LES NATIONS UNIES DOIVENT APPUYER LES MECANISMES REGIONAUX ET SOUS-REGIONAUX DE PREVENTION ET DE REGLEMENT DES CONFLITS EN AFRIQUE
Communiqué de presse CPSD/252 |
Quatrième Commission
15ème séance - après-midi
LES NATIONS UNIES DOIVENT APPUYER LES MECANISMES REGIONAUX ET SOUS-REGIONAUX DE PREVENTION ET DE REGLEMENT DES CONFLITS EN AFRIQUE
La Quatrième Commission recommande à l’Assemblée générale de proclamer
le 29 mai “Journée internationale des Casques Bleus des Nations Unies”
A la lumière des développements récents sur le continent africain, les délégations ont insisté sur la nécessité de réexaminer les mécanismes de renforcement des capacités des pays africains en matière de maintien de la paix. Elles estiment que pour les Nations Unies il faudra associer l'Union africaine et les organisations sous-régionales à l’élaboration de ces nouveaux mécanismes. Le représentant du Sénégal a indiqué que, compte tenu de la volonté marquée des pays africains de s'investir de plus en plus dans l'édification et la consolidation de l'état de droit, de la bonne gouvernance et du respect des droits de l'homme, il importe d'appuyer les mécanismes régionaux et sous-régionaux de prévention et de règlement des conflits en vue de les rendre plus opérationnels. Etant donné l'importance du sujet, le délégué du Nigéria a proposé qu'un groupe de travail soit convoqué par le Secrétaire général afin de soumettre un rapport sur la question pour être examiné par les Etats Membres. Par ailleurs, le représentant du Malawi a fait remarquer l'absence d'une dynamique africaine au sein du Département des opérations de maintien de la paix et a proposé d'y remédier en recrutant des experts africains pour les questions militaires au sein du Département.
Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, s'est engagé à étudier les commentaires et propositions formulées par les Etats Membres dans le cadre du débat de la Quatrième Commission sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sous tous leurs aspects, qui s'est achevé cet après-midi.
Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants sont intervenus : République arabe syrienne, Chypre, Guatemala, Népal, République fédérale de Yougoslavie, Slovaquie et Sri Lanka. Les représentants d'Israël, de la Turquie, du Liban, de la République arabe syrienne et de Chypre ont exercé leur droit de réponse.
Par ailleurs, la Quatrième Commission recommande, aux termes d’un projet de résolution relatif à la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, présenté par l’Ukraine au nom de ses coauteurs et adopté sans vote, à l’Assemblée générale de proclamer le 29 mai Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies. Cette Journée devrait être célébrée chaque année pour rendre hommage à tous les hommes et toutes les femmes qui ont servi et servent encore dans des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en raison de leur niveau exceptionnel de professionnalisme, de dévouement et de courage et pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie au service de la paix.
La Quatrième Commission reprendra ses travaux, mardi 29 octobre à 15 heures. Elle devrait entamer l’examen des questions relatives à l’information.
ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Adoption d’un projet de résolution (A/C.4/57/L.8)
Aux termes du projet de résolution adopté sans vote, sur la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, l’Assemblée générale réaffirmant que le maintien de la paix reste l’un des grands moyens dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assumer la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, que lui confie la Charte, déciderait de proclamer le 29 mai Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, qui devra être célébrée chaque année pour rendre hommage à tous les hommes et toutes les femmes qui ont servi et servent encore dans des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en raison de leur niveau exceptionnel de professionnalisme, de dévouement et de courage et pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie au service de la paix.
L’Assemblée inviterait tous les Etats Membres, les organismes du système des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et les particuliers à célébrer comme il convient la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies.
Débat général
M. LOUAY FALLOUH (République arabe syrienne) s'est associé à la déclaration de la Jordanie, faite au nom des pays non alignés. Il a estimé que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle important pour désamorcer les tensions. Tout en se félicitant du succès de ces opérations, notamment en Bosnie-Herzégovine, au Timor oriental et en Sierra Leone, la Syrie espère que ces opérations seront également déployées dans des régions négligées jusque-là comme en Somalie. Ces opérations ne constituent qu'une mesure provisoire pour éviter l'embrasement d'un conflit, et doivent par conséquent être limitées dans le temps et respecter les principes de base du maintien de la paix, conformément à la Charte des Nations Unies. Rappelant que la première opération de maintien de la paix des Nations Unies a été déployée au Moyen-Orient, le délégué a regretté qu'à ce jour, la paix n'est toujours pas instaurée dans cette région, et impute cela à la politique israélienne d'occupation. La Syrie reconnaît toutefois les sacrifices des forces de maintien de la paix basées au Moyen-Orient.
En ce qui concerne les mesures visant à améliorer le fonctionnement du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), la Syrie appuie la déclaration de la Jordanie, faite sur ce point au nom des pays non alignés, notamment en ce qui concerne la transparence dans le processus de recrutement, les capacités de déploiement rapide, les procédures d'achat de matériel, et les arriérés de paiement. Elle insiste sur la nécessité d'augmenter la part des achats faits par le DOMP auprès de pays en développement.
M. MENELAOS Menelaou (Chypre) a affirmé que son pays s'associe à la déclaration faite par le Danemark, au nom de l'Union européenne et des pays associés. Je me limiterai à formuler des remarques du point de vue de mon pays, en tant que pays d'accueil de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (l'UNFICYP), a-t-il précisé. Malgré les nombreuses résolutions des Nations Unies et les différentes initiatives prises par les secrétaires généraux des Nations Unies, il n'y a eu aucun progrès à Chypre, ce qui est "dû essentiellement à l'absence de volonté politique de la part de la partie chypriote turque". Cette attitude se poursuit malgré les espoirs qu'ont fait naître les pourparlers directs du mois de janvier de cette année. Comme l'a déclaré avec autorité le Conseil de sécurité dans sa déclaration en date du 9 juillet 2002, "la partie chypriote turque a adopté, jusque-là, une attitude moins constructive". Le représentant a affirmé que c'est la troisième fois que sa délégation informe le Comité spécial des opérations de maintien de la paix du fait que l'occupation turque a avancé sa position sur la ligne de cessez-le-feu à Chypre, dans la région de Strovilia, ce que le Secrétaire général a décrit comme étant "une violation claire du statu quo". La Turquie continue d'ignorer complètement les résolutions du Conseil de sécurité demandant le retour du statu quo militaire.
M. Menelaou a déclaré que malgré la menace pesante d'un contingent turc composé de plus de 35 000 soldats, le Gouvernement de chypre a proposé les modalités de déminage de tous les champs de mines dans la zone tampon. Il a également informé l'UNFICYP de son intention de procéder à cette opération de déminage de façon unilatérale si l'autre partie décider de ne pas y coopérer. Avec l'aide de l'UNFICYP, le Gouvernement de chypre a également procédé à la destruction de 4 500 armes légères en espérant que ce geste servira les pourparlers en cours. En tant que preuve supplémentaire de son engagement en faveur du maintien de la paix, le Gouvernement de chypre prend volontairement en charge le tiers du budget de l'UNFICYP, a indiqué M. Menelaou, émettant l’espoir que la partie turque abandonnera la politique de la division et de la ségrégation communautaire pour se joindre aux efforts de Chypre de construire un nouveau futur pour les générations à venir.
Mme MONICA BOLANOS-PEREZ (Guatemala) s'est associée à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom des pays non alignés, ainsi qu'à celle faite par le représentant de Costa Rica, au nom du Groupe de Rio. Elle a reconnu le rôle fondamental qu'a joué la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) qui a largement facilité la transition vers la paix au Guatemala. Compte tenu de l'importance des opérations de maintien de la paix, le Guatemala estime qu'il est impératif de développer les capacités de déploiement rapide des Nations Unies et d'équiper le DOMP de moyens lui permettant de traiter les informations en temps réel. Le Guatemala soutient le processus de consultations en cours afin de trouver des solutions en matière de financement, de recrutement de personnel du maintien de la paix, de procédures d'achat et de mise en place de nouveaux mécanismes. Il faut également veiller à la sécurité du personnel de maintien de la paix et, à cet effet, la représentante encourage le DOMP à poursuivre sa collaboration avec le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité de manière à pouvoir faire plus de progrès en termes de planification et de formation..
M. MALICK THIERNO SOW (Sénégal) s'est félicité des résultats obtenus par les opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Timor oriental, en Bosnie-Herzégovine ainsi que dans le processus de coopération, de coordination et d'harmonisation des initiatives multilatérales et bilatérales engagées entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et les organisations régionales et sous-régionales africaines. En Afrique de l'Ouest, ces progrès se mesurent à l'appui que les Nations Unies ont apporté à la normalisation en Sierra Leone par le biais de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Le Sénégal est un ardent défenseur du renforcement continu de la coopération entre les Nations Unies d'une part, et l'Union africaine et les organisations sous-régionales d'autre part, dans le domaine de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits. M. Sow a noté qu'en dépit de ces efforts, le continent africain est encore témoin de tensions et de conflits qui constituent un lourd handicap à son essor économique. D'où l'impérieuse nécessité pour la communauté internationale de mettre en oeuvre le programme salutaire du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dont la promotion de la paix, par le biais d'une bonne gouvernance, reste une priorité. Pour toutes ces raisons, la délégation sénégalaise, qui soutient pleinement la déclaration faite par la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés, voudrait relever l'importance cruciale du maintien de l'ordre et de la primauté du droit et du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.
Compte tenu de la volonté marquée des pays africains de s'investir de plus en plus dans l'édification et la consolidation de l'état de droit, de la bonne gouvernance et du respect des droits de l'homme, il importe d'appuyer les mécanismes régionaux et sous-régionaux de prévention et de règlement des conflits en vue de les rendre plus opérationnels, conformément aux objectifs de l'acte constitutif de l'Union africaine. Dans la perspective de mise en oeuvre du programme de DDR, il serait souhaitable, pour parvenir à des résultats tangibles, de tenir compte des efforts menés par différents acteurs, tels que le Groupe consultatif spécial pour les pays africains qui sortent d'un conflit de l'ECOSOC, le Groupe de travail sur la prévention et le règlement des conflits du Conseil de sécurité ainsi que l'apport de la société civile, notamment dans la formulation de stratégies pour la constitution d'un partenariat fonctionnel et de type nouveau avec tous les principaux protagonistes, dans des domaines aussi prioritaires que l'alerte rapide et le renforcement des ressources et des capacités nationales. M. Sow a ajouté que la coordination des activités de ces différentes structures constitue un véritable gage de succès. Il a également abordé la question des remboursements dus aux Etats Membres qui fournissent des troupes au DOMP et a exprimé son souhait de voir des mesures prises en vue d'effectuer à temps les décaissements nécessaires.
M. ISHAYA ISAH HASSAN (Nigéria) s’est félicité des nombreux succès réalisés par les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix, et a rendu hommage aux Casques bleus sans lesquels ces succès n'auraient pas été possibles. Toutefois, comme l'a souligné M. Guéhenno, il ne faut pas céder à l'euphorie puisqu'il reste encore des défis à relever, notamment la prolifération croissante des armes légères et des armes de petit calibre, en particulier en Afrique, et la vague du terrorisme au niveau mondial. Se déclarant préoccupé par les tensions qui menacent de nombreuses parties de l’Afrique, M. Hassan a lancé un appel en faveur d'une stratégie de paix globale dans la région du Fleuve Mano, et d'un appui à la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Le Nigéria attend avec intérêt le déploiement de la phase III de cette Mission, a indiqué le représentant qui a, par ailleurs, réitéré l'appui de son pays aux réformes au sein du Département des opérations de maintien de la paix, et au renforcement des efforts déployés en matière de formation du personnel de maintien de la paix.
Passant en revue les six domaines cruciaux qui ont été abordés par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hassan a souligné l’importance de l'institutionnalisation des listes de personnel militaire, de la police civile et du personnel civil en attente. Il a fait observer que le Nigéria, L’un des principaux pays engagés dans les opérations de maintien de la paix, a déjà communiqué les informations concernant ses ressortissants qui figureront sur la liste de personnel militaire et de police civile en attente. Pour ce qui est du renforcement des capacités des pays africains en matière de maintien de la paix, il a salué les idées formulées par M. Guéhenno. Etant donné l'importance du sujet, M. Hassan a indiqué que son pays suggère vivement qu'un groupe de travail soit convoqué par le Secrétaire général afin de soumettre un rapport sur la question, lequel rapport sera examiné par les Etats Membres. Le représentant s’est également félicité des progrès accomplis en vue de finaliser, d’ici à décembre 2002, les modules de formation génériques normalisés, et de la poursuite de la restructuration et du renforcement du Groupe des pratiques optimales de maintien de la paix. Tout en saluant également les efforts remarquables qui ont été déployés pour rembourser les sommes dues aux pays fournisseurs de contingents, le représentant a réitéré son appel en faveur d’un remboursement total et sans délai.
M. ISAAC LAMBA (Malawi) a déclaré qu'il était essentiel d'institutionnaliser une culture de prévention au sein du système des Nations Unies et du cadre de coopération régionale. Malheureusement, nous sommes encore bien loin de cet objectif et cette lenteur a été source de plus de problèmes que de solutions pour les pays dévastés par des conflits qui auraient pu être prévenus. Il faut donc passer d'une culture de réaction à une culture de prévention par le biais de l'alerte rapide, ce qu'illustre le Rapport Brahimi. La sécurité du personnel de maintien de la paix des Nations Unies et du personnel associé est également une source de préoccupation. Dans ce contexte, il est nécessaire de mettre en place un mécanisme d'enquête permettant de traduire en justice les auteurs de telles attaques. Ceci ne peut être possible qu'avec la coopération des Etats accueillant des opérations de maintien de la paix.
Nous sommes préoccupés par les informations faisant état de fautes professionnelles de la part du personnel des missions des Nations Unies. Nous soutenons les propositions du Secrétaire général adjoint portant sur le renforcement de la discipline au sein des missions. Des réunions d'information, des séminaires d'information et un code de conduite sont également importants. Le représentant a par ailleurs soutenu l'idée d'associer plus activement les pays contributeurs de troupes aux activités du Département des opérations de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité devrait également coordonner les activités relatives aux stocks de déploiement rapide avec les pays contributeurs de troupes. Le représentant a souligné par ailleurs la nécessité d'accorder davantage de ressources au renforcement des capacités de maintien de la paix de l'Afrique. Il a espéré que le Groupe de travail sur la prévention des conflits en Afrique sera actif à l'avenir. Au plan opérationnel, le Département des opérations de maintien de la paix doit renforcer son personnel en recrutant des experts africains en questions militaires. Nous sommes préoccupés par l'absence d'une dynamique africaine au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP).
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a estimé que les opérations de maintien de la paix sont le moyen de mettre un terme aux conflits et de promouvoir la paix entre les nations. Depuis 1958, le Népal a mis à leur disposition près de 40 000 militaires et personnel de police. En dépit des succès réels enregistrés, les missions de maintien de la paix doivent être réformées pour devenir plus efficaces et mieux coordonnées. Le Conseil de sécurité souffre pour sa part d'un manque de transparence dans son travail et ne tient pas suffisamment de consultations avec les pays contributeurs de troupes.
Le Népal est préoccupé par quatre faits majeurs. Nous déplorons que quelques agents du maintien de la paix se soient livrés à des pratiques non conformes au règlement. De même, nous regrettons que de nombreux pays pauvres souhaitant fournir des troupes ne puissent le faire en raison de leur incapacité à se conformer aux critères d'autonomie requis et que les délais existants en matière de remboursement des troupes et des équipements rendent la situation des pays pauvres encore plus difficile. Enfin, le fait que les responsables des opérations de maintien de la paix soient souvent issus de pays développés crée une situation «d'apartheid» qui s'oppose aux principes fondamentaux des Nations Unies. Afin de trouver des solutions à ces sujets d'inquiétude, il devrait exister des règles d'engagement et un code de conduite clairs à l'attention des troupes et du personnel déployés sur le terrain. Le Conseil de sécurité doit quant à lui améliorer ses méthodes de travail. Les Etats Membres sont appelés à payer leurs contributions dans les délais impartis et travailler à éliminer la situation «d'apartheid» qui existe dans les missions de maintien de la paix. La question de la sécurité du personnel sur le terrain doit également être considérée de façon prioritaire.
Mme MARIJA ANTONIJEVIC (République fédérale de Yougoslavie) a souligné la nécessité de renforcer le processus de planification et de gestion des opérations de maintien de la paix, ce qui passe par une étroite collaboration entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité. Nous soutenons dans ce sens la note du Président du Conseil en date du 14 janvier 2002. Nous demandons par ailleurs au Secrétariat de poursuivre ses efforts en vue d’assurer un déploiement dans les 30 ou 90 jours selon le degré de difficulté de la mission. Compte tenu de la nature de plus en plus complexe des missions, nous insistons également pour que chaque opération repose sur un mandat clairement défini.
Notre pays, qui accueille une opération de maintien de la paix au Kosovo et à Metohija, attache également une importance considérable à la coopération entre les Nations Unies et le pays d'accueil. De nombreuses questions, comme celles portant sur la prévention des conflits ou la reconstruction après un conflit, ne peuvent être traitées de manière appropriée qu'avec la coopération du pays hôte. En novembre dernier, la Yougoslavie et la MINUK ont signé un Document conjoint qui sert de base à leur coopération. Les progrès sont tangibles mais il reste encore beaucoup à accomplir.
M. ANDREJ DROBA (Slovaquie) s’est associé à la déclaration du Danemark, faite au nom de l’Union européenne et des pays associés, et a déclaré que son pays partageait les vues présentées par M. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Concernant l’un des six domaines cruciaux qui aont été abordés, le déploiement rapide, le représentant de la Slovaquie s’est félicité des progrès accomplis. Il a salué les changements intervenus dans le Système des forces et moyens en attente des Nations Unies (UNSAS). La Slovaquie réaffirme son attachement aux opérations de maintien de la paix car elles demeurent l’un des instruments les plus efficaces pour assurer la paix et la sécurité mondiales. Le représentant a rappelé que son pays participait à la plupart des opérations de maintien de la paix menées par les Nations Unies, avec plus de 600 personnes déployées. Réalisant le rôle toujours plus important de la police civile dans les opérations de maintien de la paix, le Parlement slovaque a adopté une loi permettant la participation de la police slovaque aux opérations de maintien de la paix, a indiqué le représentant.
M. PIYARATNE DE SILVA (Sri Lanka) s’est rallié à la position exprimée par le représentant de la Jordanie, au nom du Mouvement des pays non alignés. Sa délégation réaffirme les principes de souveraineté, d'intégrité territoriale et d'indépendance politique, et de non-ingérence dans les affaires intérieures du pays pour les opérations de maintien de la paix. Les opérations de maintien de la paix ne sont efficaces que pour une période transitoire, et doivent donc êtres dotées de mandats réalistes et clairement définis pour leur assurer le succès. Il faut également que le processus préparatoire de telles opérations soit bien planifié et dispose de ressources financières adéquates afin de réduire les difficultés liées à leurs personnel, financement et équipement. Les forces de maintien de la paix devraient contribuer à aider les parties au conflit à mettre en place les bases requises pour le développement politique, social et économique, de manière à rétablir un climat propice à la reconstruction.
Soulignant le problème du manque de contingents du DOMP, le Sri Lanka lance un appel aux pays qui sont en mesure de contribuer aux effectifs de maintien de la paix de le faire pour inverser cette tendance. Il est également important que la composition de ces contingents reflète l'universalité des opérations de maintien de la paix en intégrant à la fois du personnel originaire de pays développés et de pays en développement. Tout en étant conscient des contraintes budgétaires en matière de défense, le Sri Lanka encourage les pays disposant des moyens nécessaires au déploiement rapide de s'impliquer davantage dans les activités du DOMP. Le Sri Lanka se félicite des efforts de formation des contingents déployés par le DOMP, notamment les programmes de formation standardisés qui seront dispensés dans des centres de formation nationaux et régionaux. Par ailleurs, il salue le travail et le rôle du Groupe des pratiques optimales. Il reste cependant préoccupé par le manque de ressources financières du DOMP, et, compte tenu de l'augmentation du nombre des opérations et des coûts de personnel et de matériel, demande instamment aux Etats Membres d'honorer leurs contributions dans les délais impartis.
Remarques de clôture
Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean Marie Guéhenno, a rendu hommage aux personnes qui ont perdu leur vie au service du maintien de la paix, ainsi qu’aux pays dont ils sont originaires. Le maintien de la paix est l'expression la plus concrète de la solidarité que les Etats Membres aient exprimée au sein des Nations Unies, a déclaré M. Guéhenno. Il a ajouté que le débat qui a eu lieu à la Quatrième Commission est un moyen de conforter ce processus de solidarité. En réponse aux commentaires formulés par les délégations au cours de ce débat, M. Guéhenno a indiqué que ce type d'échanges, marqué par un esprit constructif, est nécessaire pour pouvoir progresser ensemble.
Droits de réponses
Le représentant d’Israël a déclaré que les remarques formulées respectivement par les représentants du Liban et de la Syrie sont des attaques non fondées contre Israël. Il a affirmé que les forces de son pays ont achevé leur retrait du Sud Liban en 2000. Il convient de noter que contrairement à ce qu’a dit le représentant du Liban, "les fermes de Chabâa" ne se trouvent pas du côté libanais de la ligne bleue. Le Liban doit déployer ses forces jusqu'à la ligne bleue, et s'il n’a pas pu le faire, c'est en raison de l'ingérence du gouvernement de la Syrie dans ses affaires internes. La Syrie occupe une partie importante du Liban a-t-il conclu.
Le représentant de la Turquie a regretté que cette réunion ait subi les allégations de Chypre et a rappelé que l'UNFICYP a été déployée en 1964 pour protéger les chypriotes turcs des chypriotes grecs et non pas l'inverse.
Intervenant à son tour, le représentant du Liban, a rappelé que la FINUL avait été créée en 1978, et que 244 personnes ont à ce jour sacrifié leur vie dans l’exercice de leurs fonctions. Il a remercié tous les pays qui ont fourni des contingents à la FINUL, précisant que les membres de cette Force sont les partenaires du Liban dans le processus de libération. Il a fait objection à certaines remarques formulées par le représentant israélien, soulignant que la plupart des points qu'il avait soulevés ne figuraient pas dans la déclaration de la délégation libanaise. Quoiqu'il en soit, et dans la mesure où il a présenté des accusations contre le Liban, le représentant tenait à y répondre. Indiquant que la présence de la FINUL est le résultat de l'occupation israélienne, il a ajouté que la résistance est née de l'occupation. Israël oublie qu'il a occupé le Liban pendant 22 ans au cours desquels il a délibérément refusé d'appliquer la résolution 425 du Conseil de sécurité, et qu'il ne l'a que récemment mise en oeuvre. Le représentant libanais a demandé pourquoi Israël continue de refuser l’application des résolutions 232 et 338 du Conseil de sécurité. Il a rappelé les 17 violations récentes par Israël de l'espace aérien et terrestre du Liban, alors qu'Israël reproche au Liban de ne pas respecter la Ligne bleue. Il a également rappelé qu'Israël est le seul pays qui a bombardé le centre des Nations Unies au Sud-Liban, et se permet maintenant de faire les louanges des résolutions des Nations Unies.
Le représentant de la Syrie a déclaré que la déclaration faite par le représentant d'Israël était pleine de contrevérités et de mensonges. Il convient de rappeler que tous les membres du Conseil de sécurité admirent le rôle que joue la Syrie dans la lutte contre le terrorisme. Pour ce qui est du respect des résolutions du Conseil de sécurité, nous tenons à rappeler qu'Israël contrevient à 29 résolutions de cet organe et à une centaine de résolutions de l'Assemblée générale lui demandant de se retirer des territoires occupés. En ce qui concerne le terrorisme, le représentant a tenu à rappeler que la population du Moyen-Orient ne connaissait pas de terrorisme avant la création d'Israël, et que ce pays a mené des attaques terroristes contre les palestiniens pour les forcer à quitter leurs habitations comme en témoigne le massacre de Dir Yassine. Israël exerce un terrorisme d'Etat.
Quant à la question du Liban, le représentant a souligné que la Syrie est le pays le plus attaché à la souveraineté de ce pays et à la libération de ses territoires occupés. A la suite de l'occupation du Liban, la Syrie n'est intervenue que lorsque toutes les factions libanaises lui ont officiellement demandé de le faire. Les relations qui lient le peuple libanais au peuple syrien sont des relations de sang et de bon voisinage. Le représentant d'Israël a oublié que pendant 20 ans son pays a violé de manière flagrante les résolutions du Conseil de sécurité. La délégation israélienne devrait alors cesser de déformer la réalité car tout le monde connaît les faits.
Le représentant de Chypre a expliqué que le représentant de la Turquie a fait référence aux événements de 1963, à savoir la création de l'UNFICYP et a cité pour éclaircissement le rapport du Secrétaire général à ce sujet. Il a indiqué que la soit-disant «république turque du nord de Chypre» (TRNC) est une administration locale illégale créée par la Turquie pour servir ses intérêts et il a rappelé qu'elle avait été déclarée illégale par le Conseil de sécurité. Il n'est donc pas nécessaire qu'un représentant de la TRNC fasse une déclaration sur la situation à Chypre. Le représentant a demandé à la Turquie de donner suite à l'appel de la communauté internationale pour retirer ses troupes du territoire chypriotes.
Le représentant d’Israël, reprenant la parole, a remarqué que le représentant libanais en disant qu'Israël a occupé son pays 22 ans, a semblé indiquer qu'il est lui-même d'accord pour dire que cela n'est plus le cas. Il a estimé que la position officielle du Liban viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, en donnant notamment refuge à un groupe terroriste nommément le Hezbollah. En ce qui concerne l'intervention de la Syrie, il a demandé à la Commission de prendre note que la Syrie a soutenu des activités terroristes. Soulignant qu'Israël est un pays démocratique qui respecte l'état de droit, il a relevé en revanche qu'en Syrie une dictature brutale est au pouvoir. En matière de lutte contre le terrorisme, le gouvernement syrien, qui pourtant siège actuellement au Conseil de sécurité, défie ses résolutions dans la pratique.
Le représentant du Liban, reprenant la parole, a souhaité aborder la question de la relation entre la Syrie et le Liban, indiquant qu'elle ne concerne que ces deux pays. Il a trouvé affligeant qu'Israël appelle au respect des résolutions du Conseil de sécurité, alors même qu'il ne respecte pas lui-même 29 de ces résolutions. En ce qui concerne la présence du Hezbollah au Liban, le représentant a déclaré qu'il s'agit-là d'un problème complexe et que son gouvernement souhaite poursuivre en justice les individus ayant perpétré des attentats. Il a expliqué qu'à ce jour cependant ce n'était pas possible parce qu'ils se cachaient dans des camps de réfugiés palestiniens auxquels le gouvernement libanais n'a pas accès.
Le représentant de la Syrie, a expliqué que la présence syrienne au Liban est due à des accords passés entre les deux pays, et que la Syrie est disposée à se plier aux exigences libanaises, ajoutant qu'il n'appartient pas à Israël d'intervenir dans cette relation. Il a rappelé qu'Israël persiste à défier les résolutions du Conseil de sécurité. En ce qui concerne les critiques relatives au Gouvernement syrien, le délégué a indiqué que la Syrie a joué un rôle actif dans l'élaboration de la résolution 1373 sur la lutte contre le terrorisme et que ses efforts ont été reconnus au sein du Conseil de sécurité. Il a déclaré qu'Israël était le seul pays qui pratique le terrorisme d'état et se demande s'il existe un nouveau concept appelé la démocratie d'occupation, ou encore l'occupation de la démocratie? La démocratie israélienne est la démocratie de l'occupation, de l'oppression de tous les pays de la région a-t-il déclaré.
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