LES DELEGATIONS INQUIETES DEVANT L’EMERGENCE DE NOUVELLES FORMES DE DISCRIMINATION RACIALE
Communiqué de presse AG/SHC/591 |
Troisième Commission AG/SHC/591
26e séance – matin 24 octobre 2002
LES DELEGATIONS INQUIETES DEVANT L’EMERGENCE DE NOUVELLES FORMES DE DISCRIMINATION RACIALE
La Troisième Commission adopte
cinq projets de résolutions sur la promotion de la femme
Alors que les populations continuent de souffrir des conséquences des formes anciennes de racisme, de nouvelles formes de discrimination raciale apparaissent partout, se sont inquiétées les délégations réunies ce matin en Troisième Commission. Ainsi, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a expliqué au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) que des siècles d’esclavage et de colonialisme imprimaient encore leur marque sur la région. En effet, les inégalités sociales actuelles et les difficiles conditions économiques s’expliquent pour une grande part par ce passé. A cet égard, le continent africain n’est pas épargné, a ajouté le représentant de la Mauritanie, car les pratiques discriminatoires dont l’Afrique a été victime et dont elle continue à subir les conséquences sont souvent à l’origine de haines raciales ou ethniques.
Les délégations ne se sont pas contentées de dénoncer les conséquences actuelles de l’esclavage et du colonialisme. Elles ont aussi fait part de leur réelle préoccupation devant l’émergence de nouvelles formes de racisme. Ce
“néoracisme», ainsi que l’a qualifié le représentant de l’Algérie, s’exerce à l’encontre des travailleurs migrants, des réfugiés, des minorités ethniques, culturelles et religieuses. Se référant au rapport du Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme, M. Glèlè-Ahanhanzo, les intervenants au cours du débat se sont inquiétés de la stigmatisation des musulmans et des Arabes observée depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001. «L’amalgame qu’il plait à certains de créer entre des actions terroristes odieuses qui doivent être dénoncées et combattues et la religion musulmane est tout simplement choquant et injuste», a déclaré le représentant de la Mauritanie. La délégation de l’Egypte a rappelé que les théories de supériorité d’une race par rapport à une autre ramenaient l’humanité aux périodes les plus noires de son histoire.
En début de séance la Commission a adopté, sans vote, cinq projets de résolution relatifs à la promotion de la femme. Sans souhaiter rompre le consensus sur le projet relatif aux mesures visant à éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes, les délégations du Pakistan, de l’Egypte et de la République islamique d’Iran ont mis en garde contre l’approche sélective de ce projet, estimant qu’il aurait été préférable de s’en tenir à la définition de la violence adoptée lors de l’examen quinquennal de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.
Au titre d’un projet sur l’amélioration de la situation des femmes dans les organismes de l’ONU, l’Assemblée générale, s’inquiétant de ce qu’il n’y ait qu’une seule femme sur les 51 représentants et envoyés spéciaux, prierait le Secrétaire général de continuer d’élaborer des méthodes de recrutement novatrices. La représentante du Japon, expliquant sa position sur ce texte, a fait valoir que son pays, était largement sous représenté dans les effectifs des Nations Unies. Par ailleurs les représentants des Etats-Unis et de Singapour, sans s’opposer au consensus, ont exprimé des réserves à propos du libellé du projet concernant la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
Au sujet de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris part aux débats: Iraq, Liechtenstein, Chine, Arabie saoudite, Barbade, Liban et Bélarus. Une représentante de l’Organisation internationale du Travail est également intervenue.
La Commission poursuivra son débat général sur l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, le lundi 28 octobre, à partir de 10 heures.
ADOPTION DE PROJETS DE RESOLUTIONS
Aux termes d'un projet de résolution relatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (A/C.3/57/L.19), adopté sans vote, tel que révisé, l'Assemblée générale demanderait instamment à tous les Etats qui n’ont pas encore ratifié la Convention ou qui n’y ont pas encore adhéré de le faire. Elle demanderait instamment aux Etats parties de limiter la portée de toute réserve qu’ils apportent à la Convention, de formuler leurs réserves de façon aussi précise et exacte que possible, de veiller à ce qu’aucune réserve ne soit incompatible avec l’objet et le but de la Convention, de réexaminer périodiquement leurs réserves en vue de les retirer et de retirer celles qui sont incompatibles avec l’objet et le but de la Convention. Elle demanderait instamment aux Etats parties à la Convention de prendre les mesures appropriées pour que l’amendement au paragraphe 1 de l’article 20 de la Convention puisse être accepté dès que possible par les deux tiers des Etats parties et puisse entrer en vigueur.
L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général, conformément à sa résolution 54/4 du 6 octobre 1999, de fournir au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes les ressources, notamment le personnel et les moyens, dont il a besoin pour s’acquitter efficacement de toutes les fonctions qui lui incombent en vertu de son mandat, compte tenu en particulier de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif.
Le Représentant des Etats-Unis a rappelé que les activités de son pays en Afghanistan attestent de sa volonté de promouvoir les droits des femmes et des filles. Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, appuient l’esprit de la Convention et envisagent actuellement la possibilité de la ratifier. Toutefois, il a expliqué que les Etats-Unis ont noté plusieurs sujets de préoccupation dans le texte de la Convention et les positions du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Il a en outre regretté que le texte du projet de résolution «demande aux Etats à ratifier» la Convention au lieu de «leur demander
d’envisager de la ratifier».
Pour sa part, le représentant de Singapour a rappelé qu’il faut faire la différence entre les réserves admissibles, qui sont prévues par le droit des traités et ont pour but de favoriser l’adoption des instruments internationaux par le plus grand nombre possible d’Etats et les réserves qui dénatureraient une convention. Il s’est opposé à la tendance actuelle qui consiste à demander systématiquement aux Etats de retirer leurs réserves et qui pourrait, à la longue, avoir un effet dissuasif.
Par un projet de résolution concernant les mesures à prendre en vue d'éliminer les crimes d'honneur commis contre les femmes (A/C.3/57/L.20/Rev.1), adopté sans vote, l'Assemblée générale constaterait avec inquiétude que les femmes continuent d’être victimes de crimes d’honneur, que ce type de violence, qui revêt de nombreuses formes différentes, persiste dans toutes les régions du monde, et que le nécessaire n’est pas toujours fait pour poursuivre et punir ses auteurs. Elle demanderait à tous les Etats de poursuivre et intensifier leurs efforts pour prévenir et éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes, qui prennent bien des formes différentes, en adoptant des mesures législatives et administratives et des décisions de principe. Elle leur demanderait de soumettre les crimes d’honneur commis contre les femmes à des enquêtes rapides et approfondies, en engageant des poursuites sur la base de conclusions dûment étayées et d’en punir les auteurs et de redoubler d’efforts pour sensibiliser l’opinion à la nécessité de prévenir et d’éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes, l’objectif étant de faire disparaître les attitudes et les comportements qui autorisent de tels crimes, en obtenant notamment l’appui des responsables locaux. Elle leur demanderait d’instituer, renforcer ou faciliter, autant que possible, des services d’appui en vue de répondre aux besoins des victimes, même potentielles, notamment en leur assurant une protection adéquate, un abri sûr, des services d’information, une aide juridictionnelle, des soins médicaux, une réadaptation et la réinsertion dans la société, et d’accorder l’attention voulue aux plaintes concernant des crimes d’honneur commis contre les femmes notamment en créant, en renforçant ou en facilitant des mécanismes institutionnels permettant aux victimes, entre autres, de signaler ces crimes dans des conditions de sécurité et de confidentialité.
Les représentants du Pakistan et de l’Egypte se sont félicités de l’attitude positive et constructive dont a fait preuve la délégation des Pays-Bas au cours des négociations sur ce projet. Toutefois, ils ont mis en garde contre toute approche sélective dans ce domaine.
Le représentant de la République islamique d’Iran s’est déclaré convaincu qu’il fallait se garder de toute approche sélective dans ce domaine et a estimé qu’il serait préférable de se limiter à reprendre la définition de la violence contre les femmes adoptée lors de la session extraordinaire sur les femmes en l’an 2000 et l’examen quinquennal de Beijing. Il a regretté que les coauteurs n’aient pas incorporé au projet de résolution ses propositions. Il a déclaré que sa délégation s’était jointe au consensus en attendant que l’examen de cette question soit réouvert par l’Assemblée générale dans deux ans.
Par le projet de résolution relatif à l'Amélioration de la situation de la femme dans les organismes des Nations Unies (A/C.3/57/L.21), adopté sans vote, l'Assemblée générale demanderait instamment au Secrétaire général de redoubler d’efforts pour faire des progrès appréciables en vue de l’objectif de la parité hommes-femmes dans l’avenir proche. Elle s’inquièterait de ce que, dans quatre départements et bureaux du Secrétariat, les femmes représentent encore moins de 30 % des effectifs et encouragerait le Secrétaire général à intensifier ses efforts pour atteindre l’objectif d’un équilibre entre hommes et femmes dans tous les départements et bureaux du Secrétariat.
L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’encourager fortement les chefs de département et de bureau à continuer de retenir des candidates lorsque leurs qualifications sont les mêmes ou meilleures que celles des candidats, et les cadres administratifs à faire le nécessaire pour que soient atteints les objectifs fixés en vue d’améliorer la représentation des femmes ainsi que de contrôler et d’évaluer leur comportement professionnel à cet égard. Elle encourageraitvivement le Secrétaire général à s’efforcer de confier à davantage de femmes des fonctions de représentant spécial ou d’envoyé spécial chargé de missions de bons offices pour son compte, en particulier dans les domaines du maintien de la paix, de la consolidation de la paix, de la diplomatie préventive et du développement économique et social, de même que dans les activités opérationnelles, y compris les fonctions de coordonnateur résident, ainsi que de nommer davantage de femmes à d’autres postes de rang élevé. Elle engagerait vivement les Etats Membres à soutenir les efforts que font l’Organisation des Nations Unies et les institutions spécialisées pour atteindre l’objectif de la
parité entre les sexes, particulièrement aux postes de rang élevé et de direction, en présentant régulièrement la candidature d’un plus grand nombre de femmes aux postes vacants dans les organismes des Nations Unies, en recherchant et proposant des sources de recrutement nationales qui aideront les organismes des Nations Unies à trouver des candidates réunissant les conditions requises, en particulier en provenance des pays en développement et des pays en transition.
La représentante du Japon s’est déclarée très favorable à ce projet qui prévoit des mesures en vue d’arriver à la parité au sein du Secrétariat. Toutefois elle a exprimé des préoccupations à l’égard de certains paragraphes qui prévoient de donner la priorité aux pays en développement, notamment les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires. Elle a fait savoir que certains pays qui n’appartenaient pas à cette catégorie n’en sont pas moins sous représentés au sein du personnel des Nations Unies, comme c’est le cas du Japon.
Aux termes de la résolution relative à l'élimination de toutes les formes de violence contre les femmes, y compris les crimes tels que définis dans le document final adopté par l’Assemblée générale à sa vingt-troisième session extraordinaire intitulée "Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle" (A/C.3/57/L.22), adoptée sans vote telle que révisée, l'Assemblée générale constaterait avec une vive inquiétude la persistance de diverses formes de violence et de crimes contre les femmes dans toutes les parties du monde, en particulier de toutes les formes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales et de toutes les formes d’exploitation économique, notamment la traite des femmes et des enfants, l’infanticide des filles, les crimes d’honneur, les crimes passionnels, les crimes racistes, l’enlèvement et la vente d’enfants, les actes de violence et les meurtres liés à la dot et les attaques à l’acide, et des pratiques traditionnelles ou coutumières néfastes telles que les mutilations génitales féminines et les mariages précoces et forcés.
Elle demanderait instamment aux Etats Membres de renforcer les mesures de sensibilisation et de prévention visant à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes, qu’elles soient perpétrées en public ou en privé, en encourageant et en appuyant des campagnes de sensibilisation. Elle demanderait aux Etats de s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et d’appliquer le Programme d’action de Beijing ainsi que le document final qu’elle a adopté à sa vingt-troisième session extraordinaire et demanderait instamment aux organismes compétents des Nations Unies, agissant dans le cadre de leurs mandats, d’aider les pays qui en font la demande.
Par le projet de résolution relatif à la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, intitulée «Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle (A/C.3/57/L.28), adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux gouvernements, aux entités compétentes des Nations Unies, agissant dans le cadre de leur mandat respectif, ainsi qu’à tous les acteurs de la société civile, de continuer à prendre des mesures concrètes pour assurer l’application intégrale et effective de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing ainsi que des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire. Elle demanderait aux gouvernements et à toutes les parties intéressées de continuer à appliquer les recommandations des conférences, sommets et sessions extraordinaires organisés récemment sous l’égide des Nations Unies et d’établir de futurs rapports sur la question de la parité des sexes. Elle prierait instamment les Etats Membres d’envisager de signer et de ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les Protocoles s’y rapportant, notamment le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, ou d’adhérer à ces instruments.
ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
Suite du débat général
M. SAID SHIHAB AHMAD(Iraq) a déclaré que la lutte contre le racisme et la discrimination raciale avait occupé une place de premier choix dans les travaux de l’Organisation des Nations Unies depuis sa création car elle touche à la dignité même de l’homme. En dépit des efforts déjà accomplis et des décisions prises à la Conférence mondiale de Durban, des millions de personnes sont encore aujourd’hui victimes du racisme et de la discrimination raciale, a-t-il ajouté. De nombreuses régions du monde vivent dans le trouble du fait de l’exacerbation des conflits ethniques et le déni des droits élémentaires des migrants comme des réfugiés. Le représentant s’est aussi inquiété de la montée de nouvelles formes de racisme et de l’utilisation de nouveaux moyens technologiques pour les propager, notamment par Internet. Il existe de nombreux sites Internet qui propagent la haine contre les musulmans, a-t-il déclaré.
Le représentant a d’autre part attiré l’attention sur les souffrances du peuple iraquien – les sanctions qui lui sont imposées depuis plus de dix ans ayant entraîné la mort de 1,7 million de personnes, a-t-il déclaré. C’est aussi la conséquence de la “politique raciste” mise en place par les Etats-Unis, a affirmé le représentant. Il a en outre dénoncé les “attaques racistes” contre le peuple palestinien par “l’entité sioniste”. Le représentant a estimé qu’il était de la responsabilité de la communauté internationale de réagir et de condamner de tels actes.
M. PATRICK LEWIS (Antigua-et-Barbuda) s’est exprimé au nom des 14 Etats membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Il a souligné l’attention avec laquelle la CARICOM considérait les questions relatives au racisme et à la discrimination raciale, du fait de son histoire. Emergeant de siècles d’esclavage et de colonialisme, la CARICOM estime que les conséquences de ces périodes difficiles n’ont pas encore complètement disparu. Les inégalités sociales actuelles et les conditions économiques, a-t-il poursuivi, s’expliquent pour une grande part par ce passé et la CARICOM appuie toutes les initiatives qui visent à faire cesser ces inégalités persistantes. Dans la recherche d’un futur qui ne tolèrera plus le racisme et les discriminations raciales, le représentant s’est réjoui de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. Il s’est déclaré favorable au financement par les Nations Unies de la troisième Décennie pour la lutte contre le racisme et la discrimination raciale.
Le représentant a rappelé que le racisme et la xénophobie devaient être expressément condamnés par les Etats qui doivent modifier en ce sens leurs législations nationales. Il a appelé de ses vœux l’élaboration de règles permettant de combattre la propagation d’idées racistes sur Internet et a exhorté les Etats à vérifier que la discrimination raciale n’était pas tolérée par leurs administrations. Dans ce contexte, la CARICOM appuie la création d’un groupe antidiscrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme et se réjouit des initiatives prises par l’UNESCO pour le suivi de la Conférence mondiale de Durban.
La région des Caraïbes a été particulièrement active en ce qui concerne le suivi de Durban, a-t-il expliqué: un séminaire d’experts pour la région Amérique latine-Caraïbes a été organisé en juillet à Mexico. Il a été demandé aux gouvernements d’élaborer des plans d’action nationaux, en commençant par consulter les populations sur les manières de combattre la discrimination raciale. Ces plans d’action doivent comporter des dispositions relatives à la façon de combattre la discrimination raciale au sein du système judiciaire, en organisant notamment des formations aux droits de l’homme et en instituant des campagnes de sensibilisation à la lutte contre le racisme. Dans le but de protéger les populations autochtones, les experts ont demandé aux Etats de redoubler d’efforts pour qu’une déclaration de leurs droits soit adoptée avant la fin de la décennie des populations autochtones en 2004. Enfin, le représentant s’est félicité de la tenue d’un séminaire similaire par la région Afrique il y a un mois. Cela traduit la volonté de la communauté internationale d’appliquer les décisions prises à Durban, a déclaré le représentant, qui a indiqué que la CARICOM souhaitait que cet effort continue.
M. PIO SCHURTI (Liechtenstein) a indiqué que son pays se préparait à prendre les mesures nécessaires en vue d’assurer la recevabilité des communications individuelles prévues à l’article 14 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a indiqué qu’avec une population composée de 34,4 % d’étrangers venant de 80 pays différents, le Liechtenstein est vraiment un village mondial dans lequel la responsabilité de l’intégration ne reposait pas seulement sur l’Etat mais sur tous les membres de la société. Il a décrit plusieurs initiatives conjointes dans ce sens, telles que l’Association pour l’éducation interculturelle établie pour promouvoir l’intégration par l’enseignement des langues, ou le “prix de la diversité” qui appelle les citoyens ou les groupes à présenter des projets destinés à promouvoir la tolérance et la compréhension entre les cultures. En outre, le Liechtenstein a publié un “guide de bienvenue”, distribué à tous les nouveaux arrivants. Sans être d’accord avec toutes les dispositions des documents finaux adoptés à Durban, le représentant a déclaré que l’esprit de Durban avait présidé à l’élaboration du plan national du Liechtenstein en vue de prévenir et d’éliminer le racisme et la discrimination raciale, qui est actuellement en cours de discussion.
Par ailleurs, le représentant a rendu compte de la deuxième visite au Liechtenstein de la Commission contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe, qui publiera ses conclusions au printemps 2003. Expliquant que le racisme se fondait le plus souvent sur la peur de l’autre et de la diversité, le représentant a déclaré que son pays accordait une grande importance à la recherche d’une notion dynamique de l’identité qui permettrait d’appréhender l’autre non plus comme un intrus mais comme un contributeur.
M. A. OSMANE (Algérie) s’est inquiété du fait que l’humanité est aujourd’hui confrontée à de nouvelles manifestations de racisme, de xénophobie et d’intolérance. Ce “néoracisme”, a-t-il expliqué, s’exerce à l’encontre des travailleurs migrants, des réfugiés, des minorités ethniques, culturelles et religieuses. Dans ce contexte, l’Algérie appuie la mise en place des mécanismes de suivi de Durban et se félicite de la constitution d’un groupe antidiscrimination au Haut Commissariat aux droits de l’homme. Le représentant a soutenu la volonté du Secrétaire général de nommer cinq experts indépendants pour s’assurer de l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.
Concernant le droit à l’autodétermination des peuples, il a déclaré que, dans le cas de la Palestine occupée, seule une solution durable fondée sur l’exercice par le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance avec Al Qods comme capitale et le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés depuis 1967, est de nature à restaurer la paix. Enfin, au sujet du Sahara occidental, le représentant de l’Algérie a déclaré que la population sahraouie attendait de décider librement de son destin et d’exercer son droit à l’autodétermination. Il a rappelé le soutien de son pays à l’envoyé personnel du Secrétaire général, M. James Baker III.
M. XIE BOHUA (Chine) s’est déclaré profondément préoccupé par le blocage du processus de paix au Moyen-Orient et a exprimé l’espoir de voir Israël respecter les résolutions des Nations Unies, mettre fin à ses opérations militaires dans les régions sous contrôle palestinien, et créer des conditions favorables à la paix. Toutefois, le représentant a mis en garde contre toute tentative d’interpréter le droit à l’autodétermination comme un encouragement aux actions visant à déstabiliser les Etats souverains et à porter atteinte à leur intégrité territoriale. Il a précisé l’attachement de tous les ressortissants chinois à l’intégrité et à l’unité de la Chine qui est un Etat multinational depuis très longtemps. A cet égard, il s’est élevé contre les récentes tentatives à l’encontre de l’intégrité territoriale de son pays, sous prétexte de respect de l’autodétermination ou de “référendum national”. Il a assuré que ces actions qui vont à l’encontre de l’histoire du pays étaient vouées à l’échec.
Le représentant a ensuite formé le vœux de voir l’Assemblée générale et la Commission des droits de l’homme poursuivre leurs efforts en vue de l’application de la Déclaration et du Plan d’action de Durban. Dans ce contexte, il a estimé qu’il fallait s’attaquer aux causes profondes du racisme et s’employer à éduquer les jeunes générations de façon à promouvoir le dialogue entre les cultures qui est favorable au développement humain dans son ensemble.
Mme MAI TAHA MOHAMED KHALIL(Egypte) a indiqué que le racisme était un fléau qui continue à se manifester sous des formes toujours plus évoluées. Sa délégation est très préoccupée par la recrudescence du racisme dans le monde, notamment contre les migrants et les réfugiés ainsi que l’indique le Rapporteur spécial dans son rapport. Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont conduit à la stigmatisation des Arabes et des musulmans, a déploré la représentante, et l’humanité est confrontée à une nouvelle manifestation de racisme. Elle a rappelé que les théories de supériorité d’une race par rapport à une autre ramenaient l’humanité aux périodes les plus sombres de son histoire. Afin d’en prévenir de nouvelles, elle a demandé une analyse exhaustive du phénomène de la discrimination raciale. Elle souhaite également que le lien entre la mondialisation et la montée du racisme soit étudié. La Communauté internationale devrait s’unir contre l’expansion de ce phénomène odieux, a exhorté la représentante.
Elle est intervenue également sur la situation du peuple palestinien dans les territoires occupés. Selon la Déclaration de Durban, le colonialisme a induit le racisme et les discriminations raciales et a donc été condamné, a-t-elle rappelé. En ce sens, a-t-elle repris, l’occupation israélienne est une manifestation insupportable de racisme au XXIeme siècle. Ce n’est pas parce qu’un peuple a souffert de persécutions qu’il doit infliger les mêmes à un autre peuple innocent. La représentante a appelé les Etats à adopter toutes les mesures nécessaires pour assurer le suivi de la Conférence de Durban afin d’arriver à l’élimination du racisme et de la discrimination raciale.
M. HAZEM MOHAMED KERKATLY(Arabie saoudite) a attiré l’attention sur la situation du peuple palestinien. Il s’est indigné qu’Israël depuis sa création ait toujours fait fi de l’avis des Arabes et perpétué une politique d’agression systématique à leur endroit et se soit rendu coupable de nombreuses violations des droits de l’homme et crimes contre l’humanité. Pour le représentant, le peuple palestinien avait le droit à un Etat souverain, libre et indépendant. En effet l’occupation est condamnée par tous les instruments internationaux et la Convention de Genève interdit spécifiquement les transferts de populations auxquels se livre Israël. En outre, les résolutions du Conseil de Sécurité ont force obligatoire, a-t-il rappelé, regrettant qu’Israël n’en observe aucune et n’y prête aucune attention. Il a déploré qu’Israël poursuivre sa politique de colonies de peuplement, son blocus et ses agressions contre le peuple palestinien. Il a prié la communauté internationale d’appuyer le peuple palestinien dans sa lutte pour l’indépendance et la dignité.
M. JUNE CLARKE (Barbade) s’est associé à la déclaration de la CARICOM et a ajouté que son pays, malgré une histoire marquée par les injustices de l’esclavage, avait développé une société multiethnique dans laquelle les droits des individus sont respectés et les valeurs de tolérance partagées. Il a regretté le climat conflictuel de la Conférence internationale des organisations non-gouvernementales sur le suivi de la Conférence de Durban qui s’est tenue dans son pays en octobre. Cette conférence d’ONG africaines ou de descendance africaine a en effet adopté le 3 octobre une résolution interdisant aux personnes qui n’étaient pas de descendance africaine de prendre part à cette Conférence. Le Gouvernement de la Barbade a alors fait une déclaration rappelant qu’il “ne saurait supporter aucune forme de ségrégation ou de manifestation de racisme”. Cet incident, a expliqué le représentant, montre que beaucoup reste à faire dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Il a rappelé que son pays reste attaché à la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence mondiale de Durban. C’est au tour des gouvernements de prendre des mesures pour appliquer ce Programme d’action, a-t-il déclaré. Le travail pour éliminer le racisme et la discrimination raciale est un travail monumental qui demandera des efforts sur les plans nationaux, régional et international, a conclu le représentant de la Barbade.
M. MAHFOUD OULD DEDDACH (Mauritanie) s’est félicité de la décision de la Commission des droits de l’homme de créer un groupe intergouvernemental chargé de combattre le racisme et de promouvoir l’égalité et la lutte contre la discrimination. Il a estimé que les pratiques discriminatoires dont l’Afrique avait été victime et dont elle continue de subir les conséquences étaient à l’origine des haines raciales et ethniques. Pour les combattre, a-t-il recommandé, il est impératif de mobiliser et de sensibiliser les sociétés afin d’accroître leur responsabilité en faveur de la paix et de la sécurité. Dans ce contexte, il a précisé que la Constitution de la Mauritanie consacrait l’égalité de tous les citoyens et punissait toute propagande à caractère racial ou ethnique, ouvrant la possibilité d’invoquer directement ses dispositions devant les juridictions.
Le représentant a fait part de ses préoccupations devant la montée de l’islamophobie. Il a dénoncé l’amalgame qu’il plaît à certains de créer entre les actions terroristes odieuses et la religion musulmane. Le représentant a insisté sur la tolérance de l’islam à l’égard des autres religions et a cité plusieurs exemples. Ainsi, le Coran affirme-t-il qu’il n’y a pas de contrainte en matière de religion et l’interdiction est faite aux croyants d’insulter les non croyants. Il a illustré son propos par une citation du Calife Ali qui dit: “Les êtres humains sont deux, vos frères en islam et vos frères en humanité”. Le représentant a réaffirmé que l’islam était une religion qui prônait la dignité humaine et le rejet de la violence sous toutes ses formes. Le représentant a également présenté le Commissariat aux droits de l’homme institué en Mauritanie, dont l’action est appuyée par un accord de coopération technique avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme.
M. SAMI ZEIDAN (Liban) a établi un lien entre le racisme et l’autodétermination, car l’autodétermination renvoie à plusieurs droits fondamentaux dont celui de vivre libre de toute persécution du fait de sa race. Il a rappelé que le Liban avait connu une expérience unique pour maintenir un équilibre entre les différentes ethnies et religions, au prix d’une douloureuse guerre civile. Concernant la situation du peuple palestinien, le représentant est revenu sur la résolution 2002/3 de la Commission des droits de l’homme qui réaffirme le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à établir un Etat palestinien. Le représentant du Liban s’est déclaré consterné par le rapport de M. Ahanhanzo qui évoque les manifestations modernes du racisme. Le fait que plus de 200 sites Internet véhiculent de la propagande raciste demande une réponse de la communauté internationale, a-t-il expliqué, car cela montre qu’il y a un terreau fertile pour les théories qui visent à hiérarchiser les cultures.
La situation au Moyen-Orient est une question d’occupation et non pas de racisme, a déclaré le représentant: le racisme n’est que la conséquence de cette occupation. Comment peut-on condamner la politique d’apartheid et fermer les yeux sur ce qui se passe dans les territoires occupés? , a-t-il demandé. Il a rappelé que le rapport soumis à la Troisième Commission par le Rapporteur spécial attire l’attention sur le fait que les Arabes et les musulmans sont stigmatisés depuis les attentats du 11 septembre. Aucun peuple n’est meilleur qu’un autre a déclaré le Représentant du Liban, certains possèdent seulement plus d’armements.
Mme ALENA KUPCHINA(Bélarus) s’est déclarée convaincue que la lutte contre le racisme doit se déployer sur tous les plans, national, régional, international et dans tous les domaines, législatif, administratif, éducatif, etc. Elle a estimé que les documents finaux adoptés à Durban n’auront de sens que s’ils sont soutenus par les gouvernements nationaux qui doivent s’engager fermement à les appliquer. Ainsi le Bélarus a-t-il intégré de nombreuses dispositions visant à prévenir la haine religieuse, raciale ou nationale et les a rendues passibles de poursuites, a-t-elle déclaré. Le Bélarus s’est donc doté de la base juridique nécessaire pour aider la société tout entière à combattre le racisme. Par ailleurs, elle a estimé que la lutte contre le racisme doit être intégrée à tous les échelons du système des Nations Unies et prise en compte dans tous les rapports. C’est pourquoi elle a appuyé le Rapporteur spécial qui s’inquiète de la résurgence du racisme et des doctrines de supériorité raciale dans de nombreuses régions du monde. Il a dénoncé l’usage que ces groupes racistes font de l’Internet pour propager leurs thèses inacceptables et a exhorté tous les gouvernements à prendre des mesures visant à s’assurer que les technologies de la communication, y compris l’Internet, ne servent pas de relais aux thèses racistes et xénophobes.
Mme CAROLINE LEWIS(Organisation internationale du Travail) a indiqué que l’OIT préparait un rapport sur la discrimination dans l’emploi et sur le lieu du travail qui sera présenté à la session de 2003 de l’OIT. Ce rapport comprendra également un plan d’action visant à éliminer la discrimination raciale sur le lieu du travail. D’autre part, elle a indiqué que dans le cadre de son rapport général sur la discrimination, l’OIT avait déjà mis en oeuvre une série de mesures, y compris des projets en vue de promouvoir l’égalité et la non-discrimination dans l’emploi des Dalits et des Roms. En outre, a-t-elle précisé, l’OIT a approfondi ses recherches sur la situation des travailleurs migrants en Europe et a préparé un code de bonne conduite dans ce domaine. A ce propos, elle a indiqué que suite aux recommandations formulées à Durban, l’OIT a inclus la question des travailleurs migrants à l’ordre du jour de la session de 2004 de la Conférence internationale du Travail.
Rendant compte du combat de l’OIT contre le racisme, la représentante a déclaré que le Comité d’experts de l’OIT sur l’application des conventions de l’OIT examinera, lors de sa session de novembre-décembre 2002, l’application des conventions de l’OIT sur la non-discrimination et l’égalité. Elle a précisé que, dans le contexte qui a suivi les événements du 11 septembre 2001, le Comité d’experts a recommandé une plus grande vigilance à l’égard de la discrimination fondée sur la race, la religion ou l’ethnicité.
Droit de réponse
Faisant exercice de son droit de réponse, le représentant d’Israël a dénoncé les interventions qui font des auteurs d’attentats-suicide des martyrs. Les dégâts à long terme de ce type de discours ne portent pas seulement atteinte à Israël mais aux droits de l’homme, a-t-il ajouté. Lorsque la victime devient l’agresseur, lorsque le pays victime du nazisme se voit accuser de commettre les mêmes crimes, ce sont les droits de l’homme qui souffrent, a-t-il conclu.
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