LE SECRETAIRE GENERAL SOLLICITE L'APPUI DE L'ASSEMBLEE GENERALE A SES PROPOSITIONS DE REFORME DE L'ORGANISATION
Communiqué de presse AG/1351 |
Assemblée générale
38e séance plénière – matin et après midi
LE SECRETAIRE GENERAL SOLLICITE L'APPUI DE L'ASSEMBLEE GENERALE
A SES PROPOSITIONS DE REFORME DE L'ORGANISATION
Rendre l'Organisation plus utile aux Etats Membres et aux peuples: c'est par ces mots que le Secrétaire général a présenté ce matin devant l'Assemblée générale son rapport intitulé "Renforcer l'ONU: un programme pour aller plus loin dans le changement"*, dans le cadre du débat sur le renforcement du système des Nations Unies. Pour atteindre ce but, a expliqué M. Kofi Annan, nous devons être prêts à changer avec notre temps en nous adaptant aux nouvelles conditions et aux nouveaux besoins, et à veiller à ce que les efforts se concentrent sur ce qui compte.
L’idée maître du rapport, a-t-il indiqué, est que l’Organisation a une mission qui l'emporte sur toutes les autres et qui consiste à répondre aux besoins de développement des peuples du monde. Il a par ailleurs précisé qu'il étudiait actuellement la création d'un groupe de travail de haut niveau qui sera chargé des relations entre l'ONU et la société civile: cette interaction s'est beaucoup améliorée ces dernières année mais de nouveaux défis se présentent et il sera donc utile de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Après que le Secrétaire général eut demandé à l’Assemblée d’adopter une résolution unique apportant son soutien à son rapport, M. Jan Kavan, Président de la cinquante-septième session de l’Assemblée générale, a expliqué qu’étant donné la complexité des objectifs présentés pour renforcer les Nations Unies, il demanderait au Secrétariat d’élaborer un document de séance qui donnerait par écrit les explications et les réponses des Etats Membres sur les thèmes essentiels du débat: ce document sera pris en compte pendant les consultations officieuses qui pourront s’ouvrir dès vendredi prochain, a-t-il indiqué. A l’issue de ces consultations, le Président présentera un projet de résolution viable, qui tiendra compte de ces vues et pourra être appuyé par tous avant Noël.
Les représentants qui se sont succédés à la tribune aujourd’hui ont appuyé les recommandations et suggestions qui leur étaient faites. Celui de la Nouvelle-Zélande, s'exprimant aussi au nom des délégations de l'Australie et du Canada, a ainsi jugé que ces réformes allaient permettre à l'ONU de mieux refléter la volonté commune de ses Etats Membres, notamment de faire mieux entendre leur voix au sein de l'Assemblée générale: cette voix est actuellement affaiblie par l'inefficacité du système et un ordre du jour surchargé, a-t-il estimé en plaidant pour davantage de discipline dans l’organisation du travail et des temps de réunion. Nous sommes saisis d'un document politique qui appelle une réponse politique, a-t-il conclu.
Le représentant des Etats-Unis a souhaité, pour sa part, que le mouvement de réforme engagé depuis cinq ans s'accélère et se renforce régulièrement et que soient éliminées notamment les fonctions redondantes et obsolètes. Il a également indiqué que son pays attendait un budget-programme soigneusement révisé pour l'exercice biennal 2004-2005, qui reflèterait davantage les priorités des Etats Membres. Quant au Japon, qui contribue pour un cinquième au budget des Nations Unies, il a prévenu par la voix de son délégué qu’il ne saurait assumer une augmentation progressive du budget de l'Organisation et justifier une telle inflation auprès de ses contribuables. Les conséquences budgétaires et opérationnelles des propositions contenues dans le rapport devront être étudiées simultanément, a prévenu le délégué du Costa Rica, qui s’est inquiété d’une application unilatérale possible de ces mesures par le Secrétariat, sans mandat exprès des Etats Membres.
C’est le sort des petites délégations, tout simplement submergées, que le délégué du Bhoutan a souhaité évoquer: il leur est impossible de faire face aux nombreuses réunions et aux piles de documents émanant de l’ONU, a-t-il expliqué. Mais surtout, il s’agit de savoir si ces réunions et ces documents servent leurs objectifs: évoquant la «lassitude des sommets», il a mis en garde contre la multiplication des questions traitées alors que les décisions de ces sommets et conférences sont souvent mal et partiellement mises en œuvre.
Le représentant du Maroc pour sa part a rappelé que l’Afrique est le continent qui a le plus souffert des développements intervenus dans le monde au cours du dernier quart de siècle. Il est donc du devoir de tous de faire preuve de solidarité agissante à l’égard des pays africains. Cette solidarité doit se traduire au sein du Secrétariat par un point focal, un Conseiller spécial auprès de M. Kofi Annan, qui coordonne et centralise l’action exécutive de l’ONU en direction de l’Afrique, action trop éparpillée et trop parcellaire aujourd’hui.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Afrique du Sud, Venezuela, Danemark, Fidji, Egypte, Iran, Algérie, Tunisie, Singapour, Cuba, Norvège, Pakistan, Viet Nam, Thaïlande, Colombie, Koweït, Chili, Guatemala, Chine, Nigéria, Fédération de Russie, Ghana, Philippines et Bangladesh.
L’Assemblée générale poursuivra son débat demain, jeudi 31 octobre, à 10 heures.
*A/57/387
RENFORCER L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES: UN PROGRAMME POUR ALLER PLUS LOIN DANS LE CHANGEMENT.
Dans son rapport (A/57/387), le Secrétaire général rappelle dans un premier temps que plusieurs des réformes engagées depuis 1997 pour renforcer l'Organisation des Nations Unies ont été fructueuses. Parmi ces réformes, la Déclaration du Millénaire elle-même regroupait, pour la première fois, des objectifs de développement précis assortis d’échéances. La réforme des opérations de paix a permis à l'Organisation des Nations Unies de relever efficacement les défis en Sierra Leone, au Kosovo et au Timor oriental, souligne le rapport. L'Organisation a également gagné en efficacité en renforçant sa cohésion et en créant de nouveaux partenariats. Cependant, le Secrétaire général estime que de nouvelles réformes sont nécessaires. Le rapport évoque les faiblesses existantes des organes gouvernementaux eux-mêmes, parmi lesquelles la baisse de la contribution de l’Assemblée générale à l’activité des Nations Unies, la réforme enrayée du Conseil de sécurité ainsi que le trop grand nombre de réunions et de conférences.
La deuxième section du rapport insiste sur la nécessité d'agir utilement. L'accent est mis sur plusieurs réformes indispensables pour revigorer l'Organisation des Nations Unies. Le Secrétaire général préconise d’axer les activités sur les nouvelles priorités définies dans la Déclaration du Millénaire, telles que la mondialisation et ses répercussions sur le développement, les questions de migration, de gestion de l’eau et de l’énergie, du maintien de la paix et de la lutte contre le terrorisme. A ce titre, le Secrétaire général présentera un budget-programme entièrement révisé pour l’exercice biennal 2004-2005, reflétant les nouvelles priorités de l’Organisation. Le rapport insiste plus spécifiquement sur la nécessité d'améliorer l'activité de l'Organisation dans le domaine des droits de l'homme. La capacité de l'ONU à aider les pays à mettre en place de vigoureuses institutions de défense des droits de l'homme sera intensifiée; les règles en matière de présentation de rapport seront simplifiées; l'efficacité du système de procédures spéciales (rapporteurs, groupes de travail, etc.) ainsi que la gestion du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme seront renforcées. En outre, le Secrétaire général appelle à une réorganisation du Département de l'information qui évaluera sur trois ans l'impact de l'efficacité de ses activités par rapport à leur coût. Le réseau de centres d'information de l'ONU sera rationalisé autour de pôles régionaux; à ce titre, un centre régional d'information pour l'Europe occidentale verra le jour. Des améliorations seront également apportées à la gestion des bibliothèques et au programme des publications du Secrétariat.
Le rapport appelle également dans sa troisième section a mieux servir les Etats Membres. A ce titre, le Secrétaire général préconise de réduire le nombre de rapports publiés chaque année, d'en améliorer la qualité, ainsi que de rationaliser la planification et la gestion des réunions.
La quatrième section examine les moyens de mieux travailler ensemble. Le rapport indique que, dans le cadre d'un plan d'exécution prévu d'ici à 2003, la coordination entre les différentes composantes de l'Organisation ainsi qu'avec la société civile seront améliorées, par le biais de ressources et de bases de données communes, ainsi que de réseaux d'échanges de connaissances. Les coordonnateurs résidents dans les grands pays et les pays de taille moyenne seront dotés de leur propre personnel, tandis que dans les pays sortant d'un conflit, la
planification, la budgétisation et la mobilisation des ressources destinées à toutes les activités opérationnelles seront rassemblées. En outre, la gestion et la planification stratégique du Département des affaires économiques et sociales seront renforcées et l'assistance que le Secrétariat apporte à l'Assemblée générale et au Conseil économique et social pour les questions liées à l'Afrique seront mieux coordonnées. Le Secrétaire général annonce qu'il créera un groupe de haut niveau chargé d'améliorer les échanges entre les organisations non gouvernementales et l'Organisation, ainsi que leur contribution aux débats.
Pour financer les priorités énoncées, le Secrétaire général envisage de simplifier le système de budgétisation de l'Organisation. Les aménagements proposés dans la section V comportent un plan a moyen terme portant sur deux ans (et non sur quatre comme à l'heure actuelle) qui serait accompagné d'une esquisse budgétaire. Le projet de budget serait moins détaillé et plus stratégique et donnera au Secrétaire général plus de latitude pour réaffecter les ressources selon les besoins. L'examen intergouvernemental des plans et budgets sera effectué par la Cinquième Commission exclusivement (non plus par le Comité du programme et de la coordination également). Les budgets des opérations de maintien de la paix seront rationalisés, et la gestion des multiples fonds d'affectation spéciale améliorée.
La dernière section du rapport, investir dans l'excellence, avance des propositions relatives à la gestion du personnel de l'Organisation. Le Secrétaire général préconise, entre autres, d'encourager la mobilité au sein de l'Organisation, d'améliorer les perspectives de carrière des "fonctionnaires internationaux", de rajeunir l'Organisation, et d'offrir un système plus compétitif de rémunérations et de prestations.
Le rapport conclut en appelant à un changement radical dans la façon dont l'Organisation opère, afin de permettre la mise en place de ces nouvelles mesures dans les départements qui feront l'objet des transformations les plus profondes.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que depuis son entrée en fonction, l'un de ses principaux objectifs avait été de rendre l'Organisation plus utile à ses Etats Membres et aux peuples du monde, plus efficace et plus efficiente. Pour atteindre ce résultat, nous devons être prêts à changer avec notre temps en nous adaptant aux nouvelles conditions et aux nouveaux besoins, a-t-il prévenu. Evoquant le nouveau rapport soumis aux Etats Membres, il a estimé qu'il présente une série d'améliorations très pragmatiques et tire parti des réalisations des cinq dernières années. Le Secrétaire général a proposé un examen approfondi des programmes de travail pour veiller à ce que les efforts se concentrent sur ce qui compte pour les Etats Membres et pour les peuples du monde. A cet égard, il a indiqué que les grandes conférences de la dernière décennie ont décrit une vision globale de ce que les Etats Membres cherchent à accomplir: il faut donc veiller à ce que notre programme de travail soit adapté pour soutenir ces programmes ambitieux, notamment la Déclaration du Millénaire. Mais, a prévenu M. Annan, nous n'atteindrons pas nos objectifs si nous ne les étayons pas de tous nos efforts. Le Secrétaire général a rappelé que le rapport propose d'améliorer le travail de l'Organisation dans les domaines des droits de l'homme et de l'information: certains ont craint que ceci ne rétrograde la priorité du développement, a-t-il dit, assurant qu'une telle crainte n'était pas fondée.
L’idée maîtresse du rapport est que notre Organisation a une mission qui l'emporte sur tout le reste et qui consiste à répondre aux besoins de développement des peuples du monde, a-t-il insisté. Le rapport propose aussi une démarche intégrée et une plus grande utilisation des technologies de l'information. Il s'agit, pour le Secrétaire général, de renforcer la qualité des rapports de façon à renforcer l'examen en profondeur des questions auxquelles l'ONU entend s'attaquer, surtout pour ce qui est des questions économiques et sociales: l'Assemblée générale et le Conseil économique et social ainsi que les organes subsidiaires ont besoin d'une analyse de grande qualité, fondée sur une recherche rigoureuse et thématique. Ces rapports doivent aussi renforcer le rôle de l'Assemblée générale et de l'ECOSOC comme chefs de file de l'accomplissement du programme international. Nous nous en tirons tous beaucoup mieux quand l'ONU travaille en équipe, a jugé M. Annan.
Se tournant vers les changements qu’il propose dans le domaine budgétaire, le Secrétaire général a déploré que trois processus différents couvrent actuellement trois périodes différentes, que trois mécanismes de contrôle et trois mécanismes de révisions fonctionnent séparément. Ceci est complexe, lourd et utilise beaucoup d'énergies humaines et il est difficile aux délégations de suivre autant de travaux, a-t-il souligné. M. Annan a indiqué en outre qu'il étudiait actuellement la création d'un groupe de travail de haut niveau qui sera chargé des relations entre l'ONU et la société civile: cette interaction s'est beaucoup améliorée ces dernières années et a porté fruit, a-t-il noté. Mais pour lui, de nouveaux défis se présentent et il sera donc utile de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Ce groupe de travail, a-t-il précisé, sera composé de personnalités de haut niveau, venues d'horizons - Gouvernements, ONG, recherche, parlements - et de régions divers.
Revenant au rapport, le Secrétaire général a expliqué qu'il tendait aussi à améliorer la qualité du travail pour le personnel des Nations Unies, lui permettant un meilleur déplacement entre fonctions, régions et même organisations; il établit des objectifs et suggère de meilleures façons de les atteindre. Aussi M. Annan a demandé aux Etats Membres de dire s'ils étaient d'accord avec ce rapport et espéré qu'en séance plénière, l'Assemblée générale adopterait une résolution unique pour appuyer ce programme. Car ces mesures présentent une nouvelle façon de travailler, qui doit faire de l'ONU une Organisation plus efficace. A cet effet, M. Annan a plaidé pour un processus et un dialogue réels entre Etats Membres et Secrétariat, fondés sur la confiance: c'est la seule façon de relever les défis qui nous sont posés aujourd'hui, a-t-il conclu.
M. JAN KAVAN, Président de la 57ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies a estimé que le rapport du Secrétaire général était complet, opportun et utile. La réforme de l'ONU de 1997 n’a pas été encore totalement achevée, a-t-il affirmé, et beaucoup de domaines doivent encore être améliorés. A ce titre, le Président a jugé essentiel de revitaliser le travail de l’Assemblée générale, estimant que le rapport constituait une impulsion importante, à laquelle les Etats Membres devaient réagir de manière constructive. Etant donné la complexité des objectifs présentés pour renforcer les Nations Unies, il est normal que beaucoup de mesures proposées aient encore besoin d’être clarifiées, a poursuivi le Président, qui a suggéré au Secrétariat d’élaborer un document de
séance qui donnerait par écrit les explications et réponses exprimées par les Etats Membres sur les thèmes essentiels abordés au cours de cette session. Ce document, a-t-il poursuivi, sera diffusé peu après le débat actuel pour être pris en compte pendant la première série de consultations officieuses, lesquelles seront ouvertes le plus tôt possible, dès vendredi prochain. A l’issue du débat pendant lequel de nouvelles clarifications seront offertes par le Secrétariat, je présenterai un projet de résolution qui tiendra compte de ces vues, a-t-il fait savoir, rappelant que l’objectif était d’obtenir une résolution viable appuyée par tous avant Noël.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés et de l’Union africaine, a rappelé les liens dynamiques qui existent entre le développement du continent africain et l’ordre du jour de l’Assemblée générale. La création de l’Union africaine et l’adoption du NEPAD constituent la reconnaissance par l’Afrique du besoin de nouvelles institutions pour atteindre les défis du nouveau Millénaire. Nous avons contribué à la simplification de l’ordre du jour de l’Assemblée générale en regroupant les sujets traitant du développement en Afrique: les causes des conflits et la promotion d’un développement durable en Afrique; l’examen final et l’évaluation de l’UN-NADAF; et la mise en œuvre d’une seconde décennie industrielle pour l’Afrique. Mais nous projetons de pousser plus loin ce processus, a déclaré le représentant. Il a réaffirmé que les principes contenus dans la Déclaration du Millénaire, la Déclaration de Durban, la Conférence de Monterrey et le Sommet du développement durable de Johannesburg devaient former la base des travaux de l’Assemblée générale. Le délégué a pris note à cet égard des efforts que la Seconde Commission a engagés en vue d’une réforme, et a exprimé son intérêt devant la mise en œuvre du plan du Groupe de développement des Nations Unies d’ici à septembre 2003, plan qui concerne spécialement les pays en développement. Sur ce point, l’Afrique du Sud a fait valoir que tous les pays en développement devaient prendre part aux bénéfices d’une telle réforme, et pas seulement ceux émergeant d’un conflit, et a par ailleurs demandé que cette action inclue une gestion prévisionnelle des ressources. La diminution des moyens dont dispose l’ONU se traduit par une réduction des budgets alloués à l’Afrique.
La nomination d’un conseiller chargé de tâches spéciales en Afrique nous parait particulièrement bienvenue. Mais nous pensons que son bureau devrait contribuer à la mise en œuvre concrète du NEPAD, a préconisé le délégué sud-africain. Celui-ci a également salué le soutien apporté par l’Organisation au renforcement des droits de l’homme en Afrique. Concernant le budget, M. Kumalo a demandé que les moyens dont dispose le Secrétaire général pour aider l’ONU à faire face aux défis qu’elle doit relever soient accrus. A cet égard, nous pressons le Secrétaire général de présenter plus de détails sur ses propositions concernant l’exercice de planification et de programmation de l’ONU.
M. VICENTE VALLENILLA (Venezuela), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a apporté son soutien aux propositions de réformes avancées par le Secrétaire général dans son rapport pour améliorer l’efficacité du travail de l’Organisation. Il a toutefois estimé que ces changements ne devraient en rien affaiblir la capacité de négociation et la marge de manœuvre des pays en développement, en conduisant par exemple à limiter les réunions du Groupe ou la documentation de base ou à limiter les prérogatives et les moyens du Secrétariat dans son action en faveur du développement. Il a souhaité que, dans le contexte actuel de mondialisation, les aspirations des pays en développement et de la société civile soient davantage intégrées dans les démarches de l’ONU et a rappelé les attentes du Groupe des 77 et de la Chine concernant le processus de réformes qui doit répondre aux objectifs de transparence et d’équité. A cet égard, M. Vallenilla a rappelé au Secrétaire général qu’une série de clarifications lui avaient été demandées par le Groupe des 77 et de la Chine au cours des consultations informelles et il a insisté sur le fait que les mesures qui seront prises pour renforcer le rôle de l’Organisation ne doivent pas conduire à réduire l’influence des Nations Unies ni consister à faire des économies. Toute réforme dans le domaine des finances ou des règles de gestion du personnel ne sauraient être envisagées par le Secrétaire général sans être soumises au préalable à l’approbation de l’Assemblée générale, a fait valoir le représentant du Venezuela, pour qui les Nations Unies doivent être en ordre de marche pour relever les défis actuels et mettre en œuvre les grandes orientations arrêtées successivement lors du Somment du Millénaire, de la Conférence de Monterrey, du Sommet de Johannesburg ou encore lors de la Session extraordinaire consacrée aux enfants.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a affirmé que l’Union soutenait pleinement le processus de réforme mise en marche, estimant cependant que beaucoup restait à faire pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire. Le renforcement de l’Organisation n’est pas une activité abstraite, mais bien le moyen de changer la vie et le bien-être des plus pauvres de la planète a-t-elle assuré. Les mesures proposées par le rapport, pratiques et terre-à-terre, vont permettre des améliorations concrètes, notamment en ce qui concerne l’efficacité de l’application des programmes, la transparence et la rentabilité de l’Organisation.
Par ailleurs, la représentante a insisté sur la nécessité de renforcer les activités économiques et sociales de l'ONU, en particulier en ce qui concerne le développement de l’Afrique, car elle a jugé essentielle la priorité faite à l’Afrique. En outre, elle a appelé à renforcer la présence de l'Organisation dans les pays en développement. Par ailleurs, Mme Loj a souligné la nécessité d’établir une meilleure division du travail entre le Siège et les agences de l’ONU, et elle a appuyé l’idée de faire davantage participer la société civile aux activités de l’Organisation. Les projets d’amélioration de l’information sont essentiels pour assurer un soutien populaire constant des Nations Unies dans le monde, a-t-elle par ailleurs estimé, jugeant crucial de diffuser le message des Nations Unies au plus grand nombre et de la manière la plus efficace possible. En outre, la représentante a insisté sur la nécessité d’améliorer le processus intergouvernemental, estimant par ailleurs que toutes ces réformes ne pourraient être mises en œuvre du jour au lendemain.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji), intervenant au nom du Forum des îles du Pacifique, a salué les progrès réalisés à ce jour dans le processus de réforme du système des Nations Unies et les propositions additionnelles contenues dans le rapport du Secrétaire général. Il a estimé que l’objectif de ces réformes devait être de rendre le Secrétariat plus souple et plus prêt à réagir aux priorités des États Membres afin que les Nations Unies dans leur ensemble en sortent renforcées. Il a jugé que certains aspects pratiques des propositions faites par le Secrétaire général devraient être abordés en Cinquième Commission et a exhorté l’Assemblée générale à approuver les grandes lignes définies par M. Annan. M. Naidu a souligné que les Nations Unies devaient désormais s’employer à mettre en oeuvre les orientations arrêtées lors du Sommet du Millénaire et des rencontres de
Monterrey et de Johannesburg, et renforcer leurs mécanismes de lutte contre le terrorisme, le crime transational organisé et le trafic de drogues. Il a exhorté l’Organisation à faire preuve de davantage de souplesse dans la gestion de son budget ordinaire afin de l’adapter à l’évolution de la situation internationale. En outre, il a jugé, au nom des délégations de petits États Membres, qu’il leur est difficile d’assister à toutes les réunions publiques et privées, de plus en plus nombreuses, et de prendre connaissance de toute la documentation, qui est massive. Il a prôné l’établissement d’un mécanisme permettant l’examen des rapports soumis à l’Assemblée, un meilleur agencement de l’ordre du jour et du calendrier des réunions pour les raccourcir dans la durée et dans le nombre, et enfin une réforme des procédures d’examen et d’approbation du budget.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande), s'exprimant aussi au nom des délégations de l'Australie et du Canada, a fermement apporté son soutien au processus de réforme, de façon à renforcer l'Organisation pour répondre aux attentes des Etats Membres. Le Secrétaire général, a-t-il rappelé, a énoncé une série de mesures clés: faire ce qui compte, mieux servir les Etats Membres, travailler ensemble, allouer des ressources aux priorités et investir dans l'excellence pour la gestion du personnel de l'ONU. La Déclaration du Millénaire constitue également un concept de valeur qui doit nous aider à nous concentrer sur les priorités les plus criantes et qui traite de toutes les activités des Nations Unies, paix et sécurité, droits de l'homme et développement durable. Ces réformes, a poursuivi le délégué, vont permettre à l'ONU de mieux refléter la volonté commune de ses Etats Membres. De même, il a salué la proposition du Secrétaire général d'aligner au plus près, pour le prochain budget, les ressources sur les priorités, faisant valoir que les 36 000 produits actuellement inscrits dans les livres de comptes des Nations Unies rendaient impossible l'inscription de nouvelles demandes.
Au cœur des réformes suggérées, a-t-il poursuivi, figure le fonctionnement efficace de l'Assemblée générale, seul organe des Nations Unies où nous disposons d'une voix. Mais cette voix est affaiblie par l'inefficacité du système et un ordre du jour surchargé, a estimé le représentant. Pour lui, l'Assemblée doit se concentrer sur les questions-clés qui nécessitent une action internationale, de façon à mieux cibler son travail et à le rendre plus gérable aux petites délégations. Par ailleurs, il a jugé important de mieux gérer et de faire preuve de davantage de discipline dans le temps de réunions de l'Assemblée et l'organisation de son travail. Le représentant a également exprimé un urgent besoin de réforme des mécanismes budgétaires et de planification, partageant le point de vue du Secrétaire général sur la nécessité de réaligner les ressources sur les priorités. Reconnaissant que l'ONU connaissait des difficultés financières, M. Mackay a appelé à faire le meilleur usage possible des ressources disponibles.
Nous sommes saisis d'un document politique qui appelle une réponse politique, a conclu le représentant. Le Secrétaire général a préparé un ensemble de mesures donnant les orientations futures des réformes en cours. Nous sommes heureux de lui apporter notre soutien car face aux défis lancés à la communauté internationale, il nous semble urgent de revitaliser les institutions multilatérales les plus importantes. Et nous devons agir maintenant.
S’exprimant au nom du Groupe des pays africains, M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a estimé nécessaire de distinguer les décisions qui reviennent au Secrétaire général et celles qui engagent la compétence des Etats concernés dans l’application des mesures contenues dans le rapport. Il a accordé à cet égard une importance toute spéciale aux objectifs économiques et sociaux. Ayant toujours appelé à une amélioration de la capacité opérationnelle de l’Organisation sur le terrain, le Groupe a demandé l’arrêt des coupes budgétaires brutales qui l’entravent dans l’accomplissement de sa mission. Par ailleurs, il juge que les pays donateurs ne doivent pas être les seuls à donner leur avis, il faut au contraire favoriser une meilleure coopération intergouvernementale. Compte tenu de l’importance de la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire, il faut considérer ensemble tous les aspects du développement, sans en négliger aucun. Le Groupe demande donc au Secrétaire général de présenter ses idées sur les moyens d’améliorer l’application du programme en Afrique, compte tenu de ses difficultés particulières, et souligne à cette occasion la nécessité de mieux diffuser l’information jusqu’au Secrétariat, afin de lui permettre de mettre en œuvre les initiatives contenues dans le NEPAD. Un nouveau système de suivi de ces activités est donc nécessaire.
Le Groupe croit par ailleurs dans le rôle positif joué par la société civile et s’est félicité que son interaction avec l’ONU ait été renforcée par la décision du rapport du Secrétaire général. Ayant examiné les mesures prises afin de promouvoir les droits de l’homme, que nous soutenons, nous pensons cependant qu’il faudrait que les représentants de l’ONU, et plus particulièrement les Rapporteurs spéciaux, s’en tiennent aux mandats qui leur incombent. Il estime par ailleurs que la création de centres d’information ne s’impose que dans les pays avancés sur un plan technologique. Sur le plan financier, le groupe appuie les efforts déployés pour renforcer l’efficacité et l’impact des Nations Unies dans la rationalisation de sa gestion. L’approbation du plan à moyen terme doit être une réaffirmation de la volonté d’atteindre les objectifs visés. Enfin, le délégué a appelé à une plus grande mobilité des personnels au sein de l’Organisation.
M. GHOLAMALI KHOSHROO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé que la réforme du système des Nations Unies est une nécessité dans le contexte actuel de la mondialisation qui exige de plus en plus de stratégies et une approche collectives. Les défis que doit relever notre Organisation sont avant tout la mise en œuvre des grandes orientations définies dans la Déclaration du Millénaire, le Consensus de Monterrey et le Plan d’action de Johannesburg pour le développement durable, a fait valoir le Vice-Ministre. Aussi, à cette fin, l’Assemblée générale doit envisager des modifications dans ses méthodes et son calendrier de travail pour assumer, à terme, son rôle central dans la définition et la mise en œuvre des objectifs de développement. Il a également prôné une réforme du Conseil économique et social (ECOSOC) pour lui permettre d’assumer son rôle de concertation avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce quant aux mesures à prendre pour soutenir les efforts des pays en développement. Le Vice-Ministre a observé ensuite que, alors que le rapport du Secrétaire général met en avant une série d’améliorations à entreprendre dans le travail des Nations Unies, il ne s’emploie pas pour autant à en définir les contours pratiques. Les réformes en matière de coordination entre organismes des Nations Unies, en particulier au niveau des pays, ne peuvent être envisagées qu’avec l’accord des États Membres étant données notamment les implications budgétaires des propositions du Secrétaire général, a poursuivi M. Khoshroo. Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de procéder au renforcement du Département de l’information et a estimé que l’idée de regrouper les centres d’information des Nations Unies, si elle se justifie pour ceux qui sont installés dans les pays développés, ne peut être envisagée dans les pays en développement où ces centres doivent au contraire être renforcés. Le Vice-Ministre a plaidé en revanche pour des réformes dans la gestion des rapports des Nations Unies, qui pourraient être regroupés sur des thèmes transversaux, et dans l’organisation et la durée des réunions. Il a exhorté l’Assemblée générale à consolider le processus d’examen et d’approbation du budget des Nations Unies, processus dans lequel la Cinquième Commission et le Comité du programme et de la coordination doivent conserver toutes leurs prérogatives. Enfin, M. Khoshroo a exhorté les Nations Unies à réformer leurs procédures de gestion et de recrutement du personnel qui doivent permettre à l’Organisation d’utiliser les compétences d’individus originaires de tous les continents sur la base d’une répartition géographique équitable.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a indiqué qu'il partageait le point de vue du Secrétaire général sur la nécessité de poursuivre les réformes en vue de "relever le défi qui consiste à renforcer notre capacité collective et à forger ainsi un destin commun dans un monde en mutation de plus en plus rapide". Il a donc appelé les Représentants permanents à s'impliquer eux-mêmes dans le processus de négociation et à appuyer les efforts des experts en vue de parvenir à un accord sur tel ou tel aspect de la réforme. Toutefois, a-t-il poursuivi, les priorités définies dans la Déclaration du Millénaire ne devraient pas se substituer aux autres mandats législatifs. Il a souhaité, à cet égard, réaffirmer le rôle positif du Comité des programmes et de la coordination (CPC) en tant qu'organe consultatif de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social dans le processus de planification.
Le plan à moyen terme, a estimé le délégué, est la pierre angulaire du cycle de panification des programmes, de budgétisation, de contrôle, et d'évaluation de l'ONU. Il détermine l'orientation générale de l'Organisation et sert de cadre à l'élaboration des budgets-programmes biennaux pendant la période couverte par ce plan. Mais pour le représentant, le manque de volonté ou toute autre raison subjective ayant entraîné la mise en œuvre de manière inefficace d'une activité mandatée ne devrait pas conduire ipso facto à mettre fin à celle-ci pour motif d'obsolescence. De même, dans le domaine des droits de l'homme, sur une question sensible, le processus de réforme doit s'inscrire dans l'esprit de la Conférence de Vienne et tenir compte du caractère indissociable des droits de l'homme et du principe d'impartialité.
Sur la réforme du Département de l'information, le délégué a estimé qu'elle ne devait pas dépendre du seul critère financier: il s'agit de maintenir et de développer les activités présentant un intérêt particulier pour les pays en développement et combler le fossé qui les sépare des pays développés dans ce domaine. Quant à la proposition de créer des centres d'information régionaux, dans les régions défavorisées, cette opération devra se faire au cas par cas et en concertation avec les pays hôtes concernés.
M. MOHAMED BENNOUNA (Royaume du Maroc) a insisté sur la nécessité de rationaliser davantage le travail des Nations Unies, d’optimiser l’utilisation des ressources financières en évitant les chevauchements et les doubles emplois, et de doter l’exécutif des outils les plus performants. Il faut faire des Nations Unies un lieu de régulation crédible et efficace dans le domaine du commerce international, du financement du développement, de la protection de l’environnement et de la lutte contre le crime et le terrorisme a-t-il affirmé. A ce titre, il a soutenu la méthode de réforme proposée, qui consiste à concevoir et étudier ensemble le plan et le budget, estimant cependant qu’il fallait débureaucratiser leur préparation et leur conception, qui doit davantage se faire au niveau politique. S’agissant de l’Assemblée générale, le représentant a estimé que l’on parlait de “revitalisation” comme s’il était question d’un corps malade et anémié, alors qu’il s’agissait simplement d’adapter son fonctionnement à l’augmentation considérable de ses membres, à la nature des questions auxquelles elle est confrontée et à l’évolution des techniques d’information.
Par ailleurs, M. Bennouna a souligné la nécessité de faire preuve de solidarité agissante à l’égard des pays africains. Cette solidarité, a-t-il poursuivi, doit se traduire au sein du Secrétariat par un point focal, un conseillé spécial auprès de M. Kofi Annan, qui coordonne et centralise l’action exécutive des Nations Unies en direction de l’Afrique, l’action actuelle étant trop éparpillée et parcellaire. Par ailleurs, le représentant a soutenu la réforme de l’information, rappelant cependant que dans ce domaine également les besoins des pays développés et leurs préoccupations ne sont pas les mêmes que ceux des pays démunis, notamment en Afrique. Enfin, le représentant s’est demandé si le travail entrepris “par sédimentations successives” en ce qui concerne les droits de l’homme ne devait pas aujourd’hui faire l’objet d’une évaluation globale, et a proposé que cette évaluation soit confiée au Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme à Genève.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a estimé que le monde a besoin plus que jamais de l’Organisation des Nations Unies pour “mettre de l’ordre dans le village planétaire” mais que ce système doit être mis à jour pour refléter les mutations profondes qui ont marqué le monde au cours des deux dernières décennies, en particulier la mondialisation et ses retombées. Cependant, l’efficacité de l’ONU est tributaire des moyens et des ressources que nous, États Membres, mettons à sa disposition, a fait observer M. Mejdoub. A cet égard, il a réaffirmé que toute réforme de l’Organisation ne serait complète qu’une fois que son Conseil de sécurité sera reconfiguré dans sa composition et renforcé dans son efficacité et sa crédibilité, et que ses méthodes de travail et son mode de prise de décisions sera amélioré: “je fais allusion ici particulièrement allusion au veto”, a-dit M. Mejdoub. Il a également jugé que les réformes présentées ne pourraient réussir qu’une fois que l’Assemblée générale serait revitalisée et qu’on lui aurait rendu son rôle d’organe universel et démocratique au sein de l’Organisation. Le processus de réforme initié par le Secrétaire général serait susceptible de faire doter notre Organisation d’une véritable stratégie orientée sur des résultats concrets et tangibles, a poursuivi M. Mejdoub, pour qui le programme de travail de l’ONU a besoin d’être rationalisé et s’articuler autour des objectifs contenus dans la Déclaration du Millénaire et ses résultats obtenus à Monterrey et Johannesburg. Ces objectifs, qui ne doivent pas se substituer aux autres mandats existants, doivent être reflétés dans le plan à moyen terme de l’Organisation et dans son budget-programme, avec la cohérence nécessaire et de manière à permettre
d’en mesurer la réalisation effective par la définition d’indicateurs de résultats. Afin d’éviter le double emploi et les gaspillages d’énergies et de ressources, M. Mejdoub a plaidé pour le regroupement de certains points à l’ordre du jour, pour la présentation de rapports consolidés sur des questions apparentées, pour le recours aux nouvelles technologies et pour la suppression d’activités jugées inutiles. Plaidant ensuite pour que le droit au développement soit traité sur le même pied d’égalité que les autres droits humains fondamentaux et pour qu’il soit promu dans toutes les activités du système des Nations Unies, M. Mejdoub s’est félicité de la décision prise par le Secrétaire général de désigner un Conseiller spécial pour l’Afrique et a souhaité que le mandat de ce dernier soit à la mesure des attentes des pays africains, notamment concernant l’appui au NEPAD. La réforme ne doit pas être motivée par des considérations budgétaires, a fait valoir le représentant, prônant en outre une mise en œuvre graduelle et une évaluation systématique des réformes.
M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis) a assuré que son pays avait toujours eu foi en une Organisation forte, bien dirigée et centrée sur ses plus hautes priorités pour assurer que les attentes des Etats Membres sont remplies. Le rapport du Secrétaire général, a-t-il estimé, constitue un cadre neuf et de valeur pour poursuivre un programme d’amélioration continuelle des Nations Unies. Mais pour lui, même si réformer est un processus et non un événement ponctuel, il conviendrait d'accélérer et de renforcer ce processus de temps à autre, notamment en le modernisant et supervisant efficacement et en éliminant les fonctions redondantes et obsolètes. Il a néanmoins reconnu que des progrès considérables avaient été accomplis au cours des dernières années dans les méthodes de travail, la rationalisation des structures et des ressources humaines et dans l'usage optimisé des ressources financières.
Commentant certains points du rapport, le représentant a indiqué que son pays attendait un budget-programme soigneusement révisé pour l'exercice bisannuel 2004-2005 qui reflèterait davantage les priorités des Etats Membres; il a salué les mesures visant à améliorer la coordination intergouvernementale et à éviter les chevauchements et doubles-emplois; dans le domaine essentiel des droits de l'homme, a-t-il poursuivi, les actions destinées à renforcer les activités des Nations Unies au niveau des pays et à améliorer la gestion du Bureau du Haut Commissaire méritent une attention prioritaire; enfin, M. Negroponte s'est félicité de la volonté de rationaliser les services de conférence, de réduire le nombre et le volume des rapports produits et de traiter du nombre de réunions. Pour lui, une approche similaire, novatrice et agressive, devrait être suivie pour les services d'information dans les trois ans. En conclusion, il a jugé excellentes dans leur totalité les actions entreprises par le Secrétaire général pour faire de l'ONU une institution pertinente et réactive.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) notant que le PNB mondial était de 30 000 milliards de dollars et le budget de l'ONU de 1,5 milliard de dollars, soit 0,005 % du PNB mondial- "une goutte d'eau" - s’est demandé" s'il fallait encore réduire la goutte d'eau ou l'augmenter. Le représentant a estimé qu’il fallait se demander pourquoi une réforme était nécessaire en se posant les questions suivantes : les Nations Unies sont-elles inefficaces? Les orientations et les priorités sont-elles erronées? Une réforme est-elle nécessaire parce que les principaux contributeurs n’ont pas été satisfaits de la direction prise par l’Organisation? Ces dernières années, le processus de réforme a été conduit par les principaux contributeurs, a-t-il rappelé. Il y avait alors une délicate division Nord-Sud sur les objectifs de la réforme. Aujourd’hui, les deux côtés doivent travailler ensemble sur les objectifs de réforme et le moyen de satisfaire tous les Membres des Nations Unies, a-t-il insisté.
Par ailleurs, il a estimé que l’efficacité de l'ONU était tributaire de la capacité de concilier ou de restreindre nos intérêts nationaux avec l’intérêt collectif, et que tout l’enjeu de cette réforme consistait à mettre en sourdine les intérêts particuliers des Etats Membres. Déplorant que soit à peine mentionné le Conseil de sécurité dans le rapport du Secrétaire général, il s'est étonné que certains ici, qui ont exprimé leurs réticences sur la réforme du Conseil, apportent leur soutien au rapport du Secrétaire général. S’agissant de la réforme de l’Assemblée générale, il a estimé que le leadership devait venir des Etats Membres eux-mêmes. A propos de l’information, le représentant a appuyé les efforts déployés pour revitaliser le Département de l’information et il a indiqué que son pays ferait une déclaration dans ce sens à la Quatrième Commission. Enfin, il a appelé les Etats Membres à envoyer un message d'appui sans ambiguïté au Secrétaire général sur les réformes qu'il suggère.
M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a affirmé que si l’élément le plus urgent de la réforme des Nations Unies était la démocratisation du Conseil de sécurité, dont l’absence de légitimité et d’efficacité met en danger l’existence même de l’Organisation, la revitalisation de l’Assemblée générale constituait aussi un objectif déterminant dans la défense du multilatéralisme. Ladite réforme de l’Organisation ne doit pas seulement se concentrer sur la gestion du Secrétariat et de la structure administrative, mais doit s’efforcer d’atteindre vers les objectifs qui définissent le caractère universel, démocratique et intergouvernemental de l’ONU. Le rapport du Secrétaire général constitue un pas dans cette direction, mais ses propositions gagneraient à être complétées par des priorités telles que la recherche de la paix; la sécurité et le désarmement; le développement et l’éradication de la pauvreté; la protection d’un environnement commun et la promotion du développement durable; enfin les besoins particuliers de l’Afrique.
M. Rodriguez a estimé que l’Assemblée générale et ses organes subsidiaires doivent travailler conjointement avec le Secrétaire général. Des questions aussi sensibles que l’application du Plan à moyen terme, l’élimination du CPC, la simplification des procédures en vue d’une plus grande flexibilité et transparence, devraient faire l’objet à l’avenir d’une meilleure coordination et d’une consultation systématique des organes intergouvernementaux compétents. Le représentant a fait par ailleurs remarquer que l’universalité devait prévaloir dans les mesures prises par l’Organisation, notamment dans le domaine de la protection des droits de l’homme, qui ne doivent pas être appliquées unilatéralement dans les pays en développement, mais aussi dans les pays industrialisés.
Pour M. OLAV KJORVEN (Norvège), un multilatéralisme efficace suppose une ONU forte. Mais il a regretté le retard déjà pris sur la Déclaration du Millénaire. Notre objectif commun est de faire de l'ONU un instrument plus efficace dans l'accomplissement des objectifs de cette Déclaration. Nous devons donc comprendre que nous en sommes tous responsables, a-t-il insisté. Le représentant a par ailleurs appuyé les propositions du Secrétaire général sur la nécessité de renforcer davantage les activités de l'Organisation dans le domaine des droits de l'homme: il ne suffit pas de rendre hommage à l'idée d'une intégration totale il faut continuer d'y œuvrer. Il a également considéré comme essentiel que les fonds et programmes des Nations Unies travaillant dans un même pays mettent leurs moyens en commun. Une augmentation de la coopération entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods est souhaitée, a-t-il également estimé.
Notant le renforcement des relations avec la société civile, il s'est félicité des mesures préconisées par le Secrétaire général dans son rapport sur ce point. Les peuples du monde se tournent vers l'ONU pour résoudre leurs problèmes et nous devons donc donner à l'Organisation les moyens de répondre à leurs demandes, a-t-il insisté, tout en jugeant que les Etats Membres eux-mêmes n'avaient pas vraiment apporté leur pleine contribution à cet effort. Il a appelé à réformer les méthodes de travail notamment de l'Assemblée générale, car l'ONU ne peut pas être plus forte que ses Membres.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que le rapport du Secrétaire général traitait de trois catégories de questions: les propositions visant à rationaliser le travail du Secrétariat et des mécanismes intergouvernementaux et qui devraient rallier un large soutien de la part de l’Assemblée générale; celles qui concernent le processus intergouvernemental sur lesquelles l’Assemblée devrait apporter quelques directives au Secrétariat et, enfin, une troisième catégorie qui requièrera quelques clarifications. Exprimant son accord sur le fait que les programmes et actions des Nations Unies devaient refléter les priorités actuelles et à venir de l’Organisation, le délégué a estimé que la Déclaration du Millénaire y pourvoyait. Et si le terrorisme s’est imposé en tête de l’ordre du jour au cours de l’année écoulée, il ne doit pas faire oublier les autres priorités que sont développement économique et social, résolution pacifique des conflits et promotion et coopération entre les religions et les cultures. Pour le représentant, une liste plus large et plus équilibrée de questions prioritaires devrait être établie à travers ce débat puis lors de consultations informelles pour refléter de façon appropriée les décisions de l’Assemblée générale.
Puis le représentant a évoqué les mécanismes attachés aux droits de l’homme, jugeant que la Commission devrait être restructurée et qu’il fallait s’assurer que le Bureau du Haut Commissaire reflète les priorités des Etats Membres. En outre, les financements extra-budgétaires devraient constituer l’exception, a-t-il estimé en souhaitant qu’il soit demandé au nouveau Haut Commissaire de se pencher sur ces questions. Il a également évoqué la nécessité de rationaliser les mécanismes consacrés aux droits de l’homme, rappelant qu’il y avait actuellement près de 30 rapporteurs spéciaux et appelant à recommander la réduction de ces mécanismes et le renforcement de leur efficacité. Enfin, il n’a pas jugé souhaitable de placer des représentants des droits de l’homme dans chaque bureau des Nations Unies dans les différents pays où ils existent car, selon lui, cela donnerait l’impression que les problèmes de droits de l’homme n’existent que dans le monde en développement; en outre, une telle approche attenterait à la souveraineté et à la juridiction de ces pays.
A propos de la réforme du Département de l’information, qu’il appuie, le délégué n’a pas été convaincu, a-t-il dit, par la création de « noyaux régionaux », en tout cas dans certaines régions et il a considéré que le Comité de l’information devrait d’abord formuler des directives sur ce point. En revanche, il a appuyé le Secrétaire général qui souhaite réduire le nombre et le volume des rapports et celui des réunions. Il a également souhaité la préparation d’un document, qui devrait être soumis ensuite à l’ECOSOC, clarifiant les rôles et responsabilités des différents programmes d’assistance technique des Nations Unies, insistant sur le fait qu’ils devaient rester centrés sur le développement socioéconomique. Quant aux relations avec la société civile, il a remarqué que le nombre d’organisations de cette société allait croissant et qu’il convenait d’évaluer de près la force et l’expertise de chacune d’elles avant de voir dans quels domaines leur contribution serait la plus utile. Il a suggéré sur ce point que le Comité des ONG du Conseil économique et social propose des directives dans ce but. En dernier lieu, le représentant a estimé que toute résolution qui serait adoptée par l'Assemblée générale à ce stade devrait intégrer les réponses de l’Assemblée aux différentes suggestions du Secrétaire général.
M. NGUYEN THANH CHAU (Viet Nam) a salué les propositions de réformes présentées par le Secrétaire général pour renforcer l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies et lui permettre de relever les défis contenus dans la Déclaration du Millénaire. Au regard des enjeux de ce nouveau millénaire, a-t-il poursuivi, le renforcement du rôle des Nations Unies apparaît de plus en plus clairement comme une nécessité et le processus de réforme doit, à ce titre, être poursuivi, voire intensifié. M. Chau s’est prononcé en faveur d’une réforme de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social et a exhorté les États Membres à envisager une refonte des procédures et des méthodes de travail de l’Assemblée. Le Conseil de sécurité devrait, quant à lui, être plus représentatif et rendre compte davantage à l’Assemblée générale a considéré M. Chau, qui a par ailleurs plaidé pour un élargissement du nombre de sièges permanents et non permanents.
Rappelant ensuite que les dirigeants de la planète avaient défini, il y a deux ans, les priorités en matière de lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, les maladies, les injustices sociales et pour le développement, il a exhorté les États Membres à maintenir ces priorités au premier plan des préoccupations de l’Organisation et de ses activités. Pour cela, a-t-il ajouté, nous devons adopter une série de mesures concrètes et effectives en faveur des pays en développement afin de leur permettre de tirer parti de la mondialisation, du commerce international et des flux d’investissements. Il a encouragé les réformes proposées concernant les activités du Secrétariat, et visant à réduire les coûts de production et la redondance des rapports, de même que celles consistant à restructurer les centres d’information des Nations Unies et à rationaliser les activités du Département de l’information. Il a enfin encouragé le Secrétaire général à procéder au recrutement de personnels originaires de pays non représentés ou sous-représentés au sein de l’Organisation.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande) a estimé que le processus de réforme de l'Organisation des Nations Unies devait être effectué dans le plein respect des aspirations et des attentes des Etats Membres, ainsi que des différents niveaux de développement qu’ils connaissent. A ce titre, il a affirmé que la Déclaration du Millénaire et les principales conférences de ces dernières années devaient servir de feuille de route pour l’élaboration de ces réformes. Par ailleurs, le représentant a estimé qu’un examen des activités des Nations Unies était essentiel pour s’assurer que l’Organisation se concentre sur les objectifs prioritaires, et a appelé le Secrétaire général à fournir à l’avenir une perspective plus complète de la révision de l’Organisation, qui prendrait en compte ces objectifs prioritaires de manière à ce que les forces et les faiblesses de l’Organisation puissent être étudiées.
En outre, le représentant a estimé que le plan du Secrétaire général d’augmenter les ressources en termes réels ne pourrait tenir la route à l’heure actuelle. De nombreux pays en développement font encore les frais des crises des années 90, et quelques autres subissent des difficultés économiques en ce moment. A ce titre, le principe de la “capacité de paiement” des pays en développement et des pays les moins avancés doit être pris en compte lors des discussions sur ces questions. En ce qui concerne les ressources humaines, le représentant a soutenu la proposition du Secrétaire général d’améliorer le système de recrutement, de promotion et de rémunération. Enfin, il a souligné que la capacité des Nations Unies à répondre aux attentes de la communauté internationale dépendrait de la capacité du Secrétariat à s’adapter aux tâches qui lui sont confiées, et du soutien que les Etats Membres apportent au travail de l’Organisation.
M. NICOLAS RIVAS (Colombie) a déclaré que seul un engagement renouvelé de la part des Etats Membres et des propositions novatrices comme celles du Secrétaire général pourraient faire progresser les Nations Unies et lui permettre de revitaliser ses organes principaux. Face à l’ampleur de la tâche, la Colombie participe et continuera de participer aux réunions publiques ouvertes ainsi qu’à des groupes de travail afin d’étudier les propositions du Secrétaire général. L’Assemblée générale doit surmonter les difficultés qu’elle rencontre aujourd’hui, comme la superposition des ordres du jour, les débats répétitifs et la négociation de résolutions dépourvues de répercussion politique, a ajouté le délégué. Un autre aspect crucial du processus de renforcement des Nations Unies est la réforme du Conseil de sécurité, qui doit devenir davantage représentatif, et plus efficace dans ses méthodes de travail, a-t-il conclu.
M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweït) a salué les efforts du Secrétaire général pour faire des Nations Unies une organisation dynamique et souple dans la mission qui consiste à relever les défis du développement et de la paix. Il a estimé que la deuxième phase de réformes du Secrétaire général, lancées en 1997, a d'ores et déjà permis de parvenir à des résultats, avant d'exhorter les États Membres à se mettre d'accord sur certains éléments, notamment la permanence du processus de réforme et le respect du principe d'égalité des États et de transparence. Le processus de réforme doit être collectivement mené par le Secrétariat et l'Assemblée générale dans un esprit de dialogue et de franchise. L’un des éléments garantissant le succès de cette réforme est de commencer la mise en œuvre graduelle de ces réformes sans attendre qu'elles soient globalement approuvées. Les réformes devraient tenir compte des intérêts de chaque État Membre, a-t-il dit, et des réunions de consultations devraient être organisées sur chacun des éléments proposés par le Secrétaire général dans son rapport afin d'identifier celles des propositions qui font consensus. Ensuite, a-t-il ajouté, le Président de l'Assemblée générale pourrait présenter un projet de résolution récapitulant les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général et sur lesquelles un consensus est apparu en informelles. La mise en œuvre de ces mesures peut être envisagée par le Secrétaire général sans que les États Membres aient donné un accord lorsqu'il s'agit de diminuer le nombre de rapports ou les réunions, tandis que les questions plus politiques devraient faire l'objet d'un débat ultérieur, a-t-il dit. Il a exhorté les États Membres à s'intéresser aux questions des partenariats avec les entreprises, à la réforme du Département de l'information, ou encore aux questions relatives à la gestion du personnel, et ce parallèlement aux efforts qui seront entrepris par le Président de l'Assemblée générale pour parvenir à un consensus sur une résolution relative à la réforme. Il a plaidé le renforcement des capacités et des compétences des personnels des Nations Unies qui devraient tous être considérés comme fonctionnaires internationaux, notamment les personnels des services généraux.
M. LYONPO OM PRADHAN (Bhoutan) a fait valoir le point de vue des petites délégations, pour lesquelles il est impossible de faire face au nombre important de réunions et aux piles de documents émanant de l’ONU: c’est tout simplement submergeant, a-t-il déclaré. Mais la question est surtout de savoir, selon lui, si ces réunions et ces documents servent leurs objectifs. Pour le délégué, il convient de réfléchir à ce qui est devenu une situation intenable. De même, il a évoqué ce que le Secrétaire général appelle la «lassitude des sommets», mettant de nouveau en garde contre la multiplication des questions traitées alors que les décisions des sommets sont souvent mal et partiellement mises en œuvre, affectant leur crédibilité aux yeux des Gouvernements et du public. Il a souhaité que le Secrétaire général émette des recommandations sur les critères présidant à la convocation de sommets.
Concernant le financement des activités des Nations Unies, le délégué du Bhoutan a expliqué qu’il constituait une source de préoccupation pour nombre d’Etats Membres. Ces derniers ne semblent pas en mesure d’exercer le niveau de contrôle nécessaire de la part de ceux qui financent: il en résulte des divergences d’opinion et des désaccords entre le Secrétariat et les Etats Membres. L’actuel système de contrôle, de révision, de vérifications devra être réformé de manière à renforcer la confiance des Etats Membres, a-t-il estimé. Quant au financement lui-même de l’Organisation, il n’y a pas d’alternative au système actuel selon lui, mais le principal problème réside dans les contributions volontaires qui, à long terme, risquent de prendre la forme de contributions indépendantes. Enfin le représentant a évoqué la question de la représentation de tous les Etats Membres, estimant que seules personnes qualifiées devaient être retenues, qu’elles viennent de pays développés ou en développement.
M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a appelé les Etats Membres à soutenir sans ambiguïté les programmes de changement proposés par le Secrétaire général, qui a fait preuve tout au long de son mandat d’une énorme capacité d’administration, a-t-il estimé. L’Organisation des Nations Unies est nécessaire pour aborder les grands défis qui se posent au monde actuel, a affirmé le représentant, qui a en outre mis en garde contre le message de certains médias du monde qui affirmeraient que le multilatéralisme est inutile ou inefficace. Il a par ailleurs lancé un appel aux Etats Membres pour qu’ils adoptent un esprit constructif pour étudier les propositions du rapport.
Par ailleurs, le représentant a jugé essentiel d’affronter l’impact de la mondialisation dans les pays en développement, estimant que dans ce domaine il fallait engager un débat de fond avec les Etats Membres et, entre autre, renforcer les liens avec les Institutions de Bretton Woods. En outre, il a appelé le Bureau du Haut Commissaire des droits de l’homme à effectuer un rapport annuel sur la situation mondiale, afin de dépolitiser le débat au sein de la Commission des droits de l’homme. S’agissant de la réforme de l’ECOSOC, le représentant a estimé qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne la coordination des travaux du Conseil et des tâches des Deuxième et Troisième Commissions. Enfin, le représentant s’est prononcé en faveur d’un plan à moyen terme, assorti d’un budget doté d’objectifs stratégiques clairs et nets.
M. GERT ROSHENTAL (Guatemala), citant le rapport du Secrétaire général, a rappelé que la réforme est un processus et non un fait, et il a approuvé les propositions qui y ont été présentées. Il a toutefois déploré que la réforme ne s’applique qu’à réorganiser le Secrétariat, et non l’ensemble des organes des Nations Unies. S’agissant des mesures concrètes, il a déclaré qu’il fallait axer le travail de l’Organisation sur les priorités définies par la Déclaration du Millénaire et déterminer les ordres du jour en fonction des besoins, et il a accordé une importance toute particulière aux domaines des droits de l’homme et de l’information. De tels objectifs nécessitent une meilleure coordination entre le Secrétariat et l’Assemblée générale. Le délégué a regretté toutefois que soient sous-estimées les contributions des organisations régionales et a appelé à donner plus d’importance à la coopération technique. Enfin, le représentant a affirmé que sa délégation soutenait la création d’un poste supplémentaire de sous-secrétaire adjoint au Département des affaires économiques et sociales et était favorable au développement d’un partenariat significatif de la société civile avec les Nations Unies. Il a ainsi rappelé la nécessité d’une rationalisation budgétaire et une meilleure planification.
M. WANG YINGFAN (Chine) a salué les progrès réalisés dans le processus de réforme du système des Nations Unies ces dernières années. Il a invité l'Organisation à accorder la même importance à la revitalisation de la gestion du maintien de la paix et de la sécurité qu'à la poursuite des objectifs de développement du Millénaire. Dans le prolongement du Sommet mondial pour le développement durable, les Nations Unies doivent aider les pays en développement à surmonter les défis posés par la mondialisation, a jugé M. Yingfan, exhortant les pays développés à augmenter leur aide publique au développement, à promouvoir les investissements étrangers directs, et à ouvrir leurs marchés aux produits des pays en développement. Il a estimé qu'il fallait réformer la production des rapports de l'Organisation en diminuant à la fois leur nombre et leur taille et en privilégiant leur contenu analytique. Il a également prôné une meilleure planification des réunions qui doivent être réduites, en nombre et en durée, et un renforcement des capacités au sein du Service des conférences. Le représentant a exhorté le Secrétaire général à intensifier ses efforts pour revitaliser le Département de l'information, et a insisté sur le rôle du Comité du programme et de la coordination dans le processus budgétaire. Il a estimé que les programmes de protection des droits de l'homme devaient être distincts des programmes d'aide au développement mis en œuvre par les Nations Unies et que de tels programmes doivent être adaptés aux pays intéressés. M. Yingfan a plaidé pour la désignation d'un Groupe d'experts éminents pour examiner les relations entre les Nations Unies et la société civile, avant de souligner que tous les États ont intérêt à ce que des réformes soient engagées, expliquant que ces réformes pourraient faire l'objet d'une résolution que devrait préparer le Président de l'Assemblée générale.
M. ARTHUR C. I. MBANEFO (Nigéria) a rappelé que lors du Sommet du Millénaire, les dirigeants du monde avaient promis de faire des Nations Unies une institution plus efficace dans la promotion de la paix et du développement durable, conscients qu’ils étaient des forces et faiblesses de l’Organisation. Mais ces défis, a-t-il estimé, ne peuvent être relevés que grâce à une ONU revitalisée et renforcée, à travers le processus de réforme initié voici cinq ans, sur les principes de responsabilité, de transparence, de qualité et d’efficacité. Le représentant a ainsi noté que les changements intervenus au sein du Département des opérations de maintien de la paix avaient permis d’améliorer la capacité des Nations Unies à déployer et mener des opérations complexes de maintien et de consolidation de la paix, citant la Sierra Leone comme un succès.
Concernant l’Assemblée générale, il a souligné la nécessité d’en préserver l’universalité et prévenu que toute réforme devait viser à renforcer cet organe unique plutôt qu’à l’affaiblir, de façon à ce qu’il assume un plus grand rôle dans la prise de décisions et que soit ainsi préservé le multilatéralisme. De même, alors que la mondialisation pose de sérieux défis à l’humanité, le délégué a estimé que les Nations Unies pouvaient aider à en retirer des bénéfices pour le plus grand nombre et que, pour ce faire, il convenait de renforcer le rôle du Conseil économique et social. Il a par ailleurs souhaité que l’Organisation établisse des partenariats solides avec les organisations sous-régionales et régionales, les acteurs non étatiques et les organisations de la société civile notamment: la stratégie d’ouverture adoptée a déjà permis de sensibiliser les peuples aux objectifs des Nations Unies, a-t-il fait valoir, et en retour a contribué aux succès enregistrés dans la surveillance de la paix et de la sécurité internationales. Le représentant a enfin apporté son soutien au Secrétaire général quand il préconise la création de puissantes institutions de défense des droits de l’homme au niveau national, seule façon selon lui d’assurer leur protection et leur promotion.
Evoquant les besoins spécifiques de l’Afrique, le représentant a rendu hommage au Secrétaire général qui s’applique à conserver l’esprit de la Déclaration du Millénaire: mais il a souhaité que le Secrétaire général définisse comment mobiliser et sensibiliser le système des Nations Unies et ses ressources au profit du nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Sur le plan des ressources, justement, il a salué les efforts visant à rationaliser le système et la planification budgétaires dans le but de créer de «réels instruments stratégiques», mais il a souhaité que le mouvement n’entrave pas les priorités contenues dans les objectifs du Millénaire. Le Nigéria, a—t-il poursuivi, n’est pas hostile à l’idée de confier au Secrétaire général les prérogatives nécessaires pour allouer et redistribuer les ressources humaines et matérielles des Nations Unies, néanmoins, une telle autorisation devrait, selon lui, concerner ainsi l’allocation de fonds et ressources à des programmes et projets sociaux et économiques.
M. BRUNO STAGNO (Costa Rica) a souligné que la croissance de l'Organisation des Nations Unies avait été désordonnée et qu’une vision stratégique et un cadre conceptuel unifié destiné à guider cette croissance avaient jusqu’ici fait défaut. L’Organisation a survécu et s’est adaptée mais n’a pas réellement appris ou évolué, a-t-il ajouté. Saluant à ce titre le processus de réforme du Secrétaire général, le représentant a rappelé que certaines d’entre elles qui faisaient sens d’un point de vue purement administratif n’étaient pas toujours compatibles avec les exigences politiques de l’Organisation. Commentant les propositions du rapport, il a estimé que les conséquences budgétaires et opérationnelles de ces propositions devaient être étudiées simultanément et s’est inquiété d’une unilatérale possible application de ces mesures par le Secrétariat, sans mandat exprès des Etats Membres.
Par ailleurs, il a estimé que la proposition visant à autoriser une certaine flexibilité dans l’affectation des ressources et du personnel à hauteur de 10% du budget était contraire aux meilleures pratiques de gestion des fonds publics et compromettrait l’exécution des mandats approuvés par les organes intergouvernementaux. De même, il a jugé simpliste la proposition de réduire le nombre de réunions et de rapports, estimant que les séances et rapports actuels répondaient à la demande des divers organes intergouvernementaux. Une réelle réforme, a-t-il ajouté, consisterait à s’assurer que les rapports présentent des informations à jour ainsi que des analyses plus poussées. En outre, il n’a pas appuyé la proposition de réunir les services d’organisation des conférences et les services du Secrétariat à l’intérieur du Département des affaires de l’Assemblée générale, ce qui ignorerait les besoins techniques et opérationnels des différents organes. Jugeant intéressante la proposition de créer des alliances entre les ONG et le secteur privé, le représentant a cependant mis en garde contre le danger de laisser l’ordre du jour particulier d’une ONG prendre le pas sur celui des Nations Unies, ou contre le risque de voir certaines de ces organisations se substituer aux gouvernements démocratiquement élus.
M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait renforcer la coordination au sein des Nations Unies et l’interaction entre ses organes principaux afin de leur permettre de mieux répondre aux nouveaux défis et aux nouvelles menaces, notamment celles des terroristes. Il a partagé également le point de vue du Secrétaire général concernant les efforts à engager afin d’améliorer les opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, il faut renforcer le rôle de l’Assemblée générale en rationalisant son ordre du jour et réformer le Conseil de sécurité en accroissant davantage sa capacité d’action que le nombre de ses membres, a-t-il suggéré. Les activités relatives aux droits de l’homme doivent devenir prioritaires, et le travail de la Commission qui leur est consacrée se dépolitiser et s’améliorer. Sur le plan économique, il faut faire de la globalisation le moyen d’encourager le commerce international et l’investissement à l’étranger. Il apparaît nécessaire à cet égard de mieux répartir les responsabilités entre l’Assemblée générale, l’ECOSOC et les différentes commissions, et de renforcer les liens avec le secteur privé. M. Gatilov a toutefois regretté que rien n’ait été dit dans le rapport sur les pays à économie de transition.
Le représentant a salué le resserrement des liens entre l’ONU et la société civile et les recommandations portant sur une réforme du secteur de l’information. Il a toutefois désapprouvé la propension du rapport à vouloir centraliser l’autorité dans les domaines de l’information et des services de conférence au lieu de la répartir équitablement entre le Siège de New York, les bureaux de Genève, Vienne et Nairobi. Il s’est félicité en revanche de l’adoption d’un budget révisé pour les années 2004-2005 reflétant les nouvelles priorités de l’Organisation. Les propositions du Secrétaire général sur ce point auront besoin d’être suivies attentivement ainsi que celle qui lui donnerait autorité pour réaffecter 10% des ressources budgétaires. Enfin, concernant le recrutement du personnel, le représentant a rappelé qu’il fallait renoncer aux systèmes des contrats permanents pour accroître la flexibilité et l’efficacité de l’Organisation.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a appuyé la nécessité d’aligner le programme budgétaire sur les priorités définies par l’Assemblée du Millénaire. Il a également apporté son soutien aux propositions du Secrétaire général visant à renforcer les droits de l’homme, jugeant qu’il fallait en effet apporter assistance aux pays qui en avaient besoin pour les aider à développer leurs capacités nationales conformément aux normes internationales. En revanche, il s’est déclaré mal à l’aise avec l’idée d’intégrer les droits de l’homme aux programmes nationaux mis en place par la Banque mondiale dans la mesure où cela risquerait de les éloigner de leur objectif essentiel qu’est le financement du développement. Le représentant a par ailleurs soutenu l’idée du Secrétaire général de restructurer le Département de l’information de l’ONU de façon à en renforcer l’efficacité. A cet égard, l’évaluation qui sera entreprise sur trois ans pourra fournir une base scientifique et objective pour mesurer l’impact et le coût des diverses sources d’information émanant des Nations Unies. De même la création de noyaux locaux, en commençant par le regroupement des treize centres d’information d’Europe occidentale, est une idée que le Ghana pourrait défendre, mais en demandant que soit prise en considération la création de noyaux sous-régionaux en Afrique, compte tenu de la taille du continent et de la complexité des préoccupations.
M. Effah-Apenteng a également indiqué que sa délégation était prête à travailler avec d’autres pour établir un mécanisme permettant de revoir les besoins et la fréquence des rapports. Son pays, a-t-il poursuivi, appuie la mise en œuvre de mesures visant à renforcer l’efficacité de la présence des Nations Unies dans les pays en développement grâce à des mécanismes de coordination. Quant aux partenariats avec la société civile et le secteur privé, il a jugé qu’ils devaient permettre d’atteindre certains objectifs essentiels de l’ONU, à condition d’être conformes aux cadres législatifs existants sans perdre de vue le caractère international de l’Organisation et les principes de la Charte.
M. KOICHI TAKAHASHI (Japon) a déclaré que la mondialisation exige que les Nations Unies soient revitalisées pour surmonter les défis contemporains. Il a insisté sur le fait que les réformes doivent contribuer d'une part à faire en sorte que l'Organisation soit efficace, et d'autre part qu'elle soit dotée d'un ordre du jour clair et précis. Il a exhorté l'Assemblée générale à adopter une résolution en ce sens et a estimé que le Secrétaire général devrait ensuite être chargé de mettre en œuvre les mesures définies dans le cadre de la réforme et d'informer les États Membres des résultats enregistrés dans le processus de réforme. Il a exhorté les Nations Unies à adapter leurs programmes aux orientations définies lors du Sommet du Millénaire et des grandes conférences sur le développement, en souhaitant que le suivi de ces conférences soit reflété dans le budget ordinaire de 2004-2005 qui devrait par ailleurs être plus souple et plus adapté aux impératifs de l'Organisation. A cet égard, M. Takahashi a demandé au Secrétaire général d'identifier les domaines d'activités ou les projets qui à cause de leur obsolescence pourraient être interrompus au profit de nouvelles priorités.
Le Japon, qui contribue pour un cinquième au budget des Nations Unies, ne saurait assumer une augmentation progressive du budget de l'Organisation et justifier une telle inflation auprès de ses contribuables, a fait valoir son représentant. C'est pourquoi notre Gouvernement entend rappeler aux Nations Unies l'obligation qui leur incombe de veiller à ce que l'évolution du budget soit contrôlée. Le représentant a exhorté le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme à proposer des réformes concrètes au sein de son Bureau pour renforcer son efficacité et accroître sa collaboration avec les autres organes des Nations Unies. Il a ensuite insisté sur le respect du principe de représentation géographique équitable dans le recrutement du personnel des Nations Unies en invitant le Secrétaire général à corriger les déséquilibres nés de la non-représentation ou de la sous-représentation de certains pays. Il a exhorté les Nations Unies à intensifier leurs efforts dans le domaine du développement pour assurer, par le biais des agences et institutions spécialisées du système, un suivi intégré et coordonné des grandes conférences organisées dans ce domaine, principalement celles de Monterrey et de Johannesburg. Il a enfin souligné que la réforme des Nations Unies passe inévitablement par un élargissement du nombre de membres permanents et non permanents siégeant au sein du Conseil de sécurité.
M. ALFONSO T YUCHENGCO (Philippines), appuyant la réforme du Secrétaire général, a insisté sur la nécessité d’effectuer le processus de prise de décisions relatif au programme du Secrétaire général sur le renforcement des Nations Unies, en toute transparence et avec la participation la plus large possible. En outre, il a jugé important de pouvoir distinguer les réformes qui dépendent directement du mandat du Secrétaire général -et qu’il est donc possible de mettre en œuvre immédiatement- de celles qui nécessitent l’action de l’Assemblée générale. Estimant qu’il fallait tenter de clore ce travail rapidement, il a cependant rappelé que certaines réformes nécessiteraient du temps et de la réflexion. S’agissant de l’adoption d’une résolution, le représentant a estimé que le contenu de cette résolution devait donner une direction stratégique générale plutôt que de rentrer dans le détail.
Par ailleurs, le représentant a appelé à revitaliser le travail de l’Assemblée générale ainsi qu’à renforcer ses liens avec le Conseil de sécurité et avec le Conseil économique et social. Cette réforme de l’Assemblée générale réaffirmerait notre foi dans l’Organisation et notre engagement à promouvoir la démocratie et la coopération internationale face aux défis du monde actuel, a-t-il conclu.
M. IFTHEKAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a affirmé que les droits de l’homme étaient un domaine où les mesures proposées dans le rapport du Secrétaire général étaient satisfaisantes, particulièrement dans l’aide apportée à la création d’institutions nationales solides. Le représentant a également salué les mesures proposées dans le domaine de l’information et de la documentation. Il a par ailleurs rappelé que les besoins des Etats diffèrent dans une organisation inter-gouvernementale telle que les Nations Unies, particulièrement dans les domaines économique et social. Le Bangladesh espère que des améliorations seront apportées aux programmes humanitaires et de développement, spécialement au niveau national. En ce qui concerne la coopération technique, M. Chowdhury rappelle qu’elle devrait être mise en œuvre par des acteurs de terrain, et signale qu’un certain nombre de fonds et programmes comme la CNUCED sont disponibles à cet effet. Des Nations Unies plus fortes exigent d’améliorer son exercice de planification et de budgétisation. A cet égard, le Plan à moyen terme reste la ligne directrice des Nations Unies, qui a intégré à ses prévisions la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire.
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