement de l’accès aux marchés. Mais ceci exige aussi la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’établissement de l’état de droit partout dans le monde. S’attardant sur la situation des femmes qui détiennent la clef du développement durable dans le monde en développement, Mme Halonen a voulu que des efforts supplémentaires soient déployés pour leur assurer un accès sans limite à l’éducation et à la terre. La mondialisation, a-t-elle insisté, exige plus que de la coopération économique mais aussi de la coopération sociale et écologique.
Membre du Groupe de travail de l’OIT sur la dimension sociale de la mondialisation, la Présidente a appelé à une coopération renforcée entre les gouvernements, le monde des affaire, les organisations internationales et la société civile. Concluant sur la question de l’énergie, elle a souligné que la Finlande est un champion des technologies écologiquement saines et est disposée à partager son expérience avec d’autres.
M. JUNICHIRO KOIZUMI, Premier Ministre du Japon, a jugé que le Sommet de Johannesburg nous pose le défi de déterminer ce que nous devons faire pour garantir un développement durable pour tous. Dans un monde où l’on fait encore face aux conflits, il importe de définir les facteurs essentiels susceptibles de permettre l’émergence d’un développement durable une fois que la paix sera revenue dans le monde en développement. Prenant l’exemple du Japon, pays sans ressources naturelles, M. Koizumi a vanté les ressources humaines comme premier facteur de développement. C’est pourquoi le Japon entend mettre l’accent sur l’éducation et le renforcement des capacités, et propose le lancement d’une Décennie de l’éducation pour un développement durable. Notre pays est disposé à accorder 250 milliards de yens d’aide dans le domaine de l’éducation sur cinq ans. La santé constitue aussi un défi pour le développement durable et le Japon s’engage à poursuivre son aide aux secteurs médical et sanitaire.
Notre politique d’aide au développement repose sur le principe du respect de l’autonomie des pays en développement et consiste à leur prêter assistance sur un pied d’égalité. Dans le prochain exercice budgétaire, le Japon intensifiera son aide au renforcement des capacités en matière de commerce et accordera un accès hors taxes et hors droits élargi aux produits des pays les moins avancés (PMA). La promotion des investissements est un autre domaine prioritaire pour le Japon, tout comme la réduction de la dette des PMA, notre pays contribuant pour plus d’un quart aux financements provenant de membre du G-8 pour l’initiative PPTE renforcée. M. Koizumi s’est dit impatient de voir entrer en vigueur le Protocole de Kyoto afin que la planète soit préservée par des principes clairs et appliqués. Notre pays contribuera au développement durable en renforçant les capacités des pays en développement, notamment par la formation de 5 000 techniciens étrangers sur 5 ans et en accueillant en mars 2003 le troisième Forum mondial de l’eau. Johannesburg doit nous permettre de démontrer au monde que l’homme peut vivre en harmonie avec son environnement et notre séjour en Afrique du Sud doit nous permettre de définir de ce cap de l’espérance un avenir durable.
M. GUY VERHOFSTADT, Premier Ministre du Royaume de Belgique, a rappelé que les questions de l’éradication de la pauvreté, de la réduction de la dette, de la libéralisation du commerce international comme facteurs du développement ont été débattues à plusieurs reprises cette année. Or, ce ne sont pas les solutions à ces problèmes qui font défaut mais plutôt la volonté politique commune de mettre en oeuvre la solidarité avec les pays en développement en favorisant leur accès aux outils financiers. Il sera impossible de sortir du sous-développement sans une remise de la dette et sans un accès aux marchés et aux technologies. Il faut également supprimer les subsides à l’exportation pour favoriser l’accès aux marchés. Il ne peut plus s’agir d’un partage superficiel mais d’une conception plus élevée de la coopération qui puisera son inspiration non pas dans le paternalisme mais dans le partenariat et le respect mutuel.
L’accord conclu ce matin en matière de commerce et de financement reste en deçà des attentes des pays en développement. Il faut aller plus loin dans la déclaration politique que nous adopterons mercredi. Cette dernière doit être plus forte, plus généreuse et plus ambitieuse que le Plan d’action devant nous. La question de la suppression des subventions à l’exportation devra apparaître dans la Déclaration politique. La tragédie du sida de même que la crise alimentaire à laquelle doivent faire face de nombreux pays d’Afrique australe montrent que la mondialisation de l’économie appelle la mondialisation de la solidarité. Il faut s’engager sur un plan éthique et social et pas seulement politique. C’est pourquoi, la Belgique propose un G8 des groupes continentaux réunissant les structures régionales existantes et lance un appel pour la ratification du Protocole de Kyoto et sa mise en oeuvre rapide.
M. DAVID ODDSSON, Premier Ministre de l’Islande, a indiqué que son pays a adopté une nouvelle stratégie de développement durable à long terme et intersectorielle et fondée sur le postulat que la protection de l’environnement ne constitue pas un obstacle à la croissance économique. Le Premier Ministre a indiqué que l’Islande a accueilli une conférence de la FAO sur la pêcherie durable qui a abouti à l’adoption de la Déclaration de Reykjavik sur la pêche responsable dans les écosystèmes marins. Aux termes de cette Déclaration, les pays se sont engagés à étudier leur biodiversité pour mieux la protéger et à des rapports sur la question. L’Islande entend aller plus loin pour mettre sur l’Internet l’ensemble des informations dont les centres disposent en matière d’environnement marin.
Se félicitant de la création à Johannesburg d’un mécanisme permettant de faire rapport sur l’état de l’environnement marin, le Premier Ministre est ensuite passé à la question de l’énergie. Il a indiqué qu’aujourd’hui près de 7% de l’énergie en Islande provient des sources d’énergie renouvelable et compte des initiatives prises, 90 à 96% de l’énergie proviendra, dans un avenir proche, de ces sources d’énergie. Toutefois, les changements positifs ne permettent pas l’autosatisfaction au regard des millions de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême a ajouté le Premier Ministre.
Le gouvernement islandais a déclaré sa volonté d’accroître son engagement bilatéral et au plan international, d’appuyer des programmes multilatéraux et des initiatives visant à promouvoir les pratiques durables et à éliminer la pauvreté. L’APD à elle seule ne suffira pas, les pays pauvres devraient pouvoir tirer profit de leur avantage comparatif. La libéralisation du commerce permettra une croissance durable et équitable au profit des pays en développement. N’oublions toutefois pas que le développement durable commence chez soi. Il revient à chaque pays de mettre en place l’environnement nécessaire y compris la bonne gouvernance.
M. VOJISLAV KOSTUNICA, Président de la République fédérale de Yougoslavie, s’est félicité du processus entamé à Rio en 1992 en déclarant que les récentes catastrophes naturelles qui ont frappé l’Europe et l’Asie montrent que les chercheurs ont raison lorsqu’ils annoncent que le XXIème siècle sera celui de la défense de la terre. Il a également évoqué que le fait qu’un cinquième de la population mondiale vit avec moins d’un dollar par jour montre la nécessité d’élaborer des normes universelles en matière sociale et écologique. Faisant référence à la situation de son pays, il a déclaré que des années de mauvaises gestion, une décennie de sanctions économiques imposées par la communauté internationale et les bombardements de l’OTAN en 1999 ont non seulement un impact négatif sur l’économie nationale, mais également sur l’environnement, qui se traduit par une pollution d’origine chimique et nucléaire. Le Président yougoslave a souligné la nécessité pour son pays d’obtenir une aide pour développer de nouvelles infrastructures de production compatibles avec les normes environnementales, mais aussi pour moderniser des structures existantes et recycler des produits dangereux hérités du conflit de 1999.
En ce qui concerne la mondialisation, M. Kostunica a précisé qu’elle exige une action internationale en vue de mettre en place des structures et institutions internationales veillant à préserver les ressources naturelles et assurant plus d’équité entre pays développés et pays en développement. La mise en œuvre des principes d’Action 21 passe par la réconciliation de la croissance économique, de la protection de l’environnement et du progrès social.
M. SAUFATU SOPOANGA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, de l’immigration et du travail de Tuvalu, a rappelé que son pays n’était pas encore Membre des Nations Unies lors du Sommet de Rio en 1992 et est un des pays les plus concernés par le Sommet de Johannesburg. Les petit États insulaires en développement doivent faire entendre leur cause au sein des Nations Unies s’ils veulent pouvoir exister et ne pas être submergés par les eaux en raison de l’égoïsme et de l’avidité des pays développés et industrialisés. Il nous faut adopter un cadre contraignant dans le domaine de la gestion des énergies et Tuvalu, qui a fait cette proposition depuis quelques années, n’a jamais été écouté notamment par les pays qui ont refusé de ratifier le Protocole de Kyoto. Pourtant, l’impact dévastateur du changement climatique et du relèvement du niveau de la mer a des conséquences visibles à Tuvalu où, il y a quelques semaines, des vagues de 10 mètres de hauteur ont submergé la capitale, sans aucun vent violent et sans cyclone.
Il nous faut donc prendre des mesures immédiates et ratifier le Protocole de Kyoto, a poursuivi le Premier Ministre, et les pays développés doivent assumer une position morale et éthique. M. Sopoanga a demandé que la part d’énergies renouvelables dans la consommation mondiale soit portée à 15% et salué les mesures prises par l’Union européenne. Le réchauffement de la planète et le relèvement du niveau de la mer exigent certes des partenariats, mais aussi des sources de financement qui doivent permettre de renforcer les capacités et de diversifier les activités de production. De leur côté, les pays en développement doivent respecter les critères de bonne gouvernance et de droits de l’homme.
M. ABEL PACHECO DE LA ESPRIELLA, Président de la République du Costa Rica, a lancé un appel pour que les différences entre les pays laissent la place à la coopération. Il s’agit aujourd’hui de transformer la mondialisation économique en mondialisation de la justice et de la lutte contre la corruption. Au Costa Rica, 27% du territoire national est une zone protégée et 95% de l’énergie électrique est produite à partir de sources d’énergies renouvelables. Le Nord doit reconnaître les valeurs sociales des pays du Sud, ouvrir les marchés internationaux et offrir un niveau de rétribution plus juste aux agriculteurs. Il faut donner une dimension morale et humaniste au développement économique et garantir dans les constitutions la primauté de la préservation de l’environnement. Le Costa Rica ne permettra pas l’exploitation de l’or à ciel ouvert ni l’exploitation de son pétrole dans son pays mais lance un appel pour que la communauté internationale s’associe à la protection de ses ressources. Signons une déclaration mondiale de paix vis-à-vis de la nature.
M. OMAR BONGO, Président de la République du Gabon, a rappelé qu’il y a dix ans le Sommet historique de Rio soulignait l’impérieuse nécessité de protéger l’environnement afin d’assurer un développement durable pour tous. Or, la planète continue de se détériorer. La communauté internationale doit, en conséquence, se mobiliser pour s’attaquer efficacement aux problèmes liés à l’environnement. L’application du Protocole de Kyoto, la prise en compte de la Déclaration du Millénaire et la mise en œuvre d’Action 21 sont des passages obligés. Le Sommet de Johannesburg représente une grande responsabilité pour les dirigeants du monde entier. Nous avons à nouveau une opportunité historique de tenir nos engagements et donner une nouvelle impulsion à notre action collective en faveur de développement. Les pays développés doivent respecter les engagements pris en vertu des réunions de Doha et de Monterrey. Plus que jamais, les pays en développement doivent accepter leur part de responsabilité à l’instar du Gabon qui a posé des actes concrets pour assurer un développement économiquement sain pour l’environnement naturel.
La politique de la filière bois s’inscrit dans ce cadre, étant donné que la forêt gabonaise joue un rôle déterminant dans la gestion et la conservation du massif forestier africain. Il faut donc saluer le partenariat de 1999 au niveau de la sous-régional auquel a donné lieu le Processus de Yaoundé. Il faut aussi saluer les partenariats à l’échelle mondiale qui a permis au Gabon de concrétiser son idée de créer une zone de parc nationaux. Cette zone recouvre 30 000 km2 soit 10% du territoire national. L’heure est venue de créer un environnement économique dynamique propice à la coopération internationale dans les domaines des finances, du transfert des technologies, du commerce international et de la lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, le NEPAD constitue un grand acquis. Dix ans après Rio, soyons concrets et reconnaissons que l’on ne peut parler de développement durable sans évoquer le VIH/sida, «cette peste des temps modernes» qui faute de mesures appropriées risque d’enlever à l’Afrique 50 millions de ses enfants. C’est pourquoi, il faut rendre hommage à la mobilisation des Premières Dames d’Afrique qui au travers de l’«Organisation des Premières Dames d’Afrique contre le sida» ont ajouté un maillon de plus à la chaîne de solidarité déjà tissée. Il est urgent d’agir et Johannesburg est une occasion qu’il nous faut absolument saisir.
M. BORIS TRAJKOVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM), a appelé à la mise en œuvre d’un plan courageux et ambitieux pour rendre le monde plus viable. Le monde est de plus en plus interdépendant et il nous appartient d’adopter des mesures de nature à partager les bénéfices de la mondialisation. Il faut influencer le processus de mondialisation en le rendant plus équitable et durable, a poursuivi le Président, et la Macédoine qui aspire à intégrer l’Union européenne a mis en œuvre une stratégie nationale de développement durable. Cette stratégie repose sur la promotion de l’éducation et du renforcement des capacités, sur des partenariats entre public et privé, sur la création d’un cadre socioéconomique favorable aux investissements et sur la bonne gouvernance. Nous avons développé des stratégies d’utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles et énergétiques et pris en compte des critères tels que la sexospécificité, la démocratie, les droits de l’homme, la participation à la vie publique dans notre stratégie nationale.
Les transferts de technologies, l’augmentation des flux de financements et élargissement de l’accès aux marchés des pays les plus développés sont également des préalables au développement durable, a estimé M. Trajkovski, et le continent africain mérite l’attention de la communauté internationale pour inverser la tendance actuelle à la paupérisation. La Macédoine qui se remet des effets négatifs du conflit de l’an dernier est disposée à mettre en place un environnement favorable à la lutte contre la drogue, la criminalité organisée et les trafics d’êtres humains.
Sa Majesté le Roi MSWATI III, Chef d’Etat du Royaume du Swaziland, a estimé que la mise en oeuvre des nombreuses stratégies contenues dans le Plan d’action suppose de prendre des décisions politiques difficiles. Cependant, nous devons aller au-delà d’une popularité à court terme et faire en sorte que le développement économique soit viable. Les plans de développement du Swaziland donnent la priorité à la préservation de l’environnement. Si de nombreux succès dans les domaines économique, social et environnemental dans le cadre de la mise en oeuvre du programme d’Action 21, ont été enregistrés, il reste beaucoup à faire et nous ne pourrons pas réussir de façon isolée. C’est pourquoi la solidarité internationale est essentielle de même que le libre accès aux marchés, le transfert des technologies et l’élimination des subventions qui entravent les relations commerciales avec les pays du Nord. Il faut adopter une gestion appropriée de la crise du VIH/sida et assurer une répartition juste et équitable des ressources disponibles.
M. KOFFI SAMA, Premier Ministre du Togo, a déclaré que la communauté internationale se réunit de nouveau pour réaffirmer que l’élimination de la pauvreté est un préalable au développement et réitérer l’engagement à tenir compte des trois piliers de ce développement que sont la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement. Le Sommet doit donner l’occasion à l’Afrique de se joindre à un partenariat international réel. L’Afrique, riche en ressources naturelles et qui a servi le monde, est devenue un continent où la pauvreté offre un contraste saisissant avec la prospérité du monde développé. La mondialisation est venu assombrir ce tableau. L’Afrique ne reçoit que très peu d’investissements étrangers directs (IED) alors même que l’aide publique au développement (APD) baisse et que le fardeau de la dette augmente. Les guerres, les troubles civils et la prolifération des armes viennent s’ajouter à la situation. Le Togo demande des actions concrètes qui ciblent des domaines priorités.
Concernant la lutte contre de la pauvreté, la communauté internationale doit mettre tout en œuvre pour réaliser les objectifs fixés d’ici à 2015. S’agissant du développement économique, il faut redresser la tendance à la désindustrialisation de l’Afrique au moment où elle devrait élargir sa base industrielle. Compte tenu de son niveau actuel, la production alimentaire ne suffira pas à nourrir la population africaine rendant l’Afrique incapable de réaliser les objectifs fixés en matière de lutte contre la faim. Pour ce qui est de la santé, l’Afrique est confrontée, entre autres, au VIH/sida qui n’est plus seulement un problème de santé mais un problème de développement durable. Enfin, la désertification, la dégradation des sols, la diversité biologique et la protection des forêts constituent des préoccupations majeures. Il est urgent de mettre en place, en coopération avec les bailleurs de fonds, des programmes de formation et d’action cohérents. Il est également urgent d’appliquer toutes les dispositions de la Convention sur la lutte contre la désertification. C’est la volonté politique qu’il nous faut et de l’imagination pour résoudre des problèmes qui concernent la destinée de l’homme. Johannesburg doit être guidé par un esprit de développement au service de l’homme et conduire à des mesures novatrices marquées du sceau de la solidarité entre les différents peuples représentés ici.
M. BAKILI MULUZI, Président de la République du Malawi, a indiqué que l’éradication de la pauvreté et de la faim, ainsi que la promotion du développement durable sont au cœur des stratégies de réduction de la pauvreté du Malawi. Notre plan de développement, lancé en 1994, prévoit une participation accrue de la population dans les actions de développement notamment par le biais du processus de décentralisation. En dépit des mesures prises pour appliquer Action 21, de nombreux obstacles subsistent au Malawi où 65% de la population vit dans la pauvreté. La pression imposée sur les ressources naturelles du pays est préoccupante car les forêts, les ressources halieutiques et agricoles sont affectées dans la mesure où 50% des ressources en énergie proviennent du charbon de bois. Les populations les plus pauvres sont les plus touchées comme le démontre la détresse de 3 millions de personnes qui sont menacées par la famine en raison de la sécheresse et des inondations qui ont ravagé les récoltes l’an dernier. La population du Malawi vit dans sa grande majorité avec moins d’un dollar par jour et se demande comment elle va tirer parti du Sommet de Johannesburg alors que les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. La lutte contre le VIH/sida doit être menée en tenant compte de son impact sur l’environnement, a souligné le Président, qui a invité la communauté internationale à soutenir le NEPAD.
M. OLUSEGUM OBASANJO, Président de la République fédérale du Nigéria, a fait remarquer que dix ans après Rio, il est évident que les espoirs suscités à cette occasion n’ont pas été réalisés et cela n’est nulle part plus évident qu’en Afrique où les indicateurs économiques et sociaux continuent leur mouvement à la baisse. Tant que la dette extérieure demeurera une charge pour les pays en développement, le développement durable sera irréalisable.
Pour le Nigéria et pour beaucoup d’autres pays africains, la première mesure à prendre est d’éradiquer l’insécurité alimentaire et de lutter contre la sécheresse et la désertification. A cet égard, il faut donner au fonds mondial pour l’environnement les moyens de lutter contre la désertification. Le VIH/sida et le paludisme sont à l’origine de grandes pertes en vies humaines et ses conséquences économiques et sociales de ce phénomène sont évidentes. Le Nigéria se félicite que le Plan de mise en oeuvre comprenne un appui au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ce qui reflète la synergie qui existe entre le NEPAD et les objectifs du Sommet mondial pour le développement durable.
M. ROBERT MUGABE, Président de la République du Zimbabwe, a déclaré que la trahison du Programme d’action de Rio est une preuve évidente de mauvaise gouvernance mondiale caractérisée par l’absence de volonté politique dans les pays du Nord et de l’état de droit dans les affaires internationales. Au fil des années, les institutions, qui avaient été créées pour surmonter les conséquences de la guerre, ont été transformées en instrument de domination du Nord pour réaliser les objectifs des riches. Le FMI n’a jamais été un fonds pour les paysans pauvres, et même les Nations Unies, où chaque voix devrait être l’égale de l’autre, n’ont pas été transformées. Le Zimbabwe rejette toutes les tentatives de manipulation exercées par certains pays et certains blocs régionaux qui veulent subordonner le continent à leurs plans ambitieux d’hégémonie présentés fallacieusement comme défense de la bonne gouvernance. L’objectif est clair, c’est celui de s’ingérer dans nos affaires. L’état de droit, les droits de l’homme et la démocratie sont des valeurs que nous chérissons et pour lesquelles nous nous sommes battus contre ceux qui s’en prévalent aujourd’hui.
Au Zimbabwe, le développement durable ne sera pas possible sans réforme agraire. La terre est essentielle et c’est un des éléments qui définit la personnalité zimbabwéenne et sa souveraineté. Mais elle a aussi un effet direct sur l’avenir des pauvres et les possibilités de leur démarginalisation immédiate. L’économie du Zimbabwe est agraire et la question de la terre est essentielle. Aujourd’hui la question oppose les ayant droit, la majorité noire, à une minorité raciale obstinée, jouant de ses bonnes relations internationales, appuyée et manipulée par le Gouvernement de «Tony Blair».
Nous avons été clairs. Nous n’avons aucune intention de priver les fermiers blancs de leur terre. Nous avons reconnu leur droit à une exploitation. Mais ces fermiers s’entêtent, ils veulent non pas une exploitation mais 15, 20 voire 35 fermes par personne.
Les opérations en cours visant «à aider ceux qui sont menacés par le régime de Mugabe ne sont absolument pas justifiées». Les opérations de Blair sont sans fondement et constituent une ingérence dans les affaires nationales. Nous avons lutté pour notre terre et pour notre souveraineté. Nous avons gagné notre indépendance et nous sommes prêts à lutter pour préserver notre terre même au prix du sang. Nous ne voulons porter tort à personne. Nous sommes Zimbabwéens, Africains et pas Européens. Nous aimons notre continent et mettons en garde quiconque chercherait à s’ingérer dans ce processus ou à gâcher ce que nous faisons pour unir l’Afrique. Que nous importe que l’on nous interdise d’aller en Europe. Nous ne sommes pas Européens et nous n’avons pas revendiqué une partie des terres européennes. Garder votre territoire et laisser nous le Zimbabwe qui ne veut que coopérer avec les autres régions. Le Sommet doit permettre de renforcer et de cimenter notre volonté de protéger notre terre. Le Zimbabwe demande un changement des les priorités, un passage d’un modèle d’entreprises mondialisées à un paradis centré sur le peuple. Que les Africains soient au premier plan dans le développement de l’Afrique. Pas des mendiants et des marionnettes, mais des peuples souverains, a conclu le Président Mugabe.
M. ION ILIESCU, Président de la Roumanie, a salué l’Afrique qui relève la tête et prouve son leadership dans son propre développement grâce à l’initiative du NEPAD qui doit générer des partenariats et susciter la solidarité de la communauté internationale. Des progrès réels ont été enregistrés depuis Rio et il importe de tirer des leçons de la mise en oeuvre d’Action 21, notamment dans les domaines institutionnels et juridiques. Johannesburg doit également tenir compte des accords intervenus à Doha et à Monterrey et en appliquer concrètement les engagements pour surmonter l’ampleur des problèmes qui assaillent la planète. On ne peut plus perdre de temps et traîner les pieds, a poursuivi M. Iliescu, car nous disposons de l’expertise, des moyens financiers et des ressources humaines pour agir. Mais les gouvernements ne peuvent pas faire face seuls à la complexité de la mondialisation et mettre en œuvre les grandes orientations du développement durable. Ils doivent intervenir lorsque les forces du marché ne parviennent pas à créer les bénéfices escomptés afin de maintenir l’équilibre entre les trois piliers du développement durable, à savoir le social, l’économique et l’environnement, mais font souvent face à des ressources exsangues.
Le Président a déclaré que son pays se rallie aux objectifs de renforcement de la capacité institutionnelle pour remplir les objectifs de développement durable prônés par l’Union européenne. Souhaitant plus de cohérence dans l’action mondiale pour le développement durable, il a jugé nécessaire de renforcer le Conseil économique et social des Nations Unies pour coordonner la mise en œuvre du programme de Johannesburg aux côtés des autres institutions de développement et des institutions de Bretton Woods.
Mme MASOMEH EBTEKAR, Vice-Présidente de la République islamique d’Iran, a fait remarquer que le développement durable comporte une vision qui renforce les droits des générations à venir. Il reste cependant pour le moment un idéal. L’écart entre les riches et les pauvres s’élargit et la dignité humaine est bafouée par l’oppression et les tentatives de suppression de la nation palestinienne qui se heurtent au silence des plus grandes institutions internationales. Les dirigeants du monde doivent présenter une vision juste et ferme et montrer leur détermination à développer une vision globale du développement durable selon une perspective humaine. Il faut promouvoir la cause du multilatéralisme au détriment de l’impérialisme, réaffirmer les engagements antérieurs et les renforcer. La capacité à comprendre comment il est possible de mieux gérer les affaires du monde est indicateur de la disposition de la communauté internationale à assumer ses responsabilités.
Aller au-delà de Rio suppose une expression plus large de la notion de responsabilité commune mais différenciée. La société civile, les gouvernements et le secteur privé doivent oeuvrer ensemble pour que le Sommet en cours soit couronné de succès. La notion de dialogue entre les civilisations doit être reflétée dans la déclaration politique émanant du Sommet mondial afin de lui conférer une vision qui dépasse les frontières temporelles et géographiques.
M. ALBERTO DIAZ LOBO, Vice-Président du Honduras, décrivant la biodiversité de son pays qu’il qualifie de riche –10% de celle de la planète-, y a déploré la persistance d’indices de pauvreté élevés. Le pays, a-t-il par exemple expliqué, est exposé à de nombreux phénomènes naturels qui détruisent le capital humain et physique et détournent les priorités à long terme. Le Honduras tient la démocratie et l’état de droit pour la base des actions nécessaires au développement durable. Il juge urgent d’encourager une stratégie en la matière qui renforcera la production aquicole et l’élevage, le tourisme et tout ce qui a trait à la diversité biologique. Le Honduras recherche la paix, la démocratie et la prospérité pour son peuple et entend participer, ce faisant, à la réalisation du développement durable sur la base du principe des responsabilités communes mais différenciées. Des réformes ont déjà été lancées pour approfondir le système démocratique, améliorer les droits de l’homme et assurer la transparence dans la gestion des secteurs public et privé. Le pays a, en outre, pris des engagements qui seront respectés grâce à la participation de tous. Avec les divers accords internationaux auxquels il a souscrit, le Honduras peut espérer réaliser les buts qu’il s’est fixés.
M. ALHAJI ALIU MAHAMA, Vice-Président du Ghana, a souhaité que le processus de Johannesburg marque le renouveau dans l’engagement pris à Rio et soit le point de départ d’une mise en œuvre rigoureuse d’Action 21. Rio a fait miroiter un grand nombre de promesses et d’espoirs au premier rang desquels ceux de la démocratisation, de la bonne gouvernance, de la croissance et de l’éradication de la pauvreté mais dix ans après, force est de constater que la croissance n’est pas au rendez-vous malgré la mondialisation. Cela en raison du fait que les échanges commerciaux ne sont pas pleinement libéralisés comme promis, alors que des pays comme le Ghana ont respecté leurs engagements. Le Ghana a pris des mesures dans différents domaines et, en particulier, dans celui de l’environnement par la création d’une agence chargée du suivi des politiques environnementales. Celles-ci visent la préservation de la biodiversité, la protection des ressources côtières et océaniques, ainsi que la protection des écosystèmes contre les déchets toxiques et autres substances dangereuses.
Ce sont des objectifs difficile à atteindre en raison de l’environnement international réticent à s’attaquer de front à la question de la dette, de la libéralisation des échanges et de l’ouverture des marchés du Nord. Il est temps également de promouvoir les investissements et les transferts de technologies et de mettre en place des mécanismes de financement publics et privés. Initiative régionale, le NEPAD devrait disposer d’un soutien des pays développés, a-t-il dit, tout en louant la contribution d’organismes comme le PNUE et le PNUD dans le domaine du renforcement des capacités dans les pays en développement. Ce sommet devrait porter toute son attention à la définition d’objectifs chiffrés et assortis d’échéanciers au-delà de ceux qui ont déjà été approuvés lors du processus préparatoire et nous devons faire preuve de leadership pour sauver notre humanité.
M. LE PRINCE ALBERT DE MONACO, Prince héréditaire de la Principauté de Monaco, a réaffirmé l’importance de la coopération au niveau international et du renforcement des instruments juridiques internationaux disponibles en matière de développement durable. L’aide publique au développement de Monaco est en augmentation croissante et montre l’engagement de ce pays en faveur de la réduction de la pauvreté. Monaco a le souci d’agir de façon concertée dans des projets à taille humaine dans le domaine de l’éducation et de la préservation de l’environnement en développant des actions concrètes. La création d’un fonds d’investissement axé sur l’environnement et le développement durable financé par des institutions monégasques est une expression de la volonté politique de Monaco de s’engager en faveur du développement durable. Le rôle des institutions internationales est essentiel à cet égard. C’est pourquoi Monaco, bien qu’étant le plus faible émetteur de gaz toxiques, ratifiera prochainement le Protocole de Kyoto car il est important d’encourager les efforts pour changer les habitudes en matière de production et de consommation. De même, Monaco entend ratifier prochainement le Protocole de Carthagène et se félicite de l’existence d’une Convention-cadre pour la lutte contre la désertification. La préservation de la biodiversité est également importante pour Monaco qui est engagé dans un projet de protection des mammifères marins en mer Noire.
M. ALIU MAHAMA, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, a souligné que la situation du monde est très différente de ce qu’elle était, en 1992, en raison essentiellement de la mondialisation. Les défenseurs d’un tel changement continuent pourtant à chanter les louanges des forces du marché qui devraient assurer la croissance et la prospérité pour tous. De plus, le fossé numérique ne cesse de se creuser et rien n’indique que la tendance s’inversera. Non seulement la croissance économique s’est ralentie mais elle est maintenant victime de la volatilité des flux financiers qui ne fait que plonger les pays dans des crises graves. Il est donc d’une importance capitale que l’architecture financière internationale soit à même d’assurer la protection nécessaire aux économies des pays du Sud. Depuis Rio, la communauté internationale n’a pas su assurer le développement humain et protéger l’environnement en raison de son manque de volonté et de l’absence d’une approche coordonnée. L’heure est venue de renforcer les principes du multilatéralisme et de faire en sorte que les accords internationaux soient adoptés sur la base d’une égalité entre tous les partenaires. Compte tenu
des différences dans les niveaux de développement et des capacités, il est indispensable de réaffirmer le principe de responsabilités communes mais différenciées qui doit être intégré aux trois piliers du développement durable.
Il est tout aussi juste que les avantages tirés de l’exploitation de la biodiversité soient partagés, de façon équitable et juste, grâce à un régime international qui serait créé en vertu de la Convention pertinente. Il faut dénoncer le fait que la gestion durable des forêts semble se fixer uniquement sur les forêts tropicales et les forêts des pays en développement. La Malaisie appelle de ses vœux un cadre juridique mondial pour tous les types de forêts afin de décourager les profiteurs. Elle appelle à la mise en place d’un Fonds mondial pour la protection des forêts. Pour ce qui est des questions commerciales, la Malaisie juge troublant de voir certains pays utiliser des instruments commerciaux à des fins qui n’ont que très peu de rapports avec le commerce. Il ne faut plus se contenter du statu quo et de résolutions qui ne sont jamais respectées. Nous disposons depuis dix ans d’un plan de campagne du développement durable et ce Sommet doit viser à combler le fossé entre les intentions et les actions. Le Plan d’action doit être un véritable plan de mise en œuvre d’Action 21 et perçu comme le meilleur garant de la sécurité et de la prospérité pour tous. Nous devons réussir ensemble car tout échec serait préjudiciable pour chacun de nous.
M. RIALUTH SERGE VOHOR, Vice-Premier Ministre de la République de Vanuatu, a exprimé l’espoir de Vanuatu de voir le Sommet de Johannesburg traiter des défis auxquels doit faire face l’archipel. Il est temps pour les nations développées de prendre conscience qu’il peut y avoir une autre forme de développement, plus durable, plus humain, plus harmonieux. Pour les petits États insulaires en développement comme Vanuatu, le concept de développement durable n’est pas inconnu et qui dit petite taille pour une État ne veut pas dire petits problèmes. Au contraire, ces problèmes prennent des proportions considérables et compromettent les efforts déployés par le Gouvernement et ses partenaires au développement. 50% des enfants n’ont pas accès à l’éducation au Vanuatu et, alors que notre pays a ratifié tous les engagements internationaux en faveur de l’environnement, il n’a pas bénéficié en retour des financements adéquats pour la protection de ses écosystèmes. Le renforcement de la solidarité est une exigence et les pays développés doivent ratifier le Protocole de Kyoto, a poursuivi M. Vohor, et il est regrettable que les pays membres de l’OCDE imposent leurs visions unilatérales du monde, comme elles se manifestent par exemple dans la protection dont bénéficient les paradis fiscaux où est blanchi l’argent qui est une menace supplémentaire au développement durable de nos petits États insulaires.
M. TARIQ AZIZ, Vice-Premier Ministre de la République d’Iraq, a rappelé que son pays a déployé d’importants efforts pour résoudre les problèmes environnementaux par la mise en place d’une stratégie nationale pour le développement durable centrée sur ses ressources naturelles. Cependant, le conditions ont changé depuis l’agression de 1991 et l’imposition d’un embargo injuste qui dure depuis douze ans. Les Etats-Unis ont en outre provoqué une forte contamination de l’environnement par l’emploi d’uranium usé et une forte augmentation du nombre de cas de cancers. Les conséquences et les ravages de cet embargo sont telles que l’Irak ne peut plus ramener l’environnement aux conditions de 1991. La réduction de la capacité de l’Iraq à réaliser les objectifs du développement durable est réelle et nous continuons de souffrir d’une grande pénurie en eau tout en étant privés des moyens essentiels de maîtrise des polluants à cause des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. L’Iraq doit dépendre de ses propres capacités pour la reconstruction de ses infrastructures. Des mesures importantes ont malgré tout été prises mais rien ne saurait remplacer une levée de l’embargo.
L’Iraq estime que la communauté internationale doit lutter contre toute forme d’embargo en raison de ses effets dangereux sur l’environnement de l’homme et sur son bien-être. La communauté internationale doit également s’opposer à la tentative de nouvelles invasions par les Etats-Unis et résister à l’agression sioniste sur le peuple palestinien.
M. SOMSAVAT LENGSAVAD, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao (RDPL), a estimé que le Sommet de Johannesburg a une importance historique en ce qu’il doit déterminer le sort de millions de pauvres vivant sur la planète. Des progrès ont certes été réalisés dans certains domaines mais l’état de l’environnement continue de se détériorer. De plus, l’inégalité et la pauvreté augmentent et dans la majeure partie du monde en développement, la situation est effroyable. Face à l’absence de volonté politique réelle et d’engagements financiers solides de la part des partenaires, les objectifs de Rio n’ont pu être réalisés. Le Sommet de Johannesburg est un sommet de mise en œuvre qui doit produire de mesures concrètes et trouver les moyens de surmonter les obstacles à la mise en œuvre d’Action 21. La réalisation des objectifs de la CNUED exigent des mesures assorties d’échéances, en particulier dans le domaine du financement. La mise en œuvre doit impliquer toutes les parties prenantes dans un partenariat entre gouvernements, organisations internationales et société civile et fondé sur le principe de responsabilités communes mais différenciées.
Pour sa part, la RDPL a mis en place un cadre politique pour sortir le pays de la catégorie des PMA. Ce cadre vise l’élimination de la pauvreté tout en protégeant l’environnement. Au cours des prochaines décennies, le pays se concentrera sur ce cadre politique pour le développement durable. Il accorde l’attention requise à la question de la bonne gouvernance et intègre les trois piliers du développement durable dans tout processus de planification. En dehors des efforts nationaux, le pays est fermement attaché à l’objectif du développement durable, en particulier au Plan d’action d’Hanoi et à la vision 20/20 de l’ANASE. La réussite en la matière exige, en effet, que les efforts soient complétés par un appui réel et une totale coopération de la communauté internationale sous formes d’assistance financière, de transfert de technologiques et d’autres apports. Le Sommet doit marquer l’avènement d’une nouvelle ère de partenariat entre les nantis et les dépourvus, a conclu le Vice-Premier Ministre.
M. ALOIS OSPELT, Ministre de l’environnement, de l’agriculture et des forêts du Liechtenstein, a souhaité que le rôle de l’agriculture dans la lutte contre la faim et la pauvreté soit renforcé, en favorisant le développement des infrastructures dans les zones rurales et en stabilisant les systèmes de propriété de la terre. Le rôle de l’eau dans la croissance économique et la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’amélioration des conditions sanitaires est largement sous-estimé et il importe de mettre en avant la gestion durable de l’eau comme un des piliers de la lutte contre la pauvreté. Petit pays alpin, le Liechtenstein est extrêmement vulnérable aux risques naturels et dépend de la protection de ses forêts. Par tradition, nous sommes tout particulièrement conscients du besoin de mettre en oeuvre des pratiques durables de gestion des forêts. Nous sommes satisfaits des progrès qui ont été réalisés au cours des discussions globales sur les forêts mais nous restons convaincus que les négociations locales et régionales sont le moyen le plus efficace pour élaborer des solutions pratiques et adaptées aux besoins spécifiques des populations. Le Liechtenstein est partie à la Convention alpine et souhaite participer aux partenariats régionaux, convaincu que cette approche respectant le principe de subsidiarité est la seule à même d’assurer que les problèmes ne soient pas réglés sur la base du plus petit commun dénominateur.
M. JAWAD SALEM AL-ORAYYED, Ministre d’État pour les affaires municipales et environnementales du Royaume de Bahreïn, a estimé qu’il était légitime de fonder les espoirs des pays en développement sur une l’avènement d’une communauté internationale plus juste et plus équitable au lendemain de Johannesburg. Le Royaume de Bahreïn a mis en place une stratégie nationale et un plan d’action opérationnels de protection de l’environnement qui entend assurer un développement durable en plaçant la richesse humaine et l’être humain au cœur du processus. Bahreïn encourage la participation sur une base démocratique, a poursuivi le Ministre qui a ajouté que les petits États insulaires pâtissent des conséquences de la limitation de leur accès aux marchés, de contraintes structurelles et d’obstacles en matière de compétitivité internationale. En outre, le recul des prix des matières premières et des produits de base, et la diminution des flux d’aide publique au développement entraînent une récession pour ces Etats. Pourtant leur développement est lié aux transferts de technologies, aux flux d’investissements privés et au programmes de coopération dans les domaines du renforcement des capacités. Il a invité le Sommet de Johannesburg à soutenir l’initiative arabe sur le développement durable qui repose sur la paix et la sécurité, et, à ce titre, sur les efforts du Prince Abdullah d’Arabie saoudite pour mettre un terme au conflit israélo–arabe et à l’occupation.
M. JOSPEH DEISS, Conseiller fédéral et Ministre des affaires étrangères de la Confédération suisse, a lancé un appel pour l’institutionnalisation de la solidarité avec les pays en développement afin d’assurer l’avenir des générations futures. Le Sommet de Rio a permis un changement des mentalités mais cela reste insuffisant car le monde attend autre chose que de vagues déclarations d’intention. Il faut par conséquent passer à l’action et ne pas se contenter des déclarations. Pour cela, il faut définir des objectifs mesurables, instaurer un mécanisme de contrôle strict ainsi que des programmes d’action concrets que nous ne pourrons réaliser que s’il existe des délais de mise en œuvre. La Suisse souhaite que la communauté internationale mette tout en œuvre pour réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à une eau potable et que des accords soient passés pour arrêter la diminution de la biodiversité. L’initiative de partenariat en faveur du développement durable des zones de montagneuses lancée par la Suisse doit servir d’exemple. Il montrera la voie à suivre pour d’autres programmes.
Mme VASSO PAPANDREOU, Ministre de l’environnement de la Grèce, a souhaité qu’ici, à Johannesburg, la communauté internationale parvienne à un accord global doté d’objectifs quantifiables et des moyens nécessaires de mise en œuvre. Il est vrai qu’un long chemin a été fait depuis Rio. Mais les progrès ont été lents. Johannesburg doit donner vie à l’esprit de Rio et imprimer un nouvel élan à la mise en œuvre des objectifs fixés. Il faut briser le cercle vicieux de la pauvreté et la détérioration de l’environnement. Il faut faire en sorte que la mondialisation profite. En conséquence, force est d’instaurer l’égalité d’accès aux ressources pour que la viabilité devienne réalité. Pour ce faire, il est important d’établir l’équilibre entre les trois piliers du développement durable. La Grèce souhaite que le Plan d’action reconnaisse l’importance qu’il y a à renforcer le cadre institutionnel du développement durable aux niveaux local, national et international. La Grèce est prête à jouer le rôle qui est le sien en tant que membre de la plus grande puissance du monde en matière d’APD, à savoir l’Union européenne. Elle est convaincue que porter des fruits, l’APD doit être liée à l’allègement de la dette et a l’élargissement de l’accès aux marchés des pays du Sud. Ces derniers doivent, de leur côté, progresser sur la voie des droits de l’homme et de la démocratie.
Nous ne partons pas de zéro, a poursuivi la Ministre. Avant Johannesburg il y a eu Doha et Monterrey. La Grèce prend ses engagements et ses responsabilités très au sérieux et entend lors de sa Présidence de l’Union européenne, l’année prochaine, travailler avec ses partenaires européens et autres à la mise en œuvre des résultats de Johannesburg.
M. MOHAMMED A. AL-JARALLAH, Ministre de la santé de l’Etat du Koweït, a jugé que l’ambition du Sommet de Johannesburg démontre la place qu’accorde la communauté internationale à la protection de l’environnement et à la réalisation du développement durable dans un contexte respectueux des droits humains. Pour le Koweït, le droit inaliénable des peuples à la participation et à l’autodétermination doit être réaffirmé ainsi que le devoir de solidarité avec les peuples qui continuent de souffrir sous le joug de l’occupation étrangère. Notre Etat a consenti de nombreux efforts pour l’aide au développement et l’allègement de la dette des pays pauvres, notamment par la création de plusieurs fonds et agences spécialisées pour améliorer les niveaux de vie des populations des pays en développement. Au cours des dernières années, près de 12 milliards de dollars ont été alloués aux programmes d’aide au développement tandis qu’au plan interne, le Koweït a adopté des lois sur la propriété intellectuelle et sur la modification du régime foncier, ainsi qu’un code des investissements étrangers. Le Ministre a plaidé en faveur de mesures justes et équitables en faveur des pays en développement, mis en œuvre via des partenariats justes et sans conditionnalités. Les échanges commerciaux doivent être mis en œuvre sur une base juste comme le prévoient les accords de Doha et les critères protectionnistes doivent être levés. Il faut également adopter des mesures de soutien aux économies en développement qui dépendent exclusivement d’un seul profit à l’exportation afin qu’elles puissent les diversifier et les pays développés doivent supprimer leurs subventions aux exportations et à l’agriculture.
M. EL-TIGNI ADAM EL-THANI, Ministre de l’environnement et du développement physique du Soudan, a appelé à un nouvel élan dans les efforts visant la réalisation des objectifs de Rio. Plus que jamais, le monde doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’avenir et renoncer à la poursuite de petits intérêts immédiats. Il faut mettre fin à la sélectivité dans l’aide accordée et accepter la diversité culturelle. Ce type de coopération permettrait de renouer le dialogue marqué par la confiance. Action 21, a poursuivi le Ministre, a toujours été un cadre de références dans l’élaboration des politiques nationales au Soudan qui se fondent sur le respect des desiderata du peuple et des règles démocratiques. Le Soudan s’est pourtant heurté à des obstacles tels que le blocus économique qui, certes, commence à reculer. Dans les années 90, quelque 80 milliards de dollars ont été bloqués entraînant une augmentation de la dette extérieure de l’ordre de 24 milliards de dollars. Le Soudan a en outre souffert de la guerre civile qui a détruit la capacité économique et l’environnement du pays.
Aujourd’hui, le gouvernement a pu, au sein de l’IGAD, conclure un accord-cadre. Les négociations sont en cours et il faut espérer qu’elles aboutissent. Dans son parcours vers la démocratie, le pays sera à même d’améliorer le sort des Soudanais et de se transformer en un modèle en matière de démocratie et d’état de droit. Le Ministre a lancé un appel aux pays donateurs pour qu’ils fournissent aux pays du Sud les ressources et les technologies qui leur permettront de réaliser le développement durable. Les gouvernements passent, les politiques aussi mais les priorités restent, a-t-il insisté, en appelant à ne pas sacrifier des générations pour des divergences politiques.
M. BASSAM AWADULLAH, Ministre de la planification du Royaume hashémite de Jordanie, a souligné l’interdépendance entre les peuples et les nations du monde qui suppose que les dirigeants de la planète s’engagent sur des mesures de nature à assurer l’égalité, la participation dans la gestion durable des ressources naturelles et humaines. Il faut pour cela galvaniser les énergies et la Jordanie réitère ici son désir de réaliser les objectifs de développement durable en mettant des projets en œuvre dans les domaines de l’environnement et de l’éducation. Les politiques d’ajustement structurel de la Jordanie sont également orientées vers l’intégration des dimensions sociales et environnementales mais la Jordanie tient à souligner la complexité à mettre en œuvre les engagements mondiaux pris à Rio, Monterrey et bientôt à Johannesburg, sans disposer de financements dans le cadre de l’aide au développement pour éradiquer la pauvreté. La Jordanie doit en outre faire face au manque d’eau et insiste pour une gestion durable des ressources en eau qui se font rare dans la région où le niveau de la mer Morte, ressource unique au plan écologique, diminue de près d’un mètre par an. La stabilité et la paix sont également des préalables aux flux d’investissements et au développement et il importe que la communauté internationale soutienne la création d’un Etat palestinien et la fin de l’occupation israélienne.
M. ABDULLAH BIN MOHAMMED BIN SAUD AL-THANI, Chef de l’Amiri Diwan du Qatar, a souligné que le niveau de participation à ce débat témoigne de l’attachement des dirigeants de ce monde aux objectifs de développement durable comme c’est le cas pour les dirigeants qatari. Tous les pays du monde, en particulier ceux du monde développé, ont affiché leur volonté d’aider les pays du Sud à surmonter les conséquences de la mondialisation. Les bailleurs de fonds et l’ONU doivent renforcer les capacités techniques et scientifiques des pays du Sud. Pour sa part, l’OMC doit œuvrer en faveur de la libéralisation commerciale et de l’accès aux marchés, conformément au cycle de développement lancé à Doha. Il faut aider les pays du Sud à inverser la tendance à la déperdition des ressources naturelles et à lutter contre la désertification. Les pays industrialisés doivent contrôler leur consommation d’énergie et appuyer leur secteur privé pour qu’ils privilégient des moyens de production plus propres. Il est également important que la communauté internationale établisse un mécanisme pour condamner les pays les pollueurs et destructeurs de l’environnement et les contraindre à payer les conséquences de leurs actes.
Pour M. CHOI SUNG-HONG, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Corée, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour affronter le problème de la pauvreté et tirer profit des avantages et possibilités de développement économique offertes par la mondialisation. Cependant, au fur et à mesure où elle s’accélère, la mondialisation provoque des retombées négatives qui affectent également la République de Corée. Aussi, il importe d’ouvrir et de libéraliser les marchés pour libérer le commerce et les investissements et respecter ainsi les engagements pris à Doha. Pour sa part, la République de Corée déploie des programmes d’aide au développement qui, outre le financement, couvrent également les domaines du renforcement des capacités et des transferts de technologies. La République de Corée déposera ses instruments de ratification du Protocole de Kyoto au courant du mois d’octobre a indiqué le Ministre . Dans la mise en œuvre des recommandations de Johannesburg, notre pays saura tirer profit des mécanismes de coopération sous-régionale et régionale, notamment ceux qui l’unissent, au sein de l’Asie du Nord-Est, à la Chine et au Japon dans le domaine de l’environnement.
M. SALIF DIALLO, Ministre d’Etat, Ministre de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques du Burkina Faso, a estimé que la responsabilité de l’échec de la réalisation des objectifs d’Action 21 est partagée. Les pays développés n’ont pas respecté leur engagement de consacrer 0,7% du PNB au financement du développement et les pays en développement ont souffert de l’absence de bonne gouvernance dans un certain nombre d’entre eux. Le Burkina Faso a pour sa part entrepris un certain nombre d’actions, notamment la relecture du plan d’action national pour l’environnement à la lumière des directives d’Action 21. La mise en oeuvre de ce plan a été favorisée par un contexte de démocratisation et la prise en mains du développement par les communautés de base du pays. La couverture des services sociaux de base a connu une amélioration. Malgré ces progrès, le pays demeure aux prises avec la pauvreté. Le Gouvernement a élaboré un cadre administratif de lutte contre la pauvreté qui s’appuie sur le décentrage du rôle de l’Etat et la gestion sur le long terme du développement durable. Il faut mettre en place un système de compensation face aux subventions agricoles des pays du Nord ainsi qu’un fonds de solidarité mondiale pour la lutte contre la pauvreté.
Pour M. ALLAN WAGNER, Ministre des affaires étrangères de la République du Pérou, le Sommet de Johannesburg doit être l’occasion d’adopter des mesures de nature à relever les défis du développement durable et à combler les insuffisances constatées dans la mise en œuvre d’Action 21. Le Pérou est un pays qui attache une importance particulière à la conservation des écosystèmes dans les pays en développement et entend surmonter la pauvreté en mettant en œuvre certaines dispositions du Programme d’action de Johannesburg relatives aux zones de montagnes. Le Ministre a insisté sur des mesures visant à préserver la diversité biologique des Etats montagneux et souhaité que le Sommet parvienne à un accord international qui prenne en compte la protection des populations autochtones. M. Wagner a plaidé pour un libre accès aux produits du Sud sur les marchés du Nord et pour des mesures de soutien financier à l’écotourisme, domaine dans lequel le Pérou favorise la participation des communautés autochtones. Le Pérou souhaite également des mesures de renforcement des capacités locales dans le domaine de l’environnement afin de faire face ou d’anticiper sur les incidences des changements climatiques, a indiqué le Ministre, qui met en garde contre les conséquences du nouveau phénomène el Nino.
M. CARLOS CAT, Ministre du logement social, de la planification du territoire et de l’environnement de la République orientale de l’Uruguay, a estimé que l’élimination de la pauvreté et les changements des modes de production et de consommation non viables doivent être traités de façon prioritaire dans le cadre de ce Sommet mondial. Les délégations présentes aujourd’hui ne doivent pas ménager leurs efforts pour atteindre un développement durable véritablement profitable à tous. La modernisation de l’Uruguay a été le fer de lance dans le domaine du développement durable. Une loi sur l’évaluation de l’impact des activités économiques sur l’environnement a été passée pour contrôler les effets des activités économiques à l’échelle nationale. Face aux objectifs du développement durable, nous avons réagi avec le sens de responsabilités à travers la mise en place, en particulier, d’un projet sur des accords-cadre ayant trait à l’environnement. Il s’agit d’articuler les piliers économiques, sociaux et écologiques du développement durable. L’Uruguay a ratifié le Protocole de Kyoto et modifie actuellement sa matrice énergétique classique.
M. MICHEL MOUSSA, Ministre de l’environnement de la République du Liban, a déclaré qu’après quinze années de guerre civile , le Gouvernement du Liban -malgré de lourdes contraintes économiques et l’insuffisance de soutien international– a lancé un plan de re lance dansvivification complète des différents secteurs de son économie. Il a précisé que le Liban a reconnu les liens entre la protection de l’environnement et le développement humain. La création du Ministère libanais pour l’environnement en 1993 témoigneest un témoignage du souci du Liban de se conformer aux objectifs d u Sommete la conférence de Rio, tout comme la ratification de toute une série de protocoles et conventions régionales et internationales en matière environnementale.
PourIl a, par ailleurs, précisé que, pour le Gouvernement libanais, la mise en œuvre du développement durable doit être basée sur les principes d’intégration de l’économie nationale incluant les six éléments cruciaux suivantsque sont: l’information du public et la participation de tous ; la planification et l’évaluation des performances ; la capacité d’écoute et de confiance; la reconnaissance des principes de l’honnêteté et de la franchise ; la collaboration et coopération avec des structures nationales et internationales crédibles ; la réponse aux besoins des médias , principal lien avec le grand public. Le Ministrereprésentant libanais a également évoqué l’escalade de la violence dans les territoires occupés et les conséquences néfastes de cette instabilité sur l’économie libanaise.
M. FREDERICK A. MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et du service public du Commonwealth des Bahamas, a expliqué sa participation au débat de haut niveau par la détermination de son pays à contribuer aux nobles objectifs du développement durable. Nous sommes ici, a-t-il dit, pour appuyer un mode de vie, y compris la première activité des Bahamas qui est le tourisme et qui suppose la préservation de la beauté de l’environnement. Nous ne pouvons rester oisifs au moment où notre environnement est détruit que ce soit par omission ou par commission. Pour les Bahamas, la pollution des eaux par les déchets nucléaires n’est pas une vision de l’esprit mais une réalité palpable au même titre que les changements climatiques ou l’élévation du niveau de la mer. Les Bahamas demandent des politiques qui permettent de faire face à ces menaces et de s’adapter aux changements climatiques. Les résultats du Sommet mondial sont un élément vital pour les petits Etats insulaires en développement. Les Bahamas attendent d’ailleurs avec impatience la Conférence d’examen du suivi du Programme d’action de la Barbade, prévue pour 2004. Pour l’heure, l’urgence est de s’attacher à traduire les mots en actes. Johannesburg doit être le lieu de solutions concrètes pour préserver l’environnement et assurer le développement durable.
M. RABBIE NAMALIU, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que Johannesburg devait bâtir sur l’esprit de Rio et renouveler les engagements pris en 1992. Il a plaidé pour un plan consensuel et concerté pour la préservation d’un environnement durable tout en se disant conscient des obstacles potentiels. Il faut également veiller à ce que les promesses faites ici ne connaissent pas le même sort que tous les engagements non tenus de Rio car force est de constater qu’en matière d’environnement et d’aide au développement, les belles paroles se succèdent mais sont rarement suivies d’effets et d’actions concrètes. Le Sommet doit nous permettre à moyen terme d’améliorer les niveaux de vie et de perfectionner les modes de production et de consommation pour les rendre durables.
L’objectif doit viser à faire passer les populations au premier plan et à s’inspirer des acquis de Doha et de Monterrey pour, entre autres, faire bénéficier toutes les régions des avantages de la mondialisation. Pour leur part, les Etats Membres doivent encourager la participation de toutes les parties prenantes si l’on veut faire la différence et enrayer la dégradation de l’environnement et assurer le bien-être social et environnemental des générations futures. Le plan d’action doit contenir des objectifs clairs, quantifiables et assortis de calendriers pour que tous les pays assument leur responsabilité dans la mise en œuvre du processus de Johannesburg. Le Ministre a lancé un appel aux Etats responsables d’émissions de gaz toxiques et à effets de serre afin qu’ils contrôlent ces émanations et ratifient et appliquent le Protocole de Kyoto. Ce Protocole est crucial pour mettre fin à l’élévation du niveau des mers et aux changements climatiques qui menacent les Etats membres du Forum des îles du Pacifique.
M. DIMITRIJ RUPEL, Vice-Premier Ministre des affaires étrangères de la République de Slovénie, a rappelé que pour ce qui est du domaine du renforcement des activités économiques, la Slovénie a respecté les règles posées par l’Union européenne. Il a aussi regretté que le Sommet de Johannesburg n’ait pas consacré toute l’attention à la planification spatiale car cette dernière revêt une importance particulière lorsque l’on parle d’organiser nos activités durables dans l’espace. La Slovénie entend intensifier ses activités sur le plan international et l’a fait jusqu'à présent en appuyant le développement des pays du sud-est de l’Europe par une stimulation des investissements directs dans cette région. La Slovénie a également contribué aux fonds du Programmes des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et lance un appel pour de nouvelles contributions aux Fonds d’affectation spéciale du Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
M. RENATO R.MARTINO, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que tous les pays sont venus à ce Sommet mondial avec leurs intérêts, ressources, besoins, responsabilités et droits particuliers. Il a précisé qu’il était important que le lien privilégié entre toutes ces préoccupations reste la personne humaine, dans l’esprit du principe premier de la Conférence de Rio. Il a également affirmé que la promotion de la dignité humaine est liée au droit au développement et au droit à l’accès à un environnement sain. C’est pourquoi, le Saint-Siège reste sensible à la situation des trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, le progrès social et la protection de l’environnement. Il a souligné que les mesures juridiques, économiques et techniques ne suffisent pas à promouvoir le développement durable, car les solutions reposent souvent sur des considérations éthiques et morales. En réponse à l’égoïsme et à l’indifférence, la solidarité est le meilleur moyen de répondre aux besoins des autres. L’Observateur permanent du Saint-Siège a, par ailleurs, évoqué les fléaux qui frappent les pays en développement en regrettant l’insuffisance d’actions pour répondre aux besoins de base de millions de frères et sœurs, notamment dans les domaines sanitaire et de la santé. Il a évoqué les principes de subsidiarité et de bonne gouvernance comme le point de départ de la lutte contre la pauvreté. En conclusion, il a formé le vœu que le Sommet de Johannesburg ne soit pas seulement un succès, mais également l’occasion d’une réelle innovation en matière de promotion du bien-être spirituel et matériel de tous les peuples, leur famille et leur communauté.
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