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AG/COL/199

LE COMITE DES 24 PRIE INSTAMMENT LE GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS DE FAIRE CESSER IMMÉDIATEMENT LES OPÉRATIONS ET MANOEUVRES DE SES FORCES ARMEES SUR L’ILE DE VIEQUES

10/06/2002
Communiqué de presse
AG/COL/199


Comité spécial chargé d’étudier

la situation en ce qui concerne

l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance

aux pays et aux peuples coloniaux

5ème et 6ème séances – matin et après-midi


LE COMITE DES 24 PRIE INSTAMMENT LE GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS DE FAIRE CESSER IMMÉDIATEMENT LES OPÉRATIONS ET MANOEUVRES DE SES FORCES ARMEES SUR L’ILE DE VIEQUES


Il le prie également de restituer le terrain occupé

au peuple portoricain et de dépolluer les zones touchées


Regrettant que les Etats-Unis aient repris leurs manoeuvres militaires et leurs bombardements sur l’île habitée de Vieques et aient recommencé à emprisonner des centaines de manifestants pacifiques et imposé de nouvelles restrictions à la population civile, le Comité des 24 a adopté aujourd’hui sans vote un projet de résolution par lequel il prie instamment le Gouvernement des Etats-Unis de faire cesser immédiatement les opérations et manoeuvres de ses forces armées sur l’île de Vieques, de restituer le terrain occupé au peuple portoricain et de dépolluer les zones touchées.  Ce texte, présenté par la délégation de Cuba et intitulé «Décision du Comité spécial en date du 21 juillet 2001 concernant Porto Rico»*, demande au Président des Etats-Unis d’Amérique de libérer tous les prisonniers politiques portoricains purgeant des peines dans des prisons américaines dans le cadre d’affaires liées à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico.  Le Comité des 24 prie en outre l’Administration américaine de cesser de persécuter, d’incarcérer, d’arrêter et de maltraiter les manifestants pacifiques.


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux - Comité des 24 -, a par ailleurs réaffirmé le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, et réaffirmé que le peuple portoricain est une nation d'Amérique latine et des Caraïbes dotée manifestement de sa propre identité nationale.  A cet égard, le Comité spécial demande au Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe et de mener rapidement à bien un processus permettant au peuple portoricain d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.


Avant l’adoption de cette résolution, M. Fernando Martin-Garcia, Sénateur et Président du Parti de l’indépendance de Porto Rico, avait exigé, à l’instar d’une vingtaine de pétitionnaires qui se sont exprimés aujourd’hui, le départ sans délai de la Marine américaine de l’île de Vieques et l’autodétermination de Porto Rico.  Faisant référence au référendum organisé à Vieques en juillet 2001 au cours duquel la population s’est prononcée à près de 70% pour le retrait immédiat de la Marine américaine, le Sénateur a souhaité que Porto Rico obtienne la même reconnaissance internationale que le Timor oriental dans sa lutte pour l’autodétermination.  En revanche, d’autres pétitionnaires comme Mme Nilda Luz Rexach, au nom du National Advancement for Puerto Rican Culture, ont estimé que la situation à Vieques était une manipulation des indépendantistes et ont plaidé pour un maintien des troupes américaines au-delà de 2003 et pour l’admission par le Congrès des Etats-Unis du territoire autonome de Porto Rico comme son 51ème état fédéré.


Le Comité avait examiné auparavant les demandes d'audition relatives aux questions de Guam et des îles Falkland (Malvinas). 


La prochaine réunion du Comité des 24 aura lieu à une date qui sera annoncée dans le Journal.


* Le texte de ce projet de résolution est publié dans le document A/AC.109/2002/L.8.


QUESTION DE PORTO RICO


Rapport sur la décision concernant Porto Rico en date du 22 juin 2001 (A/AC.109/2002/L.4)


Ce rapport présenté par M. Fayssal Mekdad (République arabe syrienne), Rapporteur du Comité spécial, dresse un bilan de l’évolution politique récente dans le territoire, des mesures prises par les organismes des Nations Unies concernant Porto Rico, ainsi que des points de vues des parties en cause.  A ce titre, le rapport rappelle que Porto Rico a connu le 7 novembre 2000 des élections générales pour les postes de gouverneur, de délégué au Congrès des Etats-Unis et de membres du Sénat et de la Chambre des représentants locaux ainsi que pour pourvoir divers postes au sein des administrations municipales et locales.  Elles ont vu la victoire du Partido Popular Democratico qui a pris le contrôle des deux chambres parlementaires et conduit à la désignation de Mme Sila María Calderon au poste de Gouverneur.  Cependant, depuis ces élections, les initiatives visant à résoudre définitivement la question du statut politique de l’île ont marqué le pas, souligne le Rapporteur et, ce, malgré la création en juin 2000 par le Président Clinton d’un mécanisme de dialogue officiel avec Porto Rico.  Le rapport précise qu’au lendemain des événements survenus le 11 septembre 2001 sur le continent américain, la question du statut politique de Porto Rico est repassée au second plan bien que le nouveau Gouverneur, Mme Calderon, ait annoncé la mise en place, en juillet 2002 à l’occasion du cinquantenaire de l’accession de Porto Rico au statut d’Etat libre associé, d’une commission d’unité et de consensus.  S’agissant de la situation militaire, le rapport fait état de la situation concernant la présence de forces armées américaines sur l’île qui est considérée comme vitale pour les opérations de l’armée américaine.  Cette présence a également, selon le Rapporteur, de vastes ramifications en ce qui concerne l’autodétermination économique et politique de Porto Rico. 


Le rapport souligne ensuite que le 12 juin 2001, le corps législatif de Porto Rico a approuvé la tenue d’un référendum à Vieques qui proposerait une troisième option concernant le maintien de la présence de la Marine américaine sur l’île.  Le «Partido Popular Democratico» (PPD) et le Partido Independendista Puertorriqueno (PIP) ont approuvé ce référendum rejeté par le Partido Nuevo Progresista favorable à ce que Porto Rico devienne un Etat de l’Union.  Il ajoute que le 29 juillet 2001 un référendum à caractère non obligatoire a été organisé à Vieques au cours duquel les opposants à la présence de la Marine américaine ont obtenu 68% des voix et dont les résultats ont été transmis par le Gouverneur Calderon à la Maison Blanche qui a réaffirmé que le retrait de la Marine de Vieques aurait lieu en mai 2003.  Le rapport énonce ensuite les mesures prises antérieurement par les Nations Unies concernant Porto Rico, notamment par le Comité spécial et par l’Assemblée générale.  Il comprend également un aperçu des vues des parties intéressées, à savoir les Etats-Unis et Porto Rico portant notamment sur la question de Vieques et sur celle des prisonniers politiques. 


Audition de pétitionnaires


M. JAIME RUBERTE, au nom de l’ordre des avocats de Porto Rico, a fait remarquer que la peine de mort pouvait être appliquée à Porto Rico en vertu de la loi fédérale alors qu’elle est interdite par la Constitution de Porto Rico.  C’est humiliant, a-t-il ajouté, car nous ne pouvons pas vivre sur notre territoire selon nos propres principes.  Concernant l’île de Vieques, l’immense majorité des habitants ont demandé, par voie de référendum, l’arrêt des bombardements et le départ de la Marine. M. Ruberte a rappelé qu’il y a actuellement plusieurs personnes incarcérées, dont un avocat.  Des abus ont aussi été commis par le Gouvernement américain dans le cadre de la répression des manifestants sur l’île de Vieques.  Il a ajouté que les personnes détenues le sont souvent dans de très mauvaises conditions.  Il a fait remarquer qu’il faudrait commencer à utiliser le terme d’Assemblée constitutionnelle au lieu de l’Assemblée constituante, comme c’était l’usage.  Il a enfin indiqué qu’il appuie l’adoption du projet de résolution présenté aujourd’hui.


M. JORGE FARINACCI GARCIA, pétitionnaire du Frente Socialista, a demandé l’indépendance immédiate de Porto Rico et condamné l’attitude des Etats-Unis qui maintiennent un régime de caractère colonial à Porto Rico.  Il a dénoncé notamment les manoeuvres de la Marine américaine sur l’île de Vieques qui menace l’environnement et porte atteinte à la souveraineté de Porto Rico.  Il a fait état de l’augmentation des actions de résistance du peuple face aux abus de la Marine, faisant notamment remarquer que 1 200 personnes ont été  accusées de délits par la justice fédérale américaine pour avoir protesté contre la répression et l’intimidation des Etats-Unis.  M. Farinacci Garcia a aussi dénoncé les mauvais traitements et l’exploitation infligés par les Etats-Unis depuis plus d’un siècle et condamné le fait que ce pays impose la peine de mort sur l’île au mépris de la Constitution de Porto-Rico.  Onze peines de mort ont été prononcées par les juges fédéraux américains qui ont estimé que la loi fédérale l’emporte sur la Constitution de Porto Rico, a-t-il indiqué.  Le pétitionnaire a estimé que, par le chômage, la criminalité, le trafic de drogues et la corruption, les Etats-Unis maintiennent leur présence coloniale; c’est pourquoi, il a demandé le retrait immédiat de la présence militaire, politique et économique des Etats-Unis et la libération de tous les prisonniers politiques. 


M. CARLOS VIZCARRONDO-IRIZARRY, au nom de la Chambre des représentants de Porto Rico, a rappelé que le 27 juillet prochain verra le 50ème anniversaire de la Constitution de Porto Rico et a invité le Comité spécial à réaffirmer le droit au libre choix du peuple portoricain dans le cadre des valeurs démocratiques.  Nous voulons que soit respecté le droit de notre pays à la pleine souveraineté, confirmé par l’Assemblée générale, a-t-il rassemblé.  Le Gouvernement actuel de Porto Rico convoquera la tenue d’une commission pour évaluer les mécanismes nous permettant d’exercer notre droit à l’autodétermination, ainsi que la possibilité de convoquer une assemblée constitutionnelle.  Par ailleurs, réaffirmant ses convictions autonomistes, il a souhaité rappeler la résolution 1541 (XV)du  de l’Assemblée générale qui précise les options principales en matière d’autodétermination.  L’île de Vieques demande que soit respectée sa paix, sa santé et sa prospérité ainsi que l’a démontré le résultat du dernier référendum.  Le Commandant en chef de la flotte Atlantique a dit qu’il existait d’autres options pour la Marine américaine, et c’est pourquoi, il faut mettre un terme aux exercices militaires..


M. MANUEL GONZALEZ, pétitionnaire du Parti nationaliste de Porto Rico, a dénoncé la présence criminelle des Etats-Unis à Porto Rico qui refusent depuis 104 ans le droit à l’autodétermination du peuple portoricain.  Il a rappelé qu’en 1950, les Etats-Unis avaient trompé la communauté internationale et le peuple portoricain en créant la notion d’Etat libre associé, mais estimé que cet Etat n’avait rien de libre et rien d’associé.  Il a dénoncé les gens qui sont prêts à se vendre pour légitimer la puissance américaine avant de garantir que le mouvement indépendantiste parviendra à ses fins.  Il a ironisé sur les Etats-Unis qui se prétendent «défenseurs de la démocratie» et luttent depuis des décennies contre Cuba, veulent étrangler la révolution bolivarienne au Venezuela ou tentent de priver le peuple palestinien d’un Etat.  Le pétitionnaire a estimé que la défense du colonialisme par certains Portoricains relève d’une pathologie résultant précisément du colonialisme et a remercié Cuba et le Venezuela qui aident Porto Rico à revendiquer son droit à l’autodétermination. 


M. LUIS BARRIOS, au nom de l’Eglise San Romero de las Americas a souhaité rappeler le péché politique que les Etats-Unis continuent de commettre; il s’agit d’un acte de terrorisme politique qui cherche à détruire notre culture et notre langue.  Le Gouvernement des Etats-Unis a lancé après le 11 septembre une campagne contre le terrorisme, cela montre son hypocrisie tout en prêchant pour un monde meilleur car il détermine de façon arbitraire que certains sont terroristes.  Ils nous ont envahis, ont considéré Porto Rico comme un «butin de guerre» et n’ont pas été invités, a-t-il fait observer.  C’est du terrorisme politique, a-t-il répété.  Nous voulons une démocratie représentative et voulons mettre un terme au carnaval qui fait office d’élections.  Le pétitionnaire a demandé que l’on dise que Porto Rico reste une colonie des Etats-Unis, que le Gouvernement des Etats-Unis pèche par colonialisme et par terrorisme politique et demande que soient libérés les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre.  Il a souhaité, du fait de leur responsabilité dans la situation de Porto Rico, notamment la situation économique, que les Etats-Unis mettent en place un processus de redressement.


M. FERNANDO MARTIN-GARCIA, Président du Parti de l’indépendance de Porto Rico et sénateur, a demandé le retrait immédiat de la Marine américaine de Vieques et l’indépendance de Porto Rico.  Il a protesté contre ceux qui estiment que les résolutions du Comité des 24 sont sans portée et a donné l’exemple de l’indépendance du Timor oriental qui semblait impossible il y a quelques temps.  Il a souligné l’importance, dans ce processus, de la reconnaissance internationale du droit à l’autodétermination du Timor oriental et a souhaité qu’il en soit de même pour Porto Rico.  Il a mentionné ensuite le référendum organisé à Vieques au cours de l’été 2001 qui a résulté par un vote massif de près de 70% en faveur du départ de la Marine américaine.  Il a regretté que les Etats-Unis n’aient pas tenu compte de cette résolution.  Par ailleurs, M. Martin-Garcia a annoncé la création d’une assemblée constituante à Porto Rico qui a pour objectif de soumettre un projet de constitution au Congrès et au Sénat américain, afin de préciser les modalités de décolonisation de Porto Rico. 


M. ISMAEL GUADALUPE, au nom du Comité en faveur du sauvetage et du développement de Vieques, a rappelé qu’il a été emprisonné pour avoir mis le pied sur l’île de son enfance qui est actuellement un dépôt de munitions, un champ de tir.  Concernant les nouveaux cas de violation des droits de l’homme, il a rappelé qu’alors que les deux tiers des électeurs ont voté en faveur du retrait de la Marine de Vieques, les emprisonnements ont augmenté.  En 2002, des soldats ivres ont causé la mort de deux personnes et blessé quatre autres.  Le Gouvernement de Porto Rico n’a pas porté d’accusation contre les soldats responsables.  Il y a eu 7 décès de cancer en un week-end dus à la pollution.  Le pétitionnaire a jugé nécessaire de faire pression sur le Gouvernement des Etats-Unis pour que soit indemnisé Vieques et a rappelé qu’il existe aussi une répression économique de la part de la Marine sur l’uranium.  Il a demandé la démilitarisation, la restitution des terres, la dépollution, et une indemnisation économique.  Si même les Présidents Clinton et Bush ont reconnu le préjudice causé, a-t-il fait remarquer, comment peuvent-ils justifier que la Marine ne bouge pas?  Le Comité doit demander que les Etats-Unis respectent, entre autres, leur obligation de dépolluer.  Le retrait de la Marine n’est pas suffisant, nous avons droit à au moins à 60 années de réparation pour les 60 ans de violation de nos droits.


M. EDWIN PAGAN, pétitionnaire de Pro Libertad Freedom Campaign, a dénoncé le fait que les Etats-Unis ne se soumettent pas aux résolutions adoptées par le Comité des 24 et l’Assemblée générale et a estimé que le peuple portoricain est toujours colonisé.  Il a condamné les actions menées par les Etats-Unis et, en particulier, le nombre de prisonniers politiques jugés pour leurs manifestations contre la présence de la Marine américaine à Vieques.  Il a estimé que les Etats-Unis devaient être indexés pour refuser de se soumettre aux obligations des puissances administrantes résultant de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Après les attaques du 11 septembre, les Etats-Unis ont transformé leur stratégie militaire et il apparaît clairement, selon M. Pagan, que les plages de Vieques ne sont pas d’une grande utilité pour les entraînements de la Marine américaine qui intervient aujourd’hui dans des zones enclavées.  C’est pourquoi, il a invité le Comité des 24 à redoubler d’efforts pour aider le peuple portoricain à obtenir l’indépendance. 


M JUAN MARI BRAS, au nom de Causa Commun Independentista, a souligné le dialogue de sourds entre le Gouvernement des Etats-Unis et le Comité spécial.  Il faudrait, a-t-il ajouté, une opinion consultative d’autres instances comme la Cour internationale de Justice.  Il a demandé que l’on surmonte ce dialogue de sourds.  Il a fait remarquer que la vieille stratégie impérialiste «diviser pour vaincre» commence à s’effondrer car il y a de plus en plus de tendances diverses à Porto Rico, convaincues de la nécessité d’un mécanisme de consensus avec une stratégie de la convergence qui s’illustre par le biais de la revendication concernant la paix à Vieques, l’accélération des préparatifs de la convocation d’une Assemblée souveraine et les efforts pour ancrer les liens entre Porto Rico et ses voisins de la région des Caraïbes.  M. Mari Bras a souhaité que l’on mette sur pied une confédération antillaise.


Mme BETTY BRASSEL, pétitionnaire de United for Vieques Porto Rico Inc., a expliqué en tant que citoyenne américaine que l’objectif du mouvement qu’elle représente est non partisan et entend uniquement sensibiliser l’opinion sur les dangers posés par les manoeuvres militaires américaines à Vieques.  Elle a expliqué qu’en avril 2000, elle avait participé à des manifestations de désobéissance civile aux côtés des habitants de Vieques et a assuré avoir eu du mal à croire aux récits des habitants et qu’il lui avait fallu témoigner de la répression et des atrocités de la Marine américaine.  Elle a expliqué avoir visité

notamment des dépôts d’explosifs et de bombes dangereuses sur l’île de Vieques.  Les bombardements de la Marine américaine constituent non seulement une violation des droits de l’homme mais également polluent l’environnement à l’échelle de Vieques, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi fait état d’enquêtes sanitaires qui ont prouvé que les bombardements de la Marine américaine ont des conséquences sur la santé des habitants de Vieques. 


M. JULIO MURIENTE, au nom du Nouveau mouvement indépendantiste de Porto Rico, a salué le peuple et le Gouvernement du Timor oriental qui ont héroïquement accédé à leur indépendance et a remercié, à cet égard, le Comité des 24.  Le principal obstacle auquel est confronté le peuple portoricain est l’absence de volonté du Gouvernement des Etats-Unis d’assumer ses responsabilités.  Pire encore, celui-ci refuse de reconnaître que le problème de Porto Rico est de nature coloniale.  Il a rappelé que le maire de Vieques a été condamné à quatre mois d’incarcération.  Nous ferons tout, a-t-il rappelé, pour que les promesses du Président Bush concernant le retrait de la Marine américaine de l’île se réalisent.  Le pétitionnaire a demandé dans quelle mesure les défenseurs de l’Etat libre associé sont disposés à laisser le peuple portoricain à décider lui seul de son avenir.  Il a indiqué qu’Amnesty international a dénoncé les actes de violence commis par la Marine de Guerre contre ceux qui pratiquent la désobéissance civile sur l’île.  Il a réclamé la libération des prisonniers politiques portoricains.  Porto Rico est la colonie la plus importante de la planète, a-t-il fait remarquer.


M. HECTOR L. PESQUERA, au nom du Congreso Nacional Hostosiano, a déclaré que depuis la dernière résolution adoptée par le Comité des 24 en juin 2001, les violations des droits de l’homme se poursuivent à Porto Rico et à Vieques où la puissance coloniale américaine a emprisonné des dizaines de militants en faveur de l’autodétermination.  Il a dénoncé la destruction de l’environnement à Vieques par la Marine américaine qui utilise notamment des substances nocives et radioactives dans les opérations de captage des communications.  Il a condamné le fait que le Gouvernement de Porto Rico soit forcé de dépolluer des espaces qui ont été contaminés par les bombardements de la Marine américaine et les opérations diverses.  Il s’est élevé également contre la volonté du Gouvernement fédéral américain d’imposer la peine de mort à Porto Rico.  Il a demandé que les Nations Unies reconnaissent que la Constitution de Porto Rico ne peut être révisée que par un vote du peuple portoricain et a demandé au Comité des 24 de se rendre à Vieques et à Porto Rico pour prendre conscience de l’ampleur des dégâts.  Il a rejeté l’annexion de Porto Rico aux Etats-Unis et souhaité que le Comité des 24 rappelle à la Puissance administrante les normes de droit international applicables aux territoires non autonomes. 


M. FRANK VELGARA, au nom de la Campagne d’appui à Vieques, a estimé que la poursuite des bombardements par la Marine américaine sur l’île de Vieques constitue l’un des exemples les plus flagrants du contrôle colonial des Etats-Unis sur Porto Rico.  La population de l’île qui souffre toujours du cancer, d’empoisonnement au mercure, de l’eau contaminée, continue de vivre dans un piège mortel.  Le peuple de Vieques, a-t-il rappelé, s’est exprimé par voie de référendum il y a un an et a demandé que la Marine évacue l’île, mais les résultats n’ont pas été entendus par Washington.  Il a rappelé que la diaspora portoricaine souffre de racisme et de discrimination, ce qui caractérise toute attitude colonialiste.   Le coeur de la question de Vieques est la colonisation de Porto Rico et il a  demandé la décolonisation de Porto Rico.  La Marine américaine doit se retirer de Porto Rico, a-t-il conclu.

M. WILFREDO SANTIAGO VALIENTE, au nom de United Statehooders Organization of New York, Inc., a déclaré que, pour lui, la notion d’autodétermination, conformément à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, ne suppose pas l’indépendance.  Il a invité le Comité des 24 à soutenir un processus de décolonisation qui aboutisse, à terme, à une autonomie au sein des Etats-Unis.  Faisant un rappel historique, M. Santiago Valiente a jugé que l’intégration de Porto Rico aux Etats-Unis est une perspective qui satisfait la grande majorité de la population portoricaine.


Mme ELSIE VALDES, au nom des Puertoriquenos ante la ONU, Inc., a rappelé que Porto Rico est un territoire qui n’est pas placé sous la juridiction du Congrès des Etats-Unis et qu’il n’existe pas de pacte entre Porto Rico et les Etats-Unis.  Le Congrès peut annuler ou modifier les lois de Porto Rico.  La pétitionnaire a réaffirmé que Porto Rico est une colonie.  Nous croyons en la citoyenneté américaine et il faut respecter la clause territoriale.  Elle a par ailleurs estimé qu’il faut permettre à un peuple de choisir son destin tout en remarquant que le mouvement pour l’indépendance n’a réussi que partiellement à Porto Rico.  La situation coloniale actuelle empêche les Portoricains de jouir des mêmes droits que les autres citoyens des Etats-Unis, a-t-elle conclu et elle a réaffirmé sa solidarité avec le principe d’autodétermination. 


Mme HAYDEE RIVERA, au nom de Puertoriquenos Pro Estadidad, Inc., a défendu l’annexion de Porto Rico en tant qu’Etat fédéré des Etats-Unis.  Elle a rappelé les dispositions de l’article 2 de la Constitution des Etats-Unis qui ont permis, par le passé, au Congrès américain de définir les modalités selon lesquelles seraient administrées des entités comme Porto Rico.  Cependant, elle a regretté que l’absence de leadership qui empêche Porto Rico de disposer jusqu’à ce jour d’un Gouvernement autonome.  Elle a également regretté que, 50 ans après l’adoption de la Constitution de Porto Rico, qui retirait ce territoire de la liste des territoires coloniaux, aucun progrès n’a été réalisé notamment en ce qui concerne l’exercice de l’autonomie.  La souveraineté doit être définie par le peuple de Porto Rico, a-t-elle ajouté, et elle a souhaité que le peuple puisse être mis en position de choisir une des solutions.  Elle a indiqué que 95% de la population de Porto Rico seraient en faveur d’une forme d’union avec les Etats-Unis afin, notamment de pouvoir bénéficier de la stabilité monétaire et fiscale.


M. LUIS VEGA RAMOS, au nom de PROELA, a rappelé que son organisation civique était en faveur de l’autodétermination.  Il a rappelé que les Etats-Unis s’étaient engagés à répondre aux demandes des Portoricains qui voulaient jouir de plus de droits politiques et a estimé qu’ils n’ont pas tenu leurs promesses.  M. Vega Ramos a réclamé le droit à l’autodétermination et à une évolution vers une réelle association politique.  Les autorités fédérales américaines ne reconnaissent pas le droit à la sécession.  Il s’est dit d’accord avec la création d’une assemblée constituante.  Il a attiré l’attention du Comité spécial sur la revendication de paix et de justice de la population de Vieques.  Il a répété que la cessation des manoeuvres et la restitution des terres doivent commencer immédiatement.  La participation de l’ONU est très importante pour inciter les Etats-Unis à s’acquitter de leurs engagements en faveur de la démocratie.


M. NELSON W.CANALS, au nom de Gran Oriente Nacional de Puerto Rico, a indiqué que la maçonnerie patriotique de Porto Rico est à l’avant-garde dans la lutte de Porto Rico dans sa lutte pour son droit inaliénable à la souveraineté.  Il y a encore des Portoricains qui sont incarcérés dans les prisons américaines à Porto Rico pour des raisons politiques, a-t-il fait remarquer, indiquant que deux membres de son organisation ont été emprisonnés.  Aux yeux des magistrats américains, les habitants de Vieques semblent moins importants que les oiseaux migrateurs, a-t-il fait observer en rappelant l’interdiction faite à la Marine américaine de se livrer à certains bombardements pour protéger ces oiseaux alors que les habitants de Vieques continuent de souffrir.  La maçonnerie patriotique portoricaine dénonce cette agression de l’Etat colonial et a rappelé la situation de la peine de mort.  Nous voulons vivre en harmonie avec les principes maçonniques de liberté, fraternité et égalité, a-t-il conclu.


Mme ANITA VELEZ MITCHELL, au nom de Primavera, Inc., a expliqué qu’en tant qu’artiste et écrivain originaire de Vieques, elle ne peut qu’approuver la décision de retirer la base navale américaine de cette île en 2003 même si c’est encore loin.  Elle a dénoncé le traitement des Portoricains par les Etats-Unis, précisant entre autres que 800 ressortissants de Porto Rico avaient péri dans les attaques du 11 septembre 2001.  Si Porto Rico devenait enfin libre, a-t-elle dit, il faudrait récupérer les îles de Saint-Thomas et Saint-Johns notamment et rétablir l’espagnol comme langue nationale car elle est un des ciments de notre identité et de notre dignité.


M JOSE ADAMES, au nom de Al Frente, a rappelé que les Etats-Unis ont une histoire fortement marquée par la discrimination renforcée par l’influence décisive du pouvoir de l’argent.  Qu’on le veuille ou non, Porto Rico est un Etat des Etats-Unis d’Amérique et une victime de la discrimination.  Il a estimé que les mandats constitutionnels et la loi écrite restent lettre morte à Porto Rico.  Tous les citoyens de Porto Rico se sont vus imposer la citoyenneté américaine avant que d’autres Etats ne rejoignent l’Union.  Il a fait remarquer que Porto Rico a davantage de citoyens américains, davantage de soldats morts dans les guerres que d’autres Etats.  La déclaration d’un Etat ne causera aucun dommage politique pour le Gouvernement des Etats Unis.


Mme NILDA LUZ REXACH, au nom du National Advancement for Puerto Rican Culture, a estimé que le statut politique actuel de Porto Rico est un vestige colonial dans la mesure où trois millions de citoyens portoricains n’ont pas les mêmes droits que les autres Américains.  Elle a dénoncé l’absence de représentants de Porto Rico au Congrès américain alors même que, selon elle, Porto Rico n’est pas un Etat libre mais bel et bien le 51ème Etat des Etats-Unis.  A ses yeux, la seule solution pour Porto Rico est que le Congrès américain définisse clairement le lien existant entre l’Etat fédéral et Porto Rico.  La pétitionnaire a estimé que la situation à Vieques est une manipulation des indépendantistes qui privent Porto Rico de son droit de devenir américain et souhaité la poursuite des manoeuvres militaires.  Elle a invité le Congrès des Etats-Unis à déployer des efforts pour affirmer ses intentions à l’égard du 51ème Etat de l’Union américaine et faire cesser la discrimination historique contre Porto Rico.


M. ROGER CALERO, au nom du Socialist Workers Party, a demandé le retrait immédiat des troupes américaines de Vieques et a dénoncé l’oppression de la puissance impérialiste la plus brutale du monde.  Il a déclaré que, depuis un siècle, les Etats-Unis ont poursuivi leur domination sur Porto Rico au même titre qu’ils poursuivent depuis leurs guerres de conquête en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo ou en Afghanistan.  Il a dénoncé la militarisation accrue des Etats-Unis dont l’Administration est mue par le souci de réduire au silence toute opposition au système capitaliste, notamment par les travailleurs.  Il a demandé la libération de cinq opposants à l’occupation américaine de Vieques détenus depuis plus de 20 ans à Washington.  Il a dénoncé le fait que Vieques serve aux Etats-Unis pour poursuivre leur guerre d’agression en utilisant les jeunes de Porto Rico comme chair à canon.


Mme VANESSA RAMOS, au nom de l’American Association of Jurists, a indiqué qu’une grande partie des conflits en Amérique et dans les Caraïbes sont dus à l’interventionnisme des gouvernements successifs des Etats-Unis, soulignant l’importance de défendre le droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  Elle a dit appuyer le texte du projet de résolution présenté aujourd’hui et a estimé que la Marine américaine doit cesser tout bombardement sur l’île de Vieques et doit se retirer.  Il y a à Vieques un véritable «racisme environnemental», a-t-elle affirmé, ajoutant que Vieques n’est pas seule dans cette situation, il y a aussi d’autres îles comme Hawaii.  Elle a condamné les arrestations des auteurs de désobéissances civiles sont de nature politico-impérialiste.  Elle a demandé d’adopter par consensus le texte proposé.  Il est indispensable que le Président Bush remette en liberté les prisonniers portoricains enfermés dans les prisons des Etats-Unis. 


Explications de vote


Le représentant du Venezuela a réaffirmé que son pays appuie la cause de la décolonisation et le droit inaliénable du peuple portoricain à décider librement de son autodétermination.  Il a demandé que l’on adopte par consensus le projet de résolution qui vient d’être présenté, appuyé en cela par les délégations de l’Iraq et de l’Iran.


Le représentant du Chili a estimé que son pays, tout en se joignant au consensus de la résolution, ne se considère pas en accord avec l’ensemble du texte de la résolution.  Les incidents survenus dans l’île de Vieques préoccupent mon Gouvernement, a-t-il ajouté, et a demandé que l’on trouve une solution à ce problème.


Pour sa part, le représentant de Cuba a indiqué que c’est la troisième fois que le Comité spécial adopte sans vote une résolution sur Porto Rico.  Une fois de plus, le Comité s’est acquitté de son mandat et de ses responsabilités mais le rôle du Comité ne peut pas se limiter à l’adoption du texte.  Il reste encore beaucoup à faire: la résolution doit servir d’instrument à des fins concrètes.  Les véritables héros de la cause de Porto Rico sont les patriotes portoricains qui ont pris la parole aujourd’hui.  Il a émis l’espoir que le Gouvernement américain, dont un représentant a assisté au débat d’aujourd’hui, saisira cette occasion pour faire évoluer la situation à Porto Rico.


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