LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL OUVRE SA SESSION DE FOND EN METTANT L’ACCENT SUR L’EDUCATION ET LA SANTE COMME MOTEURS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Communiqué de presse ECOSOC/6007 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2002
6ème séance plénière - matin
LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL OUVRE SA SESSION DE FOND EN METTANT L’ACCENT SUR L’EDUCATION ET LA SANTE COMME MOTEURS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Pour le Secrétaire au Trésor des États-Unis, l’eau potable, l’éducation primaire et la lutte contre le VIH/sida sont essentielles à la réalisation du potentiel humain en Afrique
En présence du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, et du Secrétaire au Trésor américain, M. Paul O’Neill, le Conseil économique et social a ouvert ce matin, au Siège des Nations Unies à New York, les travaux de sa session de fond de 2002, sous le signe de la mise en valeur des ressources humaines notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation et sa contribution au développement. Ce thème fera l’objet d’un débat de haut de niveau, de quatre différentes tables rondes et d’un débat général organisés dans le cadre d’une session qui devrait s’achever le 26 juillet prochain.
Cette session est d’une importance particulière, a estimé le Président du Conseil économique et social, M. Ivan Simonovic, car elle se déroule au lendemain de la Conférence internationale sur le financement du développement et à la veille du Sommet mondial pour le développement durable. Comme priorités de cette session de fond, M. Simonovic a cité l’éradication de la pauvreté, la réalisation des objectifs de développement du millénaire et l’accroissement des investissements dans le développement des ressources humaines. Qualifiant de «grossièrement inadaptés», les niveaux actuels d’assistance à l’éducation et à la santé, il a appelé le Conseil à briser le cercle vicieux de la pauvreté, de la mauvaise santé, de l’absence d’éducation et des mauvais résultats économiques.
Le choix de ce thème est bien la mise en pratique du mot d’ordre de l’ONU pour le XXIè siècle qui est de mettre l’être humain au centre de tout ce qui est entrepris, a estimé le Secrétaire général de l’ONU qui a déclaré: «la santé et l’éducation sont les deux piliers sur lesquels nous devons faire reposer le bien-être de l’individu et bâtir ainsi un monde plus sain, plus équitable et plus pacifique». M. Kofi Annan a particulièrement insisté sur l’éducation des filles en la qualifiant de «placement à long terme d’une rentabilité exceptionnelle» et de «source de bienfaits qui ne se tarit pas».
En matière de financement des programmes d’éducation et de santé, le Secrétaire d’État américain, a réitéré l’idée du Président Bush consistant à remplacer les prêts par des dons. Reconnaissant ainsi la pertinence de l’aide, M. O’Neill a eu pour mots d’ordre la bonne gouvernance, la responsabilisation, la transparence et la politique de croissance. Evoquant le voyage de douze jours qu’il a effectué en Afrique, il a relevé «trois domaines d’investissements essentiels» à la réalisation du potentiel humain, à savoir l’eau potable, l’éducation primaire et la lutte contre le VIH/sida.
A la suite de ces interventions, le débat de haut niveau a été ouvert par le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), M. Horst Köhler, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Rubens Ricupero, les représentants de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe qui a pris la parole au nom des cinq Commissions régionales de l’ONU. Ces intervenants ont évoqué les efforts requis en faveur de la stabilité monétaire et financière, de l’ouverture des marchés et la suppression des barrières commerciales, de l’aide publique au développement (APD) et de l’allègement de la dette. Les interventions ont été suivies par un dialogue avec les délégations au cours duquel la responsabilité des donateurs, le fonctionnement des institutions de Bretton Woods, les iniquités du système commercial international, la compatibilité des programmes sociaux avec les programmes recommandés par le FMI et la reconnaissance de l’éducation et de la santé comme outils de croissance économiques ont été discutées.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux, cet après-midi, à 15 heures par, outre la suite du débat de haut niveau, quatre tables rondes sur le thème de la «Mise en valeur des ressources humaines notamment dans le domaine de l’éducation et de la santé, et sa contribution au développement».
OUVERTURE DE LA SESSION
Déclarations
M. IVAN SIMONOVIC, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé les priorités de cette session, à savoir l’éradication de la pauvreté, la réalisation des objectifs de développement du Millénaire et l’accroissement des investissements dans le développement des ressources humaines. Il s’agit aussi de préparer le Conseil à relever avec succès les nouveaux défis de la mondialisation et de renforcer son rôle de coordination concernant le travail de ses commissions. Nous ne pouvons pas être satisfaits de la situation sociale et économique mondiale actuelle, a-t-il ajouté, rappelant que plus d’un milliard de personnes vit avec moins d’un dolLar par jour, et que 113 millions d’enfants n’ont toujours pas accès à l’éducation primaire. Nous sommes en retard dans l’exécution des engagements que nous avons pris. Il a estimé qu’il faut donner un élan supplémentaire aux efforts de développement.
La mise en valeur des ressources humaines donne aux individus les moyens de se prendre en charge, a-t-il expliqué, ajoutant qu’elle constitue la clef qui permettra d’éliminer les disparités économiques, les causes des conflits et le terrorisme. A cet effet, mobilisation, action et détermination sont absolument nécessaires. Les niveaux actuels d’assistance à l’éducation et à la santé sont grossièrement inadaptés. Nous devons briser le cercle vicieux de la pauvreté, de la mauvaise santé, de l’absence d’éducation et des mauvais résultats économiques. Il faut accroître les ressources à destination de programmes efficaces, a-t-il poursuivi.
Le Conseil a enfin commencé à faire la preuve de sa capacité, a-t-il fait remarquer, à mettre les questions essentielles de développement à l’avant-garde de l’ordre du jour international. L’ECOSOC change aussi sa philosophie, mesurant son succès non par le nombre de résolutions adoptées mais par la différence qu’elles apportent dans la vie de tous les jours. Il faut cependant renforcer ces réalisations, a dit M. Simonovic, précisant que le renforcement de l’ECOSOC nécessite du temps, des efforts, un processus de compromis mais qu’il est la seule réponse à apporter à l’interdépendance mondiale. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité d’assurer d’urgence la soudure, dans les pays sortant d’un conflit, entre la fin du secours humanitaire et le début de l’aide au développement. A cet égard, l’ECOSOC peut promouvoir un effort bien coordonné de la part des institutions, fonds et programmes des Nations Unies. La création imminente du Groupe consultatif spécial sur les pays africains qui sortent d’un conflit permettra à l’ECOSOC de montrer concrètement ses capacités d’assistance et ce Groupe devra coopérer étroitement avec le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur l’Afrique. M. Simonovic a aussi jugé encourageant que l’ECOSOC et le Conseil de sécurité soient en train d’améliorer leur coopération. Il faut encore examiner la coopération entre l’ECOSOC et l’Assemblée générale, a-t-il estimé, ajoutant que malgré des échecs de temps à autre, le rôle de l’ONU et de l’ECOSOC va prendre plus d’importance dans le monde de plus en plus interdépendant.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, a jugé encourageant que le Sommet du G-8, tenu la semaine dernière, ait placé la question de l’Afrique en tête de son ordre du jour. Il a souligné, à cet égard, que le Consensus de Monterrey est une nouvelle expression de la volonté politique de mobiliser et de déployer des ressources financières aux fins du développement et de l’élimination de la pauvreté. Comme toujours, a-t-il ajouté, l’application est la phase la plus difficile. Il s’est néanmoins dit convaincu qu’à l’instar du système des Nations Unies, les autres membres de la communauté internationale s’emploieront à honorer les engagements pris à Monterrey et à oeuvrer, grâce aux puissants liens de partenariat qui caractérisent le Consensus, à la réalisation des objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire.
Venant au Sommet mondial pour le développement durable, le Secrétaire général a regretté que les progrès de la dernière session du Comité préparatoire n’aient pas été à la hauteur des objectifs ambitieux que s’étaient fixés les négociateurs eux-mêmes. Il s’est ainsi déclaré déterminé à lever tous les obstacles politiques qui ont surgi afin d’assurer le succès du Sommet. Johannesburg, a insisté le Secrétaire général, est l’aboutissement d’une série d’importantes réunions intergouvernementales qui doivent aider à traduire la Déclaration du Millénaire en mesures concrètes. «Nous devons veiller à ne pas perdre l’élan créé par ces réunions», a-t-il souhaité.
S’adressant, dans ce contexte au Conseil, il a voulu qu’il donne vie au mot d’ordre de l’ONU pour le XXIème siècle qui est de mettre l’être humain au centre de tout ce qui est entrepris. Il a considéré que le thème du débat de haut niveau est bien la mise en pratique de ce mot d’ordre. «La santé et l’éducation sont les deux piliers sur lesquels nous devons faire reposer le bien-être de l’individu et bâtir ainsi un monde plus sain, plus équitable et plus pacifique», a-t-il déclaré en soulignant que ces deux objectifs se renforcent mutuellement. Insistant particulièrement sur l’éducation des filles, le Secrétaire général a argué qu’aucune autre intervention n’a un impact aussi fort sur le progrès économique et social d’un pays et qu’aucune autre politique n’aura plus de chance d’accroître la productivité économique, de réduire la mortalité infantile et maternelle, d’améliorer la nutrition, de promouvoir la santé et d’augmenter les possibilités d’instruction pour les générations suivantes.
Citant aussi les effets positifs sur la gouvernance, la prévention des conflits et la consolidation de la paix, le Secrétaire général a estimé que l’éducation des filles est un placement à long terme d’une rentabilité exceptionnelle, une source de bienfaits qui ne se tarit pas. Le Secrétaire général a rappelé l’Initiative qu’il a lancée, il y a deux ans à Dakar, en faveur de l’éducation des filles et l’objectif du Millénaire consistant à éliminer les disparités en matière d’éducation d’ici à 2015, et a dit son espoir que les délibérations du Conseil économique et social permettront d’accorder à l’éducation des filles la place qui lui revient en tant que sujet prioritaire du programme de mise en valeur des ressources humaines et, en fait, du développement en général.
Nous sommes enfin prêts à apporter les changements nécessaires et à faire la différence, a déclaré pour sa part, le Secrétaire au Trésor des États-Unis, M. PAUL O’NEILL. Reconnaissant la pertinence de l’aide, le Secrétaire d’Etat a souligné que par le passé trop d’aide a été balayée par les vents de la corruption, de l’absence d’état de droit et du manque de responsabilités. Trop souvent, a-t-il poursuivi, l’aide a servi à financer la bureaucratie plutôt qu’à investir dans les populations. Et parfois, a-t-il admis, ce sont les donateurs eux-mêmes qui étaient en faute. Nous avons, a-t-il dit, prescrit des solutions occidentales pour résoudre des problèmes que seuls les leaders locaux peuvent résoudre. Nous, les donateurs, nous nous sommes laissés absorber par nos plans à long terme alors que nous aurions pu faire la différence pour les populations. Le développement est compliqué mais sa complexité ne peut excuser les retards.
Parlant en particulier de l’Afrique qu’il a visitée pendant douze jours, M. O’Neill a relevé trois types d’investissements essentiels à la réalisation du potentiel humain. Il a cité l’accès à l’eau potable, l’éducation primaire et la lutte contre le VIH/sida. Les Etats-Unis, a-t-il indiqué, ont déjà pris des engagements dans ces domaines parallèlement à ceux endossés par les principaux leaders africains en matière de bonne gouvernance et de politique de croissance. Concernant l’éducation, il a souligné l’engagement du Président Bush de doubler les fonds de son Initiative africaine pour l’éducation. Une somme de 200 millions de dollars a été débloquée pour former 420 000 enseignants et offrir 250 000 bourses aux filles et 4,5 millions de manuels scolaires aux enfants africains.
L’Initiative vise aussi à promouvoir la responsabilisation et la transparence dans les systèmes scolaires, a-t-il ajouté. Mettant en garde contre toute confusion, M. O’Neill a souligné que l’objectif n’est pas d’avoir plus de livres et plus de bourses mais des enfants capables de lire, d’écrire et de se servir d’un ordinateur dès l’âge de 10 ans. Nous ne pouvons sous-estimer l’importance de la transparence et de la responsabilisation dans les programmes sociaux comme ceux d’éducation, a insisté le Secrétaire au Trésor des Etats-Unis.
Venant à la lutte contre le VIH/sida, il a indiqué que le Président Bush a annoncé l’octroi d’une somme de 500 millions de dollars à l’Initiative internationale pour la prévention du VIH/sida chez la mère et l’enfant. Dans les dix pays visés au cours des premières cinq années, il est question d’atteindre 12,6 millions de femmes enceintes et de leur fournir l’accès aux services consultatifs, aux tests, aux services de prévention et aux soins. M. O’Neill a aussi rappelé la promesse de son Président de financer le Fonds mondial pour la lutte contre le VHI/sida, la tuberculose et la malaria à hauteur de 500 millions de dollars, somme qui sera augmentée en fonction des résultats. Compte tenu de la nouvelle Initiative mère-enfant, le Président Bush, a encore indiqué l’orateur, a doublé le financement de US-Aids à hauteur de 1,1 milliard de dollars.
M. O’Neill a aussi rappelé la décision du Président Bush, prise en mars, d’accroître l’assistance au développement de 50% sur une période de 3 ans et de l’augmenter ainsi de 5 milliards de dollars par an d’ici 2006. Ce «Compte du défi du Millénaire» doit financer des initiatives qui appuient la croissance économique dans les pays qui sont gouvernés de manière juste, qui investissent dans les populations et encouragent la liberté économique. Il a aussi estimé qu’une autre manière de rendre l’aide plus efficace est d’harmoniser les objectifs des institutions bilatérales et multilatérales ainsi que des ONG.
Jugeant important d’éviter un endettement plus avant des pays en développement, M. O’Neill a souhaité que les projets en matière d’éducation et de santé soient financés par des dons et pas par des prêts. L’idée, a-t-il indiqué, a été présentée aux partenaires du développement. Les donateurs regroupés au sein de l’Association internationale pour le développement (AID), s’est-il félicité, ont adhéré au principe d’octroi de dons substantiels pour les pays les plus pauvres. Les pays africains seront les plus grands bénéficiaires de cette initiative, a-t-il souligné.
M. HORST KÖHLER, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a estimé qu’il est crucial aujourd’hui de transformer le Consensus de Monterrey en une action concrète et en des résultats mesurables. Nous devons identifier plus clairement les responsabilités respectives des pays pauvres et de leurs partenaires du développement, notamment les pays donateurs, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile. Il s’est dit heureux que les scénarios catastrophes annoncés après le 11 septembre ne se soient pas réalisés mais a reconnu que des questions se posent quant à la vigueur et à la durabilité du redressement, notamment sur les bénéfices des entreprises et l’investissement aux Etats-Unis, la vulnérabilité des marchés financiers et les tensions politiques régionales. Il s’est dit certain que l’économie mondiale gagnera de la vigueur durant ce second semestre de l’année.
Une croissance vigoureuse des Etats-Unis dans les années 1990 a eu une influence bénéfique sur l’économie mondiale, mais cela s’est accompagné d’un déficit accru. Il a jugé essentiel que les Etats-Unis fassent en sorte que le budget reste équilibré. Mais il faut aussi une croissance plus robuste mue par la demande interne dans les autres économies avancées. En Europe, plus d’ambition en faveur d’une réforme structurale permettrait par exemple d’élever le taux de croissance à 3% ou même plus. De même, l’amélioration récente de l’activité économique au Japon ne doit pas entamer la volonté de réaliser les réformes nécessaires. Le Directeur général a estimé que le commerce est essentiel pour la croissance, de même que la libéralisation des échanges pour éviter les crises. Il serait bénéfique que les négociations de Doha puissent reproduire la croissance du commerce qui a suivi l’Uruguay round.
Il a par ailleurs appelé à être plus ambitieux et a préconisé un effort concerté de l’ensemble de la communauté internationale afin de rendre la mondialisation plus inclusive. Il a fait remarquer que le FMI est engagé lui-même dans un processus de réforme, a effectué une révolution de transparence et a intensifié aussi sa coopération avec la Banque mondiale. Il s’est aussi dit convaincu que le système financier international aujourd’hui est plus résistant qu’avant la crise asiatique. Mais la crise argentine suggère que nous avons beaucoup à apprendre. Aucun conseil extérieur, même très solide, ne peut remplacer la responsabilité et la cohésion politique dans une société, a-t-il estimé. L’effondrement de la compagnie ENRON ou le scandale de la compagnie WorldCom ont aussi montré qu’il faut consacrer autant d’attention aux risques dans les pays développés qu’aux problèmes dans les pays en développement ou aux économies émergentes. Il a exhorté à une bonne gestion dans le monde des entreprises.
Il a par ailleurs jugé encourageant de voir que les pays africains ont fait de la bonne gouvernance, des politiques judicieuses, et l’accroissement du commerce les pierres angulaires du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il a reconnu que le faible progrès des réformes reflète un manque de capacités institutionnelles plutôt qu’un manque de volonté politique. Dans le cadre de sa politique de soutien au NEPAD, le FMI mettra en place cinq centres d’assistance technique régionaux et des accords ont déjà été signés pour l’établissement de ceux de Tanzanie et de Côte d’Ivoire qui devraient être ouverts cette année.
L’allègement de la dette est un élément essentiel dans la stratégie globale de lutte contre la pauvreté mondiale mais il n’est pas une panacée. Ce qui est décisif, a-t-il explique, ce sont les politiques. L’aide publique au développement doit être accrue et le Directeur général s’est félicité des indications en ce sens du Sommet du G-8. Il a encouragé les pauvres à exiger toujours la transparence en matière d’aide aux pays en développement, et souligné que les sources innovatrices de financement du développement ne doivent pas obscurcir l’importance de l’aide publique au développement. Le commerce est la meilleure forme d’auto-assistance car il profite à tous, et permet de renforcer la fierté des nations qui peuvent se sortir de la pauvreté par elles-mêmes. Il a aussi appelé à éliminer les subventions agricoles dans les pays développés qui se chiffrent à des milliards de dollars. L’économie mondiale se redresse, il faut maintenant s’assurer que les actions identifiées pour promouvoir la croissance et pour réduire la pauvreté sont mises en oeuvre, a-t-il conclu.
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a regretté que douze ans après la chute du Mur de Berlin, les hommes d’Etat discutent aujourd’hui de la manière d’ériger des murailles juridiques et politiques contre les réfugiés économiques et les immigrants pauvres, les gouvernements prévoient des barrières contre les responsables d’attentats-suicide à la bombe et les pays riches élèvent de nouveaux obstacles aux importations. Tous les murs ne sont pas pareils mais qu’ils soient justifiés ou non ils sont presque toujours le constat d’un échec à trouver une solution durable aux problèmes, a estimé M. Ricupero. L’une des barrières les plus insidieuses est celle que l’on bâtit dans nos esprits contre les réalités déplaisantes et les problèmes persistants.
Aujourd’hui, malgré les appels répétés, l’Argentine n’a pas reçu l’aide nécessaire et la crise s’est étendue dans plusieurs pays dont l’Uruguay et le Brésil. Il n’y a pas, a convenu M. Ricupero, de remèdes simplistes et miraculeux à ce type de problèmes. Mais devant de telles catastrophes dues à l’homme, l’action doit être d’atténuer les souffrances et de limiter les dégâts. Or aujourd’hui, a insisté le Secrétaire général de la CNUCED, la communauté internationale n’a toujours pas de stratégies réalistes pour faire face à l’instabilité financière et aux problèmes de la dette. L’«improvisation» en la matière a coûté à l’Amérique latine une décennie entière. Il est temps de faire une véritable réforme du système financier international. Seule une action multilatérale, menée par le FMI, peut traiter efficacement du problème de la dette et de la stabilité monétaire. Le commerce est toujours l’une des voies par lesquelles passe la récession du Nord au Sud. Plus que jamais la communauté internationale a besoin d’un système commercial multilatéral vigoureux et de la bonne exécution des promesses de Doha.
M. Ricupero s’est donc dit effaré par les menaces posées récemment sur ces promesses découlant d’une «séquence troublante de mesures protectionnistes». Il faut résister au protectionnisme mais seules les grandes puissances commerciales peuvent réellement faire la différence et faire montre d’une direction responsable des affaires commerciales. Parmi les principales victimes de la situation actuelle, a encore dit M. Ricupero, se trouvent les pays les moins avancés (PMA) qui, une nouvelle fois, sont pris dans le piège de la pauvreté. Le rapport récent de la CNUCED sur les PMA en 2002, a montré que la proportion de la population pauvre a été sous-estimée et que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue doit être multiplié par deux ces trente dernières années. Le rapport montre aussi que la situation permet aujourd’hui un réel changement.
Les politiques des pays concernés doivent être complétées par un allègement de la dette, par une aide plus efficace et plus généreuse, par la refonte des politiques en matière de produits de base et par une grande coopération Sud-Sud. En matière de solution de la crise financière en Argentine et en Amérique latine, de la mise en place d’un système commercial plus orienté vers le développement et de la réalisation des objectifs du développement du Millénaire, le monde a besoin d’une direction responsable et décisive de la part de ceux qui ont le pouvoir de créer un ordre du jour tolérant, pluraliste et généreux.
Mme MAMPHELA RAMPHELE, Directrice générale de la Banque mondiale, a rappelé le premier objectif de la Banque mondiale, c’est-à-dire l’éradication de la pauvreté. L’édifice mis en place pour le développement repose sur plusieurs éléments. En premier lieu figure l’ensemble des objectifs du développement du Millénaire, qui permettent notamment d’améliorer par exemple l’efficacité de la relation entre les gouvernements nationaux et les agences internationales. Le deuxième, a-t-elle poursuivi, est le partenariat pour le développement mondial, dans lequel tous les pays sont responsables de l’ordre social mondial. Le troisième est la mise en oeuvre qui doit conduire sur la voie d’un développement efficace.
Elle a appelé à un changement fondamental de la façon dont nous fonctionnons et a notamment cité le Nouveau Plan d’action pour les progrès accélérés dans l’éducation pour tous (EFA) dont le document définit une approche globale en abordant l’illettrisme. La vitesse à laquelle évolue ce plan, a-t-elle poursuivi, donne le ton des réformes et des interventions dans les domaines des autres objectifs de la Déclaration du Millénaire, comme la santé, le développement rural. En outre, le lien entre la croissance économique et les investissements dans le développement humain peut lancer un cercle édifiantd’améliorations qui permettront de réduire la pauvreté et d’accroître le bien-être. Elle a jugé fondamentale la protection sociale et a appelé à un engagement à long terme des pays. La Banque mondiale, a-t-elle ajouté, reconnaît la nécessité d’accroître la cohérence de notre approche en Afrique. Il ne faut pas non plus oublier d’accorder une attention spéciale au virus du SIDA, à la malaria et à la tuberculose.
Nous ne pouvons rien faire seuls en Afrique, a-t-elle expliqué en soulignant l’importance des partenariats. Ce n’est qu’en utilisant les diverses forces des divers partenaires que le Consensus de Monterrey produira des résultats et que les objectifs de développement du Millénaire seront réalisés.
M. MIGUEL RODRIGUEZ MENDOZA, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), est revenu sur le «succès» de la quatrième réunion ministérielle de l’OMC qui s’est tenue en novembre 2001 à Doha. Le succès, a-t-il dit, tient à ce que Doha a consacré les principes de la suppression des barrières commerciales, de l’ouverture de l’économie et de l’établissement de règles commerciales universellement acceptées. Les tâches qui restent à accomplir sont considérables, a-t-il convenu en se félicitant néanmoins des progrès déjà enregistrés dans le domaine de la simplification des mécanismes de négociations. Ainsi, a-t-il indiqué, concernant l’agriculture, 150 propositions ont été présentées notamment par une centaine de pays en développement. De plus, les programmes d’assistance technique et de renforcement des capacités ne cessent de se consolider. M. Rodriguez Mendoza s’est dit certain que le succès des négociations et des programmes mis en oeuvre permettra de stimuler la croissance et de réduire la pauvreté.
Là encore, il a cité l’agriculture pour dénoncer les subventions agricoles considérables pratiquées par les pays de l’OCDE qui compromettent les exportations du Sud et obligent les producteurs les plus efficaces à se retirer des marchés. Pour M. Rodriguez Mendoza, la priorité doit être la réforme du commerce agricole. Il a aussi appelé les pays du Sud à se montrer honnêtes et à lever les barrières commerciales qu’ils s’érigent entre eux. Concluant, il a dénoncé l’influence exercée par les groupes de pression protectionnistes et mis l’accent sur les défis systémiques ayant trait aux différences de taille politique ou économique entre les 144 membres de l’OMC et au sentiment de scepticisme quant à la capacité de nombreux membres de participer aux négociations et d’en tirer profit. Il a ajouté que désormais les négociations de Doha sont menées sous l’oeil de l’opinion publique internationale. Il a ainsi fait part des demandes dans le sens d’une plus grande transparence et de la participation des ONG. Les appels à la transparence viennent aussi des membres de l’OMC eux-mêmes, a-t-il précisé avant de se déclarer optimiste quant à la suite des évènements.
Mme BRIGITA SCHMOGNEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe, au nom des cinq Commissions régionales de l’ONU, a attiré l’attention sur les faits nouveaux survenus dans les économies en transition. Dans certains cas, au cours des dix dernières années, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a fortement augmenté. Les pays qui n’avaient autrefois pas de dettes sont aujourd’hui parmi les plus endettés, comme par exemple les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Elle a demandé s’ils pouvaient être inclus dans la liste des pays qui bénéficient d’un allègement de leur dette.
Elle a par ailleurs noté les aspects positifs de la croissance et a fait remarquer que les économies en transition ont engagé des réformes importantes qui ont commencé à porter leurs fruits. Si l’économie russe continue de se réformer, elle pourrait être un moteur pour la zone. Elle a enfin souligné l’importance de l’élargissement de l’Union européenne et invité à porter toute l’attention nécessaire à ceux qui ne vont pas en devenir membres.
Dialogue avec les délégations
Le représentant du Zimbabwe a fait remarquer qu’il n’y avait pas eu à Bali d’accord sur la Déclaration du Millénaire contrairement à ce qui a été dit par la représentante de la Banque mondiale. Il a aussi demandé au représentant de la CNUCED s’il pensait que l’on s’était écarté du processus de Washington. Toujours en réaction aux déclarations précédentes, la représentante de la Gambie a demandé ce qui peut expliquer l’absence de progrès. Elle a souhaité savoir s’il serait possible de mettre en place un code de conduite pour les donateurs? Le représentant de la Finlande, a pour sa part rappelé, concernant la mise en oeuvre des promesses de Doha, la nécessité de l’augmentation de l’Aide publique au développement, du renforcement des capacités commerciales et de l’assistance technique aux pays en développement. Il a aussi souhaité des actions communes de la part des institutions.
Estimant que la question de la lutte contre le terrorisme devient une composante essentielle de la coopération internationale, le représentant de la Fédération de Russie a demandé au FMI et à la Banque mondiale comment ils voient leur rôle dans la lutte contre le financement du terrorisme et quelle aide ils pourraient apporter aux pays. Sur le plan économique, le représentant a demandé une évaluation des modalités de participation du secteur privé aux travaux conjoints de l’ONU et des institutions de Bretton Woods. Dans le même ordre d’idées, le représentant du Pakistan, qui a adressé ses questions à la CNUCED et à l’OMC, a voulu en savoir plus sur les perspectives d’application de l’ordre du jour «positif» pour les pays en développement établi par les négociations de Doha.
Sur la question de la santé, le représentant du Mexique a jugé important de comprendre la santé comme un facteur contribuant à la croissance. La division traditionnelle entre politique sociale et politique économique doit être écartée, a-t-il estimé. Il a donc demandé aux intervenants les initiatives qu’il faut prendre pour que ce paradigme de la «santé comme outil de croissance» soit intégré dans la politique économique et financière de chaque pays.
Répondant à cette première série de questions, le Secrétaire général de la CNUCED a souligné que la situation de l’Argentine montre à quel point dans de tels cas la communauté internationale doit avoir pour priorité de rétablir l’espoir et alléger les souffrances. Il s’est dit encouragé par le travail entamé par le FMI et sans sous-estimer les difficultés de la situation, il a voulu distinguer deux choses; la résolution de la question des dépôts bancaires et le rétablissement du système financier. La première tâche dépasse, selon lui, le mandat du FMI et exige l’effort de certains pays notamment en ce qui concerne l’octroi de concessions commerciales. Le cas de l’Argentine et de l’Amérique latine n’est que l’exemple le plus récent d’un problème plus large, à savoir la crise monétaire et financière qui depuis 1997 continue sur sa lancée. En cela, la principale responsabilité doit incomber aux institutions financières multilatérales et principalement au FMI, a souligné le Secrétaire général de la CNUCED. Sur les questions commerciales, il a souligné les différences entre l’OMC et la CNUCED; devoir de neutralité, d’un côté, et devoir de conseils et d’assistance, de l’autre. Il s’est, à cet égard, dit inquiet des mesures protectionnistes adoptées récemment. Ceci présage mal de l’avenir, a insisté le Secrétaire général de la CNUCED en répondant ainsi à la question du représentant du Pakistan.
Le FMI est en train de procéder à des réformes, a tenu à souligner le Directeur général du FMI. La situation au Zimbabwe a très peu de rapports avec celle de l’Argentine ou du reste de l’Amérique latine, a-t-il répondu au représentant du Zimbabwe et s’adressant au représentant de l’Argentine, il a réitéré que les réunions entre ce pays et le FMI ont été productives. Aujourd’hui, des décisions ont été prises pour mettre au point un cadre de discipline économique et financière. La coopération entre ces deux acteurs se fera dans quatre domaines, le cadre fiscal, le secteur bancaire, le secteur monétaire, et le rétablissement de la confiance du peuple à l’égard du système politique et de celle des institutions internationales envers la Banque centrale argentine.
En toutes choses, le FMI tient à ses conditionnalités mais essaie désormais de les simplifier et de les orienter davantage sur les priorités des pays. La nouvelle philosophie est de ne rien imposer mais de discuter librement avec les gouvernements. Le FMI a, à cet égard, décidé de créer cinq centres d’assistance technique en Afrique. Répondant à la question de la Fédération de Russie sur la lutte contre le financement du terrorisme, il a indiqué que le FMI a mis au point un plan d’action en la matière.
Mme RAMPHELE a fait observer que c’est la première fois que les pays développés et les pays en voie de développement se sont engagés en faveur d’un ordre du jour commun, même si les partenariats connaissent des hauts et des bas. Dans l’éducation par exemple, c’est la première fois que les donateurs prennent des engagements à long terme. Répondant à une question de la Fédération de Russie, elle a indiqué que la Banque mondiale se concentre sur la durabilité des institutions pour que ces pays soient moins vulnérables aux problèmes du blanchiment d’argent. A la question du Mexique sur la façon d’intégrer le lien entre santé et croissance économique dans le processus national, elle a estimé que cela demandait notamment la mise en place d’un climat favorable à l’investissement. Il faut aussi un partenariat entre les secteurs public et privé aux niveaux national et international. Elle a par ailleurs précisé que la Banque mondiale travaille certes dans la période après les conflits pour stabiliser l’environnement mais qu’elle visait aussi à améliorer le climat d’investissements. Elle a enfin justifié l’attention de la Banque mondiale à l’Afrique par le fait qu’il s’agit du continent qui pose le plus de problèmes.
M. RODRIGUEZ MENDOZA, répondant à la Finlande sur le renforcement de la coopération technique et des capacités, a indiqué que ces thèmes étaient au centre des préoccupations de l’OMC. Il a indiqué que dans ce cadre plus de cinq cents activités en faveur du commerce avaient été identifiées et étaient mises en oeuvre. Ces activités sont menées en coopération avec des organisations régionales. De plus, l’OMC coopère très étroitement avec la CNUCED. Il a aussi mentionné l’aide à la mise en oeuvre des accords de l’OMC. Il a fait valoir que les pays en développement ont réussi à mettre sur la table à Doha la plupart de leurs préoccupations. Pour ce qui est des perspectives, il s’est dit optimiste car il voit les pays en développement non pas marginalisés mais au contraire très actifs. Il a souligné, répondant au Mexique, le lien étroit entre le commerce et la santé publique. Il a expliqué, selon une étude à paraître prochainement, que la priorité est souvent accordée à la santé et pas au commerce, contrairement aux idées reçues.
Reprenant la série de questions, le représentant du Suriname a voulu savoir si le Conseil économique et social entend harmoniser les questions du développement des ressources financières et celui des ressources humaines. Quelles sont les perspectives des pays en développement dans ce domaine? Qu’en est-il de la position des donateurs? A son tour, le représentant du Guatemala a fait part d’un certain scepticisme en constatant qu’à la fin du siècle dernier, l’Amérique latine et en particulier le Guatemala, qui a pourtant avancé dans la bonne direction du point de vue macroéconomique et de la bonne gouvernance, vient de connaître trois années de paralysie économique avec des exportations à l’arrêt et une stagnation des niveaux de vie. Comment les barrières commerciales persistantes peuvent-elles être compatibles avec les règles de l’OMC? a-t-il demandé.
Les organisations multilatérales continuent de subordonner leur assistance à la mise en oeuvre de programmes d’ajustement, a constaté le représentant de la Malaisie. Il s’est demandé, par conséquent, comment ces institutions entendent tenir compte des priorités fixées par les pays dans la planification de leur assistance? Dans quelle mesure le FMI et la Banque mondiale encouragent-ils le lien entre appui budgétaire et élimination de la pauvreté, d’une part, et décaissements budgétaires, d’autre part, a demandé, pour sa part, le représentant du Ghana. Dans quelle mesure ces institutions et les donateurs sont-ils prêts à participer à une évaluation de la conformité des politiques aux engagements pris?, a aussi demandé le représentant. Intervenant également, le représentant du Nigéria est revenu sur la question de la «sincérité» des partenaires du développement. Il s’est, à cet égard, dit déçu de constater que les fonds détournés par des dirigeants corrompus soient toujours détenus dans les banques occidentales au vu et au su des gouvernements de ces pays alors que ces fonds pourraient servir à financer le développement.
Dans le cas de l’Argentine, a souligné le représentant de ce pays, il ne faut pas oublier que les réformes reconnues comme nécessaires aujourd’hui avaient été mises en suspens en attendant une situation plus propice. Il faut aussi comprendre que la situation actuelle est le résultat des iniquités du système commercial international. Comment donc un pays qui a été donné en exemple de la croissance économique puisse connaître aujourd’hui un tel échec, s’est interrogé le représentant. Sur la question de l’allègement de la dette, le représentant de la Bolivie a souhaité des commentaires sur le processus d’évaluation en cours dans le cadre de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (HIPC/PPTE). Qu’en est-il des traitements préférentiels à octroyer à ces pays sur le plan commercial et en d’autres termes, comment établir le lien entre le problème HIPC/PPTE et commerce international? Que penser, en outre, du comportement des transnationales dans les pays en développement? a encore demandé le représentant.
M. KÖHLER a indiqué qu’il encourageait une augmentation des dépenses publiques mais dans un contexte macroéconomique saint, indiquant que des limitations de dépenses sont toujours inévitables. Il a estimé en outre que l’on avait souvent sous-estimé l’importance des filets de sûreté. Répondant au Nigéria concernant les comptes d’argent détourné dans les banques des pays développés, il a indiqué que le FMI étudiera les risques de blanchiment à la fois dans les pays en développement et les pays développés. Il a annoncé à cet égard que de nouvelles directives seront donc mises en place concernant les conditionnalités, estimant cela nécessaire pour conserver la crédibilité et les ressources du FMI. Il s’est associé au représentant du Ghana pour regretter que bien souvent on ne puisse pas savoir ce que vont donner les donateurs. Répondant enfin au représentant de la Bolivie, il s’est dit partisan d’un système commercial plus favorable aux pays pauvres.
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