LA REUNION ECOSOC/BRETTON WOODS FAIT DE LA MISE EN OEUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY LE CONTRAT D’EXECUTION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE
Communiqué de presse ECOSOC/6001 |
Conseil économique et social
Réunion spéciale de haut niveau
avec les institutions de Bretton Woods
3ème séance - matin
LA REUNION ECOSOC/BRETTON WOODS FAIT DE LA MISE EN OEUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY LE CONTRAT D’EXECUTION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu sa réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods avec pour thème essentiel le «Dialogue sur les conclusions de la Conférence internationale sur le financement du développement et des réunions du Comité du développement, et du Comité monétaire et financier international». Après avoir entendu le Secrétaire général, M. Kofi Annan, et les déclarations et présentations du Comité du développement de la Banque mondiale, du Comité monétaire et financier du FMI et du Chef de la présidence pour les politiques publiques du Mexique, l’ECOSOC a tenu, à huis clos, deux tables rondes.
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a déclaré que bien qu’elle ait été un réel succès, la Conférence de Monterrey n’est pas une fin en soi, mais plutôt le début d’un processus. Le défi à relever désormais est de maintenir l’esprit positif qui a permis de dégager le Consensus de Monterrey et de le mettre concrètement en oeuvre tout en réalisant les Objectifs de développement du Millénaire. Les pays en développement doivent mieux faire entendre leur voix dans la prise des décisions économiques, et la réunion d’aujourd’hui doit attentivement examiner les questions de cohérence et de coopération, en profitant de l’approche inclusive initiée à Monterrey. Le prochain Sommet mondial pour le développement durable, qui aura lieu à Johannesburg, devra se baser sur les acquis de Monterrey et sur ceux de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Malgré la reprise économique actuelle, dont le taux de croissance mondiale devrait s’établir à 2% ou 3%, M. Kofi Annan a estimé qu’un grand nombre de questions restent posées, et qu’il faudra déployer des efforts pour vaincre l’ennemi principal du développement, à savoir les conflits armés.
Présentant un aperçu des travaux de la réunion tenue ce week-end à Washington, D.C., par le Comité du développement de la Banque mondiale, M. Trevor Manuel, Ministre des finances de l’Afrique du Sud et Président du Comité, a déclaré que tout en soutenant les politiques économiques et financières de la Banque et du FMI, et notamment les mesures lancées en faveur de la réduction de la dette des pays pauvres lourdement, le Comité souhaite que le champ d’application de l’Initiative PPTE soit élargi, que l’éligibilité de pays y soit facilitée, et que sa mise oeuvre soit simplifiée. Tout en reconnaissant que les pays donateurs doivent pouvoir mieux contrôler l’usage final des ressources de l’APD, la Ministre du développement et de la coopération des Pays-Bas, qui est intervenue au cours de la réunion, a estimé qu’il fallait aussi mieux s’assurer que les pays donateurs respectent leurs engagements en terme de contribution à l’aide au développement. Ce rôle, a-t-elle estimé, pourrait être rempli par le Comité du développement de la Banque mondiale.
Pour M. Eduardo Aninat, Directeur général adjoint du FMI a dit que les conclusions du Comité monétaire et financier international qui s’est réuni à Washington ce week-end, «la reprise économique dans les pays développés et le raffermissement des prix des matières premières et des produits de base, devraient permettre de favoriser la relance dans les pays émergents et en développement qui en sont bénéficiaires». Cependant le renforcement des politiques fiscale et financière et la poursuite des réformes institutionnelles visant à attirer les investissements étrangers directs (IED) et autres capitaux, doivent être encouragés dans ces pays où le développement reste le but final à atteindre.
Au cours des remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social a émis l’idée, déjà évoquée lors de la Conférence de Monterrey, de la création d’un conseil de sécurité économique et social qui harmoniserait le débat économique et financier, dont l’agenda s’enrichit chaque jour des questions nées de la mondialisation et de ses conséquences.
Le Directeur général de la Banque mondiale, le Conseiller principal de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et les représentants du Guatemala et de l’Afrique du Sud, en tant que Vice-Présidents l’ECOSOC, sont également intervenus.
Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods
Allocution du Président du Conseil économique et social
M. IVAN SIMONOVIC (Croatie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la réunion de l’ECOSOC avec les institutions de Bretton Woods avait pour but essentiel cette année la mise en oeuvre des recommandations et des engagements de la Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue au mois de mars dernier à Monterrey au Mexique. Cette réunion doit aussi, a dit M. Simonovic, veiller à approfondir les réflexions et les idées avancées à Monterrey. Lors du processus préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement, le système des Nations Unies a travaillé main dans la main avec la société civile. Aujourd’hui, a annoncé le Président, l’ECOSOC ouvre à son tour, pour la première fois, sa réunion de printemps avec les institutions de Bretton Woods aux ONG, aux milieux d’affaires et aux médias.
La cohérence des politiques et la mobilisation de tous les types de ressources, ainsi que leur usage efficace et équitable, sont essentiels dans la lutte contre la pauvreté et le développement durable. Les Objectifs de développement du Millénaire ne pourront être atteints sans un engagement mutuel et concerté des organisations internationales, des ONG, des milieux d’affaires et des pays en développement et développés. La Conférence de Monterrey a fait un grand pas en avant en matière de financement du développement en créant un système multilatéral plus cohérent, plus participatif et plus propice à la réalisation des Objectifs du Millénaire. Un effort supplémentaire est désormais nécessaire pour mobiliser une meilleure coopération internationale pour le développement et pour mettre en place un cadre économique et financier international plus bénéfique aux pauvres.
Pour maintenir l’allure prise à Monterrey et favoriser la mise en oeuvre des engagements politiques qui y ont été pris, nous devons examiner la manière dont nous pourrons tirer le maximum de nos réunions de printemps, a dit M. Simonovic. La Conférence de Monterrey n’était pas un évènement isolé, mais le début d’un processus que nos débats d’aujourd’hui doivent faire avancer et doivent modeler. Si nous voulons rester engagés dans les décisions prises à Monterrey, dont les engagements du Consensus, nous devons créer un lien étroit entre les Objectifs de développement du Millénaire, pris individuellement, et les principes de financement du développement arrêtés à Monterrey. Cette démarche améliorerait à long terme notre capacité à faire face aux problèmes concrets qui se posent à la communauté internationale et à ses populations: la faim, l’analphabétisme, la pauvreté, et les maladies. Nous devrons aussi utiliser les rencontres internationales pour nous assurer que l’esprit de la Déclaration du Millénaire est maintenu et respecté, et que nous faisons avancer la réalisation des Objectifs du Millénaire. Le prochain Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg devrait s’inspirer et profiter des progrès accomplis à Monterrey en matière de promotion de la croissance durable et de mise en oeuvre des engagements pris au plus haut niveau dans la Déclaration du Millénaire.
Allocution du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a considéré que la Conférence de Monterrey avait constitué un réel succès, représentant la somme de larges efforts entrepris pour inscrire le développement en tête de l’agenda international. Mais soyons clair, a-t-il poursuivi: Monterrey ne peut constituer une fin en soi. Le défi est désormais de maintenir l’esprit positif qui a permis de dégager le Consensus de Monterrey et de le mettre en oeuvre réellement. Ce Consensus est fondé sur le partenariat, avec des responsabilités partagées et la nécessité pour les partenaires de rendre mutuellement compte. Au lieu de confronter des points de vue concurrents sur le développement, nous disposons maintenant d’une plate-forme commune avec l’Objectif de développement du Millénaire et nous devons faire en sorte de la mettre en oeuvre. Là où les Ministres des finances, du commerce et du développement menaient leur tâche séparément, nous comprenons aujourd’hui la nécessité d’une cohésion et d’une collaboration qui puissentrenforcer le travail de chacun et le rendre plus efficace. Nous avions, a poursuivi M. Annan, une mauvaise interprétation de l’aide publique au développement: aujourd’hui nous savons qu’elle peut marcher si elle est mise en oeuvre dans les conditions adéquates. Aujourd’hui, nous comprenons ce que signifient bonne gouvernance et la nécessité de la lutte contre la corruption et du partage du fardeau de la dette en temps de crise financière.
Les débats de ces dernières années ont été très utiles, a souligné le Secrétaire général, notant qu'ils avaient permis de mieux nous comprendre et de faire en sorte que les institutions travaillent ensemble et se comprennent mieux. Nous réalisons que les pays en développement doivent mieux faire entendre leur voix dans la prise de décisions économiques. Cette réunion doit se pencher sur les questions de cohérence et de coopération, a estimé le Secrétaire général, qui a souhaité que les participants en profitent pour pousser cette approche initiée à Monterrey et qui inclut tout le monde. Il faut éviter tout double emploi, ou faire ce qui a été déjà accompli par d’autres. M. Annan a indiqué qu’il ferait en sorte que les demandes faites à Monterrey reçoivent une réponse dans les temps et qu'il redoublerait d’efforts pour que les organisations internationales respectent les Objectifs de développement du Millénaire.
Il faudra assurer le suivi du Sommet de Johannesburg qui se tiendra dans quatre mois. L'Accord de Doha l'an passé a offert les perspectives d'une réelle chance pour les négociations commerciales en faveur du développement, et donc en faveur d'un marché global juste et qui donnerait aux femmes et aux hommes du monde en développement une chance de sortir de la pauvreté. Monterrey a apporté la promesse que les pays en développement seraient aptes à saisir les occasions en mobilisant leurs ressources. Johannesburg doit être une des pièces du puzzle qui se met en place, a insisté M. Annan, et faire en sorte que l'on parvienne à une véritable pérennité du développement.
L’économie mondiale est en train de se reprendre après l’une des pires décennies et l’ONU s’attend à une croissance mondiale d’environ 2% en 2002, peut-être 3 % en 2003, a-t-il indiqué. Mais un grand nombre de questions restent posées, à savoir la force et la durée de cette reprise. Les perspectives dans beaucoup de pays en développement se heurtent à une croissance très lente, au manque de capitaux privés et à la révision à la baisse des exportations autres que
pétrolières. Pour le Secrétaire général, il faut surtout déployer des efforts pour vaincre l’ennemi principal du développement, à savoir les conflits armés. Enfin, il a souligné que la communauté internationale disposait désormais d'une vision commune et il a souhaité que ce niveau sans précédent de coopération entre l'ONU, les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contribueà remplir efficacement les nouvelles responsabilités qui leur incombent.
Allocutions des participants
M. TREVOR MANUEL, Ministre des finances de l’Afrique du Sud et Président du Comité du développement, a dit que le Comité du développement s’est réuni hier à Washington dans le cadre des rencontres de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Le Président de la Banque mondiale, M. James Wolfenshon, a déclaré devant le Comité qu’il était temps de passer des paroles aux actes et de mettre fin aux longs débats sur les politiques économiques et financières pour mettre en oeuvre les plans d’action et les programmes arrêtés par les différents sommets internationaux et les Etats et les institutions internationales, avec le soutien de la société civile. Le Comité du développement a approuvé les différents programmes économiques, financiers, de lutte contre la pauvreté et de réduction de la dette arrêtés par la Banque mondiale, le FMI et l’OMC. Le Comité a cependant estimé qu’il fallait améliorer et renforcer les initiatives visant à réduire la dette des pays pauvres et en développement très endettés et souhaité que, sur le plan des échanges commerciaux et financiers, les mesures proposées par les pays développés en faveur des pays les plus pauvres soient mises en oeuvre le plus tôt possible. Le Comité pense qu’il faut prendre des mesures de renforcement du niveau de l’aide publique au développement.
Dans les pays en développement, a déclaré M. Manuel, l’opinion publique établit un lien direct entre le développement économique et les questions politiques. Les évènements survenus le 11 septembre aux Etats-Unis, la guerre contre le terrorisme, et la question de Palestine sont perçus comme ayant des influences majeures sur l’évolution des questions économiques. Les questions urgentes auxquelles nous devons répondre portent notamment sur les moyens de réaliser l’objectif de 0,7% du PNB que les pays développés devraient verser, comme convenu à l’APD. Quelles réflexions devons nous mener sur les biens publics mondiaux? Concernant les engagements de Monterrey, nous estimons qu’il faut rapidement faire en sorte que les ressources d’APD soient suffisantes pour permettre aux pays de faire face aux engagements et obligations qu’ils contractent en matière de réforme économique. Les barrières commerciales qui défavorisent les pays les plus pauvres doivent être éliminées et des engagements doivent être pris par les nations riches de soutenir les pays en développement à faire face aux contraintes et insuffisances qui les empêchent de pleinement tirer parti du commerce et des flux d’investissements. Concernant la question de la dette, le Comité du développement a souhaité que la mise en oeuvre de l’initiative PPTE se fasse de manière à assurer une solution durable au fardeau du service de la dette qui handicape les pays à faible revenu. Concernant la mise en valeur des ressources, le Comité a estimé que les ressources humaines sont la matière la plus précieuse dont disposent tous les pays. Il a par conséquent lancé un appel pour un nouveau partenariat pour le renforcement des capacités qui serait facilité par l’usage des nouveaux outils de connaissance, notamment les technologies de l’information et de la communication, et favoriserait l’intégration des pays pauvres à la nouvelle économie.
Les plans d’action élaborés au niveau mondial doivent devenir plus clairs pour donner un maximum d’efficacité et de rendement à l’APD. La Banque mondiale pourra jouer un rôle important en matière de mobilisation de ressources et d’évaluation des programmes mis en oeuvre. Le Comité a estimé que les documents stratégiques de lutte contre la pauvreté sont un apport important à la capacité d’action des pays en développement. Nous avons soutenu le point de la Conférence de Monterrey, à savoir que la cohérence est un élément critique de la promotion du développement. Des stratégies nationales devraient à cet égard être mises au point sur cette question. Ainsi, la mise en oeuvre de l’initiative PPTE a besoin d’une cohérence dans la conception et l’application de toutes ses composantes techniques et politiques. Nous devons plus que jamais écouter la recommandation faite hier par M. James Wolfenshon et passer de la parole aux actes, a dit M. Trevor Manuel.
M. EDUARDO ANINAT, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a rappelé que le Comité monétaire et financier international avait tenu sa cinquième réunion à Washington DC le 20 avril, sous la Présidence de M. Gordon Brown, Chancelier de l’Echiquier (Ministre des finances) du Royaume-Uni. Le Comité, a-t-il indiqué, a salué les initiatives prises par la communauté internationale après les tragiques événements du 11 septembre pour maintenir la stabilité financière, restaurer les conditions d’une croissance mondiale et raviver le combat contre la pauvreté. Il a assuré que l’action allait se poursuivre pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notant que la réunion d’Ottawa, en novembre dernier avait mis en lumière l’importance de la coopération pour le FMI et ses membres. Les efforts vont aussi se poursuivre en vue d’encourager une croissance durable, de créer des emplois productifs, de réduire les vulnérabilités, d’ouvrir les économies aux échanges et de fournir des ressources pour une réduction durable de la pauvreté.
Depuis la dernière réunion du Comité, a-t-il détaillé, les perspectives de l’économie mondiale se sont nettement améliorées. Le défi posé désormais aux gouvernements est d’aider à consolider la reprise générale en cours, ce qui va plus particulièrement exiger un renforcement des politiques à moyen terme. Les pays à économie développée ont une responsabilité particulière à favoriser une croissance mondiale forte et durable. L’objectif devrait être d’améliorer la souplesse et la résistance de l’économie pour assurer une croissance mondiale durable et parvenir à réduire les déséquilibres persistants de l’économie mondiale. La reprise dans les pays industriels et le fait que l’on raffermisse les prix des produits de base devraient permettre de favoriser les pays émergents et en développement. C’est avec satisfaction que le Comité a constaté que les économies de plusieurs de ces pays sont plus résistantes suite à l’adoption de politiques économiques solides, comprenant notamment des régimes de taux de change plus durables. Il demeure toutefois nécessaire de renforcer encore les politiques fiscales et financières et d’encourager les réformes institutionnelles afin d’attirer les investissements étrangers. Le développement doit être l’objectif ultime et, à cet égard, le Comité ne peut que souscrire au Consensus de Monterrey, ainsi qu’au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
M. Aninat a également indiqué que, lors de cette réunion du 20 avril, le Comité a aussi particulièrement insisté sur l’impérative nécessité de renforcer l’accès aux marchés, si l’on veut parvenir à la durabilité de la croissance et du développement, notamment pour les pays en développement. Dans ce contexte, il a instamment demandé aux pays de mettre fin aux pratiques protectionnistes et notamment aux subventions qui, sont non seulement onéreuses pour les pays qui les fournissent, mais aussi constituent un véritable obstacle à la croissance des pays en développement. Le Comité a estimé également que la stratégie de réduction de la pauvreté doit continuer à être menée à bien. En outre, les efforts déjà déployés devraient être appuyés par une meilleure gestion économique et se concentrer beaucoup plus sur la libéralisation des ressources et l’allègement de la dette afin, entre autres, que les ressources ainsi dégagées soient mieux utilisées. Dans ce contexte, le Comité se félicite de l’initiative AFRITAC qui prévoit la création de Centres africains régionaux pour l’assistance technique et qui viendra ainsi appuyer le NEPAD. Le FMI est prêt à répondre avec souplesse aux besoins financiers des pays à faibles revenus et à augmenter les mécanismes de financement pour réduire la pauvreté, a ajouté M. Aninat.
Abordant ensuite l’initiative HIPIC, M. Aninat a indiqué que le Comité la jugeait très encourageante. Cependant, il note qu’un grand nombre de pays doivent encore entreprendre de sérieuses réformes pour pouvoir en bénéficier. A cet égard, le Comité s’est particulièrement réjoui des progrès réalisés pour promouvoir la responsabilisation nationale des réformes. Parallèlement, il est satisfaisant de constater que la surveillance et l’examen des politiques monétaires ont aussi progressé. Ce qui permet notamment de mieux évaluer l’incidence des taux de change sur l’économie et la croissance mondiales. C’est pourquoi, le Comité appuie tout particulièrement les récentes initiatives prises en vue d’améliorer les efforts déployés pour prévenir les crises monétaires et financières, comme par exemple le renforcement du Cadre de Prague. Le Comité estime de plus qu’il faut clarifier les politiques concernant l’accès aux marchés pour les membres sortant d’une crise financière et renforcer les outils pour s’assurer de l’implication des secteurs civil et privé aux efforts de redressement. En conclusion, M. Aninat a précisé que le Fonds continuera également d’examiner les aspects de procédure concernant le rééchelonnement de la dette et qu’il continuera aussi à faire avancer la mise en oeuvre de son plan d’action pour intensifier la lutte contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme.
M. EDUARDO SOJO GARZA-ALDAPE, Chef de la présidence pour les politiques publiques du Mexique, a déclaré que la Conférence internationale sur le financement du développement organisée à Monterrey a réuni plus de 150 Etats Membres de l’ONU, les institutions internationales de financement, de développement et de commerce, le secteur privé, et la société civile. Cette large participation est un signe marquant de l’importance des questions abordées. Monterrey a été une rencontre entre de nombreux secteurs, régions et visions qui d’ordinaire se rencontrent très peu. Monterrey a permis de voir une démonstration de la “théorie des dérivés”: elle a permis de discuter de toutes les composantes du financement du développement, et a été le début d’un processus né d’un dialogue franc et ouvert qui a abouti à des convergences. L’importance de Monterrey se reflète dans les engagements qui y ont été pris. Le Consensus de Monterrey est composé d’engagements très concrets, à la fois de la part des pays donateurs,
notamment en ce qui concerne l’APD, et des pays en développement, en ce qui concerne le respect des politiques et des règles économiques et de gouvernance agréées au niveau multilatéral. Monterrey a aussi été un pas en avant en matière de commerce international, après Doha. Le Sommet de Johannesburg approfondira, nous l’espérons, les débats ouverts à Monterrey, a dit M. Garza-Aldape. La rencontre d’aujourd’hui, a-t-il poursuivi, doit nous permettre d’examiner le processus d’examen périodique qui devrait être créé pour évaluer la mise en place des engagements pris à Monterrey. Les Objectifs de développement du Millénaire représentent la ligne directrice et la vision qui doivent guider la mise en oeuvre des engagements et recommandations de Monterrey. Nous devons désormais élaborer des projets concrets fidèles aux engagements pris dans le Consensus, et nous espérons que des propositions concrètes vont être avancées et que nous pourrons les discuter lors de la prochaine session de fond de l’ECOSOC.
Synthèse des tables rondes
Présentant les conclusions de la Table ronde 1 qu’il a conduite ce matin, le Vice-Président principal du Conseil économique et social, M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a expliqué qu’il est ressorti du nombre important d’interventions au cours de l’échange de vues un accord, plus ou moins enthousiaste, sur les idées contenues dans le Consensus de Monterrey. Celui-ci est perçu par tous comme instrument très important pour orienter les travaux collectifs ainsi que comme un “pacte” entre les pays en développement et les pays développés. Le Consensus de Monterrey est aussi envisagé comme une nouvelle plate-forme qui approfondira et donnera une nouvelle orientation aux relations entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods et de l’OMC. En somme, ce matin, une nouvelle étape a été franchie dans le travail collectif, s’est félicité M. Rosenthal.
La Table ronde 1 a mis l’accent sur la nécessité de considérer le caractère global et cohérent des engagements pris avant Monterrey. La responsabilité des pays en développement en matière de bonne conduite des politiques publiques, de transparence et la nécessité parallèle que la communauté internationale apportera son appui direct aux engagements pris par ces pays et son appui indirect grâce à des mesures visant à la réduction de la dette, l’encouragement des flux des capitaux et autres éléments du Consensus de Monterrey ont été soulignés. Les intervenants ont insisté sur l’importance d’un régime commercial ouvert et transparent et sur la nécessité de lancer le plus rapidement possible les négociations qui doivent concrétiser les engagements de Doha, a indiqué M. Rosenthal. Enfin, la table ronde a abordé la question de savoir comment les représentants des gouvernements présents à New York pouvaient aussi contribuer à la concrétisation des efforts.
A cet égard, il est apparu nécessaire de mettre en place des instruments de suivi et de contrôle des grands axes définis par Monterrey afin notamment de permettre à l’ECOSOC et à l’Assemblée générale d’accomplir les mandats qui leur ont été confiés par le Consensus de Monterrey. Il faut faire en sorte que la société civile et le monde des affaires puissent intervenir. En conclusion, M. Rosenthal a jugé le débat positif, ajoutant qu’aujourd’hui on a créé les assises qui permettront de faire avancer les engagements pris à Monterrey.
M. DUMISANI SHADRACK KUMALO, Président de la Table ronde 2 (Afrique du Sud), a dit que les débats tenus dans le cadre de la Table ronde numéro 2 étaient parvenus à la conclusion que les acquis de Monterrey devaient être préservés par le Sommet de Johannesburg. Les participants à la table ronde ont convenu qu’il fallait que chaque rencontre ou débat multilatéral produise désormais des projets concrets immédiatement réalisables. La table ronde a dit que la nouvelle approche, née à Monterrey, qui a été initiée en matière de définition des politiques et d’affectation des ressources au profit de la lutte contre la pauvreté devait être maintenue. Le dialogue multilatéral franc et ouvert, et la participation du secteur privé, de la société civile et des ONG à Monterrey ont été appréciés par la table ronde qui a souhaité que le débat sur l’agenda économique mondial se poursuive sur le même ton. Les participants ont déclaré que les pays développés doivent aider les pays du Sud à renforcer et valoriser leurs capacités humaines, ce qui leur permettrait de mieux valoriser leurs autres ressources. Concernant l’OMC, il a réitéré qu’il fallait travailler de plus près avec elle. Concernant l’Afrique, la table ronde a dit que le continent a besoin d’une attention particulière. Le soutien au NEPAD a été évoqué et encouragé, et il a été convenu qu’il faudrait désormais se concentrer beaucoup plus sur les résultats au lieu de se dépenser sur les processus. Le Sommet de Johannesburg devra veiller à renforcer l’efficacité de l’usage des ressources d’APD et des autres investissements en direction des pays pauvres.
Observations finales
Mme EVELYN HERFKENS, Ministre du développement et de la coopération des Pays-Bas, a estimé que le présent débat était quelque peu surréaliste dans la mesure où l’on y parle à la fois du Consensus de Monterrey et de la prochaine grande conférence internationale sur le développement. Ce faisant, tout se passe un peu comme si Monterrey n'avait jamais eu lieu. Or, il ne faudrait surtout pas préparer une conférence de plus sans mettre en oeuvre concrètement les engagements de Monterrey. Aujourd’hui, il ne faut donc pas se contenter de faire de voeux pieux. Concrètement, si l’on veut que Monterrey poursuive son objectif, il faut un mécanisme transparent pour contrôler d’un pays à l’autre la manière dont les Objectifs de développement du Millénaire sont atteints, a-t-elle souligné. Il faut renforcer la capacité des pays à parvenir à ces objectifs. A cet égard, le PNUD devrait encourager ces pays à adopter des mécanismes propres de contrôle. La Ministre a espéré que cet aspect sera précisé dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, le NEPAD, surtout en ce qui concerne l’examen par les pairs. Ce contrôle par les pairs doit cependant s’accompagner d’une vérification de la manière dont les donateurs appliquent Monterrey. Il faudra, par exemple, s’assurer que les contributions annoncées par l’Union européenne seront effectivement versées. Le Comité du développement de la Banque Mondiale pourrait à cet égard jouer cette fonction. Enfin, Mme Herfkens a estimé qu’il fallait aussi que tous les rapports préparés sur ces questions soient diffusés largement afin que la pression de l’opinion publique se maintienne et que les dirigeants continuent d’agir.
M. EDUARDO ANINAT, Directeur général adjoint du FMI, a dit dans ses remarques finales que Monterrey est un succès, le Consensus qui y a été adopté définissant clairement les obligations et responsabilités de chaque partie. Les Objectifs du Millénaire, dont la mise en oeuvre et les résultats sont mesurables, restent l’objectif à atteindre. Pour le FMI, seule la création et le maintien de la stabilité macroéconomique et financière pourront garantir leur réalisation. Le message transmis par la réunion que nous avons eue aujourd’hui devra être que
chaque Etat doit se concentrer sur les domaines qui apportent le plus de bien-être à ses populations et qu’il doit tout faire pour parvenir à ce stade. Nous partageons le point de vue selon lequel il faudrait se mettre d’accord sur la création d’un système d’évaluation des progrès accomplis par chaque pays et autre parties dans l’application et le respect des engagements du Consensus de Monterrey.
De son côté, M. SHENGMAN ZHANG, Directeur général de la Banque mondiale, s’est dit impressionné par le degré de consensus et d’accord démontré aujourd’hui. La Banque Mondiale comprend pleinement les espoirs placés par la communauté internationale dans les institutions financières internationales. Le message qui ressort de la réunion d’aujourd’hui est l’importance de la “mise en oeuvre”, de la concrétisation des engagements. La Banque Mondiale, quant à elle, fera des progrès concrets sur les documents stratégiques nationaux et au début juin une conférence sera organisée à cet égard. Conformément aux orientations fournies et aux messages entendus, la Banque poursuivra sa tâche d’harmonisation des processus pour développer des politiques meilleures et plus cohérentes en faveur des pays. Dans ce contexte, le Directeur général a insisté sur la nécessité d’établir des calendriers bien clairs arguant que c’est seulement lorsque l’on est très clair et concret que l’on peut faire des progrès réels. Il a ajouté que la Banque prendra aussi des mesures concernant l’initiative PPTE ainsi que sur l’éducation et de manière générale veillera à ce que les pays en développement, non seulement participent aux processus mais le fassent de manière efficace. Dans le même temps, la Banque tiendra des consultations avec chacun des acteurs concernés pour parvenir à un contrôle efficace et assurer ainsi que les progrès dans la mise en oeuvre soient bien réels.
M. NACER BENJELOUN-TOUIMI, Conseiller principal de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé que l’OMC a participé au processus préparatoire de Monterrey, Conférence à laquelle elle a participé au plus haut niveau. L’OMC, contrairement à ce qui a été dit après Seattle, est une organisation transparente au sein de laquelle les pays en développement peuvent défendre leurs intérêts, a dit le Conseiller. L’OMC souhaite que le Cycle de Doha soit couronné de succès, et pour cela, nous estimons qu’il est crucial que la question du renforcement des capacités soit résolue. A cet égard, les programmes destinés aux programmes de formation en faveur des pays en développement bénéficieront de 15 millions de Francs suisses. L’OMC reconnaît que le commerce est un puissant outil de mobilisation de ressources et de promotion du développement, et nous travaillerons avec les pays en développement pour qu’ils voient mieux comment intégrer le commerce aux programmes de lutte contre la pauvreté en vue de faire du commerce le moteur de leur développement.
En conclusion, M. IVAN SIMONOVIC, Président du Conseil économique et social, a estimé que l’engagement d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire existe bel et bien. Le Consensus de Monterrey a été perçu durant les deux tables rondes de ce matin comme une série de principes importants. Toutefois, être engagé en faveur de Monterrey doit aussi signifier que l’on considère le Consensus comme la transition des mots à l’action, a insisté M. Simonovic. Passer de la philosophie à l’action doit impliquer davantage de convergences et d’interaction entre les parties prenantes. Sur l’amélioration de l’interaction, il a expliqué qu’un certain nombre d’idées ont été avancées ce matin, notamment celle qui ferait
de l’ECOSOC un “Conseil de sécurité économique” et de l’organisation de réunions supplémentaires. Les échanges d’aujourd’hui font ressortir le Consensus de Monterrey en quelque sorte comme un “contrat d’exécution” à développer davantage, notamment s’agissant des contrôles et des responsabilités nationales, de l’atténuation des barrières commerciales, du renforcement de l’Aide publique au développement et des investissements étrangers directs. Ils ont aussi permis de constater que tous, sans exception, sont d’accord pour une vision claire et une transparence en matière d’évaluation et d’exécution des progrès des Objectifs de développement du Millénaire. M. Simonovic a précisé qu’un document écrit rassemblant les conclusions principales de la réunion sera établi en guise de préparation de la prochaine rencontre entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods.
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