NOTRE TACHE EST IMMENSE ET LE TEMPS IMPARTI EST COURT, PREVIENT LE PRESIDENT DU COMITE CHARGE DE NEGOCIER LE TEXTE FINAL DU SOMMET DE JOHANNESBURG
Communiqué de presse ENV/DEV/630 |
Commission du développement durable
constituée en comité préparatoire du
Sommet mondial pour le développement durable
1ère séance - matin
NOTRE TACHE EST IMMENSE ET LE TEMPS IMPARTI EST COURT, PREVIENT LE PRESIDENT DU COMITE CHARGE DE NEGOCIER LE TEXTE FINAL DU SOMMET DE JOHANNESBURG
La Commission du développement durable, constitué en Comité préparatoire du Sommet mondial sur le développement durable, prévu à Johannesburg en Afrique du Sud du 26 août au 4 septembre 2002, a commencé ce matin les travaux de sa troisième et avant-dernière session, qui devraient s'achever le 5 avril. La dernière session préparatoire devant se tenir au niveau ministériel à Bali en Indonésie, du 27 mai au 7 juin, le Comité préparatoire a, en conséquence, décidé de consacrer la majeure partie de cette troisième session à ses premières négociations sur l'«Exposé du Président» (1). Cet «Exposé» est en fait le résumé des discussions relatives à l'examen et à l'évaluation d'ensemble des progrès accomplis dans la mise en oeuvre d'Action 21 (2) et des autres texte issus de la même Conférence (3) ainsi que du Programme relatif à la poursuite de la mise en oeuvre d'Action 21 (4). A partir de cet «Exposé» doit être élaboré le document final à soumettre pour adoption au Sommet de Johannesburg.
Auteur du texte, le Président du Comité préparatoire, M. Emil Salim de l'Indonésie, a appelé, ce matin, à «aller au-delà des mots et de la rhétorique» et a souhaité qu'à la fin de la session, le Comité préparatoire ait entre les mains un programme d'action concret et réaliste. Le temps qui nous est imparti est court et la tâche immense, a souligné le Président. Le défi n'a pas paru insurmontable aux yeux du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général du Sommet mondial, M. Nitin Desai. Il a mis en exergue les avantages d'un texte finalisé à l'avance, en se félicitant qu'à la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s'est achevée à Monterrey au Mexique le 22 mars, «le monde extérieur ait pu se concentrer sur les actions préconisées par son leadership plutôt que sur une lutte acharnée sur des virgules». Pour lui, la Conférence de Monterrey a montré que le processus de négociations n'est que le point de départ d'une réunion internationale.
Afin de rationaliser ses travaux, le Comité préparatoire a créé, ce matin, trois groupes de travail, chargés chacun des négociations sur certaines parties de l'«Exposé du Président». Le Comité préparatoire a aussi entendu la présentation du rapport de la Deuxième réunion du Panel de personnalités de haut niveau sur la lutte contre la désertification; des résultats du Forum de ministres et d'experts tenu dans le cadre de la Commission du développement durable; de l'issue de la Réunion de Caracas; et des résultats du Forum sur les forêts. Le Comité a en outre adopté une liste supplémentaire de sept ONG (5) qui ont demandé à être accréditées à ses travaux et à ceux du Sommet mondial.
Le Bureau du Comité préparatoire est composé de M. Emil Salim (Indonésie) à la Présidence; et de Mmes et MM. Luiza Ribeiro Viottio (Brésil), Diane Mari Quarless (Jamaïque); Ihab Gamleldin (Egytpe); Ositadanma Anadeu (Nigéria), Kyoto Akasaka (Japon); Jan Kara (République tchèque); Alexandru Niculescu (Roumanie); Richard Ballhorn (Canada); et Lars-G. Engfeldt (Suède).
La Commission du développement durable tiendra sa prochaine réunion le jeudi, 28 mars à 10 heures.
(1) L'"Exposé du Président" est paru sous la cote A/CONF.199/PC/L.1
(2) Programme d'action adopté, à Rio en 1992, à la Conférence des Nations Unies l'environnement et le développement (CNUED), dite Sommet Planète Terre.
(3) Parmi lesquels figurent la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques; la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique; sur la lutte contre la désertification; la Convention sur la diversité biologique, et la Convention sur le droit de la mer.
(4) Programme relatif à la poursuite de la mise en oeuvre d'Action 21 adopté à la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale dite Sommet Planète Terre + 5.
(5) La liste des ONG est parue sous la cote A/CONF.199/PC.6
Déclarations
M. EMIL SALIM (Indonésie), Président du Comité préparatoire, a souhaité qu'au cours de cette session, les travaux du Comité préparatoire aillent au-delà des mots et de la rhétorique pour aboutir à des résultats concrets. Les travaux doivent non seulement consister à faire des suggestions sur l'Exposé du Président, mais aussi à identifier les mesures nécessaires à la réalisation des objectifs spécifiques de l'ordre du jour du développement durable. Le but, a précisé le Président, doit être qu'à la fin de la session, le Comité préparatoire ait entre les mains un programme d'action concret et réaliste qui fasse véritablement la différence dans la vie des gens. Le Président du Comité a aussi invité les institutions internationales chargé du développement, du financement ou du commerce à participer activement aux travaux du Comité préparatoire. Il a appelé les gouvernements à faire en sorte que la mise en oeuvre de toutes les dispositions des textes agréés se fonde sur la bonne gouvernance et ses éléments constitutifs que sont la règle de droit, le respect des droits de l'homme, la participation de tous au processus de prise de décisions ou encore l'accès à l'information.
Le Sommet de Johannesburg, a-t-il rappelé, devra aussi donner lieu à une série de partenariats impliquant les différentes parties prenantes dont les gouvernements et les institutions internationales. Ces partenariats, a-t-il précisé, ne doivent pas être considérés comme le remplacement des engagements et des actions agréés mais comme un instrument de facilitation d'une mise en oeuvre pratique. Ces partenariats, a-t-il encore précisé, ne seront pas négociés par le Comité préparatoire mais par les partenaires eux-mêmes qui rendront compte de leurs délibérations aux comités. Le temps qui nous est imparti est court et la tâche immense, a conclu le Président, en souhaitant que les membres du Comité, en terminant comme prévu leurs travaux le 5 avril, fassent de la réunion de Bali, une escale importante du voyage de l'espoir qui doit les mener au Sommet de Johannesburg.
M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général du Sommet mondial pour le développement durable, a d'abord rendu compte de l'issue des travaux de la Conférence internationale sur le financement du développement qui s'est tenue à Monterrey au Mexique du 18 au 22 mars. Selon lui, la Conférence a été un grand succès en ce sens qu'après près de dix ans, la communauté internationale s'est dotée d'engagements concrets en matière d'aide publique au développement (APD). Il a cité, en l'occurrence, les engagements pris par les Etats-Unis et l'Union européenne qui représentent 30 milliards de dollars supplémentaires d'APD, soit 12 milliards de dollars par an à partir de 2006. Le Consensus de Monterrey, a poursuivi M. Desai, place le développement au centre des politiques financières et traduit une convergence de vues entre le Nord et le Sud sur la gestion économique aux fins d'un développement durable et équitable.
A ce jour, a estimé M. Desai, le monde a enregistré deux succès importants à savoir la quatrième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha au Qatar et la Conférence de Monterrey. Au titre des succès, le Secrétaire général adjoint a aussi cité le processus de Marrakech sur la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. A Monterrey, a-t-il poursuivi, tout le monde s'est accordé pour dire que Johannesburg est une étape essentielle du développement. Si Doha a étudié le
développement sous l'aspect commercial et Monterrey, sous l'angle financier, Johannesburg s'occupera d'une dimension tout aussi capitale, à savoir la dimension durable du développement. Un des avantages de Monterrey, a encore estimé le Secrétaire général adjoint est que le document a été finalisé avant la Conférence elle-même. Ceci s'est révélé avantageux en ce qu'il a permis aux participants de se concentrer sur les travaux de la réunion au sommet. L'attention a, en effet, été portée sur les déclarations et engagements des chefs d'Etat et de gouvernement. Le processus de négociation n'est que le point de départ d'un Sommet comme on a pu le voir à Monterrey. Le monde extérieur n'était pas de lutte acharnée sur des «virgules» mais sur les actions préconisées par son leadership, a insisté le Secrétaire général adjoint.
De l’avis de M. Desai, Monterrey a aussi été l'occasion d'entendre d'autres parties prenantes. Ainsi, présentes, les ONG ont pu manifester, une nouvelle fois, leur mécontentement quant aux conséquences de la mondialisation et de la libéralisation du commerce. Beaucoup de leurs préoccupations sont tout à fait justifiées, a estimé M. Desai en attirant l'attention sur les critiques selon lesquels Monterrey n'a pas traité suffisamment du fond du développement. Il revient, au Comité préparatoire, a dit M. Desai, de prendre des mesures concrètes. Les enseignements de Monterrey sont qu'il est possible de mener de tels processus vers les résultats tant au niveau des gouvernements qu'au niveau des nouvelles mesures.
S'agissant de la présente session du Comité préparatoire, le Secrétaire général adjoint a souligné que son mandat est clair. Il n'est pas nécessaire de renégocier Action 21 ou d'élaborer une nouvelle politique générale de développement mais de s'accorder sur des programmes d'action concrets concernant Action 21 et les autres textes découlant du processus de Rio. Dans ce cadre, les discussions sur les partenariats ne doivent pas se forger au détriment des engagements fermes pris par les gouvernements. Il ne saurait s'agir, a-t-il insisté, d'une diversion sur ce que doivent faire les gouvernements. Les objectifs des partenaires doivent dériver des actions gouvernementales. La priorité, pour cette session, est de trouver les ressources financières requises et changer la qualité de mise en oeuvre, en associant, de façon plus directe, les différentes parties prenantes.
Commentant le travail de la Commission du développement durable, M. Desai a relevé quelques faiblesses. En effet, a-t-il dit, la Commission n'a pas su susciter l'élan requis à une mise en oeuvre concrète des textes agréés. A cet égard, le dialogue avec les autres parties prenantes doit être renforcé. Il faut, par exemple, réexaminer toute la question du lien entre la Commission et les processus régionaux pour rendre le partage des expériences plus efficace et plus pertinent. Il faut aussi renforcer les liens, en matière de mise en oeuvre, par un dialogue entre la Commission et les institutions régionales et internationales de financement et du développement. Il faut encore, a poursuivi M. Desai, réfléchir à la manière d'utiliser au mieux les groupes ad hoc intersessions et, en fait, de redynamiser le travail de la Commission.
M. KLAUS TOEPFER, Directeur général du Programme des Nations pour l'environnement (PNUE), a déclaré que l'engagement de la société civile dans les travaux du PNUE rendrait la mise en oeuvre des programmes plus efficace. Concernant la gouvernance, le premier accord intervenu sur le rôle du Fonds mondial pour l'environnement (GEF) dans la mise en oeuvre du développement durable est un important pas en avant. Un accord a été conclu pour que le PNUE appuie des accords comme celui récemment conclu sur la préservation de l'environnement et la lutte contre la désertification en Afrique. Un accord sur le renforcement du mandat du PNUE et une meilleure coopération a été conclu avec le Fonds pour l'environnement mondial (GEF). Parmi ses priorités, le PNUE devrait soutenir les actions lancées par les différents fonds et programmes de l'ONU pour favoriser le programme d'action qui sera adopté par le Sommet de Johannesburg.
M. OUSMANE MOUTARI (Niger) a présenté le rapport de la 2ème réunion du panel de personnalités de haut niveau sur la lutte contre désertification qui a eu lieu à Agadès au Niger. Ce panel a essentiellement discuté des liens qui existent entre l'environnement et la pauvreté. La mise en oeuvre de la Convention pour la lutte contre la désertification constituera un pas important dans le respect des recommandations de la Déclaration du Millénaire. La géographie de la pauvreté coïncide avec celle des zones affectées par la désertification. La pauvreté elle-même est l'obstacle majeur à franchir sur le chemin du développement durable. La réunion d'Agadès a permis au panel de personnalités de haut niveau de réfléchir sur les liens entre désertification, dégradation des sols et propagation de la pauvreté. Le panel a conclu que la préservation de l'environnement dans ces zones était l'action la plus urgente à entreprendre dans la lutte contre la pauvreté. L'«Appel d'Agadès», lancé à la fin de la réunion, a été officiellement communiqué au Comité préparatoire pour faire partie des documents examinés par cette session. Le panel y a invité les pays du G-8, qui se réuniront au mois de juin au Canada, à prendre en considération la question de la lutte contre la désertification. Le panel y appelle aussi les pays développés à lever les obstacles qui se posent à la mise en oeuvre de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification en mettant à disposition de son Secrétariat les moyens financiers et technologiques requis. Le panel demande au Sommet de Johannesburg de reconnaître la désertification comme un problème majeur au développement durable. Il invite les gouvernements des pays affectés à soumettre aux bailleurs de fonds leurs stratégies de lutte contre la désertification, et demande aux institutions internationales que cette question fasse partie des stratégies de lutte contre la pauvreté.
M. SEVERINO SOARESA LMEIDA (Cap-Vert) a présenté les résultats du Forum de ministres et d'experts qui s'est tenu, dans le cadre de la Commission du développement durable, à Praia au Cap-Vert, du 7 au 8 mars 2002, sur la question de la désertification, de la pauvreté et de la promotion du développement durable. Le Forum de Praia s'est terminé par la publication de deux documents, reflétant respectivement les travaux des ministres et ceux des experts. La réunion au niveau ministériel s'est achevée par la «Déclaration de Praia» dont le texte, en anglais sera distribué aux délégations. Nous sommes convaincus que les résultats du Forum de Praia seront d'un apport utile à Johannesburg, a estimé le représentant.
M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a, au nom de pays du Groupe des 77 et de la Chine, déclaré que le défi du développement durable du Sommet de Johannesburg, serait relevé si le processus préparatoire prend soigneusement en compte les bons résultats obtenus à Doha en matière commercial et ceux qui viennent d'être obtenus à Monterrey en matière de financement du développement. Cette session du Comité préparatoire devra réfléchir à un plan d'action complet, qui définira ce que sera le développement durable et les moyens que sa mise en oeuvre exigera. Le Groupe des 77 a contribué sans réserves à ces travaux. La lutte contre la désertification dont viennent de parler le Niger et le Cap-Vert est un sujet qui tient à coeur les pays du Groupe des 77, et le Président du Venezuela a clairement fait savoir, lors de notre accession à la présidence du Groupe des 77, qu'il appuierait sans réserve cette question. La Déclaration de Caracas contient l'engagement du Venezuela en vue de faire de la lutte contre la désertification un des principaux thèmes de Johannesburg. La réunion de Caracas, qui a vu la participation de 150 délégations, a jeté un pont entre l'Amérique du Sud et l'Afrique sur cette question et nous nous en félicitons.
M. MOEINI MEYBODI (République islamique d’Iran), au nom du Forum sur les forêts, a présenté la Déclaration ministérielle adoptée à l'issue des travaux du Forum, le 14 mars, durant la réunion ministérielle. Il a ainsi indiqué que la Déclaration invite le Sommet de Johannesburg à la promotion de la gestion des forêts comme un élément clef du développement durable; au renforcement de l'engagement politique en matière de gestion forestière; à la réalisation des objectifs de 0,7% du PNB pour l'APD et de 0,15 à 0,20% pour l'aide aux pays les moins avancés (PMA); à l'adoption de mesures pour l'application des lois relatives aux forêts et au commerce illégal des produits forestiers; à la prise de mesures pour l'exploitation durable des ressources en bois; au lancement d'initiatives d'aide aux pays affectés des taux élevés de déboisement; au renforcement des partenariats pour le financement, le transfert de technologies, le transfert des capitaux, le commerce, la gestion intégrée des terres et des ressources; et au renforcement de la coopération internationale.
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