AG/DSI/295

LE DEBAT SUR LE DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE S’OUVRE CE MATIN SUR DES APPELS AU MULTILATERALISME

30/09/2002
Communiqué de presse
AG/DSI/295


Première Commission

2e séance – matin


LE DEBAT SUR LE DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE S’OUVRE CE MATIN sur des appels au multilateralisme


La Commission du désarmement et de la sécurité internationale a ouvert les travaux ce matin de sa cinquante-septième session sur un bilan mitigé en matière de désarmement et de non-prolifération dans le monde dressé par le Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement.  Beaucoup reste à accomplir, a lancé M. Jayantha Dhanapala à l’adresse des membres de la Commission, qui dans l’ensemble, ont partagé les préoccupations d’ordre général générées par une tendance à la surenchère militaire et à la stagnation de la diplomatie multilatérale en matière de désarmement.  Le Secrétaire général adjoint a informé la Commission de sa proposition visant la création d’une Commission internationale sur les armes de destruction massive composée d’experts de Sud et du Nord.  Cet organe étudierait les problèmes liés à la production, au stockage, à la prolifération de telles armes et au risque de leur utilisation par des terroristes.


Toutefois malgré une tendance à la frustration dans les enceintes consacrées au désarmement, l’année passée a vu la conclusion d’un accord entre les cinq Etats d’Asie centrale portant sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans leur région. Cette initiative est d’autant plus significative que la région a hébergé plus de 700 armes tactiques et les 1400 armes nucléaires que le Kazakhstan a rendues à la Russie avant de devenir partie au TNP en 1995.  Les Etats-Unis et la Fédération de Russie viennent également de conclure le Traité de Moscou visant à réduire le déploiement de leurs armes nucléaires stratégiques.  Autre décision importante, celle de Cuba d’accéder au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de ratifier le Traité de Tlatelolco portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes.


La Première Commission, a estimé pour sa part son Président, M. Matia Mulumba Semakula Kiwanuka, est confrontée à d’importants défis en matière de sécurité internationale. Il faudra lors de ces débats renouer avec le multilatéralisme, aujourd’hui en crise. Il faudra renforcer les instances de contrôle de désarmement et mettre au point des mesures de prévention des conflits.  L’instauration d’une paix durable ne peut ni se faire à partir de l’accumulation d’armes, ni être fondée sur les doctrines de dissuasion ou de supériorité militaire.  Ce principe a été violemment réaffirmé le 11 septembre 2001.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Mexique, Irlande au nom de la Coalition pour un Nouvel Agenda, Canada, Danemark au nom de l’Union européenne, Pérou, Malaisie, Nouvelle-Zélande et Jordanie.  Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a exercé son droit de réponse.


La Commission poursuivra son débat général demain mardi 1er octobre à 10 heures.

Débat général sur tous les points de l’ordre du jour relatifs au désarmement et à la sécurité internationale


Le Président de la Commission, M.Matia Mulumba Semakula Kiwanuka,a souligné que la Commission est confrontée à d’importants défis en matière de sécurité internationale.  Il s’agit de questions fondamentales pour la sécurité humaine et il faudra lors de ces débats renouer avec le multilatéralisme, aujourd’hui en crise.  Il faudra renforcer les instances de contrôle de désarmement et mettre au point des mesures de prévention des conflits.  Cependant, outre ces questions anciennes, d’autres points seront abordés au cours de nos débats; sur les missiles, la sécurité de l’information et la militarisation de l’espace atmosphérique notamment.  En résumé, nous devons identifier les moyens de construire et de renforcer un cadre qui permettra de parvenir à la paix et à la sécurité internationales.  Dans cette perspective, l’Article 11 de la Charte reste fondamental, compte tenu des pouvoirs qu’il confère à l’Assemblée générale. 


D’autre part, l’ossature du système juridique en matière de désarmement est esquissée dans le Document final de la première session extraordinaire qui reconnaît que l’instauration d’une paix durable ne peut ni se faire à partir de l’accumulation d’armes, ni être fondée sur les doctrines de dissuasion ou de supériorité militaire.  Ce principe a été violemment réaffirmé le 11 septembre 2001.  Ces attaques terribles ont été commises en dépit de l’énorme différence entre les forces à la disposition des auteurs et celles de la superpuissance attaquée.  Ceci a amené les observateurs à réfléchir différemment aux questions de sécurité.  Les origines de tels actes, par exemple, doivent être comprises afin d’en prévenir le déchaînement.  Dans ce contexte, le Président a fait référence au Rapport de la Conférence internationale sur les relations entre désarmement et développement datant de 1987 qui, même s’il n’avait pas pleinement anticipé l’ampleur du terrorisme, avait retenu le surarmement et le sous-développement comme des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Au vu de l’augmentation récente des budgets militaires et de la récurrence des problèmes de pauvreté, le pessimisme est de mise.  Pourtant, depuis des années cette Commission s’est attachée à lier les questions du surarmement et du développement.  Dans nos prochaines délibérations, a souhaité le Président, il conviendra de veiller à la concrétisation de nos décisions.


Un des points fondamentaux de la Déclaration du Millénaire portait sur la question de l’élimination de toutes les armes de destruction massive, et cela doit rester une priorité absolue.  D’où l’importance pour la présente Commission de rester attentive à la bonne application des traités.  La non-prolifération des armes nucléaires, potentiellement les plus destructrices de toutes, devra continuer de retenir notre attention.  De la même manière nous suivrons l’agenda sur l’élimination des armes chimiques et biologiques.  Sur ce dernier sujet, l’idée est qu’il faut encourager l’engagement de tous à l’égard des instruments juridiques pertinents.


Pour ce qui est des armes classiques, la Conférence sur la lutte contre le trafic illicite des petites armes de juillet 1991 a permis de réaliser des progrès substantiels en posant cette lutte comme une priorité internationale.  En accord avec le Programme d’Action adopté par la Conférence, plusieurs pays ont déjà modifié leur juridiction, signe de leur détermination à réduire cet arsenal qui menace chaque année des milliers de vie humaines.


M. JAYANTHA DHANAPALA, Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement, a déclaré que beaucoup restait à accomplir, en particulier lorsque que l’on considère les points de l’ordre du jour du Comité comme celui traitant de la relation entre désarmement et développement.  Malheureusement, le Sommet de Johannesburg sur le développement durable n’a pas tenu compte de cette problématique.  Pourtant, selon le dernier rapport du PNUD sur le développement humain, tous les objectifs du Millénaire pourraient être atteints si l’Aide publique au développement bénéficiai d’une rallonge représentant une fraction des dépenses militaires actuelles.  J’ai récemment proposé la mise en place d’une commission internationale sur les armes de destruction massive composée d’experts de Sud et du Nord.  Cette commission étudierait les problèmes liés à la production, au stockage, à la prolifération de telles armes et au risque de leur utilisation par des terroristes.  


L’année prochaine marquera le 25ème anniversaire de la  première Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement alors que quelque 30 000 armes nucléaires et 639 millions d’armes de petit calibre sont en circulation, a poursuivi M. Dhanapala.  Deux ans après que les Etats nucléaires se sont engagés sans équivoque à détruire leurs arsenaux nucléaires, des références continuent d’être faites aux doctrines nucléaires, y compris des doctrines qui n’excluent pas l’emploi préventif de telles armes contre des Etats non nucléaires.  Le bilan pour l’année 2002 est donc mitigé. 


Malgré tout, cinq Etats d’Asie centrale viennent de parvenir à un accord sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans leur région, et ceci grâce notamment à l’aide des Nations Unies.  La création d’une telle zone est d’autant plus significative que cette région a hébergé plus de 700 armes tactiques sans mentionner les 1400 armes nucléaires que le Kazakhstan a rendu à la Russie avant de devenir partie au TNP en 1995.  Un autre développement positif est l’accord de contrôle des armements conclu entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie visant à réduire le déploiement de leurs armes nucléaires stratégiques.  Malheureusement, le sort des armes tactiques n’a toujours pas été réglé.  Un autre développement positif est la signature ou la ratification par huit Etats du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT/TICEN) depuis le mois de novembre dernier.  J’accueille également positivement la décision récente de Cuba d’accéder au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de ratifier le Traité de Tlatelolco.  D’autres signes encourageants ont été concrétisés par l’augmentation du nombre d’Etats participants au Registre des Nations Unies sur les armes classiques qui a atteint les 120 et à l’Instrument normalisé des dépenses militaires auquel ont participé 70 Etats. 


Pour ce qui est des petites armes, les Etats Membres ont assuré le suivi du Programme d’action de la Conférence sur leur commerce illicite de juillet 2001, y compris en respectant les embargos du Conseil de sécurité en Angola, en Sierra Leone et dans d’autres pays africains.  Le Département du désarmement cherche un soutien extrabudgétaire permettant l’établissement d’un Service consultatif sur les petites armes qui fournirait une aide à la mise en œuvre du Programme d’action.  Il semble maintenant que la question des petites armes est solidement inscrite à l’ordre du jour de la communauté internationale.  Il y a maintenant 129 Etats parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et 66 Etats parties au protocole II amendé à la Convention sur certaines armes classiques.


S’agissant de la réduction du risque de terrorisme impliquant des armes de destruction massive, le Secrétaire général a noté les 31 recommandations contenues dans le rapport du Groupe de travail sur les Nations Unies et le terrorisme.  Il y est notamment envisagé l’établissement d’un mécanisme au sein du Département des affaires de désarmement chargé de suivre les développements dans ce domaine.  Le Département est à la recherche de fonds du secteur privé.  En revanche, a ajouté le Secrétaire général adjoint, de nombreux traités permettant de lutter contre cette menace n’ont pas atteint un caractère universel comme c’est le cas de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, celle sur l’interdiction des armes chimiques et des 12 traités des Nations Unies contre le terrorisme.  S’agissant des garanties de sécurité, seuls 27 Etats ont mis en œuvre les protocoles facultatifs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Son directeur a relevé que davantage reste à accomplir pour améliorer la sécurité physique des matières nucléaires dans le monde et la sécurité nucléaire.  L’AIEA ne bénéficie pas de suffisamment de ressources pour accomplir ce mandat.


L’effondrement l’année dernière des négociations sur un protocole à la Convention sur les armes biologiques a infligé un revers aux programmes de désarmement, de non-prolifération et de lutte contre le terrorisme.  Le défi qui attend les délégations sera de faire en sorte que la Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques ne se soldera pas par un échec.


La reprise des inspections en Iraq constitue un autre défi.  Toutes les obligations de désarmement doivent être remplies.  Il est également positif que le Gouvernement iraquien ait accepté le retour des inspecteurs des Nations Unies, ce qui permettra de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies portant notamment sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il est par ailleurs encourageant de constater qu’un groupe d’experts gouvernementaux a atteint un consensus ayant mené à l’élaboration d’un rapport ce qui montre que l’Assemblée générale a inscrit la question des missiles à son ordre du jour.  Le fait qu’un groupe d’Etats négocie actuellement la mise en place d’un Code de conduite sur la question des missiles est encourageant.  Des efforts sont en cours pour parvenir à interdire la militarisation de l’espace qui doit être préservé de toute course aux armements comme nous l’avons fait avec l’Antarctique.  


Par ailleurs, la République démocratique de Corée continue à ne pas se conformer à ses obligations conformément aux accords de garanties de l’AIEA.  En Asie du Sud, nous avons assisté à des développements propres à nous rappeler la crise des missiles cubaine.  Il est également malheureux que le Traité de Pelindaba, qui compte 13 Etats Membres, ne soit pas encore entré en vigueur. 


M.Gustavo Alvin(Mexique); a déclaré que son pays, un an après les attentats du 11 septembre, reste fermement engagé dans la lutte internationale contre le terrorisme.  Mais pour autant il demeure primordial de s’attacher à éliminer complètement les armes nucléaires, une priorité de la politique étrangère du Mexique et un but que la communauté internationale poursuit depuis des décennies.

En diverses occasions, le Mexique a signalé l’absence d’efforts significatifs de la part des cinq pays détenteurs de l’arme atomique, leurs arsenaux étant à ce jour restés plus ou moins inchangés.  Le Mexique soutient la consolidation du statut de la Mongolie comme Etat exempt de l’arme nucléaire et encourage les efforts consentis par les cinq Etats d’Asie centrale pour conclure un traité sur l’élimination de ce type d’armes dans cette région.  Le Mexique salue également l’annonce par Cuba de son ralliement au Traité de non-prolifération des armes nucléaires et sa ratification du Traité de Tlatelolco.  Ces deux mesures donnent une impulsion à un renforcement du régime de non-prolifération.


Cependant, la communauté internationale ne doit pas se contenter de faire respecter les traités de non-prolifération pour achever le désarmement nucléaire. Le Mexique est pour que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de négociations, puisse mettre sur pied un comité ad hoc en charge du désarmement nucléaire.  En ce qui concerne les armes biologiques, le Mexique continue de croire que la meilleure manière de lutter contre elles serait de finaliser un protocole de vérification à la Convention existante.  Cette année marquant le dixième anniversaire du Registre des armes classiques des Nations Unies, le représentant s’est félicité du nombre croissant de membres qui ont volontairement fourni des informations sur leurs exportations et importations entre 1992 et  2001.  Cependant, cet instrument confidentiel a échoué à trouver des accords sur l’inclusion de mesures assurant la transparence dans le domaine des armes de destruction massive.  La Première Commission devra donc porter son attention sur ces questions de la transparence et de la vérification.


La deuxième Conférence d’examen des Etats parties à la Convention sur certaines armes classiques, a grandement contribué au droit international humanitaire.  Le Mexique suggère d’accorder au plus près les négociations sur le désarmement et celles portant sur l’aide humanitaire dans les régions troublées.

Selon les dernières estimations données par l’«Enquête sur les petites armes de 2002», le nombre de petites armes et d’armes légères dans le monde est aujourd’hui proche des 640 millions d’unités.  Cette excessive disponibilité est plus évidente encore dans les régions en conflit, ce qu’ont démontré les différentes missions de maintien de la paix des Nations unies, notamment celles déployées en Afrique.  Ces opérations comportent aujourd'hui des demandes de destruction de ces armes, cela afin de renforcer les processus de paix et de stabilité.  Il reste que le combat contre ces arsenaux doit être mené à la source, c’est-à-dire en concentrant l’effort contre les pays producteurs et importateurs de ces armes.


MME MARY WHELAN (Irlande) s’exprimant au nom de la Coalition pour un nouvel agenda comprenant le Brésil, l’Egypte, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et la Suède) a indiqué que les événements abominables s’étant produits l’année dernière n’ont fait que renforcer la nécessité de parvenir à une approche multilatérale.  Les engagements pris par les Etats parties, lors de la Conférence de révision du TNP avaient permis d’élaborer une feuille de route pour parvenir au désarmement nucléaire.  Alors que le processus préparatoire de la prochaine conférence d’examen du TNP est en cours, nous devons renforcer notre sécurité collective dans un esprit mutuel.  Nous accueillons avec satisfaction l’annonce faite par Cuba d’adhérer au TNP. 


Evoquant le contenu d’un projet de résolution élaboré par la Coalition pour un nouvel agenda, la représentante a appelé instamment les Etats à favoriser la création d’un comité ad hoc au sein de la Conférence du désarmement chargé du désarmement nucléaire.  Le texte lance également un appel aux Etats pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires entre en vigueur le plus tôt possible.  Il demande également aux trois Etats nucléaires qui ne sont pas parties au TNP d’y adhérer et de mettre en œuvre les modèles de garanties de l’AIEA.  Il s’agit également de relancer les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles, de prévenir une course aux armements dans l’espace et d’enjoindre les Etats à respecter pleinement les garanties de sécurité.  


Le développement d’une nouvelle génération d’armes nucléaires appuyé par une nouvelle rhétorique justifiant leur utilisation est une source de préoccupation.  Nous sommes également préoccupés par des tendances convergentes visant le développement  possible d’armes tactiques et d’armes classiques.  Notre groupe a fait part de la préoccupation que lui inspire la prolifération des armes tactiques dans un second projet de résolution qui contient un appel en faveur de la réduction de ce type d’armes et la réduction de leur statut opérationnel.


M. CHRISTOPHER  WESTDAL (Canada), a salué les initiatives récentes prises par le G-8 en matière de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes, l’objectif étant d’empêcher les terroristes et les pays qui les accueillent de se doter de ces arsenaux.  Le G-8 s’est également engagé sur le plan financier, en allouant 20 milliards de dollars sur les dix prochaines années consacrés à la destruction des armes chimiques, le démantèlement des sous-marins à propulsion nucléaire, l’élimination des matières fissiles et la réaffectation des anciens chercheurs du domaine des armes.  Le G-8 a aussi invité d’autres Etats à adopter les traités et instruments multilatéraux contre la prolifération et l’acquisition illicite d’armes de destruction massive.  Le Canada salue le Traité de Moscou sur la sécurité stratégique qui a donné lieu à un nouveau partenariat américano-russe sur la réduction des arsenaux nucléaires.


En ce qui concerne l’interdiction complète des essais nucléaires, le représentant du Canada a signalé la nécessité d’un financement continu du système international établi pour les dissuader et les détecter.  Il a appelé tous les Etats à signer et à ratifier le Traité proprement dit et a souligné l’importance capitale de maintenir le moratoire sur les essais.  Le Canada est en faveur d’un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il demande instamment à tous les Etats à signer et à mettre en œuvre les accords de garanties étendues et le Protocole additionnel de l’AIEA.


Dans les domaines des armes biologiques et à toxines, le représentant  a indiqué que son pays est en faveur d’une mise en œuvre de la Convention pertinente qui soit concertée et axée sur la coopération. En ce qui concerne les armes chimiques, il a estimé que les Etats parties à la Convention doivent faire en sorte que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques obtienne les ressources dont elle a besoin pour accomplir son travail surtout en matière de vérification et inspection.


Au sujet de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel et sur leur destruction, le Représentant a souhaité que tous les Etats y adhérent.  Nous voulons que l’attention et l’action restent axées sur les objectifs humanitaires fondamentaux de la Convention: le déminage, la destruction des stocks, la sensibilisation aux risques que présentent les mines et l’aide aux survivants, a t-il dit.  Enfin, il a appelé l’attention sur l’engagement indéfectible du Canada à l’égard de la prévention d’une course aux armements dans l’espace.


M. ERLING NIELSEN (Danemark) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés que le TNP demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération dans le monde et établit les bases pour poursuivre le désarmement nucléaire.  Le processus préparatoire de la Conférence d’examen du Traité en 2005 doit accorder une attention au désarmement et à la non-prolifération ainsi qu’à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Nous accueillons avec satisfaction le traité conclu entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie sur la réduction de leurs arsenaux nucléaires stratégiques, tout en soulignant que les concepts de transparence et d’irréversibilité sont importants.  Nous accueillons également positivement l’annonce faite par Cuba de son intention d’adhérer au TNP.   Il est également de la plus haute importance de parvenir à la mise en œuvre du CTBT/TICEN.  Les pays de l’Union soutiennent pleinement le fonctionnement du régime de vérification.


Des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles constituent une étape essentielle des efforts de non-prolifération et de désarmement.  Nous réitérons notre appel à la Conférence du désarmement pour qu’elle parvienne à cet objectif le plus tôt possible.  L’Union européenne a indiqué que la “proposition Amorim” contient des éléments de nature à susciter  un accord au sein de la Conférence.  Nous réitérons l’importance que nous attachons au suivi du processus l’élargissement de la composition de la Conférence.


Estimant que le système de garanties internationales de l’AIEA constitue un des piliers de la non-prolifération dans le monde, le représentant a regretté que 48 Etats parties au TNP n’ont pas passé des accords de garanties avec l’Agence.  Nous demandons donc instamment aux Etats de conclure et de mettre en œuvre de tels accords le plus rapidement possible.  La création de zones exemptes d’armes nucléaires, sur la base d’arrangements librement consentis entre les Etats de la région, est de nature à renforcer la paix régionale et mondiale ainsi que la sécurité.  Dans ce contexte, nous appelons les pays de la région d’Asie du Sud à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter une course aux armements.  Nous lançons à nouveau notre appel à l’Inde et au Pakistan pour qu’ils coopèrent avec la communauté internationale dans ses efforts de renforcement des régimes de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Nous leur demandons de mettre en œuvre la résolution 1172 du Conseil de sécurité. 


Nous sommes également préoccupés par le fait que la République populaire démocratique de Corée ne met pas en œuvre ses accords de garanties passés avec l’AIEA et déplorons le manque de résultats concrets sur la question de la vérification au cours de l’année passée.  Nous demandons instamment à ce pays de respecter ses accords de garanties et de signer et ratifier sans condition le CTBT.  Nous sommes également préoccupés par les exportations de missiles et de technologies missilières dans le pays même s’il a annoncé un moratorium sur les missiles.  Il est également préoccupant de constater que depuis trois ans et demie, l’AIEA n’a pas été en mesure d’accomplir son mandat en Iraq et notons avec intérêt l’intention annoncée par le pays d’accepter le retour des inspecteurs des Nations Unies.  Nous appelons instamment l’Iraq à permettre à la Commission de contrôle et de vérification des Nations Unies (COCOVINU) de mener à bien son mandat.


La prolifération des missiles balistiques est préoccupante et exige le développement de normes universelles.  Le code de conduite en cours d’élaboration constituera une première étape vers l’intégration de la question des missiles balistiques au régime de désarmement et de non-prolifération multilatéral.  Ce Code confirme les obligations auxquelles sont tenus les Etats ayant souscrits à la Déclaration des Nations Unies sur l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.  Nous avons apporté notre soutien à l’élaboration d’un code dès le début et souhaitons que les Nations Unies soient davantage impliquées. 


L’Union européenne a lancé des initiatives afin de parvenir à l’universalité de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Nous demandons aux Etats de parties de faire tout ce qui est leur pouvoir pour respecter les délais au-delà desquels leurs stocks d’armes chimiques doivent être détruits.  Nous sommes pleinement conscients du fait que la Fédération de Russie applique une version révisée d’un projet de plan de destruction de ses armes chimiques.  Nous souhaitons que tous les membres de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques soient tenus au courant de tout nouveau calendrier de destruction des stocks.  Par ailleurs l’interdiction totale des armes biologiques a pris de l’importance en raison de l’usage que peuvent en faire les terroristes.  Nous soutenons les mesures visant à renforcer ce texte.  Le représentant a également fait part du soutien de l’Union au Régime de contrôle des technologies missilières qui compte 33 Etats membres. 


Abordant la question des armes de petit calibre, le représentant a regretté que le Programme d’action adopté à l’issue de la Conférence sur le trafic illicite des armes légères ne soit pas plus fort.  Il a indiqué que le Programme d’action de l’Union européenne constitue son cadre d’action dans ce domaine.  Son champ d’action a été élargi en juillet dernier pour y inclure les munitions.  La responsabilité des transferts d’armes est une question cruciale.  Le Code de conduite sur les exportations d’armes approuvé par l’Union en 1998 fournit les procédures à suivre en matière de transfert d’armes.  Le représentant a fait part de son soutien au Registre des armes classiques des Nations Unies  ainsi qu’a son élargissement.  L’Union européenne est fermement engagée en faveur de l’élimination des mines antipersonnel et elle travaille au renforcement de la coordination et coopération internationale en matière de programmes humanitaires.  Nous nous sommes engagés à fournir 240 millions d’Euros à la lutte contre les mines pour la période 2002-2009.


M. Oswaldo De Rivero(Pérou) est revenu sur les attentats du 11 septembre dernier, soulignant les nouvelles menaces et les dangers qu’elles font à présent peser sur la sécurité internationale.  Afin de s’adapter à ces risques, le Pérou suggère de modifier la donne stratégique.  Des initiatives prises à l’échelle régionale et internationale contribueraient à répondre aux risques tout en réduisant les dépenses militaires.  S’exprimant à propos de l’Amérique latine, le représentant a défendu le projet lancé par le Pérou de création d’une zone de paix dans les Andes.  Il a, à ce titre, rappelé que la Bolivie, l’Equateur, la Colombie, le Pérou et le Venezuela ont adopté, le 17 juillet 2002, le Compromis de Lima qui consacre la Charte pour la Paix et la Sécurité dans les Andes et il a souhaité que les cinq pays travaillent ensemble dans le domaine de la limitation et le contrôle des dépenses militaires.


La création d’une zone de paix et de coopération en Amérique du Sud, avalisée le 27 juillet par les Présidents des 12 pays du sous-continent sud-américain, est une autre de ces avancées que la cinquante-septième Assemblée générale des Nations Unies devra promouvoir auprès d’autres pays désireux d’atteindre les objectifs fixés en matière de désarmement, de sécurité et de développement. La proposition émise par le Pérou de réduire les dépenses, avec pour but de consacrer les fonds ainsi épargnés à la lutte contre la pauvreté et au développement, a, de son côté, été approuvée par l’Organisation des Etats américains.  Le représentant a conclu son intervention en indiquant qu’une réunion d’experts sur l’interdiction des missiles en Amérique latine allait bientôt se tenir à Lima.


M. HASMY AGAM (Malaisie) a fait part de la préoccupation que lui inspire le peu de progrès réalisés au cours de l’année écoulée en matière de désarmement nucléaire.  Des milliers d’armes continuent de s’entasser dans les arsenaux des puissances nucléaires tant que les négociations sur le désarmement nucléaire sont négligeables.  Malgré la fin de la guerre froide, la menace nucléaire n’a pas disparue.  En fait, dans certaines situations et compte tenu de l’émergence de doctrines sécuritaires, le risque de confrontation à l’arme nucléaire a augmenté.  


Le représentant a regretté que la première réunion préparatoire de la Conférence de révision du TNP se soit tenue dans un contexte ayant vu l’émergence d’une nouvelle stratégie nucléaire de la part d’une grande puissance, ce qui a été perçu comme un rejet clair des 13 mesures convenues pour parvenir au désarmement nucléaire.  Nous appelons les Etats parties au TNP de ne pas revenir sur les engagements pris en 2000.  Nous accueillons favorablement la décision de Cuba d’y accéder.  Nous appelons par ailleurs les 13 Etats figurant sur la liste des 44 Etats dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur du CTBT, de déposer leurs instruments à cet effet.  Le représentant a en outre fait part de sa déception quant à l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement.


L’année passée a été le témoin de défis importants dans le domaine de la diplomatie multilatérale en matière de désarmement.  Le Traité de Moscou a été signé entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie à la suite de l’abrogation du Traité ABM qu’il ne saura remplacer.  En effet, le Traité de Moscou ne contient pas de clause garantissant l’irréversibilité des réductions et leur vérification.  Nous sommes également atterrés par la suspension des travaux de la Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques. 


Le représentant a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires contribue à libérer le monde de la menace de l’arme nucléaire et à promouvoir la stabilité régionale.  Ayant travaillé inlassablement avec nos partenaires de l’ANASE à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est, nous attendons positivement la tenue de négociations avec les mêmes partenaires au cours de l’année 2003 en vue de pousser les Etats nucléaires à accéder au protocole facultatif à cette zone.



Mme DEBORAH PANCKHURST (Nouvelle-Zélande)est intervenue sur la nécessité de réactiver le multilatéralisme, cela un an après les attentats du 11 septembre. Se référant au Ministre des affaires étrangères néo-zélandais, M. Hon Phil Goff, la représentante a insisté pour que les problèmes d’aujourd’hui soient traités collectivement.  C’est dans ce sens que la Nouvelle-Zélande conduit sa politique de désarmement, c’est-à-dire en travaillant de concert avec ses partenaires de la Coalition de l’ordre du jour.


La Coalition proposera cette année deux projets de résolution.  Le premier, intitulé «Vers un monde exempt d’armes nucléaires: la nécessité d’un ordre du jour», traite des étapes nécessaires pour faire face aux menaces constituées par la prolifération des armes nucléaires.  L’application de ce texte devrait permettre de démontrer la pertinence et l’efficacité de la Première Commission.  Le second, élaboré par l’ambassadeur d’Irlande au nom de la Coalition de l’ordre du jour, portera sur la réduction des armes nucléaires non stratégiques.  Le risque posé par cet arsenal est peut-être plus grand encore que celui posé par les armes stratégiques, du fait notamment des risques d’accident en situation de guerre où les erreurs de communication peuvent survenir.


Le représentant s’est ensuite élevé contre le non-respect du Traité CTBT/TICEN.  La non-prolifération et le désarmement en général gagneraient en crédibilité si les tests étaient effectivement interdits, a-t-il ajouté, regrettant que le TCEN ne soit toujours pas entré en vigueur.  Le représentant a rappelé que la Nouvelle-Zélande s’était déclarée en 1987 zone exempte d’armes nucléaires, et c’est à ce titre qu’elle soutient l’idée du Brésil de joindre cette initiative pour créer à son tour une zone Hémisphère Sud exempte d’armes nucléaires.  Sur la question des petites armes et des armes légères, la représentante a tenu à renouveler son soutien au Programme d’Action adopté dans le cadre des Nations Unies


M. RAMEZ GOUSSOUS (Jordanie) a fait état des progrès réalisés et revers infligés en matière de désarmement et de non–prolifération dans le monde.  Il a indiqué que son pays a toujours favorisé un réglement pacifique du conflit au Moyen-Orient qui doit passer par des mesures de renforcement de la confiance entre les parties.  Il a rappelé qu’Israël est le seul Etat de la région à n’avoir pas ratifié le TNP et à n’avoir pas placé ses installations nucléaires sous le régime de contrôle de l’AIEA.  Il a rappelé que depuis 1974, l’Assemblée générale a lancé des appels en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  La résolution sur le Moyen-Orient adoptée en 1995 et le Document final adopté en 2000 appellent les Etats de la région à prendre les mesures pratiques permettant de réaliser cet objectif.  Pour ce qui est du CTBT, nous sommes encouragés de constater que 165 Etats ont signé ce traité, 93 l’ont ratifié.  Nous appelons les Etats qui ne l’ont pas fait, en particulier ceux dont la ratification est nécessaire à son entrée en vigueur, à le faire.  Le représentant a regretté l’échec de la Conférence du désarmement à lancer des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.


Droit de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que son pays déploie tous les efforts en faveur du désarmement nucléaire et de l’élimination de la menace nucléaire.  La péninsule coréenne doit être exempte d’armes nucléaires.  La question de la mise en oeuvre de l’accord de garantie avec l’AIEA sera réglée lorsque les relations hostiles entre mon pays et les Etats-Unis cèderont la place à des échanges plus positifs.  Les éléments de base de l’Accord-cadre conclu en octobre 1994 prévoient la fourniture de réacteurs à mon pays  qui s’est acquitté pleinement de ses obligations.  Toutefois, les Etats Unis ne respectent pas le calendrier de construction de ce réacteur à eau froide.  Les engagements des deux parties prévus dans cet Accord devraient être appliqués en vertu du principe des initiatives simultanées.


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