L’INDEPENDANCE PROCHAINE DU TIMOR ORIENTAL SALUEE PAR LE COMITE DES 24 COMME UNE REALISATION MAJEURE DU PROCESSUS DE DECOLONISATION
Communiqué de presse AG/COL/194 |
Comité spécial chargé d’étudier la situation
en ce qui concerne l’application de la
Déclaration sur l’octroi de l’indépendance
aux pays et aux peuples coloniaux
1ere séance – matin
L’INDEPENDANCE PROCHAINE DU TIMOR ORIENTAL SALUEE PAR LE COMITE DES 24 COMME UNE REALISATION MAJEURE DU PROCESSUS DE DECOLONISATION
Ouvrant ce matin la session de fond du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, a rappelé qu’en mai prochain le Timor oriental joindrait les rangs des Etats souverains, ce qui constituera une nouvelle réalisation majeure du mouvement de décolonisation entamé au 20ème siècle. Elle a encouragé le Comité spécial à poursuivre l’examen de la situation politique, économique et culturelle dans les 16 territoires non autonomes qui subsisteront après l’indépendance du Timor oriental.
Afin de remplir son mandat avec succès au cours de la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination du colonialisme internationale pour l’élimination du colonialisme, le Comité des vingt-quatre a besoin du soutien effectif des puissances administrantes, a fait valoir son nouveau Président, M. Earl Stephen Huntley (Sainte-Lucie). Il a assuré qu’il s’emploierait, au cours de son mandat, à réactiver le dialogue tripartite entre le Comité, les puissances administrantes et les territoires non autonomes. Outre son Président, le Comité avait élu en début de séance M. Bernard Tanoh-Boutchoué (Côte d’Ivoire) et M. Bruno Rodriguez Parrilla (Cuba) aux postes de Vice-Présidents. Il a également désigné M. Fayssal Mekdad (République arabe syrienne) comme Rapporteur du Comité.
Le Comité a décidé, à l’invitation du représentant de Fidji, d’organiser son prochain séminaire régional en 2002 à Fidji. Le représentant de la Côte d’Ivoire a quant à lui souhaité que le Président du Comité réfléchisse aux modalités de représentation des vingt-quatre aux cérémonies d’indépendance du Timor oriental le 20 mai prochain. Le Comité a également adopté son programme de travail et l’ordre du jour de sa session de 2002*. Le calendrier du Comité spécial prévoit qu’il se réunira quatre fois au cours des mois de mars et avril pour examiner l’organisation du prochain séminaire consacré à la région du Pacifique. Il se réunira ensuite le 24 mai pour commémorer la Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes. Il tiendra enfin sa session de fond du 3 au 26 juin 2002.
Les territoires auxquels continue de s’appliquer la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux sont pour l’Afrique : le Sahara Occidental ; pour l’Asie et le Pacifique : Guam, l’Ile Pitcairn, les Iles Tokélaou, la Nouvelle-Calédonie et les Samoa américaines ; pour l’Océan atlantique, les Caraïbes et la Méditerranée : Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, les Iles Caïmanes, les Iles Falkland (Malvinas), les Iles Turques et Caïques, les Iles Vierges américaines, les Iles Vierges britanniques, Montserrat et Sainte-Hélène.
Le Comité, communément appelé Comité des vingt-quatre, parce que composé de 24 Etats Membres, a été créé en 1961 pour veiller à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux. Chargé de formuler des recommandations sur sa mise en France, il se réunit chaque année. A ce jour et après l’accession prochaine de Timor oriental à l’indépendance, les seize territoires non autonomes restant sur sa liste, administrés par le Royaume- Uni, les France, la France et la Nouvelle-Zélande.
Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat : Papouasie-Nouvelle-Guinée, Antigua-et-Barbuda, Cuba, Côte d’Ivoire, Nouvelle-Zélande, Chine, Grenade, Venezuela et Fidji.
La prochaine réunion du Comité spécial sera annoncée dans le Journal.
* L’ordre du jour et le programme de travail du Comité des 24 sont parus respectivement sous les cotes A/AC.109/2002/L.1 et A/AC.109/2002/L.2.
Déclarations
La Vice-Secrétaire générale, MME LOUISE FRÉCHETTE, a rappelé qu’en mai le Timor oriental joindra les rangs des Etats souverains, marquant ainsi une autre réalisation importante du mouvement de décolonisation qui a été à l’origine de l’une des plus profondes transformations au 20ème siècle. Le Comité spécial, a-t-elle poursuivi, continuera de revoir la situation politique, économique et culturelle dans les derniers territoires non autonomes.
Le Comité, par son travail, s’est efforcé de rappeler à la fois aux puissances administrantes et aux peuples coloniaux que les territoires non autonomes sont parvenus à une autonomie réelle quand ils ont atteint l’une des trois possibilités qui leur sont offertes, à savoir la libre association, l’intégration ou l’indépendance, sachant qu’aucune de ces solutions ne doit être imposée. Mme Fréchette a aussi souligné qu’au cours des dernières années, le Comité avait essayé d’ouvrir de nouvelles portes, cherchant à mener un dialogue pratique avec les puissances administrantes sur l’avenir des territoires. Le Comité a préconisé l’établissement de programmes de travail spécifiques afin que chaque territoire puisse déterminer librement son statut politique et poursuivre son développement économique, social et culturel.
M. EARL STEPHEN HUNTLEY (Sainte-Lucie), en sa qualité de Président du Comité, a souligné que des progrès avaient été réalisés dans la promotion de la décolonisation au cours de la Première Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme, rappelant toutefois que 17 territoires demeurent encore à l’ordre du jour du Comité des 24. Il a souhaité que la communauté internationale redouble d’efforts pour aider le Comité à accomplir sa mission avec succès. Le Président a fait valoir que l’organisation de séminaires régionaux permet aux Etats Membres et aux Nations Unies de tirer parti au mieux des expériences des représentants des territoires non autonomes, de la société civile et des experts régionaux impliqués dans les processus de décolonisation. Il a déclaré qu’en tant qu’Ambassadeur d’un petit Etat insulaire en développement, il est conscient des difficultés rencontrées par les représentants des territoires non autonomes lorsqu’ils veulent se faire entendre et revendiquer leurs droits. Que ce soit par l’indépendance, l’autonomie ou la libre association, les NationS Unies peuvent contribuer à la promotion de la décolonisation des territoires non autonomes. M. Huntley a souligné que la collaboration des puissances administrantes aux travaux du Comité est importante et a assuré qu’il déploierait tous les efforts pour réactiver le dialogue tripartite entre le Comité, les puissances administrantes et les territoires non autonomes.
M. PETER DICKSON DONIGI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a rappelé que, bien qu’exigus, les seize pays toujours sur la liste des Nations Unies des territoires non autonomes, présentent des défis spécifiques dus à leur vulnérabilité, leur taille, leur faible population et leur éloignement. Il a souhaité qu’un esprit de coopération continue de régner au sein des grandes puissances administrantes, soulignant que sa délégation avait déjà pris contact avec la Nouvelle-Zélande à propos des Iles Tokélaou et attendait une réponse rapide. Pour les Iles Samoa américaines et Pitcairn, le délégué a souhaité, là encore, une avancée rapide.
M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a fait valoir que parmi les territoires non autonomes, beaucoup sont de petits Etats insulaires : l’indépendance, la libre association ou l’intégration, leur apportera une vraie liberté. Il a rappelé que l’an passé, des plaintes s’étaient élevées pour dénoncer le manque d’information circulées aux Nations Unies. Il a donc réclamé la création d’un mécanisme approprié, auquel participeraient des experts, pour fournir des informations aux Etats Membres du Comité et leur permettre de se rendre compte de la situation sur le terrain.
M. BRUNO RODRIGUES PARILLA (Cuba) a estimé que le Comité des 24 est parvenu à une étape capitale de son mandat dans la mesure où le colonialisme n’est pas encore éradiqué et qu’il est difficile, dans le contexte international actuel, de promouvoir le droit à l’autodétermination de certains peuples. Il a ensuite encouragé la participation des puissances administrantes aux travaux du Comité des 24. M. Rodrigues Parilla a lancé un appel à tous les Etats Membres afin qu’ils se mobilisent en faveur de la décolonisation.
M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUÉ (Côte d’Ivoire) a souhaité que l’état d’esprit régnant au sein du Comité facilite la poursuite des travaux ouvrant la route vers la décolonisation des 17 territoires non autonomes figurant encore à l’agenda du Comité. Il s’est réjoui de la prochaine accession à l’indépendance du Timor oriental. Il a fait observer que le Comité dispose d’un programme de travail clair qui vise notamment à associer les puissances administrantes au processus de décolonisation. M. Tanoh-Boutchoué a souligné que deux puissances administrantes, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, collaborent déjà avec le Comité, respectivement pour la décolonisation des Samoa américaines et des Iles Pitcairn. Il a rappelé en outre que dans la Déclaration du Millénaire, les Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont engagés à débarrasser le monde du colonialisme. Les puissances administrantes, a-t-il ajouté, doivent accepter d’oeuvrer à la cause de la décolonisation aux côtés du Comité pour lui permettre de mettre à profit la présente Décennie internationale. Il a salué enfin la coopération exemplaire de la Nouvelle-Zélande qui devrait permettre de progresser sur le statut de Tokélau.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a fait quelques observations s’agissant de la situation à Tokélau, soulignant que le territoire progresse vers un gouvernement autonome. Il a salué à ce titre les efforts de médiation de l’Ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée, M. Peter Donigi, au nom du Comité et a souligné certains problèmes de gouvernance à résoudre à Tokélau. Il a rappelé notamment que la Nouvelle-Zélande, dans le cadre de son aide publique au développement, aide Tokélau à développer ses capacités institutionnelles. Il a assuré que la Nouvelle-Zélande respecterait le choix des habitants de Tokélau.
M. JIWEN SUN (Chine) a assuré que la nouvelle année chinoise, qui s’ouvre aujourd’hui sous le signe du Cheval, est une année prometteuse. Il a rappelé que les Membres de l’ONU avaient adopté l’an dernier la résolution lançant la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination du colonialisme pour la décolonisation et a émis un voeu à cette occasion : il a demandé aux puissances administrantes de collaborer avec le Comité.
M. LAMUEL A.STANISLAUS (Grenade) a estimé qu’avant la fin de la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination du colonialisme pour la décolonisation, les territoires non autonomes pourraient effectivement être retirés de la liste des Nations Unies. Mais, si l’on peut mener le cheval au puits, on ne peut le forcer à boire, a-t-il relevé. Donc on ne peut forcer les peuples des territoires à disposer d’eux-mêmes et il faut, selon lui, se montrer discrets en la matière.
M. DOMINGO BLANCO (Venezuela) a reconnu que beaucoup restait à faire, mais qu’il fallait surmonter les obstacles du passé pour aboutir à une décolonisation complète du monde.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a rappelé que l’année dernière déjà il avait suggéré d’entamer le travail dès le début de la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination du colonialisme. D’où les raisons de se féliciter de l’accession à l’indépendance du Timor oriental prévue en mai prochain. Pour le représentant, ceci devrait encourager les puissances administrantes à coopérer avec le Comité. Il a annoncé que le Gouvernement de Fidji était prêt à accueillir le prochain séminaire sur la décolonisation dans la région du Pacifique.
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