MICHEL CAMDESSUS ET TREVOR MANUEL NOMMES ENVOYES SPECIAUX DU SECRETAIRE GENERAL POUR LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT
Communiqué de presse DEV/2298 |
Comité préparatoire de la Conférence
Internationale sur le financement du développement
Quatrième session – matin
MICHEL CAMDESSUS ET TREVOR MANUEL NOMMES ENVOYES SPECIAUX DU SECRETAIRE GENERAL POUR LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT
Kofi Annan annonce ces nominations à l'ouverture de la dernière session du Comité préparatoire de la Conférence, qui doit se tenir à Monterrey au Mexique en mars 2002
Coprésidé par les représentants du Danemark et du Pakistan, le Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui doit se dérouler du 18 au 22 mars à Monterrey au Mexique, a ouvert, ce matin, les travaux de sa quatrième et dernière session en présence de nombreuses personnalités dont le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, le Ministre des finances de l'Afrique du Sud, M. Trevor Manuel, le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas Mme Eveline Herfkens.
En ouvrant les travaux, le Coprésident du Comité préparatoire, M. Shamshad Ahmad du Pakistan a dessiné le contexte dans lequel se tiendra la Conférence internationale qui est celui du ralentissement de l'économie mondiale. Comment faire face aux incertitudes naissantes et aux défis actuels, a-t-il demandé en estimant que la réponse consiste à faire preuve d'audace, à édifier des consensus et à s'attaquer aux épreuves, de manière collective et dans un esprit de coopération et d'entente. C'est exactement ce à quoi tend le processus de la Conférence internationale, a-t-il encore estimé avant de rappeler le consensus international sur la nécessité de concevoir le développement comme un ordre du jour de l'humanité tout entière.
C'est un partenariat qu'il nous faut pour l'avenir, a déclaré en écho le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan. Pour sensibiliser l'opinion et mettre l'accent sur les questions touchant à la Conférence au cours des prochaines semaines, a-t-il annoncé, j'ai demandé à deux personnalités d'expérience, M. Trevor Manuel, Ministre des finances de l'Afrique du Sud, et M. Michel Camdessus, ancien Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) d'être mes Envoyés spéciaux et d'aider à mobiliser le soutien dont la Conférence a besoin.
M. Kofi Annan a ensuite énoncé ce qui, selon lui, doivent être les priorités de la Conférence de Monterrey. Il a ainsi cité la nécessité d'affiner le consensus sur les politiques, les mécanismes et les cadres institutionnels requis, au sein des pays en développement, en vue de mobiliser les ressources domestiques, et d'attirer les flux de capitaux privés internationaux. Il a aussi cité la nécessité de construire sur la lancée de la réunion ministérielle de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a lieu à Doha, avec la promesse d'un nouveau cycle de négociations commerciales dit "cycle du développement". Il a ensuite voulu que la Conférence de Monterrey marque un tournant dans l'histoire de l'Aide publique au développement (APD) et aboutisse à un engagement des pays créditeurs dans la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). M. Kofi Annan a, par ailleurs, jugé nécessaire de donner beaucoup plus la parole aux pays en développement lors des discussions touchant à la gestion de l'économie mondiale. Enfin, a-t-il dit, la Conférence de Monterrey doit parvenir à un accord sur la création de mécanismes de suivi des décisions qu'elle prendra.
Pour l'heure, a dit, pour sa part, le Ministre des finances de l'Afrique du Sud, il faut demander aux continents et aux régions de détailler leur plan et leurs engagements à l'instar des Africains dans leur Nouvelle Initiative pour le développement de l'Afrique. Le temps est venu d'aller au-delà des simples diagnostiques, a acquiescé, la Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas, Mme Eveline Herfkens. Il faut s'atteler à la tâche et faire des conclusions et décisions de la Conférence des réalités palpables.
Ont également pris la parole les personnalités suivantes : le Secrétaire d'Etat pour la coopération au développement de la Suède et le Vice-Ministre des affaires étrangères en charge de l'économie et de la coopération du Mexique ainsi que l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le représentant du FMI, le Vice-Président de la Banque mondiale, le Directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l Secrétaire exécutif de la Chambre internationale du commerce et le Directeur exécutif de l'Institut du tiers-monde.
Le Comité préparatoire a, en outre, ce matin, approuvé les recommandations de son Bureau* visant à ce que les huit tables rondes ministérielles de la Conférence de Monterrey s'articulent autour des thèmes "Partenariats pour le financement du développement" et "Cohérence pour le développement". Le Comité préparatoire a aussi souscrit à la recommandation de son Bureau d'accréditer sept ONG supplémentaires au processus préparatoire et à la Conférence internationale elle-même. Le Comité a enfin approuvé une autre liste d'ONG** et d'organisations liées au monde des affaires*** souhaitant également participer au processus préparatoire et à la Conférence.
Le Comité préparatoire se réunira, cet après-midi, à 15 heures pour entendre des déclarations générales sur le projet révisé de conclusions et de décisions que la Conférence de Monterrey devrait adopter à l'issue de ses travaux.
Informations de base
La Conférence internationale pour le financement du développement, prévue à Monterrey au Mexique du 18 au 22 mars 2002, a ceci de novateur qu'elle doit réunir toutes les parties prenantes au financement du développement à savoir les ministres des affaires étrangères, des finances et du commerce, les institutions internationales s'occupant du commerce, du développement et des finances -comme l'Organisation internationale du commerce (OMC) et la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI)-, et la société civile dont les ONG et les représentants du milieu des affaires. La Conférence internationale doit comporter une réunion officielle de haut niveau, un débat au niveau ministériel et un débat au sommet ainsi que 12 tables rondes, dans le cadre de la réunion au sommet et du débat au niveau ministériel, réunissant toutes les parties prenantes.
Le Comité préparatoire, qui s'est déjà réuni en février 2000, en février 2001 et en mai 2001, consacrera l'essentiel des deux semaines de cette dernière session à la finalisation du projet de conclusions et de décisions établi par le Facilitateur, M. Mauricio Escanero du Mexique. Ce dernier soumet aujourd'hui un texte révisé à la suite de la première lecture à laquelle les membres du Comité ont procédé lors de la reprise de la troisième session en octobre 2001****. Dans son état actuel, le projet révisé de dix pages est composé de trois parties intitulées "Comment financer le développement: une action mondiale", "Principaux axes d'action" et "Rester engagés".
La deuxième partie, partie plus substantielle, touche aux questions de la mobilisation des ressources financières nationales et internationales, du commerce international, du renforcement de la coopération financière internationale, du financement et de l'allègement de la dette, et du règlement des problèmes systémiques des systèmes monétaires, financiers et commerciaux.
Les questions du commerce international, de la coopération financière internationale dont l'Aide publique au développement (APD), et de l'allègement de la dette sont celles qui devraient faire l'objet des négociations les plus intenses.
En effet, d'après le rapport du Groupe de haut niveau sur le financement du développement - dit Rapport Zedillo***** - dont la première mouture du projet de conclusions et et de décisions était largement inspiré, la levée de tous les obstacles au commerce se traduirait par une masse financière supplémentaire de quelque 130 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement. Citant une autre étude, le Rapport Zedillo indique que la diminution des droits de douane, ne serait-ce que de 50%, pourrait représenter pour les pays en développement un gain de l'ordre de 90 à 155 milliards de dollars par an.
S'agissant de l'Aide publique au développement (APD), le Rapport Zedillo fait d'abord une estimation des coûts qu'entraînerait la réalisation des objectifs de developpement fixés pour 2015 dans la Déclaration du Millénaire de septembre 2000. Il estime que le montant de l'aide supplémentaire nécessaire serait probablement de l'ordre de 50 milliards de dollars par an. Or, indique le Rapport, si les membres du Comité d'aide au développement de la Banque mondiale fournissaient effectivement une APD égale à l'objectif convenu de 0,7% de leur PNB, l'aide augmenterait d'environ 100 milliards de dollars par an. Pour ce qui de l'allègment de la dette, le Rapport Zedillo plaide pour le renforcement de
l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative HIPC/PPTE), créée en 1996 et déjà renforcée en 1999. Il juge essentiel que le financement de ce renforcement soit exclusivement pris en charge par des ressources nouvelles et additionnelles.
Le Bureau du Comité préparatoire est composé de 15 membres; Mme Ruth Jacoby (Suède) et M. Shamshad Ahmad (Pakistan) aux Coprésidences ; et aux Vice-Présidences, les personnalités suivantes, Mmes Ellen Margrethe Loj (Danemard) et Jana Simanova (République tchèque) ainsi que MM. Ivan Nimac (Croatie), Hazem Fahmy (Egypte), Michael Gallagher (Etats-Unis), Srghan Kerin (ex-République yougoslave de Macédoine), Kwabena Osei-Danquah (Ghana), Gert Rosenthal (Guatemala), Hideaki Kobayashi (Japon), Maroc Balarezo (Pérou), Julian Hunte (Sainte-Lucie), Mubarak Hussein Rahmtalla (Soudan), et M. Chuchai Kasemsarn (Thaïlande).
A/AC.257/33
A/AC.257/10/Add.5
A/AC.257/30/Add.2
A/AC.257/32
A/55/1000
OUVERTURE DE LA SESSION
Débat inaugural de haut niveau
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la Conférence de Monterrey offre à la communauté internationale la meilleure chance qu'elle ait eue depuis plusieurs années de débloquer les ressources financières qui sont désespérément nécessaires au développement. L'ordre du jour de la Conférence, qui est le fruit de minutieuses négociations, a dit M. Kofi Annan, est ambitieux et équilibré. La Conférence doit produire des résultats tangibles sur toutes les grandes questions de cet ordre du jour, qu'elles se situent au plan national, international ou systémique.
Pour être un succès, la Conférence devra premièrement renforcer et affiner le consensus qui existe sur les politiques, les mécanismes et les cadres institutionnels requis, au sein des pays en développement, en vue de mobiliser les ressources domestiques, et d'attirer les flux de capitaux privés internationaux, en particulier les investissements étrangers directs (IED). Un accord à Monterrey permettant de mener à bien l’élaboration d'une convention internationale générale contre la corruption, qui assurerait, par exemple, le rapatriement dans leurs pays d'origine des fonds illégalement transférés, serait un important pas en avant. Monterrey doit ensuite, a déclaré le Secrétaire général, construire sur la lancée de la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a eu lieu à Doha, avec la promesse d’un nouveau cycle de négociations commerciales dit "cycle du développement". La Conférence devrait, à cet égard accorder, en particulier son attention aux domaines qui ne seront pas couverts par ces négociations, mais qui sont vitaux pour les pays en développement, et notamment les prix des produits de base.
Troisièmement, a poursuivi M. Kofi Annan, Monterrey doit marquer un tournant dans l'histoire de l'Aide publique au développement (APD). Nous ne pouvons pas permettre que le déclin de cette aide continue, si nous voulons être pris au sérieux en ce qui concerne la réalisation des engagements que nous avons pris sur les objectifs du Sommet du Millénaire. Le Groupe de haut niveau présidé par M. Zedillo a calculé que pour atteindre ces objectifs en 2015, nous avons besoin d'un surplus de 50 milliards de dollars d'APD par an, ce qui est confirmé par des études faites par la Banque mondiale sur la même question. En résumé, il faudrait doubler le montant actuel de l'APD. Pourquoi ne pas prendre ces 50 milliards de dollars supplémentaires comme objectif-cible immédiat, et à court terme. Cet objectif pourrait être annoncé à Monterrey et réalisé dans un délai de deux ou trois ans. C'est un but réalisable, si les pays donateurs qui n'ont pas encore atteint le versement de 0,7% de leur PNB qui avait été agréé s'acquittent de leur engagement en faisant un effort. Quatrièmement, il faut un clair engagement des pays créditeurs dans la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Il faut aller au-delà des termes actuels de cette Initiative, de manière à s'assurer que les dettes des pays endettés soient réellement soutenables. Mais en même temps, il faudrait aussi trouver les moyens de traiter des dettes des pays à revenu intermédiaire, et nous devons tout faire pour éviter que ne se répète ailleurs la tragique expérience de l'Argentine. Il existe déjà un consensus sur le fait que les méthodes appliquées pour résoudre la crise de la dette nationale des pays sont loin d'être satisfaisantes, et que le
fardeau de ces crises devrait être plus équitablement réparti entre le pays endetté et ses créditeurs. J'espère, a dit M. Kofi Annan, qu'à Monterrey, les Gouvernements lanceront les mesures politiques en vue d'accélérer le développement de cette approche.
Il est ensuite nécessaire, a poursuivi M. Kofi Annan, de donner beaucoup plus la parole aux pays en développement lors des discussions touchant à la gestion de l'économie mondiale. Cette nécessité étant désormais reconnue, la Conférence de Monterrey doit trouver les moyens pratiques de la satisfaire. Enfin, la Conférence de Monterrey doit parvenir à un accord sur la création de mécanismes de suivi des décisions qu'elle prendra, pour être sur qu'elles seront mises en oeuvre. Ces mécanismes de suivi devraient se fonder sur ce qui a été fait au cours du processus préparatoire, dans lequel l'ONU a joué le rôle central au sein d'une solide coalition rassemblant tous ceux qui sont parties prenantes - ministères des différents pays, institutions de Bretton Woods, secteur privé, société civile, et OMC -, et ceci dans un esprit de coopération inédit. C'est un partenariat dont nous aurons besoin pour l'avenir. Pour sensibiliser l'opinion et mettre l'accent sur les questions touchant à la Conférence au cours des prochaines semaines, j'ai demandé à deux personnalités d'expérience, M. Trevor Manuel, Ministre des finances de l'Afrique du Sud, et M. Michel Camdessus, ancien Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) d'être mes Envoyés spéciaux et d'aider à mobiliser le soutien dont la Conférence a besoin, a dit M. Kofi Annan. Si nous réussissons, la Conférence de Monterrey pourrait aider les pays en développement à profiter du marché mondial et à améliorer l'existence des populations pauvres du monde, aidant ainsi à réaliser les engagements pris par les dirigeants mondiaux lors du Sommet du Millénaire.
M. TREVOR MANUEL, Ministre des finances de l'Afrique du Sud et Envoyé spécial du Secrétaire pour la Conférence internationale sur le financement du développement, a rappelé les objectifs du Sommet du Millénaire qui exigent que l’on prenne conscience de la mauvaise distribution des ressources mondiales et de reconstruire les relations internationales en conséquence. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer les questions du financement du développement, a-t-il dit, avant de souligner l'importance des questions telles que l'APD, l'investissement étranger direct (IED), les principes de la Quatrième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la préservation des ressources, et le rôle du secteur privé. Il n'y a pas d'alternative à cela, a insisté le Ministre, exhortant les dirigeants politiques à garder à l'esprit le caractère contraignant des objectifs définis dans la Déclaration du Millénaire.
Le Ministre a tracé les grandes lignes d'un plan stratégique qui consisterait à conclure un accord sur le principe de responsabilité partagée, sur le respect des engagements pris, sur les mesures à prendre pour l'avenir. Pour ce faire, a-t-il estimé, il faut innover notamment en ce qui concerne les institutions multilatérales. Parlant de ses fonctions d'Envoyé spécial, il a déclaré que la première tâche est de convaincre les responsables politiques de prendre des engagements clairs et de demander, dans ce cadre, aux continents et aux régions de détailler leur plan et leurs engagements comme l'ont fait les Africains dans leur Nouvelle Initiative pour le développement de l'Afrique.. Il faut aussi, a poursuivi le Ministre, encourager l'interaction et la collaboration. A Monterrey, a-t-il conclu, il faudra mettre en place un mécanisme de suivi des
engagements pris, préciser les détails du financement et définir les éléments du financement durable. Ensemble, a-t-il ajouté en parlant de son homologue, Michel Camdessus, notre responsabilité sera de convaincre tous ceux qui ont des doutes, ceci pour assurer le succès de Monterrey.
Mme EVELINE HERFKENS, Ministre de la coopération et du développement des Pays-Bas, a déclaré qu'elle est venue à New York parce que ce Comité préparatoire n’est pas comme les autres et traite d'une question cruciale. Cela fait plusieurs décennies que notre pays considère de manière holistique la question du financement du développement, que ce soit sous l'angle du financement ou sous celui de la meilleure manière de faire usage de ce financement. Le 11 septembre a clairement montré que le monde est interdépendant, et que les pays riches ne peuvent tourner le dos aux souffrances des pauvres, a estimé la Ministre. La lutte contre la pauvreté est un objectif majeur en ce millénaire et les pays en développement semblent, à cet égard, avoir compris leurs responsabilités. l'Afrique, en ce qui la concerne, semble être prête à se prendre en charge.
Si nous voulons réussir à Monterrey, nous devons nous atteler à la préparation minutieuse de cette rencontre. Concernant les 50 milliards de dollars dont parle le rapport Zedillo, notre pays a respecté l'engagement de verser 0,7% de son PNB à l'APD. Nous voulons que cet objectif soit respecté par tous les pays développés, au lieu de simplement mettre l'accent sur un montant de 50 milliards de dollars. Nous sommes d'accord avec le Ministre de l'Afrique du Sud en ce qui concerne la gouvernance du développement et la forme de l'aide. Les pays donateurs doivent prendre des engagements à long terme tout en s'assurant que les pays du Sud respectent les normes agréées de gouvernance. Nous pensons, en ce qui concerne l'architecture financière internationale, qu'il serait possible de réformer le fonctionnement de certaines institutions en vue d'améliorer les flux d'IED vers les pays en développement. En ce qui concerne le commerce, nous sommes d'avis que le nouveau cycle de négociations devrait veiller à améliorer l'accès aux marchés du Nord pour les produits des pays en développement. Les Pays-Bas sont cependant contre les propositions allant dans le sens de la création de nouvelles institutions financières internationales. Nous sommes pour l'amélioration de la gouvernance et du fonctionnement interne des institutions existantes en vue de mieux donner la parole aux pays du Sud. Concernant les facilités fiscales que ces pays offrent aux investisseurs, nous pensons que c'est un gâchis et une perte inutile de revenus, parce que les investisseurs considèrent beaucoup plus les conditions de stabilité politique et sociale d'un pays que les avantages fiscaux qui peuvent leur être offerts. Concernant le suivi de Monterrey, notre pays pense que le temps est venu d'aller au-delà des simples diagnostiques et qu'il faut s'atteler à la tâche, en vue de faire des conclusions et décisions de la Conférence des réalités palpables.
M.ARNOLDO LISTRE (Argentine) a tenu à remercier le Secrétaire général d'avoir exprimé des préoccupations en ce qui concerne son pays. Des crises comme celles que vit l’Argentine ont ceci de dangereux qu'elles peuvent avoir des conséquences graves pour plusieurs pays, a dit le représentant en souhaitant des mesures déterminantes de la part des partenaires du développement de son pays.
Mme GUN-BRITT ANDERSSON, Secrétaire d’Etat à la coopération au développement de la Suède, a souligné que les connaissances et les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs du développement existent bel et bien aujourd'hui. Or, elles ne sont pas dirigées pas vers les objectifs du développement, a-t-elle regretté, avant de souhaiter que la Conférence de Monterrey reconnaisse que la pauvreté et la misère sont des "fléaux publics mondiaux". Elle a appelé ses collègues de l'OCDE à devenir d'emblée membre du "G-0,7%". Elle a aussi évoqué le rôle des nouveaux donateurs, notamment pour ce qui est du financement des biens publics mondiaux. Dans le cadre du processus actuel, la Ministre a plaidé pour un partenariat efficace, une mise en commun des ressources et pour le renforcement de l'appui aux programmes sectoriels. Le projet révisé du Facilitateur, a-t-elle estimé, est une bonne base de discussions car il souligne la responsabilité des gouvernements nationaux dans la mise en place d'un environnement propice à la mobilisation des ressources nationales et internationales aux fins du développement. Dans ce contexte, la Ministre a souligné la place de la démocratie et des droits de l'homme.
La politique nationale est primordiale mais elle doit être soutenue par la coopération au développement, a ajouté la Ministre. Aujourd'hui, s'est-elle réjouie, un cycle de négociations commerciales avec un ordre du développement a été lancé. Il faut poursuivre ce processus à Monterrey, a-t-elle dit, concluant que le processus du financement du développement est une occasion de pallier les lacunes du système international actuel qu'il s'agisse du commerce ou des finances.
M. MIGUEL HAKIM, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mexique, a remercié la communauté internationale d'avoir fait confiance à son pays pour l'accueil de la Conférence. M. Kofi Annan a fort opportunément rappelé la responsabilité des Etats en ce qui concerne la réalisation des objectifs du Millénaire, a-t-il poursuivi. La Conférence de Monterrey doit s’efforcer d'assurer la plus grande convergence entre les différentes parties prenantes à la question du financement du développement. La réalisation de cet objectif exige que nous fassions des efforts réels fondés sur une vraie volonté politique mettant en avant le multilatéralisme nécessaire à la résolution des problèmes du monde. Monterrey doit corriger les déséquilibres économiques et systémiques actuels, a estimé M. Hakim. Nous devons réussir et arriver à un accord, au cours de cette session du Comité préparatoire, sur toutes les questions inscrites à l'ordre du jour, en vue de parvenir à ce qui pourra plus tard être appelé le "consensus de Monterrey".
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement - (PNUD) -, a souligné la chance extraordinaire qui se présente aujourd'hui de réaliser un accord global sur le financement du développement. Il s'agit, a-t-il insisté, d'une occasion unique de conclure un véritable accord entre le Nord et le Sud, entre leurs ONG et leur secteur privé, pour parvenir aux objectifs de développement d'ici 2015. L'accord conclu doit comporter une injonction faite aux pays développés de doubler l'APD et aux pays en développement de créer un environnement qui encouragerait une croissance favorisant le développement social. Avant tout, a encore dit l'Administrateur du PNUD, il doit s'agir d'un accord mondial auquel adhèreraient tous les dirigeants mondiaux, engagés non pas dans un travail de routine, mais déterminés à saisir une occasion extraordinaire de réaliser les objectifs du développement. Ce qu'il faut c'est considérer la Conférence de Monterrey non pas comme un suivi du Sommet du Millénaire mais comme une véritable plateforme du Sommet de Johannesburg sur le développement durable, qui doit se tenir en septembre.
M. ABLASSE OUEDRAOGO; Directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du commerce – OMC -, a déclaré que la réunion interministérielle de l'OMC tenue à Doha a transmis à ce comité préparatoire les documents liés aux conclusions de ses travaux. Le rapport du Directeur général de l'OMC sur les faits nouveaux survenus dans le système commercial international fait aussi partie des documents qui seront examinés par le comité préparatoire. Doha, a estimé M. Ouédraogo, marque un tournant décisif dans le traitement des questions commerciales internationales. Doha a pris en compte les préoccupations des pays en développement. Concernant la mise en oeuvre des accords commerciaux, des discussions spécifiques ont permis de dégager des grandes lignes visant à répondre aux besoins des pays en développement. Quant à la question de l'accès aux marchés et des subventions versées aux producteurs dans certains secteurs, des percées ont pu être faites pour répondre aux demandes des pays en développement.
Les problèmes liés aux accords TRIPS ont fait l'objet de négociations particulières sur les questions touchant à la santé pour répondre aux besoins des pays du Sud, a poursuivi M. Ouédraogo. Concernant l'assistance technique et le développement des capacités qui sont classés dans ce qu'on appelle les "questions de Singapour", ils ont été reconnus comme des soucis légitimes qui devraient être satisfaits. Un fonds d'affection mondiale de 15 millions de dollars visant à soutenir le développement des capacités à été approuvé par les instances dirigeantes de l'OMC. Ce fonds servira à financer le programme technique de l'OMC, qui vise à assurer le développement de capacités techniques liées au commerce international. Le Directeur général de l'OMC prendra part aux travaux de la Conférence de Monterrey, et l'OMC restera à la disposition de ce comité préparatoire en vue de participer à une Conférence dont les résultats pourraient permettre aux pays en développement de mieux s'intégrer au système commercial international.
M. MATS KARLSSON, Vice-Présisent de la Banque mondiale, a indiqué que le processus préparatoire de la Conférence de Monterrey a permis de mieux comprendre comment la Banque mondiale et l'ONU peuvent travailler ensemble. Il a souligné qu'une dimension importante de ce processus est la recherche de la cohérence des politiques aux niveaux national et international. Il a ainsi attiré l'attention sur le communiqué conjoint du FMI et de la Banque mondiale publié à l'issue de la dernière réunion du Comité du développement qui s'est tenu en novembre dernier à Ottawa. Dans ce cadre, il a souligné l'importance de politiques nationales saines et de la bonne gouvernance, de l'augmentation de l’APD, de l'allègement de la dette, du commerce et du secteur privé, du rôle des institutions internationales dans l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale, et de la recherche de mesures novatrices pour renforcer leur participation dans les discussions et processus de prise de décisions internationales. Dans ce contexte, il a rappelé que le Comité du développement de la Banque mondiale a toujours été présidé par le représentant d'un pays en développement.
M. ROBERTO BRAUNING RODRIGUEZ, Fonds monétaire international -FMI, a déclaré que le comité préparatoire doit centrer ses efforts sur des objectifs réalisables. Il est crucial que la Conférence de Monterrey trouve les voies qui pourraient le mieux assurer la lutte contre la pauvreté. A cet égard, il est nécessaire d'assurer l'existence dans chaque pays de cadres nationaux sains sur le plan macroéconomique et qui peuvent assurer la croissance. Une meilleure coopération internationale, une augmentation de l'APD, et un renforcement des capacités humaines sont indispensables, et le FMI pense que les documents existants relatifs aux politiques de lutte contre la pauvreté sont adaptés au lancement des mesures qui pourraient aider les pays à atteindre les objectifs visés. Le FMI est contre la création de nouvelles institutions financières ou économiques, mais encourage un dialogue sur la manière dont le fonctionnement des institutions existantes pourrait être amélioré. Le dialogue entre les institutions de Bretton Woods et le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) est à cet égard un exemple de ce qui peut être promu et pris comme modèle.
Mme MARIA LIEVANOS-CATTAUI, Secrétaire générale de la Chambre internationale du commerce, a attiré l'attention sur le document que son organisation a fait distribuer en prévision de cette dernière session du Comité préparatoire. Elle s'est félicitée du projet révisé du Facilitateur, en particulier de l'importance que le document attache à la mobilisation des ressources nationales. Elle a appelé à un engagement ferme des pouvoirs publics quant à la mise en place d'un environnement propice au monde des affaires. L'APD même doublé, a-t-elle insisté, ne permettra pas d'atteindre les objectifs du développement. L'engagement du secteur privé est un élément important.
La Secrétaire générale a donc plaidé pour la mise en place de mécanismes efficaces permettant d’enrayer la fuite des capitaux et d’attirer les investissements étrangers directs. Pour ce faire, elle a estimé que le plan d'action international et les programmes nationaux doivent s'articuler autour d'objectifs quantifiables assortis de repères clairs. Elle a souhaité l'identification et l'élimination des principaux obstacles aux activités des investisseurs privés. Elle a enfin souhaité le renforcement du partenariat public-privé et la reconnaissance du rôle critique que peut jouer le secteur privé dans la réalisation des objectifs du développement. Elle a conclu sur une série de propositions, recommandant notamment aux systèmes financiers à mettre en place des mécanismes plus efficaces d’information et d’analyse. Elle s’est également prononcée pour des mesures visant à augmenter le financement des avoirs ainsi que pour l’augmentation de l’APD et des ressources consacrées à l’allègement de la dette.
M. ROBERTO BISSIO, Directeur exécutif de l'ONG "Third World Institute" a déclaré que les sanglots des femmes des pays en développement, dont l'appauvrissement s'accentue, doivent être entendus. La malnutrition et les maladies déciment leurs enfants. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe en Argentine pour comprendre ce qui se passe réellement dans le monde. Alors que les finances du pays s'effondraient à cause de politiques irréalistes imposées au niveau international, les économies bancaires des travailleurs argentins étaient saisies de manière arbitraire pour payer les créditeurs étrangers qui, après s'être enrichis pendant les années grasses, refusent de partager la douleur de la crise économique et financière. Le modèle actuel dépouille les pauvres et les faibles pour donner aux riches, et il n'y a qu'à observer ce qui se passe ici même aux Etats-Unis dans l'affaire Enron. Les manifestations des ONG à Seattle étaient un prélude à la situation actuelle. Nous espérons que les gouvernements prendront les mesures qui s'imposent à Monterrey. Il n'y a pas besoin de consensus pour annuler la dette injuste qui écrase les pays pauvres, et il est clair que la situation mondiale que nous connaissons aujourd’hui ne peut plus durer. Les ONG assumeront leur rôle en ce qui concerne la mobilisation de l'opinion publique autour des objectifs de cette Conférence.
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