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AG/1331

LE TIMOR-LESTE DEVIENT LE 191E MEMBRE DES NATIONS UNIES EN PRESENCE DE SON PRESIDENT XANANA GUSMAO QUI PLAIDE POUR UN SOUTIEN ACCRU DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

27/09/2002
Communiqué de presse
AG/1331


Assemblée générale

20e séance plénière – matin


LE TIMOR-LESTE DEVIENT LE 191E MEMBRE DES NATIONS UNIES EN PRESENCE DE SON PRESIDENT XANANA GUSMAO QUI PLAIDE POUR UN SOUTIEN ACCRU DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE


L’Angola, le Pakistan, le Chili, l’Espagne et l’Allemagne siègeront au Conseil

de sécurité à partir du 1er janvier 2003 en qualité de membres non-permanents


Le Timor-Leste est le premier Etat à avoir acquis son indépendance au XXIe siècle s’est félicité ce matin le Président de l’Assemblée générale, M. Jan Kavan, en accueillant le Président du 191e Etat Membre des Nations Unies M. Xanana Gusmao, en présence du Secrétaire général des Nations Unies et du Premier Ministre du Portugal, M. Jose Manuel Durao Barroso, qui a salué le triomphe de l’esprit d’humanité.  M. Kavan a pour sa part appelé les Nations Unies et le reste de la communauté internationale à renforcer leur soutien au Timor-Leste dans son processus de développement économique et social.  Le Président de la République démocratique du Timor-Leste, M. Xanana Gusmao, a salué le rôle des Nations Unies et de la communauté internationale dans l’accession à l’indépendance de son pays, rappelant que la consultation populaire organisée par l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) le 30 août 1999 avait été le premier acte de conscience démocratique des Timorais de l'Est.  Le peuple du Timor-Leste a déjà défini sa vision du développement pour les vingt prochaines années, a poursuivi le Président, et nous sommes déterminés à en finir avec la pauvreté et l'illettrisme et à améliorer le niveau de vie de nos concitoyens.


Mais nous sommes également conscients que seule une société juste et tolérante peut créer un climat stable, a ajouté M. Gusmao, rappelant que le Timor-Leste avait, au cours des deux dernières années, intensifié ses contacts dans la région d’Asie du Sud-Est.  L’intensification de la coopération régionale avec les nouvelles autorités du Timor-Leste a été également soulignée par le représentant de l’Indonésie qui, se félicitant de l’admission de son voisin au sein des Nations Unies, a salué les bonnes relations entretenues entre les deux États depuis l’indépendance du Timor-Leste, le 20 mai dernier.  Il a précisé que les Gouvernements du Timor-Leste et de l’Indonésie ont déjà défini les domaines dans lesquels ils entendent intensifier leur coopération, à savoir le développement économique, la lutte contre le crime transfrontalier et le terrorisme.  Il a indiqué que son Gouvernement est disposé à renforcer son appui au développement des capacités de Timor-Leste dans les domaines de l’éducation et de la santé.  Pour sa part, le représentant de l’Australie a, à son tour, manifesté la détermination de son Gouvernement à contribuer au développement économique et institutionnel du Timor-Leste. 


(à suivre)

Se félicitant également du rôle clef joué par les Nations Unies et la communauté internationale, par le truchement de l’ATNUTO, dans le processus d’autodétermination du peuple timorais et de création du Timor-Leste, les représentants de la République islamique d'Iran, au nom des États d'Asie, de l’Ukraine, au nom des Etats d'Europe orientale, du Suriname, au nom des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes, du Portugal, au nom des Etats d’Europe occidentale et autres Etats, du Brésil, au nom de la Communauté des pays lusophones, et des Etats-Unis, au nom du pays hôte, ont jugé essentielle la poursuite de la coopération internationale afin d’assurer le développement de la jeune nation du Timor-Leste.  Les représentants de la Côte d’Ivoire, au nom du Groupe des Etats africains, et de Sainte-Lucie, en sa qualité de Président du Comité des 24, ont en outre souhaité que l’exemple du Timor-Leste inspire les puissances administrantes des seize territoires non autonomes restants afin qu’ils puissent se prononcer sur leur statut dans le courant de la Deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.


En fin de séance, l'Assemblée générale a élu pour deux ans, à bulletins secrets et à la majorité des deux tiers, les cinq nouveaux membres non-permanents du Conseil de sécurité appelés à siéger en remplacement de la Colombie, de l’Irlande, de Maurice, de la Norvège et de Singapour, dont le mandat expirera le 31 décembre 2002.  L'Angola et le Pakistan ont ainsi été élus pour l'Afrique et l'Asie; le Chili pour l'Amérique latine et les Caraïbes; l'Espagne et l'Allemagne pour l'Europe de l'Ouest et autres Etats.  Outre ces Etats nouvellement désignés, cinq autres membres non-permanents continueront de siéger au cours de l'année 2003, à savoir le Cameroun, la Guinée, le Mexique, la République arabe syrienne et la Bulgarie.  Au terme du scrutin, sur 183 votes exprimés, l’Angola a obtenu 181 voix, le Pakistan 172 voix, le Chili 178 et l’Espagne et l’Allemagne ont obtenu respectivement 180 voix.


L'Assemblée avait auparavant adopté sans vote une résolution*, proposée par la Cinquième Commission, et aux termes de laquelle elle autorise l’Union des Comores, la Géorgie, la Guinée-Bissau, la République de Moldova, Sao-Tomé-et-Principe, la Somalie et le Tadjikistan à participer au vote de l'Assemblée générale jusqu'au 30 juin 2003.  Le Burundi est, au terme de cette résolution, autorisé à participer au vote jusqu'à la prochaine session du Comité des contributions, qui doit se tenir le 2 juin 2003.  La Cinquième Commission avait reconnu que le non-paiement par ces pays de la totalité du montant minimum nécessaire pour éviter l'application de l'article 19 était dû à des circonstances indépendantes de leur volonté. 


L’Assemblée générale se réunira de nouveau le jeudi 3 octobre, à 10 heures. 


* Le projet de résolution est paru sous la cote A/C.5/57/L.2.


ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES


Déclarations


Le Président de la cinquante-septième session de l’Assemblée générale, M. JAN KAVAN (République tchèque), a salué le courage et la détermination du Président, du Ministre des affaires étrangères, et du peuple timorais pour faire du Timor-Leste le premier État indépendant du XXIe siècle.  Il a également souligné le rôle clef joué par les Nations Unies dans le processus de transition pacifique au Timor-Leste, rôle qui a démontré la capacité de l’Organisation et du Conseil de sécurité à assumer leur tâche dans le maintien de la paix et de la sécurité.  Il a appelé les Nations Unies et le reste de la communauté internationale à renforcer leur soutien au Timor-Leste pour développer ses propres capacités économiques et régler les problèmes en suspens dans divers domaines liés au développement et aux institutions.


M. JOSE MANUEL DURAO BARROSO, Premier Ministre du Portugal, a estimé que le Timor-Leste était un triomphe de l'esprit d'humanité.  Il a souligné que la population de ce pays illustrait véritablement les valeurs inscrites dans la Charte des Nations Unies.  Le Timor-Leste nous rappelle notre foi collective en les droits de l'homme, la dignité et la valeur de la personne humaine.  Le Premier Ministre a également rendu hommage aux Nations Unies, car dans les situations de conflit elles peuvent faire la différence.  Il a remercié M. Kofi Annan, en soulignant que le Timor-Leste lui doit beaucoup.  Le sort des Timorais est maintenant entre leurs mains et celles du Président Xanana Gusmao. 


Entrer aux Nations Unies n'est toutefois pas la fin de la route, a souligné le Premier Ministre: l'attention internationale ne doit pas céder la place à l'indifférence internationale; ce nouveau pays a encore besoin de la communauté internationale et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la paix.  Assurant que le peuple portugais et celui du Timor-Leste sont beaucoup plus proches que la distance géographique ne le laisse penser, il a affirmé que tous les Portugais ressentent de l'amitié pour les Timorais.  Le Premier Ministre a conclu en soulignant que 132 pays avaient parrainé le projet de résolution recommandant l'entrée du Timor-Leste aux Nations Unies et demandé aux Etats Membres de l'approuver par consensus pour l’accueillir au sein des Nations Unies, comme l’Etat Membre le plus récent.


M. XANANA GUSMAO, Président de la République démocratique du Timor-Leste, a rappelé que son pays se trouvait depuis les années soixante sur la liste des territoires non autonomes réclamant son droit à l'indépendance et à l'autodétermination.  Il a rappelé que la consultation populaire organisée par les Nations Unies fut le premier acte de conscience démocratique des Timorais de l'Est, malgré une atmosphère d'hostilité.  Notre peuple, a-t-il souligné, a lutté pour sa liberté pendant plus de deux décennies et le 30 août 1999 fut le jour de la libération, le jour de la démocratie.  Ensuite, le travail de l'ATNUTO (Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental) fut de jeter les bases d'une véritable indépendance.  Le 20 mai 2002 fut une date mémorable: les Nations Unies et la communauté internationale ont rendu justice aux principes internationaux et aux valeurs universelles qui fondent l'existence des peuples et des nations en reconnaissant leur droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance.


Le Président Gusmao s’est estimé privilégié de représenter ici un petit peuple très digne et extraordinairement brave qui a déjà défini sa vision du développement pour les vingt prochaines années, déterminé à en finir avec la pauvreté et l'illettrisme et à améliorer le niveau de vie de chacun de ses citoyens.  Mais nous sommes conscients, a-t-il ajouté, qu'il n'y aura pas de développement économique ni social dans notre pays sans les bases élémentaires de la démocratie.  Seule une société juste et tolérante peut créer un climat stable.  Exprimant par ailleurs sa conviction du droit des Palestiniens à l'autodétermination, M. Gusmao a également réclamé l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, rappelant que le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination avait été reconnu par les Nations Unies huit ans avant celui des Timorais.  Le Timor-Leste, a-t-il expliqué, a participé récemment au 3e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des ACP, ce qui a éveillé son attention sur le fait de participer activement aux groupes de pays en voie de développement pour partager avec eux des préoccupations communes.  Géographiquement, a-t-il rappelé, nous sommes près de l'Asie du Sud-Est et nous avons au cours des deux dernières années intensifié nos contacts dans cette région, participant notamment à la réunion ministérielle de l'ASEAN à Brunei, tout comme nous sommes devenus en juillet derniers membres de la Communauté des pays de langue portugaise. 


Le Président du Timor-Leste a par ailleurs assuré les Etats Membres que son pays se joignait à la guerre contre le terrorisme et ne relâcherait pas sa vigilance ni sa détermination à extirper toute forme d'extrémisme et de radicalisme du pays.  Mais, si les pays en développement doivent fermement s'engager à appliquer des politiques de lutte contre la pauvreté, il revient aussi aux pays riches du Nord d'accroître leur aide internationale au développement à concurrence de 0,7% de leur PNB; d'effacer la dette des pays les plus pauvres; d'accepter un rééchelonnement des paiements des pays les plus endettés pour que ces sommes soient investies dans l'éducation et la santé publique; d'assurer un meilleur accès des plus pauvres aux marchés des plus riches en levant les barrières commerciales et en allégeant les régulations douanières et frontalières. 


Au plan intérieur, a-t-il poursuivi, nous avons adopté une politique de réconciliation de tous les Timorais, fondée sur la justice et en cherchant à écarter tout sentiment de haine ou de revanche.  Le Timor-Leste est devenu partie notamment aux Conventions internationales contre la torture ou relative aux droits de l'enfant.  Le peuple du Timor-Leste sait que la paix a un prix et que ce prix c'est la liberté de son peuple, la tolérance envers les autres cultures et croyances.  Soulignant l’importance de la Journée mondiale de la paix le 11 septembre, M. Gusmao a conclu son allocution en proposant une Semaine de la paix mondiale, qui se tiendrait chaque année du 21 au 27 septembre et serait célébrée par des débats et conférences sur la paix.  La paix ne doit plus être un concept théorique mais un sujet de réflexion profonde sur la pauvreté, la démocratie, les droits de l'homme et la justice


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