Conseil de sécurité : la présidence américaine se concentrera au mois de mai sur la sécurité alimentaire et la technologie en période de conflit
Si le suivi de la situation en Ukraine reste au cœur de ses préoccupations, la présidence américaine du Conseil de sécurité pour le mois de mai prévoit d’organiser deux événements phares traitant du maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’un sur le lien entre les conflits et la sécurité alimentaire, le second sur l’utilisation de la technologie en période de conflit, a indiqué, cet après-midi, Mme Linda Thomas-Greenfield, Représentante permanente des États-Unis, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU.
Avant de détailler le programme de travail du Conseil pour ce mois, l’Ambassadrice a souhaité souligner, en cette Journée internationale de la liberté de la presse, l’importance d’une presse libre et indépendante à travers le monde, y voyant la « pierre angulaire de toute démocratie ». Rappelant que de nombreux journalistes sont ciblés dans l’exercice de leur travail, elle a rendu hommage à tous ceux qui ont payé de leur vie cette mission d’information, notamment la correspondante de Radio Free Europe, Vira Hyrych, tuée la semaine dernière par un missile russe tiré sur Kiev.
S’agissant justement du conflit en Ukraine, Mme Thomas-Greenfield a précisé qu’une séance d’information est d’ores et déjà programmée le 5 mai et que le Secrétaire général a accepté de s’y exprimer. D’autres réunions suivront si la situation l’exige, a-t-elle ajouté, avant d’estimer qu’en dépit des vetos opposés par la Fédération de Russie, le Conseil a réussi à « isoler » cette dernière et même à « unifier » les voix condamnant son agression. « Obtenir 141 voix à l’Assemblée générale pour soutenir cet effort a été un succès significatif », a insisté la diplomate, non sans se féliciter de l’adoption d’une résolution humanitaire et de la suspension de la Russie au Conseil des droits de l’homme. Selon elle, la Russie est mise « sur la défensive » et continuera à l’être jusqu’à ce qu’elle mette fin à son « attaque brutale contre le peuple ukrainien ».
Sans nier que les circonstances actuelles créent une « forme de malaise » au sein du Conseil et entraînent une absence de liens sociaux avec la délégation russe, elle a assuré que l’organe continue néanmoins à « fonctionner » et à discuter des sujets à son ordre du jour.
À cet égard, la Représentante permanente des États-Unis a annoncé la tenue, le 19 mai, d’un débat ouvert sur le thème « conflits et sécurité alimentaire ». Présidé par le Secrétaire d’État américain, M. Anthony Blinken, cet échange vise à examiner, sous cet angle, les mesures à prendre pour prévenir de nouveaux conflits et de l’instabilité, en particulier dans les pays fragiles, a-t-elle expliqué, confiant qu’après avoir vu la faim de ses « propres yeux », il s’agit pour elle d’un « sujet personnel ». Cette question est rendue plus urgente encore par l’invasion « déraisonnable » de l’Ukraine, qui était jusqu’alors le « grenier du monde en développement », a-t-elle poursuivi, affirmant craindre une aggravation des situations de famine en Afrique et au Moyen-Orient.
Ce débat, a encore précisé la diplomate, s’inscrit dans le cadre d’une « semaine d’action » sur la sécurité alimentaire mondiale à l’initiative des États-Unis, au cours de laquelle M. Blinken présidera le 18 mai, au Siège de l’ONU, une réunion ministérielle destinée à passer en revue les besoins humanitaires urgents et les mesures susceptibles de renforcer la résilience des pays frappés par la faim et la malnutrition.
L’autre « moment fort » de la présidence américaine prendra la forme d’une séance d’information sur la technologie et la sécurité. Si la technologie numérique peut servir à répandre la désinformation, restreindre l’accès à l’information et nier les droits humains, elle peut aussi « faire des biens immenses », par exemple en aidant à identifier une menace émergente, en protégeant les civils, en réunissant les personnes déplacées, en permettant aux procureurs de collecter des preuves de crimes de guerre et en facilitant les liens entre les réfugiés et les communautés d’accueil, a observé l’Ambassadrice. Cette réunion contribuera à renforcer la compréhension par le Conseil de l’évolution du paysage numérique et de partager des perspectives nationales ainsi que des bonnes pratiques, a-t-elle affirmé.
Par ailleurs, le Conseil organisera, le 25 mai, son débat annuel sur la protection des civils dans les conflits armés, avec une attention particulière accordée aux situations en Ukraine, en Éthiopie, au Yémen et au Myanmar. Il organisera également son semestriel sur la Bosnie-Herzégovine, le 11. Pour ce qui est du Moyen-Orient, Mme Thomas-Greenfield a fait état de consultations sur les volets humanitaire, armes chimiques et politique de la Syrie, avant d’annoncer qu’elle se rendrait dans la région « dans les prochaines semaines » pour examiner le mécanisme d’aide transfrontalière, dont le mandat arrivera à expiration le 10 juillet prochain. Le Conseil se réunira également le 26 mai pour sa séance mensuelle consacrée à la question palestinienne et pour renouveler le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).
L’Afrique occupera à nouveau une place importante dans les travaux du Conseil avec des séances d’information sur la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), le 23, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), le 24, et la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), le 26. Des réunions sont, d’autre part, prévues pour renouveler les mandats de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le 12, et de la MANUSOM, le 26.
Interrogée sur les tirs de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la diplomate a fait état d’un projet de résolution encore au stade des discussions. « Nous avons le projet d’avancer ce mois-ci », a-t-elle toutefois déclaré, formant le vœu que le Conseil saura rester uni pour « condamner ces actions ». Quant au document révélé par la presse américaine, selon lequel la Cour suprême des États-Unis aurait le projet de supprimer le droit à l’avortement dans le pays, elle a assuré que l’administration du Président Biden n’entend pas reculer sur cette question et continue de soutenir la position de l’ONU.
Enfin, Mme Thomas-Greenfield a rappelé que, le 17 mai, l’Assemblée générale rendra hommage à l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, décédée en mars dernier. Elle a dédié à celle qu’elle considère comme « l’un de (ses) héros » l’ensemble de son action du mois à venir.