LA NECESSITE DE CHERCHER ENSEMBLE LES REPONSES AUX PROBLEMES MONDIAUX NE DOIT PAS FAIRE OUBLIER LES SPECIFICITES REGIONALES
Communiqué de presse AG/1320 |
Assemblée générale
13ème séance – après midi
LA NECESSITE DE CHERCHER ENSEMBLE LES REPONSES AUX PROBLEMES MONDIAUX
NE DOIT PAS FAIRE OUBLIER LES SPECIFICITES REGIONALES
Au sixième jour du débat général, les interventions se sont, cet après-midi, quelque peu recentrées sur la spécificité des problèmes qui frappent les différentes régions du monde. Certes, ainsi que l’a reconnu le Président du Botswana, M. Festus Mogae, du développement à la pauvreté, de l’insécurité à la menace à la paix, les enjeux ont désormais tous une dimension mondiale, faisant qu’aucun pays ne peut prétendre les régler seuls. Et c’est pourquoi les Nations Unies demeurent si importantes. Toutefois une bonne approche multilatérale ne saurait ignorer la variété et la complexité des problèmes auxquels sont confrontés les pays, surtout ceux en développement. Ainsi de l’Afrique à l’Europe de l’Est, de l’Asie au Moyen-Orient, et de l’Amérique latine aux petits Etats insulaires en développement, les personnalités s’exprimant à la tribune ont pu expliquer pourquoi une approche collective, si indispensable soit-elle, ne doit pas omettre de prendre en considération les caractéristiques propres à chacun, si elle veut réussir.
C’est en particulier le cas pour l’Afrique, où les conflits, la pauvreté et la pandémie du VIH/sida et d’autres maladies infectieuses ont fortement freiné le développement. Certes l’avenir n’est pas complètement sombre et des évolutions positives ont eu lieu récemment, notamment avec la création de l’Union africaine et le lancement du NEPAD, que l’Assemblée générale a décidé, hier, de soutenir fermement. Toutefois les défis demeurent nombreux et l’engagement de tous, y compris de la communauté internationale, sera déterminant. Sur ce dernier point, le Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, M. Jakaya Kikwete, s’est déclaré surpris de la tendance récente qui consiste à condamner toute une région pour les fautes commises par un seul pays. En cas de crise dans un pays africain, par exemple, il est demandé aux autres pays africains de la régler et ils courent le risque de perdre l’aide des pays développés en cas d’échec. Le Ministre a aussi évoqué l’un des autres problèmes majeurs auxquels l’Afrique est particulièrement confrontée, à savoir l’afflux massif de réfugiés et il a souhaité que davantage soit fait pour encourager leur rapatriement.
Si les mêmes problèmes prévalent souvent pour les petits Etats insulaires en développement, ils se distinguent toutefois par l’extrême vulnérabilité de ces pays aux catastrophes naturelles et au changement climatique. Une combinaison de facteurs qui complique encore les efforts de redressement, ainsi qu’a pu l’expliquer le Premier Ministre des Iles Salomon, qui luttent toujours pour se relever des conséquences du conflit dévastateur qui a touché le pays entre novembre 1998 et octobre 2000. Pour le Ministre des relations extérieures de l’Uruguay et ancien Président de l’Assemblée générale, M. Didier Opertti, l’une des réponses à apporter aux vulnérabilités particulières d’une région donnée est d’unir les forces, ainsi que l’Amérique latine l’a fait au sein du MERCOSUR. Il a
toutefois fait observer que de telles associations essentiellement à caractère commercial ne s’avéreront pleinement bénéfiques que lorsque tous les pays développés appliqueront aussi les principes d’ouverture et de transparence et cesseront de protéger leurs marchés par la mise en place de mesures discriminatoires.
En Asie comme dans plusieurs parties de l’Europe orientale, c’est pour l’heure toujours la prolifération des armes, de petit calibre ou de destruction massive, qui pose l’un des plus grands défis. Faisant remarquer que les armes légères continuent de constituer une source de préoccupation et de déstabilisation dans les Balkans, le Ministre des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, M. Slobodan Casule, a lancé un appel en faveur d’une action ferme contre le commerce et le flux illicites de ce type d’armes. Alors que le Ministre adjoint des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, M. Choe Su Hon, évoquait lui la menace « d’intervention nucléaire préventive » fait peser sur son pays par les Etats-Unis, sous couvert de lutter contre le terrorisme. De son côté, le Ministre des affaires étrangères des Philippines, M. Blas Ople, a estimé qu’il est grand temps de considérer les problèmes des travailleurs migrants comme prioritaire sur l’egenda des Nations Unies, avant qu’ils se transforment en dossier humanitaire.
Enfin, l’Observateur permanent de la Palestine, M. Farouk Kadoumi, a demandé aux Etats-Unis de soutenir l’initiative des pays arabes, élaborée lors du Sommet de Beyrouth, tout comme les pays arabes et l’Autorité palestinienne ont accueilli favorablement l’initiative américaine garantissant l’existence d’un Etat israélien. Il a précisé néanmoins que les frontières devant impérativement en être celles du 4 juin 1967.
L’Assemblée générale a également entendu les allocutions du Prince héritier Albert de Monaco, du Vice-Premier Ministre de Belize, du Ministre des affaires étrangères du Sénégal et du Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de la francophonie et de l’environnement de l’Union des Comores. En fin de séance, les représentants du Royaume-Uni et de l’Argentine ont exercé leur droit de réponse.
Le débat général se poursuivra demain, mercredi 18 septembre, à 10 heures.
Débat général
M. FESTUS G. MOGAE, Président du Botswana, a souligné qu’il n’y a pas d’autre choix possible que de s’attaquer ensemble aux nombreux dangers qui menacent l’humanité. Aucun pays en effet ne peut espérer régler seul les problèmes à dimension mondiale, qu’il s’agisse du développement, de la pauvreté, de l’insécurité ou de la menace à la paix. C’est pourquoi, l’Organisation des Nations Unies demeure si importante pour le monde entier. A la vérité, elle est la seule institution capable de favoriser les partenariats, la coopération et le multilatéralisme. Toutes les nations, et plus particulièrement les petits Etats, attendent beaucoup de la coopération multilatérale. A cet égard, on ne peut laisser de côté les problèmes variés et complexes auxquels sont confrontés les pays en développement, surtout ceux d’Afrique. Certes l’avenir n’est pas complètement sombre et des évolutions positives ont eu lieu récemment, notamment avec le NEPAD, a fait observer le Président, avant de se réjouir de la décision, prise hier par l’Assemblée générale, de mandater les fonds et programmes des Nations Unies pour appuyer la mise en œuvre du NEPAD. Pour atteindre les objectifs de développement en Afrique, il est essentiel que la communauté internationale s’engage à respecter les engagements pris lors des grandes conférences des Nations Unies. Nous devons travailler sans relâche pour donner suite au Consensus de Monterrey qui identifie les moyens pour parvenir aux objectifs de développement que nous avons nous-mêmes fixés : la mobilisation des ressources nationales, la mobilisation des ressources externes, le renforcement de la coopération technique et financière et la résolution du problème de la dette. Conformément au consensus de Monterrey, il faut aussi garantir l’accès des pays en développement aux marchés internationaux.
Mais la plus sérieuse menace qui pèse sur le progrès social et économique de l’Afrique et du monde dans son ensemble demeure la pandémie du VIH/sida, a poursuivi le Président. Là encore, aucun pays ne peut à lui seul contenir ce fléau. C’est pourquoi, il est nécessaire de définir une stratégie rassemblant les efforts les plus larges possibles. M. Mogae s’est ensuite félicité des efforts particuliers déployés par les Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. Ces efforts permettent d’espérer que bientôt l’Afrique sera aussi un continent en paix. S’agissant plus particulièrement du conflit en République démocratique du Congo, le Président a indiqué attendre avec grand intérêt que des négociations de grande envergure démarrent en vue d’un règlement politique durable. A cet égard, il a appelé toutes les parties à faire preuve de davantage de détermination et d’empressement dans la quête de la paix, à l’image des avancées historiques qui ont récemment eu lieu en Angola. De manière générale, le Botswana attend des Nations Unies qu’elles jouent un plus grand rôle dans la résolution pacifique de tous les conflits.
M. ALLAN KEMAKEZA, Premier Ministre des Îles Salomon, a réitéré l’attachement de son pays aux principes des Nations Unies mais a souhaité une réforme du Conseil de sécurité, en particulier en ce qui concerne le droit de veto et l’accroissement du nombre des membres permanents au profit de l’Allemagne et du Japon. Les Îles Salomon luttent toujours pour se relever des conséquences du conflit dévastateur qui a touché le pays entre novembre 1998 et octobre 2000. A cette fin, le Gouvernement a défini des domaines prioritaires au premier rang desquels figurent la restauration de la paix et de la sécurité, l’éducation, la santé et les services médicaux ainsi que les secteurs de production. Il s’agit également de définir un plan national de reprise économique centré sur le
renforcement des secteurs de la pêche, de l’agriculture, des forêts et du tourisme. Cependant, si des ressources financières ont été allouées à la mise en œuvre de ce programme, la dette constitue un lourd fardeau. A cet égard, les Nations Unies devraient envisager d’appuyer des mesures d’annulation de la dette pour les pays sur lesquels elle pèse trop fort.
En réponse aux attaques terroristes du 11 septembre, les Îles Salomon ont pris des mesures pour adhérer à un certain nombre de conventions internationales sur le terrorisme. La prolifération des conflits armés et l’accroissement du trafic illégal des petites armes sont liés entre eux. En cinquante ans, les armes légères et les mines ont tué plus d’hommes et de femmes que les armes de destruction massive. Elles représentent une grande menace pour la stabilité des Îles Salomon. C’est pourquoi nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne des initiatives ambitieuses pour éliminer la « culture des armes » et aide les pays en proie à leur trafic à lutter contre ce fléau. Nous sommes satisfaits de la réussite du Sommet pour le développement durable de Johannesburg mais nous souhaitons également que les engagements pris à cette occasion soient suivis d’effets. Il faut passer de la rhétorique à l’action. Les Îles Salomon sont extrêmement conscientes de leur vulnérabilité face aux catastrophes naturelles. L’élévation du niveau de la mer menace notre survie et nous lançons une fois de plus un appel en faveur de la ratification du Protocole de Kyoto.
Le Prince héréditaire de la Principauté de Monaco, ALBERT DE MONACO, a souligné la rapidité et la pertinence des réactions de son pays en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et financement du terrorisme et regretté que la Principauté de Monaco soit parfois l’objet dans ce domaine de critiques injustifiées et de mauvais aloi. Ainsi, la Convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime, a été rendue exécutoire par Monaco le 8 août 2002. Par ailleurs, le renforcement et l’élargissement des mandats du service de prévention du terrorisme tel que le Secrétaire général le propose dans son rapport établi à la demande de l’Assemblée générale paraît réunir toutes les conditions propres à améliorer la lutte contre le terrorisme, non seulement en permettant de renforcer la coopération entre les Etats Membres des Nations Unies, mais également en offrant une assistance technique accrue aux pays qui en feraient la demande. L’Organisation des Nations Unies a plus que jamais besoin de toutes les bonnes volontés et de tous les talents pour mener à bien les grandes ambitions dont elle s’est dotée à sa création, ambitions renouvelées avec fermeté et solennité lors du Sommet du Millénaire. La Principauté de Monaco s’est largement engagée dans la mise en œuvre des plans d’action adoptés lors de ce Sommet et d’autres réunions de haut niveau et a augmenté ses contributions volontaires aux grands programmes des Nations Unies en faveur du développement ainsi qu’au Fonds mondial de lutte contre le SIDA.
M. JOHN BRICEÑO, Vice-Premier Ministre de Belize, a indiqué que lors des nombreuses réunions qui ont eu lieu depuis le Sommet du Millénaire, on n’avait fait que recycler les idées et les visions. Il est temps maintenant que la communauté internationale se sente responsable de la mise en œuvre de ses engagements. Cette mise en œuvre dépend des ressources, de la bonne gouvernance, du partage des responsabilités et des partenariats, et elle ne pourra être efficace que grâce à la participation de toutes les parties prenantes et à leur coopération. Et, afin de nous assurer que la mise en œuvre est démocratique, s’applique à tous et transparente, les actions doivent être envisagées dans le cadre de la responsabilité partagée et les partenariats entrepris dans l’égalité et le respect mutuel. D’ici peu, les Ministres des affaires étrangères de l’Amérique latine et des Caraïbes établiront un Plan d’action afin de mettre en œuvre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, ce qui requiert des partenariats dynamiques. Belize a l’intention de jouer un rôle actif afin d’encourager et de renforcer la collaboration et coopération entre les pays de la région.
M. BLAS OPLE, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a estimé que le Gouvernement iraqien avait fait un pas dans la bonne direction en acceptant hier le retour sans condition des inspecteurs des Nations Unies. Nous créditons ce succès à la détermination et aux talents diplomatiques du Secrétaire général des Nations Unies et aux membres de la Ligue arabe. Nous devons maintenant attendre d'avoir la preuve de la sincérité de cette proposition. Ceci n'est qu'un début, car nous pensons être loin d'une résolution du conflit. Les Philippines continuent de faire confiance au Conseil de sécurité. Mon pays est prêt à offrir toute l'assistance nécessaire aux Etats Unis dans leur lutte contre le terrorisme. La question du respect des résolutions du Conseil de sécurité est importante car les accusations sont crédibles et ont des conséquences importantes sur la sécurité globale. Le Conseil de sécurité doit considérer ces accusations avec la plus grande attention.
La pauvreté, l'inégalité et l'intolérance fournissent un terreau fertile pour le terrorisme. Mais le terrorisme ne saurait en être la conséquence inévitable. La mondialisation peut aider au développement durable des pays en voie de développement, et cela a été parfois le cas, mais le fossé entre pays riches et pays pauvres ne cesse de s'élargir. Un habitant de la planète sur cinq vit avec moins d'un dollar par jour et les 32 pays africains les plus pauvres ne gagnent pas plus d'argent que l'homme le plus riche de la planète, titre détenu par M. Bill Gates, l'entrepreneur américain. Aux Philippines, nous sommes en train de construire une économie ouverte, et cherchons à contrôler les risques de la mondialisation pour les groupes les plus vulnérables de notre population. Les pays en voie de développement manquent surtout de capitaux et ont besoin d'investissements directs étrangers. Il est nécessaire de renverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement. La mondialisation offre plus d'opportunités à nos citoyens et 10% de la population des Philippines vit à l'étranger. Il est temps de considérer le travailleur migrant comme prioritaire sur l'Agenda des Nations Unies, avant que cela ne devienne un important dossier humanitaire.
M. JAKAYA M. KIKWETE, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, s’est félicité des conclusions du récent Sommet pour le développement durable, en particulier de l’importance qui a été donnée aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’énergie, de l’eau, de l’assainissement mais également de l’agriculture, notamment en relation avec la question de la sécurité alimentaire. Cependant, nous attendons de voir comment il sera possible de dépasser la simple rhétorique pour s’engager dans des actions concrètes. Les pays en développement doivent mettre en œuvre des politiques économiques et sociales sûres et lutter contre la corruption. Nous devons également créer des conditions propices aux investissements et au commerce. Cependant, il est surprenant de constater l’évolution de certains paradigmes des relations internationales, notamment celui qui consiste à condamner toute une région pour les fautes commises par un seul pays. Une crise dans un pays africain, par exemple, doit être réglée par les pays africains qui sont tous menacés dans le même temps de perdre l’aide des pays développés en cas d’échec.
Nous lançons un appel à la communauté internationale pour un accroissement de l’aide publique au développement et une annulation de la dette. Cependant, il ne s’agit pas de la seule mesure dont ont besoin les pays en développement. Il faut également dégager des ressources pour accroître les capitaux, les investissements et les échanges commerciaux. L’accès aux marchés est une autre condition importante et nous lançons un appel aux pays développés pour qu’ils lèvent les subventions à l’agriculture qui demeurent un obstacle au développement. L’afflux massif de réfugiés en Tanzanie suite au conflit dans la région des Grands Lacs représente un lourd fardeau pour notre pays et, si nous sommes satisfaits de l’action des Nations Unies en la matière, nous souhaiterions que davantage soit fait pour encourager leur rapatriement. Enfin, tout en appréciant les efforts déployés pour réformer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, nous demeurons inquiets que rien n’ait été accompli en ce qui concerne l’élargissement du nombre de membres permanents et non permanents. La Tanzanie réitère son appui à la demande qu’a faite l’Afrique de disposer de deux sièges permanents.
M. SLOBODAN CASULE, Ministre des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a indiqué qu’il y a deux jours, le 15 septembre, son pays a organisé les quatrième élections libres et démocratiques de son histoire. Leur bon déroulement apporte la preuve de l’engagement de son pays en faveur de la démocratie et de l’état de droit, ainsi que la maturité de la société macédonienne. Ces élections démontrent également que la démocratie, la tenue d’élections libres et la liberté politique sont les meilleurs instruments pour une société et ses besoins, la réponse la plus efficace à la violence. Le terrorisme s’est révélé en maintes occasions un allié indigne, un compagnon dangereux qui se retourne toujours contre ceux qui l’utilisent. C’est pourquoi, il ne peut y avoir de politique de deux poids, deux mesures lorsque l’on s’attaque à l’extrémisme politique et au terrorisme. Les crises récentes ont montré plus que jamais l’importance de la coopération et de la solidarité entre les pays de la région des Balkans, ainsi que la nécessité de développer des mécanismes de sécurité collective régionale dans le sud-est de l’Europe.
Evoquant plus particulièrement le Kosovo, en Yougoslavie, le Ministre a réitéré la position de son gouvernement en faveur de la mise en œuvre pleine et entière de la résolution 1244 du Conseil de sécurité. La République de Macédoine a, pour sa part, toujours pleinement coopéré avec la Mission des Nations Unies au Kosovo et avec la KFOR. Elle estime avec le Représentant du Secrétaire général, M. Steiner, que la récente décision de l’Assemblée du Kosovo doit être déclarée nulle et non avenue. Il y a encore beaucoup à faire dans la région des Balkans, mais l’on ne parviendra à des résultats durables qu’en réglant véritablement les problèmes de fond qui la caractérisent après 10 ans de guerres et d’instabilité, a averti M. Casule, avant d’indiquer que cette année encore son pays allait présenter un projet de résolution sur les relations de bon voisinage dans l’Europe du sud-est.
Le Ministre a fait observer que la lutte contre le terrorisme ne devait pas détourner l’attention du monde des objectifs de développement fixés lors du Sommet du Millénaire. La mondialisation reste l’une des questions les plus importantes sur l’ordre du jour international. En ce nouveau millénaire, il est impératif que la communauté internationale affronte les problèmes de manière plus globale et bâtisse des partenariats plus forts tant avec les organisations internationales, qu’avec le secteur privé et la société civile. Rappelons-nous ce faisant qu’un membre sur 4 de notre Organisation compte parmi les pays les moins avancés , a insisté M. Casule. Le désarmement est, à ses yeux, l’un des problèmes à régler en priorité, notamment en ce qui concerne les armes légères. Leur prolifération est en effet une source de préoccupation tout à fait particulière pour la Macédoine et l’ensemble de la région des Balkans et il est urgent de mener une action ferme contre le commerce et le flux illicites des petites armes. Un autre défi majeur auquel est confronté le monde est la redéfinition des fondements des relations internationales, a estimé le Ministre, soulignant ainsi l’importance de l’initiative du Dialogue entre les civilisations. A cet égard, il a indiqué que son pays accueillera en novembre prochain un forum régional, organisé par l’UNESCO, sur la question dans le contexte spécifique du sud-est européen.
M. DIDIER OPERTTI, Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, s’est félicité de l’engagement de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme en dépit de la diversité culturelle, religieuse et politique des pays qui la composent. Face aux défis que le monde doit aujourd’hui relever, l’Uruguay se réjouit de la création de la Cour pénale internationale qui contribuera au maintien de la paix, préviendra et punira les crimes internationaux les plus graves. Par la ratification du Statut de Rome, l’Uruguay a manifesté sa volonté de participer au renforcement du droit international par l’institution de structures judiciaires permanentes. L’Uruguay est satisfait d’être membre du MERCOSUR qui s’est affirmé en dix ans comme un acteur essentiel de la communauté internationale en allant au-delà de l’aspect économique et en jouant un rôle de stabilisateur de la démocratie dans la région. En tant que membre du MERCOSUR, l’Uruguay a choisi une politique d’ouverture commerciale fondée sur la transparence. Nous formulons l’espoir que les autres organisations commerciales des pays développés appliquent le même principe et cessent de protéger leurs marchés par la mise en place de mesures discriminatoires. Nous lançons un appel pour la réciprocité des pratiques commerciales. Les pays développés font la promotion des droits de l’homme tout en achetant des biens qui ont été produits à moindre coût en violation de leurs obligations internationales.
La mondialisation a provoqué de nombreux problèmes et les Nations Unies sont l’enceinte privilégiée pour administrer les effets pervers de ce phénomène et trouver des solutions politiques aux grands problèmes communs. Il faut en outre comprendre le sens réel de la solidarité internationale en matière économique. La véritable solidarité ne se manifeste pas seulement par la formulation d’engagements mais surtout dans l’engagement de chaque pays à les mettre œuvre, et en particulier des pays développés. Tout ceci requiert un changement des institutions et des procédures de cette organisation afin d’assurer une représentativité et un meilleur fonctionnement de sa structure.
M. CHEIKH TIDIANE GADIO, Ministre des affaires étrangères, de l'Union africaine et des Sénégalais de l'extérieur du Sénégal, a rappelé son souhait de voir la République de Chine à Taiwan rejoindre l'Organisation des Nations Unies. Le Sénégal réaffirme sa ferme détermination à lutter contre le terrorisme. Il n'est pas de raison ou de cause suffisamment juste ou suffisamment bonne pour justifier un acte de terrorisme contre des civils innocents. La Déclaration de Dakar contre le terrorisme, adoptée le 17 octobre 2001, donne la mesure de notre volonté de renforcer la coopération régionale pour faire face aux menaces terroristes sur le continent africain. Au niveau des Nations Unies, tout doit être fait pour hâter l'adoption d'une Convention internationale globale contre le terrorisme. Il convient de saluer l'action du Conseil de sécurité qui a consacré cette année une grande partie de ses travaux aux conflits et tensions qui sévissent sur le continent africain. La communauté internationale a maintenant le devoir d'assister le Libéria, la Sierra Léone et la Guinée Bissau.
Au Moyen Orient, le monde a été témoin cette année de violences inouïes à l'intérieur des territoires palestiniens. Cette situation a fait naître du côté palestinien des groupuscules terroristes que nous condamnons sans équivoque. Pour rétablir la confiance, il est impératif qu'Israël se conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et adhère au plan de paix proposé par l'Arabie Saoudite. Le Sénégal appelle à la convocation immédiate d'une Conférence internationale sur la Palestine qui devra déboucher sur un mécanisme précis permettant la création d'un Etat palestinien souverain à côté d'un Etat israélien vivant en paix avec ses voisins.
Pour que la mondialisation soit bénéfique à tous, il est urgent d'identifier des mécanismes novateurs de financement du développement, qui s'ajouteraient à l'aide publique au développement. En attendant, nous nous félicitons de l'adoption du NEPAD. L'émancipation économique des pays en développement sera facilitée par le "désenclavement numérique de l'Afrique, c'est-à-dire sa connexion au réseau mondial des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Mon pays réaffirme son attachement aux principes d'universalité, d'interdépendance et d'indivisibilité des droits humains, de la bonne gouvernance économique et politique et de l'Etat de droit. Le Sénégal a d'ailleurs été le premier pays à ratifier le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale et a présenté un candidat au poste de juge.
M. H. E. SOUEF MOHAMED EL-AMINE, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de la francophonie, de l’environnement et chargés des Comoriens de l’extérieur de l’Union des Comores, a estimé que des conditions s’imposent pour faire de l’Organisation des Nations Unies un réel garant des espoirs des générations futures et présentes. Cela passe par une prise en compte de sa dimension d’universalité, qui appelle à une réforme de ses organes principaux. De nombreux maux rongent notre planète mais sont vécus à des degrés divers. Les avancées technologiques du Nord contrastent avec la lutte acharnée du Sud pour des conditions de vie les plus élémentaires. L’extrême pauvreté du Sud, le sida, la tuberculose, le paludisme sont une offense à la dignité humaine. En Afrique, les formules telles que le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) sont conçues pour faire face et remédier à une situation économique génératrice des maux les plus atroces. Mais sa viabilité est aussi tributaire de la bonne volonté du Nord de contribuer pour en faire la solution adéquate aux problèmes majeurs du continent.
Le peuple comorien, après quatre ans de péripéties ayant marqué sa vie politico-sociale, s’est enfin retrouvé, réconcilié et a décidé de panser ses anciennes blessures. C’est ainsi qu’en janvier 2002, après la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition, des élections présidentielles ont eu lieu. Des commissions sont créées et sont à pied d’œuvre pour examiner les modalités devant permettre progressivement le transfert des compétences aux autorités des îles autonomes. Ce transfert ainsi que les modalités de répartition du patrimoine se font parfois avec un certain désaccord. Cette situation s’explique en particulier par l’absence de lois organiques devant apporter certaines précisions sur des aspects essentiels qui font actuellement l’objet de contestations de part et d’autre. Nous sommes confiants qu’avec la mise en place des Assemblées des îles et de l’Union, ces incompréhensions seront dissipées.
M. CHOE SU HON, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, a présenté son analyse de la situation dans la péninsule coréenne. La République populaire démocratique de Corée a fait de la réunification son objectif majeur. Le Sommet intercoréen historique de juin 2000 et la Déclaration conjointe Nord-Sud constituent des tournants importants dans les efforts du peuple coréen pour la réunification de leur pays. La Déclaration conjointe est une déclaration en faveur d'une réunification pacifique. Elle s'oppose à toute ingérence étrangère et prévoit d'achever la réunification par les efforts concertés de toute la nation coréenne. Cette déclaration a été suivie de contacts et de négociations et l'esprit de la réunification a soufflé plus fort. Mais cette avancée a été handicapée par l'ingérence de forces extérieures. Heureusement, les contacts ont repris, des discussions au niveau ministériel ont eu lieu et le 15 août, la réunion de la réunification nationale entre compatriotes du sud et du nord s'est tenue. Le nord et le sud viennent d'introduire ensemble un point intitulé "paix, sécurité et réunification de la péninsule coréenne" à l'actuelle session de l'Assemblée générale. Beaucoup de gouvernements se réjouissent de cette détente dans la péninsule coréenne. Si la réunification doit avoir lieu, le nord et le sud doivent rejeter toute ingérence étrangère, car là est le véritable obstacle. Nous sommes certains que nous pouvons résoudre nos différences idéologiques dans l'intérêt de la nation coréenne. La République populaire démocratique de Corée soutiendra tout effort de réunification indépendante dans le cadre d'un système de fédération.
M. FAROUK KADOUMI, Observateur permanent de la Palestine, a rappelé que la Palestine a accepté l’initiative de paix américaine dès 1991 et que dès lors un certain nombre de progrès ont été réalisés. Le but des accords passés était fondamentalement de parvenir à la mise en œuvre complète des résolutions du Conseil de sécurité, notamment concernant le retrait israélien du Territoire occupé. Un délai de 5 ans était alors prévu pour l’achèvement de ces accords. Mais Israël s’est entêté à occuper le territoire palestinien, à poursuivre la construction des colonies de peuplement et à priver le peuple palestinien de ses moyens de subsistance. Israël a aussi détruit les institutions publiques de l’Autorité palestinienne, ainsi que les maisons privées ou les entreprises. En somme, c’est toute l’infrastructure palestinienne qui a été démolie, alors que le territoire était dans le même temps divisé en plus de 227 cantons. Face à ces actions arbitraires, le peuple palestinien a continué sa lutte héroïque, en dépit des massacres qui ont été perpétrés contre lui. Le recours à la force n’aide nullement à renforcer les principes de coopération et de cohabitation des Nations Unies. Les peuples du monde ont le regard aujourd’hui tourné vers les Etats-Unis dans l’espoir que cette grande puissance jouera son rôle positif et neutre dans les relations internationales et demeureront une source d’assistance économique. A cet égard, il est impératif de faire appliquer pleinement les résolutions du Conseil de sécurité, sans politique de deux poids et deux mesures. Pourquoi alors, les Etats-Unis menacent-ils d’utiliser la force contre l’Iraq, sous le coup de sanctions depuis 10 ans s’est interrogé l’Observateur. Pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils pas des armes de destruction massive détenues par Israël ?
Poursuivant sur la question du conflit israélo-palestinien, M. Kadoumi a fait observer qu’au début des négociations politiques, les pays arabes ont adopté une position la plus neutre possible dans le processus de paix. Mais avec l’assassinat de M. Rabin, la marche vers la paix a été interrompue. Cinq années se sont écoulées pour les délais de négociations prévus par les Accords d’Oslo, sans qu’aucun résultat n’ait été obtenu. Malgré la tragédie humaine du 11 septembre et la mobilisation contre le terrorisme, les Etats-Unis ont continué de fermer les yeux sur le terrorisme d’Etat pratiqué par Israël. Les paroles de compassion et de sympathie ne suffisent pas. Il faut que les Etats-Unis appuient la solution arabe proposée lors du Sommet de la Ligue arabe de Beyrouth. Combien de temps Israël peut-il survivre en persistant dans son refus de tout règlement global ? Or les pays arabes et l’Autorité palestinienne ont eux accueilli favorablement l’initiative américaine garantissant l’existence d’un Etat israélien. Toutefois celle-ci doit se faire impérativement au sein des frontières du 4 juin 1967, a insisté M. Kadoumi. Israël doit aussi mettre fin aux attaques contre les citoyens palestiniens et ne pas recourir au terrorisme économique. Il doit procéder au retrait total du Territoire palestinien pour permettre à l’Autorité palestinienne de préparer les élections promises. Enfin, Israël doit accepter, de manière urgente, une présence internationale.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant du Royaume-Uni a déclaré que son Gouvernement partage le point de vue de l’Espagne concernant la question de Gibraltar et estime qu’elle ne pourra être réglée que par le dialogue.
Le représentant s’est félicité de la volonté de l’Argentine de s’engager dans des échanges bilatéraux positifs avec le Royaume-Uni en ce qui concerne une coopération pratique dans l’Atlantique Sud. Cependant, il n’existe rien dans la Déclaration anglo-argentine conjointe de 1999 qui compromette la position du Royaume-Uni concernant sa souveraineté sur les Îles Falkland, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud. Les représentants élus de ces îles ont demandé au Comité des 24 des Nations Unies le 19 juin dernier qu’il reconnaisse leur droit à l’autodétermination et n’ont souhaité aucun changement de leur statut. Il n’y aura aucun changement dans la souveraineté des Îles Falkland sans que ses habitants ne le souhaite.
Le représentant de l’Argentine a réaffirmé la pertinence de la déclaration faite le 17 septembre 2002 par le Ministre des affaires étrangères de son pays dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale.
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